La Charte octroyée aux Français le 4 juin 1814 par Louis XVIII passe sous silence les problèmes de l'organisation territoriale. L'administration mise en place par Napoléon demeure.
Cependant dès 1815, des personnalités d'horizons politiques différents commencent à signaler les dangers de la centralisation. Vitrolles, Corbière, La Bourdonnais dénoncent la bureaucratie.
Mais le plus écouté parmi les ultras, celui qu'on surnomme en raison de sa frêle apparence "une illusion en frac fleurdelisé", est sans conteste le comte de Villèle, maire de Toulouse et député de la Haute-Garonne :
"En rompant les liens qui nous unissent à notre commune, à notre ville, à notre département... on détruit parmi nous l'esprit public, on achève de désunir et de démoraliser la nation, on laisse le champ libre aux novateurs, aux turbulents... on n'établit entre les citoyens et le gouvernement aucun de ces liens qui font la force et la stabilité des institutions".
Au sein des libéraux, c'est Royer-Collard, professeur à la Sorbonne et député, qui attaque la centralisation : "Point d'administrateur légitime de la commune qui n'ait été élu par la commune".
Ces mouvements d'opinion conduisent le ministre de l'intérieur Lainé à annoncer, en 1817, comme urgente la réforme des collectivités locales. Un premier projet élaboré en 1818 par le ministère Decazes ne viendra jamais en discussion : l'assassinat du duc de Berry en février 1820 entraîne la chute de ce ministère. Un deuxième projet présenté par le duc de Richelieu en 1821 est retiré de l'ordre du jour de l'Assemblée, avant le début de la discussion ; bien que très modeste, la réforme proposée suscitait des appréhensions.
En 1828, une commission est nommée dont le rapporteur est le baron Mounier ; mais ses propositions au demeurant fort timides, provoquent l'inquiétude des fonctionnaires qui "ne voyaient qu'avec frayeur toucher à l'ordre saint de l'administration impériale" (Charles de Rémusat).
Le vicomte de Martignac, ministre de l'intérieur, présente, en février 1829, un projet de loi composé de deux textes sur les conseils municipaux et généraux : "depuis quinze ans, on demande, on réclame, on sollicite d'une manière vive et pressante une loi sur les communes et les départements… il y a en effet dans l'état actuel de notre organisation municipale et départementale quelque chose d'incomplet et d'incohérent." Cette réforme provoque l'opposition des ultras et ne satisfait pas les libéraux. Cette coalition des extrêmes entraîne le retrait du texte de l'ordre du jour et le remplacement de Martignac par le prince de Polignac.