L'évolution du secteur bancaire
El-Hachemi MEGHAOUI
,
Président-directeur
général, Crédit Populaire d'Algérie
I. Historique de l'évolution du secteur bancaire
Avant la
mise en oeuvre des réformes, le secteur bancaire algérien
était constitué, outre la Banque centrale, de cinq banques
publiques issues de la nationalisation des banques françaises en 1986,
d'une banque d'investissement et d'une caisse d'épargne. Les banques
étaient spécialisées par secteur d'activité et
développaient des instruments financiers favorisant la mise en oeuvre
des orientations de l'Etat.
Le financement de l'économie était fondé sur
l'épargne budgétaire, la mobilisation de l'épargne
domestique ne constituant pas une priorité pour les banques. Le secteur
privé, quant à lui, n'occupait qu'une part marginale dans le
portefeuille des banques. Toutefois, il a permis aux banques de conserver un
certain professionnalisme dans les métiers de banque universelle.
La crise des années 80 a renforcé les contraintes
budgétaires et mis en évidence la confusion des rôles,
conduisant l'Etat à entamer son désengagement du financement de
l'économie. L'objectif était de sortir de la crise du financement
par l'endettement et de rétablir les grands équilibres
macro-économiques.
Dans le secteur bancaire, les premiers effets significatifs de cette nouvelle
politique se sont manifestés par la transformation des banques
publiques, dès 1989, en sociétés par actions, soumises aux
règles du code du commerce. Mais c'est la loi de 1990 sur la monnaie et
le crédit qui va constituer le fondement de nouveau système
financier algérien et annoncer le début d'un processus de
déréglementation très profond.
Ces transformations ont été appuyées, dès 1991, par
la mise en oeuvre d'un programme global d'assainissement et de restructuration
du secteur industriel public, qui s'est traduit par l'assainissement des
portefeuilles des banques.
Parallèlement à ce processus, les banques publiques ont fait
l'objet d'audits institutionnels réalisés par des cabinets
étrangers de référence. Dès 1993, les banques ont
engagé des projets importants pour refondre leurs systèmes
informatiques ou adapter leurs activités aux nouvelles exigences du
marché. Ce programme n'a pas pu être mené à bien
dans les délais prévus, notamment du fait des difficultés
rencontrées pour le recours à l'aide de conseils
extérieurs.
L'année 1991 a marqué quant à elle un tournant
décisif dans la libéralisation du commerce extérieur en
Algérie.
L'ensemble de ces évolutions ont été consacrées en
1994 par l'institution de la convertibilité commerciale du dinar,
grâce aux effets du rééchelonnement de la dette
extérieure algérienne.
Le programme de stand-by et d'ajustements structurels réalisé en
1994 et 1995 avec la Banque mondiale a lui aussi donné de bons
résultats : inflation très faible, dégagement
d'excédents budgétaires, accroissement considérable des
réserves de change, stabilisation des taux de change, taux de
réescompte ramené de 15 % à 6 % en quelques
années, passage du ratio de service de la dette sous la barre des
20 %.
A partir de 1996 a été mis en place le cadre institutionnel
nécessaire à la mise en place d'un marché de capitaux. La
bourse des valeurs mobilières, bien qu'embryonnaire, est
opérationnelle depuis septembre 1999. Cette bourse ne peut
connaître une dynamique sérieuse qu'avec
l'accélération du processus de privatisation des entreprises
publiques et l'entrée en bourse, déjà annoncée, de
quelques entreprises privées majeures.
II. Situation actuelle et perspectives
Aujourd'hui, le système algérien compte 20
banques
commerciales aux côtés de la Banque centrale, trois bureaux de
représentation de grandes banques internationales, une bourse des
valeurs, une société de clearing chargée des fonctions de
dépositaires, trois caisses d'assurance-crédit, une
société de refinancement hypothécaire... Les 1200 agences
des réseaux bancaires restent toutefois dominées par les banques
publiques à hauteur de 99 %. L'intervention des banques dans le
financement des activités économiques a évolué de
manière significative : elles assument aujourd'hui des
activités de type universel.
Le secteur bancaire est engagé dans une mutation qui devrait se traduire
par une bancarisation plus importante et par des opérations plus
rapides. La modernisation peut s'accélérer par la mise en oeuvre
de partenariats avec les institutions bancaires et financières
internationales. Le plan de relance de l'économie et de privatisation
offre en outre d'autres opportunités, notamment dans l'ingénierie
financière, le montage financier des grands projets et le
développement de financement de type
leasing
ou capital-risque.
Je précise que la Banque d'Algérie a récemment
publié des textes qui garantissent les droits des investisseurs
étrangers en Algérie, comme la liberté de transfert des
produits en cas de désinvestissement.
Le secteur public dispose aujourd'hui d'un réseau important, de la
connaissance des métiers classiques de banque, d'un personnel
formé. Les banques étrangères qui souhaiteraient investir
en Algérie et apporter une technologie moderne pourraient sans doute
trouver des opportunités de partenariat avec les banques publiques
algériennes.