À l’heure où la France accueille la 21ème conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21), le groupe d’information internationale sur le Tibet, à l'invitation de son Président M. Michel Raison, sénateur (Haute-Saône-Les Républicains) a entendu, ce mercredi 9 décembre, conjointement avec le groupe d’étude sur la question du Tibet de l’Assemblée nationale, Mme Dicki Chhoyang, ministre des Affaires étrangères de l’Administration centrale tibétaine et M. Matthieu Ricard, moine bouddhiste tibétain, auteur et photographe sur l’impact du réchauffement climatique sur l’Himalaya, dans le cadre d’une conférence intitulée, « Himalaya : le troisième pôle ».
Mme Dicki Chhoyang s’est réjouie de l’opportunité offerte par la COP 21 pour présenter le défi environnemental du peuple tibétain. « Cette question dépasse le seul Tibet, car elle concerne également les peuples en aval du plateau et plus largement le reste du monde», a dit la ministre. « En effet, le Tibet, à la fois réservoir d’eau et ‘faiseur de pluie’, subit le double impact climatique sur ses glaciers et le pergélisol, cette partie du sol congelé qui représente 70 % du plateau et renferme une quantité importante de carbone», a-t-elle expliqué.
M. Matthieu Ricard a précisé que le Tibet, situé au cœur de l’Asie, en alimente les six plus grands fleuves (40 % de la population mondiale). Le carbone emprisonné dans le pergélisol qui est stocké sous forme de méthane, est, sous cette forme, dix fois plus actif que le CO2 pour détruire la couche d’ozone. À ce phénomène, qui ne peut être réversible que par une forte glaciation, s’ajoute une déforestation massive qui engendre de l’érosion et des crues destructrices. « Il ne s’agit donc pas seulement de soutenir le peuple tibétain. Le réchauffement climatique de cette région constitue un enjeu majeur pour la planète, qui nécessite une prise de conscience immédiate et suppose une responsabilité universelle. Car il faut s’attendre à gérer très prochainement des flux de millions de réfugiés climatiques. »
Puis, M. Vincent Metten, Directeur des Affaires européennes d’International Campaign for Tibet (ICT), a présenté le nouveau rapport de l’ONG tibétaine sur la crise climatique actuelle au Tibet. Ce rapport, intitulé, « L’or bleu du plus haut Plateau - L’ Eau du Tibet et le changement climatique planétaire », fait le constat critique de la politique chinoise de gestion unilatérale de l’eau et propose notamment d’inclure le peuple tibétain dans le processus de recherche de solutions, de chercher un équilibre entre les sciences modernes et les savoirs traditionnels (importants mais ignorés) et demande l’implication des pays environnants et la participation du gouvernement chinois aux engagements mondiaux.
MM. Jean-Patrick Gille, député (Indre-et-Loire, Socialiste Républicain et Citoyen), Noël Mamère, député (Gironde-Ecolo) et André Gattolin, sénateur (Hauts-de-Seine-Ecolo) ont déploré les conséquences de cette gestion de l’eau productiviste et unilatérale, l’indissociable lien entre environnement et dignité humaine et les vrais risques pour les peuples nomades du Plateau de la destruction du pergélisol et de l’écosystème des prairies.
À M. Alain Anziani, sénateur (Gironde-Socialiste et Républicain), qui s’interrogerait sur la politique de peuplement chinois au Tibet, la ministre a indiqué que la stratégie chinoise pour régler la question tibétaine était clairement l’assimilation, par l’installation de nombreux colons et, depuis peu, par une politique d’encouragement des mariages mixtes (Han/tibétain) assortis de traitements préférentiels.
À Mme Lignières-Cassou, députée (Pyrénées-Atlantiques-Socialiste Républicain et Citoyen), qui s’enquérait de la santé et des activités du Dalaï Lama, la ministre a rappelé que « Sa Sainteté, qui a pris sa retraite de manière volontaire, se consacre dorénavant pleinement à son rôle spirituel en cherchant toujours à favoriser le dialogue entre les différentes fois, la promotion des valeurs humaines et la défense de la culture tibétaine ».