Politiques publiques à destination de la jeunesse
Mme la présidente. - L'ordre du jour appelle un débat sur le thème : « Quelles nouvelles politiques publiques à destination de la jeunesse afin d'aider ces publics particulièrement exposés dans la prise en charge des conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire actuelle ? », débat souhaité par le groupe socialiste et républicain.
Mme Annie Guillemot, pour le groupe socialiste et républicain . - Quoi de plus essentiel que la jeunesse et son avenir ? L'enjeu est de solidarité entre les générations. C'est aussi une impérieuse nécessité, pour notre futur immédiat comme pour le moyen et long terme. « Nous devons faire un large crédit à notre jeunesse », pourrait-on dire en reprenant les mots de Jean Jaurès sur la nature humaine.
Les jeunes sont les moins touchés par la pandémie, mais ils sont au premier rang des victimes de la crise. La situation sociale n'a pas été suffisamment prise en compte par le Gouvernement. La crise économique et sociale à venir aura des effets dévastateurs : il faut faire jouer la solidarité nationale.
Cela appelle des mesures d'urgence pour éviter une bascule dans la pauvreté. Le plan de sortie du confinement doit s'accompagner de mesures renforcées pour les jeunes, au sein d'un titre dédié qui viendrait compléter la loi du 23 mars 2020.
L'État, garant de la justice sociale, doit mettre en oeuvre des politiques publiques ancrées dans le quotidien des jeunes : emploi, logements, tels sont en particulier des domaines à soutenir.
Les jeunes ont été privés de revenus pendant le confinement. Ils représentent 30 % de l'emploi dans les entreprises parmi les plus durement touchées, restaurants, centres de loisirs,... Or 670 000 étudiants dépendent de ces emplois. Plus de 20 % vivent sous le seuil de pauvreté. Comment feront-ils, alors qu'ils voient leur emploi d'été compromis, leur stage supprimé ? Le Gouvernement annonce une récession de 11 %. Si nous ne faisons rien, les diplômés de 2020 et ceux des années à venir seront les générations sacrifiées de la crise.
L'instabilité économique a encore accru les inégalités d'accès au logement. Il faut aller plus loin que le simple maintien des aides au logement en prévoyant des aides temporaires pour les plus fragiles, et en revenant sur la politique actuelle, sur la sous-indexation des aides - et surtout, il faut renoncer à la réforme de l'aide personnalisée au logement (APL), insupportable. Elle a déjà été reportée quatre fois. Encore un effort ! Elle toucherait 600 000 personnes dont 300 000 jeunes.
Les jeunes de nos quartiers sont particulièrement touchés avec un taux de chômage supérieur de 5 points à la moyenne. Les moins qualifiés et les bas salaires sont ceux qui ont le plus souffert de la crise et risquent de basculer dans la pauvreté.
Nous devons valoriser la richesse de la jeunesse. Le pourcentage de jeunes en insertion devrait être quatre à cinq fois plus élevé qu'il ne l'est. Les jeunes en emplois aidés ne sont que 16 % dans les quartiers, selon Mme Muriel Pénicaud. Il faut augmenter ce nombre et donner corps au principe d'équité. En 2017, on comptait 500 000 emplois aidés ; en 2019, 130 000. Cette remise en cause brutale a également fragilisé le monde associatif.
Le chômage peut atteindre dans les quartiers 45 % des jeunes sans diplôme, le double de la moyenne nationale dans cette tranche d'âge ; et ce, avant la crise. Pourtant des milliers de jeunes ont des compétences à apporter, par exemple pour résorber la fracture numérique ou aider les élèves décrocheurs, tout en payant leurs études grâce à un emploi aidé.
Il faut réactiver les emplois aidés. Le Gouvernement le fera-t-il ? Trop coûteux, peu utiles, entend-on dire. Les emplois d'avenir avaient pourtant bénéficié à 300 000 jeunes, dont 60 000 dans les quartiers. Lancez un plan spécifique pour ces quartiers, ne serait-ce qu'au profit de 20 000 jeunes, cela aiderait nos enfants... et les associations. Il y a une urgence économique et sociale. De la jeunesse dépend notre avenir collectif.
Lorsque j'étais maire, j'estimais qu'aider les gens à trouver un logement et un emploi était l'essentiel, pour qu'ils puissent construire leur vie. Mais le respect et la lutte contre les discriminations le sont tout autant. L'espoir d'un avenir serein l'est aussi, une émancipation grâce à la culture et l'éducation. Nous avons besoin de tolérance, de rencontre avec d'autres imaginaires.
Pour le groupe socialiste et républicain, compte tenu de la profondeur des inégalités, la priorité est d'aider les plus fragiles et donc les jeunes. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR)
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse . - Je remercie le groupe socialiste et républicain de ce débat sur un sujet qui nous mobilisera dans les mois à venir.
