Prosper Mérimée est nommé sénateur par un décret impérial daté du 23 juin 1853. « Je jure obéissance à la Constitution et fidélité à l'Empereur », c'est par ces mots qu'il prête serment à la séance d'ouverture du jeudi 2 mars 1854.
Voici comment il voit lui-même sa nomination : « Je serais fort en peine pour vous expliquer comment, un certain matin, je me suis réveillé sénateur... Cette faveur m'a obligé à une certaine austérité... pendant une quinzaine de jours » (Ferdinand Bac, Mérimée inconnu). Mérimée renonce volontairement à son traitement d'inspecteur des monuments historiques dont il continue d'exercer les fonctions jusqu'en 1860. Sa nomination concrétise l'amitié qui le lie au couple impérial et lui attire des inimitiés mais ne fait pas de lui un serviteur obséquieux du régime.
Pendant dix-sept ans, il ne jouera au Sénat qu'un rôle discret tout en étant régulièrement présent et en participant au vote sur les grands débats, malgré une santé qui va en se dégradant. Elu vice-secrétaire en 1860, il devient l'année suivante secrétaire du Sénat et signe à ce titre l'Adresse du Sénat à l'Empereur que ce dernier avait rétablie par un décret du 24 novembre 1860 et qui permettait de répondre au discours du trône. Au paragraphe 4 de cette adresse où le Sénat donne son adhésion à la réunion des services divers se rattachant aux sciences, aux lettres et aux arts dans les mains du ministre d'Etat, Mérimée cosigne un amendement qui est rejeté et qui tend à substituer à la phrase : « Centralisés sous les yeux de l'Empereur, les encouragements (aux sciences, aux lettres et aux arts) seront distribués avec plus d'ensemble, de suite et de succès » la phrase suivante : « Nous avons confiance que les encouragements, insuffisants jusqu'à ce jour, deviendront plus dignes du règne de Votre Majesté et du grand Empire qu'Elle gouverne ».
C'est l'occasion pour Mérimée de prendre la parole pour justifier le mot « insuffisants
Prosper Mérimée prend la parole au Sénat
Mérimée est rapporteur des lois relatives à l'ouverture d'un crédit applicable aux dépenses de l'Exposition des oeuvres des artistes vivants en 1861 et en 1863. Il prend également la parole dans la discussion sur une pétition demandant l'annulation de l'instruction judiciaire dirigée contre le sieur Libri, affaire qui lui tient à coeur depuis bientôt dix ans.
Mérimée s'exprime une dernière fois au Sénat à l'occasion de la discussion de la loi relative aux instruments de musique mécaniques, désignée familièrement comme la loi des serinettes. Cette loi stipule que la fabrication et la vente des instruments servant à produire mécaniquement des airs de musique du domaine privé ne constituent pas le fait de contrefaçon musicale. Mérimée présente les conclusions de la commission qui voit dans ce projet de loi une atteinte à la propriété et propose au Sénat de s'opposer à sa promulgation. Dans la séance du 8 mai 1866, le débat déborde très vite la question des orgues mécaniques pour aborder celle de la propriété intellectuelle et Mérimée déplore « qu'on ait choisi pour décider un grand principe la singulière occasion d'une toute petite loi spéciale ».
Face au procureur général Delangle, il défend la propriété littéraire et artistique dans un long discours. «