III. UN RÔLE RÉGIONAL EN DEVENIR
A. LE CONFLIT AVEC ISRAËL ET LA QUESTION PALESTINIENNE
Disposant d'une population nombreuse, d'une armée non négligeable, la Syrie reste l'un des Etats arabes dont le rôle est déterminant dans la région.
Après des années de conflits, le Président Hafez El-Assad a choisi, en 1990, de s'engager dans la voie du dialogue et des négociations avec Israël.
L'objectif syrien est, outre sa reconnaissance comme partenaire incontournable dans la région, la restitution du plateau du Golan, occupé par Israël depuis la guerre du Kippour. Plus généralement, Damas demande le retour aux frontières de 1967. Il s'agit de l'un des points sur lesquels les autorités syriennes n'ont jamais voulu transiger. A vrai dire, sans doute ne peuvent-elles pas se le permettre. Tout abandon du Golan serait perçu comme une trahison par la population syrienne et affaiblirait considérablement la légitimité du pouvoir à Damas.
Cependant, comme l'ont signifié ses interlocuteurs à votre délégation, la Syrie plaide aussi pour un règlement complet de la question palestinienne, et notamment du sort des réfugiés.
Les Palestiniens sont, pour la Syrie, tout à la fois des frères arabes, qu'elle accueille en nombre, mais aussi une menace potentielle et un atout. Menace car la Syrie n'a jamais voulu être entraînée malgré elle par les opérations palestiniennes contre Israël. Menace encore parce que le mouvement palestinien pourrait être une forme de déstabilisation de la Syrie comme elle l'avait été pour la Jordanie 11 ( * ) .
Mais la résistance palestinienne est aussi un atout, car la Syrie « contrôle » certaines de ses branches, implantées à Damas. Elle est, à travers elles, un interlocuteur incontournable du dossier palestinien.
Dans le face-à-face avec Israël, la Syrie dispose d'autres atouts. Elle est ainsi seule à pouvoir offrir à Israël des garanties de sécurité sur sa frontière nord, parce qu'elle est une puissance frontalière, mais aussi parce qu'elle contrôle très largement le Hezbollah libanais.
Pour l'heure cependant, les autorités syriennes rencontrées par votre délégation ne voient pas de perspectives de déblocage du dialogue avec Israël.
L'analyse unanime des interlocuteurs de votre délégation est que les autorités israéliennes actuelles ne veulent pas la paix. Soutenus avec trop de partialité par les Etats-Unis, elles ne sont pas contraintes à la négociation et au dialogue. Dès lors, toutes les propositions, comme celle du prince Abdallah, formulée lors de la présence en Syrie de votre délégation, sont vaines. Plus encore, toute concession arabe est vue par Israël comme la confirmation de la validité de sa politique de force.
* 11 Rappelons, d'une part, que à la fin des années 60 la fraction la plus radicale du Baas, menée par le général Jedid, s'est appuyée sur une partie des mouvements palestiniens contre ... Hafez El-Assad et, d'autre part, que celui-ci, ministre de la Défense, n'a pas permis l'intervention de l'armée au profit des fedayins lors des combats de septembre 1970 en Jordanie.