Une constitution ! C'est la mission primordiale de l'Assemblée élue en 1848. Elle en confie l'élaboration à une commission.
Parmi ses membres siègent deux partisans convaincus de la décentralisation, Odilon Barrot et l'abbé de Lamennais : "Votre centralisation c'est l'apoplexie au centre et la paralysie dans les extrémités".
Ils proposent d'inverser l'ordre des priorités :
"On devait s'attendre à ce que la première et la plus importante loi que nos législateurs républicains nous donneraient, serait une organisation municipale et départementale, vraiment libérale. Comment, en effet, comprendre une République au sommet, si l'on ne commence pas par en poser les bases dans la commune".
Cette proposition est repoussée.
En attendant cette constitution, un décret du 3 juillet 1848 établit un régime provisoire : élection au suffrage universel des conseillers généraux et municipaux et désignation des maires et des adjoints par les conseillers municipaux pour les communes de moins de 6 000 habitants qui ne sont pas chefs-lieux de département ou d'arrondissement.
Le 4 novembre 1848, la constitution est votée : elle contient un chapitre sur l'administration intérieure qui prolonge le régime provisoire mais aussi un article 80 qui autorise le Président de la République à dissoudre un conseil municipal et à révoquer le maire. Elle prévoit également une loi organique. Un grand travail de révision de la législation départementale et communale est alors entrepris par les commissions parlementaires et par le Conseil d'État.
Cinq textes sont déposés sur le bureau de l'Assemblée. Aux débats très animés qu’ils suscitent participent Thiers, Béchard, député royaliste, et Charles Dupin qui vante les mérites de "cette centralisation... que la Révolution de 1848 respectera et défendra comme un trésor de la République".
Mais le coup d'état du 2 décembre 1851 met fin à ces discussions.