La Lituanie : pays entre deux mondes
Rapport GA 22
Table des matières
- COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
-
INTRODUCTION
-
I. LA LITUANIE, DEPUIS L'INDÉPENDANCE DE 1991, MANIFESTE UNE
VOLONTÉ FAROUCHE DE RENOUER AVEC SON PASSÉ D'ÉTAT
SOUVERAIN
- A. LE POIDS DE L'HISTOIRE ET DE LA GÉOGRAPHIE
- B. LE RETOUR À LA DÉMOCRATIE PARLEMENTAIRE
- C. UNE SITUATION ÉCONOMIQUE EN CONSTANTE AMÉLIORATION
- II. LA LITUANIE À LA CROISÉE DES MONDES EUROPÉEN ET SLAVE
-
I. LA LITUANIE, DEPUIS L'INDÉPENDANCE DE 1991, MANIFESTE UNE
VOLONTÉ FAROUCHE DE RENOUER AVEC SON PASSÉ D'ÉTAT
SOUVERAIN
- CONCLUSION
-
ANNEXE N° 1 -
PROGRAMME DE LA MISSION -
ANNEXE N° 2 -
LETTRE DE M. HUBERT VEDRINE À M. CLAUDE HURIET,
PRÉSIDENT DU GROUPE FRANCE-PAYS BALTES, SUITE À
LA VISITE DE LA DELEGATION SÉNATORIALE
EN LITUANIE -
ANNEXE N° 3-
GÉNÉRALITÉS SUR LA LITUANIE -
ANNEXE N° 4 -
GROUPE FRANCE-PAYS BALTES DU SÉNAT
" Lituanie,
Tu es là comme la lave,
Comme le coeur vers qui j'allais.
Qui t'arrachera de mes semelles ?
Lituanie, regarde, nous voilà -
Toi - Moi -
Almis Grybanskas
COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
- M. Claude Huriet Sénateur de Meurthe-et-Moselle
Président du Groupe (UC)
- M. Denis Badré Sénateur des Hauts-de-Seine
Membre du Groupe (UC)
- M. Jacques-Richard Delong Sénateur de Haute-Marne
Membre du Groupe (RPR)
- M. Hubert Durand-Chastel Sénateur représentant les
Français établis hors de France
Membre du Groupe (NI)
La délégation était accompagnée de M. Philippe
Roux-Comoli, Administrateur des services du Sénat, Secrétaire
exécutif du groupe.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Du 2 au 7 septembre dernier, une délégation composée
de quatre membres du groupe France-Pays Baltes, présidée par
M. Claude Huriet, s'est rendue officiellement en Lituanie.
Rappelons que le groupe avait été représenté en la
personne de son Président délégué pour la Lettonie,
M. Jacques Valade, lors de la visite officielle de M. René
Monory, président du Sénat, dans les trois Républiques
baltes en avril 1996.
Après un déplacement en Lettonie et en Estonie en 1994, le groupe
souhaitait se rendre en Lituanie. Les échéances
électorales depuis 1995 tant en France qu'en Lituanie ont amené
le groupe France Pays Baltes à différer une telle visite.
L'année passée, une délégation de parlementaires
lithuaniens a été reçue durant une semaine en France par
le groupe ; elle a exprimé le désir de voir les
contacts se renforcer et les échanges s'intensifier. En outre,
M. Zygmunt Mackevic, Président du groupe Lituanie-France et ses
collègues, ont souhaité ardemment nouer des relations avec les
sénateurs, et nous nous en félicitons.
Outre les parlementaires lithuaniens, la délégation a eu le
privilège de rencontrer M. Vagnorius, Premier ministre, M. Landsbergis,
Président de la Diète, M. Saudargas, Ministre des Affaires
étrangères et M. Brazauskas, ancien Président de la
République.
Souhaitant avoir une vue globale de la situation en Lituanie -et en
dépit de la brièveté de sa visite- la
délégation a été reçue par les
autorités locales de Vilnius, Kaunas, Klaipéda et de
Nérija.
Elle a également beaucoup apprécié les rencontres
organisées avec des représentants des milieux économiques
et avec les acteurs de la coopération linguistique française en
Lituanie. Sa rencontre avec les membres de la communauté
française de Vilnius lui ont permis de constater la vitalité de
cette communauté.
Rappelons que M. Claude Huriet, président du groupe a
été l'un des premiers parlementaires étrangers à
saluer la déclaration de restauration de l'indépendance en 1990
et avait assisté à Vilnius, en compagnie de MM. les
députés Destot et Pelchat, aux cérémonies du
premier anniversaire de la déclaration de mars 1990, occasion d'un
hommage aux victimes de janvier précédent.
Nos entretiens officiels ont bien évidemment tourné autour des
projets d'intégration de la Lituanie à l'Union européenne
et à l'OTAN et des conséquences économiques et sociales de
la crise financière russe.
Dans ce contexte, le présent rapport a été conçu,
bien sûr, pour rendre compte de la mission, mais aussi pour
présenter de façon très synthétique la situation
politique et économique de la Lituanie. Soulignons à cet
égard l'excellent rapport de notre collègue Georges Durand de
l'Assemblée nationale effectué à la suite d'une visite en
Lituanie en février 1997
1(
*
)
, qui
donne un panorama exhaustif de cette République balte.
Le groupe tient à remercier chaleureusement M. Mackevic,
Président du groupe Lituanie-France, qui a été un
hôte attentif et un interlocuteur précieux. La
délégation sénatoriale remercie également le
personnel du Seimas qui a considérablement aidé au bon
déroulement de la mission grâce à sa compétence et
à sa disponibilité. Nous n'aurons non plus garde d'oublier les
deux ambassadeurs, leurs Excellences Asta Skaisgyrite-Liauskiene à Paris
et Michel Touraine à Vilnius qui, avec le Conseiller Didier
Le Bret, ont rendu possible ce déplacement grâce à
l'aide apportée dans la préparation et la conduite de ce
déplacement.
I. LA LITUANIE, DEPUIS L'INDÉPENDANCE DE 1991, MANIFESTE UNE VOLONTÉ FAROUCHE DE RENOUER AVEC SON PASSÉ D'ÉTAT SOUVERAIN
Depuis sa déclaration d'indépendance le 11 mars 1990 et sa reconnaissance par la Communauté internationale en 1991, la Lituanie a prouvé sa détermination, d'une part, à renouer avec la démocratie parlementaire et, d'autre part, à entrer de plein pied dans l'économie de marché. En outre, les lithuaniens ajoutent eux-mêmes que leur histoire et leur géographie attestent de leur spécificité au sein de l'Europe.
A. LE POIDS DE L'HISTOIRE ET DE LA GÉOGRAPHIE
1. Un pays d'équilibre sur le plan géographique
S'étendant sur plus de 65.000 km² (soit le
double
de la Belgique), la Lituanie est la plus grande des trois Républiques
baltes : 373 km d'Est en Ouest et 276 km du Nord au Sud. Elle
est bordée par la Pologne (110 km de frontières), l'enclave
russe de Kaliningrad (303 km), la Lettonie (610 km) et la
Biélorussie (724 km).
La Lituanie, comme la Lettonie et l'Estonie est un pays de collines peu
élevées, de plaine au sol aride et d'immenses forêts.
C'est une extension de la grande plaine est-européenne. Pays
façonné par l'érosion due au retrait des glaciers à
l'ère quaternaire, l'altitude moyenne est d'environ
100 mètres. La monotonie des plaines est seulement rompue par de
petites collines morainiques.
Riche en lacs (environ 3.000, surtout à l'Est) et en multiples cours
d'eau (18 ont 100 kms de cours dont le Niemen et la Neris), la Lituanie
est l'Etat balte le moins ouvert sur la mer. La Lituanie a d'ailleurs longtemps
tourné le dos à la mer, à la différence de ses deux
voisines.
Elle totalise en effet moins de 100 km de côtes, dont la majeure
partie est occupée par la lagune de l'embouchure du Niemen et par les
dunes impressionnantes de la presqu'île de Nerija que la
délégation a pu admirer.
La mer atténuant la continentalité du climat permet d'offrir un
débouché maritime toute l'année. Les étés
frais, avec de fortes précipitations, dessinent un paysage très
verdoyant, la forêt couvre 28 % du territoire.
Malgré des conditions naturelles médiocres (forte
humidité, sols acides), il est important de souligner l'importance de la
surface agricole arable qui couvre 40 % de la superficie de la
République lituanienne.
En outre, aucune frontière naturelle ne sépare la Lituanie de la
plaine de Russie et de Biélorussie.
Les Lituaniens ne manquent pas de signaler que l'IGN a calculé que le
centre géographique de l'Europe se situait à 25 km de
Vilnius, près du village de Bernotai.
Le plus peuplé de tous les Etats baltes avec 3.720.000 habitants et
une densité de 57 habitants au km², la Lituanie a pour
capitale Vilnius. Elle se différencie ainsi de l'Estonie et de la
Lettonie, qui toutes deux ont un port pour capitale -Tallinn et Riga. Vilnius,
situé à 300 km de la mer au confluent de la Neris et de la
Vilnia, compte actuellement plus de 600.000 habitants. D'autres villes
importantes ont pu se développer au fil des ans : il s'agit de
Kaunas, la capitale de l'entre deux-guerres qui regroupe 25 % des
industries et près de 450.000 habitants ; Klaipéda,
l'ancien Memel, port lituanien depuis 1923 qui connaît un
développement spectaculaire comme a pu le constater la
délégation sénatoriale, mais aussi Alytus, Pavavezys,
Siauliai, Marijampolé...
La délégation sénatoriale a pu d'ailleurs mesurer la
volonté et le dynamisme non seulement des autorités municipales
de la capitale -qui ont redonné une nouvelle jeunesse à Vilnius
en quelques années- mais aussi de Kaunas, de Klaipéda et, de
manière différente, mais avec tout autant d'enthousiasme, des
communes de la presqu'île de Nerija.
Chaque municipalité cherche à développer ses atouts
(économique, culturel, touristique) et permet ainsi d'offrir un choix
important à l'investisseur étranger.
Ce " maillage " du territoire par des villes de plus de
50.000 habitants constitue un atout important pour la Lituanie. En effet,
cette répartition de la population lituanienne autour de plusieurs
centres urbains équilibrés permet de favoriser le
développement économique du pays tout entier.
2. Une histoire partagée
Peuplé dès la fin du troisième
millénaire par des populations indo-européennes de la
civilisation des " poteries cordées
2(
*
)
", le territoire a rassemblé pendant le
premier millénaire de notre vie des sédentaires qui se
consacraient à l'élevage et à l'agriculture sous la forme
collective. Peu à peu, la propriété est devenue la
règle. C'est à ce moment là qu'une tribu, devenue peu
à peu nationalité, s'est transformée en principauté
pour donner forme à la Lituanie. C'est en 1009 qu'il est fait mention
pour la première fois de la Lituanie dans un document écrit.
Après de multiples conflits avec ses voisins -et notamment après
la conquête de la Biélorussie-, une certaine unité
territoriale lituanienne voit le jour dès le XIIème. Ces terres
lituaniennes, sur lesquelles régnait Ringaudas (1204-1239), premier
Grand Duc d'un Etat unifié, étaient néanmoins assez
isolées dans une Europe chrétienne.
C'est en 1251 que le fils de Ringaudas, Mindaugas, se convertit au
christianisme pour retirer aux ordres monastiques (teutoniques et
porte-glaives) tout prétexte à leurs incursions.
Les objectifs des Teutoniques n'étant pas exclusivement religieux, les
successeurs de Ringaudas eurent beaucoup de mal à freiner leur expansion.
Cette situation dura jusqu'au règne de Gédiminas qui fonda
Vilnius -devenue capitale en 1322-. Il repoussa les envahisseurs venus de l'Est
-surtout les Tatars-, fit entrer la Biélorussie et la Grande
République de Novgorod dans le giron du Grand duché et assura le
pouvoir lituanien sur un immense domaine s'étendant de la Baltique aux
abords de la mer Noire et du Bug occidental à Mojaisk en Moscovie.
Durant la seconde moitié du XIVème siècle, la
Lituanie se rapproche de la Pologne pour faire barrage à la
poussée allemande. Du mariage de la Reine de Pologne Hedwige avec le
Grand Duc Jogaila (ou Jagellon) et de l'Union personnelle de Krewo naquit une
grande puissance qui s'étendait sur 1.200.000 km², de l'Oder
au Dniepr. La Lituanie conserva dans cet ensemble son identité puisque
Vytautas, cousin de Jagellon, régnait à Cracovie. C'est à
cette époque que la Lituanie connut son apogée, la bataille de
Grünwald -ou Zalgnis, Tannenberg- marquant le déclin de l'ordre des
Chevaliers teutoniques.
A la mort de Vytautas et jusqu'au milieu du XVIème siècle,
on constate une assimilation croissante de la Lituanie à la Pologne sous
la dynastie des Jagellon. L'Union de Luben en 1569 fit de la Lituanie une
province polonaise même si les Lituaniens conservaient un droit, un
Gouvernement, une armée, des tribunaux , des finances et une
administration propre.
La Lituanie fut donc soumise, d'une part, à une
" polonisation " importante au XVIIeme siècle et, d'autre
part, dû faire face aux guerres contre la Russie et la Suède
(milieu du XVIIème et début XVIIIe siècle) qui
amputèrent le Grand Duché de ses territoires septentrionaux
orientaux.
En 1795, après le troisième partage de la Pologne, la Lituanie se
trouva absorbée par l'Empire russe qui pratiqua au
XIXème siècle une brutale politique d'assimilation
provoquant de nombreux soulèvements. Ainsi, face à une
" russification intégrale " se dressa peu à peu un
phénomène de renaissance nationale comme le qualifie M. Yves
Plasseraud dans son ouvrage sur les Etats baltes.
Sous occupation allemande durant la première guerre mondiale, la
Lituanie fut reconnue comme Etat indépendant à Brest-Litovsk en
mars 1918. Mais, l'occupation bolchevique entraîna l'instauration en
Lituanie d'une République socialiste-soviétique le
16 décembre 1918.
L'intervention des Alliés puis des Polonais permit aux Lituaniens de
garder leur indépendance tout en perdant Vilnius et sa région
occupées par la Pologne à partir de 1920.
Un régime parlementaire s'installa en Lituanie, soumis à une
forte instabilité gouvernementale. En 1923, la Lituanie annexa
Klaipéda, ville administrée par la France depuis 1920.
