La concurrence fiscale en Europe : une contribution au débat
MARINI (Philippe), Rapporteur général
RAPPORT D'INFORMATION 483 (98-99) - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- AVANT-PROPOS
-
LA CONCURRENCE FISCALE DANS L'UNION ÉCONOMIQUE ET
MONÉTAIRE : UN
PHENOMÈNE DIFFICILE À APPREHENDER ET, PLUS ENCORE, À MAÎTRISER
- I. L'UNION ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE, UN RISQUE ACCRU DE CONCURRENCE FISCALE ENTRE ETATS-MEMBRES
-
II. DES COMPLEMENTS ET DES PROLONGEMENTS
S'IMPOSENT
- A. POUR UN APPROFONDISSEMENT DE L'ANALYSE DES PHÉNOMÈNES DE CONCURRENCE FISCALE EN EUROPE
- B. LES ÉCUEILS D'UNE MEILLEURE MAÎTRISE DE LA CONCURRENCE FISCALE
- C. LA SITUATION DE LA FRANCE AU REGARD DE LA CONCURRENCE FISCALE APPARAÎT GLOBALEMENT MAUVAISE
- AVANT-PROPOS
-
INTRODUCTION GÉNÉRALE ET PRÉSENTATION DE L'ÉTUDE
LA CONCURRENCE FISCALE EN EUROPE : LA SEULE ARME ENTRE LES MAINS DES GOUVERNEMENTS ?- I. DES SYSTÈMES FISCAUX NATIONAUX TRÈS DISPARATES DANS L'UNION EUROPÉENNE
- II. LE JEU DANGEREUX DE LA CONCURRENCE FISCALE
- III. LA FISCALITÉ DES SOCIÉTÉS
- IV. PRÉLÈVEMENTS SUR LES REVENUS DES PERSONNES
- V. LA MODESTE HARMONISATION DES FISCALITÉS INDIRECTES
- VI. EN GUISE DE CONCLUSION : CONCURRENCE, HARMONISATION OU " BONNE CONDUITE " ?
- VII. RÉSUMÉ DE L'ÉTUDE
-
CHAPITRE PREMIER :
UNE CONCURRENCE FISCALE NON MAÎTRISÉE PRÉSENTE DES DANGERS-
I. LA CONCURRENCE FISCALE EST SUSCEPTIBLE
D'ENGENDRER UNE DYNAMIQUE DE
" MOINS-DISANT " FISCAL MAIS LA COOPÉRATION EST
DIFFICILE À METTRE
EN oeUVRE
- A. CONCURRENCE FISCALE ET MOBILITÉ PARFAITE DU CAPITAL PHYSIQUE : UN MODÈLE DE CONCURRENCE SUR LES TAUX D'IMPOSITION
- B. ÉQUILIBRE FISCAL ET COOPÉRATION : LA COOPÉRATION EST NON SEULEMENT DIFFICILE À METTRE EN oeUVRE MAIS ELLE PEUT NE PAS ÊTRE SOUHAITABLE77 Pour certains économistes libéraux comme Brennan et Buchanan (1980), la concurrence fiscale entre Etats (ou entre collectivités publiques) est bénéfique car elle permet de limiter le comportement de gouvernements-Leviathans.
- C. LA CONCURRENCE FISCALE CONSTITUE UNE CONTRAINTE SUPPLÉMENTAIRE POUR LES ETATS ENDETTÉS
- II. LA CONCURRENCE FISCALE AFFECTE L'ÉQUITÉ HORIZONTALE ET VERTICALE DES SYSTÈMES DE PRÉLÈVEMENT
- III. CONCURRENCE FISCALE ET POLITIQUE DE REDISTRIBUTION
-
I. LA CONCURRENCE FISCALE EST SUSCEPTIBLE
D'ENGENDRER UNE DYNAMIQUE DE
" MOINS-DISANT " FISCAL MAIS LA COOPÉRATION EST
DIFFICILE À METTRE
EN oeUVRE
-
ANNEXE 1 :
LE MODÈLE STANDARD DE CONCURRENCE FISCALE -
ANNEXE 2 :
MOBILITÉ DE LA BASE IMPOSABLE ET EXTERNALITÉS FISCALES -
ANNEXE 3 :
L'ÉQUILIBRE DE NASH FISCAL -
ANNEXE 4 :
INCIDENCE D'UNE POLITIQUE DE REDISTRIBUTION QUAND LES TRAVAILLEURS QUALIFIÉS ET NON QUALIFIÉS SONT MOBILES - GLOSSAIRE1515 Ce glossaire doit beaucoup aux ouvrages de Généreux (1990) et Guerrien (1993).
