A l’occasion de sa visite en France, M. Iurie Leanca, Premier ministre de la République de Moldavie, s’est entretenu avec M. Jean-Pierre Bel, Président du Sénat, mardi 17 juin 2014, en présence notamment de Mme Josette Durrieu (Soc - Hautes-Pyrénées), Présidente du groupe d’amitié France-Moldavie, et de M. Jean-Marc Pastor (Soc - Tarn), vice-président du groupe.

M. Iurie Leanca a indiqué que sa visite intervenait à un « moment critique » pour l’avenir de la Moldavie. Son pays sollicite en effet un soutien plus marqué de la France à l’occasion de la signature d’un accord de libre-échange avec l’Union européenne prévue le 27 juin dont la Moldavie attend à la fois davantage de modernisation économique et de stabilité politique. C’est pourquoi, a-t-il affirmé, cette visite revêt une portée très symbolique et donne lieu à de nombreux contacts, notamment avec le MEDEF. La Moldavie espère que l’accord de libre-échange se traduira par de nouveaux investissements en particulier français (au-delà de ceux des sociétés Orange, Actalis et Lafarge déjà présentes) dont l’économie moldave a besoin.

Parallèlement, il a rappelé que cette visite était également importante dans le contexte régional actuel qui soulève des défis nouveaux. Odessa se situant à 200 km de la capitale, la Moldavie est intéressée au premier chef par une normalisation en Ukraine. La société moldave attend en particulier de l’Union européenne qu’elle l’aide à lutter contre la corruption. La Moldavie veut partager les « mêmes standards et faire partie de la famille européenne », a-t-il précisé.

Considérant qu’il n’y avait pas d’alternative à l’Europe, M. Leanca a néanmoins fait part de certaines « résistances », la Moldavie ayant par exemple subi des sanctions (embargo sur les vins moldaves) alors même que juridiquement, selon les experts, l’accord européen n’est pas incompatible avec l'Union eurasiatique.

Il a demandé le soutien de la France qui est, selon lui,  le pays avec lequel la Moldavie partage le même héritage culturel et une francophonie de cœur, rappelant que 2100 étudiants moldaves étudient actuellement en France. Il a aussi remercié la France pour la libéralisation des visas.

Intervenant au nom du groupe d’amitié France-Moldavie, Mme Josette Durrieu a rappelé qu’elle connaissait bien ce pays où elle s’est rendue à de très nombreuses reprises  pour le Conseil de l’Europe. Elle a estimé que les moldaves étaient un peuple exceptionnel, profondément européen non seulement par sa géographie ou sa culture, mais par conviction. Privé de président de la République durant 3 ans, il a fait preuve de sa maturité politique et de la profondeur de sa culture démocratique, en constituant un gouvernement de coalition et en  faisant face à la sécession de la Transnistrie.

Elle a affirmé que l’intérêt de l’Europe était de stabiliser sa frontière orientale, en incluant la Moldavie dans l’espace européen. Il s’agit d’un intérêt politique et stratégique majeur eu égard à la question de la Mer Noire et de la proximité de la Russie. La question est notamment de savoir ce qu’il va advenir après le 27 juin et la signature de l’accord de libre-échange.

En réponse, M. Iurie Leanca a d’abord salué l’action remarquable menée depuis 1994  par Mme Josette Durrieu dans le cadre du Conseil de l’Europe en faveur de la Moldavie et de ses habitants, et plus généralement le souci de la France d’avoir une politique étrangère basée sur une vision stratégique. Il a aussi estimé que son pays pourrait devenir une plateforme pour pénétrer les marchés régionaux et, à la demande de M. Jean-Marc Pastor, il a précisé la situation de la Moldavie vis-à-vis des États voisins, la Roumanie et l’Ukraine.

A la suite de cet entretien et à l’initiative de Mme Durrieu, il a été auditionné par les membres de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées.

De gauche à droite : Mme Josette Durrieu, présidente du groupe d’amitié France-Moldavie, Mme Nathalia Gherman, ministre des Affaires étrangères de Moldavie, M. Jean-Pierre Bel, Président du Sénat, M. Iurie Leanca, Premier ministre de Moldavie, M. Oleg Serebrian, Ambassadeur de Moldavie en France, M. Jean-Marc Pastor), vice-président du groupe d’amitié et M. Valeriu Lazar, ministre de l'économie de Moldavie

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