B. UN LIEN PHYSIQUE : LE RÉSEAU
1. Son évolution
Le développement du réseau postal en France
résulte
de la décision prise en 1829 d'assurer la
distribution du courrier
à domicile et non plus au bureau de
poste
54(
*
)
. A une époque
où la marche à pied constituait le principal mode de
déplacement, la mise en oeuvre d'une telle orientation
nécessitait, en effet, de disposer de centres de distribution au plus
près des populations desservies.
De 1.630 en 1815, le nombre de points de contacts postaux (bureaux de poste,
guichets annexes et agences postales
55(
*
)
) passe à 5.526 en 1875, soit
une multiplication par 3 en soixante ans. Au cours des quarante années
suivantes, le taux de croissance annuel moyen s'établira autour de
6,8 %, l'effort le plus important étant toutefois accompli au
début de ce siècle : de 1900 à 1914, le nombre de
points de contact augmentera de plus de 4.000 unités, soit une
progression de 42 % en moins de 15 ans.
A la veille de la première guerre mondiale, le réseau de La
Poste est stabilisé
et n'évoluera plus que de manière
modérée. On comptait 12.881 bureaux de plein exercice (hors
guichets annexes et agences postales) en 1914 ; on en dénombre
13.664 en 1955.
Par la suite, les mouvements démographiques liés à
l'exode rural vont entraîner une double évolution :
- une lente diminution des bureaux de plein exercice (13.905 en
1960 ; 12.357 en 1993) ;
- une diversification accrue et une augmentation des points de contacts
postaux autres que les bureaux (guichets annexes et agences postales : un
peu moins de 3.800 en 1970 ; plus de 4.800 en 1993).
Cette évolution se révèle d'ailleurs traduire de
manière très atténuée les bouleversements
démographiques qui l'impulsent. Songeons qu'au cours des quarante
dernières années, les migrations des campagnes vers les villes
ont ramené la population rurale de 50 à 25 % de la
population française, alors même que celle-ci passait de 40
à 56 millions d'habitants.
Cette transformation progressive du réseau est interrompue au
début des années 1990. En janvier 1992, une circulaire,
tirant les conséquences du comité interministériel
d'aménagement du territoire tenu en novembre 1991, suspend la
suppression ou la réorganisation des services publics sous tutelle de
l'État. Surtout, le 10 mai 1993, M. Edouard Balladur, alors Premier
ministre, décide
un moratoire des fermetures
de tels services
en zone rurale.
Initialement instaurée jusqu'en octobre 1993, ce moratoire a
été reconduit à deux reprises et est toujours en vigueur
aujourd'hui. La Poste l'a scrupuleusement respecté
56(
*
)
. En juin 1995, pour dissiper toute
ambiguïté sur ce sujet, son Président de l'époque, M.
André Darrigrand, a d'ailleurs précisé qu'il ne serait
procédé à aucune fermeture jusqu'à la signature
d'un nouveau contrat de plan, soit jusqu'à la fin 1997. Au surplus, La
Poste a décidé de n'opérer aucune réduction
d'effectifs dans les bureaux employant moins de quatre agents dans les
fonctions dites " guichet-développement ".
Les résultats de cette attitude et la rupture qu'ils traduisent au
regard des tendances antérieures sont mis en évidence dans le
tableau ci-dessous.
ÉVOLUTION DU RÉSEAU DES POINTS DE CONTACT DE
LA POSTE
(1)
de 1983 à 1993 et de 1993 à 1996
1983 |
1986 |
1990 |
1993 |
1996 |
Évolution 1983/1996 |
Évolution 1983/1993 |
Évolution 1993/1996 |
|
Bureaux de poste |
12.796 |
12.843 |
12.752 |
12.357 |
12.029 |
- 6 % |
- 3,4 % |
- 2,7 % |
Agences postales et assimilées (2) |
3.310 |
3.264 |
3.130 |
3.092 |
3.073 |
- 7,16 % |
- 6,5 % |
- 0,6 % |
Guichets délocalisés (3) |
1.105 |
1.080 |
1.085 |
1.428 |
1.928 |
+ 74,47 % |
+ 29,3 % |
+ 35 % |
TOTAL |
17.211 |
17.187 |
16.967 |
16.877 |
17.030 (4) |
- 1,05 % |
- 1,9 % |
+ 0,9 % |
Source : La Poste.
(1) Points de contact de La Poste : les bureaux de poste dits aussi recettes de
plein exercice ; les recettes rurales, jusqu'au changement de
dénomination ; les guichets annexes ; les agences postales avec
distribution ; les agences postales sans distribution ; les
correspondants postaux.
(2) Agences postales : établissements rattachés à un
bureau de poste et tenus par des personnes extérieures à La
Poste, mais sous contrat avec elle.
(3) Guichets physiquement indépendants mais rattachés à un
bureau de poste (pas de chef d'établissement ni de comptabilité
propre).
(4) L'augmentation de 153 points de contact constatée entre 1993 et
1996 résulte des effets conjugués du moratoire de la fermeture
des services publics en milieu rural, intervenu en mai 1993, et de la
création d'établissements -pour une part importante, des
guichets- dans des zones urbaines en développement.
L'impact du moratoire se vérifie notamment à travers le fait
que le nombre total des points de contact postaux est aujourd'hui
stabilisé à un niveau à peine inférieur à
celui d'il y a quinze ans
, alors qu'avant 1993 il déclinait
d'environ 1 % tous les cinq ans.
Cependant, d'aucuns font remarquer que le nombre des bureaux de poste de plein
exercice (sans les guichets annexes et les agences postales) demeure
aujourd'hui fort proche (12.029 bureaux) de ce qu'il était en 1914
(12.881 bureaux), alors même que les techniques de distribution ont
considérablement évolué et qu'il n'y a plus guère
de facteurs qui, en zone rurale, font leur tournée à pied ou en
bicyclette.