Le 17 décembre 1926, un coup d'Etat installa à la
Présidence de la République, Smetona, chef du petit parti de
l'Union nationaliste. Dès avril 1926, la loi martiale fut
décrétée et une nouvelle Constitution autoritaire fut
établie en 1928.
Malgré un certain retour au système représentatif en 1938,
Smetona exerça jusqu'en 1940 un pouvoir autoritaire se limitant
néanmoins au champ du politique, n'intervenant pas dans les domaines
culturel, religieux et économique.
Par un ultimatum en date du 20 mars 1939, Hitler contraignit la
Lituanie à restituer le territoire de Memel à l'Allemagne. Le
23 août, le premier protocole secret annexé au pacte
Molotov-Ribbentrop plaça la Lituanie dans la sphère
d'intérêt allemande, la Lettonie se trouvant dans la sphère
d'intérêt soviétique.
A la suite de la conquête plus importante que prévue de la Pologne
par les Allemands, la Lituanie fut transférée dans un second
protocole, en compensation dans la sphère d'intérêt
soviétique. Dès juin 1940, l'URSS envahit les Etats baltes
et procéda à une soviétisation forcée et brutale du
pays devenu République soviétique dès le 3 août.
On estime ainsi le nombre de Lituaniens victimes de déportation,
à environ 45.000.
L'offensive de juin 1941 provoqua un soulèvement anti-russe, les
Lituaniens croyant que les Allemands allaient restaurer leur Etat.
Dès le 24 octobre 1944, l'occupation par l'Armée Rouge
entraîna une communisation accélérée et une brutale
oppression : se succédèrent de nouvelles vagues de
déportation (plus de 60.000), ainsi que des persécutions
religieuses et culturelles.
La résistance armée anti-soviétique s'amplifia (" les
Frères de la Forêt ") mais fut totalement balayée au
début des années 50.
Comme le souligne M. Yves Plasseraud, " comme au
XIXème siècle, lors de la première renaissance
nationale, c'est au moment où le fond de l'abîme semblait avoir
été atteint qu'intervient le sursaut ".
En 1972, le Premier Samizdat du mouvement pour les Droits de l'Homme fut
publié. Ronas Kalanta s'immola par le feu, les émeutes se
multiplièrent ainsi que les revendications religieuses.
En 1988, se créa le Mouvement lituanien pour la Perestroika qui donna
naissance au Sajudis et revendiqua, avec le parti communiste lituanien, le
retour à l'indépendance.
Le dimanche 11 mars 1990, le Soviet suprême de Lituanie
proclama l'indépendance de la Lituanie, considérée comme
nulle dès le 15 mars par le Congrès soviétique des
députés du peuple.
Moscou, dès le mois d'avril, mit en place un blocus de la Lituanie. Les
prises de position lettone et estonienne renforcèrent la
détermination de M. Landsbergis, considéré comme la
" bête noire " de Gorbatchev.
Le chômage et le découragement croissant en Lituanie conduisirent
à suspendre pendant 100 jours la déclaration
d'indépendance afin d'entamer des pourparlers avec Moscou. La guerre
d'usure se poursuivit jusqu'au 13 janvier 1991 avec l'assaut des
forces spéciales soviétiques contre la télévision
et le Parlement lituanien qui provoquèrent la mort de
quinze Lituaniens.
Le 9 février, les Lituaniens se prononcèrent à
90,4 % pour l'indépendance. Au printemps 1991, la
démocratisation et l'anarchie soviétique permirent aux dirigeants
baltes de sortir de leurs Parlements transformés en bunkers depuis les
drames de janvier, et de venir plaider leur dossier auprès de certains
responsables occidentaux. Le déplacement, notamment en Europe, du
président lituanien V. Landsbergis eut à cette occasion une
incidence déterminante.
Le 29 juillet, la Russie et la Lituanie reconnurent mutuellement leurs
indépendances. L'étrange coup d'Etat manqué du
19 août 1991 à Moscou précipite la reconnaissance
internationale de la Lituanie indépendante.
Après son admission à l'ONU le 17 septembre 1991,
l'année 1992 se révèla riche en
événements : en février, accord avec la Russie sur le
retrait de l'Armée rouge ; les 14 et 15 mai, première
visite d'Etat d'un dirigeant occidental, M. François Mitterrand ;
en juin, référendum sur le retrait des troupes russes ; en
octobre, entrée en vigueur du Valonas à la place du rouble ;
le 25 octobre 1992, 56 % des électeurs approuvent une
nouvelle constitution. Un nouveau Parlement fut constitué.
M. Brazauskas, chef du parti démocratique du travail, en devint le
Président, tout en faisant office de Président de la
République jusqu'aux élections du
14 février 1993.
B. LE RETOUR À LA DÉMOCRATIE PARLEMENTAIRE
Après 50 ans de totalitarisme, la Lituanie a
choisi de
renouer avec le parlementarisme, déjà en vigueur dès la
fin de la première guerre mondiale.
La Constitution, approuvée par 56 % des électeurs, lors du
référendum du 25 octobre 1992, comprend
154 articles. Elle met en place un régime parlementaire
caractérisé par une séparation souple des pouvoirs.
Néanmoins, certaines dispositions rappellent les régimes
présidentiels.
Le pouvoir législatif monocaméral est constitué d'une
Diète, le Seimas. Le pouvoir exécutif est composé du
Président de la République et d'un Premier ministre. La
délégation sénatoriale souhaite en outre insister sur la
présence d'un contrôle de constitutionnalité et sur la mise
en place d'une véritable décentralisation.
1. La mise en place d'un régime parlementaire spécifique
a) Le bicéphalisme de l'exécutif
Le
pouvoir exécutif de la République de Lituanie est composé
du Président de la République et d'un Gouvernement dirigé
par un Premier ministre.
Le Président de la République
Elu au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans, renouvelable une
fois, le Président de la République M. Valdas Adamkus, a
été élu au second tour le 5 janvier 1998 avec
une avance de 0,74 % sur M. Paulanskas.
Il a succédé à M. Algirdas Brazauskas,
Président de la République de 1993 à 1998 et que le groupe
a rencontré à de nombreuses reprises.
Conformément à la constitution, le Président dirige la
politique étrangère, signe les accords internationaux, proclame
l'état d'urgence, nomme les ambassadeurs ainsi que le Premier ministre
après accord de la Diète. Il confirme, en outre, la composition
du Gouvernement. Il peut mettre fin aux fonctions des différents
ministres sur proposition du Premier ministre. Il présente chaque
année à la Diète un rapport sur la politique
intérieure et étrangère. Il peut demander au Seimas une
nouvelle délibération sur la loi.
Il peut dissoudre le Parlement, sous réserve des conditions
posées par l'article 58, mais peut être révoqué
par la Diète nouvellement élue conformément à
l'article 87 de la Constitution.
En cas de décès, démission ou autres cas de force majeure,
mais aussi pendant ses déplacements à l'étranger, le
Président de la Diète assure l'intérim, mais ne peut
convoquer d'élections législatives anticipées ni nommer ou
révoquer des ministres sans l'accord de l'Assemblée.
Les candidats au poste doivent être citoyens lithuaniens de naissance,
être âgés d'au moins 40 ans, avoir résidé
dans le pays au cours des trois dernières années et être
éligibles à la Diète. Est élu celui qui recueille,
au premier tour, la majorité des suffrages représentant au moins
la moitié des votants si la participation a dépassé
50 % des inscrits, ou le tiers dans le cas contraire. Si ces conditions ne
sont pas satisfaites, un deuxième tour est organisé 14 jours
après le premier, entre les deux candidats arrivés en
tête : la majorité simple suffit alors. L'élu doit
renoncer à toutes ses activités politiques.
Signalons que le Président lituanien, de part son élection au
suffrage universel direct et les pouvoirs qui lui sont attribués, joue
un rôle plus important que ses homologues letton et estonien élus
par le pouvoir législatif.
Depuis, M. V. Landsbergis, les présidents de la République
de la Lituanie ont joué un rôle éminent dans le retour
à la démocratie.
M. Landsbergis a été " l'homme clé " de
l'indépendance lituanienne de 1990 à 1993. La lassitude de
l'électorat devant la crise économique persistante -comme ont
connue tous les pays de l'ancienne Europe de l'Est ayant accédé
à l'indépendance- a permis à A. Brazauskas, ancien
Premier secrétaire du parti communiste de Lituanie, d'accéder
à la Présidence de la République de 1993 à 1998. M.
A. Brazauskas s'est illustré par son pragmatisme à la tête
de Lituanie. Comme il ne souhaitait pas briguer un second mandat, la Lituanie a
porté à sa tête M. V. Adamkus,
lituano-américain, classé au centre droit, qui a recueilli
49,87 % des voix contre 49,31 % pour M. Paulanskas, ancien
procureur général.
Le Gouvernement
Le Gouvernement de la République de Lituanie est composé du
Premier ministre et des ministres.
Le Gouvernement administre les affaires du pays, assure l'inviolabilité
du territoire de la République de Lituanie, garantit la
sécurité de l'Etat et l'ordre public ; il exécute les
lois et les résolutions du Seimas sur l'application des lois ainsi que
les décrets du Président de la République et coordonne
l'activité des ministres et des autres institutions gouvernementales. Il
prépare le projet de budget de l'Etat et le soumet au Seimas, assure
l'exécution du budget de l'Etat et soumet au Seimas le compte rendu de
son exécution. En outre, il prépare les projets de loi et les
soumet au Seimas pour examen, il noue des liens diplomatiques et entretient des
relations avec les Etats étrangers et avec les organisations
internationales.
Le Gouvernement est solidairement responsable devant le Seimas. Il appartient
au Premier ministre de diriger l'activité du Gouvernement.
Celui-ci doit démissionner lorsque le Seimas n'approuve pas, deux fois
de suite, le programme du Gouvernement nouvellement formé et lorsque le
Seimas, à la majorité des votes de l'ensemble de ses membres et
au scrutin secret, exprime la défiance à l'égard du
Gouvernement ou du Premier ministre. Cette démission est de droit
lorsque le Premier ministre démissionne ou décède ou
après l'élection du Seimas, lorsqu'un nouveau Gouvernement a
été formé.
Par ailleurs, un ministre doit démissionner lorsque plus de la
moitié de l'ensemble des membres du Seimas a voté, au scrutin
secret, la défiance à son encontre
3(
*
)
.
Ingénieur et économiste de formation, l'actuel Premier ministre,
M. Vagnorius, que la délégation sénatoriale a pu
rencontrer, occupe ce poste depuis le mois de novembre 1996, date de la
victoire des conservateurs et des démocrates chrétiens aux
élections législatives. Après une année de
cohabitation avec M. Brazauskas, M. Vagnorius a été
reconduit dans ses fonctions par M. Adamkus. Un remaniement
gouvernemental, entamé fin mars 1998, s'est achevé
début mai avec l'arrivée de trois nouveaux ministres. Par
ailleurs, un amendement à la loi sur le Gouvernement, adopté le
28 avril, a limité le Gouvernement à 14 ministres
(contre 17 précédemment) et surtout a supprimé le
poste de ministre des affaires européennes (remplacé par une
structure rattachée au Premier ministre).
b) Le choix du monocaméralisme
Trois
raisons essentielles peuvent être invoquées pour expliquer ce
choix du monocamérisme que l'on retrouve dans les trois
Républiques baltes.
Tout d'abord des parlementaires baltes ont reconnu que dans l'urgence
législative suscitée par l'indépendance et la
nécessité d'aller vite dans la refonte des institutions et de
l'ensemble de la législation dans tous les domaines d'activité,
l'instauration d'une seule Chambre est apparue plus judicieuse. De même,
la taille de ces pays a été déterminante dans le choix du
monocamérisme. La Lituanie compte moins de 4 millions d'habitants,
l'Estonie 1,5 millions d'habitants et la Lettonie à peine
2,6 millions. Enfin, le fonctionnement d'un Parlement monocaméral
est moins coûteux que celui de deux assemblées. La situation
économique de ces jeunes Républiques au début des
années 1990 justifie une telle restriction.
La Diète lituanienne compte 141 membres élus pour quatre ans
au suffrage universel direct. La loi électorale révisée en
juin 1996 organise un système mixte de désignation, associant
scrutin de liste proportionnelle et scrutin majoritaire à deux tours.
Tous les citoyens d'au moins 25 ans -à l'exception des militaires,
policiers, gardes nationaux- peuvent être élus.
Des élections anticipées au Seimas peuvent être
organisées par décision du Seimas, adoptée par une
majorité d'au moins trois cinquièmes des voix de l'ensemble de
ses membres. C'est le cas également :
- si le Seimas n'a pas pris de décision sur le nouveau programme du
Gouvernement dans les trente jours qui suivent sa présentation, ou si le
Seimas a désapprouvé deux fois de suite le programme du
Gouvernement dans les soixante jours qui suivent sa première
présentation ;
- sur proposition du Gouvernement, si le Seimas exprime sa défiance
au Gouvernement.
Après avoir prêté serment, un membre du Seimas ne peut pas
exercer d'autres fonctions dans des institutions ou des organisations de
l'Etat, ni avec un emploi dans les affaires, dans le commerce et au sein
d'autres institutions ou entreprises privées. Il existe en outre une
incompatibilité entre la fonction de membre du Seimas et une
activité ministérielle.
Les compétences du Seimas sont très larges (art. 107),
à l'instar du Parlement letton et estonien : initiative
législative concurremment avec le Président de la
République et le Premier ministre, adoption des lois, acceptation ou
rejet de la candidature du Premier ministre, examen et approbation
éventuelle du programme du Gouvernement, contrôle de
l'activité du Gouvernement via l'éventuelle défiance
envers le Premier ministre ou un ministre, -par le biais notamment du
procédé de l'interpellation-, ratification des traités,
fixation des impôts et des prélèvements obligatoires,
révocation du Président de la République dans certaines
conditions...
De plus, le Seimas examine et adopte les amendements à la Constitution,
ces derniers devant être votés en termes identiques à trois
mois d'intervalle, à la majorité des trois cinquièmes. En
outre, il décide des référendums, établit les
institutions d'Etat, nomme les juges, le contrôleur d'Etat et le
Président du Bureau de la Banque de Lituanie, convoque les
élections municipales et déclare l'administration directe,
l'état de guerre et l'état d'urgence.
Il existe une procédure d'impeachment applicable au Président de
la République, aux députés et aux juges des trois Cours
constitutionnelle, suprême et d'appel.
