« Plus que jamais, l’Europe a besoin d’un couple franco-allemand »

M. Ronan le Gleut et Mme Anke Rehlinger lors du salut en séance publique

Les groupes d’amitié Allemagne-France du Bundesrat et France-Allemagne du Sénat français se sont réunis à Paris du 29 au 31 octobre 2024. À l’ordre du jour figuraient les énergies renouvelables, le renforcement de l’industrie et de la compétitivité, ainsi que la politique migratoire et de gestion des frontières, sans oublier la coopération dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA).

Pour la partie allemande, ont participé la ministre-présidente du Land de Sarre Anke Rehlinger, le ministre d’État Timon Gremmels, la ministre Bettina Martin, le conseiller d’État Björn Tschöpe, la secrétaire d’État Friederike Haase et le secrétaire d’État David Lindemann.

Pour la partie française, étaient présents, outre M. Ronan le Gleut (Les Républicains – Français établis hors de France), président du groupe d’amitié : Mme Catherine Belrhiti (LR – Moselle), Mme Valérie Boyer (LR – Bouches-du-Rhône), Mme Martine Berthet (LR – Savoie), M. Hussein Bourgi (Socialiste, Écologiste et Républicain – Hérault), M. Christophe Chaillou (SER – Loiret), M. Gilbert Favreau (LR – Deux-Sèvres), Mme Isabelle Florennes (Union Centriste – Hauts-de-Seine), Mme Michelle Gréaume (CRCE - Kanaky – Nord), M. Jean-Raymond Hugonet (LR – Essonne), M. Christian Klinger (LR – Haut-Rhin), Mme Audrey Linkenheld (SER– Nord), Mme Laurence Muller-Bronn (LR – Bas-Rhin), Mme Anne-Sophie Romagny (UC – Marne), Mme Elsa Schalck (LR – Bas-Rhin), M. Jean-Marc Vayssouze-Faure (SER – Lot) et M. Michaël Weber (SER – Moselle).

À l’issue d’échanges nourris, Mme Anke Rehlinger, présidente du groupe d’amitié du Bundesrat et ministre-présidente de Sarre, a constaté que « la coopération franco-allemande est cruciale pour l’Europe, particulièrement en période de crise. Nos rencontres favorisent une meilleure compréhension des points de vue de chacun. Cette compréhension est essentielle pour trouver des compromis et avancer ensemble. »

Le sénateur Ronan Le Gleut, président du groupe d’amitié du Sénat, a lui aussi souligné l’importance des rencontres parlementaires : « Plus que jamais, l’Europe a besoin d’un couple franco-allemand qui regarde en face les défis communs auxquels nous sommes confrontés et surtout qui trouve des solutions concrètes pour le quotidien de nos concitoyens. Nos travaux y contribuent à travers une meilleure compréhension mutuelle et un dialogue fluide et permanent.

Les membres des deux groupes d’amitié

Énergies renouvelables

Lors de leur première séance de travail, les membres des groupes d’amitié se sont penchés sur le sujet des technologies de production d’hydrogène. Mme Rehlinger, dans son discours d’ouverture, a souligné : « L’hydrogène est l’une des clés de l’avenir de l’industrie de notre continent. Ce n’est qu’avec des sources d’énergie durable et des tarifs énergétiques compétitifs au niveau international que nos sites de production pourront perdurer, dans un esprit de souveraineté européenne. »

Les sénateurs et les membres du Bundesrat ont souligné la nécessité d’une infrastructure européenne commune pour l’hydrogène et se sont accordés sur le fait que les opinions divergentes en Allemagne et en France – par exemple au sujet de l’hydrogène d’origine nucléaire – ne devaient pas entraver les progrès communs.

Politique frontalière et migratoire

Le débat sur l’actualité de la politique frontalière et migratoire a surtout porté sur la décision allemande d’introduire des contrôles frontaliers incluant la frontière franco-allemande. Les deux parties ont déploré que la situation sécuritaire actuelle ait conduit à de telles mesures – une évolution d’autant plus regrettable à l’approche du 40e anniversaire de l’accord de Schengen l’année prochaine. Les deux parties espèrent toutefois que, grâce à la réforme du Système européen commun d’asile (SECA), ces contrôles appartiendront de nouveau au passé.

Investissements dans les infrastructures et processus de restructuration industriels

Sur le thème de l’industrie et de la compétitivité, les sénateurs et les membres du Bundesrat sont convenus qu’il ne s’agissait pas d’une concurrence intra-européenne, mais bien de la survie du secteur industriel européen face à la concurrence des États-Unis et de la Chine.

Comme pour de nombreux autres défis auxquels l’Union Européenne est confrontée, il est essentiel, là encore, que l’Allemagne et la France coopèrent et adoptent une position claire. Bien que les deux pays partent de situations financières différentes, il est incontestablement nécessaire d’investir dans les infrastructures et d’avancer dans la restructuration des entreprises industrielles afin d’éviter une hausse des dépenses de transfert à moyen et long terme.

Intelligence artificielle et cybersécurité

Lors de la dernière séance de travail, les groupes d’amitié ont évoqué la coopération dans le domaine de l’IA. La ministre Bettina Martin a déclaré à cette occasion : « Nous avons constaté la nécessité d’agir si nous voulons éviter que l’Europe ne perde son avance à l’échelle internationale. L’IA est aujourd’hui l’un des principaux moteurs d’innovation et de progrès économique. Il est donc crucial pour la science et la recherche européennes de jouer un rôle prépondérant dans le développement et l’application des technologies liées à l’IA. Nous nous accordons pour considérer que les grands défis de l’IA, notamment la question de la cybersécurité et du cadre juridique, ne pourront être relevés qu’à l’échelon européen, et que la France et l’Allemagne, deux nations disposant d’une recherche scientifique forte, jouent un rôle clé en la matière. »

Renforcer la confiance en la démocratie

Outre les thèmes des séances de travail, ont également été abordés lors de la rencontre les enjeux auxquels la démocratie est confrontée dans les deux pays. Lors d’un petit-déjeuner de travail avec le constitutionnaliste Bertrand Matthieu, consacré à la situation politique intérieure française, le débat a surtout porté sur le fait que les partis démocratiques, en France comme en Allemagne, sont confrontés à la montée des extrêmes au moment de la formation de majorités.

De l’avis des membres des deux groupes d’amitié, le plus grand défi actuel est de regagner la confiance des citoyens en la démocratie. Mme Rehlinger s’est montrée convaincue que « la démocratie est exigeante, mais c’est un effort qui en vaut toujours la peine. Notre rôle est maintenant de veiller à ce que les ennemis de la démocratie dans nos pays ne puissent pas se servir d’elle pour l’éliminer. »

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Charlotte Faye
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