À chaque crise économique, les jeunes sont de ceux qui sont touchés le plus violemment, quel que soit leur niveau de qualification. Quelque 550 000 jeunes de moins de 25 ans sont au chômage et 700 000 vont arriver sur le marché du travail à la rentrée. Il faut trouver des solutions.
Le premier atout de la jeunesse, ce sont les jeunes eux-mêmes. Je rends hommage à leur créativité, leur engagement, leur dynamisme et à leur énergie. Parmi les 300 000 volontaires qui se sont inscrits sur la plateforme de la réserve civique pendant la crise, 40 % avaient moins de 30 ans. Les 58 000 jeunes en service civique ont modifié leurs missions pour participer à l'effort de solidarité ; il y a également tous les jeunes qui ont aidé bénévolement dans les quartiers.
Nous devons faire prospérer cet élan après la crise et prendre appui sur l'énergie créatrice de la jeunesse. Nous devrons penser le moyen et long terme et compléter l'action économique par une action sociale.
Au plus fort de la crise sanitaire, le Gouvernement a répondu avec une force sans précédent aux drames économiques et sociaux. Les jeunes ont bénéficié des dispositifs de soutien à l'emploi, assouplissement des délais pour les droits, chômage partiel, indemnités journalières pour les jeunes parents.
Au total, quatre millions de familles pauvres ou modestes ont reçu une prime de 150 euros complétée de 100 euros par enfant. Soit 900 millions d'euros largement fléchés sur les jeunes et les enfants.
En outre, 800 000 jeunes recevront en juin une aide de 200 euros, pour compenser la perte de revenus liée à la perte d'un stage, d'un apprentissage, d'un job étudiant. Le Crous n'a pas appliqué de préavis lorsque les étudiants ont quitté leur logement pour rentrer dans leur famille. Nous avons aussi prolongé les mesures de l'aide sociale à l'enfance (ASE) pour les jeunes qui atteignaient leur majorité pendant la crise. Une opération en équipement informatique et Internet a été menée pour 15 millions d'euros.
Dans l'après crise, nous lutterons contre le décrochage scolaire, notamment dans la voie professionnelle. Nous maintiendrons la dynamique engagée dans la formation professionnelle et l'apprentissage et nous soutiendrons l'embauche. Nous lutterons contre la précarité des jeunes.
Depuis 2017, nous menons une politique pour mieux armer les jeunes. Le plan d'investissement dans les compétences a mobilisé 15 milliards d'euros, au bénéfice d'un million de jeunes et de personnes peu qualifiées : deuxième chance, lutte contre le décrochage scolaire dans les outre-mer, par exemple. Tous les 16-18 ans sans emploi auront une obligation de formation, elle a été inscrite dans la loi pour une école de la confiance.
Avec la réforme de la formation professionnelle et de l'alternance, l'apprentissage a augmenté de 16 % en 2019 pour un objectif de 400 000 jeunes. Cette dynamique doit perdurer. Un plan spécifique sera déployé à la rentrée, et dévoilé avant l'été, car oui, il faut aller vite. Des mesures seront également annoncées demain à l'issue de la rencontre avec les partenaires sociaux.
Quant aux emplois aidés et emplois jeunes, ils ont donné lieu à de très belles histoires et quelques trajectoires professionnelles positives. Mais ce n'était pas la majorité des cas et nous avons tenté de construire d'autres solutions, notamment avec les parcours emploi compétence et emplois francs dans les quartiers - des solutions d'insertion durable et qui aident à la fois le jeune et la structure qui l'accueille.
Je réfléchis à construire des ponts avec l'emploi associatif, prenant en compte les préoccupations des jeunes.
M. André Gattolin . - Les crises économiques précédentes ont montré combien les jeunes sont une population fragile, vulnérables face au fléau du chômage. Ils pourraient se décourager, ils ont peur de ne pouvoir s'insérer sur le marché du travail.
Parmi les dispositifs qui leur sont destinés, le service civique favorise l'intégration et le lien social, et dote les jeunes de compétences précieuses pour leur avenir professionnel.
Le service civique a dix ans et le service national universel (SNU), son petit frère, est dans sa première année. Ne peut-on élargir le service civique, en augmentant son budget ? N'est-ce pas un instrument d'accompagnement dans l'après-crise ?
Par ailleurs, les jeunes en situation de handicap représentent seulement 3 % du contingent du service civique. Peut-on les aider à y accéder plus facilement ?
