Prorogation de l'état d'urgence sanitaire (Procédure accélérée)
Mme la présidente. - L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée, prorogeant l'état d'urgence sanitaire.
Nominations à une éventuelle CMP
Mme la présidente. - J'informe le Sénat que des candidatures pour siéger au sein de l'éventuelle commission mixte paritaire chargée d'élaborer un texte sur les dispositions du projet de loi restant en discussion ont été publiées.
Ces candidatures seront ratifiées si la Présidence n'a pas reçu d'opposition dans le délai d'une heure prévu par notre Règlement.
Discussion générale
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé . - Ce n'est pas la première fois que je viens devant vous pour défendre un texte sur l'état d'urgence sanitaire : c'est la sixième fois en dix mois.
Les mesures de police sanitaire telles que le couvre-feu, le port du masque, la limitation des rassemblements luttent efficacement contre la pandémie et limitent significativement la circulation du virus.
J'ai conscience des efforts extraordinaires demandés aux Français, mais la dynamique actuelle et les variants imposent de renforcer les actions de freinage, les capacités de séquençage du virus, le déploiement de kits PCR multiplex ciblant les différents variants connus, le renforcement des mesures de contact tracing et l'isolement, avec des infirmières à domicile, pour les cas positifs au variant.
La loi du 14 novembre 2020 a fixé la fin de l'état d'urgence sanitaire, déclaré le 17 octobre, au 16 février 2021, mais la situation sanitaire nous amène à vous demander une prorogation de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 1er juin. J'entends les critiques sur ces longs délais. J'ai noté que la commission des lois proposait une autre date : nous allons en débattre. L'Assemblée nationale a supprimé l'article 3 qui étendait jusqu'au 30 septembre le régime de sortie de l'état d'urgence sanitaire - le Gouvernement l'a entendue. Il se présentera devant le Parlement avant la fin de l'état d'urgence pour déterminer le régime opportun à adopter.
La date du 1er juin nous semble cohérente. Elle laisse le temps nécessaire à la campagne de vaccination pour produire ses effets et permet au Parlement de continuer à s'exprimer sur la stratégie sanitaire.
Le Gouvernement propose ainsi de reporter au 31 décembre 2021 la caducité de l'état d'urgence sanitaire, aujourd'hui fixée au 1er avril.
Le texte présenté en décembre sur le régime de l'état d'urgence sanitaire a été retiré de l'ordre du jour du Parlement et sera présenté à nouveau après la crise.
Sur la mise en oeuvre des systèmes d'information de lutte contre l'épidémie, votre commission des lois a retenu le 1er août plutôt que le 31 décembre, proposé par le Gouvernement. Ces systèmes sont indispensables à la stratégie d'isolement et au suivi de l'épidémie. Le décret du 20 janvier a mis en place le tracing à la japonaise pour identifier les lieux et les situations à risque de contamination et un accompagnement sanitaire et social pour les personnes touchées. Si l'on devait supprimer tous les outils de contact tracing en août, je serais extrêmement embarrassé. J'espère de toutes mes forces que nous aurons alors vacciné un maximum de Français mais je ne suis pas sûr que la crise sera derrière nous.
Je suis ouvert à la discussion sur l'encadrement de ce régime d'exception, afin que nous puissions lutter dans la durée. (Applaudissements sur les travées du RDPI)
M. Philippe Bas, rapporteur de la commission des lois . - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) La situation sanitaire est grave. Après plusieurs semaines de couvre-feu à 20 heures puis à 18 heures, après le reconfinement de l'automne dans certains territoires puis partout, force est de constater que la dynamique de l'épidémie n'a pu être cassée, malgré les efforts des Français et des autorités sanitaires. La question se pose d'un reconfinement généralisé.
Chacun d'entre nous doit prendre ses responsabilités et trouver une bonne position sur cette ligne de crête : trop de restrictions mettent en péril l'économie, le moral des Français, voire leur santé psychique, en particulier chez les plus jeunes et les plus âgés ; trop peu de restrictions mettent en péril la vie des plus vulnérables. Nous nous sommes efforcés de vous aider à tenir cette ligne de crête, monsieur le ministre. Notre approche démocratique est la suivante : qu'y-a-t-il de gênant pour le Gouvernement à revenir régulièrement devant la représentation nationale et à s'y adosser ?
Aujourd'hui, la situation justifie de prolonger l'état d'urgence sanitaire au-delà du 16 février. Je vous livre les chiffres du 23 janvier : 24 000 contaminations par jour ; un indicateur de reproduction de 1,1 - ce n'est pas une explosion, mais c'est excessif - taux d'occupation des lits de réanimation de 57 % - ce qui pose problème pour le traitement d'autres malades.
Même si les vaccinations progressent, leur rythme ne suffit pas, malgré la discipline des Français, à enrayer la progression de l'épidémie.
C'est à regret que je dois vous dire que notre responsabilité est d'accepter la prorogation de l'état d'urgence sanitaire - mais pas à n'importe quel prix.
Monsieur le ministre, j'ai décelé une ouverture dans vos propos et vous en remercie. Notre ligne est constante - le Sénat est sans surprise : responsabilité et vigilance, par la voie d'une seule exigence, celle du contrôle parlementaire.
Quel que soit le gouvernement, nous ne voulons pas signer de chèque en blanc. Nous ne voulons pas que vous soyez plus de deux mois et demi sans revenir devant nous. Avez-vous conscience qu'aucun ministre de l'Intérieur n'a jamais pu autant restreindre les libertés ? Dans un vieil État de droit, nous ne pouvons en prendre l'habitude sans un contrôle effectif du Parlement. Si vous avez besoin de prolonger les mesures, ne doutez pas que le Sénat sera au rendez-vous, en responsabilité.
Si, dans les jours qui viennent, l'exécutif décide un reconfinement, nous vous demandons de revenir vers nous s'il doit durer plus d'un mois.
En résumé, le régime d'état d'urgence sanitaire ne doit pouvoir être activé que pendant deux mois et demi sans revenir devant le Parlement et le confinement ne doit pouvoir durer qu'un mois sans autorisation parlementaire. Cela vous paraît-il exorbitant, monsieur le ministre ? (« Non ! » sur les travées du groupe Les Républicains)
Je souhaite vivement que nous aboutissions à un accord. Cette discipline est de plus en plus difficile à supporter par les Français. Si le Sénat, tête de pont des collectivités territoriales, accompagne votre politique, elle sera mieux comprise par les Français. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)
M. Philippe Bonnecarrère . - (Applaudissements sur quelques travées du groupe UC) Chacun est conscient de la gravité de la pandémie. Pourquoi proroger l'état d'urgence, alors que l'exécutif détient déjà presque tous les pouvoirs exceptionnels ?
J'avais préparé quelques visuels, mais je ne puis les diffuser. Je souhaitais vous présenter les six décisions d'état d'urgence concernant la lutte contre le terrorisme ; les six décisions d'état d'urgence sanitaire ; une frise montrant que de 2015 à 2021, nous avons vécu les deux tiers du temps en état d'urgence. Il est semi-permanent. L'exception devient la règle... C'est un danger pour notre démocratie et pour nos institutions.
Notre régime présidentiel, avec des élections législatives découlant de l'élection du Président de la République, est devenu hyper-présidentiel et vertical. Ce tête-à-tête entre un Président de la République qui décide seul et est seul responsable, et nos concitoyens, est dangereux.
M. Loïc Hervé. - Bien sûr !
M. Philippe Bonnecarrère. - Monsieur le ministre, vous nous proposez un intérêt supérieur dont seul l'exécutif serait le porteur. Le Parlement et la société civile n'ont plus rien à dire. Le Président de la République a déploré que notre pays comporte soixante-six millions de procureurs : il a raison, mais vous ne pouvez pas être le procureur d'une décision à laquelle vous avez été associé ! La question de l'acceptabilité des mesures sanitaires est posée.
L'Union centriste veut faire deux propositions. Pour cela, il faut clarifier le sens du vote ; celui d'aujourd'hui ne concerne pas un troisième confinement éventuel, mais une boîte à outil à la disposition du Gouvernement pour lutter contre la pandémie.
Notre première proposition est de soumettre au Parlement la décision sur un troisième confinement. Nous verrons alors s'il y a union sacrée. Cela rendrait la décision beaucoup plus forte et plus crédible et changerait tout sur l'acceptation de la décision par nos concitoyens.
Vous pensez peut-être que vous n'avez pas le temps de saisir le Parlement. Si le Président de la République estime que nous avons encore une semaine, nous aurons bien 48 heures pour cette procédure.
Notre deuxième proposition concerne le « quoi qu'il en coûte », décision forte du Président de la République, qui a rassuré nos concitoyens. Aujourd'hui, ce choix est devenu anxiogène, en raison des difficultés sociales, psychologiques, sanitaires des Français, et de l'isolement des aînés. Nous proposons de voter sur la sortie de cette stratégie. Ce serait le moyen le plus sûr de nous projeter sur la sortie d'un jour sans fin. (Applaudissements sur les travées du groupe UC)
M. Loïc Hervé. - Excellent !
Mme Marie-Pierre de La Gontrie . - (Applaudissements sur les travées du groupe SER) Nous voici réunis pour le sixième projet de loi concernant l'état d'urgence sanitaire. Monsieur le ministre, vous proposez une nouvelle reconduction : le rapporteur Bas a rappelé avec raison que quelles que soient nos contestations sur les modalités, nous avons toujours été à vos côtés et aux côtés des Français. Nous ne nous sommes jamais éloignés de notre responsabilité.
Mais nous tentons, avec un succès modéré, de convaincre le Gouvernement d'enserrer davantage les restrictions aux libertés publiques. Je salue le retrait du texte de décembre et la suppression de l'article 3 par l'Assemblée nationale. Mais la date à laquelle nous nous reverrons est trop lointaine.
Si nous insistons sur ce point, c'est que nous sommes dans la fatigue de la démocratie, dans une lassitude extrême de nos compatriotes, dont beaucoup nous demandent de ne pas voter ce texte.
Le vaccin a donné de l'espoir. Les Français sont prêts au sacrifice, mais je crains une réaction de refus.
Dans notre rôle, nous pouvons vous accompagner. Appuyez-vous sur les élus locaux. Les mesures doivent être adaptées en fonction des territoires, notamment leur urbanisation et leur démographie. Les villes denses telles que Paris et les villes de 2 000 habitants doivent-elles se voir appliquer le même couvre-feu ? Nous vous ferons des propositions.
Nous approuvons la prorogation de l'état d'urgence sanitaire, telle que limitée par la commission des lois. Nous nous abstiendrons sauf si le Sénat votait certains de nos amendements. (Applaudissements sur les travées du groupe SER)
M. Stéphane Ravier . - Il y a onze mois, le couple Macron se rendait au théâtre malgré le coronavirus et les masques ne servaient à rien. Il suffisait de tousser dans son coude pour lutter contre l'épidémie.
Il ne manque plus que : « Nous vaincrons car nous sommes les plus forts. » Votre impréparation et votre grand mensonge ont déjà tué 74 000 Français. Voilà dix mois que l'état d'urgence est instauré et que vous êtes en retard, en contradiction, dans l'hésitation permanente. Dernier mort en date, me concernant : Roland, mon médecin de famille. C'est un proche que j'ai perdu. Votre gestion désastreuse a conduit à son décès. Roland est tombé au champ de votre déshonneur. (Protestations sur diverses travées)
M. Jean-Pierre Sueur. - Il est scandaleux de rendre le ministre responsable de ce décès !
M. Stéphane Ravier. - La gauche, laissez-moi parler ! Notre liberté et notre démocratie sont confinées.
L'économie est sacrifiée. Écoutez plutôt les élus locaux ! Notre déficit budgétaire a doublé et notre dette, vertigineuse, atteint 120 % du PIB. Il serait cocasse qu'un Président de la République sorti fraîchement de Rothschild mène la France à la banqueroute ! (M. Loïc Hervé réprouve.)
Tout est interdit ! Consommer, travailler, circuler, débattre, prier, et bientôt parler. Cela n'empêche pas l'épidémie de se développer ni Emmanuel Macron d'insulter les Français qu'il est censé protéger, alors qu'ils respectent scrupuleusement vos recommandations et perdent leur emploi, leur entreprise, leur liberté, pour certains d'entre eux leurs proches.
Vous souhaitez prolonger encore l'état d'urgence sanitaire. Dans six mois, vous demanderez six mois de plus. Vous incarcérez le présent et hypothéquez l'avenir. Il nous faut retrouver notre liberté. Pour moi, ce sera non !