Sur le plan de l'organisation, le Seimas comprend 13 commissions.
Le Bureau est composé tout d'abord du Président de la
Diète (M. V. Landsbergis depuis novembre 1996) qui assure
l'intérim du Président de la République et signe les lois
qui ne l'auraient pas été par le Chef de l'Etat dans les
délais prescrits par la Constitution (article 71 de la
Constitution). Sont ensuite membres du bureau, quatre vice-présidents
(deux conservateurs, un chrétien démocrate et un centriste
actuellement) ainsi qu'un chancelier qui prépare l'ordre du jour et
supervise l'examen des projets de loi. Ce dernier est en outre responsable du
travail du personnel du Seimas.
On notera, par ailleurs, l'existence d'une conférence des
Présidents. La Seimas se réunit deux fois par an pour deux
sessions ordinaires (10 mars - 30 juin pour la session de
printemps ; 10 septembre - 23 décembre pour la session
d'automne). Selon l'article 64 de la Constitution, le Seimas peut
décider de prolonger une session. Il est convoqué en session
extraordinaire par le Président du Seimas sur proposition d'au moins un
tiers de l'ensemble des membres du Seimas, et par le Président de la
République dans les cas prévus par la Constitution.
L'opposition dispose d'un réel pouvoir d'initiative législative
ainsi que les citoyens lithuaniens puisqu'aux termes de l'article 68, un
projet de loi peut être présenté au Seimas par
50.000 citoyens possédant le droit de vote.
Actuellement, les membres du Seimas ont été élus au mois
de novembre 1996. Sur les 137 sièges pourvus le
10 novembre 1996, le parti conservateur compte
70 députés, le parti chrétien-démocrate
16 députés, l'Union du centre 13 députés,
le parti social démocrate 12 députés, le parti
démocratique du travail 12 députés et le parti des
" divers indépendants " 14 députés. Pour
former un groupe parlementaire, 3 députés sont
nécessaires. Parmi les membres du Seimas, 18 % sont des femmes,
96 % sont d'origine lituanienne, plus de la moitié résident
à Vilnius, un tiers des députés ont été
réélus en 1996 et l'âge moyen se situe autour de
50 ans.
La délégation sénatoriale se félicite d'avoir eu
un long entretien avec le Président Landsbergis avec lequel le groupe
sénatorial entretient depuis toujours des relations de profonde
amitié.
c) La présence d'un contrôle de constitutionnalité effectif et l'organisation de la justice
La
Cour constitutionnelle a été mise en place en 1993. C'est le
titre VIII de la Constitution (articles 102 à 108) qui en fixe
les modalités.
Elle est composée de 9 juges désignés pour un mandat
de neuf ans non renouvelable. C'est la Diète qui les nomme par tiers,
tous les trois ans, à parité parmi les candidats choisis par le
Président de la République, le Président de la
Diète et celui de la Cour suprême.
Conformément à l'article 105 de la Constitution, la Cour
constitutionnelle examine et adopte les décisions relatives à la
conformité des lois de la République de Lituanie et les actes du
Seimas à la Constitution de la République de Lituanie.
La Cour constitutionnelle statue également sur la conformité
à la Constitution et aux lois :
- des actes du Président de la République ;
- des actes du Gouvernement de la République.
La Cour constitutionnelle donne un avis sur la question de savoir :
- s'il y a eu violation des lois électorales pendant les
élections du Président de la République ou des membres du
Seimas ;
- si l'état de santé du Président de la
République lui permet de continuer à exercer des fonctions ;
- si des accords internationaux conclus par la République de
Lituanie ne sont pas contraires à la Constitution.
La Cour constitutionnelle est saisie par le Gouvernement, le cinquième
des députés, les tribunaux et le Président de la
République.
Conformément à l'article 11 (titre IX) de la
Constitution, les tribunaux de la République de Lituanie sont la Cour
Suprême, la Cour d'appel, les tribunaux, les tribunaux de district et les
tribunaux de canton.
Les juges de la Cour Suprême et leur Président qui en est issu,
sont nommés et révoqués par le Seimas sur proposition du
Président de la République (article 112). Les juges de la
Cour d'appel sont nommés par le Président de la
République. En outre, c'est ce dernier qui nomme seul les juges et les
présidents des tribunaux de district, des tribunaux de canton et des
tribunaux spécialisés.
Par ailleurs, la double nationalité n'est pas reconnue. Il n'y a pas de
religion d'Etat, mais l'Etat reconnaît les églises
traditionnellement influentes.
Les quatre premiers titres de la Constitution lituanienne concernent l'Etat
lituanien, l'individu et l'Etat, la Société et l'Etat et enfin
l'économie nationale et le travail.
d) Une organisation territoriale décentralisée
Le
titre X de la Constitution (articles 119 à 124) a trait
à l'autonomie et à l'administration locales.
Lors des dernières élections locales de mars 1997,
1.484 conseillers ont été élus dans 56 villes et
districts. Les conservateurs ont remporté cette élection
puisqu'ils détiennent 30 Conseils.
Il s'agit bien d'une décentralisation organisée par la loi. Les
collectivités locales, conformément à l'article 121
de la Constitution, élaborent et approuvent leur budget et ont le droit,
dans les limites et selon la procédure établies par la loi, de
fixer les taxes locales. Elles peuvent prévoir des impôts et des
redevances au compte de leur propre budget.
Néanmoins des représentants nommés par le Gouvernement
contrôlent le respect de la Constitution et des lois et
l'exécution des décisions du Gouvernement par les
collectivités locales.
Le mandat des membres des Conseils des collectivités locales est
fixé par la Constitution à deux ans.
La délégation du groupe a pu rencontrer les autorités
locales de Vilnius, Kaunas, Klaipéda et de la presqu'île de
Nerija. Elle tient à souligner le dynamisme de ces élus. Ainsi,
Vilnius n'en finit pas de rajeunir et de se moderniser ; Kaunas a mis en
oeuvre un Forum de développement économique qui regroupe
élus et entrepreneurs ; Klaipéda est en pleine expansion.
Avec un volume de plus de 16 millions de tonnes, le port de
Klaipéda, dont la délégation sénatoriale a pu
mesurer l'étendue, se développe de façon spectaculaire.
Des pourparlers sont en cours afin de rapprocher ce port avec celui du Havre.
Enfin, ayant eu la possibilité de passer deux jours sur la
presqu'île de Nerija, la délégation sénatoriale a pu
mesurer les efforts accomplis par les autorités locales pour ouvrir cet
endroit magnifique au tourisme. Le petit port de pêcheurs, la maison de
Thomas Mann, les dunes quasi-sahariennes de Neringa, les stèles
ethnographiques, les festivals musicaux et la présence de plages
magnifiques sont autant d'atouts qui constituent pour ce lieu de
véritables opportunités pour un développement
touristique.
2. Une alternance réussie
a) La première alternance de 1992-1993
Après avoir connu une équipe dirigeante
composée de nationalistes dirigée par le Président V.
Landsbergis qui conduisit le pays à l'indépendance, les
Lituaniens ont rappelé au pouvoir les anciens communistes
indépendantistes, aujourd'hui " travaillistes " avec à
leur tête M. Brazauskas. Lors des élections
législatives de 1992, 73 des 141 sièges du Seimas sont
revenus au Parti démocratique du travail (ancien parti communiste
lituanien qui a changé de nom en décembre 1990). Ce
revirement, confirmé par l'élection présidentielle de
février 1993, remportée par M. Brazauskas, aurait
été dû pour une bonne part à la lassitude de
l'électorat devant la crise économique persistante et les
difficultés rencontrées en matière de politique agricole.
Ce Gouvernement social-démocrate s'est d'abord caractérisé
par son pragmatisme dans le domaine économique. Converti à
l'économie de marché et au libéralisme, il a mis la
poursuite, voire dans certains cas l'accélération des
réformes au centre de sa politique. Ce faisant, il a su rapidement
obtenir l'appui et la confiance des organismes financiers internationaux comme
le FMI.
A la fin de 1995, la Lituanie a été secouée par une grave
crise bancaire révélée par la faillite de deux importantes
banques. En février 1996, la Diète a voté à
une large majorité la défiance du Premier ministre,
impliqué dans ce qui a dégénéré en un
imbroglio politico-bancaire. C'est M. Stankevicius, jusqu'alors vice
premier ministre et ministre des réformes administratives et des
collectivités locales qui a été nommé pour devenir
chef du Gouvernement qui n'a pas été profondément
remanié.
b) La seconde alternance de novembre 1996 et la " cohabitation " de 1996-1998
Les élections législatives du
20 octobre et
du 10 novembre 1996 ont vu l'arrivée des conservateurs
dirigés par M. V. Landsbergis alliés aux chrétiens
démocrates (parti fondé en 1904 auquel appartiennent
MM. Saudargas et Sankevicius notamment).
Cette coalition a obtenu une large majorité avec 86 sièges.
Ainsi le premier parti post-communiste à avoir reconquis le pouvoir en
Europe de l'Est dès 1993 a été également le premier
à en être évincé.
Notons que ces élections ont vu seulement cinq grands partis franchir la
barre fatidique -pour être représenté au Seimas- des
5 %.
Cette situation originale pour la Lituanie avec un Président de la
République M. Brazauskas, ancien responsable du PDT, et une
majorité - conservateur chrétiens démocrates- a
ouvert la voie à une cohabitation entre un Gouvernement de la
majorité parlementaire dirigée par M. Gediminas Vagnorius
(Conservateur) et le Président de la République. Par ailleurs,
M. V. Landsbergis a été élu Président du
Seimas.
Les élections locales de mars 1997 ont permis à la coalition
au pouvoir de consolider l'avance confortable acquise aux élections
municipales de 1995.
Durant cette période de cohabitation, le Président Brazauskas a
disposé d'une faible marge de manoeuvre : en effet, le droit de
veto suspensif sur les lois votées par le Seimas dont il dispose n'a
qu'une portée symbolique puisqu'il suffit d'un second vote à la
majorité absolue pour le surmonter. En outre, même si la
Constitution reconnaît formellement au président la
prééminence en matière de diplomatie et de défense,
M. Landsbergis, deuxième personnage de l'Etat, a multiplié
les contacts internationaux et n'a jamais manqué de s'exprimer sur les
questions de politique étrangère, qui ont sa prédilection.
Cette cohabitation a pris fin avec les élections
présidentielles de décembre 1997 et janvier 1998.
Ces élections présidentielles ont vu s'opposer le
21 décembre 1997, pour le premier tour, sept
candidats :
|
1er tour - le 21 décembre |
M. Valdas ADAMKUS |
27,6 % |
M. Arturas PAULAUSKAS |
44,7 % |
M. Vytautas LANDSBERGIS |
15,7 % |
M. Vytenis ANDRIUKAITIS (1) |
5,6 % |
M. Kazys BOBELIS (2) |
3,9 % |
M. Rolandas PAVILIONIS (3) |
0,8 % |
M. Rimantas SMETONA (4) |
0,3 % |
(1) :
Candidat social-démocrate
(2) : Ancien président de la commission des affaires
étrangères, américano-lituanien rallié aux
travaillistes en 1992 et dirigeant de l'Union
chrétienne-démocrate très peu fournie (et à ne pas
confondre avec le Parti chrétien-démocrate).
(3) : Recteur de l'Université de Vilnius, candidat indépendant.
(4) : Petit neveu du dictateur d'avant-guerre, dirigeant de l'Union
nationaliste mais surtout décrit par la presse lituanienne comme
"l'eurosceptique ".
M. Brazauskas n'avait pas souhaité se représenter pour un second
mandat et M. Adamkus a, dans un premier temps, été
écarté par la commission électorale au motif qu'il
n'était pas Président permanent en Lituanie depuis un minimum de
trois années.
La participation a été forte avec 71,4 % au premier tour.
M. Adamkus n'était soutenu au premier tour que par le parti
centriste qui participait au Gouvernement sans être formellement membre
de la majorité.
A l'issue de ce premier tour, l'ensemble des candidats -excepté
M. Paulauskas- se sont désistés en faveur de
M. Adamkus. Ce dernier a remporté l'élection
présidentielle avec 49,87 % des suffrages contre 49,31 % pour
son adversaire.
Actuellement, M. Adamkus, en sachant se situer au centre du débat
politique, continue de bénéficier d'un soutien de la population.
La quasi-absence de conflit inter-ethnique et les bons résultats
économiques sont certainement, pour partie, à l'origine de cette
stabilité.
C. UNE SITUATION ÉCONOMIQUE EN CONSTANTE AMÉLIORATION
Au moment de son indépendance, la Lituanie s'est trouvée confrontée à une grave crise économique dont elle a commencé à se relever à la fin de l'année 1993, soit avec une année de retard par rapport à ses voisins baltes. La crise bancaire de 1995 a, en outre, conduit la Lituanie à solliciter l'octroi d'un prêt d'ajustement structurel de la Banque mondiale, en échange de réformes de structure (qui tardent à se mettre en place) non seulement dans le secteur bancaire, mais également dans les secteurs de l'agriculture, de l'énergie et de la sécurité sociale.
1. Le redressement économique de la Lituanie
a) Une économie confrontée jusqu'en 1993 à des chocs externes et internes
Une
dégradation macro-économique sans précédent
La Lituanie, comme tous les pays du bloc soviétique, a dû faire
face à une période de transition.
La crise générale propre aux économies
post-soviétiques n'a pas épargné la Lituanie, à
l'instar de la Lettonie et de l'Estonie : forte baisse de la production
industrielle, fermeture d'entreprises, chute du pouvoir d'achat,
appauvrissement de certaines catégories de la population comme les
retraités, gestion irrationnelle de l'environnement pesant lourdement
sur le secteur agricole...
Au début de son indépendance, la Lituanie a dû faire face
à un double choc économique : le premier en 1990-1991, à
la suite de l'éclatement de l'URSS, et le second en 1992, après
que les pays de la CEI eurent relevé le prix des matières
premières.
En 1990-1991, l'effondrement de l'URSS a entraîné le
démantèlement du système de planification
centralisée qui avait prévalu jusqu'alors. Il en est
résulté aussitôt, pour la Lituanie, des pénuries
d'approvisionnement et des pertes de débouchés majeures.
Rappelons que le commerce de la Lituanie avec les pays de la CEI comptait pour
près de 80 % du total des échanges.
4(
*
)
Le PIB s'est contracté ainsi de 60 % entre
1990 et 1993.