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - Je vous remercie d'évoquer le service civique, maintenu sous tous les gouvernements, et qui fête ses dix ans. Nous avons dû reporter l'événement prévu en mars... Le dispositif a été construit pour favoriser l'engagement des jeunes. Il s'est imposé comme un moment où les jeunes prennent confiance en eux, développent des compétences, notamment de savoir-être, de sorte qu'il est devenu une sorte de label pour les entreprises.
Nous avons beaucoup investi dans le service civique depuis 2017 et il faut poursuivre l'effort.
Quelque 145 000 à 150 000 jeunes y sont inscrits cette année. Les jeunes ont envie de s'engager, la crise l'a montré. Le service civique peut être une des réponses à la crise. Nous mobiliserons tous les moyens pour l'élargir sans pour autant nuire à la qualité des missions - il ne s'agit ni de remplacer des emplois, ni d'occuper les jeunes !
M. André Gattolin. - Je vous remercie pour votre réponse. J'insiste sur les jeunes en situation de handicap. Le service civique permet d'aller plus loin dans l'insertion professionnelle. Les associations qui oeuvrent dans le domaine du handicap y sont très sensibles. (M. Julien Bargeton applaudit.)
Mme Céline Brulin . - La crise sanitaire et ses conséquences sociales et économiques mettent en lumière de profondes inégalités. Les jeunes doivent faire face au non-renouvellement des CDD, à l'absence de protection sociale liée à l'ubérisation, à l'impossibilité de trouver un job d'été, sans compter des soupçons qui pèsent sur la valeur des diplômes délivrés cette année. Aucune date n'est encore fixée pour la reprise des examens du permis de conduire alors qu'il est souvent indispensable pour obtenir un emploi dans les territoires. Ces questions très diverses méritent réponse.
Le RSA pourrait être un filet de sécurité. Salutaire dans la période, sans constituer pourtant un horizon satisfaisant. Pourquoi les jeunes, majeurs à 18 ans, capables de voter, cotiser, payer des impôts, sont-ils exclus de ce volet de la solidarité nationale ?
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - Monsieur Gattolin, 1,5 % des jeunes en service civique étaient en situation de handicap quand j'ai été nommé. Mon objectif est d'atteindre les 3 %. Je suis très sensible à cette question.
Madame Brulin, je partage votre constat. Le débat qui crée des divergences entre nous porte sur la méthode. Je ne suis pas favorable à l'extension du RSA aux moins de 25 ans qui disposent déjà de la garantie jeunes.
Mieux vaut soutenir et élargir ce dispositif. L'enjeu est celui de l'accompagnement humain des jeunes vers l'emploi, alors que le RSA est démobilisateur, pour les structures qui accompagnent les jeunes. Le revenu universel d'activité est un grand chantier que nous avons ouvert, et qui se poursuivra pour une mise en oeuvre en 2023.
Mme Céline Brulin. - Le RSA, comme auparavant le RMI, comporte un volet insertion. Il est faux de dire que si les jeunes touchent un revenu de solidarité ils ne cherchent pas de travail. Mais des entreprises comme Renault annoncent des suppressions d'emplois malgré les plans de soutien ! Les débouchés industriels reculent. Les jeunes eux aussi ont besoin d'un filet de sécurité.
Mme Colette Mélot . - Alors que 750 000 jeunes vont sortir des études, leur insertion s'annonce compliquée. L'Association pour l'emploi des cadres (APEC) observe une baisse de 70 % des offres d'emploi concernant les jeunes diplômés. Les centres de formation d'apprentis (CFA) rouvrent progressivement mais certains sont menacés, car leur financement dépend du nombre de contrats signés. Des secteurs comme l'hôtellerie et la restauration, en grande difficulté, accueillent traditionnellement beaucoup d'apprentis. Ne faudrait-il pas, d'une part, revoir les règles du financement des CFA et, d'autre part, faciliter l'entrée et la sortie des jeunes dans les dispositifs d'apprentissage, pour aider les entreprises à se remettre à flot sans pénaliser les jeunes ?
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - L'apprentissage est une très grande priorité du Gouvernement. Grâce à Muriel Pénicaud, nous avons réussi à atteindre 400 000 apprentis. La crise ne doit pas casser cet élan.
Une réunion importante se tiendra demain autour du Président de la République, avec les partenaires sociaux. Je ne puis vous faire la moindre annonce avant. L'apprentissage est une voie d'excellence ; nous avons réussi à faire reconnaître sa place dans la société et nous allons continuer à le soutenir.
Mme Colette Mélot. - Avec la crise, les entreprises sont plus réticentes à recruter. J'espère que vous les soutiendrez massivement afin de préserver cette voie d'excellence.
Mme Jocelyne Guidez . - Entre inquiétude du présent et crainte du lendemain, notre jeunesse est loin d'être sereine.
La réussite était déjà un parcours du combattant, c'est désormais un espoir incertain.