M. Claude Malhuret . - Le 17 décembre 2020, quand la France était soi-disant peuplée d'anti-vaccins, je disais qu'il fallait plutôt craindre de ne pouvoir répondre à la demande. Je n'avais alors pas convaincu. Voltaire disait qu'il est dangereux d'avoir raison quand le roi a tort ; aujourd'hui, il est inutile d'avoir raison quand Twitter a tort.
Seulement 2,5 % des Français sont opposés aux vaccinations pour leurs enfants et, alors que l'on avait commandé une fois et demie plus de vaccins contre la grippe que l'an dernier, en octobre, les stocks ont été dévalisés en dix jours. Les Français avaient seulement besoin d'informations.
Dans notre monde hystérisé, les critiques mutent aussi vite que les virus. C'est désormais la lenteur de la vaccination qui est dénoncée, souvent par ceux-là mêmes qui reprochaient que l'on ne prenne pas assez de précautions. Il est tellement agréable de mettre un bâton dans les roues de la charrette pour mieux se plaindre qu'elle n'avance pas !
Désormais, tous veulent être vaccinés. La campagne patine partout à cause de la livraison insuffisante des doses. Il est cependant déjà miraculeux de disposer d'un vaccin au bout d'un an.
J'ai du mal à hurler avec les loups et encore plus avec les ânes. Nous sommes tous des ânes face à ce virus qui n'a cessé de nous surprendre : les pays autrefois épargnés - je pense notamment à l'Allemagne - paient désormais un lourd tribut. Les déterminants de l'extension de l'épidémie vont bien au-delà de l'application des mesures de protection. Nous ne les comprenons pas, pas plus que nous ne pouvons prévoir les mutations. Face à tant de difficultés et d'incertitudes, il semble au médecin que je suis que le premier impératif est de faire face à cette crise avec un minimum d'unité nationale. C'est le cas. Le seul désaccord porte sur 25 jours de prorogation. Ce n'est pas insurmontable et je me réjouis que ce texte soit largement voté.
Les Français ressentent une profonde lassitude. Leur préoccupation est ailleurs : comment se protéger du virus et survivre à la crise économique ?
Les professeurs Lévy et Delfraissy ont rappelé que, contrairement à ce qui se passe dans les contes de fées, le gentil vaccin ne nous délivrera pas du méchant virus à l'été. Nous vivrons longtemps avec lui. C'est la vérité. Mais les extraordinaires progrès scientifiques nous donnent la certitude que nous nous en sortirons. Après quarante ans et 30 millions de morts, le Sida n'a toujours pas de vaccin.
« Du sang, de la sueur et des larmes », prédisait Churchill en 1940. L'époque ne nous demande pas les mêmes sacrifices. Montrons-nous à la hauteur. (Applaudissements sur les travées des groupes INDEP, RDSE, RDPI, ainsi que sur quelques travées des groupes UC et Les Républicains)
Mme Esther Benbassa . - Le 24 janvier 2020, la France recensait son tout premier cas de covid. Un an après, les Français subissent encore les conséquences des tergiversations et des hésitations du Gouvernement ainsi que du manque de moyens de l'hôpital public et du service public de la santé.
À l'été, il aurait fallu créer de nombreux lits de réanimation. Hélas, l'opportunité a été manquée et les Français ont été reconfinés à l'automne face à une deuxième vague qui, pourtant, était annoncée.
Qui peut oublier les imbroglios du Gouvernement qui n'a cessé de tergiverser entre confinement, déconfinement et couvre-feu. La stratégie est illisible, même si la nature du virus y est pour beaucoup.
Avec ce projet de loi, monsieur le ministre, vous demandez la prolongation, encore, de l'état d'urgence sanitaire. C'est certes nécessaire, mais pour combien de temps ? Le Gouvernement fait-il tout pour vacciner rapidement alors que le virus tue 300 personnes par jour ? L'urgence, c'est d'agir vite, avec efficacité et bon sens.
Nous contestons l'utilité de l'état d'urgence pour lutter efficacement contre la covid-19. Le premier confinement a été décidé hors de l'état d'urgence sanitaire, en mars.
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. - Absolument.
Mme Esther Benbassa. - Tout laisser aux mains de l'exécutif pour un temps aussi long ne nous semble ni nécessaire ni proportionnel. Il n'est pas souhaitable de priver le Parlement de sa capacité de légiférer. Nos institutions sont durement éprouvées par les états d'urgence sanitaire successifs qui menacent les fondements même de notre démocratie.
Le risque d'accoutumance au régime d'exception est réel comme l'ont dénoncé la Défenseure des droits et le président de la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH).
Le GEST votera contre ce texte : nous ne pouvons mettre tout un pays sous cloche ni priver davantage le peuple de ses libertés qui sont rognées un peu plus chaque jour. (Applaudissements sur les travées du GEST)
M. Thani Mohamed Soilihi . - Voilà presque un an que le monde traverse une crise sanitaire qui met à l'épreuve notre économie et notre population. Elle nous oblige à nous retrouver régulièrement tant les incertitudes demeurent. C'est une bonne chose.
La situation reste préoccupante et animée d'incertitudes. Le nombre de contaminations augmente depuis le mois de janvier : nous en sommes à 22 000 par jour et désormais, quelque 3 000 patients se trouvent en réanimation. Le Royaume-Uni est, quant à lui, touché par un variant.
Nous devons évacuer dès à présent toute tentation de corréler la stratégie vaccinale et notre position sur ce projet de loi, qui proroge l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 1er juin, reporte la caducité de son régime juridique au 31 décembre ainsi que celle de la mise en oeuvre des systèmes d'information et même du régime transitoire de sortie de l'état d'urgence.
La commission des lois de l'Assemblée nationale a supprimé l'article 3 pour fixer la clause de revoyure au 1er juin. Cette mesure avait cristallisé l'opposition du Sénat. Le Gouvernement a consenti à cette suppression et cela mérite d'être salué.
La caducité du régime d'état d'urgence sanitaire est reportée au 31 décembre 2021 et la commission des lois l'a accepté.
La commission des lois a limité le délai pour soumettre au Parlement les décisions relatives à l'état d'urgence sanitaire et au confinement. Ces mesures sont déjà très encadrées, notamment par le juge.
Aussi, les délais votés par l'Assemblée nationale semblaient justifiés.
Nous voterons ce texte en espérant son amélioration par la navette sur la question des délais, pour une gestion agile de la crise. (Applaudissements sur les travées du RDPI)
Mme Maryse Carrère . - En décembre, l'universitaire François Saint-Bonnet nous alertait sur la banalisation de l'état d'urgence et de l'exception. La crise sanitaire les a imposés.
Le Sénat a soutenu la majeure partie des mesures gouvernementales. Le RDSE ne fuira pas ses responsabilités. Mais cela ne doit pas nous empêcher de questionner la manière dont les décisions sont prises ni de rappeler la place du Parlement.
Après l'état d'urgence lié au terrorisme de 2015 à 2017, nous vivons depuis un an une crise historique. Nous observons lassitude et épuisement dans les territoires, après des efforts nombreux. Nos concitoyens aspirent à retrouver une vie plus normale, ou moins exceptionnelle. Que ferons-nous si la crise perdure ? Si la vaccination n'apporte pas de réponse ? Si le virus revient chaque automne ?
La privation des libertés ne pourra être la seule réponse. Nous aimerions que le travail parlementaire soit engagé sur cette question. Les décisions prévues par le projet de loi initial n'étaient pas satisfaisantes et nous saluons le vote de l'Assemblée nationale en première lecture. Nous saluons aussi la décision de la commission des lois d'imposer un contrôle parlementaire du confinement. Nous le proposerons aussi pour le couvre-feu, très contraignant. Il faut réfléchir aux moyens d'adapter localement certaines mesures. Je regrette que cette solution n'ait pas été assez étudiée au point de vue juridique. On pourrait ainsi rouvrir certains établissements recevant du public.
Pour autant, la majorité du groupe RDSE votera ce texte. (Applaudissements sur les travées du RDSE)
Mme Éliane Assassi . - Je veux affirmer notre solidarité avec toutes celles et ceux qui sont en première ligne, dont les soignants, et avec nos concitoyens qui, loin de s'ériger en procureurs, résistent et tiennent bon dans une situation de plus en plus pénible.
Ils attendent des résultats ; ils veulent comprendre pourquoi la santé publique n'est pas devenue une grande cause nationale.
Monsieur Véran, nous sommes face à l'inconnu et devant la menace du variant. Il faut donc étape par étape associer le Parlement à l'élaboration des décisions. Pourquoi ne pas avoir soumis le couvre-feu au vote des assemblées ? Nous ne sommes pas dans l'état de sidération de mars dernier qui exigeait de prendre des décisions dans la précipitation. Il faut cesser de s'en remettre au Président de la République et au Conseil de défense, dont l'article 15 de la Constitution ne prévoit le rôle qu'auprès du chef des armées. Les réunions sont soumises au secret-défense... Comment en sommes-nous arrivés là ?
Vous proposez un état d'urgence sanitaire prolongé de quatre mois sans retour devant le Parlement. Vous alliez même plus loin mais l'Assemblée nationale y a renoncé.
La vérité, c'est que vous n'en avez plus besoin. Vous avez déposé, en catimini, le 21 décembre dernier, un projet de loi instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires. Ce texte, que vous voulez appliquer après le 1er juin, est bâti sur le modèle des lois antiterroristes, en intégrant des mesures exceptionnelles dans le droit commun. L'état d'urgence sanitaire sera pris par décret, et validé par la loi seulement un mois plus tard. Pourquoi cette obstination antidémocratique ?
L'affaire des vaccins est symptomatique. On a perdu un mois et c'est l'intervention citoyenne, les élus locaux, les parlementaires qui ...
M. Olivier Véran, ministre. - Vous dites que nous avons perdu un mois ?
Mme Éliane Assassi. - Oui, c'est bien cela. C'est donc l'intervention de toutes ces personnes qui a permis d'avancer. Mais aurons-nous les vaccins tant attendus ?
Cette obstination à restreindre la démocratie dissimule de moins en moins vos choix ultralibéraux auxquels vous ne renoncez pas. Pourtant, c'est ensemble que nous vaincrons ce fléau.
Le groupe CRCE votera contre cette prorogation de cet état d'urgence sanitaire, en dépit des améliorations apportées par la commission des lois. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE)
Mme Françoise Dumont . - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Ce projet de loi prévoit de reporter au 31 décembre 2021 la caducité de l'état d'urgence sanitaire et de prolonger l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 3 mai 2021, et non plus au 1er juin, grâce à un amendement de notre rapporteur Philippe Bas, dont je salue les travaux.
Il a également prévu que le confinement ne pourrait être prolongé au-delà d'un mois sans autorisation préalable du Parlement. La caducité des systèmes d'information destinés à suivre l'évolution de l'épidémie a été ramenée au 1er août, soit trois mois après la fin de l'état d'urgence sanitaire, par cohérence.
Le régime de sortie de l'état d'urgence sanitaire a été supprimé par nos collègues de l'Assemblée nationale. Je me félicite de toutes les avancées. Il est important que le Gouvernement justifie régulièrement sa politique devant le Parlement.
Le groupe Les Républicains a voté les différentes prorogations par souci de responsabilité devant les Français mais non par confiance en la politique sanitaire du Gouvernement. Ces dispositions ne sont pas neutres, puisqu'elles restreignent les libertés individuelles. Nous devons peser chacune d'entre elles avec prudence et justesse.
La question de la stratégie vaccinale se pose. Il y a deux semaines, lors des questions au Gouvernement, j'appelais votre attention, monsieur le ministre, sur l'importance de travailler en cohérence avec les élus locaux, pour déployer au mieux la vaccination. La semaine dernière, vous laissiez entendre que quelques élus locaux auraient un comportement peu responsable, en ouvrant des créneaux de rendez-vous surnuméraires pour obtenir plus de doses, alors que vous assuriez que les maires auraient une visibilité à quatre semaines sur leur distribution. L'AMF a dû publier un communiqué pour démentir ces deux affirmations.
Des restrictions de liberté encore plus fortes seront probablement envisagées en février. Comment nous contenter d'1,3 ou 1,4 million de personnes vaccinées en France à la fin du mois quand l'Angleterre affiche 15 millions de vaccinés ? Sans évoquer Israël.
Vous nous demandez, encore une fois, de vous accorder un pouvoir exceptionnel - en somme, de vous faire confiance.
