SÉANCE

du mercredi 16 octobre 2024

7e séance de la session ordinaire 2024-2025

Présidence de M. Gérard Larcher

Secrétaires : Mme Catherine Di Folco, Mme Véronique Guillotin.

La séance est ouverte à 15 heures.

Le procès-verbal de la précédente séance, constitué par le compte rendu analytique, est adopté sous les réserves d'usage.

Hommage à M. Louis Mermaz, ancien sénateur

M. le président.  - (Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que Mmes et MM. les membres du Gouvernement, se lèvent.) C'est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris, le 15 août dernier, la disparition de Louis Mermaz à l'âge de 92 ans.

Sénateur de l'Isère pendant dix ans, de 2001 à 2011, Louis Mermaz fut un témoin privilégié et un acteur de premier plan de la vie politique de la Ve République.

Mes premiers mots iront à sa famille ainsi qu'à toutes celles et à tous ceux qui ont partagé ses engagements et l'ont accompagné tout au long de sa vie, jusqu'à ses obsèques qui se sont déroulées le jeudi 22 août en l'église Saint-Pierre de Limours et auxquelles j'étais moi-même présent.

Ce professeur agrégé d'histoire fut un fidèle parmi les fidèles de François Mitterrand. Il écrira dans ses mémoires : « J'avais été dès le début attiré par le rayonnement de François Mitterrand, parce qu'il était porteur d'une ambition pour le pays. Avec lui, je savais que je contribuais à l'accomplissement de mes rêves. »

Il sera à ses côtés dès 1957 au sein de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR). En 1965, il est un de ses premiers soutiens lors de la campagne présidentielle, puis est élu député de l'Isère en 1967. En 1971, après le congrès d'Épinay, il devient membre de la direction nationale du parti socialiste en charge des fédérations.

Louis Mermaz sera au coeur des campagnes présidentielles de 1974 et 1981. Après l'élection de François Mitterrand le 10 mai 1981 et les élections législatives qui suivirent, il est élu président de l'Assemblée nationale. Il souhaite alors garantir le rôle du Parlement face à l'exécutif et lui rendre « ses droits et sa dignité ».

Cet homme discret s'imposa comme une figure incontournable de l'État, en alternant de hautes responsabilités à l'Assemblée nationale et des fonctions ministérielles, dans les gouvernements de Pierre Mauroy, de Michel Rocard, d'Édith Cresson et de Pierre Bérégovoy.

En parallèle de son ascension politique à l'échelon national, Louis Mermaz cultiva son ancrage local en devenant maire de Vienne, mandat qu'il exerça pendant trente ans, de 1971 à 2001, puis conseiller général de l'Isère, qu'il présida de 1976 à 1985, et conseiller régional de Rhône-Alpes. En tant qu'élu local, Louis Mermaz n'eut de cesse de dénoncer, de la part de l'État, « une politique qui [...] conduit de plus en plus à l'apparition de petits déserts administratifs ». Des années plus tard, il trouvera au Sénat nombre de soutiens sur toutes les travées à cette cause qui lui tenait à coeur.

Élu sénateur de l'Isère, il siégea à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées jusqu'à son retrait de la vie politique en 2011. Il fut également membre de la commission d'enquête sur l'immigration clandestine en 2006 et participa avec passion et opiniâtreté aux débats en séance sur tous les projets de loi relatifs à l'immigration, à l'intégration et au droit d'asile, sujets qui furent le point focal de son mandat sénatorial.

Sa très grande culture politique fut précieuse à notre assemblée. Au-delà de l'homme d'État, nous garderons dans nos mémoires le souvenir d'un homme affable, doté d'un esprit vif et d'un compas moral inébranlable. Il laisse le souvenir d'un homme fidèle, tant dans ses convictions que dans ses amitiés - il fut également fidèle au Sénat : il ne manquait jamais les voeux de début d'année, jusqu'à peu encore.

Au nom du Sénat, je souhaite exprimer notre sympathie attristée et nos sincères condoléances à son épouse Annie et à sa fille Laure, ainsi qu'aux membres du groupe SER et à tous ceux qui ont partagé ses engagements - j'ai évoqué nombre de Premiers ministres qui ont siégé aussi au Sénat. (Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que Mmes et MM. les membres du Gouvernement, observent un instant de recueillement.)

M. Michel Barnier, Premier ministre.  - Monsieur le président du Sénat, le Gouvernement s'associe à ce moment de recueillement et à cet hommage que vous avez rendu si justement à la mémoire de Louis Mermaz.

Nous nous sommes connus ; nous étions voisins : lorsqu'il présidait le conseil général de l'Isère, je présidais celui de Savoie. J'avais beaucoup de respect pour lui, c'était un grand monsieur, un homme d'État, qui avait autant d'humour que de rigueur.

Il avait aussi cette grande qualité de la fidélité politique. Il fut l'un des tout premiers compagnons de François Mitterrand, avec lequel il partageait ses convictions socialistes, ainsi que sa passion de l'histoire et de la littérature. Nous partageons votre peine, mesdames et messieurs les sénateurs, ainsi que celle de sa famille et de ses proches.