L'apprentissage est essentiel. Avant la crise, il était en croissance, malgré la difficulté à trouver parfois une entreprise - désormais, cela risque de devenir compliqué. Mais vous avez largement répondu à cette question.
Ne faudrait-il pas relancer les contrats d'avenir, dans le secteur marchand ou non marchand ? C'est une autre demande forte. Ne sacrifions pas nos jeunes, alors qu'ils sont l'avenir.
Des communes sont prêtes à faire le jeu d'un vrai contrat accompagné.
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - Nous annoncerons demain un soutien aux centres de formation et aux apprentis qui ont décroché, dont la proportion est estimée à 15 % par Jean-Marie Marx, haut-commissaire aux compétences auprès de la ministre du travail. Ainsi, les lycées professionnels resteront ouverts cet été. Un plan de relance sera présenté cet été avec des investissements sur des secteurs d'avenir comme le soin, la transition énergétique et le numérique. Il y aura des perspectives d'emploi. Nous pourrons y former des jeunes.
Mme Dominique Estrosi Sassone . - Je m'exprime comme parlementaire, mais aussi comme présidente de la mission locale Nice Côte d'Azur. Le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A a bondi, notamment parmi les plus jeunes. La mission locale enregistre une baisse des recrutements de 84 % en un an.
Les CFA rouvrent actuellement à la carte, ce qui ne facilite pas le suivi des études, tandis que la valeur du diplôme est menacée parce que la formation pratique a été interrompue. Les contrats d'apprentissage, dans les Alpes-Maritimes, concernent essentiellement la période avril-octobre, dans les secteurs de la restauration ou de l'hôtellerie. Les offres sont moins nombreuses.
Comptez-vous élargir le fonds d'aide aux jeunes, au-delà des 200 euros en mai ? Renforcer les contrats aidés dans le secteur non marchand ? Diminuer les charges, proposer une incitation financière sous forme d'exonération de cotisations, pour le recrutement d'un jeune en CDI ?
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - Les chiffres que vous citez sont inquiétants. L'essentiel maintenant est que l'activité reparte le plus vite possible. La reprise de l'apprentissage était de 30 % la semaine dernière - l'objectif est d'atteindre 60 % avant l'été.
L'incitation financière est sur la table ; nous en discutons avec Bruno Le Maire. Des mesures en ce sens avaient été prises en 2008. La question n'est pas encore tranchée.
Mme Dominique Estrosi Sassone. - Nous avons une responsabilité éminente : cette génération ne doit pas être sacrifiée ou pénalisée.
Mme Claudine Lepage . - (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR) Nous devons à notre jeunesse un horizon et l'espoir d'un avenir meilleur, qui passe par l'éducation et par la rencontre avec d'autres cultures.
Hélas la crise du coronavirus a interrompu la mobilité internationale des étudiants. Qu'en sera-t-il à la rentrée prochaine ? Les échanges Erasmus devraient pouvoir avoir lieu mais hors Europe, les universités proposent des reports et des annulations, et proposent des cours en ligne. Or cela ne pourra jamais remplacer l'immersion dans un autre pays !
Les jeunes qui s'apprêtaient à vivre un service civique à l'étranger ou un projet « vacances-travail » ont vu leur projet d'expatriation s'écrouler et se retrouvent sans perspectives, alors que ces expériences sont plébiscitées par les jeunes qui peinent à s'insérer. Je crains que la pandémie ne favorise le repli sur soi.
Comment donner un nouvel élan à la mobilité des jeunes, indispensable à leur insertion professionnelle ?
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - Je vous rejoins totalement. La mobilité internationale est essentielle à la formation des jeunes, à leur insertion dans l'emploi et à l'avenir de l'Europe. L'objectif fixé par le président de la République dans le discours de la Sorbonne était que la moitié d'une classe d'âge ait passé au moins six mois dans un autre pays européen à l'horizon 2024.
Nous en avons parlé lors d'une visioconférence avec mes homologues européens : dès que les frontières rouvriront, il faudra relancer au plus vite les dispositifs de mobilité comme Erasmus+ ou le Corps européen de solidarité.
Le temps avant le premier emploi doit être utile et formateur : nous devons proposer une palette de solutions aux jeunes - je pense au volontariat international en entreprise ou au service civique à l'étranger - qui leur permettent de développer leurs compétences.
Mme Claudine Lepage. - Moi aussi, je veux y croire.
Mme Guylène Pantel . - Je remercie nos collègues du groupe socialiste et républicain d'avoir organisé ce débat.
