Nombreux sont les orchestres qui écrivent à l'administration du Sénat afin de solliciter l'autorisation de donner des concerts symphoniques dans le kiosque de la musique du jardin du Luxembourg. Les Questeurs agréent les demandes sous réserve du respect de quelques conditions : l'organisateur de la représentation musicale doit verser une redevance à l'administration du Domaine ; il s'engage à ne pratiquer aucune quête et doit s'accorder avec le concessionnaire des chaises pour fixer le prix spécial qui sera demandé aux spectateurs ; enfin, il doit soumettre le programme du concert à l'approbation des Questeurs.
En 1906, survient un incident entre deux orchestres qui se disputent le kiosque un après-midi d'automne. L'article de presse relatant l'événement explique que l'une des fanfares, devant jouer aux Tuileries, a confondu le Luxembourg avec les jardins du Louvre, amenant les deux chefs d'orchestre, après vive discussion, à trouver un arrangement en donnant deux représentations successives qui reçurent l'accueil enthousiaste du public.
Pendant le premier conflit mondial, ces concerts sont d'autant plus sollicités qu'ils présentent trois avantages. Tout d'abord, les musiciens y trouvent un emploi d'été qui compense la disparition des saisons balnéaires due à la prolongation de la guerre. Ensuite, les organisateurs ont la satisfaction d'apporter aux spectateurs « un peu de réconfort moral en proposant au public, privé depuis la guerre des concerts de musiques militaires, des programmes s'inspirant du plus pur patriotisme et comprenant les œuvres des maîtres français et de ceux des nations alliées à la France ». Enfin, ces concerts permettent d'augmenter les recettes de l'Assistance publique qui bénéficie d'un prélèvement sur les recettes.