3. Une évaluation de la dépense quasi-inexistante

Les documents dont votre commission a eu communication ne comportent que des informations de nature budgétaire ou comptable, mais ne portent jamais sur le rapport qualité/prix de la gestion publique.

La dépense publique, en France, ne fait pratiquement jamais l'objet d'une analyse en termes de coût/efficacité : l'étude de l'efficience des dépenses est trop souvent négligée, si bien qu'il est extrêmement difficile de vérifier a posteriori si les résultats attendus d'un dispositif sont effectivement atteints. Aucune conséquence n'en est alors tirée sur le niveau des crédits inscrits au bénéfice dudit dispositif.

Un constat très sévère dressé lors des auditions

Si M. Dominique Strauss-Kahn a indiqué que " la direction du budget " pond " tous les jours des listes d'économies supplémentaires à faire " , ajoutant que " c'est la fonction de la direction du budget et c'est même un peu aussi sa constitution ", il s'avère que ces propositions visent surtout à éviter la surenchère de propositions de dépenses. Du reste, comme l'a souligné l'ancien ministre, " fort heureusement, le ministre ne les voit pas arriver tous les jours et les filtres successifs lui évitent qu'elles viennent encombrer son bureau ".

D'autres services de Bercy, pourtant, travaillent sur l'efficience des politiques publiques. C'est notamment le cas de l'Inspection générale des finances, dont le chef de service, M. Thierry Bert, a indiqué à votre commission : " nous ne participons pas formellement à l'élaboration de la loi de finances, nous participons globalement à tout ce qui est recherche d'économies, recherche d'efficacité, amélioration générale de la gestion ". Lors de son audition, M. Pierre Gisserot, ancien chef du service de l'Inspection générale des finances, a précisé qu'il avait fait procéder, en 1996 et 1997, à une synthèse des économies budgétaires résultant des études et propositions des rapports récents de l'Inspection. En 1996, les 19 fiches d'économies rédigées représentaient un montant total d'économies de 47 milliards de francs. Ce montant s'établissait à 28 milliards de francs pour 1997.

Ces économies sont évidemment indicatives, mais M. Thierry Bert a tenu à exprimer un certain fatalisme eu égard aux suites données à ces travaux : " encore faut-il que les propositions soient bonnes, et, si elles le sont, faut-il encore qu'elles soient acceptées ".

Parmi les différentes études conduites par l'Inspection générale des finances, il convient de citer l'analyse comparative des administrations fiscales, les propositions de réorganisation du système informatique, l'analyse comparative des systèmes de contrôle de la dépense publique, ou encore une série de travaux sur l'élaboration d'indicateurs de gestion.

En fait, le système français repose sur le contrôle de la régularité juridique de l'engagement de la dépense, et non sur son efficacité. Il a été conçu comme pouvant donner lieu à un contrôle a priori et non a posteriori .

Votre commission estime qu'il y a là matière à un grand chantier pour la réforme de l'Etat 40( * ) .

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