La semaine dernière, vous nous indiquiez que toutes les personnes fragiles ne pourraient être vaccinées avant l'été, puisque seules 15 millions pourraient l'être. Or, le soir même, miracle, vous annonciez à la télévision que 70 millions de Français - 3 millions de plus que la population nationale ! - seraient vaccinés à la fin de l'été... Est-ce réaliste ? Il faudrait vacciner 327 000 personnes par jour entre le 1er février et la fin août pour parvenir à ces chiffres.
Nous apprenons ce week-end qu'après PfizerBioNTech, le laboratoire AstraZeneca rencontre des difficultés de production qui affecterait 50 % des doses attendues par la France. Au lieu des 17,5 millions de doses prévues de décembre à mars, il faudra se contenter de 9 millions en février et mars.
Le professeur Delfraissy a aussi remis en question dimanche soir votre annonce du jeudi soir : selon lui, l'Europe et les États-Unis souffrent d'une pénurie relative ; on vaccinera six à huit millions de personnes d'ici avril, puis il faudra faire une pause ; d'ici la fin de l'été on aura vacciné 40 % de la population française, pas plus, a-t-il conclu.
Pendant ce temps, notre économie se meurt : bars, restaurants, cafés, professionnels de la montagne, de la culture, de l'aviation et de tant de secteurs « non essentiels » mais indispensables à nos vies.
Nous sommes réticents mais le groupe Les Républicains prendra toujours ses responsabilités vis-à-vis des Français. Nous voterons donc ce projet de loi en respectant l'équilibre établi par la commission des lois. Le Gouvernement doit prendre la mesure de la situation et ne pas banaliser l'état d'urgence. Victor Hugo disait : « Sauvons la liberté, la liberté sauve le reste. » (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)
M. Jean-Pierre Sueur . - (Applaudissements sur les travées du groupe SER) Permettez-moi de vous assurer, monsieur le ministre, de toute notre sympathie, car un sénateur a cru bon de devoir mettre en cause votre responsabilité personnelle dans le décès de son médecin de famille. Certains propos n'ont pas droit de cité au Parlement. (Applaudissements sur toutes les travées) Nous avons le droit d'être d'accord et de ne pas l'être, mais dans le respect. Il y a tellement de choses abominables sur les réseaux dits sociaux : nous devons veiller ici à la dignité des débats. Je vous dis cela avec le coeur.
Cela n'enlève rien à nos désaccords ni à notre opposition au texte, car nous sommes attachés à ce que le Parlement joue pleinement son rôle. Rien ne l'empêche de se réunir pour les confinements et couvre-feu éventuels.
Ce texte est incomplet. Nous devons avoir un débat de fond sur le fonctionnement de la démocratie en période de crise - sur le vote par correspondance par exemple. On ne peut pas se contenter de rafistolages.
Manque aussi un volet social. Mme Dominique Simonnot vous a écrit au sujet des difficultés des détenus et des personnels pénitentiaires. Nous pensons aussi aux étudiants dont beaucoup sombrent dans la déprime.
Manque enfin un volet économique : la dette ne disparaîtra pas comme par enchantement, et il faut se préparer à la situation économique qui arrive. Le mot justice devra alors être à l'ordre du jour. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE)
M. Olivier Véran, ministre. - Je remercie le rapporteur Bas de voter ce texte car à l'Assemblée nationale, quasiment tous les groupes d'opposition ont voté contre.
Personne n'adopte un état d'urgence de gaîté de coeur. Les décisions que nous prenons sont lourdes de conséquences sur l'activité sociale, économique, culturelle et sportive des Français.
Les deux confinements ont été utiles et même vitaux. Le principe de proportionnalité entre les mesures de protection sanitaire et les conséquences pour la santé mentale d'un grand nombre de Français est délicat à manier. Nous savons que beaucoup de nos concitoyens en ont assez... Mais d'autres mesures moins lourdes auraient-elles été aussi efficaces ? Ce n'est pas une question partisane : tous nos voisins européens ont décidé de telles mesures, quelle que soit leur couleur politique : le centre-droit portugais et anglais, la gauche espagnole et italienne.
Vous-même, vous présenteriez un texte de même nature, en responsabilité.
Mme de La Gontrie souligne le risque de rejet des mesures. Mais les Français ont fait montre de leur courage et j'en suis extrêmement fier. Personne ne doit souffler sur les braises.
Madame Carrère, la différenciation territoriale a été appliquée à chaque fois que cela a été possible. Le 24 décembre, j'ai pris contact avec deux directeurs généraux d'ARS qui m'ont indiqué que le virus flambait dans des petites communes rurales... Ne méconnaissons pas la réalité de l'épidémie qui est vicieuse. Elle a frappé en Mayenne en juin, en Guyane au coeur de l'été, avant de frapper dans les Bouches-du-Rhône.
Monsieur Sueur, merci de votre soutien. Le sénateur Ravier, qui n'est plus là, donne raison à Talleyrand : « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Votre collègue est extrêmement excessif à mes yeux. Il souligne la vraie violence, morale et verbale, du Rassemblement national. (On le confirme sur diverses travées.)
Monsieur Malhuret, il nous reste des doses de vaccin antigrippal alors que nous avons amélioré le taux de couverture vaccinale. Avec la même dextérité, nous pourrons assurer une vaccination massive en nous appuyant sur les pharmaciens, sur les médecins et sur les centres. À partir de mars, nous aurons un million et demi de doses.
Pourquoi prolonger l'état d'urgence sanitaire jusqu'en juin, madame Dumont ? Les 25 à 30 millions de personnes fragiles n'auront pas reçu les deux injections d'ici juin. Le nombre de doses en juillet et août nous permettra de vacciner toute la population avant la fin de l'été, car nous recevrons beaucoup de doses entre juin et août. Le rythme de vaccination n'est pas un problème : la grippe, c'est 5 à 6 millions de Français en une semaine. Notre problème, ce sont les doses. AstraZenaca ne respecte pas ses engagements contractuels et met en difficulté notre stratégie mais nous allons travailler avec la filière industrielle.
Je remercie M. Soilihi pour son soutien et Mme Benbassa pour sa constance dans l'opposition.
Certains demandent davantage de débats parlementaires. Pourquoi pas ? Mais pour qu'un texte soit examiné en séance le 3 mai, je dois l'avoir rédigé en mars... D'autres modalités de débat existent, comme les questions au Gouvernement. Soyons pragmatiques. N'embolisons pas les chambres.
La discussion générale est close.
La séance, suspendue à 18 heures, reprend à 18 h 25.
Discussion des articles
ARTICLES ADDITIONNELS avant l'article premier
Mme la présidente. - Amendement n°12, présenté par M. Cardon et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Avant l'article 1er
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Dans un délai de deux mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport concernant l'urgence sociale chez les 18 - 25 ans. Dans ce rapport figurent également les dispositions prises par le Gouvernement en direction des publics jeunes et étudiants pour leur garantir l'accès à la dignité qui leur est due.
M. Rémi Cardon. - La crise sanitaire engendre une crise économique et sociale. À côté de l'urgence environnementale, qu'il ne faut pas oublier, mon amendement traite de l'urgence sociale de la jeunesse, durement touchée.
Lors du débat sur la proposition de loi instaurant le RSA pour les moins de 25 ans, le constat a été unanime : la jeunesse vit un drame. Mais la majorité sénatoriale a préféré l'extension de la Garantie jeunes proposée par le Gouvernement. Miser sur l'insertion dans le monde du travail ne me semble pas sérieux alors que l'offre d'emploi fond comme la banquise.
Ce modeste amendement prévoit simplement un rapport dans les deux mois sur la situation des 18-25 ans. C'est bien le moins pour que la forêt des dispositifs ne se transforme pas en jungle.
M. Philippe Bas, rapporteur. - La situation de nos étudiants mérite en effet une attention soutenue. M. Cardon a présenté une proposition de loi étendant le RSA aux moins de 25 ans. J'y ai trouvé des inconvénients mais personne ne peut nier la très difficile situation des étudiants qui ont perdu le contact avec leurs professeurs et camarades, mais aussi les emplois qu'ils pouvaient avoir par ailleurs, en cours particuliers ou dans les cafés et restaurants.
Les mesures prévues nous semblent insuffisantes ; mais un rapport n'est pas une politique et, de surcroît, l'injonction est inconstitutionnelle. Le législateur doit respecter la séparation des pouvoirs, c'est pourquoi la commission des lois dit toujours « non » aux rapports.
M. Olivier Véran, ministre. - Il y a déjà des rapports sur le RSA pour les 18-25 ans. Le Gouvernement apporte des réponses : repas à un euro au Crous, chèques psy. Le plan « Un jeune, une solution », s'il trouve son public, est beaucoup plus ambitieux qu'une extension du RSA.
Avec l'école de la deuxième chance, l'apprentissage, la formation professionnelle, la Garantie jeunes, aucun jeune ne doit rester sans proposition concrète : le Gouvernement a mobilisé 6,7 milliards d'euros pour les jeunes. Ce n'est pas rien ! Un RSA jeunes coûterait beaucoup et rapporterait peu en pouvoir d'achat.
Quoi qu'il en soit, cette demande de rapport a peu de liens avec l'état d'urgence sanitaire. Avis défavorable.
L'amendement n°12 n'est pas adopté.
ARTICLE PREMIER
Mme la présidente. - Amendement n°8, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Supprimer cet article.
Mme Cathy Apourceau-Poly. - Cet amendement est la conséquence logique de notre opposition à l'état d'urgence sanitaire. Nos interrogations de mars 2020 ont été confirmées : ce n'est pas une nécessité sanitaire mais un choix juridique et politique qui confie à l'exécutif l'essentiel des prérogatives, au point de mettre la démocratie sous cloche.
Vos arguments sur l'efficacité n'ont plus lieu d'être. Les fiascos des masques, gels et tests, l'inertie sur l'hôpital public, les retards sur les vaccins montrent les limites d'une gestion trop solitaire.
Les atermoiements des derniers jours sont indécents. Désormais, nous sommes suspendus à la parole quasi divine du Président de la République. Laissons les représentants du peuple décider, au moins co-décider, des mesures à prendre pour la sécurité de nos concitoyens. Pourquoi le chef de l'État est-il seul à recevoir les informations sensibles diffusées dans le bunker du Conseil de défense ? L'article 33 de la Constitution prévoit l'outil adéquat : la réunion du Parlement en comité secret. Allez-vous en faire usage pour informer la représentation nationale ?
M. Philippe Bas, rapporteur. - Avis défavorable. Il est responsable de continuer à demander aux Français de respecter une discipline, certes pesante - tout relâchement induirait un risque sanitaire trop grand.
M. Olivier Véran, ministre. - Demain et après-demain, le Premier ministre recevra les chefs des groupes politiques, les partenaires sociaux, les associations d'élus. Il y a bien une concertation.
Point d'atermoiements : les décisions sont prises conformément aux principes juridiques et aux habitudes de fonctionnement de l'État. Ce n'est pas parce que les avis divergent, parce que l'on a entendu le cousin de la voisine du préfet dire que le confinement sera mis en place le 5 février, qu'il y a des atermoiements !
Citez donc une information sensible que je ne vous aurais pas communiquée ! J'ai fait de la transparence une règle. Les informations sont partagées en totalité avec vous et avec les Français.
L'amendement n°8 n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°1, présenté par Mme Benbassa et les membres du groupe Écologiste - Solidarité et Territoires.
Alinéa 1
Supprimer cet alinéa.
Mme Esther Benbassa. - Il convient de supprimer le report au 31 décembre 2021 de la caducité du régime juridique d'état d'urgence sanitaire. Ce régime doit être strictement proportionné au contexte sanitaire. Or la prolongation proposée est excessive et injustifiée.
Le Gouvernement s'était engagé à réviser ce cadre dérogatoire avant le 1er avril ; il ne l'a pas fait. Le Conseil de défense nous prive de toute concertation, alors qu'il faudrait une gestion différenciée en fonction territoires : la situation n'est pas la même en Guyane et en Bretagne.
De plus, la date du 31 décembre 2021 est en contradiction avec le calendrier de vaccination qui doit prendre fin cet été.
Mme la présidente. - Amendement identique n°2 rectifié bis, présenté par Mme V. Boyer, MM. Paccaud, Boré et Le Rudulier, Mme Belrhiti, M. Sautarel, Mmes Joseph et de Cidrac, M. Regnard, Mmes Garriaud-Maylam et Dumas, MM. Frassa et Bouchet, Mme Thomas et MM. Klinger, Belin et Saury.
Alinéa 1
Remplacer la date :
31 décembre
par la date :
30 septembre
Mme Valérie Boyer. - Cet amendement tient compte des critères locaux dans la gestion sanitaire.