De nombreux jeunes, étudiants ou non, exercent une activité rémunérée leur permettant de vivre de manière autonome. Si le Gouvernement a annoncé une aide de 200 euros aux étudiants précaires et aux jeunes de moins de 25 ans bénéficiant des APL, une partie du public cible ne pourra pas en bénéficier. Certains jeunes précaires ne sont pas étudiants, certains étudiants précaires ne touchent pas d'APL. Les trous dans la raquette existent.
Avec la crise, il sera de plus en plus difficile pour ces jeunes d'accéder à un emploi. Dans tous les territoires, ils seront frappés de plein fouet.
Dans un rapport remis au Premier ministre en mars 2017, Célia Verot et Antoine Dulin proposaient la mise en place d'un revenu minimum garanti aux jeunes à compter de leur majorité, sous conditions de ressources. Ce « revenu socle », limité dans le temps, ne bénéficierait qu'à ceux qui en ont besoin, atténuant les effets de seuil, et permettrait aux 18-30 ans de bénéficier d'un suivi intensif des services sociaux.
Le Gouvernement compte-t-il travailler sur ce genre de dispositif ? Quelles mesures sont envisagées pour que les jeunes les plus précaires, les plus isolés, ne se trouvent plus en dehors des dispositifs d'aides et, grâce à la solidarité nationale, remettent le pied à l'étrier ?
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - Nous avons effectivement apporté une aide exceptionnelle pendant le confinement. Dans l'urgence, il y a souvent des trous dans la raquette, mais nous avons fait au mieux en visant les étudiants et les bénéficiaires d'APL, ce qui permettait un versement automatique et écartait le risque de non-recours.
Il faut renforcer l'accompagnement financier pour lutter contre la précarité des jeunes alors que les perspectives d'emploi se réduisent. Je crois beaucoup à la garantie jeunes et au Parcours contractualisé d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie (Pacea). Sans doute faudra-t-il des adaptations, au regard de la crise, pour viser également un public plus qualifié que le public habituel des missions locales. Il y aura besoin d'une aide financière d'urgence. Nous y travaillons, et je suis preneur de vos propositions.
M. Olivier Henno . - Le dispositif « vacances apprenantes » évoqué par le ministre de l'Éducation nationale n'a pas encore été formalisé par un texte officiel. Jean-Michel Blanquer, le 15 avril, a évoqué les colonies de vacances, l'accueil de loisir, le soutien scolaire gratuit pour les décrocheurs ; on envisagerait d'ouvrir les lycées professionnels...
Nous saluons l'objectif, mais souhaiterions connaître les détails de la mesure. Tous les enfants n'ont pas vécu de manière identique l'école à la maison et le retour en classe - qui ne concerne que 10 % des collégiens dans le Nord.
Qui seront les intervenants auprès des jeunes ? Il faudra capitaliser sur les acquis, s'inspirer du dispositif École ouverte qui a fait ses preuves depuis 1991.
Comment enfin toucher les familles des jeunes décrocheurs ?
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - Le confinement a été très difficile pour les jeunes. Ils auront besoin de s'aérer, de s'évader, d'aller au contact d'autres enfants, mais aussi de rattraper un éventuel retard et de préparer la rentrée.
Il y aura trois dispositifs : « École ouverte » avec un accueil multiplié par six, avec cours de rattrapage le matin et activités artistiques, culturelles et sportives l'après-midi ; « Parcours buissonnier », avec des excursions, à l'échelle du département, pour découvrir le patrimoine de proximité ou camper en forêt ; enfin, des colonies de vacances « apprenantes » qui pourront faire intervenir des enseignants volontaires. Le budget sera précisé d'ici la fin de la semaine.
Je compte sur les collectivités locales pour aller chercher les jeunes décrocheurs, car ce sont elles qui connaissent les familles. Les séjours en colonie feront l'objet d'un soutien financier de l'État.
M. Olivier Henno. - Le confinement aura mis en lumière les fractures sociales, territoriales et scolaires de notre pays. Le déconfinement également... Les collectivités territoriales ont un rôle majeur à jouer pour que l'école reste le lieu de l'égalité des chances.
M. Stéphane Piednoir . - La crise sanitaire sera bientôt derrière nous et il faut nous attaquer au colossal chantier de la crise économique qui s'annonce, notamment pour les jeunes.
Les jeunes diplômés à bac+4 ou bac+5, qui ne sont traditionnellement pas concernés par les dispositifs d'aide, vont arriver sur un marché du travail dégradé. Ils n'ont pas pu réaliser leur stage de fin d'études qui souvent débouche sur une embauche, et les entreprises ont réduit, voire gelé les recrutements. Contraints de se tourner vers des emplois ne correspondant pas à leurs compétences et qualifications, ils risquent le déclassement. Qu'envisagez-vous pour ce public spécifique ? Ne pourrait-on reporter les premières mensualités des prêts étudiants ?
