L'abolitionnisme apparaît au XVIIIe, supporté par les Quakers anglais et les philosophes des Lumières. En 1788 est fondée la Société des amis des Noirs, à laquelle appartiennent Mirabeau et l'abbé Grégoire. La Convention abolit l'esclavage le 4 février 1794 mais il rétablit dans les colonies par Napoléon Bonaparte en mai 1802. Sous la Monarchie de Juillet, la cause est reprise par diverses associations. Une commission menée par de Broglie examine les conditions d'une abolition progressive.
Schoelcher est l'héritier de ces courants abolitionnistes. Il participe d'abord à ce combat par ses écrits, alimentés par ses nombreux voyages, qui lui ont permis d'avoir un contact direct avec le système esclavagiste. Il y réfute la thèse de l'inégalité des races ainsi que tous les arguments antiabolitionnistes. Surtout, il dénonce avec précision les tortures, s'insurge contre le Code noir, condamne le statut juridique de l'esclave. Il démontre, parfois avec excès, la corruption des mœurs due à l'esclavage, tant chez les esclaves que chez les maîtres. L'abolition est pour lui un principe républicain puisqu'elle est conforme à la défense de la liberté et de l'égalité. C'est une « œuvre démocratique ».
Dans un premier temps, Schoelcher reste partisan d'une abolition progressive. Mais en 1838, il comprend la nécessité d'une abolition immédiate, publiant en 1842, Des colonies françaises. Abolition immédiate de l'esclavage. Il établit que celle-ci est indispensable pour préserver la paix (contre d'éventuelles révoltes d'esclaves) et la prospérité des colonies (meilleure rentabilité du travail libre par rapport au travail servile). Sous la Monarchie de Juillet, il signe plusieurs pétitions allant dans ce sens, en prenant soin d'assurer leur publicité par des articles de presse. La révolution de 1848 permet l'aboutissement de sa démarche. Il joue un rôle décisif en convainquant le gouvernement provisoire d'abolir immédiatement l'esclavage, alors que ce dernier hésitait encore. Le décret d'abolition est publié le 27 avril. L'interdiction de l'esclavage est confirmée par le texte de la constitution de la Seconde République.