Oui, monsieur le rapporteur, il faut faire passer un message, et c'est pourquoi je vais retirer cet amendement ; mais nos territoires sont en difficulté. Le préfet demande aux élus locaux leur avis... pour ne pas en tenir compte. Ce ne sont pas des réunions de concertation mais d'information. C'est difficile à vivre pour les élus locaux, d'autant qu'il faut faire face aux carences de l'État central.
Mme la présidente. - Il me semble que vous venez de présenter votre amendement n°4...
Mme Valérie Boyer. - L'amendement n°2 rectifié bis est défendu.
Mme la présidente. - Amendement identique n°13, présenté par Mme de La Gontrie et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
M. Jérôme Durain. - Monsieur le ministre, vous n'obtiendrez pas toujours notre vote, mais nous vous faisons part de notre ressenti, notamment sur l'épuisement psychologique de la population.
Le pilotage de l'état d'urgence sanitaire est un pilotage fin. Il doit en aller de même pour la démocratie, ce qui augmentera l'acceptation sociale des mesures prises. Les restrictions aux libertés publiques sont importantes. Il convient donc de rapprocher la date de caducité de l'état d'urgence sanitaire : le 30 septembre est amplement suffisant.
M. Philippe Bas, rapporteur. - C'est le Sénat qui a obtenu en mars 2020 que l'état d'urgence sanitaire soit un régime temporaire. Le Gouvernement, par analogie avec la loi 1955 sur l'état d'urgence - au demeurant toujours en vigueur - souhaitait un régime sans borne dans le temps. Nous avions estimé que des pouvoirs exceptionnels étaient légitimes pendant la crise, à condition qu'ils soient temporaires. Nous avions alors pensé qu'une période d'un an convenait, car le Gouvernement nous avait expliqué qu'il n'était pas impossible que l'épidémie reprenne à l'automne. Ce qui nous paraissait prudent il y a un an ne l'était peut-être pas suffisamment.
Cet état d'urgence sanitaire rend possible des pouvoirs d'exceptions pendant un an, mais le Gouvernement n'y a pas recours automatiquement. Nous débattons du délai de caducité de ce régime. Le 31 décembre 2021 me semble raisonnable, étant entendu que nous exigeons que le Parlement se prononce si le Gouvernement entend dépasser les deux mois et demi - 30 jours en cas de confinement, mesure particulièrement restrictive des libertés.
Avis défavorable aux trois amendements.
M. René-Paul Savary. - Je soutiens l'avis défavorable de la commission. Cette pandémie, en effet, est chronique.
Monsieur le ministre, cher confrère, je souhaite vous poser trois questions précisise.
Quelle est votre position sur l'efficacité de l'ivermectine ?
Quelle est votre position sur la vaccination passive à travers les anticorps monoclonaux, sur laquelle travaille l'Allemagne ?
Que pensez-vous d'un renforcement de l'isolement qui est un confinement individuel, alors que le confinement collectif devient de plus en plus insupportable pour nos compatriotes ?
M. Olivier Véran, ministre. - Je vous répondrai sur deux questions, la troisième relevant de l'opinion personnelle. Hier soir, une demande d'ATU de cohorte a été déposée auprès des autorités sanitaires françaises pour un traitement par anticorps monoclonaux. Les données sont encore fragiles.
Soyons très prudents sur l'ivermectine. Je vois passer des ordonnances associant colchicine et azythromycine alors que le Vidal indique une contre-indication, car les conséquences sanitaires peuvent être désastreuses !
Aucun résultat validé n'indique qu'une quelconque molécule soit efficace pour l'instant sur le virus. Cela fait un an que les Canadiens parlent de la colchicine. Il n'existe pas de médicament miracle. Je crois, en revanche, au vaccin.
L'amendement n°1 n'est pas adopté.
Les amendements identiques nos2 rectifié et 13 ne sont pas adoptés.
Mme la présidente. - Amendement n°28, présenté par M. Véran
Alinéas 2 à 10
Supprimer ces alinéas.
M. Olivier Véran, ministre. - Je ne me fais guère d'illusions sur le sort réservé à cet amendement qui recentre l'article premier sur la prorogation de l'état d'urgence sanitaire, sans modification de ses modalités de mise en oeuvre.
En décembre, nous avons choisi de retirer le projet de loi que reprennent ces alinéas 2 à 10, introduits par la commission, pour ne pas légiférer en pleine crise. Ce texte n'est pas le bon vecteur, ce qui ne veut pas dire que ces dispositions ne seront pas reprises un jour.
Mme la présidente. - Amendement n°14, présenté par M. Leconte et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Après l'alinéa 2
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
...° Le deuxième alinéa de l'article L. 3131-13 est complété par une phrase ainsi rédigée : « Ils sont destinataires, mensuellement, d'un rapport du Gouvernement rendant compte des décisions prises par les juridictions administratives dans le cadre des contentieux soulevés par l'application des mesures fondées sur le présent chapitre. » ;
M. Jean-Yves Leconte. - Cet amendement renforce le contrôle parlementaire sur l'état d'urgence sanitaire. Le rapport du Gouvernement devra comprendre une description des contentieux auprès du Conseil d'État dus à l'état d'urgence sanitaire. Pour l'instant, nous ne disposons pas des décisions du Conseil.
En septembre, monsieur le ministre, nous avions eu un échange vif sur les tests PCR.
Or vous avez changé récemment les règles pour les voyages intra-européens, sauf pour les frontaliers. Ce week-end, on a demandé à des personnes qui regagnaient la France de faire un test PCR qui coûtait de 120 à 150 euros, trois fois plus cher que leur billet d'avion ! Elles se sont retrouvées bloquées, car la décision avait été prise vendredi... Le Conseil d'État a pourtant rappelé que tout citoyen français avait le droit de rentrer sur le territoire.
Mme la présidente. - Amendement n°27 rectifié, présenté par MM. Savin et Piednoir, Mmes Deroche et L. Darcos, MM. Hugonet, Savary et Levi, Mmes Belrhiti, Garriaud-Maylam et Micouleau, M. D. Laurent, Mme Joseph, MM. Longeot, Laménie, Bazin, Belin et S. Demilly, Mme Schalck, MM. Sol, Regnard, Courtial et Burgoa, Mme Puissat, MM. P. Martin, Folliot et Menonville, Mme Férat, MM. Bouchet, Laugier, Mouiller et Chauvet, Mmes Deseyne et Paoli-Gagin, MM. Vogel et Wattebled, Mmes Procaccia, Malet et Borchio Fontimp, M. Husson, Mme Guidez, MM. Gremillet, Houpert et E. Blanc, Mmes Boulay-Espéronnier et Lassarade, M. Genet, Mme Dumont, M. Henno et Mme Noël.
Après l'alinéa 6
Insérer deux alinéas ainsi rédigés :
...° Après le I du même article L. 3131-15, il est inséré un paragraphe ainsi rédigé :
« .... - Les mesures prévues aux 2° et 5° du I du présent article ne peuvent conduire, ni à interdire aux personnes munies à cet effet d'une prescription médicale ou présentant un handicap reconnu par la maison départementale des personnes handicapées ainsi que l'encadrement nécessaire de pratiquer une activité physique dans un établissement sportif même couvert, ni à limiter leur accès à de tels établissements. » ;
M. Stéphane Piednoir. - Il est inacceptable que les personnes bénéficiant d'une ordonnance d'activité physique adaptée (APA) ou les personnes en situation de handicap ne puissent accéder aux équipements sportifs à cause du couvre-feu.
L'APA, autorisée depuis 2016, a fait la preuve de son efficacité. Elle ne remplace pas les médicaments mais diminue de 28 % la mortalité du cancer du sein et de 48 à 50 % le risque de récidive.
Mme la présidente. - Amendement n°16, présenté par Mme de La Gontrie et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Après l'alinéa 6
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
...° À la fin de la première phrase du III du même article L. 3131-15, les mots : « de lieu » sont remplacés par les mots : « aux spécificités de lieu selon des caractéristiques liées au taux d'urbanisation et de densité démographique » ;
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. - Il faut adapter les restrictions aux spécificités des territoires au regard de la situation pandémique.
Le ministre a évoqué des communes rurales peu peuplées, mais particulièrement contaminées. Cela prouve bien la diversité des situations !
Les Français vivent difficilement les mesures uniformes, et vous aviez d'ailleurs opté, initialement, pour une gradation selon les départements.
Adapter est un travail de titan, certes. Mais si les Français savent que les mesures sont adaptées à la situation de leur territoire et non plaquées uniformément, ils les accepteront d'autant mieux.
Mme la présidente. - Amendement n°4 rectifié bis, présenté par Mme V. Boyer, MM. Burgoa, Paccaud, Boré et Le Rudulier, Mme Belrhiti, M. Sautarel, Mmes Joseph et de Cidrac, M. Regnard, Mmes Garriaud-Maylam, Lassarade et Dumas, MM. Frassa et Bouchet, Mme Thomas, MM. Klinger, Belin et Saury, Mme Micouleau et MM. Genet, C. Vial et B. Fournier.
Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
... - À la fin de la première phrase du III de l'article L. 3131-15 du code de la santé publique, les mots : « de lieu » sont remplacés par les mots : « aux spécificités de lieu lorsqu'elles ne s'appliquent pas, dans le dernier cas, de manière uniforme sur le territoire national ».
Mme Valérie Boyer. - Je le retire, cédant aux arguments de M. le rapporteur.
L'amendement n°4 rectifié bis est retiré.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Notre désaccord n'est que partiel, monsieur le ministre.
Deux des trois mesures que nous avons ajoutées au texte ont été adoptées il y a 25 jours en Conseil des ministres, dans le projet de loi instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires : l'impossibilité de réglementer et donc de sanctionner les réunions au domicile et l'intervention du juge des libertés pour un maintien en quarantaine au-delà de quatorze jours, douze heures par jour, comme l'exige le Conseil constitutionnel. Pourquoi dès lors ne pas l'inscrire dans le texte ?
La consultation du Conseil national de la concurrence suffit pour toute mesure de contrôle des prix : avis défavorable à l'amendement n°28.
Le Gouvernement a devancé le désir des auteurs de l'amendement n 14 puisqu'il adresse toutes les semaines la liste des requêtes. Monsieur Leconte, rien ne vous empêche d'aller consulter les décisions sur le site du Conseil d'État. Vous ne souhaitez tout de même pas que le Gouvernement vous envoie un commentaire juridique ? Nous saurons lire les décisions en toute indépendance et interpeller le Gouvernement. Avis défavorable.
L'amendement n°27 rectifié est intéressant. Certains de nos concitoyens ont besoin de faire de l'exercice pour leur santé ou leur rééducation. Ils doivent pouvoir le faire en dehors des heures de travail. Si le Gouvernement est prêt à prendre le décret nécessaire, l'amendement pourrait être retiré ; sinon, sagesse.
L'amendement n°16 est inutile : l'article L. 3131-15 du code de la santé publique prévoit déjà que les mesures doivent être « strictement proportionnées au risque sanitaire encouru et appropriées aux circonstances de temps et de lieu. » Pourquoi broder autour de cette notion somme toute assez courante ? La règle existe déjà, et s'impose au Gouvernement. Mme Boyer l'a bien compris et a retiré son amendement n°4. Je vous invite à en faire autant.
M. Olivier Véran, ministre. - L'article 42 du décret du 29 octobre 2020 prévoit déjà que les établissements sportifs peuvent continuer à accueillir, par dérogation, les bénéficiaires d'une prescription d'APA ou les personnes en situation de handicap. D'un, ce n'est pas du domaine de la loi ; de deux, c'est déjà fait.
Retrait de l'amendement n°27 rectifié, avis défavorable à l'amendement n°16.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Nous connaissions le décret d'octobre 2020 qui autorise les établissements sportifs à accueillir certaines catégories de personnes. Notre propos n'est pas d'ouvrir des lieux mais d'autoriser ces activités après 18 heures.
M. Olivier Véran, ministre. - Ces établissements sont ouverts pendant la journée aux personnes qui ont une prescription médicale ou aux personnes handicapées ; il n'y a pas lieu de prévoir une dérogation au couvre-feu.
M. Stéphane Piednoir. - Je m'en remets à l'analyse du rapporteur. Le décret ne répond pas totalement à notre demande, je maintiens donc l'amendement.
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. - Nous ne voterons pas l'amendement n°28 du Gouvernement.
