Groupe interparlementaire d'amitié
France-Brésil (1)
Brésil : les défis d'une puissance émergée |
Compte rendu du déplacement
effectué par une délégation du groupe
au Brésil
du 1 er au 9 septembre 2014
La délégation était composée de :
• Mme Laurence COHEN (CRC), Sénatrice du Val-de-Marne, Présidente du groupe interparlementaire d'amitié France-Brésil ;
• M. Georges PATIENT (SOC), Sénateur de Guyane, Président délégué du groupe interparlementaire d'amitié pour le Suriname ;
• Mme Leila AÏCHI (ÉCOLO), Sénatrice de Paris ;
• M. Michel SAVIN (UMP), Sénateur de l'Isère.
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(1) Membres du groupe d'amitié
France-Brésil : Mme
Laurence COHEN,
Présidente
; Mme Leila AÏCHI, M. Nicolas ALFONSI, M.
Maurice ANTISTE, M. Jean-Etienne ANTOINETTE, Mme Aline ARCHIMBAUD, M.
David ASSOULINE, M. Dominique BAILLY, M. Jean BESSON, M. Michel
BILLOUT, Mme Bernadette BOURZAI, Mme Marie-Thérèse
BRUGUIÈRE
, M.
Jean-Pierre CANTEGRIT, Mme Françoise CARTRON, M. Pierre-Yves
COLLOMBAT,
M. Jacques
CORNANO
,
M. Philippe DARNICHE, M. Serge DASSAULT, M. Francis DELATTRE, M. Michel
DELABARRE, M. Jean-Pierre
DEMERLIAT,
M. Félix DESPLAN, M. Philippe DOMINATI, M. Ambroise DUPONT,
Mme Joëlle GARRIAUD-MAYLAM, M. Jacques GAUTIER, Mme Sylvie
GOY-CHAVENT, M. Alain HOUPERT, Mme Sophie
JOISSAINS
,
Mme Christiane KAMMERMANN, M. Yves KRATTINGER, Mme Françoise LABORDE,
Mme Élisabeth LAMURE, M. Gérard LARCHER, M. Serge LARCHER,
M. Jean-Jacques LASSERRE, M. Gérard LE CAM, M. Jean-Claude
LENOIR
,
M. Michel
LE
SCOUARNEC, M. Jeanny LORGEOUX, M. Roland du LUART, M. Pierre
MARTIN
, M. Albéric de MONTGOLFIER,
Mme Catherine
MORIN-DESAILLY
,
M. Philippe NACHBAR, M. Jean-Marc PASTOR, M. Georges PATIENT, M. Daniel
PERCHERON, M. Jean-Claude PEYRONNET, M. Bernard PIRAS, M. Rémy
POINTEREAU
,
M. Bernard SAUGEY, M. Michel SAVIN et M. Maurice VINCENT.
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N° GA 121 - Décembre 2014
Brésil : Données générales Superficie : 8 511 965 km² Population : 200,4 millions d'habitants ; densité : 24 hab/km² (source : Banque mondiale, 2013) Capitale : Brasilia (2 millions d'habitants) Villes principales : São Paulo, Rio de Janeiro, Belo Horizonte, Porto Alegre, Salvador de Bahia, Fortaleza, Curitiba, Recife, Belém, Goiânia Langue officielle : portugais Monnaie : real (1 € = 2,8 BRL)
Indice de développement humain
(classement PNUD 2013)
: 0,744
PIB en milliards de dollars US courants : 2 305 (source : Banque mondiale, 2013) PIB par habitant (2011) : 12 688 USD Taux de croissance (2013) : 2,3 % Taux de chômage (février 2013) : 5,6 % Taux d'inflation annuel ( 2013 ) : 5,9 % Espérance de vie à la naissance : 73,9 ans (source : Banque mondiale, 2013) |
INTRODUCTION
Une délégation du groupe interparlementaire d'amitié France-Brésil s'est rendue, du 1 er au 9 septembre 2014, à Brasilia, Sao Paulo et Rio de Janeiro. Conduite par Mme Laurence COHEN, présidente du groupe, elle était par ailleurs composée de Mme Leila AÏCHI et de MM. Georges PATIENT et Michel SAVIN.
Pour ce déplacement, qui s'inscrivait dans le contexte particulier de la campagne pour le premier tour de l'élection présidentielle prévu le dimanche 5 octobre 2014, la délégation avait choisi de privilégier trois thèmes : la politique de la santé et l'accès aux médicaments avec le système unique de santé, les perspectives de l'agriculture familiale face à l'agronégoce et la place des femmes dans la société brésilienne.
Dans le cadre de son séjour, la délégation s'est également rendue dans les favelas de Vila Prudente à Sao Paulo et de Marê à Rio de Janeiro pour apprécier les actions éducatives menées par deux ONG, dans les écoles « Arco do Saber » et « Uerê », en faveur des enfants vivant dans cet environnement très défavorisé.
