Dès 1789, les femmes ont largement participé au mouvement révolutionnaire. Protestant de leur non-représentation aux Etats généraux : "que l’organisation de cette assemblée respectable des Etats généraux telle qu’on nous la présente, puisse véritablement représenter la Nation entière, tandis que la moitié et plus de la Nation n’y siégera pas, en est exclu, c’est Messieurs un problème et un problème injurieux à notre sexe" (extrait des "Remontrances, plaintes et doléances des dames françaises à l’occasion de l’assemblée des Etats généraux"), elles acquièrent avec la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, une égalité en droits, ce qui ne veut pas dire pour autant qu'elles aient des droits civiques. En fait la majorité de leurs contemporains estiment que la place d'une femme est dans son foyer : " or il nous semble incontestable que le bonheur commun, surtout celui des femmes, demande qu'elles n'aspirent point à l'exercice des droits et des fonctions politiques" (Talleyrand, septembre 1791).
Elles ont cependant un défenseur, le marquis Antoine de Caritat de Condorcet. Surnommé "l’ami des femmes", il soutient qu'une femme membre d'une assemblée nationale est plus apte à élever ses enfants et à en faire des hommes. En juillet 1790, il publie un "Essai sur l’admission des femmes au droit de cité" dans lequel il admet que "le droit de s’occuper directement ou par représentant des affaires de leur pays est un droit que les hommes tiennent non de leur sexe mais de leur qualité raisonnable, qui leur est commune avec les femmes". Appelé à collaborer à la rédaction de la Constitution il "oublie" ses prises de position en faveur des femmes et ne réclame rien pour elles.
C'est une femme qui, reprenant les idées de Condorcet, va mener le combat pour toutes : Olympe de Gouges publie en septembre 1791 la "Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne" en 17 articles sur le modèle de la Déclaration des droits de l'homme. Ses articles 6 et 10 sont restés célèbres:
"Article 6 : La loi doit être l’expression de la volonté générale ;
les citoyennes et citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation.
Article 10 : Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même fondamentales ; la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune."
Pour se faire entendre, les femmes qui ne peuvent pas participer directement à la vie politique ont deux possibilités : les clubs et les tribunes des assemblées. Dans les clubs qu'elles fondent, elles peuvent lire les journaux, discuter des lois nouvelles, évoquer des questions politiques ; c'est un vecteur de diffusion des idées au sein de la population féminine. Les assemblées ont des tribunes ouvertes au public ; les femmes les envahissent munies de leur tricot, d'où leur surnom de "tricoteuses", elles crient, interpellent les orateurs ; c'est une forme de contrôle de la vie politique mais surtout elles perturbent les débats.