La rupture progressive des relations avec ces partenaires a conduit à
une chute dramatique de la production et du commerce en 1991 et 1992.
Après une baisse du PIB de 38 % en 1992, dont 51 % pour la
seule production industrielle, la baisse en 1993 " n'était que de
16 % ".
Par ailleurs, les insuffisances logistiques et la désorganisation des
circuits de paiement ont créé un choc interne important sur
l'économie lituanienne. L'inflation avait atteint 1020 % en 1992
alors que le rouble se dépréciait fortement. De surcroît,
les importations étaient coûteuses et la demande forte.
Au début de l'année 1992, les Etats baltes ont
été ébranlés par une nouvelle secousse en
provenance de Russie et des autres pays de la CEI. Ceux-ci ont en effet
aligné brutalement le cours des matières premières sur les
tarifs internationaux. En l'espace de quelques mois, certains prix de
l'énergie ont été multipliés par soixante dix. Le
choc énergétique qui en a découlé a plongé
la région dans une récession sans précédent.
Une crise structurelle
Constitué de larges conglomérats industriels
hérités de l'ère soviétique, l'appareil de
production s'est avéré rapidement inadapté aux besoins de
l'économie. Sa restructuration et sa dénationalisation ont
été politiquement délicates, la main d'oeuvre étant
pléthorique et souvent de nationalité russe.
Toutefois, les difficultés majeures se sont manifestées dans un
autre secteur, celui des banques. Chacun des pays baltes a traversé une
grave crise bancaire, imputable, certes, aux difficultés de
l'économie, mais surtout à des erreurs de gestion et, du moins
dans la phase initiale, à certaines failles de la réglementation
prudentielle. Si des banques importantes sont tombées en faillite, il
n'y a toutefois pas eu, à proprement parler, de crise systémique.
Alors que l'Estonie à été touchée dès 1992,
pour les deux autres républiques baltes, la crise n'a
éclaté que beaucoup plus tard, en 1995. En Lituanie, les
difficultés traversées par l'Innovation Bank, la Vakaru Bank et
la Litimpex Bank -qui à elles trois gèrent près d'un tiers
des dépôts bancaires- ont marqué l'apogée de la
crise.
Une économie souterraine en développement
Le commerce frauduleux a connu depuis 1992 une forte croissance, portant
essentiellement sur des produits russes transitant vers l'Ouest à
travers les Pays Baltes.
Cette économie informelle pourrait continuer à représenter
entre 24 et 27 % du PIB officiel.
b) Les succès enregistrés
" La situation économique de la Lituanie
continue
à s'améliorer de façon spectaculaire avec une croissance
qui a atteint 5,8 % en 1997 et approchera les 7 % cette année,
une inflation ramenée à moins de 9 %, un taux de
chômage qui reste faible ".
Tel est le constat de l'éditorialiste de la " Lettre des Pays
Baltes " portant sur la Lituanie dans son numéro 64 du mois de juin
1998. Si la crise russe force à réviser à la baisse les
prévisions de croissance pour 1998 -environ 5 à 6 % au lieu
de 7 %- la délégation sénatoriale a pu constater la
sérénité de tous ses interlocuteurs sur ce sujet.
Ce constat témoigne d'un véritable redressement économique.
Les indicateurs macro-économiques sont positifs
Le retour à la croissance
La fin 1993 et le début de l'année 1994 ont vu une stabilisation
et une reprise de la production avec une croissance estimée à
1 % pour 1994, 3 % pour 1995, 3,6 % en 1996 et 5,7 % en 1997. On
prévoit pour 1998 une croissance de 5 % et non de 7 %
initialement envisagée, et ce en raison de la crise russe.
Il convient cependant de noter que les statistiques locales traitent
essentiellement de la production de l'appareil d'Etat qu'elles connaissent
bien, mais qu'elle appréhendent mal la situation du nouveau secteur
privé, qui, dans certaines branches (confection, meubles, services) est
florissante.
On estimait en mars 1997 la part du secteur privé dans le PIB à
plus de 50 %. Le PIB par habitant serait de 2.932 $ en 1997, ce qui
situerait la Lituanie dans la fourchette inférieure des pays
considérés comme relativement riches (PIB/hab/an compris entre
2.000 et 8.000 $).
La croissance de 1997 placerait la Lituanie, avec la Croatie, en tête des
pays d'Europe centrale et orientale en termes de croissance du PIB.
Une inflation maîtrisée et une réforme
monétaire réussie
L'inflation qui avait atteint 1.020 % en 1992 a diminué dès
la sortie de la zone rouble pour atteindre 188 % en 1993, 45 % en
1994, 35 % en 1995, 13,1 % en 1996 et 8,6 % en 1997. Pour les
cinq premiers mois de l'année 1998, le taux d'inflation se monte
à 3,1 %.
Cette chute de l'inflation a été concomitante à la sortie
de la zone rouble avec l'introduction à parité en septembre 1992
d'une monnaie transitoire, le talonas, puis en juin 1993 de la devise
nationale, le Litas, qui, depuis le 1er avril 1994 est lié au
dollar au taux de 1USD = 4 LTL dans le cadre d'une réforme instaurant,
comme en Estonie, un Conseil monétaire (" currency board ")
faisant dépendre la masse monétaire des contreparties en devises
et en or de la Banque centrale.
La réforme monétaire a été une réelle
réussite de la politique économique lituanienne : la monnaie
nationale est convertible et il n'y a ni monnaie ni taux de change
parallèle.
Rappelons que la France a officiellement restitué, dès le
début des années 1990, les 2.246 kilos d'or
déposés par la Lituanie en 1992.
Une volonté d'assouplissement du système s'est toutefois fait
jour au sein de la nouvelle équipe gouvernementale
: le programme
indique en effet que le " Conseil monétaire " devrait
être supprimé à terme : soucieuse d'éviter tout
dérapage, le nouveau gouvernement entend toutefois mettre en oeuvre de
façon progressive cette décision de principe.
La délégation sénatoriale a pu, d'ailleurs, constater que
si le dollar était encore accepté, les commerçants
généralement exigent d'être payés en monnaie
nationale, ce qui atteste d'une véritable confiance dans la monnaie
nationale.
Une réorientation spectaculaire des échanges vers
l'Ouest
Le commerce extérieur lituanien est caractérisé, depuis
1993, par un exercice déficitaire, un niveau élevé de
réexports et une réorientation très marquée des
échanges vers l'Occident d'où l'Allemagne émerge comme le
premier partenaire. Le volume des échanges avec les Etats-Unis est
négligeable car inférieur à 2 %.
Selon le Département lituanien des statistiques, le déficit
commercial a été de 943 millions de $ en 1995,
1,2 milliard de $ en 1996 et 1,7 milliard de $ en 1997.
Les principaux produits échangés sont : à l'export, les
produits textiles et les vêtements, les engrais azotés, les
meubles, la caséine, la poudre de lait, les machines-outils, les
téléviseurs, les tubes cathodiques, les bières, les
cigarettes.
A l'import, les équipements professionnels, le pétrole, les biens
de consommation, les alcools et les métaux. Sont
réexportés les produits raffinés, les métaux et le
bois de Sibérie.
Rappelons que la Russie demeure le premier partenaire de la Lituanie qui reste
extrêmement dépendante de son grand voisin en matière
énergétique. De même, 30 % des exportations
lithuaniennes sont à destination de la Russie.
C'est pourquoi la récente crise russe affectera inévitablement
les performances macro-économiques de la Lituanie en 1998.
Si les
échanges sont libellés en dollars, la Lituanie ne devrait pas
s'inquiéter d'une éventuelle dévaluation du rouble, mais
resterait malgré tout préoccupée de voir sombrer son
principal partenaire économique. Encore faut-il que la monnaie
américaine ne soit pas -comme c'est le cas actuellement- soumise
à de fortes pressions !
Une situation financière satisfaisante
La mise en place de crédits des institutions internationales (ajustement
structurel et projets) dès la mi-1992 a conduit à un endettement
extérieur dont le montant en mai 1998 était de 1,5 milliard
de $, soit 13 % du PIB. Celle-ci reste donc globalement stable.
Parallèlement, les réserves de change se consolident à
hauteur de plus d'1,1 milliard d'US$ à la fin mai 1998.
Le déficit des paiements courants augmente, dénotant par
là même l'importance de l'effort d'équipement du pays et
l'apparition d'une classe moyenne avide de consommer. Ce déficit est en
partie comblé, pour l'instant, par des entrées de capitaux.
Par ailleurs, l'ajustement progressif des finances publiques se poursuit avec
un déficit du budget central ramené à 1,6 % du PIB
cette année et à moins de 3 % si on l'inscrit dans les
critères de Maastricht.
La réforme économique : bilan des privatisations et des
investissements
Le processus des privatisations, lancé en 1990, comprend
deux étapes. La première est une privatisation massive :
elle a commencé en 1991 et s'est achevée en juillet 1995. La
seconde étape a commencé en 1995, après l'adoption d'une
nouvelle loi sur la privatisation des biens d'Etat et des municipales.
La première étape de privatisation s'est opérée
par le biais de bons d'investissement. Elle a concerné les entreprises
appartenant à l'Etat, les appartements ainsi que les 1.160 ex-kolkhozes.
Le 5 juillet 1995 une nouvelle loi sur la privatisation a
été adoptée.
La caractéristique principale de
cette étape est la vente pour argent aux conditions du marché des
entreprises à privatiser. En outre, les modalités de ces ventes
sont identiques pour les Lituaniens et les investisseurs étrangers.
Cette deuxième étape n'est entrée en vigueur qu'en 1996,
l'Agence nationale de privatisation étant mise en place en janvier de la
même année.
Le processus de privatisation présente un état d'avancement
différent selon les secteurs concernés.
C'est dans le domaine des logements personnels que la réforme est
pratiquement achevée avec plus de 95 % retournés dans des
mains privées. La redistribution des terres a été
lancée par l'équipe Landsbergis avec pour résultat
immédiat une désorganisation de la production agricole dont le
pays a du mal à se remettre. La quasi totalité des fermes
collectives ont été démantelées et 70 % des
entreprises agricoles seraient entre des mains privées dont 16 %
à leurs anciens propriétaires ou ayant-droits. A la fin 1996,
plus de 30.000 fermiers privés ont commencé à travailler
leurs terres. Les problèmes auxquels doit faire face le gouvernement
actuel sont la parcellisation des terres avec une surface moyenne de 9 ha, le
sous-équipement des exploitations, le manque de
compétitivité des productions locales, et la liquidation des
anciennes structures kolkhoziennes qui avaient repris vie, sous les
travaillistes, sous la forme de " sociétés agricoles ".
La privatisation est moins avancée dans le domaine des entreprises
industrielles d'Etat, mais cela est moins dû à une volonté
délibérée qu'à la complexité des
opérations à mettre en oeuvre. Selon la Banque Mondiale, 50
à 65 % en valeur des entreprises publiques auraient
été privatisés. L'opération se réalise
souvent par fragmentation en petites unités, plus aisément
vendables, d'ensembles industriels.
Signalons que l'Agence de privatisation lituanienne a proposé
l'ouverture à la privatisation de neuf nouvelles sociétés
appartenant à l'Etat : il s'agit de l'usine de chaussures Inkaras
implantée à Kaunas, de la fonderie de Kaunas, Ketaus
Liéjbla, de la fabrique de tapis de Lentvaris " Kilimai ", du
fabricant de machine outils de précision " Precizckai ", de la
compagnie textile Lelija, l'usine de tricots Vilija, de l'usine Aliejus,
productrice de mayonnaise, de la brasserie Utena et de la compagnie de fuel
Lietuvos Kuras.
Le bilan des investissements étrangers dans la plus
méridionale des républiques baltes reste assez modeste. Au 1er
janvier 1998, le montant cumulé des investissements étrangers
effectivement déboursés était de 1,04 milliards de
USD, les premiers investisseurs étant :
PAYS |
MONTANT INVESTI
|
% DU TOTAL |
Etats-Unis |
271,50 |
26 |
Suède |
128,75 |
12,4 |
Allemagne |
116,75 |
11,2 |
GB |
80,75 |
7,8 |
Danemark |
64,25 |
6,2 |
Estonie |
45 |
4,3 |
Luxembourg |
39,75 |
3,8 |
Norvège |
34,25 |
3,3 |
Source
: Département des statistiques -
Lituanie
Les principales opérations sont le rachat d'une usine de tabac de
Klaipéda par Philip Morris, l'investissement dans le domaine des
télécoms par Motorola, la distribution d'essence par Shell,
Statoil et Nestlé, et l'industrie textile et de confection par divers
opérateurs.
Près de 3 500 sociétés mixtes et
étrangères seraient établies en Lituanie ; elles
sont constituées pour l'essentiel de sociétés
d'import-export ou de services avec des engagements en capitaux très
faibles. L'implication des étrangers dans le processus industriel
lituanien reste très réduit si l'on excepte d'assez nombreux
accords de production ou de " buy-back " dans les domaines de la
confection, de l'ameublement bon marché ou du développement
informatique. Il est clair qu'à ce jour ce sont surtout les bas
coûts salariaux qui attirent les opérateurs occidentaux.
2. Les handicaps et les aléas
a) La question agricole
L'agriculture constitue en Lituanie un secteur sensible. La
privatisation de ce secteur économique et la désorganisation qui
s'en est suivie est d'ailleurs l'une des raisons de l'accession au pouvoir en
1992 du parti de M. Brazauskas.
Troisième secteur de l'économie lituanienne, l'agriculture
représente 9 % du PIB, 24 % de la population active, 18 %
des exportations totales et 9 % des importations totales.
La population rurale représente 32 % de la population totale et le
nombre d'agriculteurs est équivalent à 10 % de la population
totale.
Signalons, en outre, que la surface utile est de 3.513.000 hectares : 2.958.300
hectares en cultures, 495.900 hectares de pâturages et
58.800 hectares de vergers.
Au 10 janvier 1996, 962.000 hectares étaient occupés
par les sociétés agricoles, 958.000 hectares par les
exploitations indépendantes et 833.000 hectares pour les lopins.
Près de 60 % des terres agricoles sont exploitées dans le
cadre d'exploitations individuelles ou de parcelles privées de type
familial. La privatisation des terres et la réorganisation du
système d'économie agricole se poursuivant, le nombre de
sociétés agricoles et de lopins diminue tandis que le nombre et
la taille des exploitations indépendantes augmentent.
