Le 19 janvier 2021, le groupe interparlementaire d’amitié France-Afrique de l’Ouest, présidé par M. André Reichardt (Les Républicains – Bas-Rhin), a reçu au Sénat S. E. M. Calixte Batossie Madjoulba, Ambassadeur du Togo en France.

Étaient également présents MM. Bruno Belin (LR – Vienne) et Olivier Cadic (Union Centriste – Français établis hors de France), Mme Marie-Arlette Carlotti (Socialiste, Écologiste et Républicain – Bouches-du-Rhône), MM. Guillaume Chevrollier (LR – Mayenne) et Olivier Cigolotti (UC – Haute-Loire), Mme Hélène Conway-Mouret (SER – Français établis hors de France), MM. Thierry Cozic (SER – Sarthe) et Ronan Dantec (Écologiste - Solidarité et Territoires – Loire-Atlantique), Mmes Nathalie Delattre (RDSE - Gironde) et Nathalie Goulet (UC – Orne), M. Patrice Joly (SER – Nièvre), MM. Joël Labbé (GEST – Morbihan) et Lucien Stanzione (SER – Vaucluse), et Mme Dominique Vérien (UC – Yonne).

S.E. M. Calixte Batossie Madjoulba et les membres du groupe d’amitié

Invité par M. André Reichardt, président, à exposer la situation politique, sanitaire et sécuritaire du Togo, S. E. M. Calixte Batossie Madjoulba a tout d’abord rappelé qu’y ont été organisées des élections législatives en décembre 2018, ayant donné la majorité au président Faure Gnassingbé, puis des élections municipales en juin 2019, après 30 années sans scrutin de ce type, et enfin des élections présidentielles en février 2020, qui ont vu la victoire du président sortant, à une large majorité et pour un quatrième mandat consécutif.

Il a souligné que la révision constitutionnelle de 2019 a modifié les caractéristiques des mandats du Président et des députés : le mandat présidentiel, d’une durée de cinq ans, ne peut désormais être renouvelé qu’une fois, tandis que le mandat des députés, d’une durée de 6 ans, est renouvelable deux fois. Par ailleurs, le pays a connu une féminisation sans précédent de la vie institutionnelle et politique, avec la désignation de femmes aux fonctions de chef du gouvernement, de président de l’Assemblée nationale, de médiateur de la République, de secrétaire de la présidence, de président de la commission des droits de l’homme ainsi qu’à 11 postes ministériels sur les 33 que compte le gouvernement.

En 2021 devraient être organisées des élections régionales, la Première ministre ayant engagé une discussion sur ce point avec les différents partis politiques. La mise en place d’un Sénat, en coopération avec la France, est également prévue. Les relations franco-togolaises sont d’ailleurs extrêmement dynamiques, comme en témoignent les nombreuses visites de ministres et secrétaires d’état français au cours des cinq dernières années, mais également les échanges réguliers entre parlementaires et fonctionnaires des deux pays.

Évoquant ensuite les enjeux sanitaires liés à l’épidémie de Covid-19, S. E. M. Calixte Batossie Madjoulba a expliqué que les mesures énergiques prises par le gouvernement, pour un total de 107 milliards de francs CFA (163 millions d’euros environ), avaient permis de contenir la progression de l’épidémie au Togo.

Prononcé le 2 avril 2020, l’état d’urgence sanitaire a été reconduit plusieurs fois ; il est actuellement en vigueur jusqu’en mars 2021. Si aucun confinement généralisé n’a été décidé à l’échelle du pays, certaines villes et certains cantons ont en revanche été confinés, les populations extérieures restant autorisées à les traverser sous escorte. Un appui financier a été fourni à 600 000 personnes parmi les plus défavorisées. Un laboratoire de tests PCR a été implanté à l’aéroport de Lomé et les tests, gratuits pour les populations locales, ont été rendus obligatoires pour tous les voyageurs.

Le pays, qui ne déplore ainsi que 74 décès depuis l’arrivée de la maladie, a vu toutefois un regain de diffusion du virus au nord du territoire  après les fêtes de fin d’année ; c’est pourquoi un couvre-feu y a été depuis instauré.

