Fils d'un petit industriel du textile, Maurice Schumann naît le 10 avril 1911, à Paris. Après des études au lycée Janson-de-Sailly et au lycée Henri-IV, il intègre la Faculté de lettres de Paris. Licencié ès lettres, il devient chef adjoint du grand reportage à l'Agence Havas à Londres, puis à Paris. Directeur politique du quotidien l'Aube lorsqu'éclate la Seconde guerre mondiale, il rejoint le général de Gaulle en Grande-Bretagne en 1940, et devient le porte-parole de la France libre à la radio de Londres. En 1944, il débarque avec les forces alliées, participe à la campagne de France, et reçoit la Croix de guerre avec trois citations, la Légion d'honneur à titre militaire, et la croix de la Libération
Membre de l'Assemblée consultative provisoire en 1944-1945, cofondateur du Mouvement républicain populaire (MRP) dont il assure la présidence de 1945 à 1949, Maurice Schumann est élu député du Nord à la Libération , et conserve son mandat tout au long de la IVe République. Il met un point d'honneur à reconstruire la France et à lui rendre son rang et sa sécurité dans le monde d'après-guerre. Représentant de la France à la cinquième assemblée générale des Nations Unies en 1950, il est nommé secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de 1951 à 1954, ministre de la Justice de 1955 à 1956, et préside la délégation française à l'Assemblée générale des Nations Unies en 1953. Président du groupe parlementaire MRP à l'Assemblée nationale, il vote en 1958 pour la confiance sur le programme et sur la politique du président du Conseil, Charles de Gaulle, pour le projet de loi relatif aux pleins pouvoirs, et pour le projet de loi relatif à la révision constitutionnelle.
Réélu député du Nord sous la Ve République , il s'inscrit au groupe du Centre démocratique, et préside sans discontinuer la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale jusqu'en 1967, à l'exception d'une brève interruption lorsqu'il est nommé ministre chargé de l'aménagement du territoire en 1962. En 1960, il vote pour le projet de loi autorisant le Gouvernement à prendre certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'Etat et à la pacification de l'Algérie. Défenseur de la liberté d'enseignement, promoteur d'une vraie politique familiale, Maurice Schumann poursuit sans relâche son travail en faveur de l'affirmation de la France sur la scène internationale. En dehors de ses fonctions parlementaires, il préside l'Union des Français de l'étranger (1960), la Ligue pour l'autodétermination des peuples (1962), le Centre européen d'observation par sondages (1964), et le bureau du Mouvement international pour l'Union atlantique (1966). Il décide en outre de s'investir dans la vie politique locale, en qualité de conseiller général du canton de Tourcoing-Nord, de 1965 à 1967.
Réélu aux élections législatives de 1967 et 1968, il doit rapidement abandonner le Palais Bourbon pour assumer des responsabilités gouvernementales, en tant que ministre d'Etat chargé de la recherche scientifique et des questions atomiques et spatiales (1967-1968), ministre d'Etat chargé des affaires sociales (1968-1969), et ministre des affaires étrangères (1969-1973). C'est sans doute au Quai d'Orsay qu'il laisse l'empreinte la plus profonde, renforçant les alliances traditionnelles de la France , donnant une impulsion nouvelle, et très personnelle, aux relations avec l'URSS et avec la Chine , améliorant notre outil diplomatique, et contribuant à l'entrée dans le Marché commun de la Grande-Bretagne , à laquelle il reste très attaché.
Conseiller municipal de Comines de 1971 à 1977, il se présente aux élections sénatoriales du 22 septembre 1974, et devient sénateur du Nord. Réélu les 25 septembre 1983 et 27 septembre 1992, il s'inscrit au groupe parlementaire du Rassemblement pour la République (RPR), est élu vice-président de la Haute assemblée de 1977 à 1983, et siège dans trois commissions : la commission des finances (1974-1978, 1983-1986 et 1995-1998), la commission des affaires économiques (1978-1983), et la commission des affaires culturelles (1986-1995), dont il assume la présidence. Au cours de ses trois mandats, il vote contre le projet de loi relatif à l'interruption volontaire de grossesse (1975), s'abstient sur le projet de loi portant réforme du divorce (1975), vote pour la loi Peyrefitte renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes (1981), pour le projet de loi portant abolition de la peine de mort (1981), pour la loi Deferre relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions (1982), pour le projet de loi relatif aux prestations de vieillesse, d'invalidité et de veuvage (1982), pour le projet de loi relatif au revenu minimum d'insertion (1988), contre le projet de loi constitutionnelle ajoutant à la Constitution un titre : « De l'Union européenne » (1992), et pour le projet de loi relatif aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale (1993). Ses collègues sénateurs gardent de lui le souvenir d'un homme accessible, passionné de justice et de liberté, maîtrisant sans difficulté les questions techniques les plus complexes, sans oublier jamais de défendre avec force sa vision de la France.
(JPG - 199 Ko)Doyen d'âge du Sénat, Maurice Schumann s'éteint dans sa 87e année, à l'hôpital des Invalides de Paris. Il est inhumé dans le Calvados, à Asnelles, non loin de l'endroit où il avait débarqué en juin 1944.
Membre de l'Académie française, élu en 1974 au fauteuil de Wladimir d'Ormesson, on a de lui le Germanisme en marche (1938), Mussolini (1939), Honneur et patrie (1945), le Vrai malaise des intellectuels de gauche (1957), le Rendez-vous avec quelqu'un (1962), les Flots roulant au loin (1973), la Mort née de leur propre vie (1974), Angoisse et certitude (1978), Un certain 18 juin (1980), le Concerto en ut majeur (1984), Qui a tué le duc d'Enghien ? (1984), Une grande imprudence (1986), la Victoire et la Nuit (1989), Bergson ou le retour de Dieu (1995), ainsi que de nombreux articles et études publiés dans la Vie catholique, le Temps présent et l'Aube, sous le pseudonyme d'André Sidobre.