Un accord de libre échange avec l'Union européenne est
entré en vigueur depuis le 1er janvier 1998. Ce dernier
prévoit un traitement préférentiel des échanges
agricoles entre la Lituanie et l'Union européenne, avec une
période de transition de 6 ans pour la libéralisation des
échanges. Par ailleurs, en juin 1996, les Premiers ministres des
trois pays Baltes ont signé un accord de libre échange portant
sur les produits agricoles.
Les principaux problèmes de l'agriculture lituanienne sont les
suivants :
*
L'apparition et l'existence de stocks
dus à des
difficultés à l'exportation et à des coûts de
production élevés. Au début 1997, la Lituanie
possédait en stock : 5.000 tonnes de viande de boeuf, 4 millions de
boîtes de viande en conserve, 5.300 tonnes de fromage invendus et
6 millions de boîtes de lait concentré en conserve. La crise
russe pourrait accentuer ce phénomène.
* Jusqu'à présent la politique des Gouvernements successifs
a privilégié les producteurs agricoles et les industries
agro-alimentaires (IAA). Ces derniers se voient donc octroyer des subventions
pour la production et des subventions à l'exportation. Ainsi, le nouveau
Gouvernement lituanien vient d'augmenter les subventions pour la production de
lait de 20 à 50 Litas par tonnes. Le ministre de l'Agriculture
prévoit d'allouer de nouveaux fonds pour encourager l'exportation du
fromage invendu, du lait concentré et de la viande en stock
actuellement. Le secteur agricole reste donc largement subventionné.
*
L'existence pour les principaux produits agricoles de prix de soutien
minimum
.
*
Les normes vétérinaires et phytosanitaires sont encore
insatisfaisantes.
Rares sont les sociétés agricoles et de
l'IAA à être agréées par l'Union européenne.
*
La situation financière des agriculteurs et des
sociétés agricoles
accroît ces difficultés. En
effet, de nombreuses sociétés et agriculteurs sont
endettés ou en cessation de paiements. Même dans les secteurs
traditionnels de l'IAA tels que les filières lait et viande la situation
financière est préoccupante. Ainsi 18 des 40 plus grandes
entreprises du secteur laitier travaillaient à perte en 1997.
*
L'excédent de capacité en aval
, en particulier dans
les installations de transformation où l'on estime que seulement
35 % des capacités sont utilisées.
Ainsi l'obstacle majeur à l'adhésion de la Lituanie à
l'Organisation Mondiale du Commerce reste le secteur agricole qui n'est
toujours pas ajusté aux conditions du marché mondial.
D'après le groupe d'experts de l'OMC, qui s'est rendu en Lituanie en
octobre 1997, le problème le plus difficile à
résoudre pour la Lituanie est l'ensemble des engagements que le pays
doit mettre en oeuvre dans le secteur agricole. En effet, une adhésion
à l'OMC impliquerait la suppression de certains droits de douane qui
bloquent l'accès au marché lituanien, la réduction de
certaines subventions aux agriculteurs nationaux ainsi qu'à
l'exportation.
Lors des différentes réunions dans les Ministères
concernés, outre le domaine agricole, furent abordées les
difficultés posées par d'autres secteurs relevant aussi bien du
commerce intérieur qu'extérieur.
L'entrée dans l'OMC qui, on peut l'espérer, pourra avoir lieu en
1998 ou 1999 est l'un des objectifs primordiaux de la Lituanie en terme de
politique économique extérieure. En effet, le statut de membre de
l'OMC serait à la fois la confirmation et la concrétisation des
efforts mis en oeuvre par la Lituanie pour s'intégrer dans
l'économie mondiale. Par ailleurs, son adhésion serait
également une première étape pour participer aux
négociations d'entrée dans l'Union européenne et un atout
pour rejoindre l'Association de Libre Echange d'Europe Centrale.
b) Le déficit des finances publiques
La question des finances publiques est le problème essentiel auquel la coalition de droite doit s'attaquer. En 1998, le Gouvernement lituanien a poursuivi sa politique d'assainissement. Il lui faut modérer la demande interne en favorisant l'épargne. C'est dans ce contexte que le Gouvernement s'est fixé comme objectif de réduire le déficit budgétaire (2,4 % du PIB en 1996 ; 1,9% en 1997 ; 1,6% prévu en 1998). Toutefois, le projet de présenter un budget équilibré en 1999 paraît peu réaliste. La levée des impôts reste en effet problématique, compte tenu de l'importance de l'économie souterraine, et le Gouvernement a été obligé d'indemniser les victimes de la faillite bancaire. Des mesures ont dû être prises en 1996 pour diminuer le déficit : réduction de 5 % des dépenses publiques, augmentation des prix de l'énergie et des taxes sur le pétrole et l'alcool.
c) La difficile appréhension du chômage
Le taux
de chômage s'élève officiellement à 6,7 %. Il
serait même tombé à 6,2 % au début de
l'été 1998.
Cependant, il ne prend en compte ni le chômage technique dû au
développement rapide de l'économie de marché, ni
l'importance de l'économie souterraine. Il se distribue aussi d'une
manière inégale sur le territoire, plus élevé en
zones rurales qu'en zones industrielles.
Si le Ministère du Travail et de la Sécurité sociale
recense 122.800 chômeurs au 1er mai 1998, on estime le
taux de chômage à environ 12 %.
Rappelons que le salaire moyen mensuel était de 249 USD en mai 1998.
Il est à craindre que les conséquences de la crise russe
provoque une augmentation du taux de chômage en Lituanie dans les mois
à venir.
d) Le problème énergétique
Le
système d'approvisionnement énergétique de la Lituanie est
caractérisé par une absence de réserves significatives en
carburants fossiles (pétrole, gaz) qu'elle doit donc importer et par
l'existence d'une centrale nucléaire de type RBMK (Tchernobyl) qui lui
fournit l'essentiel de sa consommation électrique. Il s'agit de la
centrale d'Ignalina.
Selon l'Agence Internationale de l'Energie Atomique, 81,5% de l'énergie
produit en Lituanie est ainsi d'origine nucléaire.
La Lituanie est par ailleurs dotée d'une raffinerie à Mazeikiai
qui était considérée à l'époque
soviétique comme une des plus modernes de l'Union. Elle est enfin
grevée, comme tous les pays ex-communistes, par un appareil industriel
et un système de chauffage hautement gaspilleurs d'énergie.
Tout le thermique classique est au fuel ou au gaz, importé actuellement
de Russie.
Le pétrole est dirigé par oléoduc vers la raffinerie de
Mazeikiai qui a une capacité de 12 millions de tonnes par an.
Quelques grandes compagnies pétrolières se partagent actuellement
la distribution d'essence pour automobile, acheminée par voie terrestre
: Shell, Statoil, Nestlé, Lukoil ainsi que la compagnie nationale
Lietuvos Kuras.
Les principaux projets lituaniens dans le domaine énergétique
ont pour objet essentiel de s'affranchir de la dépendance
russe :
- création d'un terminal pétrolier sur la côte
baltique à Butingé et construction d'un oléoduc
jusqu'à Mazeikiai ;
- remplacement de la centrale d'Ignalina dont le carburant
nucléaire ne peut être fourni que par les Russes et dont
l'insécurité a fait planifier sa fermeture pour 2010 ;
- interconnexion des réseaux électriques avec la Pologne et
l'Europe occidentale ;
- lancement d'un programme d'économies d'énergie avec
relèvement des tarifications (équipement des bâtiments en
compteurs individuels à gaz et électricité).
L'établissement par la Lituanie d'un système
énergétique rentable, efficace et indépendant est un
défi majeur auquel son économie sera confrontée dans les
années qui viennent.
Signalons que la position de la Commission européenne sur la fermeture
de la Centrale d'Ignalina est un sujet de vive préoccupation entre
l'Europe et la Lituanie.
En 1998, la Lituanie pourrait exporter plus de 6 milliards de Kwh
d'électricité après la mise en place de la ligne
électrique en direction de l'Europe et de l'Ouest, soit entre 80 et
90 % de sa production électrique.
Jusqu'à maintenant, les marchés les plus importants sont la
Biélorussie, l'enclave russe de Kaliningrad, la Lettonie, la Pologne et
la Slovaquie. En 1997, les exportations d'électricité se sont
montées à 3,76 milliards de Kwh soit une baisse de plus de
30 % par rapport à 1996.
En conclusion, la délégation considère que la situation de
l'économie lituanienne est satisfaisante, même si, par ailleurs,
certaines interrogations persistent : le plan de " restitution
de l'épargne " (indemnisation des épargnants dont les
dépôts ont été réduits à néant
par la transformation de la VEB soviétique) risque d'être
particulièrement coûteux ; la situation des comptes de
la sécurité sociale risque, à terme, d'être
préoccupante ; le système bancaire, malgré son
assainissement et sa concentration, connaît des difficultés
persistantes (les établissements déficients n'ont pas
été recapitalisés). Enfin, le FMI juge préoccupante
la situation de la balance des paiements (déficit des transactions
courantes supérieur à 10 %). Souhaitons que la crise
actuelle aux frontières lithuaniennes ne viennent pas perturber les
secteurs fondamentaux globalement positifs de l'économie de cette
République balte.
II. LA LITUANIE À LA CROISÉE DES MONDES EUROPÉEN ET SLAVE
De par sa situation géographique et son histoire, la Lituanie, comme l'Estonie et la Lettonie, a entretenu des relations conflictuelles avec la Russie. Pour Moscou, ces Républiques ont toujours fait partie de sa sphère d'influence. D'ailleurs, certains dirigeants russes ne se privent pas de le rappeler. Néanmoins, la Lituanie a tout mis en oeuvre depuis son indépendance, et c'est tout à son honneur, pour atténuer les tensions avec son " grand voisin ". Tout en se rapprochant de l'Europe et en souhaitant en devenir un partenaire à part entière, la Lituanie sait qu'elle constitue un maillon indispensable " entre l'Est et l'Ouest ".
A. LES RELATIONS AVEC LA FÉDÉRATION DE RUSSIE ET LES VOISINS PROCHES
1. Lituanie-Russie : une relation équivoque et aléatoire
La doctrine russe de " l'étranger proche ", selon laquelle tous les Etats frontaliers de la Fédération de Russie feraient partie de sa sphère d'intérêt, après 200 ans de présence russe et 50 de soviétisation forcenée, pèse sur les relations entre la Russie et la Lituanie. La présence de la Russie reste aujourd'hui source de difficultés politiques et économiques.
a) Les problèmes politiques et militaires
Le retrait des troupes russes du territoire lituanien
a
été achevé dès le 31 août 1993,
soit un an avant leur retrait de Lettonie et d'Estonie.
Passées sous
le contrôle de la Russie en décembre 1991, elles étaient
constituées en 1992 de 49.000 hommes (terre : 35.000 ; mer : 9.000 et
air : 5.000)- la flotte, basée à Klaipèda, ne comptait
guère qu'une corvette et quelques bâtiments de surface. La
Lituanie ayant obtenu le principe de leur retrait en février 92, le
mouvement de retrait a commencé par le déménagement d'une
base anti-aérienne, celle de Mitskounaï, à 15 km de Vilnius.
Les craintes des Lituaniens sont cependant demeurées en raison
de la situation enclavée de l'oblats de Kaliningrad qui regroupait
100.000 soldats russes retirés d'Allemagne et de Pologne.
Ainsi, les troupes russes ont continué de transiter par la Lituanie,
cette route étant la plus courte entre Kaliningrad et le reste de la
Fédération.
Un accord sur le transit des troupes et du matériel militaire a
été signé le 18 novembre 1993, aux termes duquel
la Russie devait présenter une demande au moins 12 jours avant le
départ d'un convoi. Il était interdit aux soldats russes en
transit de quitter le train et, à l'exception des gardes, de transporter
armes et munitions. L'accord excluait en particulier le transport d'armes ou
d'éléments d'armes de destruction massive ainsi que de
matériaux nucléaires. Dès 1994, des divergences sur
l'application de cet accord ont surgi.
Un an plus tard, le 3 octobre 1994, un décret portant
règlement du " transport, à travers le territoire de la
Lituanie, de charges dangereuses et de charges militaires appartenant à
des Etats étrangers " fut publié. Ce texte, refusé
par Moscou, aurait dû entrer en vigueur le 1er janvier 1995.
Or, le 18 janvier, l'ambassadeur à Moscou a remis une note
indiquant que le règlement du 18 novembre 1993 serait
prorogé jusqu'au 31 décembre 1995, et
éventuellement au-delà. Cette situation a donné
satisfaction aux parties prenantes.
L'amélioration des relations entre les deux pays a permis la signature
de nouveaux accords, notamment sur les droits de douane et sur les
postes-frontières avec Kaliningrad.
Le survol de l'espace lituanien a, en outre, posé quelques
difficultés. Le 27 février 1996, à Minsk, M.
Eltsine a évoqué la possibilité d'ouvrir un
" corridor " vers Kaliningrad à travers la Biélorussie
et la Pologne. Les Lituaniens ont réaffirmé leur désir de
garder ce trafic de transit, au profit de leur port de Klaipéda
notamment.
Un accord frontalier a été signé le
24 octobre 1997 par les présidents russe Boris Eltsine et
lituanien Algirdas Brazauskas.
Ce texte porte sur la délimitation de la frontière entre la
Lituanie et l'enclave russe de Kaliningrad. Soulignons que ce traité ne
délimite en fait que les 288 km de frontière.
La conclusion du traité a été facilitée par
l'absence de problème avec la minorité russophone de Lituanie,
qui ne constitue que 8 % de la population et a été
assimilée sans difficulté.
La Lituanie s'efforce généralement de ménager
Moscou, prenant soin de présenter les relations de bon voisinage avec la
Russie un volet important de sa politique de sécurité.
La visite de M. Primakov, ministre russe des Affaires étrangères,
le 13 juin 1998, a quelque peu surpris les autorités
lithuaniennes, M. Primakov ayant présenté à cette occasion
de manière appuyée la Lituanie comme le meilleur
élève de la classe balte, tout en ne cédant rien sur
l'OTAN.
En matière de sécurité, après la diffusion par
Moscou début 1997 d'un texte sur la politique à long terme
à l'égard des Etats Baltes traduisant des positions dures
quoiqu'intégrées dans une politique de " bon
voisinage " et les propos de M. Tchernomyrdine au sommet de Vilnius
(septembre 1997), M. Eltsine a remis aux Etats baltes une
" déclaration présidentielle " dans laquelle il a
proposé la conclusion d'un "
accord de bon voisinage et de
garantie de sécurité réciproque entre la Russie et les
pays baltes ". Ce document aurait dû, selon le président
russe, se transformer à terme en un " pacte de
sécurité et de stabilité régionale ".
