Morceaux choisis dans le Journal des débats et décrets
29 frimaire X (20 décembre 1801)
« Le Sénat conservateur, d’après un rapport qui lui a été fait par sa commission paritaire, a déterminé, d’une manière définitive, les agrandissements et embellissements qui doivent être faits au jardin du Luxembourg, qui pourra, par ce moyen, rivaliser avec les plus beaux de l’Europe. Le vaste terrain des Chartreux, que l’expérience a démontré ne pouvoir former un quartier habité, va être converti en pépinières nationales, qui réuniront l’utilité à l’agrément, et pour ne former du tout qu’un ensemble, quoique séparé, le mur de clôture, qui règne tout le long de cette partie du jardin, sera converti en une grille à hauteur d’appui. Diverses acquisitions rendront la partie qui borne la vue du palais plus étendue et plus régulière ; enfin, des statues de choix et des massifs d’arbustes orneront la vaste enceinte du bassin. Déjà on travaille à l’intérieur du bâtiment, pour y placer la bibliothèque, qui sera publique. »
12 germinal an X (2 avril 1802)
« On travaille en ce moment à abattre le mur qui séparait le jardin du Luxembourg d’avec l’ancien clos des Chartreux, destiné aujourd’hui à être planté en pépinière. Ce mur sera remplacé par une grille qui procurera, avec une plus libre circulation de l’air, le coup d’œil le plus flatteur dans une suite de promenades non-interrompues, et ce ne sera pas un des moindres embellissements que le goût éclairé de la commission administrative du sénat aura procurés à ce magnifique jardin. »
6 prairial an X (26 mai 1802)
« L’architecte chargé de diriger les travaux du bâtiment et jardin du Luxembourg se propose, dit-on, de tirer parti de la nouvelle disposition du terrain, et de faire disparaître, au moyen des acquisitions qui viennent d’être faites, un grand nombre d’irrégularités que ce jardin offre dans son état actuel, et surtout dans la partie qui en forme le parterre. »
25 prairial an X (14 juin 1802)
« Le jardin du Luxembourg s’embellit tous les jours sous la main des arts. Le parterre et les terrasses ornés d’orangers symétriquement placés, et se groupant d’une manière pittoresque avec les statues et les vases, offrent un coup d’œil tout à la fois agréable et majestueux. L’encoignure formée par la saillie d’un vieux mur du jardin de l’hôtel de Vendôme, va disparaître et laisser à celui du jardin du sénat toute la régularité qui lui manquait. Une large avenue en face du palais conduira aux nouveaux boulevards, et se trouvera sur l’alignement du bâtiment de l’Observatoire, qui semble avoir été disposé à lui servir de point de vue. Le mur qui séparait le jardin du sénat d’avec l’immense enclos des Chartreux est abattu, et ne sera remplacé que par un mur à hauteur d’appui. »
12 ventôse an XI (3 mars 1803)
« Le ministre de l’intérieur se proposant de faire planter et cultiver, dans la pépinière nationale du Luxembourg, à Paris, toutes les espèces de vignes connues en France, a invité tous les préfets des départements vignobles à lui envoyer quelques plants, tant en crossettes qu’en boutures simples, de chacune des espèces de vignes cultivées dans leur département. Cette plantation offrira aux amateurs de l’agriculture une collection curieuse. Par ce moyen, on déterminera les caractères distinctifs de chaque race de raisin, on suivra différentes observations intéressantes sur la culture de la vigne, et on tentera divers essais utiles. »
9 vendémiaire an XII (2 octobre 1803)
« Chaque jour ajoute aux embellissements et à l’agrandissement du Luxembourg. La moitié du clos des Chartreux, vers le sud-ouest, qui ne présentait naguères qu’une surface couverte de buttes et de décombres, offre maintenant un terrain uni, cultivé en pépinière. Des arbres à fruit de toute sorte, en quenouille et en tige, sont plantés de distance en distance, alignés au cordeau, et forment des allées longues et transversales où l’œil aime à s’égarer ; des plants de vignes de toute espèce bordent ces allées. Dans les fossés creusés à la profondeur d’environ douze pieds, au bas du mur à hauteur d’appui qui sépare le Luxembourg de la pépinière, on a proposé de planter des pêchers, des poiriers et autres arbres à espalier qui devront réussir dans cette exposition entièrement méridionale. La vue de ce magnifique verger rendra de ce côté la promenade du grand jardin infiniment agréable, surtout au printemps, où la floraison successive des diverses plantations multipliera les plus belles nuances, les plus riches couleurs, et embaumera l’air des plus doux parfums. Au milieu de cette vaste enceinte, l’on a respecté une toiture en tuiles qui couvre un réservoir d’eau d’Arcueil ; ce réservoir fournissait jadis de l’eau à la fontaine pratiquée dans la cellule particulière de chaque religieux. Cet aqueduc, très précieux pour l’arrosement de la pépinière, est le seul édifice conservé. L’autre moitié du clos va être aussi déblayée, pour servir à l’agrandissement du jardin. »