Les Parlements dans la société de l'information
Palais du Luxembourg, 18 et 19 novembre 1999
VII. INTERVENTION DE M. JOHNNY GILLING, DÉPUTÉ SUÉDOIS
« La technologie et les objets technologiques qui nous accompagnent désormais dans notre vie courante (téléphone portable, « pager », agenda électronique, etc.) n'ont d'intérêt que s'ils sont utilisés à bon escient. Rien ne sert de disposer du dernier gadget si on ne l'utilise pas correctement ou si on ne se l'est pas approprié : dans ces conditions, il crée davantage de frustration qu'il n'est utile. Mais peu à peu, on apprend à se servir d'un nouvel outil, et il devient progressivement indispensable.
Je suis député depuis un peu plus d'un an, après une carrière de programmeur informatique. Je suis membre du parti démocrate-chrétien et j'ai aujourd'hui 43 ans. J'habite la ville de Karlskrona, à 500 kilomètres de Stockholm, qui eut son heure de célébrité au début des années 80, lorsqu'un sous-marin soviétique se fit prendre dans nos eaux...
Les nouvelles technologies sont-elles systématiquement bonnes ou mauvaises ?
Les technologies informatiques inspirent de la crainte à certains de nos concitoyens, qui ont peur d'être mis en fiche : c'est le syndrome de Big Brother. C'est une opinion respectable. Mais il en va de même pour la télévision. Un dictateur qui est maître de la télévision peut ainsi conforter son pouvoir. Pour autant, la télévision est-elle une technologie complètement néfaste ? Non, bien sûr. En réalité, le caractère avantageux ou non d'une technologie dépend complètement de l'utilisation que l'on en fait.
Faut-il tout adopter ?
Est-ce qu'un parlementaire doit savoir utiliser un PC, par exemple ? Je ne le crois pas. Il ne faut pas que ce soit une obligation, il faut au contraire laisser venir l'envie de s'en servir.
Souhaitons-nous vraiment l'avènement de la démocratie numérique ?
Je pense qu'il faut utiliser le Net pour favoriser le dialogue entre les hommes politiques et leurs électeurs. Ce faisant, certains croient que l'on peut en profiter pour accélérer le rythme de la démocratie, réfléchir plus rapidement et voter en un clin d'oeil. Or la démocratie doit laisser le temps au débat de se développer et permettre aux citoyens d'avoir le recul nécessaire pour prendre une bonne décision. Il faut donc se méfier des vertus de la démocratie numérique.
Pouvons-nous avoir les avantages sans les inconvénients ?
Pour profiter des avantages des nouvelles technologies, il faut être conscient des effets négatifs et être sensible aux effets positifs.
Une journée de travail est une suite ininterrompue de réceptions d'informations. Mon agenda électronique me sert désormais de réveil matin, et il règle le rythme de toute ma journée. Lorsque je sors d'une réunion, il me dit ce que je dois faire. Il me permet de consulter à distance les informations stockées sur mon PC ou de réserver ma place dans un avion. En conclusion, je dirais que pour exploiter au mieux les technologies, il faut être conscient de ce qu'elles peuvent apporter, mais en conservant un certain esprit critique. »