B. UN PROGRAMME DE FINANCEMENT FACILITÉ DÈS LE 10 JUIN 1999 POUR LA DIRECTION DU TRÉSOR

Entendu par votre commission, M. Jean LEMIERRE, directeur du trésor, a également confirmé cette situation de bonne exécution budgétaire : " de ce point de vue l'année 1999 est caractérisée dès le milieu de l'année, à peu près au mois d'août, par le sentiment que les flux de trésorerie dont l'Etat a bénéficié étaient tels que nos indications de besoins de financement seraient probablement réduites . Cette appréciation s'est faite à partir des flux de trésorerie constatés dans les écritures de l'Etat, et pas, à ce moment là, à partir d'un solde budgétaire que nous n'établissons pas. Cela nous a conduits à proposer et à gérer deux décisions : la réduction du programme d'émission des BTF : il y avait davantage d'argent en trésorerie, nous avons réduit nos émissions puisque nous n'en avions pas besoin . La deuxième action entreprise conformément aux décisions du Ministre est de proposer l'exécution d'opérations de rachat de la dette pour réduire l'encours ".

Il indiquait par la suite " la situation que nous pressentions en milieu d'année 1999 était que le besoin de financement de l'Etat serait probablement inférieur, compte tenu des flux constatés . Nous avons proposé, sur décision du ministre, de mener deux actions : réduire ce que nous . avions envisagé de faire au titre des BTF  .... Encore une fois, sur une double considération : la première, les flux de trésorerie, la deuxième, l'accord du ministre " .

Ces déclarations devant votre commission confirment les indications contenues dans les notes qu'il a adressées au ministre sur les prévisions de charge de la dette.

1. La note du 10 juin 1999 : " si les gains de recettes fiscales venaient à se confirmer... "

Dans une note pour le ministre en date du 10 juin 1999 portant sur la prévision de charge de la dette pour 1999 et 2000, le directeur du trésor attirait, in fine , son attention sur le fait que : " les volumes d'émission prévus pour 1999 reposent sur une hypothèse de déficit budgétaire inchangé : si les gains de recettes fiscales venaient à se confirmer il conviendrait d'envisager les conséquences à en tirer sur la réalisation des programmes de financement pour 1999 ". Une note pour le ministre en date du 6 août 1999 de la direction du trésor a actualisé cette précédente note : elle n'a pas modifié l'analyse faite quant au rythme d'encaissement des recettes fiscales mais seulement mentionné les conséquences de " la volatilité actuelle des taux longs ".

L'analyse faite dès le 10 juin 1999 par la direction du trésor était confirmée par une note du 20 août 1999 portant sur la politique de rachat de dette. Le directeur du trésor, évoquant le programme du gouvernement fédéral américain de rachat de dette analysait " les enseignements qui pourraient être tirés par la France de cette initiative, notamment dans le contexte d'une réduction plus rapide que prévue du déficit budgétaire ". Il indiquait en effet : " La confirmation d'une réduction plus forte que prévue du déficit budgétaire en France permettrait d'augmenter le volume de rachat de titres d'Etat .... Si les prévisions actuelles se confirmaient et que le déficit budgétaire en exécution s'avérait moins élevé que celui prévu en loi de finances initiale, il serait possible d'augmenter les rachats de dette sans modifier les montants adjugés jusqu'à la fin de l'année, mais, si l'ampleur de l'opération le justifie, en révisant en conséquence le programme de financement ".

Aussi le ministre était-il interrogé au sein de la même note sur les suites qu'il entendait donner : " Un programme de financement révisé devrait toutefois être publié si le montant des rachats était très important. Cette communication sur une réduction plus rapide que prévue du déficit budgétaire pourrait, et en conséquence la révision du programme de financement, devrait intervenir au plus tard courant octobre. Je serais reconnaissant au ministre de me faire connaître ses instructions sur le principe d'une telle opération et le cas échéant sur son ampleur possible compte tenu des informations disponibles sur l'exécution budgétaire 1999 ".

Le ministre a donc été informé au cours de l'été 1999 de façon non équivoque par la direction du trésor de la situation de bonne exécution budgétaire dans laquelle se trouvait le budget de l'Etat. Cette dernière lui a en conséquence expressément demandé des instructions en ce domaine.

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