La situation politique au Brésil a parallèlement fait l'objet d'échanges d'une grande qualité, lors des entretiens au Congrès fédéral avec le président de la commission des relations extérieures et de la défense nationale de la Chambre des députés, M. Eduardo BARBOSA, en présence du président du groupe d'amitié Brésil-France, M. Hugo NAPOLEON, avec le sénateur du district fédéral, M. Cristovam BUARQUE, et lors des deux déjeuners de travail, à Brasilia avec Mme Monica VALENTE, responsable des relations internationales du parti des travailleurs (PT), et à Sao Paulo avec Mme Nadia CAMPEAO, maire-adjointe de la ville, ou lors des rencontres avec le mouvement « des sans-terre », le mouvement des affectés par les barrages (MAB) et avec la centrale unique des travailleurs (CUT).
La délégation a pu également échanger avec des représentants de la communauté française à l'occasion d'une réception offerte en son honneur à la Résidence de France.
De ces entretiens et rencontres, il est ressorti deux messages essentiels :
? L'émergence du Brésil au début du XXI ème siècle est le fait des politiques volontaristes successives du Président LULA et de la Présidente Dilma ROUSSEFF qui, en conjuguant ancrage démocratique, stabilisation macro-économique et politiques d'inclusion sociale, ont permis à quelque 40 millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté et d'accéder à la classe moyenne. La « classe C » 1 ( * ) représente désormais 53 % de la population et est aujourd'hui majoritaire.
? Maintenant que ces acquis sont engrangés, le peuple brésilien aspire à un saut qualitatif dans ses conditions de vie : éducation, couverture sociale, réduction des inégalités, efficacité de la justice et de l'administration, lutte contre la corruption, droits des minorités et évolutions sociétales sont autant de sujets sur lesquels les attentes de la population comme les défis des gouvernements sont importants.
L'ensemble des interlocuteurs et interlocutrices de la délégation ont mis en avant les avancées considérables des gouvernements « pétistes » (parti des travailleurs) en matière de politiques sociales, d'augmentation du salaire minimum (de 80 dollars en 1994 à 360 dollars en 2014), de réduction du chômage (5,6 % selon les dernières statistiques) et de la pauvreté, tout en regrettant les scandales de corruption qui entachent le PT. Ils ont pour la plupart clairement indiqué leur souhait de voir la présidente Dilma ROUSSEFF reconduite dans ses fonctions.
Confédération syndicale la plus importante du Brésil avec 7 millions d'adhérents (34 % des travailleurs syndiqués), la CUT a notamment fustigé le rôle de la presse dans le dénigrement de l'action de la « Présidente Dilma ». Elle a rappelé que le Président LULA, lui-même ancien syndicaliste, avait permis d'instaurer une nouvelle relation entre le gouvernement et les syndicats, et que la CUT souhaitait la continuité de la politique sociale qu'il avait mise en place. Elle s'est notamment félicitée de l'engagement pris par Dilma ROUSSEFF de réinvestir les bénéfices de l'exploitation des gisements pétroliers (Pré-sal) dans la politique de santé et l'éducation, puis a présenté ses principales revendications, en particulier la diminution de la durée hebdomadaire du temps de travail de 44 heures à 40 heures et la réforme agraire.
Le sénateur Cristovam BUARQUE du parti démocratique travailliste (PDT) a fait valoir en revanche que le Brésil est aujourd'hui à la fin d'un cycle politique qui a marqué le pays pendant 20 ans autour de quatre piliers actuellement ébranlés : la démocratie , or il y a actuellement 32 partis au Brésil, ce qui est ingérable, la stabilité financière , or l'inflation est à plus de 6%, ce qui reste trop élevé, les transferts sociaux , or si beaucoup a été fait, l'éducation reste une faiblesse du Brésil, et la croissance économique, or elle fléchit car l'économie reste trop dépendante du secteur primaire et connaît des difficultés structurelles anciennes, comme la faiblesse des investissements qui se traduit par un déficit chronique des infrastructures.
Pour le sénateur Cristovam BUARQUE, le Brésil a besoin de réformes structurelles, inscrites dans la durée, pour poursuivre sa construction d'une société plus égalitaire.
Salut de la délégation lors d'une séance plénière du Sénat brésilien
Déjeuner de travail avec Mme Monica VALENTE, responsable des relations internationales du parti des travailleurs |
Déjeuner de travail avec Mme Nadia CAMPEAO, Maire-adjointe de Sao Paulo |
Central Unica dos Trabalhadores (CUT)
* 1 Au Brésil, la population est divisée en strates ABCDE selon ses revenus, des plus riches (classe A) aux plus pauvres (classe E).