Lettre du 24 brumaire de l’an IX (15 novembre 1800) : Chalgrin écrit au ministère de l’intérieur
« Une loy du 27 germinal an 6 avait mis à disposition de l’Ex Directoire exécutif des terrains provenant des cidevant Chartreux et le gouvernement était chargé de faire construire les murs de clôture qui devaient séparer les nouvelles rues et conformément à cette disposition le ministre François de Neufchâteau ordonna l’adjudication de la construction de ces murs d’après les plans que j’en avais dressé et cette adjudication eut lieu pour être exécutée.
La plus grande partie des murs était construite et bientôt ce vaste terrain allait être enclos lorsque, par une lettre du 12 nivôse dernier, votre prédécesseur, citoyen ministre, ordonna la suspension de tous les travaux relatifs au Palais directorial. Le terrain des Chartreux semblait exiger une mesure particulière tant pour la conservation que pour la sûreté du Palais du Luxembourg et l’intérêt des propriétaires mitoyens se réunissait encore pour nécessiter une décision qui peut, en faisant achever ces clôtures, rendre praticables les nouvelles percées de l’Ouest et du midi dans cette partie du faubourg Saint-Germain. J’ai adressé à votre prédécesseur un rapport à cet égard, fondé sur l’intention où il était de réserver, conformément à la loi du 27 germinal, ce terrain pour être employé à des pépinières d’arbres fruitiers et de graines potagères exclusivement réservées pour l’instruction publique.
Cependant aucune décision positive ne m’a autorisé à faire solder ce qui était dû en vertu de l’adjudication ni à faire continuer les travaux suspendus par l’effet de la lettre du 12 nivôse : il est plus que jamais important de statuer sur cet objet afin d’éviter des dégradations préjudiciables, des dilapidations inévitables et de donner au faubourg Saint-Germain les percées qui lui sont destinées. Il est vrai, citoyen ministre, qu’en prenant une décision de cette nature il est indispensable d’affecter des fonds aux travaux faits et à ceux à faire. Veuillez prendre en considération la situation de cette adjudication, le parti qu’il est avantageux de tirer d’un terrain devenu inculte et abandonné et me faire connaître votre intention à cet égard. »