" Je pénétrai dans le noble palais du Luxembourg avec beaucoup d’émotion, en pensant que ce superbe monument, construit par une reine (Marie de Médicis ), habité par des femmes illustres (la Grande Mademoiselle, Madame Tallien), avait été, sous la IIe République l’antre d’hommes toujours misogynes et grossièrement opposés au vote des femmes. " (Victoria Man, " Marcelle Devaud , itinéraire exceptionnel d’une femme politique française " ; Ed. Eulina Carvalho)
Elue par l’Assemblée Nationale au Conseil de la République pour y représenter le Parti Républicain de la Liberté, Marcelle Devaud assurera la vice-présidence de son parti de1946 à 1952. Jusqu’en 1958 elle siège à la commission de l’intérieur et à la commission du travail et de la sécurité sociale.
" Usant de ma grande liberté, je déposai plusieurs propositions de loi qui me paraissaient répondre aux besoins de l’époque. C’est ainsi que je fus la première déposer une proposition de résolution, puis une proposition de loi demandant la création d’un régime de sécurité sociale pour les étudiants ".
La France est le premier pays européen à s’être doté d’une sécurité sociale spécifique aux étudiants. Marcelle Devaud contribua également à la création de la Mutuelle Nationale des Etudiants de France
Travailleuse infatigable, Marcelle Devaud ne déposa pas moins de 20 propositions de résolution et 21 propositions de loi et fut l’auteur de 63 rapports et avis parlementaires.
" Les sénateurs, membres du Conseil de la République, étaient loin d’avoir les facilités de travail qu’ont nos parlementaires actuels.
Pas de bureau, pas d’assistant, pas de secrétariat, sinon un secrétariat collectif souvent surchargé. Mais, par goût et parce que la tâche était passionnante, je me mis à l’ouvrage avec acharnement. La France était à reconstruire matériellement, mais aussi l’Etat et ses structures. "
En 1948, elle devient vice-présidente du Conseil de la République, fonction qu’elle occupe jusqu'à la fin de l’année 1951. Son rôle au sein du Conseil de la République est alors particulièrement actif, car le président du groupe du PRL, Georges Pernot, très absorbé par ses mandats locaux, lui délègue fréquemment le soin de le présider.
" Appartenant pendant les premières années de mon mandat à un petit groupe, en étant sa vice-présidente, j’avais la possibilité d’intervenir plus souvent à la tribune, de participer à des débats importants, et d’être chargée de rapports intéressants. C’est ainsi que je fus rapporteur de la loi instituant les conventions collectives, où j’eus la possibilité de faire insérer parmi les clauses obligatoires le principe qui est cher à toutes les femmes : " A travail de valeur égale, salaire égal. " "
Rapporteur en 1950du projet de loi relatif aux conventions collectives et aux procédures de règlement des conflits collectifs du travail, elle participe à ce titre à la création du SMIG. Elle intervient sur l’institution d’un code du travail dans les territoires d’outre-mer et la réorganisation des oeuvres sociales en faveur des étudiants. Ses principaux autres sujets d’intervention sont l’évolution des relations internationales et la naissance des tensions en Algérie. Elle s’exprime ainsi sur la prolongation de l’état d’urgence en Algérie, en 1955, et sur les institutions de l’Algérie en janvier 1958.
Les 2 et 3 juin 1958, elle vote pour les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle. La même année, elle est élue député.
" Je fus plus tard député. Mais j’ai toujours préféré le travail technique et sérieux du Sénat à l’atmosphère batailleuse de l’Assemblée nationale, où toute décision n’est que politicienne, je veux dire inspirée beaucoup plus par les rivalités ou les oppositions politiques que par le souci de l’intérêt général. "