Dans
l'esprit de Moscou, qui demeure hostile à une entrée des Baltes
dans l'Alliance atlantique,
il est implicitement entendu que ces
avancées seraient conditionnées au renoncement des Baltes
à adhérer à l'OTAN.
La Lituanie, comme la Lettonie
et l'Estonie, n'ont pas souhaité accepter cette proposition russe. C'est
ainsi que l'on a entendu les Chefs d'Etat baltes qui, réunis le
10 novembre 1997 à Palanga dans le cadre de leurs rencontres
régulières, ont répété sans ambages que
" des garanties unilatérales de sécurité ne
correspondent pas à l'esprit de l'Europe nouvelle " -tout en
soulignant cependant les bienfaits d'une coopération
" concrète " avec la Russie.
Rappelons, pour mémoire, que l'armée lituanienne, repose sur la
conscription, l'effectif dépassant à peine actuellement 10.000
soldats, auxquels il faut ajouter 9.000 volontaires et une garde nationale de
réservistes de 12.500 hommes. En 1997, le montant des
dépenses militaires a approché 1 % du PIB.
b) La dépendance énergétique
La
Lituanie est fortement dépendante de la Russie en matière
énergétique. Comme le souligne M. G. Durand dans son
rapport de février 1997,
" l'oléoduc Drocyba, qui
aboutit à la raffinerie de Mazeikiai, et un gazoduc qui arrive à
Klaipéda, via Vilnius, Panevezys et Siauliai, font de la Lituanie le
client captif de LukOil et de Gazprom. "
Jusqu'à présent, les marchés les plus importants sont la
Biélorussie, l'enclave russe de Kaliningrad, la Lettonie, la Pologne et
la Slovaquie. Par ailleurs, la Russie est obligée de passer par
l'oléoduc et par le port de Klaipéda pour exporter du
pétrole et elle doit aussi avoir recours aux capacités de
raffinage lituaniennes.
Malgré ces quelques moyens de pression, la dépendance
énergétique de la Lituanie est grande. Au 1er août 1997,
les arriérés s'élevaient à 11 millions de $
pour le gaz et à 69 millions de $ pour le pétrole.
Vulnérable vis-à-vis de la Russie avec laquelle elle aspire le
plus à ne normalisation, la Lituanie s'inquiète en outre de
l'évolution biélorusse.
2. Les relations avec la Biélorussie
L'évolution de la situation politique en
Biélorussie
est source d'inquiétude pour les Lituaniens. Rappelons que la Lituanie a
une frontière de 720 km avec ce pays.
Le référendum sur le rapprochement politique et économique
avec Moscou, la dilution croissante du sentiment national et l'attitude souvent
ambiguë du Président Loukachenko sont autant de raisons
d'inquiétudes pour la Lituanie, alors que celle-ci souhaite
développer la coopération avec les pays les plus
indépendants de la CEI, l'Ukraine notamment.
La position de Vilnius reste prudente, comme l'a montré sa
réaction dans l'affaire des résidences diplomatiques de Drozdy,
en juillet dernier : tout en étant solidaire de l'Union
européenne sur le principe, la Lituanie n'a pas voulu rappeler son
ambassadeur et a opté pour une approche médiane vis-à-vis
de son troisième partenaire commercial.
Tout en comprenant les inquiétudes de la population lituanienne,
M. Brazauskas, lors de sa rencontre avec la délégation
sénatoriale, s'est montré rassurant sur l'évolution
à moyen terme des relations entre la Lituanie et cet Etat. Il a, en
outre, précisé que la Biélorussie avait demandé
à la Lituanie de ne pas interrompre ses livraisons
d'énergie.
3. Les relations avec la Pologne
Pendant
l'entre-deux-guerres, une partie de la Lituanie (dont Vilnius) avait
été incorporée à la Pologne.
En avril 1994, les deux pays ont signé un accord d'amitié et de
coopération, ouvrant la voie au développement de
coopérations dans de multiples domaines. La visite officielle du
président Kwasniewski en Lituanie (mars 1996) a marqué un pas
supplémentaire vers le réchauffement des relations
lituano-polonaises. Un traité sur les frontières d'Etat a
été signé à cette occasion et Varsovie s'est
montrée disposée à accélérer la
négociation de l'accord de libre échange indispensable à
l'adhésion de la Lituanie au CEFTA (zone centre-européenne de
libre échange). Les autorités lithuaniennes semblent
désormais convaincues que la seule voie vers l'Europe passe par la
Pologne, comme en témoignent les nombreux contacts bilatéraux de
haut niveau : le président Brazauskas s'est rendu en Pologne en
septembre 1996, et c'est à Varsovie que le ministre des Affaires
étrangères, M. Saudargas, a effectué son premier
voyage officiel (6-7 janvier 1997). Le Premier ministre lituanien
s'est également rendu en Pologne (septembre 1997), et son homologue
polonais, M. Cimoszewicz, a effectué une visite officielle en
Lituanie les 14-15 septembre 1997 ; à cette occasion s'est
tenue la première réunion du conseil de coopération
intergouvernementale créé le 29 août 1997, qui a
permis la création de commissions dans différents domaines
(politique étrangère et de sécurité, lutte contre
le crime organisé, coopération économique, culture,
science, éducation et minorités nationales) et initiatives
communes concrètes. Une autre manifestation importante témoigne
du rapprochement lituano-polonais : l'organisation à Vilnius, les 4 et
5 septembre 1997, d'une
conférence internationale
parrainée par les présidents Brazauskas et Kwasniewski,
sur
le thème " coexistence des nations et relations de bon voisinage :
garantie de la sécurité et de la stabilité en
Europe ".
Située entre la Russie, la Biélorussie et la Pologne, la
Lituanie a conscience d'être un maillon indispensable entre l'Europe et
le monde slave.
4. Les relations avec les voisins baltes
C'est
face à la montée des périls que les Etats baltes ont
fondé l'Entente baltique dans les années trente. Ce Conseil
de la Baltique ne fonctionne pas en raison des événements
internationaux.
Réalisée en 1990, la coopération balte fut pendant trois
ans difficile à consolider.
L'Entente baltique possède depuis 1994 ses propres structures avec une
assemblée d'une vingtaine de parlementaires représentant chaque
Parlement, un Conseil des Ministres et un secrétariat permanent. Le
bataillon balte s'insère dans cette coopération qui
s'étend peu à peu à tous les domaines. Les Chefs d'Etat,
selon les textes de cette Entente, se réunissent au mois deux fois par
an.
Parmi les progrès enregistrés par cette coopération balte,
un système de visa unique a été instauré.
Un accord de libre échange, signé en 1993, est entré en
vigueur entre les trois Etats, le 1er avril 1994 pour les produits
industriels. Le 16 juin 1996, il a été
complété par un volet agricole dont la mise en oeuvre se heurte
à beaucoup de difficultés.
Malgré les quelques problèmes rencontrés dans le
développement d'une coopération balte renforcée, la
Lituanie, tout en affirmant sa spécificité, ne manque pas de
rappeler, chaque fois que cela s'avère nécessaire, l'importance
des relations entre Etats baltes.
L'intégration au sein de l'Union européenne en est la parfaite
illustration.
Plusieurs personnalités lituaniennes rencontrées par la
délégation sénatoriale ont considéré que si
la Lituanie devait rejoindre dans les mois à venir l'Union
européenne, il serait inconcevable de laisser la Lettonie " sur le
bord du chemin ".
B. UN MAILLON INDISPENSABLE ENTRE L'EUROPE ET LE MONDE SLAVE
1. Une volonté réelle d'ancrage à l'Europe
Tous les
interlocuteurs de la délégation sénatoriale ont tenu
à affirmer leur volonté de voir leur pays intégrer
rapidement l'OTAN et l'Union européenne. Ce rapprochement, perçu
comme un gage de prospérité économique, de
sécurité et le signe d'une reconnaissance démocratique,
est l'objectif prioritaire de la politique lituanienne.
Consciente des aléas qui rendent imprévisibles ses relations avec
la Russie, la Lituanie entend privilégier le développement de ses
relations avec l'Europe occidentale.
a) La coopération européenne
La
Lituanie, dès son indépendance, a cherché à
développer ses relations avec de nombreux européens.
L'adhésion au Conseil de l'Europe le 14 mai 1993 en a
été le premier point d'ancrage en Europe. Le Président
Brazauskas a par ailleurs pris soin de faire ses premières visites
officielles en Occident pour couper court aux accusations de
" dérive orientale ".
La Lituanie est en outre membre de la CSCE : cette intégration a
constitué non seulement un moyen supplémentaire d'accroître
la sécurité de la Lituanie en Europe mais aussi d'affirmer,
dès les premières années de l'indépendance,
à la Communauté internationale son engagement démocratique.
Ce souci de sécurité transparaît également à
travers le statut de partenaire associé à l'UEO dont la Lituanie
bénéficie grâce à une initiative
franco-allemande.
b) La Lituanie et l'Union européenne
Le
Conseil européen de Copenhague avait confirmé la vocation
reconnue aux Etats baltes à rejoindre l'Union européenne le
moment venu, au même titre que les autres pays d'Europe centrale et
orientale. La signature le 12 juin 1995 d'un accord d'association
avec l'Union européenne et la participation comme invité du
Président Brazauskas au Conseil européen de Cannes le
27 juin 1995 ont renforcé cette perspective et ont mis la
Lituanie sur un pied d'égalité avec les six pays d'Europe
centrale préalablement associés, ce qu'ont confirmé les
conclusions du Conseil européen de Madrid. La Lituanie a
déposé officiellement sa candidature à l'Union
européenne en décembre 1995 et a ratifié en
juin 1996 le traité d'association avec l'Union européenne,
après avoir procédé à la nécessaire
modification de sa constitution. Comme les autres pays associés, la
Lituanie se prépare activement à son intégration à
l'Union européenne. La gestion des questions européennes a
été récemment modifiée, après la suppression
en mars dernier du poste de Ministre des Affaires européennes,
occupé par Mme Andrikiene, qui a laissé la place à
une structure interministérielle rattachée au Premier ministre.
La Commission européenne a rendu à la mi-juillet 1997 ses
avis sur les pays candidats à l'entrée dans l'Union. S'agissant
de la Lituanie, elle a conclu que :
- la Lituanie présente les caractéristiques d'une
démocratie disposant d'institutions stables garantissant la
primauté du droit, les droits de l'Homme et le respect des
minorités et leur protection ;
- la Lituanie a fait des progrès considérables dans la
création d'une économie de marché, mais elle aurait des
difficultés sérieuses à faire face à la pression
concurrentielle et aux forces du marché à l'intérieur de
l'Union à moyen terme ;
- la Lituanie a fait des progrès dans la transposition et
l'application de l'acquis communautaire particulièrement en
matière de marché unique. Si elle entreprend des efforts
considérables, elle devrait être à même de participer
pleinement au marché unique à moyen terme. Des efforts
particuliers, notamment en termes d'investissements, seront nécessaires
pour appliquer complètement l'acquis dans des secteurs tels que
l'agriculture, l'énergie et l'environnement. Le renforcement de ses
structures administratives est indispensable si la Lituanie veut disposer des
instruments permettant d'appliquer et de faire respecter l'acquis effectivement.
A la lumière de ces éléments, la commission a
estimé que les négociations d'adhésion à l'Union
européenne devraient être ouvertes avec la Lituanie dès
qu'elle aura fait des progrès suffisants pour satisfaire aux conditions
d'adhésion définies par le Conseil européen de Copenhague.
La Commission est arrivée à une conclusion identique pour la
Lettonie. En revanche, l'Estonie a été considérée
comme prête à engager des négociations, moyennant des
efforts dans différents domaines tels que la naturalisation des
non-citoyens, l'environnement et l'organisation administrative. La principale
différence que souligne la Commission entre l'Estonie et les deux autres
Etats baltes est le critère de la " capacité à faire
face à la pression concurrentielle et aux forces du marché
à l'intérieur de l'Union à moyen terme ". L'Estonie
devrait selon la commission être en mesure d'accomplir les progrès
nécessaires pour satisfaire à moyen terme à ce
critère, alors que cela semble beaucoup plus aléatoire pour les
deux autres.
Les Lituaniens, qui n'ont pas les problèmes de minorités que
connaît l'Estonie, ont tendance à considérer ces
conclusions comme injustes -même s'ils se défendent de
dénigrer officiellement la candidature estonienne. La Lituanie estime,
en outre, qu'ayant joué un rôle clé dans la
désintégration de l'URSS, en résistant aux pressions
extrêmes des autorités soviétiques pour retirer sa
proclamation d'indépendance, il lui paraissait normal d'être
admise la première à adhérer à l'Union
européenne.
La Lituanie a décidé de tout mettre en oeuvre pour
démontrer qu'elle était prête à entamer des
négociations dès 1998. Des commentaires ont été
préparés en réponse à l'avis de la Commission
(" self avis "), intégrant les dernières
évolutions dans les différents domaines étudiés par
Bruxelles. De même une conférence internationale a
été organisée à Vilnius en septembre 1997
à l'attention des Etats membres, portant sur le thème
" Lituania for Europe " et visant à démontrer
l'importance des progrès effectués. Le Conseil européen de
Luxembourg de décembre 1997 a cependant entériné
l'avis de la Commission en ne retenant, à ce stade, que Tallinn pour
entamer des négociations avec l'Union européenne à partir
du printemps 1998.
Malgré cette déception, la Lituanie a endossé, dès
avril 1998, le programme d'intégration individuelle défini en
mars 1998 par la Commission européenne pour tous les candidats
éventuels.
En 1998, la Mission du FMI a conclu que " la Lituanie a fait des
progrès impressionnants pour obtenir la stabilité
financière et une croissance rapide en même temps qu'elle atteint
les buts de transformation structurelle irréversible pour son
intégration à l'Europe ". C'est à cette même
conclusion que le Price Waterhouse Coopers a abouti dans l'étude que le
bureau a réalisée en août 1998 sur le profil
économique de la Lituanie.
La Lituanie espère donc maintenant qu'à la fin de 1998, le
rapport de la Commission de Progrès de l'Union européenne
recommandera au Conseil européen de Vienne d'inviter la Lituanie
à commencer la phase des négociations.
