Le mot "féminisme" apparaît vers 1830 ; il est attribué à Charles Fourier, chef de file d'un mouvement (le fouriérisme) qui se distingue par ses prises de position en faveur de la liberté des femmes.
Durant la première moitié du XIXe siècle, la législation sur le droit de vote est modifiée à plusieurs reprises. Le nombre d’électeurs est élargi ou restreint en fonction des besoins politiques. Le 5 mars 1848, sous l'impulsion de Ledru-Rollin, le Gouvernement provisoire met en place le suffrage universel. En sont exclus les hommes privés de leurs droits par la justice, les faillis, les déments internés... et les femmes. Conséquence logique d'un début de siècle profondément misogyne où selon Flora Tristan : "tout opprimé trouve un être à opprimer, c'est sa femme. Elle est la prolétaire du prolétaire".
Profitant de la période insurrectionnelle, quelques clubs féminins s'étaient reconstitués ; la loi du 28 juillet 1848 les interdit. Cette mesure reflète fidèlement la pensée des hommes de ce siècle. Ils estiment que seule la vie privée convient aux femmes, à la rigueur elles peuvent, à l'extérieur de leur foyer, s'occuper de charité mais pas de politique. Le pamphlétaire Claude Tillier donne une explication à cet ostracisme politique : "qui a jamais vu une idée politique se loger sous un bonnet de gaze".
Cette conception de la société suscite de vives réactions : à l'Assemblée nationale le député Pierre Leroux réclame pour les femmes le droit de vote aux élections municipales suscitant étonnement, interruptions et plaisanteries ; Victor Considérant, député du Loiret, disciple de Charles Fourier, dépose sur le même objet une proposition de loi qui ne viendra pas en discussion ; Eugénie Niboyet, organisatrice du club de la Société de la voix des femmes et fondatrice en 1833 du journal "Le Conseiller des femmes" qui devient par la suite "La Voix des femmes", écrit dans le n° 1 : "c'est au nom de nos devoirs que nous réclamons la reconnaissance de nos droits". C'est elle qui, toujours dans le même journal, lance un appel pour la candidature de George Sand aux élections législatives de 1848. Cette dernière refuse. L'engagement de George Sand pour la cause des femmes diffère de celui des mouvements féministes : "en admettant que la société eût beaucoup à gagner à l'admission des quelques capacités du sexe dans l'administration des affaires publiques, la masse des femmes pauvres et privées d'éducation n'y eût rien gagné." Pour elle la conquête des droits civils est essentielle.
Parmi les défenseurs de la cause des femmes, Victor Hugo occupe une place de choix.
Dès juillet 1853, sur la tombe de Louise Julien, proscrite pour son opposition au coup d'État de 1852 et exilée à Jersey, il témoigne de son intérêt pour cette cause : " le XVIIIe siècle a proclamé le droit de l’homme, le XIXe proclamera le droit de la femme ; mais il faut l’avouer, citoyens, nous ne nous sommes point hâtés ; beaucoup de considérations, qui étaient graves, j’en conviens, et qui voulaient être mûrement examinées nous ont arrêtés et à l’instant où je parle, au point même où le progrès est parvenu, parmi les
meilleurs républicains, parmi les démocrates les plus vrais et les plus purs,
bien des esprits excellents hésitent encore à admettre dans l’homme et dans la femme l’égalité de l’âme humaine et, par conséquent, l’assimilation, sinon l’identité complète des droits civiques. "
En avril 1849, pour la première fois, une femme ose poser sa candidature aux élections législatives : Jeanne Deroin. Elle explique dans le journal "L'Opinion des femmes" le sens de son action : "la constitution de 1848 a légalement aboli les privilèges de race, de caste et de fortune par l'affranchissement des esclaves noirs, par l'extinction des titres de noblesse, par la suppression du cens électoral. Mais le privilège de sexe est resté sous entendu dans cette constitution qu'il sape donc dans sa base, car il est la négation des principes sur lesquels elle est fondée." Sa candidature suscite surtout moqueries et quolibets.
La fin de la seconde République se solde de nouveau pour les femmes par une série de revers.