C'est par la galerie des bustes que le président du Sénat, passant entre deux haies de gardes républicaines, se rend dans l'hémicycle.
Le protocole républicain est bien établi. Avant l’ouverture de chaque séance publique, le président de séance se rend dans le cabinet de départ, situé à quelques pas de l’hémicycle. Il y consulte une dernière fois le dossier comportant l’ordre du jour de la séance, règle les ultimes détails du travail législatif. Puis une sonnerie qui retentit dans tous les locaux du Sénat annonce le début de la séance, tandis que les portes à double battant s’ouvrent en grand sur la galerie des bustes. Sur le seuil, le commandant militaire du palais salue le président, qui s’engage sous les roulements de tambour entre une double haie de gardes républicains sabre au clair, appartenant au 2e régiment d’infanterie de la Garde républicaine, seule force armée autorisée à pénétrer dans les assemblées législatives, placée à cette fin sous l’autorité du président. Cette cérémonie exprime un puissant symbolisme républicain : à chaque séance publique, elle réaffirme la soumission du pouvoir militaire au pouvoir civil.
Sur le plan architectural, cette galerie, divisée en deux parties, a été établie sur l'emplacement de la terrasse de Marie de Médicis. Elle avait été couverte par Chalgrin, sous le Premier Empire, pour abriter les archives du Sénat conservateur. Les travaux d'agrandissement de Gisors en 1856 la transforment en un couloir reliant la salle des Séances et l'actuelle salle des Conférences.
C'est ici que le Sénat décide, sous le Second Empire, de rassembler l'ensemble de sa collection de bustes d'anciens sénateurs et pairs de France. A partir de 1880, cette collection sera complétée par les grands hommes de la Troisième République.
La galerie des Bustes est bordée de bustes de grandes figures du XIXe siècle. Elle garde le souvenir des sénateurs et des hommes politiques célèbres. Ce long couloir est aménagé à l'endroit où se trouvait initialement la terrasse du palais d'origine donnant sur le jardin puis, au début du XIXe siècle, les premières salles de lecture de la bibliothèque créée par Chalgrin. Il tire son nom d'une série de bustes de grandes figures du XIXe siècle.
On y remarque notamment les effigies d'Adolphe Thiers par Chapu, Henri Wallon par Crauk, Sadi Carnot par Barrias, Léon Gambetta par Falguière, Jules Simon par Injalbert et Pierre Waldeck-Rousseau par Marqueste.
Les bustes
Les bustes se trouvant dans la galerie représentent des grandes figures politiques du XIXe siècle en France.
François Arago (1786-1753)
Carrier-Belleuse
Il est directeur de l'Observatoire et membre de l'Académie des sciences. Membre du gouvernement provisoire en 1848, il contribue à l'abolition de l'esclavage dans les colonies
Sadi Carnot (1837-1894)
Barrias
Elu président de la République en 1887, il doit affronter la crise boulangiste et le scandale de Panama. Il est assassiné en 1894 par l'anarchiste Caserio.
Georges Cuvier (1769-1832)
Huguenin
Naturaliste, fondateur de la classification zoologique et de la paléontologie, il entre au Conseil d'État en 1814 et Louis-Philippe le nomme à la Chambre des pairs en 1831.
Jules Ferry (1832-1893)
Puech
Il fait voter les lois instaurant l'école primaire gratuite, laïque et obligatoire. Il entre au Sénat en 1891 et en devient le président peu de temps avant sa mort.
Léon Gambetta (1838-1882)
Falguière
Figure importante de la IIIe République, il défend l'idée d'une deuxième chambre, le Sénat comme grand conseil des communes de France.
Alphonse de Lamartine (1790-1869)
Crauk
Poète, écrivain, il joue un grand rôle pendant la révolution de 1848 et devient ministre des Affaires étrangères. Candidat à la présidence de la République, il subit un échec et s'éloigne de la politique.
Jules Simon (1814-1896)
Injalbert
Sénateur inamovible en 1875 et président du Conseil en 1876, son renvoi par Mac Mahon déclenche la crise du 16 mai 1877.
Adolphe Thiers (1797-1877)
Chapu
Député en 1830, ministre à plusieurs reprises, il est élu à l'Académie française en 1834. Président de la République de 1871 à 1873, il négocie avec Bismarck le traité de paix et réprime violemment la Commune.
Pierre Waldeck-Rousseau (1846-1904)
Marqueste
Il est élu sénateur de la Loire en 1894. Au plus fort de l'affaire Dreyfus en 1899, il est investi président du Conseil. C'est lui qui fera adopter la loi de 1901 consacrant la liberté d'association.
Henri Wallon (1812-1904)
Crauk
Il est l'auteur du célèbre amendement qui porte son nom et introduit le terme de République dans les textes constitutionnels. Il devient sénateur inamovible en 1875.
Les éléments du décor
Les portes sont couronnées de motifs de guirlandes de fruits et rubans sur fonde mosaïque. Les pilastres sont ornés de chutes de fruits ornés de rubans. La voussure est ornée de panneaux à motifs d'arabesque en camaïeu bleu sur fond or.
Soutenus par des putti, des médaillons peints en grisaille représentent les divers attributs des sciences et des arts.
Au plafond quatre médaillons peints par Vauchelet représentant des figures allégoriques entourées d'enfants.