Le 25 juin, le groupe d’amitié France-Québec a reçu Mme Christine Saint-Pierre, Ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Québec, pour un entretien auquel ont participé M. Jean-Claude Carle, président du groupe d’amitié, vice-président du Sénat, et M. Louis Duvernois, membre du groupe.
En préambule, M. Jean-Claude Carle a rappelé l’excellence des relations entre le Sénat français et l’Assemblée nationale du Québec, mentionnant en particulier les sujets évoqués lors des précédentes sessions interparlementaires : formation professionnelle, mobilité étudiante, développement des forêt et de la filière bois, préservation du patrimoine culturel, etc.
Cet entretien a été l’occasion d’échanger sur plusieurs sujets d’intérêt commun :
1. La ministre a tout d’abord fait état de l’avancement du « Plan Nord » et de la participation des entreprises françaises à ce grand projet de développement mis en chantier par l’ancien Premier ministre, M. Jean Charest. Elle a également fait mention d’un autre grand projet annoncé par le Premier ministre, M. Philippe Couillard, sur la « Stratégie Maritime » du Québec, visant à exploiter le potentiel du fleuve Saint-Laurent, en développant les infrastructures portuaires et de transports. L’existence de partenariats anciens entre les entreprises françaises et québécoises devrait permettre aux entreprises françaises d’être bien positionnées pour travailler sur ces grands projets.
2. Puis, M. Louis Duvernois a évoqué la succession d’Abdou Diouf au poste de secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Confirmant l’annonce faite la veille, le 24 juin, lors de la réception offerte par la Délégation générale du Québec à l’occasion de la Fête nationale du Québec, la ministre a plaidé en faveur de la candidature de Mme Mickaël Jean, québécoise, ancienne journaliste, qui fut également Gouverneur générale du Canada et Grand témoin lors des Jeux Olympiques de la Francophonie, et qui occupe aujourd’hui le poste de Chancelière de l’Université d’Ottawa, tout en étant très impliquée sur le plan humanitaire auprès des femmes et des enfants à Haïti, dont elle est originaire. Outre ses qualités personnelles et son parcours, la ministre a fait valoir l’avantage et le puissant message symbolique que représenterait l’accession d’une femme à ce poste.
M. Louis Duvernois s’est enquis auprès de Mme Saint-Pierre du sens de cette candidature qui rompt avec la tradition, laquelle prévoit habituellement de réserver le poste de Secrétaire Général à une personnalité africaine. Il a également demandé confirmation du soutien canadien de cette candidature s’interrogeant dans le même temps de l’avenir de M. Clément Duhaime, administrateur général de l'OIF, placé auprès du Secrétaire général actuel. La ministre a dit avoir rencontré M. Abdou Diouf à ce sujet, pour l’informer et le convaincre de la pertinence de cette candidature. En réponse à la question posée par M. Duvernois sur le sens de cette candidature, Mme Saint-Pierre a confirmé que le Canada s’inscrit dans le cadre d’une démarche de candidature ouverte, sachant que d’autres candidats se sont déjà déclarés. Elle a confirmé le soutien unanime du Canada apporté à la candidature de Mme Jean, qu’il s’agisse du Gouvernent fédéral de M. Harper ou des deux Gouvernements participants du Nouveau- Brunswick et du Québec. S’agissant de l’avenir de M. Duhaime, M. Michel Robitaille, Délégué général du Québec, sherpa du Premier ministre du Québec auprès de l’OIF, est convenu que si le nouveau Secrétaire général devait être originaire d’un pays du Nord, il serait naturel que le poste d’administrateur général échoie à un pays du Sud. M. Duhaime assurerait une courte transition et se verrait proposer un nouveau poste au Québec.
Parmi des candidats potentiels, M. Duvernois a cité M. Bertrand Delanoë, ancien Maire de Paris et, lui aussi "d'origine africaine", tunisienne, en l'occurrence, en réponse à l'affirmation de la ministre québécoise qui venait de considérer que la candidature soutenue par le Canada était également "d'origine africaine et haïtienne". M Michel Robitaille a fait valoir que les différents opérateurs de l'OIF (AIMF, TV5Monde, AUF, etc..) étaient déjà dirigés par des Français. Il serait donc naturel de trouver un nouvel équilibre.
3. Enfin M. Louis Duvernois a rappelé son attachement au développement de la mobilité étudiante entre le Québec et la France, dont les deux piliers sont la reconnaissance mutuelle des diplômes et des métiers et l’Entente intergouvernementale de 1998 relative aux tarifs préférentiels appliqués aux étudiants français dans les universités québécoises.
S’agissant de l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Entente sur la reconnaissance mutuelle des diplômes et des métiers, le sénateur a émis le vœu qu’un suivi soit assuré au niveau du Gouvernement du Québec dans la droite ligne des actions mises en œuvre par le précédent Gouvernement libéral de M. Charest, dont M. Duvernois a rappelé la grande implication sur ce dossier. Il a suggéré la tenue d’une conférence de presse conjointe afin de dresser un bilan positif de l’application de cette Entente et de susciter l’intérêt de la presse et de l’opinion sur ce sujet souvent critiqué dans la mise en œuvre. Mme Saint-Pierre s’est montrée tout à fait favorable à cette proposition, considérant des avancées dans plusieurs professions et autres corps de métier, en dépit des difficultés réelles d'application, comme par exemple chez les vétérinaires et les psychologues.
S’agissant des frais de scolarité, Mme Saint-Pierre a rappelé que le nouveau Gouvernement de M. Couillard, hérite de la situation laissée par son prédécesseur, Mme Marois, qui avait prévu d’aligner le tarif des frais de scolarité des étudiants français sur ceux des ressortissants Canadiens non Québécois, soit quelque 6.000 dollars canadiens au lieu de 2.200 CAD. Ce nouveau dispositif, en cours de négociation avec la partie française, devrait prévoir un certain nombre de bourses d’exemption et le maintien du tarif actuel pour les étudiants en cours de cursus (clause « grand-père »), pour le seul cycle suivi. La ministre a fait valoir l’ouverture et la bienveillance du Gouvernement québécois vis-à-vis de la France dans ce dossier, souhaitant que les négociations puissent se dérouler dans un contexte apaisé et regrettant les pressions exercées par certains élus français revendiquant des "droits acquis" pour le maintien des frais de scolarité au tarif actuel, inchangé depuis 1978. La ministre a souligné qu'il s'agissait de gestion de fonds publics du Québec dont les modalités seules "peuvent être discutées".
La ministre des Relations Internationales et de la Francophonie du Québec s'est également dite "surprise" d'apprendre par des élus français que dans le contingent d'étudiants français du Québec, en croissance régulière, bon nombre venait des Etats-Unis, du réseau de l'enseignement français à l'étranger, et étaient double-nationaux "américains et français".
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- Anne-Laure Saint-Dizier
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