-
CHAPITRE II
L'IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS : DES "ÉCARTS
NON NÉGLIGEABLES" 1717 Ce chapitre ne traite pas de la fiscalité locale sur les entreprises. Cette question fait l'objet d'un traitement spécifique dans les Annexes générales.- I. LE POIDS DE L'IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS DANS LES PAYS DE L'UNION EUROPÉENNE
- II. UNE MESURE DES ÉCARTS DE FISCALITÉ : LE COÛT DU CAPITAL
- III. RÉGIMES DÉROGATOIRES ET COMPORTEMENTS D'OPTIMI-SATION
- IV. FISCALITÉ ET COMPORTEMENTS DE DÉLOCALISATION
-
ANNEXE II.1
LE CALCUL DU COÛT DU CAPITAL DES INVESTISSEMENTS DIRECTS EN EUROPE -
ANNEXE II.2.
LES SYSTÈMES D'IMPOSITIONS DES REVENUS INTERNATIONAUX DES PAYS MEMBRES DE
L'UNION MONÉTAIRE -
ANNEXE II.3.
LES DIRECTIVES ADOPTÉES PAR LA COMMISSION ET LES RECOMMANDATIONS DU RAPPORT RUDING -
ANNEXE II.4.
LES PERSPECTIVES EN MATIÈRE D'HARMONISATION : LES TRAVAUX EN COURS -
CHAPITRE III
COTISATIONS SOCIALES ET COÛT DU TRAVAIL
EN EUROPE- I. LE POIDS DES COTISATIONS SOCIALES DANS LES PAYS DE L'UNION EUROPÉENNE
- II. LE FINANCEMENT DES PRESTATIONS SOCIALES SELON LES DIFFÉRENTS RISQUES
- III. TAUX MOYENS DE COTISATIONS SOCIALES : UNE TRÈS GRANDE DIVERSITÉ
- IV. COTISATIONS SOCIALES, COÛT DU TRAVAIL ET EMPLOI
- V. L'IMPACT MACROÉCONOMIQUE D'UNE RÉDUCTION CONCERTÉE DES COTISATIONS EMPLOYEURS
- VI. CONCLUSION
-
CHAPITRE IV :
IMPÔT SUR LE REVENU ET FISCALITÉ SUR LES REVENUS DE PLACEMENT- I. LE POIDS DE L'IMPÔT SUR LE REVENU ET SES CARACTÉRISTIQUES DANS LES PAYS DE L'UNION EUROPÉENNE
- II. COMPARAISON DE LA PRESSION FISCALE ET SOCIALE PESANT SUR LES REVENUS DU TRAVAIL DES MÉNAGES DANS LES PAYS DE L'UNION EUROPÉENNE
- III. L'IMPOSITION DES REVENUS DE L'ÉPARGNE
-
ANNEXE 4.1
SITUATION MATRIMONIALE ET IMPÔT SUR LE REVENU -
ANNEXE 4.2
LA PRISE EN COMPTE DES CHARGES DE FAMILLE -
CHAPITRE V
TVA ET DES DROITS D'ACCISE - (ii) RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
-
ANNEXES GENERALES
- I. ANNEXE I : CONCURRENCE FISCALE ET LOCALISATION DES ENTREPRISES À UN NIVEAU INFRAÉTATIQUE
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 483
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Rattaché pour ordre au procès-verbal de la séance du 30 juin 1999
Enregistré à la Présidence du Sénat le 26 juillet 1999
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur la concurrence fiscale en Europe,
Par M. Philippe
MARINI,
Sénateur
Rapporteur général
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Impôts et taxes - Union européenne. |
AVANT-PROPOS
Le présent
rapport a pour objectif d'alimenter la réflexion et le débat sur les questions
posées
par la concurrence fiscale en Europe.
Il rend compte des conclusions d'une étude commandée par la commission des
finances du
Sénat à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Il s'agissait d'identifier plus précisément les aspérités associées à un état
paradoxal de la construction européenne. Celui-ci est en effet caractérisé par
une
intégration de plus en plus complète des marchés (biens, services, capitaux),
par les
progrès réalisés dans le domaine des libertés d'aller et de venir (libertés
d'établissement, de circulation, ...), par une unification monétaire très
largement
accomplie mais aussi par une harmonisation fiscale si limitée que des
phénomènes de
concurrence fiscale ont tout lieu d'être redoutés.
