Devenu inéligible en raison de son vote en faveur de la loi constitutionnelle de juillet 1940, René Coty est réhabilité dès 1945 par le jury d'honneur. Il peut donc se présenter aux élections du 21 octobre 1945, sur la liste d'Entente des républicains de gauche. Victorieux, il représente la Seine Inférieure à l'Assemblée constituante, où il s'oppose au premier projet de Constitution. Il dénonce avec humour la faiblesse du pouvoir exécutif et la probable instabilité ministérielle : « Pour éviter l'instabilité ministérielle, vous rationnez la future assemblée quant au nombre de crises ministérielles qu'elle pourra provoquer. Vous donnez à la future assemblée deux tickets de crise ministérielle par an. C'est sérieux, car une fois que l'assemblée a utilisé ces deux tickets, c'est la mort sans phrase, c'est-à-dire la dissolution. ». Il sait par expérience que ces mesures, assorties de nombreux accommodements, ne suffisent pas à protéger les gouvernements contre une assemblée houleuse. Le monocamérisme, surtout, lui paraît dangereux, ainsi que la domination des partis : « Les partis, maîtres absolus de la France, je ne puis, quant à moi, accepter cela ».
Après l'échec du référendum du 5 mai 1946, une nouvelle assemblée est élue. René Coty se présente cette fois sur une liste indépendante et siège avec les Républicains Indépendants. Le second projet de Constitution ne lui convient guère mieux que le premier, dont il diffère peu. Les amendements proposés pour réduire le déséquilibre entre les pouvoirs exécutif et législatif sont rejetés.
Après l'adoption de la Constitution, René Coty se présente, toujours comme indépendant, aux législatives du 10 novembre 1946. Cette volonté d'indépendance vis-à-vis des partis le rapproche de du général de Gaulle, sans provoquer son adhésion au RPF. Contrairement au général, René Coty accepte, une fois la Constitution votée, d'entrer dans le jeu de la IVème République. Il souhaite se démarquer du tripartisme sans manifester une opposition systématique, soucieux de conserver une attitude constructive.
Ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme
Son action législative, dominée par le thème de la reconstruction, est de courte durée puisqu'il entre en novembre 1947 dans le gouvernement de Robert Schuman, comme ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme.
Il conserve les mêmes fonctions dans le gouvernement d'André Marie, puis, dans un second et éphémère gouvernement Schuman.
René Coty fait voter diverses lois sur le logement et l'indemnisation des dommages de guerre.
Il vit comme une période particulièrement difficile les crises ministérielles et les manœuvres qui les accompagnent. A la démission du second gouvernement Schuman, il retrouve pour deux mois son fauteuil de député avant d'être élu au Conseil de la République en novembre 1948.