Dès sa rédaction, le code civil connaît une diffusion importante hors de France. Comme l'écrit Bigot de Préameneu : « Leu Code civil était la loi particulière des Français, elle est devenue la loi commune des peuples d'une partie de l'Europe ».
Une diffusion importante en Europe
Afin de rendre le Code civil accessible aux lecteurs ignorant le français, il fait l'objet immédiatement de traductions, notamment en italien et en allemand.
De même, le code Napoléon est rapidement commenté. En 1814, August Rehberg publie un ouvrage sur le code et sa diffusion en Allemagne, tandis que Friedrich-Carl von Savigny rédige un essai sur le même sujet dans lequel il développe une théorie hostile à la codification, ainsi qu'une critique sur la rédaction du code Napoléon. Les juristes allemands redoutent notamment la généralité des termes employés par les rédacteurs français.
Au-delà du code lui-même, ce sont néanmoins les conquêtes napoléoniennes qui expliquent une grande partie de son rayonnement immédiat.
Un rayonnement immédiat
Ainsi, dès 1804 le code s'applique aux territoires allemands de la rive gauche du Rhin, devenus départements français suite à la paix de Lunéville. Il s'introduit un peu plus tard, et plus ou moins fortement, sur la rive droite du Rhin : dans le grand-duché de Berg et le grand-duché de Bade - où il gardera une influence - dans le royaume de Westphalie et d'autres États de Confédération du Rhin ensuite.
En 1804, la Belgique aussi fait partie intégrante du territoire français. L'application du code civil n'y est pas une grande nouveauté, dans la mesure où déjà, partageant notamment des mêmes sources germaniques, le droit coutumier français inspirait les coutumes en vigueur dans les territoires de l'actuelle Belgique. Le Luxembourg, département des Forêts durant son annexion par la France, est lui aussi régi par le code Napoléon dès son adoption. De même pour le département du Léman.
Enfin, dès 1804 pour les territoires annexés à l'Empire sous forme de départements, progressivement pour les autres États, l'Italie adopte le code Napoléon. Ce développement fut bien entendu facilité par des racines juridiques communes, inspirées du droit romain, et par ce couronnement de la loi écrite, même s'il apportait souvent de grands changements par rapport au droit antérieur.
Après la chute de l'Empire, le code conserve une certaine influence en Europe, que sa forme (codification, langue, structure) inspire les rédacteurs des législations civiles nationales, ou que la modernité des idées qu'il incarne s'impose peu à peu.
Allemagne, Hollande, Belgique et Luxembourg
En Allemagne, hormis les États de la rive gauche du Rhin, l'influence du code cesse avec l'occupation française. En revanche, il se maintient longtemps après la fin de l'Empire ailleurs.
Le Royaume de Hollande le conservera vingt-cinq ans après la chute des Bonaparte.
En Belgique, le code Napoléon reste en vigueur malgré le rattachement à la Hollande en 1814, ce qui maintient la constitution de Belgique après les événements de 1830. Il ne connaîtra que très peu de modifications pendant plus de cent ans.
De même pour le Luxembourg, qui conserve quasi-intact le code Napoléon tout au long du XIXe siècle.
Italie, Suisse et Pologne,...
En Italie, remplacé par les anciennes législations étatiques en 1814, mis à part quelques rares exceptions, le code Napoléon influence cependant un rapide mouvement de réforme du droit civil dans les États italiens. Ceci explique que le premier code civil italien ait été fortement marqué par le code Napoléon, au moins pour sa forme.
A Genève, le code se maintiendra « provisoirement » jusqu'en 1912.
La Pologne le conservera, avec quelques changements, jusqu'à la seconde guerre mondiale.
Cependant, cette diffusion du code ne se limite aux conquêtes napoléoniennes ni aux frontières européennes.
Antilles et Amérique du nord
Dans les Amériques, les possessions françaises aux Antilles se voient imposer le code Napoléon - sous réserve du maintien de l'esclavage - qui est également repris par Haïti et la République dominicainne.
La Louisiane adopte un code civil à l'inspiration largement puisée en France.
De même pour le Québec : lors du passage des territoires de la Nouvelle-France sous la responsabilité du roi de France, Louis XIV avait décidé que ceux-ci seraient régis par la coutume de Paris. Celle-ci avait continué à s'appliquer malgré l'occupation anglaise, étant intégrée dans les coutumes du Canada. C'est donc naturellement dans cet héritage coutumier et dans le code Napoléon que les rédacteurs du code civil de la province de Québec, en 1866, allèrent chercher leurs sources d'inspiration.
Dans le monde
Dans les Etats d'Amérique du Sud, en raison de ses origines révolutionnaires, le code Napoléon sert de référence pour l'élaboration des législations civiles, particulièrement en Bolivie, au Pérou et au Chili.
En revanche, en Afrique, malgré l'empire colonial français, le code civil ne s'impose guère. Le colonisateur préfère conserver pour les indigènes les coutumes locales, n'appliquant le code qu'aux seuls Français. Cependant, certains États s'inspireront de la codification à la française pour établir leurs premières législations.
Enfin, le code Napoléon a pu inspirer des États en quête de modernisation comme l'Égypte, la Turquie ou le Japon.
Au Japon, le code civil français a ainsi exercé une influence importante : après vingt ans d'application quasi-directe des principes du code civil français, M. Boissonade, conseiller légiste du gouvernement japonais, rédige un projet de code civil japonais. Le code japonais de 1898 reprendra une partie de ses travaux.