L'assassinat de la duchesse de Praslin par son époux, duc et pair, dans la nuit du 17 au 18 août 1847, eut un grand retentissement dans l'opinion publique, en raison de son rang social.
Victor Hugo, à l'époque Pair de France et membre de l'instruction, décrivit dans ses Choses vues la scène du crime: "Les pairs instructeurs ont visité avant-hier l'hôtel de Praslin. La chambre à coucher est encore comme elle était le matin du crime. Le sang, de rouge, est devenu noir. Voilà la seule différence. Cette chambre fait horreur. On y voit toute palpitante et comme vivante la lutte et la résistance de la duchesse. Partout des mains sanglantes allant d'un mur à l'autre, d'une porte à l'autre, d'une sonnette à l'autre. La malheureuse femme, comme les bêtes fauves prises au piège, a fait le tour de sa chambre en hurlant et en cherchant une issue sous les coups de couteau de son assassin".
Après avoir tenté de faire porter la responsabilité du crime sur un voleur, le duc est confondu par les nombreuses taches de sang laissées sur ses vêtements et les incohérences de ses réponses.
Le procès commence le 21 août 1847. Il s'achève le 30 août.
Au cours de cette séance, le Chancelier qui préside la Cour de pairs s'exprime en ces termes : « Le temps qui s'est écoulé depuis l'instant où le duc de Praslin a été remis à votre juridiction n'a pas été de longue durée : amené dans la prison du Luxembourg le samedi â cinq heures du malin, en vertu du mandat que j'avais délivré dans la matinée du vendredi, et qui n'a pu être plutôt mis à exécution, par les motifs que j'ai donnés à la Cour dans la précédente séance, sa vie ne s'est prolongée que jusqu'au quatrième jour de son entrée dans celte prison. Il s'était jugé et condamné lui-même ; il avait pris, peu d'heures après la perpétration du crime, une dose d'arsenic trop considérable pour que son existence ne dût pas être assez promptement tranchée par ce poison si corrosif : il a succombé le mardi 24 , à quatre heures et demie du soir, sept jours et demi après le moment où il avait, avec une atroce barbarie, immolé la plus innocente, la plus pure, la plus intéressante des victimes. »
La Cour constate que la mort du prévenu éteint l'action publique. La gouvernante des enfants de la famille, Henriette Deleusys-Desportes, inculpée de complicité, est renvoyée devant la juridiction compétente.
Ce volume contient les procès-verbaux divers ; les dépositions de témoins, interrogatoires ; le plan détaillé de la chambre à coucher de Mme la Duchesse ; le plan détaillé de l'hôtel rue du Faubourg-Saint-Honoré n° 55 ; le plan de l'ensemble de l'hôtel rue du Faubourg-Saint-Honoré, n° 55 ; des extraits de lettres de madame la duchesse de Praslin ; le rapport fait par M. le Chancelier de France ; le procès-verbal des séances relatives à cette affaire.