Mérimée présente ainsi Joly-Leterme à Vatout, alors président du Conseil des bâtiments civils, chargé des monuments historiques (lettre du 19 juillet 1838) : « Il y a à Saumur un architecte, M. Joly, un homme très zélé et très instruit qui a fait merveille avec le peu de fonds qu'on lui a donnés jusqu'à présent. Il s'occupe des travaux avec amour et ne prend rien pour ses honoraires ». Le 25 mai 1840, l'architecte devient officiellement inspecteur correspondant du Comité des monuments historiques. Il lui confie la restauration de Cunault et celle, plus importante à ses yeux, de Saint-Savin. Les seuls reproches qu'il a à lui faire viennent d'un défaut de surveillance d'un peintre maladroit à Saint-Savin et surtout de sa gestion déplorable : « Si nous ne vous savions honnête jusqu'à la niaiserie, le désordre de vos comptes nous obligerait à vous faire de grosses querelles. (...) Pour Dieu mettez donc un peu d'ordre dans vos rapports » (lettre du 5 juillet 1849). Joly-Leterme s'occupera également d'autres restaurations comme à Saintes et à Poitiers.
L'architecte favori de Mérimée reste néanmoins Viollet-le-Duc. C'est dans les salons du père de Viollet-le-Duc et de son oncle Delécluze qu'il fait la connaissance de cet architecte, de onze ans son cadet, qui n'a pas suivi de cours à l'école des Beaux-arts. Après plusieurs tentatives malheureuses à Vézelay, Mérimée décide, en 1840, de confier le chantier au jeune homme, qui n'a que 26 ans. L'église est sauvée en deux années. Une profonde amitié se noue entre les deux hommes. Mérimée admire chez Viollet-le-Duc sa capacité de travail, son talent de dessinateur. Il écrit à Sainte-Beuve (13 février 1864) : « Il me semble que c'est un esprit très bien fait et très juste. Il sait raisonner, ce qui est un grand point en architecture, car le but de cet art étant essentiellement utile, on ne peut faire une faute de raisonnement qui ne soit en même temps une faute contre l'art ». | |
Néanmoins Viollet-le-Duc se détache plus tard de l'emprise de Mérimée, rompant parfois avec la prudence du maître pour reconstruire avec audace plutôt que pour restaurer.
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