Le mercredi 10 avril 2024, M. Bruno BELIN (Les Républicains – Vienne), président du groupe d’amitié France – Afrique de l’Ouest, s’est entretenu avec Mme Danièle GONOD, présidente de l’Association des amis de Ghislaine DUPONT et Claude VERLON, et MM. Christophe BOISBOUVIER, membre du conseil d’administration et journaliste à RFI, et Georges SALON, avocat.
Mme Ghislaine DUPONT, grand reporter à Radio France internationale (RFI), et Claude VERLON, technicien à la même radio, ont été enlevés lors d’un reportage puis tués par balles quelques minutes plus tard, le 2 novembre 2013, à Kidal, au nord-est du Mali, dans le contexte de l’opération Serval visant à chasser les jihadistes qui occupaient le nord du pays et menaçaient de marcher sur la capitale. Leurs corps ont été retrouvés moins d’une heure trente après leur enlèvement par les soldats français partis à la poursuite du commando qui a abandonné son véhicule avant de s’enfuir.
Ces assassinats ont été revendiqués par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), mais les circonstances en sont toujours demeurées incertaines. Il est probable que les envoyés spéciaux auraient été enlevés pour constituer une « monnaie d’échange » dans des négociations avec la France, et que les ravisseurs, dont le pick-up est tombé en panne, se sont résolus à les exécuter avant de fuir, sachant les militaires français à leurs trousses.
L’Association des Amis de Ghislaine DUPONT et Claude VERLON a pour objet de contribuer à établir la vérité des faits dans ce dossier, d’obtenir justice et d’entretenir la mémoire des défunts. Elle s’est constituée partie civile en 2018 dans l’instruction déjà ouverte devant la justice française, comme la législation l’y a autorisée en 2016.
Le juge d’instruction Marc TRÉVIDIC, saisi de l’affaire en 2014, avait demandé en 2015 la levée du secret défense sur les pièces du dossier.
Le juge antiterroriste Jean-Marc HERBAUT, qui avait pris sa suite cette même année, avait pu se rendre à Bamako en février 2018, mais n’avait pu aller à Kidal pour des raisons de sécurité. Il avait en revanche obtenu des informations, notamment des données téléphoniques (« fadettes ») des personnes impliquées dans l’enlèvement et l’assassinat, qui avaient permis de faire avancer l’enquête en établissant notamment l’implication du Mouvement national de libération de l’Azawad (MLNA) – avec lequel la France a dialogué – aux côtés de l’AQMI, une certaine porosité existant entre les deux organisations.
Les questions écrites posées par des parlementaires au gouvernement afin d’obtenir des éclaircissements sur les circonstances du drame se sont heurtées, chaque fois, au principe de séparation entre pouvoirs judiciaire et exécutif.
Toutefois, la France s’étant retirée militairement du Mali et aucune source potentielle d’information n’étant donc plus à protéger, les représentants de l’association estiment qu’il existe aujourd’hui une « fenêtre d’opportunité » dans l’instruction du dossier. De plus, l’un des quatre membres du commando identifiés est toujours vivant, tout comme l’un des deux commanditaires en la personne de Sedane AG HITTA, l’un des responsables d’AQMI.
En 2023, à l’occasion de la journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, dont la France a obtenu qu’elle soit fixée un 2 novembre, date de l’assassinat de Ghislaine DUPONT et Claude VERLON, le Président MACRON s’était à avancer sur la levée du secret-défense lors d’un échange avec des représentants de l’association. Ces derniers ont ensuite rencontré son conseiller justice, le magistrat Xavier Ronsin.
L’avocate de l’association a donc déposé une nouvelle demande de déclassification des pièces du dossier et de levée du secret-défense, qui fera l’objet d’un examen par la commission du secret de la Défense nationale. Les trois demandes en ce sens déjà déposées au cours de la décennie de procédure se sont toutefois révélées quasi entièrement infructueuses, la majorité des documents fournis par le ministère de la Défense étant en grande partie inexploitables.
L’association a par ailleurs sollicité une audition auprès de M. Jean-Yves LE DRIAN, ministre de la Défense à l’époque des faits.
Contact :
M. Xavier DUPRIEZ
01.42.34.32.06 – Courriel : x.dupriez@senat.fr