Je trouve étrange l'ironie du rapporteur sur l'amendement n°14 s'agissant du droit du Parlement à être informé pour adapter au mieux les lois... Nous voterons l'amendement n°27 bis, peu convaincus par la réponse du ministre.
Je suis enfin intriguée par la réponse du rapporteur sur notre amendement n°16, sachant qu'il a lui-même déposé un amendement précisant ce même article L.3131-15...
M. Philippe Bonnecarrère. - Avec l'amendement n°28, nous sommes sur l'essentiel. Vous connaissez l'issue de la navette. Vous aurez l'état d'urgence sanitaire, sans les garanties voulues par la commission des lois. Informer n'est pas décider.
Si tous les groupes politiques estiment un confinement nécessaire, partageons la décision. Cela lui donnera de la force !
Le ministre demande l'état d'urgence, mais considère que le Parlement n'a pas à prendre part aux décisions ultérieures. Cela n'est nullement conforme à l'état de droit ! C'est parce que vous ne pouvez limiter les libertés que vous demandez un état d'urgence sanitaire, sans garanties.
Faute d'avoir associé le Parlement et la société civile, vous aurez un problème d'acceptabilité sociale. Laissez-nous nous exprimer par un vote sur le confinement ; nous prendrons nos responsabilités dans des délais rapides.
L'amendement n°28 n'est pas adopté, non plus que l'amendement n°14.
L'amendement n°27 rectifié est adopté.
L'amendement n°16 n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°3 rectifié bis, présenté par Mme V. Boyer, MM. Paccaud, Boré et Le Rudulier, Mme Belrhiti, M. Sautarel, Mmes Joseph et de Cidrac, M. Regnard, Mmes Garriaud-Maylam et Dumas, MM. Frassa et Bouchet, Mme Thomas, MM. Klinger, Belin, Saury et Savary, Mme Micouleau et MM. Genet et B. Fournier.
Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
... - Après la troisième phrase de l'article L. 3131-19 du code de la santé publique, est insérée une phrase ainsi rédigée : « Il comprend également parmi ses membres deux députés et deux sénateurs. »
Mme Valérie Boyer. - Je remercie la commission des lois d'avoir adopté mon amendement permettant aux commissions parlementaires de saisir le Conseil scientifique.
Vu le manque de transparence de ses décisions et leur impact sur nos vies, je considère qu'il faut associer le Parlement aux travaux du Conseil scientifique. Il pourrait comprendre deux députés et deux sénateurs, de la majorité et de l'opposition.
Il ne s'agit pas de jeter la suspicion sur les travaux de cette instance mais de rétablir un climat de confiance qui s'étiole de jour en jour, à mesure que cette crise sanitaire devient chronique.
Cette proposition avait été formulée dans le cadre de la mission flash du député Philippe Gosselin sur le régime juridique de l'état d'urgence sanitaire.
M. Philippe Bas, rapporteur. - La commission des lois a resserré les liens entre le Parlement et le Conseil scientifique, à votre initiative.
Cet amendement relève d'une conception différente. Le souci d'assurer la crédibilité des avis du Conseil scientifique pour retrouver la confiance est partagé par la commission, mais y intégrer des politiques risquerait au contraire de jeter un doute. Le Conseil scientifique sera davantage critiqué s'il est politisé. Avis défavorable.
M. Olivier Véran, ministre. - Même avis.
Mme Valérie Boyer. - Je comprends votre analyse. Je réitère mes remerciements pour l'amendement adopté en commission, mais je regrette que nous n'allions pas plus loin en matière de transparence. Il ne s'agit pas de polémiquer mais d'informer. Comment les décisions se prennent-elles ? À quel titre le président du Conseil scientifique s'exprime-t-il ? Nous souhaitons savoir. Il est plus difficile d'accepter des décisions quand on ignore comment elles ont été prises.
Mme Catherine Procaccia. - En tant que vice-présidente de l'Opecst, je puis vous dire que nous travaillons en permanence avec les scientifiques. Jeudi, nous entendrons le professeur Delfraissy ; les citoyens peuvent déposer en amont, sur le site internet de l'Assemblée nationale et du Sénat, les questions qu'ils souhaiteraient voir posées.
Le meilleur moyen de redonner confiance, monsieur le ministre, serait de suivre les rapports transpartisans de l'Opecst, à commencer par celui sur la stratégie vaccinale, qui sont longuement travaillés avec les scientifiques.
L'amendement n°3 rectifié bis n'est pas adopté.
M. Guy Benarroche. - On évoque beaucoup la lassitude des Français, mais peu celle des parlementaires face à un Gouvernement qui décide seul, en conseil de défense, sans le législateur.
Vous présentez un énième texte prorogeant l'état d'urgence sanitaire, nous souhaitons une revoyure plus fréquente et un vote sur les grandes décisions. Les privations de liberté nécessitent une consultation fréquente du Parlement, elles ne sauraient dépendre de l'exécutif seul. Hasard ou non, l'Assemblée nationale vient de mettre fin à la mission d'information sur la covid-19. C'est un bien mauvais signal...
L'article premier, modifié, est adopté.
ARTICLES ADDITIONNELS après l'article premier
Mme la présidente. - Amendement n°18, présenté par Mme Lubin et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Après l'article 1er
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
En cas de déclaration ou de prorogation de l'état d'urgence sanitaire, il est réuni sans délai un comité de suivi économique et social.
Son président est nommé par décret du Président de la République sur proposition des Présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale.
Le comité de suivi économique et social comprend neuf députés et neuf sénateurs, nommés pour la durée de l'état d'urgence et désignés suivant une procédure visant à assurer une représentation proportionnelle des groupes politiques. Ce comité comprend également dix-huit personnalités qualifiées nommées par décret.
Le comité de suivi économique et social rend bimensuellement des avis sur la situation des personnes ayant perdu leurs revenus, n'ayant plus moyen d'accéder à de nouveaux revenus ou privés des moyens de subsistance du fait de la déclaration ou de la prorogation de l'état d'urgence sanitaire et de ses modalités.
Il rend bimestriellement au gouvernement et au Parlement des recommandations visant à permettre à ces personnes d'accéder aux moyens de leur subsistance.
Les membres du comité de suivi économique et social ne sont pas rémunérés et aucun frais lié au fonctionnement de ce comité ne peut être pris en charge par une personne publique.
Mme Michelle Meunier. - L'état d'urgence sanitaire a pour effet de priver une partie de la population de tout revenu : personnes en CDD d'usage, jeunes précaires de moins de 25 ans, indépendants...
Cet amendement crée un comité de suivi économique et social visant à documenter la situation des personnes concernées et à faire des propositions pour éviter qu'elles ne soient laissées au bord du chemin.
M. Philippe Bas, rapporteur. - De nombreux organismes, de l'Insee à la Dares, réalisent régulièrement ce type d'études. Inutile d'instituer un organisme supplémentaire. Avis défavorable.
M. Olivier Véran, ministre. - Même avis.
L'amendement n°18 n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°7 rectifié, présenté par Mme M. Carrère, MM. Artano, Bilhac et Cabanel, Mme N. Delattre, M. Fialaire, Mme Pantel et MM. Requier et Roux.
Après l'article 1er
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Avant le 3 mai 2021 au plus tard, le Gouvernement remet au Parlement un rapport relatif aux conséquences sanitaires dues à la pandémie de covid-19 sur les établissements médico-sociaux et les établissements thermaux. Ce rapport détaille les mesures et les modalités garantissant l'accueil et la prise en charge des personnes au sein de ces établissements.
Mme Maryse Carrère. - La pandémie a mis une partie des établissements médico-sociaux et thermaux en grande difficulté.
Leur spécificité thérapeutique mérite d'être prise en compte afin de permettre au plus tôt la reprise d'une activité qui sera un atout dans les soins post-covid.
Je connais le sort de cet amendement d'appel, mais l'arrêt des activités thermales contribue à la détresse des territoires de montagne. Il faudra en tenir compte dans l'évaluation de l'impact de la crise.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Avis défavorable.
M. Olivier Véran, ministre. - Même avis.
L'amendement n°7 rectifié n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°17, présenté par M. Sueur et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Après l'article 1er
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Avant le 16 avril 2021 au plus tard, le Gouvernement remet au Parlement un rapport relatif aux conditions sanitaires des personnes détenues ou retenues dans des établissements privatifs de liberté, dans le contexte de l'épidémie de covid-19. Ce rapport détaille les modalités mises en oeuvre par les pouvoirs publics pour assurer dans tous les locaux clos ou partagés de ces établissements, la mise à disposition gratuite de matériels de protection à destination des personnes détenues ou retenues et du personnel ainsi que la stratégie vaccinale déployée à destination de ces personnes.
M. Jean-Pierre Sueur. - Je connais les us de la commission des lois en matière de demande de rapport. Si nous insistons, c'est que la situation des personnes détenues ou retenues est très sensible. Le droit fondamental à la protection de la santé implique que leur soit assurée la sécurité sanitaire, dans le respect du code de la santé publique et de la déontologie médicale. Or il ressort de la jurisprudence administrative que le port du masque, obligatoire dans les lieux clos, ne le serait plus en détention.
Dès lors se pose la question de l'accès au vaccin des personnes retenues et détenues, sachant que prisons et centres de rétention sont des milieux à haut risque de transmission du virus.
Il est de la responsabilité de l'État de mettre en place un dispositif sanitaire adapté. Monsieur le ministre, Mme Dominique Simonnot, Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, vous a adressé une nouvelle lettre sur le sujet, après celle du 23 décembre restée sans réponse. J'espère que vous y répondrez.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Avis défavorable. Mais je sais que M. Sueur souhaite surtout entendre le ministre sur ce sujet important.
M. Olivier Véran, ministre. - Retrait ou avis défavorable. C'est un sujet majeur que j'ai évoqué ce matin même avec le garde de Sceaux, en marge du conseil des ministres. Je rencontrerai Mme Simonnot le 10 février pour évoquer des solutions concrètes.
L'amendement n°17 est retiré.
ARTICLE 2
Mme Esther Benbassa . - L'incertitude dans laquelle nous sommes plongés depuis un an découle en grande partie des errements du Gouvernement.
Vous demandez un nouveau blanc-seing pour poursuivre votre gestion solitaire de la crise, or des mesures aussi attentatoires aux libertés individuelles ne sauraient être mises en oeuvre sans consultation régulière du Parlement.
Nous saluons la nouvelle rédaction de l'article 2 qui soumet toute prolongation du confinement au-delà d'un mois à l'autorisation préalable du Parlement. Nous demandons la transparence sur le reconfinement.
Après une accumulation de couacs, votre stratégie semble se transformer en Titanic de la communication, comme l'a observé le professeur Philippe Moreau-Chevrolet. Jeudi matin, devant la commission des lois, vous disiez cibler 15 millions de vaccinés d'ici l'été ; le soir, sur TF1, vous en évoquiez 70 millions... Qui dit vrai ? Véran du matin ou Véran du soir ? Nous vous demandons plus de rigueur et moins de tergiversations. (Applaudissements sur les travées du GEST)
Mme la présidente. - Amendement n°9, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Supprimer cet article.
Mme Michelle Gréaume. - Malgré ses efforts, la commission des lois n'aura pu atténuer les effets anti-démocratiques de l'état d'exception.
Pour en finir avec la mise sous cloche de la démocratie, il faut rendre ses prérogatives au Parlement et s'appuyer sur toutes les forces nationales et locales.
Soyons lucides sur l'état de notre système de santé publique et de notre industrie pharmaceutique. Un sursaut national s'impose. Le Parlement doit en être un acteur majeur, en lien avec les collectivités territoriales. La position de la commission des lois est un entre-deux, or la crise sanitaire entraîne une crise institutionnelle. Notre devoir est de dire stop, de proposer un autre mode de gestion de la crise : refusons la prorogation de l'état d'urgence sanitaire !
M. Philippe Bas, rapporteur. - Je le dis respectueusement : quand on appartient à un groupe minoritaire, on n'a pas à assumer le poids des réalités. Si vous étiez au Gouvernement, vous ne pourriez lutter contre le virus sans prendre la moindre mesure de restriction des interactions sociales. Il nous faut être responsable. En supprimant toute possibilité d'action des pouvoirs publics pour réduire la circulation du virus, vous vous retrouveriez dans une situation intenable, à l'instar des États-Unis ou du Brésil où le nombre de décès explose.
Il est responsable de donner au Gouvernement des moyens d'action et, en contrepartie, de les contrôler aussi étroitement que possible. Les Français attendent que nous veillions à ce que les restrictions aux libertés soient proportionnées aux objectifs poursuivis.
