La bibliothèque principale
L'actuelle salle de lecture de la bibliothèque est le fruit des travaux d’agrandissement du Palais du Luxembourg décidés en 1836 et commencés en 1837, à la suite de l'augmentation massive du nombre de pairs. La façade sud est alors avancée de 31 mètres sur le jardin.
En 1834, à la demande du ministre de l'Intérieur, Thiers, ordonnateur des dépenses de bâtiment relatives au Palais, Alphonse de Gisors (1796-1866), qui venait d'être nommé architecte de la Chambre des Pairs, avait entrepris de travailler au projet d'une nouvelle salle des Séances de 300 places et d'une nouvelle bibliothèque.
Formé par le célèbre architecte de l'Empire, Charles Percier (1764-1838), Gisors adopte une formule classique aussi bien pour les volumes extérieurs qu'intérieurs, et conserve intacte l'harmonie générale du bâtiment. Sur les recommandations de Thiers, Gisors confie l'exécution du décor central de la bibliothèque à Delacroix (1798-1863), qui réalise en même temps celui de la bibliothèque du Palais Bourbon.
A partir de 1841, la bibliothèque installe ses collections dans une galerie longue de 52 mètres (65 mètres avec les cabinets Est et Ouest) et large de 7 mètres, voisine de la salle des séances et percée de sept fenêtres donnant sur le Jardin du Luxembourg.
Plusieurs écrivains éminents ont, au XIXe siècle, été employés à la bibliothèque du Sénat : le poète parnassien Leconte de Lisle (1818-1894) et Anatole France (1844-1924). Celui-ci a exercé les fonctions de « commis surveillant » de 1876 à 1890, date à laquelle il démissionne du Sénat pour se consacrer à son œuvre littéraire.
Le plafond et sa coupole
La décoration de la coupole (7 mètres de diamètre et 3,50 mètres de haut) et du cul-de-four situé au-dessus de la fenêtre centrale est confiée au peintre romantique Eugène Delacroix (1798-1863), qui consacrera six années à ce chantier qui ne sera achevé qu'en 1846.
La composition est inspirée du chant IV de l'Enfer de Dante et représente, selon les termes de Delacroix, « une espèce d'Elysée, où sont réunis les grands hommes qui n'ont pas reçu la grâce du baptême » et qui ne peuvent donc accéder au Paradis.
Elle est répartie en quatre scènes dont la principale s'organise autour d'Homère, accompagné d'Ovide, Stace et Horace. Ce groupe accueille Dante, conduit par Virgile.
Deux autres groupes sont composés des Grecs et des Romains illustres. Un dernier groupe côté fenêtre réunit des poètes, dont Orphée et Sapho.
En 1868, les toiles se détachèrent d'un seul bloc et tombèrent au sol sous l'effet d'infiltrations. La restauration qui dura quatorze mois fut confiée à Pierre Andrieu (1821-1892), élève de Delacroix.
Coupole (1840-186, Eugène Delacroix)
Pendentifs de forme hexagonale ornant la coupole
1840-1849
Camaïeux sur toile marouflée réalisés par Eugène Delacroix
L'Éloquence
sous les traits d'un homme mûr, haranguant la foule
La Philosophie
incarnée par une femme entourée d'animaux et d'attributs divers
La Poésie
personnifiée par une jeune femme tenant une lyre
La Théologie
sous les traits de Saint Jérôme dans le désert
Cul du four
1840-1846
Huile sur toile marouflée d'Eugène Delacroix
Delacroix a représenté Alexandre le Grand qui, après la bataille d'Arbèles, ordonne de placer les poèmes d'Homère dans un coffret d'or provenant des dépouilles des Perses. Cette scène rappelle symboliquement la soumission due aux œuvres de l'esprit.
Voici la description du tableau faite par Delacroix : Alexandre «est représenté assis sur un siège et près d'un vaste trophée élevé sur le champ de bataille. A ses pieds sont des captives menant les enfants, des satrapes dans la posture des suppliants. La Victoire, les ailes déployées, couronne le vainqueur» .