Le cahier des charges imposé à l'OFCE et qui a fait l'objet d'un suivi attentif
demandait donc à l'institut :
- de préciser la situation et l'évolution de la fiscalité et des prélèvements
obligatoires dans l'Union européenne ;
- d'évaluer les effets des écarts de taxation sur les marchés des biens, des
capitaux
et du travail ;
- d'explorer les voies d'harmonisation envisageables.
L'étude ici présentée, et qui n'engage ni l'OFCE ni la commission des finances
du
Sénat, répond très largement aux questions posées, ce dont il faut vivement
féliciter
ses auteurs.
Par son ampleur, par la complexité technique des sujets qui y sont abordés, elle
représente un document dont les précieux enseignements appellent
approfondissements et
prolongements.
La commission des finances du Sénat s'emploiera à faire progresser la réflexion
en la
matière, indispensable effort pour éclairer un sujet qui, pour être économique
et
technique, n'en est pas moins avant tout politique et risque d'échapper aux
Parlements
nationaux, compte tenu de l'équilibre institutionnel - on est tenté d'écrire le
déséquilibre institutionnel- qui caractérise le fonctionnement actuel de l'Union
européenne.
LA CONCURRENCE FISCALE DANS L'UNION
ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE : UN PHENOMÈNE
DIFFICILE À APPREHENDER ET, PLUS ENCORE,
À MAÎTRISER
Selon l'étude
ici présentée, l'Union économique et monétaire recèlerait un potentiel
dangereux de
concurrence fiscale entre les Etats membres mais ce diagnostic concernerait
davantage le
champ du possible que celui de l'expérience, les auteurs insistant sur le
caractère
globalement restreint des phénomènes de concurrence fiscale observés jusqu'à
présent.
Ce diagnostic appelle quelques nuances de précision et de complément qui
constituent
autant de témoignages des difficultés d'appréhension des phénomènes de
concurrence
fiscale.
I. L'UNION ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE, UN RISQUE ACCRU DE CONCURRENCE FISCALE ENTRE ETATS-MEMBRES
L'Union économique et monétaire accroîtrait le risque d'une concurrence fiscale entre les États en Europe. Celle-ci présenterait des dangers de toutes sortes.
A. UN RISQUE ACCRU DE CONCURRENCE FISCALE ENTRE LES ÉTATS
Les risques de
concurrence fiscale entre États européens identifiés dès la fin des années 80
se sont
encore accrus du fait de l'adoption de l'euro.
L'étude rappelle que la constitution du marché unique européen programmé pour
le 1
er
janvier
1993 mais effectif dès 1990 pour les mouvements de facteurs, de capitaux en
particulier,
avait déjà suscité de nombreuses inquiétudes portant sur ses effets sur les
systèmes
fiscaux nationaux.
L'on supposait notamment que la liberté des flux de richesse et des mouvements
de
population exercerait une pression à la convergence spontanée ou à
l'harmonisation
négociée des systèmes de prélèvement réduisant beaucoup l'hétérogénéité des
systèmes nationaux de prélèvements. Celle-ci ne résisterait pas aux risques de
détournement de trafic dont la perspective pouvait constituer à son tour un
puissant
ferment de concurrence fiscale.
Selon l'étude, si ces craintes apparaissent rétrospectivement avoir été
excessives,
l'union monétaire et ses conditions de réalisation - le Pacte de stabilité et de
croissance- sont susceptibles de constituer pour l'avenir un accélérateur de
concurrence
fiscale.
L'adoption de la monnaie unique prive les gouvernements du contrôle de la
politique
monétaire et de change qui étaient deux instruments majeurs d'ajustement
économique via
leurs effets supposés sur la compétitivité. Dans ces conditions, la fiscalité
reste le
seul instrument directement accessible aux gouvernements pour améliorer
l'attractivité
et la compétitivité de leur territoire économique national.
Le Pacte de stabilité et de croissance renforcerait en outre la probabilité
d'un usage
concurrentiel de la fiscalité. Le coût en déficit public -strictement
réglementé par
le Pacte- d'une politique de relance budgétaire serait atténué en cas d'une
baisse des
impôts grâce aux détournements d'assiette taxable qu'elle susciterait par
rapport à
l'hypothèse contraire d'une augmentation de la dépense publique.
Ces risques sont d'autant plus grands que l'Union européenne réunit tous les
attributs d'une zone de surenchères fiscales.
