IV. PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ
Il existe une relation inverse entre la productivité et l'indicateur de compétitivité constitué par le coût salarial unitaire (c'est-à-dire le coût salarial par unité produite) : celui-ci s'obtient en divisant le coût salarial par le volume de la production.
A coût de la main d'oeuvre inchangée, une augmentation de la productivité du travail conduit à diminuer l'horaire nécessaire pour produire une unité de bien, diminuant dans les mêmes proportions le coût salarial unitaire. Pour évaluer la compétitivité, il faut donc associer la productivité et le coût du travail afin de constituer une mesure unique du coût salarial unitaire.
L'objet de cette partie est de replacer la problématique du lien entre productivité et compétitivité dans le contexte de la concurrence des pays émergents sur les marchés mondiaux de produits manufacturés :
- quelle est la position compétitive des économies avancées par rapport aux économies émergentes , compte tenu des différentiels de productivité ?
- comment expliquer le paradoxe de l'économie américaine qui malgré l'accélération relative de sa productivité, voit sa performance à l'exportation se dégrader continûment depuis la fin des années 90 ?
A. PRODUCTIVITÉ
ET COMPÉTITIVITÉ :
ÉLÉMENTS DE
COMPARAISONS INTERNATIONALES
1. Les écarts de coûts salariaux unitaires entre économies avancées et économies émergentes
Le tableau n° 3 ci-après compare les niveaux relatifs de la productivité dans le secteur manufacturier pour trois économies avancées (États-Unis, Union européenne à 15 - UE-15 - et Japon) et trois économies émergentes (Chine, Inde, les 10 nouveaux Etats membres de l'Union européenne) et les niveaux de compétitivité mesurée par le coût salarial unitaire (coût du travail par unité produite).
Tableau n° 3
PRODUCTIVITÉ HORAIRE EN PARITÉ DU POUVOIR
D'ACHAT
ET COÛT SALARIAL UNITAIRE
DANS L'INDUSTRIE
MANUFACTURIÈRE
(niveaux, États-Unis =
100)
PRODUCTIVITÉ
|
COÛT SALARIAL UNITAIRE
|
|
Économies avancées |
||
UE à 15 |
78,8 |
90,5 |
Japon |
66,1 |
119,5 |
États-Unis |
100 |
100 |
Économies émergentes |
||
10 nouveaux membres de l'UE (a) |
20,5 |
72,4 |
Chine (b) |
5,3 |
- |
Inde (b) |
2,3 |
49,5 |
(a) Moyenne pour la République tchèque, la
Hongrie, la Pologne et la Slovaquie
(b) Productivité par personne
employée
Sources : TCB/GGDC et base de données STAN de
l'OCDE
On peut, certes, voir que les niveaux de productivité (colonne de gauche) sont beaucoup plus faibles dans les économies émergentes que dans les économies avancées :
- la productivité du secteur manufacturier en Inde ne représente que 2 % du niveau américain, 5 % en Chine ;
- celle des nouveaux Etats membres de l'UE représente 20 % du niveau américain (26 % du niveau européen).
Cependant, les écarts de coûts salariaux sont tels que la compétitivité-coût du secteur manufacturier des économies avancées est inférieure à celle des économies émergentes (colonne de droite dans le tableau ci-dessus) :
- les coûts salariaux unitaires en Inde s'établissent à 49,5 % du niveau américain ;
- à 72,4 % dans les nouveaux Etats membres de l'UE.