Je vous invite à partager le sens des responsabilités qui s'exprime sur tous les bancs.
M. Olivier Véran, ministre. - Je bois les paroles du rapporteur ! La responsabilité, c'est d'assumer des mesures que l'on estime indispensables, vitales même, pour nos concitoyens. Si vous savez comment freiner le virus sans restreindre les libertés, je suis preneur ! Ni les pays européens, ni les États-Unis, la Russie, l'Australie, la Corée, le Japon ou les pays africains n'ont su trouver...
Mme Esther Benbassa. - Affligeant.
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. - Nous ne voterons pas cet amendement. Mais ne pas être d'accord avec vous, monsieur le rapporteur, ne signifie pas que l'on est irresponsable ! Il n'est pas acceptable de dire à l'un de nos collègues qu'il est irresponsable parce que minoritaire. C'est à la limite de l'insulte. (Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST)
Mme Michelle Gréaume. - Monsieur le rapporteur, je suis peut-être minoritaire, mais si j'étais dans la majorité, au Gouvernement, j'essayerai d'associer tout le monde aux décisions. (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE et UC)
M. Fabien Gay. - Monsieur le rapporteur, vos propos ne sont pas acceptables. Nous sommes tous parlementaires à égalité. Les groupes d'opposition ont démontré leur sens des responsabilités depuis le début de cette crise en multipliant les propositions lors des lois de finances rectificatives et en demandant une meilleure association du Parlement.
Revenir devant le Parlement tous les quatre mois, se contenter des questions d'actualité et des auditions de ministres, ce n'est pas suffisant. Le Gouvernement a choisi de gérer la crise seul. Or le Parlement, loin d'être un ralentisseur, est l'une des clés pour sortir de la crise !
M. Loïc Hervé. - Très bien !
M. Fabien Gay. - Monsieur le rapporteur, que vous vous associez à cette gestion solitaire par l'exécutif nous surprend quelque peu... En ce moment, il y a besoin de débats politiques ! La crise sociale et la crise écologique sont les deux grandes oubliées. Les groupes d'opposition continueront à porter des propositions, j'espère que vous accepterez le débat. (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE, SER et GEST)
Mme Esther Benbassa. - Monsieur le ministre, ne peut-on combattre le virus autrement que par l'état d'urgence sanitaire ? Je ne pense pas que tous les pays que vous avez cités l'aient instauré...
Ce combat se mène avec l'appui des élus locaux. Un Gouvernement solitaire et vertical ne pourra à lui seul mettre fin à l'épidémie. Appuyez-vous sur les acteurs locaux. Plutôt qu'un confinement, vestige moyenâgeux de lazaret, accélérez la campagne de vaccination qui accuse des retards !
M. Philippe Bas, rapporteur. - Nous travaillons ici en bonne intelligence. Vous avez exprimé vos convictions, chère Mme Gréaume, je vous ai répondu avec mon caractère - soyez assurée que je respecte vos positions. Mais je considère qu'il n'est pas raisonnable de désarmer le Gouvernement dans cette crise sanitaire.
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. - « Raisonnable », soit.
M. Fabien Gay. - D'accord : là, c'est du débat.
M. Philippe Bas, rapporteur. - À mon sens, ce n'est pas non plus responsable. Cela n'engage que moi, et je ne crois pas vous insulter en le disant.
Mais je vous rejoins parfaitement sur votre volonté de renforcer le rôle du Parlement. C'est tout le sens des propositions que fait la commission : en les adoptant, nous renforcerons le contrôle parlementaire sur des actions qui restent nécessaires au vu des contaminations, et nous serons responsables.
L'amendement n°9 n'est pas adopté.
La séance est suspendue à 20 heures.
présidence de Mme Nathalie Delattre, vice-présidente
La séance reprend à 21 h 30.
L'amendement n°26 n'est pas défendu.
Mme la présidente. - Amendement n°19, présenté par Mme de La Gontrie et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Alinéa 1
Remplacer la date :
3 mai 2021
par les mots :
16 avril 2021 inclus
M. Jean-Pierre Sueur. - C'est un amendement de coordination.
Mme la présidente. - Amendement n°29, présenté par le Gouvernement.
Alinéa 1
Remplacer la date :
3 mai
par la date :
1er juin
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargée de l'autonomie. - Cet amendement rétablit la date du 1er juin 2021 comme échéance pour la nouvelle prorogation de l'état d'urgence sanitaire en cours.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Avis défavorable aux deux amendements, la commission des lois préfère la date du 3 mai.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. - Avis défavorable à l'amendement n°19.
L'amendement n°19 n'est pas adopté, non plus que l'amendement n°29.
Mme la présidente. - Amendement n°30, présenté par le Gouvernement.
Alinéas 2 et 3
Supprimer ces alinéas.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. - Cet amendement supprime l'autorisation expresse du Parlement pour la prorogation au-delà d'un mois des mesures d'interdiction de sortie du domicile d'une durée supérieure à douze heures par jour, introduite par la commission des lois.
Mme la présidente. - Amendement n°15, présenté par Mme de La Gontrie et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Alinéa 2, première phrase
1° Après les mots :
prévues au
insérer les mots :
1° et au
2° Après le mot :
jour
insérer les mots :
ou de n'autoriser que des déplacements brefs
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. - Il s'agit d'autoriser néanmoins les déplacements brefs.
Mme la présidente. - Amendement n°10, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Alinéa 2
Supprimer les mots :
pendant plus de douze heures par jour
Mme Michelle Gréaume. - Défendu.
Mme la présidente. - Amendement n°6 rectifié, présenté par Mme M. Carrère, MM. Artano, Bilhac et Cabanel, Mme N. Delattre, M. Fialaire, Mme Pantel et MM. Requier et Roux.
Alinéa 2, première phrase
Remplacer le mot :
douze
par le mot :
neuf
Mme Guylène Pantel. - Le contrôle parlementaire paraît indispensable, car des mesures gravement attentatoires aux libertés individuelles sont mises en oeuvre afin de lutter contre l'épidémie.
Le texte de la commission des lois comporte une avancée majeure : l'autorisation du Parlement pour le prolongement du confinement au-delà d'un mois. Mais il faut aussi noter la mise en place de couvre-feu de plus en plus long sur des plages horaires toujours plus étendues : cela aussi appelle un contrôle du Parlement.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Avis défavorable. Avis défavorable. Avis défavorable. Avis défavorable.
Mme la présidente. - Strike ! (Sourires)
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. - Même avis, même avis, même avis (Sourires) mais cela ne concerne pas l'amendement du Gouvernement !
L'amendement n°30 n'est pas adopté, non plus que les amendements nos15, 10 et 6 rectifié.
Mme la présidente. - Amendement n°5 rectifié, présenté par Mme M. Carrère, MM. Artano, Bilhac et Cabanel, Mmes N. Delattre et Pantel et MM. Requier, Roux et Fialaire.
Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
.... - Un décret détermine les conditions dans lesquelles le représentant de l'État dans le département peut, pendant l'état d'urgence sanitaire prorogé en application du I du présent article, à titre dérogatoire et lorsque la mise en oeuvre des mesures de nature à prévenir les risques de propagation du virus est garantie, autoriser l'ouverture de commerces de vente au détail et des établissements recevant du public.
Mme Maryse Carrère. - L'application de mesures sanitaires uniformes sur tout le territoire national n'est pas forcément justifiée ; il faut dès à présent définir un encadrement juridique pour des mesures de police administrative différenciées d'un département à l'autre. Pourquoi ne pas prévoir, pour les établissements recevant du public, une possibilité de réouverture par dérogation locale ?
Mme la présidente. - Amendement n°35, présenté par M. Bas, au nom de la commission.
Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
.... - Pendant l'état d'urgence sanitaire prorogé en application du I du présent article, dans le cas où les commerces de détail font l'objet, dans les circonscriptions territoriales où l'état d'urgence sanitaire est déclaré, d'une mesure de fermeture provisoire ordonnée en application du 2° du I de l'article L. 3131-15 du code de la santé publique, le représentant de l'État dans le département peut toutefois autoriser leur ouverture, lorsque la mise en oeuvre des mesures de nature à prévenir les risques de propagation du virus est garantie. Un décret précise les conditions d'application du présent paragraphe.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Si, comme nous ne le souhaitons pas, les commerces devaient être temporairement fermés, il faudrait que les préfets puissent autoriser à ouvrir ceux qui respecteraient certaines règles sanitaires, lorsque la situation le permet.
Cet amendement encadre mieux le pouvoir des préfets, je suggère à Mme Carrère de retirer le sien au profit du nôtre.
L'amendement n°5 rectifié est retiré.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. - Avis défavorable. Le Gouvernement doit conserver la faculté d'apprécier l'opportunité de l'ouverture des commerces. Le décret pris au printemps dernier en application de l'état d'urgence sanitaire donnait faculté aux préfets de rouvrir les marchés couverts, par exemple. Il n'est pas nécessaire de passer par la loi, et il n'y a pas lieu de limiter la disposition aux commerces de détail.
L'amendement n°35 est adopté.
L'article 2, modifié, est adopté.
L'article 3 demeure supprimé.
ARTICLE 4
Mme la présidente. - Amendement n°31, présenté par le Gouvernement.
Remplacer la date :
1er août
par la date :
31 décembre
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. - Cet amendement rétablit la date du 31 décembre 2021 comme échéance pour le cadre juridique des systèmes d'information mis en oeuvre pour la lutte contre l'épidémie de covid-19. Dans sa note du 12 septembre 2020, le Conseil scientifique souligne leur rôle déterminant dans le traçage.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Souvent, le Gouvernement varie et je me demande qui s'y fie... En novembre, vous avez demandé et obtenu que les systèmes d'information mis en place pour pister les contaminations restent applicables trois mois après la fin de l'état d'urgence sanitaire. C'est ce que nous faisons ! J'espère que vous saurez relayer nos attentes auprès des députés du groupe majoritaire en vue de la commission mixte paritaire. Défavorable.
L'amendement n°31 n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°20, présenté par M. Leconte et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
.... - Après le troisième alinéa du I du même article 11, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Aucun transfert de données à caractère personnel collectées par ces systèmes d'information à ces fins ne peut être réalisé en dehors de l'Union européenne, y compris lorsque ces données sont pseudonymisées. »
M. Jean-Pierre Sueur. - Madame la ministre, vous savez sans doute qu'aujourd'hui même, des failles sont apparues dans le secret médical concernant les fichiers relatifs à la vaccination. Que pouvez-vous nous en dire ?
Le Gouvernement s'est engagé à ce que les données de santé recueillies ne quittent pas l'Union européenne. Cette exigence ne relève pas du domaine réglementaire, car ce sont les libertés publiques qui sont en jeu. C'est une garantie qui doit figurer expressément dans la loi.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Avis défavorable. La solution est donnée par le Règlement général sur la protection des données (RGPD) et la loi Informatique et libertés.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. - Même avis.
M. Jean-Pierre Sueur. - Réponse bien succincte...
L'amendement n°20 n'est pas adopté.
L'article 4 est adopté.
ARTICLE ADDITIONNEL après l'article 4
Mme la présidente. - Amendement n°11, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Après l'article 4
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Les ordonnances publiées dans le cadre des dispositions fondant l'état d'urgence sanitaire doivent être ratifiées de manière expresse d'ici le 3 mai 2021.
M. Fabien Gay. - Voici un amendement présenté en toute responsabilité, monsieur le rapporteur... Peut-être tomberons-nous d'accord, car il est dans la droite ligne des principes défendus par le groupe de travail mis en place par le président Larcher sur la ratification des ordonnances. Depuis le début de la crise, 83 ordonnances ont été prises, dont certaines sans lien avec la pandémie. Je songe surtout aux dérogations au droit du travail sur les congés, les RTT ou le temps de travail, alors même que les salariés paient la crise : on compte un million de chômeurs supplémentaires. Cela justifie bien un débat sur l'ensemble des ordonnances.
Peut-être la majorité et l'opposition se mettront-elles d'accord sur cette question ?
M. Philippe Bas, rapporteur. - Je suis d'accord, il y a beaucoup trop d'ordonnances. Elles ont été plus nombreuses entre mars 2020 et aujourd'hui qu'entre 1958 et 2000. Trop c'est trop ! Sur ce point, nous sommes tous derrière le président Larcher.
Malheureusement, votre amendement est d'ordre constitutionnel. La Constitution prévoit déjà que les ordonnances sont ratifiées de manière expresse.
