Le mardi 28 mai 2024, M. Rémi FÉRAUD (Socialiste, Écologiste et Républicain – Paris), président du groupe interparlementaire d'amitié France-Yémen, s’est entretenu avec M. Jean-Noël BONNIEU, sous-directeur du Moyen-Orient au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), accompagné de M. Waël ABDALLAH, rédacteur pour le Yémen.

L’entretien a porté sur la situation actuelle du Yémen, où une guerre civile sévit depuis bientôt dix ans entre, d’une part, les rebelles houthistes basés dans le Nord du pays mais contrôlant une importante partie du territoire et, d’autre part, le gouvernement légitime reconnu par la communauté internationale et contrôlant le reste du pays (généralement qualifié de Sud du pays).

M. Jean-Noël BONNIEU a tout d’abord rappelé que les opérations militaires menées par la coalition internationale constituée en 2015 autour de l’Arabie saoudite avaient cessé. Si les Émirats arabes unis se sont retirés officiellement du pays en 2019, l’Arabie saoudite, qui ne s’est pas formellement mise en retrait, s’est toutefois de facto désengagée et a négocié en direct avec les forces houthies en vue d’un accord politique entre elles et le Gouvernement pour mettre fin à la guerre.

M. BONNIEU a souligné les difficultés auxquelles fait face le Conseil présidentiel, basé à Aden, dans le Sud du Yémen. Reconnu et soutenu notamment par la France, mais doté de capacités financières limitées et traversé par des factions politiquement divergentes, il s’est avéré jusqu’ici limité dans sa capacité à contenir les Houthis.

Dans ce contexte, une relative volonté de réconciliation est observée, les parties prenantes ne se faisant plus la guerre directement par les armes au profit de négociations politiques et diplomatiques. La médiation entre les belligérants est menée par les Nations unies et son envoyé spécial pour le Yémen, M. Hans GRUNDBERG.

M. Rémi FÉRAUD, président, s’est interrogé sur l’action de la France au Yémen, tant sur le plan militaire que sur celui de l’aide à la stabilisation.

M. Jean-Noël BONNIEU a rappelé que, dans le contexte des attaques des Houthis en mer rouge, le Président de la République n’a pas fait le choix de mener des frappes à terre sur les infrastructures houthies. Plusieurs raisons ont pu motiver cette décision. D’abord, une telle opération risquerait de ne pas apporter des résultats opérationnels probants. Ensuite, l’engagement des forces armées françaises pourrait nourrir le discours des houthis qui instrumentalisent la cause palestinienne à des fins de légitimation. Enfin, une action militaire mettrait à mal une nécessaire désescalade en mer Rouge et dans la région.

La mission Aspides de l’Union européenne (UE) s’est avérée très utile depuis son lancement en février 2024, permettant de défendre des navires civils contre les attaques des houthis. L’avantage de cet « ADN européen » de la France réside dans sa nature strictement défensive, non-escalatoire et multilatérale.

Par ailleurs, le groupe Agence française de développement (AFD), via Expertise France, contribue à la stabilisation du Yémen, à travers un projet soutenant les pêcheurs de la ville de Moukalla. La France appelle au renforcement de l’aide humanitaire au Yémen. À ce titre, le centre de crise et de soutien du MEAE est mobilisé.

M. Rémi FÉRAUD, président, s’est ensuite interrogé sur l’impact sur le commerce international des attaques houthies en mer Rouge, menées depuis le 7 octobre 2023 dans le but affiché de soutenir la cause palestinienne.

Ces actions ont des répercussions à ce stade limitées sur l’économie mondiale, a expliqué M. Jean-Noël BONNIEU, notamment grâce à leur couverture assurancielle[1]. Elles affectent néanmoins l’économie égyptienne et des effets ont été observés en Europe dans certains secteurs industriels.  La France lutte plus globalement contre l’instabilité causée par les houthis dans cette région du Golfe.


[1] Voir l’étude publique n° 339 publiée par la direction générale du Trésor le 19 mars 2024, intitulée : « Perspectives mondiales au printemps 2024 : Une croissance modérée et inégale ».

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