Après les révolutions de 1789 et de 1848, c'est à nouveau dans une période de crise qu'on voit les femmes participer à la vie politique : durant le siège de Paris et l'insurrection de 1871, les femmes sont présentes dans les comités de vigilance, les clubs de quartier….La plus célèbre d’entre elles est Louise Michel, surnommée "la vierge des communards" ou "la sainte laïque". Cette anarchiste milite pour l’égalité des sexes. Mais le régime de la Commune est trop éphémère pour avoir le temps de s'occuper des droits politiques des femmes. En revanche la répression se souviendra des communardes devenues "les pétroleuses". Elles seront exécutées ou déportées comme les hommes. (Louise Michel fut déportée en Nouvelle Calédonie.)
Progressivement les féministes s'organisent. Elles créent des associations, des journaux leur permettant de diffuser et de préciser leurs idées. Léon Richer, surnommé par ses contemporains "l’homme des femmes", crée avec l’avocate Marie Deraismes en 1869 "L’association pour le droit des femmes" et le journal "Le droit des femmes". Il a très vite compris l'utilité d'un organe de presse pour la défense de ses idées. "L'apprentissage de l'écriture publique des femmes est au cœur du féminisme et s'avère essentiel dans la lutte contre l'oubli et l'éphémère." Il est à l'origine en 1878 du premier congrès féministe français et publie en 1883 "Le code des femmes" : "il y a deux lois dans la loi ; du côté de l’homme, tous les privilèges ; du côté de la femme, les sujétions." Deraismes et Richer, tous deux francs-maçons, ne sont pas favorables à l'obtention immédiate du droit de vote pour les femmes, ils craignent l'influence de l'Église catholique.
Autre personnalité féministe de cette fin de siècle : Hubertine Auclert. Elle fonde en 1876 la société "Le droit des femmes" qui deviendra plus tard "Le suffrage des femmes" et un journal "La citoyenne". Elle mène des campagnes très énergiques en faveur du vote des femmes : pétitions, articles de presse, émission d'un timbre
en faveur des droits de la femme, renversement des urnes électorales ne contenant que des suffrages masculins… Son action la plus célèbre est la grève de l’impôt : "je n’ai pas de droits, donc je n’ai pas de charges ; je ne vote pas, je ne paie pas". Malgré ce coup d'éclat, le combat pour les droits politiques des femmes reste très minoritaire : les femmes elles-mêmes se sentent peu concernées par cette question.
On ne peut évoquer cette fin de siècle sans parler de la journaliste Marguerite Durand. Elle fonde le 9 décembre 1897 le quotidien "La fronde" entièrement administré, rédigé et composé par des femmes et qui porte un regard féminin sur l’actualité. Hélène Sée devient la première chroniqueuse politique et pour la première fois une femme assiste aux côtés des hommes aux débats parlementaires.
Avec le temps de l'expression est venu aussi le temps de l'action. En France, comme en Angleterre, il faut attirer l'attention de la population. Deux mouvements féministes coexistent en 1900 : les suffragistes modérées et les suffragettes plus radicales dans leurs actions. En 1908, un petit groupe de suffragettes s'introduit au Palais Bourbon et jette sur la tête des députés des tracts féministes. En 1909 Jeanne Schmal, membre du mouvement suffragiste, célèbre pour sa campagne en faveur de la libre disposition par les femmes mariées de leurs salaires, crée "L'union française pour le suffrage des femmes". Elle réussit à obtenir une audience d'Aristide Briand, président du conseil. Mais celui-ci limite son engagement à une simple évocation du problème en conseil des ministres.
Aux élections municipales de 1910, une dizaine de candidates se présentent.
A la veille de la guerre, un référendum est organisé le jour des élections législatives par la "Ligue nationale pour le droit de vote aux femmes" appuyé par un grand quotidien "Le Journal". Dans des urnes séparées, les Françaises sont appelées à répondre à cette question simple : "voulez-vous voter ? " Résultats : plus de 505 000 bulletins favorables. En juillet 1914, 6 000 personnes viennent déposer des bouquets de primevères au pied de la statue de Condorcet et réclament le droit de vote pour les femmes. C'est la première grande manifestation de rue.
Mais la guerre met en sommeil toutes ces revendications.