Le lundi 24 juin 2024, le Sénat a accueilli Mme Lia QUARTAPELLE, Vice-Présidente de la commission des affaires étrangères et communautaires de la Chambre des Députés italienne, au titre du Programme d'invitation des personnalités d’avenir du ministère de l'Europe et des affaires étrangères.

Mme QUARTAPELLE s'est longuement entretenue avec M. Hervé MARSEILLE, Président du groupe interparlementaire d’amitié France-Italie et Président du groupe Union centriste. Les échanges ont largement porté sur la situation politique inédite que connaît la France depuis la dissolution de l’Assemblée nationale au soir des élections européennes du 9 juin. Les résultats de ces élections traduisent un affaiblissement de la France et de l'Allemagne dans l'Union européenne, alors que le gouvernement italien en est sorti renforcé. Selon Mme QUARTAPELLE, les élections législatives françaises sont très attendues en Europe ; elles apparaissent comme un "moment de vérité" dans un paysage politique caractérisé par la forte polarisation du débat, phénomène qu'elle a considéré à la fois "étonnant et inquiétant".

M. Hervé MARSEILLE a fait observer que les élections européennes avaient été marquées par la prégnance d'enjeux nationaux, et pas seulement en France, ce qu'il a regretté, même si ce n'est pas nouveau. Le fonctionnement de l'Union européenne reste méconnu en France ; elle est perçue comme une source de contraintes. Dans un contexte politique déjà difficile, où la volonté des électeurs de sanctionner le chef de l’État et le gouvernement était forte, cela s'est traduit par un vote important en faveur de formations politiques extrémistes. Le Président de la République en a tiré la conclusion qu'il devait dès lors dissoudre l'Assemblée nationale, eu égard à ces mauvais résultats électoraux, à l'existence d'une majorité relative et au risque d'une motion de censure évoquée sur le vote du budget à l'automne, après avoir écarté d'autres solutions politiques telles qu'une coalition. Les sondages laissent apparaître une tripartition à l'Assemblée nationale à l'issue des élections législatives, mais il est difficile d'en anticiper les résultats, d'autant plus qu'il pourrait y avoir de nombreuses triangulaires à l'issue du premier tour. 

Les deux parlementaires ont ensuite évoqué la vie politique italienne, marquée par un gouvernement de droite solidement soutenu, un émiettement de la gauche et un recul du Mouvement 5 étoiles. Les deux pays ayant un système politique très différent, les conséquences des évolutions politiques ne sont pas du tout les mêmes. Il est probable qu'un gouvernement de droite nationaliste en France créerait des ponts avec le gouvernement italien actuel, même si Giorgia MELONI est proche des États-Unis et du Royaume-Uni et soutient clairement l'Ukraine. Par ailleurs, son gouvernement a régularisé de nombreux immigrés et bien accueilli les fonds du plan de relance européen. Il est également probable qu'un rapprochement franco-italien aurait des conséquences à Bruxelles, notamment au détriment des politiques environnementales, impopulaires dans l'opinion publique. Des mesures symboliques dans les domaines des migrations et de la sécurité pourraient également être prises. 

Xavier DUPRIEZ – Tél : 01.42.34.32.06 – Courriel : x.dupriez@senat.fr