M. Fabien Gay. - On peut le redire !
M. Philippe Bas, rapporteur. - En revanche, elle prévoit l'obligation pour le Gouvernement de déposer un projet de loi de ratification, non l'obligation pour le Parlement de ratifier - ce à quoi votre rédaction aboutit. Peut-être aurions-nous pu trouver une rédaction commune, mais cela n'a pas été le cas. Avis défavorable.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. - Même avis.
M. Jean-Yves Leconte. - Monsieur le rapporteur, il est toujours possible au groupe majoritaire de mettre à l'ordre du jour un texte de ratification d'ordonnances... Je vous invite à le faire.
L'amendement n°11 n'est pas adopté.
L'article 4 bis est adopté.
ARTICLE 4 TER
Mme la présidente. - Amendement n°34, présenté par le Gouvernement.
Supprimer cet article.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. - Cet article reporte de six mois le transfert de la compétence mobilité locale à la région, si elle n'a pas été déjà transférée à l'intercommunalité. Les associations d'élus ne le demandent pas et un report de trois mois a déjà été prévu en avril 2020. Dans certains territoires, des réunions d'information sur les bassins de mobilité ont été organisées, en bonne intelligence entre les services de l'État et le conseil régional. Le bloc local est en mesure de se prononcer. Toutes les informations et l'accompagnement nécessaires seront déployés.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Avis défavorable. Les communes n'ont pas toujours eu le temps de s'approprier cette politique, or la loi est assez draconienne : si le transfert à l'intercommunalité n'a pas été fait, la compétence passe à la région sans autre forme de procès. Ne mettons pas les conseils élus pendant la crise sanitaire devant le fait accompli à cause d'une loi dont beaucoup ignorent encore les termes.
L'amendement n°34 n'est pas adopté.
L'article 4 ter est adopté.
ARTICLE ADDITIONNEL après l'article 4 ter
Mme la présidente. - Amendement n°33 rectifié, présenté par M. Richard et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.
Après l'article 4 ter
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Pour l'année 2021, par dérogation au deuxième alinéa du II de l'article 136 de la loi n°2014-366 du 24 mars 2014 pour l'accès au logement et un urbanisme rénové, le délai dans lequel au moins 25 % des communes représentant au moins 20 % de la population peuvent s'opposer au transfert à la communauté de communes ou la communauté d'agglomération de la compétence en matière de plan local d'urbanisme, de documents d'urbanisme en tenant lieu ou de carte communale court à compter du 1er octobre 2020.
M. Alain Richard. - Tant de délais ont été modifiés qu'une petite confusion s'est opérée. Il s'agit du délai dans lequel les communes doivent adopter leur délibération contraire au basculement en PLU intercommunal. Habituellement, une date butoir est fixée. Cette fois, c'était un créneau de temps, le troisième trimestre 2020. Il a été reporté, mais dans la rédaction actuelle de la loi, seules seront prises en compte les délibérations tenues entre avril et juin 2021. Il convient de faire la soudure, afin que soient valables toutes les délibérations entre octobre 2020 et juin 2021.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Avis favorable.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. - Avis favorable.
L'amendement n°33 rectifié est adopté et devient un article additionnel.
ARTICLE 5
Mme la présidente. - Amendement n°32, présenté par le Gouvernement.
I. - Alinéa 4
Supprimer cet alinéa.
II. - Alinéa 6
Rédiger ainsi cet alinéa :
2° Au premier alinéa de l'article L. 3841-2, la date : « 1er avril 2021 » est remplacée par la date : « 31 décembre 2021 ».
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. - Retiré par cohérence avec le vote précédent.
L'amendement n°32 est retiré.
Mme la présidente. - Amendement n°21, présenté par Mme de La Gontrie et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Alinéas 5 et 6
Remplacer la date :
31 décembre
par la date :
30 septembre
M. Jean-Pierre Sueur. - C'est encore un amendement de coordination.
Mme la présidente. - Amendement n°25 rectifié, présenté par MM. Rohfritsch, Patriat et Mohamed Soilihi, Mme Duranton, MM. Iacovelli et Buis et Mme Havet.
Alinéa 6
Remplacer cet alinéa par cinq alinéas ainsi rédigés :
2° L'article L. 3841-2 est ainsi modifié :
a) Au premier alinéa, la référence : « n°2020-546 du 11 mai 2020 prorogeant l'état d'urgence sanitaire et complétant ses dispositions » est remplacée par la référence : « n° du prorogeant l'état d'urgence sanitaire » et la date : « 1er avril 2021 » est remplacée par la date : « 31 décembre 2021 » ;
b) Après le 1°, sont insérés deux alinéas ainsi rédigés :
« ...° Le troisième alinéa de l'article L. 3131-13 est ainsi rédigé :
« " La prorogation au-delà d'un mois de l'état d'urgence sanitaire déclaré en Polynésie française ne peut être autorisée que par la loi, après avis du comité de scientifiques prévu à l'article L. 3131-19 et avis des autorités sanitaires territorialement compétentes." ; ».
M. Teva Rohfritsch. - Les communautés d'outre-mer ont connu des cycles de propagation du virus différents de la métropole. Ainsi, la circulation du virus en Polynésie française diminue. Nous avons introduit des mesures strictes de contrôle des voyageurs.
La loi devrait reconnaître de telles circonstances particulières. L'amendement prévoit la consultation préalable des autorités polynésiennes avant la mise en oeuvre d'un confinement, dans le respect de la répartition des compétences, car les collectivités d'outre-mer exercent désormais la compétence de santé publique.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Avis défavorable à l'amendement n°21, par cohérence.
L'amendement n°25 rectifié pose un problème juridique. Les mesures prises se rattachent à la garantie des libertés publiques : elles relèvent de la compétence de l'État et non de la collectivité de Polynésie française. Retrait ou avis défavorable.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. - Avis défavorable à l'amendement n°21 et retrait ou avis défavorable à l'amendement n°25 rectifié.
L'amendement n°21 n'est pas adopté.
M. Alain Richard. - Je ne suis pas convaincu par l'argumentation du rapporteur sur l'amendement n°25 rectifié. L'État est compétent s'agissant des mesures à caractère de souveraineté, mais les actions sanitaires relèvent du territoire. La demande de mon collègue porte sur un avis, elle me semble mesurée et de bon sens ; elle ne crée pas de désordre institutionnel.
L'amendement n°25 rectifié n'est pas adopté.
L'article 5 est adopté.
ARTICLES ADDITIONNELS après l'article 5
Mme la présidente. - Amendement n°22, présenté par M. Kerrouche et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Après l'article 5
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. - Compte tenu des risques sanitaires liés à l'épidémie de covid-19, pour tout scrutin électoral ou opération référendaire se déroulant au cours de l'année 2021, les électeurs votent soit dans les bureaux de vote, soit par correspondance sous pli fermé, dans des conditions permettant d'assurer le secret et la sincérité du scrutin.
II. - Dans chaque département, il est institué une commission de vote par correspondance, chargée du contrôle et de la traçabilité du processus de vote par correspondance.
La commission est obligatoirement présidée par un magistrat de l'ordre judiciaire. Elle peut s'adjoindre des délégués choisis parmi les électeurs du département.
Les candidats, leurs remplaçants ou leurs mandataires peuvent participer, avec voix consultative, aux travaux de la commission concernant leur circonscription.
La composition ainsi que les conditions de désignation et de fonctionnement des commissions instituées en application du présent II sont fixées par décret en Conseil d'État.
III. - Dès la publication du décret convoquant le collège électoral, tout électeur souhaitant voter par correspondance sous pli fermé peut demander à recevoir, sans frais, le matériel de vote lui permettant de voter par correspondance au premier tour, et, le cas échéant, au second tour.
Lorsque plusieurs élections ont lieu le même jour, la demande vaut pour toutes les élections ayant lieu le même jour.
La demande, formulée auprès de l'autorité compétente pour les procurations, s'établit au moyen d'un formulaire administratif prévu à cet effet qui doit obligatoirement :
1° Comporter les nom, prénoms, sexe, date et lieu de naissance, nationalité, adresse au titre de laquelle l'électeur est inscrit sur la liste électorale ;
2° Comporter une adresse postale de contact, adresse de messagerie électronique, numéro de téléphone permettant à l'électeur d'être informé de la prise en compte de son vote par correspondance ;
3° Être accompagné de la copie d'une pièce justifiant de l'identité de l'électeur et comprenant sa signature dont la liste est fixée par arrêtée ;
4° Être accompagné d'un justificatif de domicile de moins de trois mois ;
5° Être signé par le demandeur ;
6° Indiquer si la demande vaut pour le premier tour, et le cas échéant, le deuxième tour ou les deux tours de scrutin.
Le formulaire, complété en triple exemplaire, est retourné par voie postale ou déposé en personne, ou en un exemplaire déposé par voie électronique, ou rempli à partir d'un portail de dépôt des demandes dématérialisées accessible depuis internet.
La demande doit être envoyée au plus tard le deuxième vendredi qui précède le scrutin. L'autorité compétente pour les procurations en accuse réception par tout moyen auprès de l'électeur.
Les demandes et justifications prévues au présent III sont conservées par les autorités mentionnées au troisième alinéa du présent III jusqu'à l'expiration du délai de recours contentieux.
IV. - L'autorité à laquelle est présenté le formulaire de demande de vote par correspondance, après avoir porté mention de celle-ci sur un registre spécial ouvert par ses soins, indique sur le formulaire le numéro de la demande, le numéro d'identifiant national et le numéro d'ordre dans le bureau de vote de l'électeur. Elle ajoute ses noms et qualité et le revêt de son visa et de son cachet.
Elle vérifie la capacité de l'électeur et, en cas d'incapacité, en informe le demandeur et le maire de la commune concernée.
Elle adresse en recommandé avec demande d'avis de réception, ou par porteur contre accusé de réception, un exemplaire papier ou électronique, du formulaire au maire de la commune sur la liste électorale de laquelle l'électeur est inscrit, et un second exemplaire à la commission de vote par correspondance prévue au II du présent article.
V. - Dès réception de la demande, la commission de vote par correspondance l'enregistre et vérifie à son tour que l'électeur est en capacité de voter et que sa demande comporte les indications et est accompagnée des pièces prévues au III du présent article.
Dans l'affirmative, la commission de vote par correspondance fait adresser sans délai, à l'électeur sous pli recommandé, par la commission de propagande prévue aux articles L. 166, L. 212, L. 224-23, L. 241, L. 354, L. 376, L. 413, L. 491, L. 518, L. 546 et L. 558-26 du code électoral et à l'article 17 de la loi n° 77-729 du 7 juillet 1977 relative à l'élection des représentants au Parlement européen, le matériel de vote, au plus tard le lundi qui précède le scrutin. Dans l'hypothèse où plusieurs élections ont lieu le même jour, chaque élection concernée fait l'objet d'un envoi distinct.
Dans la négative, la commission de vote par correspondance indique à l'électeur les raisons pour lesquelles sa demande ne peut être acceptée.
En l'absence de réception du matériel de vote dans le délai imparti ou en cas de réponse négative, l'électeur peut saisir le ministère de l'Intérieur, le cas échéant par voie électronique.
Chaque électeur n'est destinataire que d'un unique pli de matériel de vote.
VI. - Le matériel de vote par correspondance sous pli fermé comprend :
1° Une enveloppe d'identification d'une couleur déterminée par voie réglementaire, sur laquelle est imprimé un certificat de vote signé par le président de la commission de vote par correspondance ou par son délégué, revêtu du cachet officiel, et comportant un code barre, un numéro identique à celui de la demande de l'électeur, ses nom, prénoms, date et lieu de naissance, nom de la commune de la liste électorale sur laquelle il figure, le numéro d'identifiant national et le numéro d'ordre dans le bureau de vote de l'électeur, ainsi qu'une déclaration sous serment à signer ;
Lorsque plusieurs élections ont lieu le même jour, chaque élection se voit attribuer une nuance de cette couleur différente.
2° Une enveloppe d'expédition préaffranchie, portant la mention « Élections - Vote par correspondance - le scrutin concerné », d'une couleur déterminée par voie réglementaire, sur laquelle est imprimée l'adresse du tribunal judicaire compétent, le nom et le code de la commune de la liste électorale sur laquelle l'électeur est inscrit. Lorsque plusieurs élections ont lieu le même jour, chaque élection se voit attribuer une nuance de cette couleur différente ;
3° Une enveloppe électorale d'une couleur déterminée par voie réglementaire et distincte de la couleur de l'enveloppe utilisée pour le vote à l'urne. Lorsque plusieurs élections ont lieu le même jour, chaque élection se voit attribuer une nuance de cette couleur différente ;
4° Les bulletins de vote et circulaires des candidats ;
5° Une notice d'utilisation.