Signalons que le groupe France-Pays Baltes du Sénat a, dès 1997,
regretté le choix effectué par la Commission européenne.
Cette exclusion purement technique de la Lituanie, basé sur des
statistiques peu récentes, comme l'a reconnu M. C. Bueghard,
Directeur général de la direction générale de la
Communauté européenne, qui coordonne les relations avec les pays
de l'Europe centrale et orientale, a été considérée
par les Lituaniens, à juste titre, comme injuste et politiquement
aberrante.
A l'heure où le litas pourrait être rattaché à
l'Euro, comme l'a suggéré la délégation
sénatoriale lors de l'entretien avec le Premier ministre, M. Vagnorius,
il est urgent d'intégrer la Lituanie dans la famille européenne,
dans le contexte de la crise russe.
2. La garantie d'une véritable sécurité : la question de l'intégration à l'OTAN
Les
Lituaniens sont enclins à penser que la Russie ne se résignera
jamais à admettre la totale indépendance et souveraineté
des Etats baltes, et qu'elle cherchera à y reconquérir une
certaine forme d'influence. C'est la raison pour laquelle la Lituanie, comme
les deux autres Républiques baltes, recherche dans le rapprochement avec
l'OTAN des
garanties de sécurité
à même de la
protéger contre d'éventuelles visées expansionnistes
russes. La crainte de faire partie d'une "
zone grise "
de
sécurité explique la volonté des autorités baltes
d'obtenir une appartenance pleine et entière à l'Alliance
atlantique. Une réunion des Présidents lituanien, estonien,
letton, polonais et ukrainien (Tallinn, le 27 mai 1997) a donné
lieu à un communiqué commun, selon lequel " l'OTAN devait
rester ouverte à tous les pays aspirant à l'entrée dans
l'Alliance atlantique et que ces pays seront invités à rejoindre
l'Alliance lorsqu'ils seront prêts à en remplir les
obligations. "
Les Alliés sont unanimes pour considérer que, si les Etats baltes
ont bien vocation à terme à faire partie de l'OTAN, une inclusion
sur la liste de Madrid n'est pas souhaitable dans le contexte actuel. Comme le
souhaitait la France, l'Alliance a, lors du sommet de Madrid
(juillet 1997), adressé un message sans ambiguïté selon
lequel sa porte resterait ouverte à d'autres candidats après
Madrid. Ce sommet a donc marqué la première étape d'un
processus dont la vocation est de contribuer à la reconstitution de la
grande famille européenne.
La Lituanie, comme les deux autres Etats baltes, a signé le
16 janvier 1998,
une " charte de coopération " avec
les Etats-Unis
, qui ne lui offre certes aucune garantie de
sécurité, mais qui présente l'avantage de la rassurer en
attendant une éventuelle entrée dans l'OTAN, qui reste le but
suprême.
Les hommes politiques et les politologues de plus de 20 pays participaient
à cette conférence présidée par MM. Adamkus et
Kwasniewski. Une conférence internationale sur l'intégration
euroatlantique a eu lieu à Vilnius au début du mois de septembre
1998, à laquelle assistait un membre de la délégation du
groupe, M. Hubert Durand-Chastel. L'Ambassadeur, représentant permanent
des Etats-Unis à l'OTAN, a souligné qu'il n'y aurait pas de
discussion d'adhésion au prochain sommet de l'OTAN à Washington.
Il a en outre précisé que la crise russe n'influerait pas sur le
processus d'élargissement des Pays Baltes à l'OTAN. Il a
rappelé que la politique de l'Alliance était de garantir la
stabilité en Europe et que l'adhésion de nouveaux membres, comme
les Pays baltes, ne pouvait qu'élargir la zone de stabilité et de
sécurité en Europe.
Si l'ensemble des interlocuteurs de la mission sénatoriale ont
souligné l'importance pour la Lituanie d'une telle intégration,
rappelons que la Russie, jusqu'à présent, s'est opposée
fortement à une telle intégration.
La délégation sénatoriale comprend tout à fait
l'insistance de la Lituanie en faveur d'une double adhésion à
l'Union européenne et à l'OTAN. Il lui semble que
l'adhésion à l'Union européenne est hautement souhaitable
et il est regrettable que la Communauté européenne ait fait
prévaloir des considérations d'ordre technique sur
l'impératif politique que nécessitait l'intégration des
trois pays baltes au sein de l'Union européenne.
C. LES RELATIONS FRANCO-LITUANIENNES
1. Les relations politiques
S'il a fallu attendre l'année 1993 - en raison de la longue période électorale qu'a connue la Lituanie - pour que se développent véritablement les relations bilatérales, on a assisté depuis lors à un nouvel élan : en témoignent les visites des différentes personnalités françaises en Lituanie et lithuaniennes en France. Après la visite du Président Mitterrand en mai 1992, on peut énumérer les visites de M. Brazauskas à Paris en juin 1993 et en octobre 1994, du Ministre délégué aux Affaires européennes, M. Lamassoure à Vilnius en janvier 1994, du Premier Ministre lituanien, M. Szlezevicius à Paris en mai 1994, de M. Barnier à Vilnius en octobre 1995, et de M. Monory, Président du Sénat, à Vilnius en avril 1996. Une délégation du groupe France-Lituanie de l'Assemblée nationale s'est rendue en Lituanie en février 1997. Le Président Lituanie, M. Brazauskas, s'est rendu à Paris en visite officielle en juillet 1997 à l'invitation du Président Chirac. M. Landsbergis, Président du Seimas, a, quant à lui, effectué une visite à Paris les 8 et 9 octobre 1997, à l'invitation des Présidents des deux Assemblées. Le Ministre délégué aux Affaires européennes s'est rendu en Lituanie les 4 et 5 décembre 1997, après que Mme Andrikiene, ministre sortant des Affaires européennes lituanien, l'ait rencontré à deux reprises en 1997. Le Ministre délégué a également rencontré le nouveau Président lituanien, M. Adamkus, en marge d'un colloque à Salzbourg, le 24 juin dernier. Enfin, M. Saudargas, Ministre des Affaires étrangères, en visite à Paris du 22 au 24 juillet 1998, a rencontré le Ministre des Affaires étrangères, le Ministre délégué et M. Claude Huriet, Président du groupe sénatorial.
2. Les relations économiques et commerciales
L'appréciation que l'on peut porter sur les relations économiques et commerciales entre la France et la Lituanie est nuancée. En effet, si les échanges commerciaux se situent à un niveau honorable, les investissements français restent, dans ce pays, relativement faibles.
a) les échanges commerciaux : un net développement
Ils atteignent aujourd'hui environ 1,7 milliard de francs.
En millions de francs |
Exportations françaises |
Importations françaises |
Solde |
1.992 |
135 |
148 |
- 13 |
1.993 |
377 |
357 |
20 |
1.954 |
284 |
199 |
85 |
1.995 |
282 |
410 |
- 128 |
1.996 |
494 |
527 |
- 33 |
1.957 |
901 |
843 |
58 |
Source
: Douanes françaises
Le rythme de nos échanges a considérablement cru en 1997. La
France se classe 9ème fournisseur et 14ème client en
1997, cette progression étant confirmée pour les premiers mois de
1998.
Nos principaux postes à l'exportation sont l'électronique
professionnelle, les machines-outils, l'alcool, les voitures
particulières et accessoires automobiles, la parfumerie. A
l'importation, ce sont les engrais azotés les meubles, les tubes
électroniques et les produits textiles.
Trois observations sur nos échanges avec la Lituanie peuvent être
faits :
- la France vendait annuellement à la Lituanie pour un montant
sensiblement équivalent à celui de nos exportations
cumulées à destination des autres pays baltes, ce qui correspond
grosso modo au rapport des populations. En 1997, ce montant est
supérieur au double de celui réalisé avec la Lettonie et
l'Estonie ;
- une part substantielle de nos exportations finales vers la Lituanie est
réalisée par le biais de pays nordiques et n'entre donc pas dans
les statistiques bilatérales ; cela est
particulièrement le cas des véhicules personnels via la Finlande,
d'ordinateurs via le Danemark ou de produits alimentaires ou cosmétiques
via la Suède ;
- la position de la France ne correspond pas à ses
possibilités réelles, compte tenu de la bonne image dont
jouissent les produits français localement. Il faut mettre en cause,
comme d'habitude, la frilosité de nos opérateurs nationaux, qui
considèrent souvent la Lituanie - contrairement à nos
concurrents (italiens, allemands, nordiques...) - comme un petit
marché à haut risque ne méritant pas le déplacement.
La délégation sénatoriale considère que les
progrès effectués en 1997 et sur les premiers mois de 1998
constituent une première prise en compte par nos entreprises de la
réalité du marché lituanien, qui n'est pas,
comme
beaucoup le supposent, " un petit marché à haut
risque ".
Rappelons que le Sénat, sous le Haut Patronage du Président du
Sénat et sous l'égide du groupe sénatorial, avait
organisé avec le CFCE, le 25 mars 1997, une journée balte
réservée aux entreprises. La délégation souhaite
que ce type de manifestation soit l'occasion de développer nos
échanges avec la Lituanie.
b) Des investissements encore trop modestes
Sur un
montant total de 1,04 milliard de dollars au 1er janvier 1998, le
montant des investissements français en Lituanie s'avère assez
modeste. En effet, les dernières statistiques l'estime à moins de
35 millions de francs, ce qui place la France au 19ème rang
des investisseurs.
Parmi les trop rares projets d'investissement, on peut citer la fourniture par
Thomson d'émetteurs de radiodiffusion (18 millions de francs),
conclue fin septembre 1996, ainsi que celle d'un système de surveillance
de la frontière biélorusse, conclue à l'été
1997. L'entreprise Chargeurs Textiles a démarré en juin 1998 ses
activités de production de fils de laine en Lituanie et est devenu le
plus important investisseur français dans ce pays (75 millions de
francs). De même, un accord portant sur la livraison par Manurhin
d'une usine de munitions (130 millions de francs) a été
signé le 4 août 1998. Le projet de la Lyonnaise des Eaux
(formation d'une société mixte de gestion des eaux de la ville de
Vilnius, où la Lyonnaise des Eaux détiendrait 30 % du
capital) se heurte à des oppositions. Par ailleurs, la récente
implantation à Vilnius de la Société
générale (ouverture d'un bureau de représentation en avril
1997) devrait être une étape importante pour attirer nos
opérateurs commerciaux et industriels nationaux, pour lesquels la
présence d'une banque française sera un gage de
sécurité des transactions. Paribas a remporté un contrat
visant à la préparation de la privatisation de la raffinerie de
Maziekei (7 millions de francs).
3. La coopération culturelle, scientifique et technique
L'enveloppe 1998 consacrée à la
coopération culturelle, scientifique et technique s'élève
à 4,163 millions de francs dont :
- 2,180 pour la coopération scientifique et technique ;
- 1,890 pour la coopération culturelle et linguistique ;
- 0,084 pour la coopération audiovisuelle.
Il convient aussi d'évoquer les crédits affectés à
la rénovation de la partie de la Maison Stendhal, destinée au
CCCL (Centre Culturel et de Coopération Linguistique), 17 millions
de francs en tout dont 7 millions en 1998.
Les ressources humaines affectées à cette coopération sont
limitées, même si la Délégation a pu en mesurer
toute la qualité et la disponibilité. Il s'agit de Patrick
Donabédian, Conseiller culturel, scientifique et de coopération
et directeur du CCCL, Mme Corinne Micaelli, chargée de mission
pour les échanges culturels, d'un lecteur coopérant du service
national (CSN) scientifique, d'un lecteur CSN à l'Université et
d'une assistante (Vilnius), d'une lectrice à Kaunas et d'un lecteur CSN
à l'Académie de police.
a) Le CCCL, Centre Oskar Milosz
Il
participe à la formation des professeurs de français, offre une
bibliothèque pédagogique et générale, des cours de
français pour des universitaires et joue un rôle important dans la
formation linguistique des cadres de l'administration sur budget communautaire.
Ces locaux, octroyés par le Ministère de l'Education nationale,
sont vite devenus trop exigus pour répondre à la forte demande.
De plus, ils sont éloignés du centre-ville.
Ainsi, la difficile restauration complémentaire de la Maison Stendhal,
qui vient d'être achevée, permettra d'accueillir ce centre
culturel et de coopération linguistique dans des conditions plus
satisfaisantes. Nos partenaires lithuaniens accordent une grande importance
à cette sauvegarde de leur patrimoine et à l'utilisation de ce
bâtiment à des fins culturelles dans le cadre des échanges
avec la France.
La délégation sénatoriale a pu constater, en visitant ces
nouvelles installations, l'important effort de rénovation qui a
été entrepris dans ce lieu et souhaite qu'il permette d'amplifier
la coopération culturelle et linguistique entre la France et la Lituanie.
Par ailleurs, à Kaunas, la délégation sénatoriale
s'est rendue compte comment l'Association Lituanie-France anime de façon
remarquable un centre culturel financé par la fondation R. Schuman. Dans
d'autres villes, cette association constitue également un relais
efficace auquel l'Ambassade participe activement.
b) Les priorités
Au
titre de la coopération scientifique et technique
La priorité est donnée aux actions de
formation à
l'intégration européenne
par le biais de stages de
fonctionnaires lithuaniens dans nos structures européennes et de
sessions de formation en France, mais aussi par l'assistance technique en
matière de normes de qualité dans les secteurs agricole et
agro-alimentaire.
La coopération en matière de santé et de police
revêt aussi une certaine importance ainsi que, pour ce qui est de l'aide
à la réforme économique, les secteurs de l'énergie,
de l'industrie, de l'environnement.
D'importants crédits sont, en outre, consacrés aux bourses dans
le cadre de la coopération universitaire, dans les domaines de
l'administration publique,
de la gestion des entreprises ou dans les
domaines scientifiques.
Enfin, l'école sémiotique de l'Université de Vilnius,
fondée par un Français d'origine lituanienne, le professeur
Greimas, est renforcée depuis 1992 par une chaire de sémiotique
et de sciences humaines. Cette chaire est perçue comme essentielle au
dialogue scientifique franco-lituanien dans le domaine des humanités.
La rencontre avec M. le Recteur Pavilionis a été, à
cet égard, fort enrichissante. L'université de Vilnius date de
1579. Le recteur a indiqué aux membres de la délégation
que le nombre d'écoliers qui choisissaient le français comme
première langue avait doublé en quelques années.
