Une salle de réunion et de projection (1905-1940)
En 1905, l’autel est déposé tandis que les bénitiers et l’orgue sont envoyés à Versailles, le conseil de Questure ayant décidé que cette salle devait pouvoir servir aux réunions interparlementaires à prévoir à la veille de l’élection du Président de la République. Une décoration sommaire est alors commandée au peintre Victor MAREC (1862-1920).
Lors de l’élection du sénateur du Lot-et-Garonne Armand FALLIÈRES à la présidence de la République en 1906, les présidents des trois groupes républicains du Sénat Charles PRÉVET, sénateur de Seine-et-Marne, Antonin DUBOST, sénateur de l’Isère et Émile COMBES, sénateur de la Charente-Inférieure y convoquent une réunion des membres des « groupes Républicains constitués ou notoirement Républicains » du Sénat et de la Chambre des députés. Il en va de même lors de l’élection du sénateur de la Meuse, Raymond POINCARÉ, à la présidence de la République en 1913, les parlementaires des gauches se réunissant à nouveau dans cette salle le 17 janvier 1913. Lors de la réunion des gauches de 1906, la salle est désignée comme « salle du rez-de-chaussée, au fond de la Cour d’honneur, à gauche ».
Au cours de sa séance du 26 novembre 1908, le conseil de questure décide que la salle sera dorénavant dénommée salle de BROSSE avec la mention, entre parenthèses, « ancienne chapelle ».
La salle de BROSSE est réaménagée avec un ensemble de quatre-vingt chaises réalisé par le tapissier-ébéniste Alexandre MAIGRET vers 1815. Ces sièges en acajou vernis, à l’assise arrondie, au dossier dit « à planche » ont conservé le nom de la salle. Indifféremment désignés comme la série « de BROSSE », « Chambre des Pairs » ou « Ancienne chapelle », ils sont toujours en service en 2018, notamment à la Présidence du Sénat et témoignent de la permanence dans la mémoire collective de leur affectation originelle.
En janvier 1910 on forme le projet de transformer la salle de BROSSE en restaurant. Des plans sont établis pour créer un espace destiné à accueillir 72 convives répartis en 18 tables de quatre. Mais le dossier n’aboutira pas, notamment du fait de la difficulté d’aménager une cuisine au niveau du poste de garde et de garder les plats chauds lors de la traversée du passage couvert entre les deux parties du bâtiment.
Après la Première guerre mondiale, la salle de BROSSE s’ouvre à des événements extérieurs : la Conférence Parlementaire internationale du Commerce y tient une session de son conseil général les 7 et 8 octobre 1919, la Fédération Aéronautique Internationale s’y réunit du 24 au 28 juin 1924 comme l’Union interparlementaire, les 30 et 31 mai 1924. En 1922, la pose de tringles et de rideaux permet d’obscurcir les fenêtres et de transformer le lieu en salle de projection. Enfin en 1925, des films relatant la construction du chemin de fer de Brazzaville ou présentant les paysages de Madagascar y sont projetés.
En 1927, des travaux d’assainissement et de restauration sont entrepris car une inspection de la salle a révélé que les murs sont attaqués par le salpêtre.
En décembre 1930, dans un souci de reconstitution historique et patrimoniale, les Questeurs décident de faire réinstaller l’orgue dans l’ancienne chapelle afin de lui redonner son caractère primitif. Le 3 mars 1931, un concert est donné en l’honneur de la fin de la restauration de l’orgue.
En 1932, la salle de BROSSE accueille notamment une exposition sur la gravure. Elle sert également de salle de présentation pour une maquette du monument dédié aux aviateurs COSTES et BELLONTE. La dernière projection, consacrée à un film documentaire sur les méthodes de construction des usines d’aviation Junkers a lieu en décembre 1938…
L'occupation par la Luftwaffe (1940-1945)
Comme le reste du palais du Luxembourg, la salle est occupée de 1940 à 1944 par la Luftwaffe, l’armée de l’air allemande.
Une salle de réunion (1945-1971)
Lors de la Conférence de la Paix de 1946, la salle de BROSSE est utilisée pour collecter et préparer les différents documents remis aux ministres des Affaires étrangères participants. Elle sert ultérieurement de salle de réunion, notamment lors de procès qui se déroulent devant la Haute Cour de Justice.
Le bureau du secrétariat collectif des sénateurs (1971-2000)
En 1971, la salle de BROSSE est affectée provisoirement au secrétariat collectif des sénateurs. Des cloisons y sont construites tandis que l’on y installe des bureaux. Pour préserver les peintures de la voûte et mieux insonoriser la pièce, un faux-plafond recouvre celles-ci tandis qu’en 1982, les toiles de GIGOUX sont décrochées, roulées et mises en réserve.