Mardi 22 mai 2012
- Présidence de Mme Sophie Primas, présidente -Audition de Mme Dominique Florian, présidente de l'Institut de Recherche en Agriculture Biologique pour l'Europe (IRABE)
Mme Sophie Primas, présidente. - Bonjour, Madame. Nous sommes heureux de vous entendre dans le cadre de nos travaux. Nous travaillons depuis le mois de mars sur les pesticides et leurs effets sur la santé des personnes qui les fabriquent et les utilisent (agriculteurs et agents des collectivités territoriales notamment).
Nous avons souhaité vous entendre car l'Institut de Recherche en Agriculture Biologique pour l'Europe (IRABE) a probablement un avis à émettre sur l'utilisation des pesticides et les alternatives qui pourraient exister.
Certes, nous avons besoin d'une agriculture productive. Toutefois, il nous faut relever le défi qui consiste à assurer un haut niveau de productivité sans négliger les problèmes posés par les pesticides.
Nous vous avons adressé un questionnaire qui peut servir de trame à votre intervention.
Mme Dominique Florian, présidente de l'Institut de recherche en agriculture biologique pour l'Europe (IRABE). - Le questionnaire qui m'a été adressé est très intéressant. Je ne pourrai pas répondre à toutes les questions qui y figurent par manque de temps, mais ce document situe le cadre de vos préoccupations.
Tout d'abord, je tiens à me présenter en quelques mots. Je possède une formation économique et suis devenue, maintenant, agricultrice. Je dirige aussi la ferme expérimentale de l'Institut et je conduis des recherches. Je m'occupe donc à la fois de la production et poursuis des recherches sur l'obtention d'une qualité optimale des produits et de ses conséquences sur la santé humaine. Cette approche globale fonde l'originalité de notre Institut.
L'IRABE a été créé pour définir la différence entre l'agriculture conventionnelle et l'agriculture biologique.
J'ai plaisir à retrouver aujourd'hui le Sénat. En effet, c'est au Sénat que j'ai suggéré la rédaction de l'amendement qui a introduit l'agriculture biologique dans la législation française, le 13 mai 1980. L'Assemblée nationale n'a jamais suivi le Sénat sur ce point. Mais la commission mixte paritaire a retenu l'amendement du Sénat.
Le ministre de l'agriculture de l'époque, M. Pierre Méhaignerie, a créé à ma demande deux sièges dans la Commission des produits antiparasitaires à usage agricole réservés à l'agriculture biologique. Ces deux sièges ont été attribués à M. Francis Chaboussou, vice-président du conseil scientifique de l'IRABE et Directeur de recherches honoraire à l'INRA, et au Pr Guy Queinnec. Etant donné que le Pr Queinnec restait souvent à Toulouse, je le représentais en accompagnant la plupart du temps M. Francis Chaboussou à cette commission. Je connais donc bien la question des pesticides de l'intérieur.
Les pesticides représentent un immense problème. Il faut réduire absolument les pesticides qui polluent l'ensemble du monde vivant.
En vérité, deux approches diamétralement opposées sont possibles : la lutte antiparasitaire ou bien la construction de la résistance de la plante. A l'IRABE, nous avons toujours privilégié cette seconde approche comprenant la prévention des problèmes par la fertilisation.
Je vous remets d'ailleurs des programmes de stages de notre Institut. Un de nos stages s'intitule « Lutte antiparasitaire ou construction de la résistance de la plante » et reflète l'approche spécifique de notre Institut.
M. Francis Chaboussou a beaucoup travaillé sur les pesticides. Il a découvert que les insectes possèdent un équipement enzymatique complètement différent de celui des vertébrés. Nous savons que les pesticides sont cancérogènes pour l'homme. Personne ne le conteste. Les pesticides sont de graves perturbateurs hormonaux.
M. Francis Chaboussou a découvert que l'équipement enzymatique des parasites leur permettait au contraire de se nourrir de substances solubles. Or, tous les pesticides sont des substances chimiques solubles. Par conséquent, la solubilité de ces substances aboutit à l'augmentation de la fécondité et de la longévité des parasites, ce qui est très alarmant. M. Francis Chaboussou a également observé l'accélération du cycle de reproduction et la modification du sex ratio au bénéfice des femelles, ce qui constitue une augmentation de leur potentiel biotique par un processus nutritionnel.
Il s'agit là d'une avancée scientifique majeure mais, malheureusement, à l'INRA, M. Francis Chaboussou n'a pas obtenu tous les crédits nécessaires à la poursuite de ses recherches. A la suite d'une communication à l'Académie d'Agriculture, il avait appris que ses travaux avaient suscité de vives résistances dans des milieux industriels. M. Francis Chaboussou n'a pu reprendre ses recherches qu'en devenant vice-président du conseil scientifique de l'IRABE. Son entrée à la Commission des produits antiparasitaires à usage agricole (pesticides) a représenté une sorte de couronnement de sa carrière. Ma présence aujourd'hui au Sénat constitue aussi une reconnaissance de son travail.
Tant que les engrais chimiques seront utilisés, l'usage des pesticides qui en est la conséquence directe, sera inévitable. C'est ainsi que des substances solubles inorganisées envahiront les tissus de la plante qui, par conséquent, s'en trouvera fragilisée. Les substances solubles deviennent la nourriture du parasite. Une fertilisation optimale est donc nécessaire pour assurer une parfaite organisation des tissus dans la plante par la protéosynthèse.
La fragilité des tissus est aussi un paramètre important. Par exemple, lorsqu'un orage s'abat sur un verger traité avec des engrais chimiques et des pesticides, la différence de température ambiante conduit à l'éclatement des fruits et à la destruction de la récolte.
Au contraire, dans notre ferme expérimentale, les fruits n'éclatent jamais. Les tissus de nos fruits sont suffisamment résistants. Il faut bien comprendre que l'utilisation des pesticides engage un processus nutritionnel au niveau des parasites et des maladies à virus.
A partir de la fertilisation, il importe de parvenir à une protéosynthèse optimale dans les tissus de la plante. Ainsi, les tissus de la plante ne sont pas emplis de substances qui nourrissent les parasites. Si le parasite ne trouve aucune substance soluble, il ne s'attaque pas à la plante.
En vérité, le recours aux pesticides n'est que l'aboutissement d'une politique agricole erronée. A l'origine, l'équilibre naturel de la plante a été déséquilibré par l'utilisation d'engrais chimiques. Ce déséquilibre a ensuite engendré comme un besoin en pesticides. A présent, alors que les pesticides ne fonctionnent plus, le recours aux OGM est aussi ressenti comme un besoin, tout autant superficiel.
Pourtant, nous n'avons pas besoin des OGM. Les OGM sont la preuve même de l'échec des pesticides.
Tous les problèmes pourraient être traités à partir de la base de la vie microbienne du sol. Le respect de la vie microbienne du sol est aussi directement lié à la qualité des produits. En 1998, l'IRABE a reçu une commande du ministère de l'agriculture sur « l'étude des corrélations entre l'état d'un sol, son mode de fertilisation et la qualité des fruits obtenus ». Dans les conclusions de ce rapport, je propose la définition suivante : « la qualité biologique est le résultat de la santé de la plante ou de l'animal. La qualité biologique résulte d'un équilibre parfait dans la plante qui lui permet d'échapper au parasitisme et aux maladies, ainsi que d'acquérir une très grande résistance aux aléas climatiques ».
La qualité biologique est inséparable de la résistance de la plante. Cette résistance provient de la santé et de la vitalité de la plante.
Quand les tissus sont parfaitement harmonisés, la qualité des produits est optimale et la teneur en principes actifs atteint un niveau exceptionnel. En effet, nous avons réalisé des analyses sur les produits de la ferme expérimentale biologique de l'IRABE et constaté des taux phénoménaux de principes actifs. Par exemple, il a été mesuré dans nos abricots frais un taux 100 % supérieur à la normale en glucides et en vitamine C. Nos fruits possèdent en outre une capacité de conservation exceptionnelle.
Alors que notre ferme de Loriol-du-Comtat (Carpentras) se situe sur le 44ème parallèle de latitude Nord, nous parvenons à produire des figues séchées naturellement, pourtant classifiées comme un fruit « exotique » selon la nomenclature internationale.
Notre démarche mériterait d'être reproduite. Par nos méthodes de fertilisation, nous sommes parvenus à nous affranchir d'un facteur limitant aussi déterminant que le climat. La qualité et la résistance de la plante sont deux paramètres inséparables. Il est certain qu'un fruit doté d'une conservation exceptionnelle n'a jamais été touché par des parasites. En effet, cette grande capacité de conservation résulte de la qualité des tissus de la plante.
Je pense donc qu'il faut conduire une approche globale. Tout est lié. Or, aujourd'hui, nous vivons à l'ère de la compartimentation des savoirs et de l'excès de spécialisation. Les spécialistes de l'agriculture travaillent en champ clos et n'ont pas d'approche globale. A l'inverse, notre institut s'inscrit toujours dans une approche globale : nous sommes en permanence préoccupés à la fois par la qualité, la maîtrise du parasitisme et la santé de la plante. Tous ces paramètres sont indissociables les uns des autres.
La situation est grave dans l'agriculture. Par exemple, je voudrais vous signaler que des problèmes de malformation surgissent chez les animaux. Ainsi, des perturbations sont constatées chez les veaux : un éleveur de la région de Rochefort a vu naître récemment deux veaux dépourvus d'anus. La soeur de cet éleveur a également été témoin de malformations chez ses animaux. D'autres éleveurs de la région parisienne ont rencontré des phénomènes identiques. Ils craignent de parler de ces phénomènes nouveaux qui les inquiètent.
Mme Nicole Bonnefoy, rapporteur. - Il a toujours existé des animaux malformés.
Mme Dominique Florian. - Les malformations observées sont particulièrement graves.
Mme Nicole Bonnefoy, rapporteur. - La fréquence de ces malformations est-elle réellement plus élevée ?
Mme Dominique Florian. - Il n'y en avait pas auparavant.
Mme Bernadette Bourzai. - Si, ces malformations sont rares mais j'en ai rencontré.
Mme Dominique Florian. - Je n'ai pas de réponse sur ce point mais je vous fais part des inquiétudes bien réelles des éleveurs.
La course à la productivité, qui pourrait être à l'origine de ces malformations, est également alarmante. A titre d'exemple, la France produit autant de lait aujourd'hui qu'en 1980 mais avec deux fois moins de vaches.
Nous sommes préoccupés par cette situation.
Nous pouvons éliminer les pesticides en remettant en cause les méthodes actuellement utilisées. L'élevage joue un rôle prépondérant.
Mme Nicole Bonnefoy, rapporteur. - Quelles sont justement vos méthodes de fertilisation ?
Mme Dominique Florian. - Nous pensons qu'il est impossible de concevoir une agriculture durable sans élevage. Les déjections des herbivores jouent un rôle majeur. Il est impossible de se passer du fumier dans l'agriculture. Je crains que nous en prenions conscience trop tardivement. Aujourd'hui, l'élevage est devenu presque exclusivement une production de viande ou une production laitière intensive, dont l'élimination du lisier très pollué pose d'immenses problèmes. Or le fumier constituait auparavant un aspect essentiel de la production. Le fumier servait à la fertilisation. La fertilisation pratiquée par l'IRABE est basée en grande partie sur le fumier d'herbivores.
Mme Sophie Primas, présidente. - Est-ce le fumier qui assure l'équilibre des tissus de la plante ?
Mme Dominique Florian. - Oui. Le fumier apporte au sol une vie microbienne. Cette vie microbienne est déterminante car elle permet de solubiliser lentement dans le sol toutes les substances dont la plante a besoin. La fertilisation soluble actuellement utilisée dans l'agriculture a fait sauter un maillon essentiel du processus, à savoir la vie microbienne du sol. Ce nouveau mode de fertilisation a substitué à cette vie microbienne une fertilisation chimique.
Mme Sophie Primas, présidente. - J'imagine que tout dépend de la qualité du fumier.
Mme Dominique Florian. - Oui, le fumier qui abrite la vie microbienne la plus intense provient d'animaux bien nourris. Leur alimentation doit être conforme à leur physiologie. Or, ce n'est pas le cas à l'heure actuelle car ils sont nourris avec du soja ou du maïs en provenance des États-Unis d'Amérique. D'ailleurs, ces aliments sont à 90 % des OGM. Par conséquent, les déjections des animaux ainsi nourris ne sont pas saines - le lisier en est un exemple frappant.
Historiquement, la qualité de l'agriculture française procédait du mariage entre l'élevage, les plantes, le sol et le climat. L'agriculture productiviste a éliminé les races rustiques d'herbivores moins spécialisées et ces races sont aujourd'hui en voie de disparition. Nous devons tâcher de les sauver. Elles seront peut-être demain notre seule ressource en raison de leur adaptation au terroir.
M. Joël Labbé. - Vous faites ici la démonstration de la nécessité du retour à la véritable agronomie.
Mme Dominique Florian. - Ce sont nos travaux qui nous ont menés aux conclusions que je viens d'exposer. Depuis une cinquantaine d'années, des siècles de réussite dans l'agriculture ont été effacés. Il était prévu que les engrais chimiques permettent un accroissement de la quantité en même temps qu'un maintien de la qualité. En fait, les engrais chimiques sont parvenus à accroître la quantité mais en éliminant les propriétés des produits agricoles qui prévalaient auparavant : la qualité et la résistance.
M. Joël Labbé. - S'agissant de l'équilibre entre qualité et résistance, pouvez-vous nous parler des choix de variétés adaptées au terroir ?
Mme Dominique Florian. - Nous tenons compte de l'adaptation au terroir mais nous avons aussi, dans notre ferme expérimentale, des variétés nouvelles d'arbres fruitiers qui sont de réelles réussites au regard du terroir, comme des variétés anciennes.
La tomate Saint-Pierre a été abandonnée en Provence car les agriculteurs ne parvenaient pas à se débarrasser du mildiou. Or, nous produisons chaque année, sur notre ferme expérimentale, des tomates Saint-Pierre et nous n'avons aucun problème de mildiou. De plus, nos tomates ont la capacité de sécher sur les plants fort avant dans l'automne.
La direction régionale de l'agriculture de Provence-Alpes-Côte d'Azur a constaté elle-même que nos fruits, séchés naturellement sous les arbres, étaient délicieux et extrêmement nourrissants.
Mme Nicole Bonnefoy, rapporteur. - Comment se fait-il que ces méthodes, sources de qualité et peu coûteuses, ne soient pas plus développées ?
Mme Dominique Florian. - L'agriculture industrielle productiviste a été lancée par la loi d'orientation de 1960-1962. Au départ, des engrais chimiques ont été répandus sur des terres très fertiles avec une vie microbienne intense. Les rendements ont explosé mais, progressivement, la vie microbienne a disparu et la qualité du sol s'est effondrée. Or, en réutilisant récemment son fumier, parce qu'il ne pouvait plus se payer ses engrais chimiques, un agriculteur voisin a constaté que le rendement de sa production avait doublé.
Mme Nicole Bonnefoy, rapporteur. - Le fumier ne peut-il pas aussi nourrir les parasites ?
Mme Dominique Florian. - Non, car le fumier n'est pas soluble, contrairement au purin. Le fumier contient une vie microbienne très active. L'homme a voulu substituer ses produits chimiques aux micro-organismes, mais nous avons la preuve que ce n'est pas possible.
Mme Sophie Primas, présidente. - La chimie ne peut-elle pas protéger tout de même d'invasions rapides d'insectes ?
Mme Dominique Florian. - Non, les parasites n'attaquent pas des plantes qui ne contiennent pas de substances correspondant à leurs besoins physiologiques.
Mme Sophie Primas, présidente. - Et en cas de moisissure ?
Mme Dominique Florian. - La moisissure ne doit pas intervenir. Nos fruits ne moisissent pas, comme ont pu le constater tous les visiteurs de notre ferme. Je vous ai d'ailleurs apporté des fruits pour le prouver. Par exemple, j'ai confectionné une confiture en 1994 avec des prunes Reine Claude. J'ai mélangé les prunes en purée avec 15 % de sucre, sans les faire cuire. Puis, je les ai placées dans des pots non hermétiquement fermés. Je vais vous la faire goûter pour que vous constatiez vous-mêmes la qualité de ce produit resté cru depuis dix-huit ans.
M. Joël Labbé. - Hormis les fruits, avez-vous d'autres types de culture ? Avez-vous mené des études comparatives sur les rendements de vos pratiques ?
Mme Dominique Florian. - Non, nous n'avons pas conduit d'études par manque de moyens. En tout cas, les visiteurs de la ferme peuvent constater que nous ne connaissons pas de problème de rendement. En effet, nos arbres croulent sous les fruits.
Nous avons aussi produit des haricots verts et des tomates. Un agriculteur de la région a été impressionné par notre niveau de production.
En outre, nous avons découvert que le changement de la fertilisation modifiait considérablement la nature des adventices. Par exemple, les chardons, les rumex ou encore les chénopodes, l'armoise, autant de plantes insupportables pour l'agriculteur, disparaissent complètement et des fleurs, comme la vesse sauvage, refont leur apparition.
M. Joël Labbé. - L'INRA s'est-elle intéressée à vos travaux ?
Mme Dominique Florian. - Grâce à l'autonomie des universités, l'Université d'Avignon vient de créer une structure fédérative de recherche : TERSYS, à laquelle est associée notamment l'INRA et qui regroupe tous les organismes de recherche de la région. Cette structure poursuit deux objectifs : comment augmenter la qualité et la « valeur-santé » des produits, et comment augmenter leur conservation ; cette structure s'intéresse à nos travaux. En effet, l'agriculture souffre d'un très haut niveau de perte de récolte et de perte au stockage. Un des ateliers de cette structure a travaillé lors de sont lancement sur « la production de fruits et légumes meilleurs pour la santé et plus respectueux de l'environnement », car il est considéré désormais très important, dans cette structure de recherche en agriculture, d'aborder la question de la valeur nutritionnelle et de la concentration en « micronutriments ».
La conservation constitue donc aussi une thématique essentielle de l'agriculture. Dans notre ferme, nous n'utilisons aucun processus de conservation. Nos produits se conservent tout seuls. Je vous ai d'ailleurs apporté des fruits séchés : des abricots de dix ans, des figues de deux ans, des cerises Burlat de 2006.
Ces fruits ne sont pas sujets à la moisissure. Si un fruit atteint une parfaite maturité, deux processus peuvent alors s'engager : la dessiccation ou la décomposition. Nos fruits connaissent la dessiccation mais pas la décomposition. La clé réside dans la composition des tissus. Nos fruits contiennent des taux de vitamine C et de glucides 100 % supérieurs à ceux constatés habituellement.
Les membres de la mission goûtent les abricots secs, les figues sèches, la confiture de prunes Reine Claude, les cerises Burlat.
Mme Sophie Primas, présidente. - Les figues sont excellentes. J'aime moins les abricots.
M. Joël Labbé. - J'ai apprécié les abricots dont j'ai trouvé le goût très concentré.
M. Michel Becq. - Les figues sont succulentes.
Mme Sophie Primas, présidente. - La confiture est très bonne également.
Mme Dominique Florian. - Les pesticides sont utilisés car les fruits ordinaires sont issus d'arbres qui n'ont pas la résistance, la vitalité et la qualité de ceux issus de la ferme de l'IRABE. Avec des fruits d'une telle qualité, l'emploi des pesticides sur les arbres est superflu, parce qu'ils n'ont pas de problèmes.
M. Joël Labbé. - Avez-vous procédé à des essais sur les céréales ?
Mme Dominique Florian. - Pas sur notre ferme expérimentale. Mais nous avons apporté des conseils à des propriétés dans le Gard qui ont obtenu des résultats probants sur les céréales dès la première année d'application de nos méthodes.
M. Joël Labbé. - Êtes-vous un réseau de fermes expérimentales ?
Mme Dominique Florian. - Nous avons créé un Centre d'Initiatives pour Valoriser l'Agriculture et le Milieu rural (CIVAM), dont l'objet est d'aider ses membres à appliquer les méthodes de l'IRABE. Notre seul problème est le manque de moyens.
Mme Nicole Bonnefoy, rapporteur. - Combien de temps faut-il à une terre traitée par les pesticides pour retrouver une vie microbienne équilibrée ? Est-ce même possible ?
Mme Dominique Florian. - La vie microbienne de toutes les terres peut être restaurée. Ce n'est qu'une question de temps et notamment de quantité d'apports de fumier de qualité. Les éleveurs sont donc essentiels pour l'avenir de nos sociétés. Nous ne pouvons pas nous passer de ce métier.
M. Joël Labbé. - Le bon fumier nécessite le support qui convient. La Bretagne connaît le problème des lisiers liquides extrêmement polluants.
Mme Dominique Florian. - Oui, faire du bon fumier s'apprend. Le fumier contenant des engrais et produits chimiques ne vaut rien. Quant au lisier on ne sait comment s'en débarrasser puisqu'il n'est pas transformable en fumier. Il suffirait d'appliquer nos méthodes pour régler le problème des lisiers. Un fumier s'élève comme un vin. Il s'agit d'un véritable « or noir ».
Mme Sophie Primas, présidente. - Certaines zones sont complètement désertifiées sur le plan de l'élevage. Les abattoirs y ont disparu.
Mme Dominique Florian. - Je me suis battue pour sauver les petits abattoirs, dont dépendent les éleveurs. Nous avons besoin de petits abattoirs disséminés un peu partout sur le territoire et non de grands abattoirs très espacés les uns des autres. Aujourd'hui, les animaux élevés en Ile-de-France sont parfois abattus en Lorraine.
Mme Sophie Primas, présidente. - Il est très difficile d'implanter des abattoirs en banlieue parisienne.
Madame, nous vous remercions pour cette audition extrêmement intéressante.