Puis S. E. M. Calixte Batossie Madjoulba a fait état des très importants progrès réalisés par le Togo sur le plan économique ces dernières années, grâce aux réformes qui en ont fait le pays désormais le plus attractif de la région, s’appuyant notamment sur le port de Lomé. Les mesures budgétaires prises depuis 2016 ont ainsi permis de contenir à des niveaux soutenables le déficit et la dette publics, dont les deux-tiers sont détenus par des opérateurs togolais. Un nouveau code du travail, entré en vigueur au début du mois de janvier, devrait se révéler très incitatif pour l’activité économique. D’une façon plus générale, la feuille de route présidentielle (« Vision Togo 2025 »), qui fait état de 36 projets se déclinant en 6 axes prioritaires, est mise en œuvre par les ministres conformément aux contrats leur assignant des objectifs ambitieux.

Abordant ensuite la question sécuritaire, S. E. M. Calixte Batossie Madjoulba a reconnu que le Togo, du fait notamment de la menace terroriste dans le Sahel et de l’avancée de celle-ci en direction des côtes, se situait dans une région sous tension, mais qui bénéficiait de la présence de la France. Afin de prévenir ces risques sécuritaires, une force-tampon a été mise en place au nord du pays, en concertation avec les populations locales. Le partage de renseignements s’avère aujourd’hui capital, les ministres de la défense des cinq pays de la zone concernée travaillant de concert en ce sens. Une loi de programmation militaire quinquennale a par ailleurs été adoptée pour la première fois il y a 5 ans.

S.E. M. Calixte Batossie Madjoulba (à gauche) et M. André Reichardt
(à droite)

Indiquant qu’elle avait rédigé en 2020 un rapport d’information sur la zone franc et que le Sénat allait examiner un projet de loi autorisant l'approbation de l'accord de coopération entre la France et les États membres de l'Union monétaire ouest-africaine (UMOA), et rappelant que la convertibilité du franc CFA avait été assurée aux pays de la zone sans que la France n’y ait d’intérêt financier, Mme Nathalie Goulet a interrogé l’ambassadeur sur l’organisation d’un grand débat sur ce thème au sein du Parlement togolais.

Appelant à dépassionner une question qu’il a jugée très technique, mais aussi à éviter confusions et amalgames, S. E. M. Calixte Batossie Madjoulba a indiqué qu’un tel débat allait être en effet mené. Estimant indispensable un accompagnement pédagogique tout au long de la transition du franc CFA vers l’Eco, il a fait observer que son pays était le seul à réunir aujourd’hui les conditions requises pour le passage à cette nouvelle monnaie.

À M. Olivier Cigolotti, qui, après avoir rappelé les nombreuses actions de coopération décentralisée menées entre le Togo et la France, l’avait interrogé sur la sécurisation de la route nationale n°1 (dite « des Titans ») entre le port de Lomé et le Burkina Faso, S. E. M. Calixte Batossie Madjoulba a répondu que cet axe, vital pour le pays et qui devrait être transformé en autoroute, avait fait l’objet de nombreuses mesures de protection par les forces de l’ordre et l’armée, tout comme le port de Lomé, afin de garantir l’intégrité des infrastructures nécessaires au développement économique du pays.

Rapportant avoir assisté, ainsi que M. Guillaume Chevrollier, à l’inauguration du musée de Lomé, implanté dans le palais des gouverneurs, Mme Nathalie Delattre a rapporté les propos du président Gnassingbé qui, lors d’une audience en sa présence, avait évoqué des investissements massifs contre la radicalisation et ses différentes formes d’expression, aussi bien dans les zones rurales – en particulier agricoles – que maritimes notamment.

Soulignant que la lutte contre la radicalisation se jouait au niveau du financement de certaines mosquées, mais également d’organisations non gouvernementales (ONG) ou d’associations, S. E. M. Calixte Batossie Madjoulba a indiqué pour finir que le Togo, fort d’une longue coopération avec la France, restait ouvert à tous les partenariats et tous les investissements, notamment en direction des petites et moyennes entreprises (PME) et des petites et moyennes industries (PMI).

Remerciant S. E. M. Calixte Batossie Madjoulba d’être venu s’entretenir avec les membres du groupe d’amitié, M. André Reichardt, président, a évoqué le déplacement qu’envisageait ce dernier en Afrique de l’Ouest, et notamment au Togo, en 2021, dans la mesure où les conditions sanitaires le permettraient. Enfin, il a souligné le vif intérêt du groupe pour le projet, soutenu par le Président Gérard Larcher, de création d’un Sénat au Togo.

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