La présence culturelle française
La politique linguistique et éducative
La Lituanie est un pays de forte tradition francophile, contrairement à
ses deux autres voisins baltes. Même si la langue française a
perdu du terrain au cours des cinquante années d'occupation par les
Soviétiques, son autorité intellectuelle demeure dans une
population au niveau d'éducation élevé. Près de
25 000 élèves apprennent le Français aux niveaux
primaire et secondaire et 1 000 dans le supérieur. Le soutien des
autorités locales est bon mais il existe une pression des parents
d'élèves pour le choix de l'anglais, ce qui risque de freiner nos
efforts. Les actions au bénéfice du Français sont donc la
priorité de notre Ambassade, avec le développement des
études de Français dans les universités de Vilnius et de
Kaunas, y compris pour les non-spécialistes, et la poursuite de nos
efforts dans le secondaire et le primaire (19 écoles à
Français précoce et renforcé).
La politique du livre et de l'écrit
La politique d'approvisionnement de livres est cohérente et
généreuse, tant pour les centres de Vilnius et de Kaunas que pour
la bibliothèque universitaire et la Bibliothèque nationale
lituanienne, qui a des contacts avec la Bibliothèque nationale de
France. Ces envois font l'objet d'expositions itinérantes avant remise
à leurs destinataires, ce qui en augmente la visibilité.
Le programme d'aide à la publication " Oskar Milosz "
fonctionne bien et concerne cinq ou six éditeurs dont Baltos Lankos,
spécialisé en sciences sociales et humaines.
La coopération audiovisuelle
Vecteurs privilégiés de la langue et de la culture
françaises, les actions au bénéfice de la radio et de la
télévision demeurent une priorité : don de
matériel et session de formation. Ainsi, à la suite d'un accord
avec CFI, un don de matériel de sous-titrage permet à la
télévision de programmer des émissions françaises.
D'autres accords ont été signés avec M6 et RFI.
Notre présence à la télévision, notamment
grâce à l'accord avec CFI, est remarquée avec la reprise de
films, d'émissions de variétés, ainsi que des
documentaires, et l'émission-club hebdomadaire " Bonjour la
France ", en prime-time, donne à l'action de l'Ambassade une
visibilité inégalée. Le programme d'enseignement
" Bienvenue en France " connaît également une bonne
audience. De plus, les événements culturels initiés ou
relayés par l'Ambassade bénéficient d'une couverture
quasi-systématique des différents média. TV5 a
également sa place sur le réseau câblé :
100 000 abonnés.
Avec la radio, le succès de la retransmission 24 h sur 24 de RFI
à Vilnius nous incite à étendre cette expérience
à Kaunas pour couvrir les 2/3 du territoire. " Dites-moi
tout ", méthode d'enseignement du Français de RFI, est
diffusée par la radio d'Etat depuis mars 1998.
En matière de formation de journalistes, la coopération
entreprise en 1991 et 1994 sera relancée par la création, au sein
de l'Université de Vilnius, du nouveau centre de formation au
journalisme.
Dans le domaine de la vidéo, depuis sa création en 1992, le
festival annuel franco-balte d'art vidéo a connu un véritable
succès, qui a conduit à la création d'un studio
vidéo au sein de l'Académie des Beaux arts de Vilnius et à
l'ouverture d'une vidéothèque d'information au Centre d'Art
Contemporain. En 1996, ce festival, avec une nouvelle formule triennale, a eu
lieu à Vilnius.
Deux des plus grandes salles de cinéma de Vilnius adhèrent au
programme Europa-cinéma et assurent notre présence
cinématographique sur les écrans. Cette présence s'est
trouvée renforcée par la création en 1994 du Festival de
cinéma de Vilnius. Dans ce domaine, la Lituanie a été
à l'honneur du " Cinéma du réel " au Centre G.
Pompidou en mars 1997 avec 24 films documentaires programmés. Le
prix du court métrage a été décerné à
l'unanimité au Lituanien Valdas Navasaitis pour son film
" Printemps ".
Les échanges artistiques
Mis en oeuvre par le CCCL, les échanges artistiques ont pour objectif de
tisser des liens durables entre artistes : créations
communes, master class et opérations conjointes en sont le moyen. Cette
politique doit s'inscrire dans la durée. Les domaines les plus porteurs
sont la danse contemporaine et les arts plastiques.
Ainsi, les " Journées de l'art " à Vilnius,
consacrées au 55ème anniversaire du Théâtre du
Ghetto de Vilnius, avec trois personnalités
françaises : Claude Lanzmann
(Shoah),
Brigitte Jaques
(directrice du théâtre de la commune d'Aubervilliers), Marc
Dobrinsky (violoncelliste). De même, en 1997, le festival
" Fenêtres sur Paris " a accueilli pendant quatre semaines sept
manifestations sur le thème de Paris dans différents domaines
artistiques, notamment une exposition de peintures
" Paris-Vilnius-Paris " de peintres lithuaniens ayant vécu
à Paris et notamment de M. Arvidas Saltenis (frère de l'actuel
Ministre de la Culture), recteur de l'Académie des Beaux-Arts de
Vilnius, dont la délégation sénatoriale a pu d'ailleurs
mesurer le dynamisme. Dans le domaine de la danse, citons : Philippe
Genty, Karine Saporta, Josef Nakj, Pal Frenak.
La création artistique lituanienne commence à se faire
connaître en France, depuis la Saison Balte de 1992 jusqu'au Festival de
Die, qui a déjà accueilli une soixantaine d'artistes
lithuaniens.
4. Les autres actions
Avant de
conclure sur ce chapitre, la Délégation souhaite indiquer, en
premier lieu, que, s'agissant de la coopération dans le domaine
militaire, notre action en Lituanie s'inscrit dans le cadre d'un arrangement
administratif sur la coopération en matière de
défense, signé le 11 mai 1994 par les deux ministres de la
Défense. Elle porte essentiellement sur la formation
(garde-frontières, gendarmes).
En second lieu, la délicate question de la légation lituanienne
à Paris
(Hôtel Fournier, 14 place du
Général Catroux) occupée depuis 1940, d'abord par les
Soviétiques, puis les Russes, avec un intermède allemand, de 1941
à 1944, alors que les Lituaniens n'ont jamais cessé d'en
être - en droit - propriétaire, demeure un sujet
d'actualité. Les actions en justice entamées par la Lituanie ont
jusqu'à présent systématiquement buté sur les
immunités de juridiction et d'exécution dont la Russie
bénéficie.
Sans être formellement partie à ce
différend, la France s'efforce d'aborder cette question avec les Russes
chaque fois que des contacts bilatéraux lui en donnent
l'occasion.
CONCLUSION
La
visite d'une délégation du groupe France-Pays-Baltes du
Sénat en Lituanie a été particulièrement riche
d'enseignements et a permis d'approfondir les relations entre la France et la
République balte.
La délégation française a pu aborder avec ses
interlocuteurs toutes les questions importantes dans un esprit d'amitié
et de grande franchise.
En pleine tourmente de la crise financière russe, l'ensemble des
personnalités rencontrées par la délégation ont
réaffirmé l'importance pour la Lituanie d'un véritable
ancrage à l'Europe. Ils ont, par ailleurs, réaffirmé
l'impérieuse nécessité d'une réelle garantie de
sécurité.
Les Sénateurs, membres de la mission, ont pu constater, en outre,
combien la Lituanie de 1998 est différente de celle du début des
années 1990. Confronté à d'immenses défis, ce pays
a su retrouver, à force de volonté, les chemins de la
démocratie parlementaire et de l'économie de marché.
Maillon indispensable entre l'Est et l'Ouest de notre continent, elle entend
néanmoins affirmer son destin européen.
Mais, après le large mouvement pro-balte des années 1990-1991, la
France n'a pas su ou pas pu prendre la place que la Lituanie lui offrait sur la
scène diplomatique, dans les échanges commerciaux et les
investissements ainsi qu'au travers de la coopération scientifique,
culturelle et technique.
Dans un tel contexte, où la francophonie et la francophilie sont des
réalités incontestables, la France se doit de répondre
à l'attente lituanienne. L'esprit et la volonté d'ouverture dont
font preuve les dirigeants lithuaniens actuels sont une opportunité
à saisir. Si l'entreprise n'est pas aisée, elle en vaut la peine.
" Lorsqu'il est urgent, il est déjà trop tard " disait
Talleyrand. Cette maxime tirée du rapport sénatorial de la
Commission d'enquête sur l'énergie -secteur essentiel pour la
Lituanie- doit inciter nos industriels à se hâter.
ANNEXE N° 1 -
PROGRAMME DE LA
MISSION
Mercredi 2 septembre 1998
10 h 25 : Départ pour Vilnius
13h 05 : Arrivée à Vilnius
Accueil de la Délégation par M. Vytautas Landsbergis,
Président du Seimas, M. Zygmunt Mackevic, Président du groupe
avec la France au Seimas et S.E. Michel Touraine, Ambassadeur de France en
Lituanie.
14 h 00 : Déjeuner de travail avec les membres du groupe Lituanie-France
15 h 30 : Visite de l'Université avec M. Pavilionis, Recteur de
l'Université puis visite du vieux Vilnius
18 h 00 : Réception a l'Ambassade de France organisée par
S.E. M. Michel Touraine, Ambassadeur de France en Lituanie, avec la
Communauté française ;
19 h 15 : Dîner offert par M. Landsbergis, Président du Seimas de
la République de Lituanie, au restaurant " Stikliai ".
Jeudi 3 septembre 1998
09 h 00 : Entretien avec M. Saudargas, Ministre des Affaires
étrangères de la République de Lituanie
10 h 00 : Entretien avec M. Vitautas Landsbergis, Président du Seimas
11 h 00 : Entretien avec M. Brazauskas, ancien Président de la
République de Lituanie, Président de la Fondation Brazauskas
12 h 15 : Déjeuner offert par M. Paksas, Maire de Vilnius
14 h 00 : Visite du musée du KGB
15 h 30 : Visite du du château de Trakai et des environs
19 h 00 : Dîner à la Résidence offert par M. l'Ambassadeur
de France en Lituanie
Vendredi 4 septembre 1998
09 h 00 : Entretien avec M. Vagnorius, Premier Ministre de la République
de Lituanie
09 h 40 : Départ pour Kaunas
10 h 40 : Rencontre avec les autorités municipales à
l'Hôtel de Ville
11 h 20 : Visite de la société " Senukai " et de la
Chambre de commerce de Kaunas
12 h 30 : Rencontre avec les membres de l'association Lituanie-France de Kaunas
au Centre Robert Schuman
13 h 30 : Déjeuner avec M. Tamulis, Maire de Kaunas
15 h 00 : Départ pour Klaipéda
18 h 00 : Rencontre avec les autorités municipales de la ville de
Klaipéda
19 h 30 : Dîner avec M. Gentvilas, Maire de Klaipéda
Samedi 5 septembre 1998
09 h 00 : Rencontre avec les autorités portuaires de Klaipéda et
visite en bateau du port
10 h 00 : Rencontre avec les représentants de la Chambre de commerce de
Klaipéda
12 h 00 : Départ pour la presqu'île de Nerija
13 h 00 : Déjeuner à Nida avec les responsables de la ville
15 h 00 : Visite de la côte en Bateau et de la maison de Thomas Mann
19 h 00 : Dîner
Dimanche 6 septembre 1998
12 h 30 : Déjeuner avec les autorités locales de la
presqu'île
14 h 00 : Départ pour Vilnius
19 h 30 : Dîner privé à la Résidence offert par M.
l'Ambassadeur de France en Lituanie
Lundi 7 septembre 1998
06 h 00 : Départ de l'hôtel pour l'aéroport de Vilnius
06 h 55 : Départ de Vilnius
09 h 30 : Arrivée à Paris
ANNEXE N° 2 -
LETTRE DE M. HUBERT
VEDRINE À M. CLAUDE HURIET,
PRÉSIDENT DU GROUPE
FRANCE-PAYS BALTES, SUITE À
LA VISITE DE LA DELEGATION
SÉNATORIALE
EN LITUANIE
ANNEXE
N° 3-
GÉNÉRALITÉS SUR LA
LITUANIE
NOM OFFICIEL |
REPUBLIQUE DE Lituanie |
Forme de Gouvernement |
République parlementaire |
Superficie |
65.200 km² |
Population 1993 |
3 720 000 |
Densité h/km² |
57 |
Capitale |
Vilnius |
Langue officielle |
Lituanien |
Composantes ethniques |
Lituaniens 82 %
|
Confession majoritaire |
Catholique-romaine |
Unité monétaire |
Litas = 0,25 $ |
PIB 1995 |
7,1 milliards de $ |
PIB/habitant 1997 |
4.120 $ |
Taux de chômage |
12 % |
Inflation |
11 % |
Croissance en 1997 |
5,7 % |
Constitution |
Adoptée par référendum le 25/10/92 |
Président de la République |
M. Valdas Adamkus (01/98) |
Premier ministre |
M. Gediminas Vagnorius (11/96) |
Président de la Diete |
M. Vitautas Landsbergis (11/96) |
Majorité |
Conservateur-Chrétien démocrate |
ANNEXE N° 4 -
GROUPE FRANCE-PAYS BALTES
DU SÉNAT
Président :
Huriet Claude
Président délégué pour l'Estonie
Lesein François
Président délégué pour la Lettonie
Valade Jacques
Président délégué pour la Lituanie
Descours Charles
Vice-Présidents
Brisepierre Paulette
Robert Jean-Jacques
Rouvière André
Secrétaire
Legendre Jacques
Membres
About Nicolas
Althapé Louis
Badré Denis
Belcour Henri
Bourgoing (de) Philippe
Cantegrit Jean-Pierre
Cossé-Brissac (de) Charles-Henri
Daunay Marcel
Delong Jacques-Richard
Durand-Chastel Hubert
Gaillard Yann
Gélard Patrice
Genton Jacques
Girod Paul
Herment Rémi
Malécot Klébet
Maman André
Moinard Louis
Oudin Jacques
Pelchat Michel
Penne Guy
Pourchet Jean
Pourny André
Renar Ivan
Rufin Michel
Souplet Michel
1
Mission du groupe d'amitié
France-Lituanie de l'Assemblée nationale - février 1997
présenté par M. G. Durand.
2
" Les Etats Baltes " de M. Yves Plasseraud - Clefs
- Montchrestien - octobre 1992.
3
Recueil des Constitutions d'Europe centrale, orientale et balte,
la Documentation française, 1995.
4
CFCE - L'économie lituanienne - " La situation
économique et financière ".