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - Quand une crise survient, elle touche d'abord les jeunes - les chiffres de l'APEC en témoignent. Il nous revient d'inventer des dispositifs nouveaux et adaptés aux jeunes diplômés.
Nous étudions avec Bruno Le Maire une incitation à l'embauche de jeunes, sous la forme de prime ou de baisse de charges.
Pendant les mois à venir, le marché du travail risque d'être perturbé ; nous voulons que ce temps avant le premier emploi puisse être utile et formateur, par exemple via le service civique et le volontariat international : pour les jeunes, c'est une ligne de plus sur le CV, et une petite indemnisation.
Le report des premières mensualités des prêts étudiants est une mesure concrète que j'examinerai avec attention.
M. Stéphane Piednoir. - Merci. Il faut être disruptif pour ne pas décevoir cette génération. La tâche est colossale. Pour éviter que cette génération soit sacrifiée, il faut du sur-mesure. Nous comptons sur vous.
Mme Corinne Féret . - (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR) Avant la pandémie, les jeunes étaient déjà les premières victimes de la pauvreté, qui en touchait un sur cinq. Ils seront demain frappés de plein fouet par la crise économique et sociale et l'explosion du chômage.
Pour éviter d'avoir une génération sacrifiée, il faut ouvrir le RSA aux jeunes qui sont sans ressources dès 18 ans. Même Stanislas Guerini y est favorable. Muscler le service civique ou la garantie jeunes ne suffira pas ; il faut un filet de sécurité, qui serait accompagné d'une action ciblée en matière d'insertion et de lutte contre le décrochage.
Les associations spécialisées dans la lutte contre la pauvreté vous alertent, il y a urgence. Il ne s'agit pas d'esprit de défaite, mais d'une aide vitale, pour faire face à une situation exceptionnelle.
Envisagez-vous de mettre en place un revenu minimal pour les moins de 25 ans ?
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - La situation nous impose d'être au rendez-vous de l'accompagnement, y compris financier, des jeunes.
Face au problème du chômage et de la précarité des jeunes, le quinquennat précédent a inventé la garantie jeunes, qui a très bien fonctionné. Nous poursuivons dans cette voie, avec l'objectif de toucher 100 000 jeunes cette année. Elle a permis, avec le Pacea, de renforcer l'accompagnement humain et professionnel vers l'emploi, tout en apportant une aide peu ou prou équivalente au RSA. C'est sur ce dispositif que je parie, tout en envisageant de l'adapter pour répondre aux besoins d'autres jeunes.
Mme Corinne Féret. - Je regrette ce refus répété. La situation est exceptionnelle. Il faut une réponse urgente et concrète pour ces milliers de jeunes en très grande difficulté.
M. Guillaume Chevrollier . - Avant la crise, l'apprentissage connaissait une dynamique inédite, avec un demi-million d'apprentis. C'est l'une des meilleures méthodes pédagogiques, un véritable levier d'insertion professionnelle.
Les entreprises vont-elles continuer à embaucher des apprentis ? Il pourrait y avoir 300 000 potentiels apprentis sur le carreau, et les CFA, dont le financement dépend du nombre de contrats signés, s'inquiètent.
Il est essentiel, contre la désindustrialisation, d'investir massivement dans la jeunesse et la transmission des connaissances. Que comptez-vous faire pour relancer l'apprentissage ?
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - Nous avons en effet atteint des chiffres inédits en 2019, en matière d'apprentissage mais aussi de création nette d'emplois industriels ou d'investissements étrangers. Il faut que cette dynamique se poursuive, car l'apprentissage est une voie d'excellence.
Nous soutiendrons les entreprises qui recrutent des jeunes en apprentissage ainsi que les CFA mis en danger dans leur modèle économique.
Je ne peux faire des annonces à la veille d'une réunion très importante du Président de la République avec les partenaires sociaux, mais l'État sera au rendez-vous de l'apprentissage, comme il l'est depuis trois ans. Nous le devons aux entreprises et aux jeunes.
M. Guillaume Chevrollier. - Ces jeunes s'inquiètent pour leur formation, leur emploi de demain. Dans une période difficile, il faut leur ouvrir un chemin qui passe par la formation. C'est en musclant la population active que l'on réindustrialisera le pays.
Mme Viviane Artigalas . - (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR) La fracture numérique et l'illectronisme ne frappent pas que nos aînés. Les jeunes maitrisent peut-être les réseaux sociaux, mais ne savent pas forcément tous se rendre sur le site d'une administration publique, faire une recherche en ligne sans aide ou s'informer sans être victimes de fake news.
Le confinement a mis en évidence l'inégalité d'accès au numérique. Les élèves des milieux défavorisés ont fait les frais de la distanciation pédagogique, rencontrant de plus grandes difficultés pour étudier.