La diversité des économies nationales y est accusée.
D'abord, se côtoient en Europe des petits pays très ouverts et des grands pays
relativement moins dépendants de l'extérieur. Or, les modèles théoriques ainsi
que
l'expérience pratique démontrent que les premiers sont naturellement plus
tentés de
manipuler les prélèvements aux fins d'attirer des facteurs qui leur font
défaut.
Ensuite, les pays européens se situent très différemment sur l'échelle des
préférences publiques ce dont témoignent les niveaux très disparates des
dépenses
publiques dans les différents Etats de l'Union.
Dépenses totales des administrations publiques
(En % du PIB nominal)
|
1997 |
Suède |
62,3 |
Danemark |
56,4 |
France |
54,2 |
Finlande |
54,1 |
Belgique |
51,7 |
Italie |
50,6 |
Autriche |
49,8 |
Zone euro |
49,3 |
Pays-Bas |
48,7 |
Allemagne |
47,9 |
Portugal |
43,9 |
Grèce |
42,9 |
Espagne |
42,2 |
Royaume-Uni |
41,0 |
Irlande |
34,7 |
Source :
OCDE. Perspectives économiques de l'OCDE. Décembre 1998.
Les pays dans lesquels la place des dépenses publiques dans le PIB est
relativement
importante sont "
ipso facto
" ceux dans lesquels
les marges de
manoeuvre sont les plus réduites.
Enfin, l'Union européenne qui repose sur le principe si nécessaire de
subsidiarité ne
comporte en matière fiscale aucun mécanisme susceptible de passer outre la
volonté d'un
des Etats-membres.
Ainsi l'accroissement des risques de concurrence fiscale entre Etats du fait de
l'approfondissement de l'Union européenne n'a pas trouvé de correctif
institutionnel.
Les règles européennes d'adoption de mesures fiscales demeurent en effet
soumises à la
condition d'unanimité, reflet d'un respect absolu du principe de souveraineté
nationale
dans le domaine de la fiscalité.
B. UNE CONCURRENCE FISCALE DANGEREUSE :
Globalement,
l'étude ne relève pas de phénomènes accusés de concurrence fiscale observables
en
Europe à ce stade. Selon elle,
" le Marché unique ne semble pas
avoir eu de
conséquences majeures sur la concurrence fiscale.... ".
Elle mentionne toutefois deux exceptions : la fiscalité des placements
financiers
des ménages pour laquelle elle juge que le
"
moins-disant
"
fiscal a été la règle pendant plusieurs années et la fiscalité directe des
sociétés
dont les taux statutaires ont eu tendance à converger à la baisse.
Mais elle identifie les dangers que ferait naître une intensification de la
concurrence
fiscale.
Le premier d'entre eux réside dans l'atténuation qui en résulterait de la
souveraineté réelle des Etats-membres
. Dès lors que la fiscalité est un
objet et
un instrument de la concurrence entre Etats, la libre détermination par chaque
Etat de
son niveau et de sa structure de prélèvements obligatoires risque d'en être
profondément affectée. La concurrence fiscale qui repose sur le respect absolu
du
principe de souveraineté est ainsi susceptible de déboucher sur une remise en
cause de
ce même principe. La question est alors de déterminer quels Etats sont les
mieux à
même de défendre leurs prérogatives nationales et quels sont ceux qui sont les
plus
vulnérables.
Pendant de ce premier danger, celui d'une perte de capacité à financer les
fonctions
collectives par assèchement des recettes publiques en constitue un
deuxième.
La
concurrence fiscale est susceptible de provoquer des enchaînements tels que les
dépenses
publiques ne seraient plus finançables par l'impôt ou les cotisations sociales.
Dans cet
engrenage non-coopératif, les Etats les plus lourdement endettés partent avec un
handicap puisque leur capacité à trouver dans l'emprunt un mode de financement
alternatif à l'impôt est réduite. On observera que la concurrence fiscale, si
elle
devait se traduire par un endettement public supplémentaire, pourrait avoir des
effets
négatifs sur l'évolution des conditions monétaires dans la zone euro. Ce danger
est
toutefois largement sous contrôle du fait des règles du Pacte de stabilité et de
croissance.
En vérité, un troisième danger
qui résulterait d'une intensification de
la
concurrence fiscale paraît de nature à limiter celui qu'on vient de mentionner.
