"Entre la nature féminine et la fonction politique, il y a incompatibilité" prétend René Héry le 7 juillet 1932. C'est également l'avis de François Labrousse : "dominant mal ses réflexes et ses réactions, la femme dans sa moyenne encore une fois, présente un certain degré d'instabilité, de diversité de caractère... C'est pour cela qu'après réflexion, je me prononce contre l'éligibilité même des élites" (14 novembre 1922).
Tout aussi étonnants certains arguments physiques : "la plupart [des femmes] n'ont-elles pas des bouches trop petites pour qu'en puissent sortir les gros mots qui sont trop souvent la monnaie courante des discussions électorales" (Raymond Duplantier - 28 juin 1932) ; "les mains des femmes sont-elles bien faites pour le pugilat de l'arène publique ?" (Alexandre Bérard, rapporteur - 3 octobre 1919)
Quant aux conséquences de cette accession des femmes à la vie politique, les sénateurs en font une description peu engageante :
- "en appelant [les femmes] à la fréquentation des réunions électorales et aux réunions de café qui suivent celles-ci, vous ne manquerez pas de développer l'alcoolisme" (Raymond Duplantier - 28 juin 1932) ;
- "elles risquent d'amoindrir leur sensibilité morale et par conséquent, de diminuer le goût que les hommes ont pour elles" (François Labrousse - 14 novembre 1922) ;
- "en inscrivant son âge sur une carte [d'électeur] elle s'expose à de fâcheuses mésaventures" (Paul Régismanset - 21 novembre 1922) ;
- "les femmes croient-elles que leur intervention dans les luttes politiques, leur participation aux contradictions et même aux violences des réunions politiques ....que cela ne les fera pas fatalement descendre du plan très élevé où nous avions coutume de les placer" (Pierre Marraud - 30 juin 1932) ;
- et enfin ultime conséquence : "mais qu'une femme parce qu'elle est électeur, éligible ait le droit de quitter le domicile conjugal, d'y recevoir qui elle veut, quand elle veut et bien d'autres libertés encore, c'est la subversion totale du mariage" (René Héry - 7 juillet 1932).