Une étude sur l'école à la maison a montré que 24 % des parents d'origine modeste jugeaient leur matériel et leur liaison internet insuffisants contre 17 % pour les familles plus aisées. Si 45 % des classes supérieures se sentent à l'aise avec les outils numériques, les personnes des classes populaires ne sont que 31 %. Cette inégalité numérique est un symptôme de toutes les autres inégalités sociales.
Quelque 20 % de jeunes renoncent à faire une démarche administrative en ligne ou à envoyer un mail important. Il ne sert à rien de distribuer des tablettes aux étudiants, sans formation appropriée dans la scolarité obligatoire.
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - Lorsque l'on décide de confiner, la grande priorité doit être de garantir à tous les enfants la continuité éducative - même si cela ne remplacera jamais le contact avec l'enseignant.
Lorsque nous avons annoncé la fermeture des établissements scolaires dans l'Oise puis dans toute la France, nous avons été capables en travaillant avec le CNED depuis plusieurs années d'offrir l'école à la maison. Les autres pays n'étaient pas aussi préparés que nous.
Nous avons débloqué 15 millions d'euros pour acheter des tablettes et des ordinateurs pour les enfants des familles modestes. Grâce à La Poste, nous avons pu livrer à 10 millions d'enfants des outils éducatifs papier pour compenser l'absence d'accès au numérique.
Nous avons tendance à croire que tous les jeunes sont des digital natives. Mais vous avez raison : l'illectronisme les touche aussi. Nous travaillons sur le sujet dans le cadre du plan Nouveau lycée.
M. François Bonhomme . - L'apprentissage connaissait une embellie avant le Covid-19 ; mais avec l'arrêt brutal de l'économie, les entreprises doivent revoir leurs priorités en matière d'embauches.
L'Association nationale des apprentis de France craint une baisse de 20 % du nombre d'apprentis à la rentrée prochaine, faute d'entreprises pour les embaucher.
Dans quelle mesure, le Gouvernement pourrait-il proposer des mesures de soutien et d'assouplissement des conditions d'accès à l'apprentissage, en allongeant par exemple à un an le délai actuel de trois mois pour trouver un employeur ?
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - L'apprentissage est une grande priorité et nous y reviendrons demain lors de notre rencontre avec les partenaires sociaux. Il faut soutenir les entreprises qui emploient des apprentis, les CFA, les apprentis - comme nous l'avons fait ces derniers mois avec l'aide au permis de conduire.
Notre objectif est très ambitieux : qu'il y ait au moins autant d'apprentis cette année que l'année prochaine. Il s'agit en effet d'une voie d'excellence pour les entreprises et les jeunes.
M. François Bonhomme. - J'admire votre acte de foi. Mais nous aimerions en savoir plus. Avec les défis qui s'annoncent, j'espère que vous n'en resterez pas à des propos incantatoires, d'autant que 300 000 apprentis risquent de se retrouver sur le carreau.
Mme Marta de Cidrac . - Les missions locales, qui prennent en charge les jeunes de 16 à 25 ans éloignés de la formation et de l'emploi, sont pleinement engagées dans leurs missions, ayant parfois fait preuve d'une grande capacité d'adaptation pendant cette période en digitalisant la garantie jeunes.
À ce jour, elles ont manqué de soutien du ministère de tutelle dans le cadre de leur adaptation à l'épidémie de Covid-19. Leurs frais liés à la crise n'ont pas été pris en charge au motif que les missions locales ne sont que délégataires d'une mission de service public.
Si le lien a bien été maintenu avec les jeunes, on constate une baisse significative des offres qui leur ont été faites, du fait de la fermeture des organismes de formation, des CFA et à la diminution des offres d'emplois. Or le financement des missions dépend des indicateurs de la convention pluriannuelle d'objectifs qui ne sont pas toujours adaptés. Monsieur le ministre, le Gouvernement compte-t-il les faire évoluer en tenant compte de la réalité des territoires ?
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - Merci de rendre hommage aux missions locales. J'étais la semaine dernière dans une d'entre elles à Sartrouville - comme celle que vous-même présidez. Je sais donc qu'elles ont appelé 400 000 jeunes chaque semaine. Le personnel a fait preuve d'une mobilisation exceptionnelle pour que le fil ne se rompe pas.
Je crois dans la garantie jeunes. Lorsqu'il y a des difficultés économiques, les « sorties positives » qui servent d'indicateurs pour inciter à l'insertion, ne devraient pas s'appliquer. Nous sommes en train d'y travailler avec les acteurs concernés.