Il
s'agit du
risque de voir les systèmes fiscaux nationaux se déformer aux
dépens des
bases économiques les moins mobiles
. Dès lors que l'objectif des pratiques
fiscales
concurrentielles est d'attirer des richesses, la tentation est grande de
compenser les
pertes de recettes fiscales résultant des allégements de l'imposition des
facteurs les
plus mobiles en accroissant celle des facteurs plus
" sédentaires ".
Cette recomposition des systèmes fiscaux est susceptible de poser des problèmes
d'équité des systèmes fiscaux. Il en va ainsi au regard de l'équité horizontale
puisque des contribuables ayant des revenus comparables peuvent supporter des
prélèvements différents selon l'origine de ces revenus. Il en va également
ainsi au
regard de l'équité verticale puisque l'inégale taxation des revenus selon leur
origine
est susceptible de déboucher sur une taxation plus lourde des contribuable les
moins bien
dotés.
A ce sujet, l'étude mentionne certains travaux aux termes desquels entre 1981
et 1995 le
taux effectif d'imposition des revenus de l'épargne dans l'Union européenne
aurait
diminué de 10 % en moyenne alors que la taxation du travail augmentait de
7 %. Ces
travaux s'inscrivent dans une perspective identique à celle soutenue par le
commissaire
européen en charge des affaires fiscales, M. Mario Monti lors de son
audition le 2
octobre 1997 par la commission des finances du Sénat. Celui-ci avait alors
indiqué
qu'entre 1981 et 1995, le taux implicite de prélèvement sur le facteur immobile
qu'est
le travail avait crû de 34,9 à 42 %, tandis que ce même taux était passé, pour
les
autres facteurs, de 45,5 à 35 %. Il avait attribué 4 points du taux de chômage
européen, qui s'élevait alors à 10,6 % à ce phénomène de distorsion
fiscale.
1(
*
)
Les effets économiques de la concurrence fiscale font ressortir une dernière
catégorie de dangers.
La concurrence fiscale est susceptible de perturber
l'allocation des ressources d'au moins deux façons.
D'abord, en faussant les prix et les coûts, elle peut favoriser le développement
artificiel d'activités économiquement non justifiées au détriment de projets
qui, eux,
le seraient. A l'origine de distorsions de concurrence, la compétition fiscale
est
susceptible d'exercer les mêmes perturbations que n'importe quelle subvention.
Ensuite, et c'est l'optique privilégiée dans les propos rapportés plus haut,
ses effets
sur la répartition effective des revenus peuvent être de nature à pénaliser les
revenus les plus utiles à la croissance - les revenus consommés - au profit des
ree.s
thésaurisés.
II. DES COMPLEMENTS ET DES PROLONGEMENTS S'IMPOSENT
L'étude jointe,
du fait de son caractère novateur et de la richesse de ses développements,
pourrait
sembler à un lecteur trop pressé comporter quelques ambiguïtés. Une sorte de
paradoxe
pourrait en ressortir, la concurrence fiscale étant présentée tout à la fois,
comme
seulement virtuelle et extrêmement dangereuse.
La réalité est sans doute plus nuancée et la complexité du phénomène mérite une
approche plus précise.
Il reste alors à aborder la difficile question des prolongements pratiques à
apporter,
autrement dit à envisager les modalités d'une maîtrise de la concurrence
fiscale.
A. POUR UN APPROFONDISSEMENT DE L'ANALYSE DES PHÉNOMÈNES DE CONCURRENCE FISCALE EN EUROPE
De même qu'il est probablement excessif de considérer que l'union monétaire change radicalement les données de la concurrence fiscale, il serait hâtif de conclure à partir de constats trop globaux ou mal compris que celle-ci est restée très limitée jusqu'à présent.
1. Les effets de l'adoption de l'euro sur la concurrence fiscale ne doivent pas être caricaturés
Sur un plan
théorique, l'adoption de l'euro est sans doute de nature à lever certains
obstacles au
développement de pratiques concurrentielles dans le domaine fiscal. Elle peut
paraître
supprimer deux facteurs d'inhibition de la concurrence fiscale entre Etats
européens :
le polycentrisme monétaire européen qui comportait le risque de faire supporter
un coût
très élevé à un État tenté par la concurrence fiscale soit que les autres
dévaluent
leur monnaie pour contrer ses initiatives, soit que les déficits accumulés par
lui
entraînent une pénalisation financière via une hausse des taux d'intérêt ;
la situation dégradée des finances publiques (déficit + dettes) supposée
surmontée
dans un contexte de croissance molle qui supposait de particulières
précautions.
