Édito du Président du Sénat
Trente ans ont passé depuis la mort de Gaston Monnerville qui ne servit pas une république plutôt qu’une autre : il servit la République une et indivisible. Il lui était reconnaissant de lui avoir permis, lui le petit-fils d’esclave, d'exercer les plus hautes fonctions de l’État. Gaston Monnerville fit de sa vie un engagement. Il emboîta les pas de ses aînés qui avaient montré le chemin vers l’émancipation : l’abbé Grégoire, Victor Schœlcher, Léon Gambetta, Georges Clemenceau… Tous étaient sénateurs, et tous savaient que les régimes d’assemblée unique avaient entraîné les pires atteintes aux libertés et à la démocratie. Ce Sénat « grand conseil des communes de France » comme le disait Gambetta, tire sa substance et sa légitimité des élus, acteurs de la démocratie locale. Gaston Monnerville se tint au premier rang des sénateurs, élu de la Guyane, puis du Lot. La nation tout entière lui est redevable aussi bien pour son action en faveur du bicamérisme que parce qu’il avait fait sienne la leçon de Georges Bernanos : « Ma fidélité à mon pays est celle des bêtes et des arbres. Tant que je vivrai, je tiendrai au pays, comme à l’enfance ». Plus que jamais, il est temps de redécouvrir Gaston Monnerville et d’espérer que la Nation reconnaissante le porte là où ses compagnons de vie et de conscience l’attendent.
Le Sénat vous invite à découvrir, du 14 au 28 septembre 2021, l’exposition « Monnerville : une fierté de la République » sous le préau Saint-Michel dans le Jardin du Luxembourg. Cette exposition retrace le destin de l’ancien Président du Sénat, dans un lieu symbolique à quelques mètres de la sculpture « Le Cri, l’Écrit », œuvre de l’artiste français Fabrice Hyber symbolisant l’abolition de l’esclavage. Le Sénat vous convie également à découvrir les 18 et 19 septembre 2021, lors des Journées européennes du patrimoine, une autre exposition inédite consacrée à Monnerville installée dans les Salons de Boffrand et rendant hommage à l’engagement exceptionnel d’un homme au service de la République.
Édito du Président de la SAPGM, Monsieur le sénateur Patient
Gaston Monnerville est né à Cayenne en 1897, dans une rue dont l’humilité pourrait donner à croire que de grandeur on ne pouvait rien espérer, si ce n’est à raconter un conte de fée. Ce conte de fée arriva : ce fut le conte de fée de la République. Pendant près de vingt-deux ans, Gaston Monnerville occupa le troisième, puis le deuxième rang dans l’ordre protocolaire de l’État. Quel destin que celui d’un collégien guyanais, surnommé Ti Momo, quittant la Guyane en 1946 pour être élu, en 1947, président de la seconde Chambre du Parlement, qu’on appelait alors Conseil de la République ! Quelle leçon que ce brillant avocat, ce docteur en droit, aussi studieux et solide que les rochers qui entourent les palétuviers de la place des Amandiers, ait pu être élu et réélu durant vingt-deux années président de la Haute Assemblée !
La personnalité de Monnerville se forgea dans l’enfance et dans l’adolescence. Son acharnement au travail lui valut de conquérir tous les mérites, tous les grades, tous les honneurs. Les lauriers qu’il reçut récompensèrent son intelligence, ses mérites, sa ténacité. Gaston Monnerville se disait enfant de la race noire, se savait petit-fils d’esclave, n’ignorant pas qu’il vivait dans la plus pauvre des quatre vieilles colonies. Mais quoi ? Il lisait Victor Hugo, Michelet, Alexandre Dumas. Il savait que les sang-mêlé, les hommes de couleur, avaient donné au monde le chevalier de Saint-Georges, Pouchkine, Alexandre Dumas, et que l’empire romain avait eu des empereurs africains. La citoyenneté romaine faisant ciment de tous les peuples, de toutes les provinces sénatoriales, elle était le vrai titre, le vrai blason dont il s’honorait. C’est pourquoi il résolut, même si certains pensèrent que c’était un rêve insensé, de faire des hommes et des femmes de toutes les colonies des citoyens de plein exercice.
Retour sur...
Cette année, le Sénat a choisi de mettre à l'honneur l'ancien Président Gaston Monnerville à l'occasion de la commémoration des trente ans de sa disparition (1991).
Une série d'événements, ouverts au public, sont programmés pour lui rendre hommage et mieux connaître ce personnage, au destin hors du commun, de la Guyane à la Présidence de la Haute assemblée.
Du 14 au 28 septembre 2021, une exposition de photos sera proposée aux promeneurs dans le Jardin du Luxembourg, sous le préau « Saint-Michel », retraçant la vie de Gaston Monnerville et son engagement politique. Puis les 18 et 19 septembre à l'occasion des Journées européennes du Patrimoine (JEP), les visiteurs pourront découvrir une autre exposition consacrée à l'ancien Président du Sénat dans les Salons de Boffrand, au coeur même de la Présidence du Sénat. Ils pourront également découvrir un buste de Gaston Monnerville ainsi qu'une photo prise dans le bureau du Président du Sénat, exceptionnellement ouvert à la visite pour ces JEP, et écouter, au fil d'une "balade sonore" dans le Palais du Luxembourg, un podcast sur sa vie.
Découvrez la vie de Gaston Monnerville en audio
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Les autres "Murmures du Palais" (Sénat, escalier d'honneur, hémicycle,...)
Table ronde "Gaston Monnerville - L'héritage"
- Dans le cadre de la commémoration du 30ème anniversaire de la disparition de Gaston Monnerville, la Délégation sénatoriale aux outre-mer a organisé une table ronde sur le thème : « Gaston Monnerville – L’héritage ». Elle a été articulée autour de deux séquences précédées d’une ouverture par le Président du Sénat, MM. Stéphane Artano, président de la délégation sénatoriale aux outre-mer, et Georges Patient en sa qualité de président de la Société des amis de Gaston Monnerville. La première séquence a évoqué l’homme des territoires et l'homme de loi, la seconde séquence le grand républicain. Les 12 intervenants étaient des élus, des historiens et des personnalités qui ont côtoyé Gaston Monnerville.
- Le programme (PDF - 256 Ko)
- La vidéo
Pour sa 38ème édition, le Palais et le jardin du Luxembourg sont ouverts à tous les 18 et 19 septembre 2021, dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine