Mercredi 15 septembre 2010
- Présidence de M. Martial Bourquin, président -Audition de Mme Lilas Demmou (Université Paris 8)
M. Martial Bourquin, président. -Mme Demmou a publié en avril dernier un important rapport sur la désindustrialisation.
Mme Lilas Demmou (Université Paris 8). - Je vous remercie de m'avoir invitée à vous présenter les principaux résultats de mon étude sur les déterminants de la désindustrialisation. Menée à la direction du Trésor, elle avait pour objectif d'évaluer l'impact des principaux mécanismes à l'origine de la destruction d'emplois industriels. L'idée était de mieux identifier le champ d'intervention pertinent des pouvoirs publics. Certaines suppressions sont inévitables (production de biens non consommés), d'autres sont utiles (plus grande efficience de la production), d'autres encore sont associées à de médiocres performances économiques, et c'est là que l'intervention publique peut être efficace.
Derrière le processus de désindustrialisation, il y a des pertes d'emplois qui ont commencé dans les années 70. L'industrie a perdu 1,9 million d'emplois entre 1980 et 2007, soit 40 % environ de l'emploi total. La part de l'industrie dans l'emploi est revenue de 22 à 12 % de la population active, tandis que celle des services marchands passait de 32 à 44 %. Corrélativement, le poids des différents secteurs a été redistribué, la contribution de l'industrie au PIB est descendue de 24 % à 14 % et celle des services marchands montée de 45 à 66 %.
Le phénomène de désindustrialisation n'est pas uniforme et, quand l'on rapporte les pertes aux effectifs, l'on constate qu'elles atteignent 52 % pour les biens de consommation, 40 % pour l'automobile et les biens intermédiaires, et 30 % pour l'énergie et les biens d'équipement. C'est la branche des biens intermédiaires qui explique 40 % des pertes d'emplois industriels. On observe les mêmes effets dans la majorité des pays industriels, l'Allemagne passant de 30 % à 20 %, le Japon de 23% à 17 %, tandis que l'Italie et les Etats-Unis connaissaient une baisse de 10 points.
J'ai voulu évaluer la part de chaque déterminant des destructions. Le premier réside dans les transformations des frontières de l'industrie, c'est-à-dire l'externalisation vers le secteur des services : les entreprises se spécialisent davantage et abandonnent certains secteurs d'activité. Elle implique qu'une partie des disparitions d'emplois n'est qu'apparente : ils sont comptabilisés autrement, et il faut les déduire des deux millions d'emplois supprimés. On utilise pour l'appréhender plusieurs mesures indirectes : le poids des consommations intermédiaires, d'abord, qui reflète une plus grande spécialisation de l'industrie, la croissance de l'emploi dans les services marchands, ensuite et, enfin, l'augmentation du travail intérimaire. Les données sont ici compatibles avec un renforcement de la spécialisation, puisque les consommations intermédiaires sont passées de 71 % à 75 % de la production industrielle de 1980 à 2007, que l'emploi dans le secteur des services marchands a augmenté de 50% et que l'emploi intérimaire a été multiplié par 2,6.
Il y a bien renforcement de l'externalisation, mais il ne faut pas négliger les évolutions concomitantes au point de surestimer le phénomène. Il convient donc de déterminer la part de l'emploi du secteur des services directement imputable à une demande de l'industrie. A cette fin, j'ai calculé le montant de la production dans les services qui vient d'une demande de l'industrie, puis son contenu en emplois et j'en ai déduit les emplois dans les services directement liés à une demande de l'industrie.
Le phénomène d'externalisation va croissant sur la période et touche notamment les biens intermédiaires (240 000 emplois en 2007), la branche des biens de consommation externalisant aussi beaucoup. L'externalisation affecte 400 000 à 500 000 emplois industriels, qui n'ont pas été perdus, mais transférés. Cela concerne 20 à 25 % des pertes d'emplois. Comment expliquer le 1,5 million restant ?
La déformation de la structure de la demande peut y contribuer. Il y a en effet une relation entre les gains de productivité et l'évolution de la demande. Les gains de productivité ne détruisent pas d'emplois quand ils s'accompagnent globalement d'une croissance équivalente de la demande et que ceux qui sont réalisés dans l'industrie vont de pair avec une plus forte demande dans ce secteur. Ce mécanisme-là est bien documenté et il commence à être étudié lors de l'industrialisation, qui s'est effectuée aux dépens de l'agriculture - c'est un changement structurel. Des gains de productivité plus élevés dans l'industrie stimulent la demande en biens industriels, mais s'ils ne sont pas compensés par une augmentation de la production, il y a destruction d'emplois. Quand le revenu par tête augmente, la demande est stimulée jusqu'à ce qu'on constate un effet de seuil ; il en est de même pour l'emploi. On a atteint cet effet-là au milieu des années 60. C'est ce que l'on retrouve avec la baisse dans l'industrie et l'augmentation dans les services. On peut ainsi mesurer l'emploi si le poids de l'industrie dans la demande avait été constant. Selon les résultats obtenus, 560 000 emplois auraient ainsi été perdus, ce qui représente 30 % des destructions. Une analyse désagrégée montre que les industries agroalimentaires et celle des biens de consommation sont, avec les biens intermédiaires, les secteurs qui ont le plus souffert, alors que l'industrie automobile a connu une hausse de l'emploi.
On peut voir l'effet de la concurrence étrangère dans la dégradation du solde commercial. Après une amélioration dans les années 1990, le déficit du solde commercial a atteint 54 milliards en 2007. L'énergie explique une large partie du solde, mais elle ne fait qu'accentuer la dégradation de celui-ci. Cela représente 2,5 points de PIB, dont 1,7 vis-à-vis des pays du sud et 0,65 pour le nord. La perte d'emplois domestiques due à une hausse des importations est difficile à évaluer. Les mécanismes liant échanges et emplois sont plus complexes, car l'impact des importations dépend de leur degré de substitution avec des emplois domestiques : elles peuvent en effet être complémentaires ; il convient en outre d'avoir une vision globale, des importations pouvant susciter des créations d'emplois dans un autre secteur. L'on peut évaluer à 240 000 les emplois détruits par les échanges. Ce sont d'abord les salariés de l'automobile et ceux des biens d'équipement qui ont souffert de la concurrence étrangère.
Mme Nathalie Goulet. - Pouvez-vous être plus explicite ?
Mme Lilas Demmou. - L'on calcule combien il y a d'emplois par milliard de production : 550 000, en tenant compte des emplois induits. Il suffit de rapporter ce résultat aux importations pour en déduire les emplois détruits : le solde commercial étant de - 9 milliards, j'obtiens 51 000 emplois détruits.
Mme Nathalie Goulet. - Et pour le Nord ou le Sud ?
Mme Lilas Demmou. - Le calcul devient plus contestable, dans la mesure où il y a plus d'emplois dans les importations qui viennent du Sud. Aussi l'autre méthode est-elle moins héroïque et plus technique : on regarde comment les échanges sont en moyenne liés à l'emploi. On évalue alors la destruction à 740 000 emplois, soit 40% des pertes d'emplois. Nous disposons ici d'une fourchette.
Au total, 25 % des emplois ont été externalisés, 40 % ont disparu du fait des échanges et 30 % du fait des transformations de la demande. Liées aux changements structurels, ces dernières pertes sont-elles inéluctables ? Pas forcément car le dynamisme de la demande dépendant de la qualité des produits offerts, l'on peut limiter les destructions d'emplois. S'agissant de la concurrence étrangère, il convient d'aller vers les produits à forte valeur ajoutée - c'est l'innovation, la qualité qui semblent au coeur du maintien de l'emploi industriel en France.
M. Alain Chatillon, rapporteur. - Un mot des industries agroalimentaires. L'alimentation est en vingt ans revenue de 24 % à 13 % du budget des ménages, tandis que leur budget internet et téléphone montait à 13-14 %. La demande des ménages est un paramètre qui manque ; à côté des problèmes conjoncturels, il y a aussi le comportement des consommateurs.
Mme Nathalie Goulet. - Très juste !
M. Martial Bourquin, président. - Compter l'intérim dans les services fausse un peu les choses ; les statistiques publiées devraient flécher l'intérim dans l'industrie automobile. Précisément, vous avez signalé que le bilan de celle-ci, qui était positif dans les années 70, est devenu négatif : n'est-ce pas parce que les constructeurs réimportent leur production ? Ne faut-il pas joindre les comportements à votre très solide analyse ? J'ai été très sensible à cette question. Sur l'externalisation, enfin, n'est-on pas passé de l'assemblage d'équipements produits à proximité à la recherche de ces équipements sur internet ?
M. Alain Chatillon, rapporteur. - L'économie oriente le comportement des consommateurs, ce qui opère des redéploiements au détriment d'industries lourdes, mais il va s'en créer d'autres.
M. Jean-Jacques Mirassou. - Puisque l'on évoque l'impact des habitudes des consommateurs, notons que le pouvoir d'achat disponible est orienté par la publicité vers tel ou tel bien de consommation. Entre le portable et le produit fermier, l'on choisit désormais le portable. Il faut prendre en compte ce formatage des consommateurs, qui les dirige vers des produits fabriqués à l'étranger.
M. Jean-Pierre Sueur. - C'est plutôt une bonne nouvelle que l'on retrouve dans les services certains emplois perdus par l'industrie, ainsi du nettoyage. Comment se fait-il que l'Allemagne recoure moins à des sous-traitants étrangers ? Enfin, puis-je vous demander ce qui vous feriez si vous étiez ministre de l'industrie ?
Mme Nathalie Goulet. -Vous nous avez confirmé ce que l'on pressent. L'on sait que nous consommons beaucoup de produits qui ne sont plus fabriqués chez nous. La demande se déforme. Comment analysez-vous les externalisations, s'agit-il d'éviter des charges, de se décharger d'emplois et cela n'a-t-il pas un impact sur la solidité de notre appareil productif ? A force de dégager le coeur de l'activité, on satellise la production ! Enfin, est-ce viable à terme ou bien fragilise-t-on le maillage industriel quand l'externalisation devient délocalisation ?
M. Jean-Jacques Mirassou. - Vous avez évoqué les gains de productivité et leurs liens, tantôt positifs, tantôt négatifs, avec l'emploi. Or on les associe souvent à la destruction de l'emploi - je pense en particulier aux salariés de Continental, auxquels on explique qu'il faut arriver à 80 % de leur salaire.
Mme Lilas Demmou. - La transformation structurelle de l'industrie renvoie essentiellement à cet effet demande. Avant de revenir de 24 à 13 % du budget des ménages, l'alimentation a dû en représenter 80 %
M. Alain Chatillon, rapporteur. - 32 % en 1914 ! L'on mangeait alors 800 grammes de pain par jour.
Mme Lilas Demmou. - Les habitudes alimentaires évoluent au fils du temps et les consommateurs se tournent vers de nouveaux biens. L'affectation du revenu change - vous avez évoqué la publicité. L'industrie génère de nouveaux besoins, qui modifient la demande.
M. Alain Chatillon, rapporteur. - Si la part de l'alimentation dans le budget des ménages a diminué, les produits ont une plus grande valeur ajoutée, ce qui accélère le coefficient emploi.
Mme Lilas Demmou. - Pour que la consommation change, il faut des gains de productivité : c'est la protéine moins chère qui a permis de financer l'industrie, les gains de productivité dans l'agriculture qui ont autorisé le développement du secteur industriel.
Sur la période, les gains de productivité dans l'industrie ont été deux fois supérieurs à ceux des services, tandis que la demande baissait. Ces évolutions ont dégagé des ressources pour soutenir la demande dans le secteur des services, moins productif.
A l'effet demande sont imputables 30 % des pertes d'emploi. Je signale que l'effet externalisation prend en compte l'effet intérim.
M. Martial Bourquin, président. - Les données de l'Insee n'isolent pas les chiffres de l'intérim.
Mme Lilas Demmou. - Mais ceux de la Dares le font.
Je ne crois pas qu'il faille prendre des mesures contre l'externalisation : quand les firmes modifient leur production pour se recentrer sur les domaines où elles sont le plus performantes, il en résulte des gains d'efficacité.
M. Martial Bourquin, président. - Grâce aux contrats de filière territoriaux, ce qui est assemblé en un endroit pourrait être également fabriqué là. Une voiture allemande comprend 70 % de composants allemands, contre 47 % de composants français dans les véhicules français.
M. Jean-Pierre Sueur. - C'est une question de volonté.
Mme Lilas Demmou. - Mais il faut bien distinguer externalisation et délocalisation.
M. Martial Bourquin, président. - Désormais, des séries de modules sont achetés sur le net par les entreprises, cela s'appelle le « global sourcing ». Le gardiennage n'est plus seul concerné par l'externalisation...
Mme Lilas Demmou. - Quoi qu'il en soit, l'externalisation n'affecte pas en elle-même l'emploi en France.
M. Martial Bourquin, président. - Mais des éléments de la production sont achetés par le net sur la planète entière.
Mme Nathalie Goulet. - L'externalisation n'est-elle pas la première étape de la délocalisation ? Voyez les plateformes d'opérateurs téléphoniques : votre interlocuteur peut se trouver à l'autre bout du monde. Dans la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche, nous avons essayé de promouvoir les circuits courts. Certains connaissent Faurecia en Basse-Normandie : recherche, formation, développement, production sont rassemblés, ce qui a fixé l'emploi sur place. Mais une petite production externalisée est bientôt menacée par un concurrent à Singapour !
Mme Lilas Demmou. - L'effet commerce extérieur et l'effet demande sont responsables de 70% des pertes d'emplois sur la période ; les délocalisations, c'est-à-dire les transferts d'unités de production vers l'étranger, de 12 %. Ce dernier phénomène est le plus marquant, certes, il vaudrait mieux se concentrer sur les 70 % en menant une politique ambitieuse, pôles de compétitivité, éducation, recherche et développement,...
Audition de M. Nicolas Gaume, président, et M. Julien Villedieu, délégué général du Syndicat national du jeu vidéo
M. Gaume, président du Syndicat national du jeu vidéo. - Notre secteur compte 5 000 emplois en France. Dans certains pays, comme la Corée ou le Canada, il a constitué un vecteur important de réindustrialisation. Il crée des emplois qualifiés et non qualifiés. Les industries dites de l'immatériel sont bien des industries : elles fabriquent des produits - et elles les exportent beaucoup !
M. Julien Villedieu, délégué général du Syndicat national du jeu vidéo. - Les emplois sont à 80 % en CDI, au sein d'équipes formées pour durer car l'élaboration d'un jeu vidéo est un projet de moyen-long terme. Le recours à l'intermittence ne représente pas 10 % de l'emploi total : voilà qui balaie une idée reçue...
M. Gaume, président du Syndicat national du jeu vidéo. - Nous parlons ici de fabrication et de conception, non de distribution. Il s'agit bien d'un secteur industriel au sens propre.
M. Julien Villedieu, délégué général du Syndicat national du jeu vidéo. - Les jeux vidéo traditionnels, vendus en magasin, sont en recul : le chiffre d'affaires a baissé de 13 % en valeur en 2009 pour s'établir à 2,7 milliards d'euros. Mais dans le même temps, le volume des jeux dématérialisés, vendus par téléchargement, intégrés sur des consoles ou des téléphones portables, ou proposés sur internet, a augmenté de 30% et les analystes prévoient une croissance de 50 % à l'horizon 2014.
M. Gaume, président du Syndicat national du jeu vidéo. - Il y a aujourd'hui 25 millions de joueurs, l'âge moyen étant de 35 ans.
La France a une position très forte. Ubisoft, dont le siège est à Rennes et l'établissement principal à Montreuil, est l'un des cinq plus gros dans le monde. Vivendi, essentiellement par des acquisitions, est devenu le numéro un mondial et cette activité est pour lui une importante source de profits. Des acteurs de taille plus modeste sont très actifs également. M. Frédéric Mitterrand a visité l'entreprise Ankama à Roubaix : elle s'est installée dans une ancienne usine textile et a créé 400 emplois en moins de cinq ans, devenant l'un des fleurons de la ville et entraînant dans son sillage l'implantation d'autres entreprises. A Clermont-Ferrand, Prizee emploie 100 salariés, près du site de Michelin.
M. Julien Villedieu, délégué général du Syndicat national du jeu vidéo. - Le secteur suscite de nombreuses créations d'emplois indirects, car il fait appel à des compétences très diverses qui ne sont pas toutes internalisées. Il recourt aux éditeurs de middle-ware, comme Dassault Systèmes, aux prestataires de services traditionnels de jeux, aux fabricants de processeurs, de tablettes graphiques, aux traducteurs... Le total des emplois, directs et indirects, atteint 20 000 salariés.
M. Gaume, président du Syndicat national du jeu vidéo. - Au Canada, après un vote quasi-souverainiste au Québec qui a fait fuir les capitaux anglo-saxons, le secteur des jeux vidéo et multimédia a été un axe important du redressement économique. De moins de 2 000 salariés en 1997, on est passé à 12 000 en 2009. Les entreprises ont réinvesti des friches industrielles.
L'Afdel, l'association des éditeurs de logiciels, l'observe comme nous : on nous classe dans les services, alors que nous fabriquons et prenons des risques industriels, comme Renault ou d'autres ! Les trois-quarts de la production sont vendus hors du territoire français, 40 % aux Etats-Unis, 30 % en Asie, le reste en Europe.
M. Julien Villedieu, délégué général du Syndicat national du jeu vidéo. - Nos entreprises sont en concurrence directe avec les producteurs coréens ou canadiens. L'exportation est inscrite dans les gènes du jeu vidéo ! Dans nos déplacements à l'occasion d'événements internationaux, nous voyons bien que la France est reconnue, elle possède un rayonnement indéniable, sur un marché qui n'est pas domestique mais mondial.
Mme Élisabeth Lamure. - Selon quels critères se font vos choix d'implantation ? Et quel montant est en moyenne consacré à la recherche-développement dans vos entreprises ?
M. Gaume, président du Syndicat national du jeu vidéo. - Les projets sont souvent des initiatives d'entrepreneurs. Or les petites structures n'ont pas une approche systémique des implantations, comme les grands groupes. Ankama a été créé par trois personnes...
Les établissements se situent souvent en centre ville - se sont plutôt les sites urbains qui attirent ou retiennent les talents internationaux. On trouve beaucoup de nos affiliés à Paris ; mais Marseille, Lille, Lyon, Bordeaux ou Nantes sont aussi des villes de référence. Les critères, ce sont les écoles, le foncier disponible, l'accès aux aéroports internationaux. Or les infrastructures françaises, transport ou télécommunications, sont de bonne qualité y compris dans les villes moyennes - ce qui donne leur chance à celles-ci.
M. Julien Villedieu, délégué général du Syndicat national du jeu vidéo. - Les projets de réaménagement de sites industriels fleurissent. A Lyon, le quartier de l'industrie, dans le IXe arrondissement, a attiré plusieurs sociétés de l'immatériel. Ces installations sont souvent liées à une volonté locale de requalifier d'anciennes zones d'activité.
M. Gaume, président du Syndicat national du jeu vidéo. - Nos entreprises sont par définition innovantes. Dans les débuts, la recherche et le développement représentent presque la totalité des dépenses, puis, à maturité, c'est jusqu'à un tiers voire la moitié du chiffre d'affaires qui est réinvesti dans la R&D. Cela nous différencie des industries classiques et nous pose parfois des problèmes de financement. Heureusement nous disposons d'outils qui fonctionnent, tels le crédit d'impôt recherche et le crédit d'impôt spécifique au secteur des jeux vidéo.
M. Martial Bourquin, président. - Y a-t-il des grands groupes ou essentiellement des PME ?
M. Gaume, président du Syndicat national du jeu vidéo. - Le mal français, c'est qu'entre les grands groupes et les PME voire les TPE, il n'existe pas grand-chose... Vivendi, par croissance externe - le groupe a acquis des entreprises américaines en particulier - a une importante activité, qui engendre plus de profits que SFR ou Canal +. Ubisoft approchait le milliard d'euros de chiffre d'affaires avant la crise. Ce groupe s'est développé significativement au Québec, encouragé par le gouvernement québécois ; il a créé là-bas 4 000 emplois. Mais il a aussi environ 1 000 salariés en France, par exemple à Montpellier, à Annecy et ailleurs.