La plupart des archives conservées par le Sénat à propos de la décoration de la galerie du trône sous le Second Empire et de la peinture de la coupole par Jean Alaux sont relatives au budget global alloué au réaménagement de cet espace et à sa répartition annuelle et mensuelle depuis l’élaboration du projet jusqu’à sa livraison.

Un État des dépenses résultant de l’exécution des peintures murales et des statues commandées par le Sénat pour la décoration de la grande galerie du trône, du salon de l’Empereur et de la salle de Sully indique qu’en 1854, 300 000 francs ont été votés dans le budget annuel du Sénat pour être consacrés à ces travaux40. Cette somme est répartie en deux parts égales à dépenser en 1855 puis en 1856 et correspond au second devis proposé par A. de Gisors41. Cependant, 43 000 francs supplémentaires sont alloués aux travaux de la galerie du trône par la commission – elle-même à l’origine du choix des sujets décoratifs et des exécutants – et sont portés au budget de 185742. Le budget final de 343 000 francs représente plus du double du premier devis de 170 000 francs qu’avait établi l’architecte en 1852. Les causes de cet excédent s’expliquent car :

"Lorsqu’il a présenté l’état estimatif des objets d’art de la galerie, peinture et sculpture, l’architecte du Sénat avait pensé et écrit encore que toutes les compositions des voûtes, hémicycle et coupole, devaient être simples et ne comportaient qu’un petit nombre de figures allégoriques. […] La commission ayant […] décidé que les sujets décoratifs des voûtes devaient avoir une grande importance, elle a dû nécessairement y attribuer des prix plus élevés que ceux proposés par l’architecte. […]" 43 .

Le compte-rendu signale en outre la répartition de la somme finalement définie entre les différents exécutants en fonction des travaux qui leurs ont été attribués. Ainsi, 45 000 francs sont alloués à la décoration de la grande coupole44, contre les 30 000 francs initialement prévus 45. Cette somme est réglée à Alaux en fonction de l’avancement de ses travaux : 10 000 francs en 1855, 15 000 francs en 1856, puis 20 000 francs en 185746. La totalité des ordonnances de paiement relatives aux sommes que l’artiste a reçues mois après mois est conservée dans les archives du Sénat47. Elles permettent de constater que le travail a avancé lentement, ce qui n’est pas étonnant compte-tenu de l’âge, de la condition physique du peintre au moment des travaux 48 et de ses autres engagements parallèles tels que la restauration des peintures des galeries du château de Fontainebleau49.

Notes:

  1. Arch. du Sénat, CP 419, dossier palais du Luxembourg, chemise 50-503, document non daté relatif à l’état des dépenses résultant de l’exécution des peintures murales et des statues commandées par le Sénat pour la décoration de la grande galerie du trône, du salon de l’Empereur et de la salle de Sully.
  2. Arch. du Sénat, CP 419, dossier palais du Luxembourg, chemise 50-504, brouillon d’un document indiquant les sommes allouées aux différents décors de la galerie du trône. Il s’agit de la première facture rédigée par Alphonse Henri Guy de Gisors, qui réalise un devis estimatif moins important que la commission.
  3. Arch. du Sénat, CP 419, dossier palais du Luxembourg, chemise 50-503, document daté du 10 octobre 1856 rappelant la répartition du budget des travaux de la galerie du trône sur les années 1855, 1856 et 1857.
  4. Arch. du Sénat, CP 419, dossier palais du Luxembourg, chemise 50-503, document non daté relatif à l’état des dépenses résultant de l’exécution des peintures murales et des statues commandées par le Sénat pour la décoration de la grande galerie du trône, du salon de l’Empereur et de la salle de Sully.
  5. Arch. du Sénat, CP 419, dossier palais du Luxembourg, chemise 50-503, document non daté relatif à l’état des dépenses résultant de l’exécution des peintures murales et des statues commandées par le Sénat pour la décoration de la grande galerie du trône, du salon de l’Empereur et de la salle de Sully.
  6. Arch. du Sénat, 71S 348, lettre du grand référendaire au président du Sénat, Raymond-Théodore Troplong, datée du 17 février 1854.
  7. Arch. du Sénat, DAPJ 36 / 573S 36 / ABJ 36, travaux Gisors, travaux d’art (1836-1857), tableau des sommes payées en 1855 et 1856 et de celles à payer en 1857 sur le crédit de 43 000 francs affectés au solde des objets d’art de la galerie du trône, du salon de l’Empereur et de celui de Napoléon Ier.
  8. Arch. du Sénat, 71S 363, huit ordonnances de paiement destinées à Jean Alaux conservées.
  9. Institut impérial de France, Académie des beaux-arts. Discours de M. Beulé, secrétaire perpétuel, prononcé aux funérailles de M. Alaux, mai 1864, 4 p., p. 1 : « Après la Révolution de 1830, il vit s’ouvrir devant lui une période féconde pendant laquelle ses forces suffisaient à peine ses travaux. ».
  10. BROCKMEYER Michael, Alaux Jean. Sa vie, son œuvre, maîtrise d’art sous la direction du Professeur Bernard Dorival, Université de Pais IV, 1980, 319 p., p. 106.

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