Groupe France-Turquie

L’assemblée générale du groupe France – Turquie du Sénat s’est tenue mardi 19 janvier 2021.

M. Jean-Claude Requier (Lot, RDSE), président du groupe, a souligné que son renouvellement coïncidait avec la nomination d’un nouvel Ambassadeur de Turquie en France, M. Ali Onaner, âgé de 47 ans. Ce dernier, parfaitement francophone, diplômé du lycée français Charles de Gaulle (Ankara), puis de Sciences économiques et sociales à l’Université de Genève, est également un ancien camarade de promotion de l’ENA (2002-2004) du président français, Emmanuel Macron. Il était en poste à Tunis mais avait déjà été deuxième secrétaire puis premier secrétaire à Paris, de 2002 à 2004, et conseiller puis ministre-conseiller de 2012 à 2017.

Il a formulé le vœu d’une relation nouvelle et apaisée. En effet, la relation bilatérale franco-turque a été très tendue depuis plusieurs mois, à tel point que Paris a rappelé son ambassadeur fin octobre 2020, après que Recep Tayyip Erdoğan, le président turc, a mis en question "la santé mentale" d’Emmanuel Macron. Les deux présidents, français et turc, se sont écrits en début d’année, avec une volonté de reprendre le dialogue. Ankara et Paris ont en outre décidé d’approfondir les échanges dans certains domaines comme la lutte antiterroriste ou encore la Syrie et la Libye.

Le président Requier a évoqué la situation préoccupante de l’économie turque, avec la chute de la livre turque, une baisse de 25% du pouvoir d’achat, une crise de la dette, un chômage massif des jeunes (25%) lesquels sont en partie pro-occident, qui ont conduit à la démission le 8 novembre dernier du ministre des Finances, par ailleurs gendre du président Erdogan. La gestion de l’économie et de la pandémie sont en réalité passées au second plan par rapport à la défense des intérêts géopolitiques du pays. Or, la nouvelle administration américaine, vraisemblablement moins bien disposée à son égard, ne lui permettra sans doute pas de nouveaux achats militaires à la Russie, comme les S-400, ce qui pourrait le modérer dans son offensive contre les Kurdes, qui disposent de relais aux Etats-Unis.
Il résulte de cette situation une volonté d’apaisement qui s’est manifestée dans les vœux du président turc au 12 janvier dernier : il a souhaité « remettre sur les rails » les relations entre la Turquie et l'Union européenne, traversées par de fortes tensions sur de nombreux dossiers, notamment l'exploration d'hydrocarbures en Méditerranée orientale, dans des zones maritimes disputées avec la Grèce et Chypre. Des négociations avec la Grèce en vue de régler leur dispute au sujet de l'exploration d'hydrocarbures en Méditerranée orientale devrait s’ouvrir à Istanbul le 25 janvier prochain.

Lors d’un entretien avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président Erdogan avait déjà préparé le terrain en déclarant que « l’avenir de la Turquie est en Europe », tandis que son ministre des Affaires étrangères affirmait quelques jours plus tôt que la Turquie était prête à « normaliser » ses rapports avec la France.

M. Pascal Allizard a estimé que la Turquie disputait aux saoudiens le leadership de l’opinion musulmane et a relaté son implication en Libye, qu’il a évoquée avec le M. Aguila Saleh, Président du Parlement de Tobrouk, lors de son audition par la commission des Affaires étrangères du Sénat, mardi 12 janvier 2021.

Le président Requier a considéré que, dans ces circonstances, le groupe d’amitié du Sénat aura un rôle à jouer dans ce dialogue avec cette puissance régionale, qui sécurise le flanc oriental de l’Europe, qui se veut un être un pont entre l’Occident et le Moyen-Orient, et qui est également un pays traumatisé par l’Histoire.

Il a indiqué qu’il proposerait prochainement au groupe d’amitié un entretien en visioconférence avec le nouvel Ambassadeur de Turquie.

• M. Bernard RULLIER
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