En 1825, Prosper Mérimée publie le Théâtre de Clara Gazul. Le recueil comporte six courtes pièces prétendument traduites d'une dramaturge espagnole. Mérimée en fait la lecture dans les salons romantiques qu'il fréquente.
Cette oeuvre, complétée de deux pièces supplémentaires en 1830, constitue un premier contact avec l'Espagne. Elle révèle Mérimée à la société littéraire, la véritable identité de l'auteur du Théâtre de Clara Gazul étant vite percée à jour.
Quelques mois avant la révolution de Juillet, Prosper Mérimée entreprend de voyager pour oublier une déception amoureuse. Il choisit l'Espagne pour destination et succombe au charme de ce pays qu'il n'avait jusqu'ici approché qu'à travers ses oeuvres.
La découverte de la péninsule ibérique tient une place privilégiée dans son existence. Prosper Mérimée visite Madrid, Cordoue, Séville, Cadix, Grenade et Barcelone. Il est immédiatement séduit par le charme des paysages et de l'architecture.
A l'occasion d'un voyage en diligence, il fait la connaissance du comte de Montijo. Les deux hommes sympathisent immédiatement. Prosper Mérimée est invité à séjourner dans cette famille espagnole dont la plus jeune fille, Eugénie, sera appelée à devenir impératrice en épousant Napoléon III.
De retour à Paris, il écrit ses souvenirs de voyages dans les Lettres d'Espagne qui sont publiées de 1831 à 1833 dans La Revue de Paris et dans L'Artiste. Pour la rédaction de son livre sur Don Pedro Ier, roi de Castille, il consulte fréquemment la comtesse de Montijo, dont les connaissances littéraires et historiques contribuent à son inspiration.
En 1845, quinze ans après son premier voyage en Espagne, Prosper Mérimée rédige l'un des plus célèbres de ses récits, Carmen, publié dans La Revue des Deux Mondes. Le lecteur y découvre l'histoire d'un homme honnête, Don José, qui devient meurtrier par amour pour une gitane travaillant dans une manufacture de tabac. Envoûté par Carmen, il sombre dans la contrebande et assassine ses mari et amant. Las, il l'implore de lui être fidèle, mais Carmen veut rester libre et Don José, ivre de jalousie, la blesse mortellement.