Mme Marta de Cidrac. - Les indicateurs doivent être revus. La prochaine fois que vous viendrez dans les Yvelines, n'hésitez pas à prendre contact avec moi. (Sourires)
M. Marc Laménie . - Merci au groupe socialiste et républicain d'avoir organisé ce débat.
Monsieur le ministre, vous avez rencontré il y a quelques mois des enseignants, des lycéens et des représentants du monde associatif dans les Ardennes.
Il y a quelques années, à l'époque où Michèle André présidait la commission des finances, la Cour des comptes avait publié un rapport sur la Journée défense et citoyenneté (JDC).
N'oublions pas non plus le service national universel (SNU) qui permet de susciter des vocations.
Cette journée était intéressante à tous points de vue.
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. - Merci d'évoquer le SNU, qui est plus que jamais d'actualité. Il aura lieu cette année dans des conditions adaptées : le séjour de cohésion sera reporté à l'automne, et la mission d'intérêt général sera organisée en juin et juillet en direction des aînés, des plus vulnérables et de l'environnement. Ces 10 000 jeunes seront sur le terrain cet été pour accomplir leur mission d'intérêt général.
Le SNU a pour vocation de remplacer la JDC. Les jeunes qui n'auront pas pu passer leur JDC pendant le confinement bénéficieront d'une dérogation.
M. Marc Laménie. - La période que nous venons de vivre a donné lieu à un fort engagement et dévouement des jeunes. Ils ont notamment aidé les soignants.
Le SNU ou la JDC doivent susciter des vocations, notamment dans les forces de sécurité. La tâche reste immense.
Mme Sylvie Robert, pour le groupe socialiste et républicain . - (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR) Il me revient la lourde tâche de conclure. Je vous remercie tous d'avoir posé tant de questions essentielles lors de ce débat.
La jeunesse paie le plus lourd tribut en temps de crise. Faisons en sorte que cette génération ne soit pas sacrifiée comme nous y incitait ce matin Patrick Boucheron sur une radio publique.
Les jeunes sont le réceptacle indirect et mécanique des dommages de la crise. Les fractures éducatives sont lourdes : élèves décrocheurs, doctorants qui ont arrêté leur thèse, étudiants en détresse...
Derrière la fracture numérique, se dessine pour les jeunes l'enjeu de l'accès à leurs droits. La fracture est aussi dans l'accès à l'emploi avec l'annulation des stages et des petits boulots.
Enfin, la fracture est civique et culturelle. Plusieurs festivals n'auront pas lieu cet été, les bénévoles ne seront pas là...
Monsieur le ministre, vous nous annoncez un plan de relance pour la jeunesse dont plusieurs points ne sont pas tranchés et vous nous promettez des mesures cet été. Dont acte. Nous les attendons avec impatience et serons vigilants quant à leur portée !
Il faut de l'accompagnement éducatif, notamment pour les étudiants en licence. Mais nous avons aussi besoin d'un accompagnement financier et social : ne faudrait-il pas reconduire les 200 euros qui ont déjà été versés ? Il va aussi falloir soutenir les Crous, dans la perspective de la rentrée ou verser les bourses en juillet et en août. Il faudra aussi renforcer l'accompagnement médico-social.
Rétablirez-vous l'aide à la recherche au premier emploi supprimée en 2018 ? Nous verrons.
L'apprentissage, c'est pour demain... Attendons.
Expérimentons le revenu minimum jeunesse mentionné par Corinne Féret et Céline Brulin. Allons-y ! Il faut aider les jeunes de 18 à 25 ans !
La question du logement est également importante.
Pourquoi ne pas déployer pour le service civique les crédits dédiés au SNU comme le recommande M. Magner ? Relançons les emplois aidés, surtout dans les quartiers prioritaires.
La jeunesse n'est qu'un mot, mais c'est une promesse à laquelle il faut être à la hauteur, écrivait en substance Bourdieu. Nous comptons sur vous, monsieur le ministre ! (Applaudissements sur les travées des groupes SOCR, RDSE et CRCE)
M. Gabriel Attal, secrétaire d'État . - Je vous remercie pour ces débats enrichissants. L'avenir et l'autonomie de la jeunesse sont des causes qui nous rassemblent, même si nous divergeons sur les moyens à mettre en oeuvre. Je reste ouvert à vos propositions dont certaines sont déjà très intéressantes.
Le Président de la République annoncera demain des mesures pour l'apprentissage. Cette crise ne doit pas conduire à ce que les jeunes grandissent en se disant qu'ils n'ont pour perspective qu'une voie de garage. Ne traçons pas pour les jeunes qu'un seul chemin ; ouvrons-leurs toutes les voies, comme le disait Léo Lagrange, en écho à Jean Jaurès cité au début de cette discussion. Les jeunes doivent pouvoir choisir comment construire leur avenir.
La séance, suspendue à 17 h 55, reprend à 18 heures.