Un témoignage sur les travaux du maître du néo-classicisme au palais du Luxembourg
Les années de formation
Formé par Servandoni sur le chantier de construction de l’église Saint-Sulpice, Jean-François-Thérèse Chalgrin (1739-1811), remporte en 1758 le grand prix de Rome pour son projet d’un pavillon à l’angle d’une terrasse. Suite à ce prix, il séjourne à Rome au palais Mancini de 1759 à 1762, où il fait la connaissance de Jacques-Germain Soufflot, futur architecte de l’église Sainte-Geneviève (actuel Panthéon). Durant son séjour à Rome, il est profondément marqué par l’architecture antique et le plan basilical des édifices religieux.
Les premières réalisations parisiennes
De retour en France en 1762, il obtient le chantier de construction de l’église Saint-Philippe du Roule, pour laquelle il propose un plan basilical, tournant ainsi la page des constructions baroques. Chalgrin devient alors l’un des maîtres de l’architecture néo-classique. En 1769, il réaménage l’hôtel de Luzy situé rue Férou selon les codes du néo-classicisme.
Premiers pas au Luxembourg
Dès 1770, il commence à travailler au Petit Luxembourg, à l’occasion de la création d’une salle de bal provisoire pour fêter le mariage du dauphin avec l’archiduchesse Marie-Antoinette. En 1771, il entre au service du comte de Provence comme intendant des bâtiments. Il en est nommé premier architecte en 1773. Lorsque le comte de Provence reçoit le Palais du Luxembourg en 1778, il sollicite Chalgrin pour sa rénovation ; ce dernier y entreprend notamment des travaux de sablage en 1781. Faute de financement, les travaux s’enlisent, puis sont interrompus par la Révolution. Sous la Terreur, Chalgrin est même brièvement emprisonné au Palais du Luxembourg. Mais contrairement à sa femme Émilie, fille du peintre de marine Joseph Vernet, il échappe à la guillotine. Nommé membre du Conseil des Bâtiments civils dès 1795, il se voit confier l’aménagement du Palais du Luxembourg qui devient le siège du Directoire.
(JPG - 2.44 Mo)Le Sénat conservateur, la gloire de Chalgrin
Après le coup d’état du 18 brumaire, le Palais du Luxembourg est affecté au Sénat conservateur. Chalgrin est chargé de réaliser des transformations qui seront les plus importantes menées depuis la construction du Palais du Luxembourg par Salomon de Brosse. Outre la suppression du grand escalier central et la création du vestibule au rez-de-chaussée, Chalgrin modifie profondément le premier étage du palais, en créant notamment un hémicycle et l’escalier d’honneur qui permet d’y accéder. Si certaines de ses réalisations, comme l’escalier d’honneur sont encore visibles aujourd’hui, d’autres, tel le premier hémicycle ont disparu sous l’effet des travaux d’Alphonse de Gisors.
La collection des plans et dessins de Chalgrin, un trésor méconnu
La riche collection de plans et dessins détenue par les Archives du Sénat constitue un ensemble unique. C’est à la fois un témoignage du passé, conservant la mémoire des divers aménagements de Chalgrin pour le Sénat conservateur aujourd’hui disparus, mais également un outil vivant dont se sert encore actuellement la direction de l’Architecture, du Patrimoine et des Jardins lorsqu’elle réalise des travaux. Ce trésor est méconnu, car, pour préserver la qualité de conservation de ces plans et dessins, ceux-ci sont rarement exposés.
La collection de plans permet notamment de retrouver les emplacements des différentes pièces créées par Chalgrin, dont certaines n’existent plus aujourd’hui, et de constater en particulier que l’hémicycle du Sénat conservateur occupait non seulement une partie de l’actuelle salle des Conférences mais débordait également sur l’actuelle galerie de bustes.
En rouge, marquage sur le plan de l’emplacement de l’hémicycle du Sénat conservateur (Cote : Chalgrin 641).
La collection des dessins atteste quant à elle des talents de Chalgrin non seulement comme architecte mais également comme décorateur, à l’instar du décor du plafond de l’hémicycle reproduit ci-dessous.
Dessin d’ensemble du décor du plafond de l’hémicycle du Sénat conservateur dessiné par Chalgrin (cote : Chalgrin 108)
En regardant en détail ce plafond apparaît le programme de celui-ci : un mélange de symboles du Sénat conservateur et d’exaltation des vertus.
Détail du décor du plafond de l’hémicycle :
Représentation allégorique de l’éloquence, de la prudence et de la vérité :
La prudence est personnifiée par une femme tenant un miroir dans lequel se mire un serpent.
Le serpent et le miroir sont l’un des symboles du Sénat conservateur.
Détail du décor du plafond de l’hémicycle :
Caisson portant le monogramme SC du Sénat conservateur.
Détail du décor du plafond de l’hémicycle :
Allégorie de la vertu cardinale de justice :
femme tenant en main une épée et une balance.
Pour en savoir plus sur les travaux de Chalgrin au Palais du Luxembourg, il est possible de consulter le dossier d’histoire disponible sur les pages internet du Sénat et accessible en suivant le lien ci-dessous :
Chalgrin : l'architecte qui transforma le Palais du Luxembourg - Sénat