Un vestiaire (1818-1843)
En 1818, la Chambre des Pairs décide d’aménager un vestiaire dans le rez-de-chaussée de la galerie Est. Le coût total de cet aménagement s’élève à 6 760 francs de l’époque comprenant les travaux de serrurerie, de menuiserie et peinture sans oublier la fourniture de paillassons, vergettes et autres baguettes à battre les habits.
Le rez-de-chaussée porte alors le nom de « galerie de la chapelle », car il se trouve à proximité immédiate de celle-ci ainsi que l’indique le plan ci-contre où l’emplacement de la chapelle à l’époque est figuré en rouge.
Une chapelle (1843-1870)
Mais devant l’accroissement du nombre de pairs ainsi que la multiplication des mariages célébrés dans cette chapelle, le duc DECAZES, alors grand référendaire, convient de la nécessité de créer une chapelle, installée dans le vestiaire, qui, outre sa taille, présente l’avantage d’être directement accessible depuis la cour.
Dès l’été 1843, Alexandre-Denis ABEL de PUJOL (1785-1862), sélectionné par le ministère de l’Intérieur pour l’exécution des peintures de la chapelle avec les peintres Jean GIGOUX (1806-1894) et Théophile VAUCHELET (1802-1873), démarre ses travaux. ABEL de PUJOL est chargé de réaliser la peinture du mur derrière l’autel et d’illustrer le thème des vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse. VAUCHELET, quant à lui, est désigné pour peindre les quatre grands médaillons de la voûte représentant quatre animaux ailés ou tétramorphe (Ézéquiel, I, 5-14). GIGOUX réalisera les quatre grandes peintures latérales destinées à prendre place à l’intérieur des arcades des anciennes fenêtres, à savoir en partant de l’entrée actuelle de la salle : Saint Philippe apôtre guérissant un malade puis Saint Louis pardonnant aux révoltés après la bataille de Taillebourg et Saint Louis en Palestine enterrant les morts, enfin Le mariage de la Vierg
À la demande du ministère de l’Intérieur, la chapelle reçoit également deux bénitiers de marbre du sculpteur Louis CHAMBARD (1811-1895) alors que le grand référendaire aurait préféré confier la commande à Jean-Baptiste KLAGMANN (1810-1867). Les objets liturgiques (croix, chandeliers, vaisselle) sont commandés à la maison Christofle ; le linge et les habits liturgiques chez Oudot, linger, rue Saint Jacques et les livres liturgiques au relieur Blaise, rue Visconti.
Les établissements Maigret et Thuillier livrent le mobilier : huit chaises prie-Dieu en acajou, avec des fonds garnis et recouverts de velours cramoisi à clous dorés et des dossiers à panneaux sculptés, surmontés d’un appui garni et recouvert de velours cramoisi. S’y ajoutent deux housses de prie-Dieu en velours cramoisi, galonné et frangé en or, destinées à recouvrir deux anciens prie-Dieu du Palais, jugés très ordinaires. Par ailleurs, Maigret et Thuillier fournissent aussi divers travaux de tapisserie murale (garniture en crin recouvert de velours avec clous dorés sur l’appui de la balustrade et portières en velours pour les portes d’entrée), un tapis d’Aubusson représentant un bouquet de fleurs sur fond brun pour couvrir le chœur, les marches de l’autel, la partie arrière de l’autel et l’escalier conduisant au vestibule.
L’essentiel des travaux étant terminé en 1845 la chapelle est consacrée le 27 décembre de la même année.
La chapelle fut desservie par l’abbé Louis GRIVEL, auquel on adjoignit rapidement deux enfants de chœur, les frères Léon et Ernest PÉRINET. Né en 1800, à Ambert dans le Puy-de-Dôme, remarqué par le duc DECAZES, l’abbé GRIVEL fut l’aumônier de la Chambre des Pairs de 1835 à 1848. Exerçant son ministère à temps partiel, il vit sa rémunération « écrêtée » parce qu’il percevait, par ailleurs, une rémunération supérieure pour un autre emploi public.
Surnommé par la presse « le Racine de la chaire », il publia, en 1862 chez Valon La prison du Luxembourg sous le règne de Louis-Philippe : Impressions et souvenirs.
Portrait de l’abbé GRIVEL Extrait d’Hippolyte BARBIER,
La Biographie populaire du clergé contemporain, Paris, Appert, 1841
Bibliothèque du Sénat
Sous le Second Empire, la chapelle est très régulièrement demandée pour la célébration de mariages des sénateurs, de leurs enfants, de leurs petits enfants ou des membres du personnel. L’organiste titulaire est Edmond HOCMELLE, aveugle de naissance, lauréat du conservatoire et des concours orphéoniques et, par ailleurs, également organiste à Saint‑Philippe-du-Roule.
Un règlement fixant les tarifs applicables aux usagers pour la célébration des mariages fut établi en 1854
Lettre autorisant le mariage dans la chapelle de Mademoiselle RATISBONNE, fille du bibliothécaire du Sénat