VII. - Au fur et à mesure de la réception des demandes de vote par correspondance, le président de la commission de vote par correspondance, ou son délégué, inscrit sur un registre composé de pages numérotées, ouvert à cet effet, les noms et prénoms du demandeur, le numéro de la demande mentionné au IV, le numéro d'identifiant national et le numéro d'ordre dans le bureau de vote de l'électeur, ainsi que le nom et la qualité de l'autorité qui a réceptionné la demande et la date de son établissement. Le registre est tenu à la disposition de tout électeur, y compris le jour du scrutin.
Mention de la suite donnée à chaque demande par la commission de vote par correspondance est faite en face du nom de l'électeur.
VIII. - La liste des électeurs admis à voter par correspondance est envoyée par le président de la commission de vote par correspondance au maire, au plus tard avant l'expiration du délai fixé pour l'envoi des documents de propagande électorale.
IX. - L'enveloppe d'identification scellée, revêtue de la signature de l'électeur et de sa déclaration sous serment et renfermant l'enveloppe électorale contenant le bulletin de vote scellée, adressée au président de la commission de vote par correspondance prévue au II doit parvenir au tribunal judiciaire par voie postale ou par les autorités compétentes pour établir les procurations, ou être déposée en personne, au plus tard le vendredi précédant le jour du scrutin, à 17 heures.
Tout dépôt par une même personne de plusieurs enveloppes est interdit.
L'envoi du vote par correspondance sous pli fermé ne prive pas l'électeur de son droit de vote à l'urne. S'il vote à l'urne le jour du scrutin, son vote par correspondance est annulé.
X. - Chaque greffier en chef du tribunal judiciaire compétent tient un registre du vote par correspondance sous pli fermé, composé de pages numérotées. Il est fait mention au registre des enveloppes d'identification reçues au fur et à mesure de leur arrivée et du numéro du certificat mentionné au VI. Sur chaque enveloppe est aussitôt apposé un numéro d'ordre.
Tout électeur et tout candidat, ou son représentant, peuvent consulter le registre et y consigner leurs observations relatives aux opérations du vote par correspondance.
Chaque pli de vote par correspondance fait l'objet d'un accusé de réception auprès de l'électeur.
XI. - Les enveloppes d'identification sont conservées dans un lieu sécurisé, sous la responsabilité du greffier en chef du tribunal judiciaire compétent.
À l'échéance du délai prévu au IX, les enveloppes d'identification sont remises avec le registre prévu au X à la commission de vote par correspondance.
La commission vérifie la conformité du nombre de plis remis et le nombre figurant au registre prévu au X, puis l'identité de chaque électeur au moyen de son certificat et de la concordance de ses signatures.
La commission de vote par correspondance, transmet au maire la liste des électeurs ayant pris part au vote par correspondance. Le maire inscrit sur la liste électorale et la liste d'émargement la mention du vote par correspondance sous pli fermé en face du nom de chaque électeur.
La commission de vote par correspondance informe chaque électeur de la transmission ou non de son pli de vote par correspondance au bureau de vote auquel il est inscrit. Un site internet dédié permet à chaque électeur de vérifier la réception et la validité de son vote par correspondance.
À l'issue de ces opérations, les enveloppes d'identification, demeurées scellées, et le registre du vote par correspondance sous pli fermé sont restitués au greffier en chef pour être conservés dans les conditions prévues au premier alinéa.
XII. - Ne donnent pas lieu à émargement les enveloppes d'identification :
1° Reçues en plus d'un exemplaire au nom d'un même électeur ;
2° Parvenues hors du délai prévu au IX ;
3° Pour lesquelles la commission de vote par correspondance n'a pas authentifié l'identité de l'électeur ;
4° Pour lesquelles le certificat est non valide ;
5° Pour lesquelles la déclaration de serment n'est pas signée ;
6° Qui ne sont pas scellées.
Ces enveloppes sont contresignées par les membres de la commission de vote par correspondance et sont annexées au procès-verbal selon les modalités prévues à l'article L. 66 du code électoral.
Les enveloppes parvenues après 17 heures le vendredi précédant le scrutin ne sont pas ouvertes et sont conservées par le greffier en chef qui en dresse procès-verbal. Les enveloppes sont détruites à l'expiration du délai de recours contentieux.
XIII. - Le jour du scrutin, les documents et le registre mentionnés aux premier et deuxième alinéas du XI sont acheminés jusqu'au bureau de vote par les autorités compétentes pour établir les procurations.
À la clôture du scrutin, son président et ses assesseurs indiquent le numéro du certificat sur la liste d'émargement, procèdent à l'ouverture des enveloppes d'identification et insèrent l'enveloppe électorale dans l'urne fermée, après s'être assurés que l'électeur concerné n'a pas déjà voté à l'urne.
Les émargements de vote par correspondance et de vote à l'urne sont comptabilisés distinctement. Leur nombre est consigné au procès-verbal avant toute ouverture de l'urne. Il est vérifié, avant l'ouverture de l'urne, qu'aucun bulletin n'est en circulation dans le bureau de vote. Ensuite, le dépouillement se déroule de la manière suivante : l'urne est ouverte et le nombre des enveloppes est vérifié. Si le nombre de bulletin de vote par correspondance est plus grand ou moindre que celui des émargements, il en est fait mention au procès-verbal.
Les enveloppes de vote par correspondance non réglementaires sont contresignés par les membres du bureau et annexées au procès-verbal selon les modalités prévues à l'article L. 66.
À l'issue du dépouillement, les enveloppes d'identification sont restituées au greffier en chef du tribunal judiciaire compétent et conservées dans les conditions prévues au premier alinéa du XI, jusqu'à l'expiration du délai de recours contentieux.
XIV. - Ne sont pas recevables :
- Une enveloppe d'identification non-scellée ou qui contient plusieurs enveloppes électorales ;
- Un bulletin qui n'a pas été inséré dans une enveloppe électorale officielle ;
- Une enveloppe électorale non-scellée.
XV. - Tout électeur conserve la possibilité de voter personnellement à l'urne. Les dispositions du deuxième alinéa du XIII sont alors applicables.
XVI. - En cas de décès ou de privation des droits civiques de l'électeur ayant exercé son droit de vote par correspondance, son vote est annulé de plein droit.
XVII. - Un membre de la commission de vote par correspondance assiste à sa demande aux travaux de la commission de recensement prévue aux articles L. 175, L. 224-28, L. 359, L. 396, L. 416, L. 558-30 et L. 558-47 du code électoral et à l'article 21 de la loi n° 77-729 du 7 juillet 1977 relative à l'élection des représentants au Parlement européen.
XVIII. - En cas de deuxième tour de scrutin, il y est procédé le deuxième dimanche suivant le premier tour.
XIX. - Les sanctions prévues à l'article L. 111 du code électoral s'appliquent aux dispositions prévues du I au XVII.
XX. - Les dépenses résultant de l'organisation des opérations de vote par correspondance sous pli fermé prévues au présent article sont à la charge de l'État.
XXI. - Des décrets d'application pris en Conseil d'État déterminent les conditions d'application du présent article.
M. Jérôme Durain. - Face à la crise sanitaire, le Gouvernement semble envisager systématiquement le report des élections. Or la pandémie ne doit pas conduire à un confinement de la démocratie.
Malgré les aménagements envisagés pour conduire la campagne électorale, le risque d'une abstention massive demeure. Il faudrait moderniser notre droit électoral en instaurant le vote par correspondance en période d'état d'urgence sanitaire pour les scrutins électoraux et les opérations référendaires.
En 2020, nous avons été surpris ; en 2021, nous nous apprêtons à l'être... Quid de 2022 ? Mettons en place le vote par correspondance sous pli fermé.
Mme la présidente. - Amendement n°23, présenté par M. Kerrouche et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Après l'article 5
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. - Compte tenu des risques sanitaires liés à l'épidémie de covid-19, pour tout scrutin électoral ou opération référendaire se déroulant au cours de l'année 2021, par dérogation aux articles L. 54 à L. 56 du code électoral, le scrutin dure trois jours dans les communes de 5 000 habitants et plus. Les opérations de vote ont lieu les vendredi, samedi et dimanche.
II. - À l'issue des opérations de vote des vendredi et samedi, les urnes et listes d'émargement sont mises sous scellés par le président du bureau de vote en présence des autres membres du bureau de vote et transférées, sous l'autorité d'agents ou d'officiers de police judiciaire compétents pour établir les procurations, dans le poste de police ou de gendarmerie le plus proche.
Pour les opérations de vote des samedi et dimanche, il est procédé aux transferts des urnes et listes d'émergement vers les bureaux de vote correspondants selon les mêmes modalités.
III. - Tout salarié ou agent public souhaitant remplir les fonctions de président, d'assesseur, de secrétaire d'un bureau de vote, ou de délégué de candidats, bénéficie, à sa convenance et sur justificatif, d'une autorisation d'absence dans la limite d'une journée. Il avertit son employeur vingt-quatre heures au moins avant le début de son absence.
IV. - Un décret en Conseil d'État détermine les modalités d'application du présent article.
V. - Les dépenses résultant du présent article sont à la charge de l'État.
M. Jérôme Durain. - Dans la même intention, nous autorisons le vote anticipé en période d'état d'urgence sanitaire, avec une plage de trois jours pour les opérations électorales, afin de faciliter l'accès aux urnes et aux isoloirs.
M. Philippe Bas, rapporteur. - Avis défavorable aux amendements n°s22 et 23.
Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée. - Même avis.
L'amendement n°22 n'est pas adopté, non plus que l'amendement n°23
Interventions sur l'ensemble
Mme Marie-Pierre de La Gontrie . - Nous avons à nouveau échangé sur l'état d'urgence sanitaire afin d'affiner la loi dans ce contexte si difficile.
Le groupe SER entend donner les moyens au Gouvernement pour que les Français puissent tenir face à la pandémie - à la condition que soient strictement encadrées les atteintes à la liberté, ce qu'a fait la commission des lois.
Hélas, certaines de nos propositions n'ont pas été retenues, notamment en matière électorale. Il faudra en assumer les conséquences quand le Gouvernement annoncera, dans quelques mois, un report des élections en raison des conditions sanitaires... Le Sénat devra alors assumer de ne pas avoir permis l'exercice de la démocratie.
Nous nous abstiendrons sur ce texte. (Applaudissements sur les travées du groupe SER)
M. Thani Mohamed Soilihi . - Notre groupe votera ce projet de loi bien que nous déplorions la réduction du délai de l'état d'urgence sanitaire et l'obligation de consulter le Parlement au bout d'un mois en cas de confinement.
Aucun Gouvernement ne prend une telle décision de gaieté de coeur ou à la légère. Ce serait suicidaire. J'espère une évolution dans le cadre de la navette.
M. Philippe Bonnecarrère . - Notre groupe exprime sa liberté traditionnelle de vote : un vote favorable pour nos collègues qui estiment trop grave la situation sanitaire pour faire valoir des arguments relatifs aux libertés individuelles ; un vote favorable également pour ceux qui pensaient, lorsque nous avons tenu notre réunion, que la commission des lois procèderait à une réécriture plus ambitieuse du texte, et que la garantie demandée au Gouvernement ne se limiterait pas à la simple obligation de vote du Parlement pour le prolongement du confinement au-delà d'un mois ; et un vote défavorable pour ceux qui ont déploré le refus du Gouvernement de consulter le Parlement préalablement à une décision de confinement.
La représentation nationale aurait parfaitement pu s'exprimer puisque le Gouvernement s'est donné quelques jours avant la décision. Nous sommes parfaitement capables de nous prononcer en 48 heures. Les garanties ne sont pas suffisantes, le Parlement doit s'effacer... Quelle erreur ! Car le Gouvernement se prive d'un atout fondamental pour légitimer sa décision.
Mme Marie Mercier . - Notre groupe votera la prorogation de l'état d'urgence sanitaire pour protéger les Français, mais la cacophonie des décisions du Gouvernement a entraîné la méfiance. J'en veux pour preuve la stratégie vaccinale pour les plus de 75 ans : prise de rendez-vous sur Doctolib inadaptée à ce public, rendez-vous obtenus après 46 appels... Il faut protéger les Français, et aussi protéger les soignants.
Mme la présidente. - Voici le résultat du scrutin n°58 :
Nombre de votants | 344 |
Nombre de suffrages exprimés | 274 |
Pour l'adoption | 235 |
Contre | 39 |
Le Sénat a adopté.
(M. Bruno Belin applaudit.)