En outre, l'adoption d'un signe monétaire unique favorise les comparaisons de
prix et, du
même coup, ôte le masque monétaire - l'illusion monétaire dans le jargon -
derrière
lequel pouvaient se dissimuler les écarts de taxation.
Ces considérations générales restent à vérifier en pratique
. Il est sans
doute
plus tentant qu'avant l'euro d'utiliser le levier fiscal à des fins
compétitives mais il
est sûrement excessif de considérer qu'un tel levier puisse se substituer à la
dépréciation monétaire.
Le Pacte de stabilité et de croissance limite l'utilisation de la politique
budgétaire
comme instrument de politique économique quel que soit le levier utilisé - la
fiscalité
ou les dépenses publiques. En outre, la situation des finances publiques en
Europe n'est
pas telle que les gouvernements puissent à court terme envisager sans
précaution de
recourir à l'arme fiscale.
Il est toutefois essentiel de prendre conscience qu'en union monétaire les
pays
disposant de marges de manoeuvre budgétaires acquièrent par là-même un avantage
considérable au service de leur compétitivité
.
En effet, ils sont plus que les autres en mesure de se livrer à des pratiques
fiscales
concurrentielles.
Enfin, les effets de la meilleure comparabilité des prix résultant de
l'adoption d'une
monnaie unique ne peuvent être entièrement établis tant que celle-ci n'aura pas
reçu
tous ses prolongements pratiques. Ces effets sont sans doute potentiellement
très
importants. Ils méritent à ce titre une analyse complémentaire. Il serait
erroné de
les apprécier à travers les seuls impôts indirects appliqués aux biens et
services
d'autant que le régime actuel de TVA tend à neutraliser les distorsions
associées aux
écarts de taxation à l'exception limitée des produits accessibles aux
frontaliers. En
revanche, les écarts de prélèvements entre États européens laissent supposer des
écarts de compétitivité fiscale considérables dont tous les effets restent à
élucider - v.infra.
2. La concurrence fiscale est déjà vive en Europe
Parmi les
difficultés majeures de tout travail sur la concurrence fiscale figure celle
d'établir
des indicateurs fiables révélant l'existence de tels phénomènes. Ce problème,
déjà
important lorsqu'il s'agit d'analyser les phénomènes ponctuels de concurrence
fiscale,
devient considérable lorsqu'il s'agit de raisonner sur de grands agrégats.
En ce sens, il est certes loisible d'observer, d'une part, l'augmentation du
taux de
pression fiscale et d'autre part, l'hétérogénéité des structures et des niveaux
de
prélèvements en Europe.
Source : OCDE. Statistiques des recettes publiques. 1997.
A partir de
l'idée que la concurrence fiscale aurait du se traduire par une baisse du taux
de
pression fiscale globale et par une homogénéisation des niveaux et des
structures de
prélèvements obligatoires, on pourrait en inférer que la concurrence fiscale
entre pays
européens appartient seulement au domaine du virtuel.
Une telle conclusion serait erronée. L'évolution et la situation d'ensemble des
prélèvements obligatoires en Europe n'autorisent pas en soi à conclure à
l'inexistence
de la concurrence fiscale entre pays européens. En revanche, les exemples
abondent de
pratiques fiscales concurrentielles.
Les phénomènes de concurrence fiscale ne peuvent être correctement mesurés qu'à
partir de données fines. Toute référence trop globale risque en effet d'être
trompeuse. La seule considération d'indicateurs globaux ne renseigne que peu
sur la
composante fiscale des décisions des agents économiques qui ne dépendent pas
des taux
moyens apparents de prélèvements mais des taux marginaux effectifs qu'ils
supportent.
En outre, la comparaison des différentes structures nationales de prélèvements
en
fonction de leur nature, si elle a le mérite de la simplicité, ne reflète pas
en soi
l'incidence économique de ces prélèvements.
Mais, pour s'en tenir dans un premier temps aux grandes caractéristiques des
systèmes
fiscaux européens qu'on vient de mentionner, il convient de dissiper les
interprétations
erronées qu'on pourrait en donner.
Les écarts de fiscalité en Europe, plutôt que de traduire l'absence de
concurrence
fiscale entre Etats, pourraient bien être le résultat d'une compétition sourde
et, en
tout cas, manifestent l'existence d'une hiérarchie des performances des Etats
en matière
de compétitivité fiscale.
La hausse tendancielle de la pression fiscale en Europe qui concerne des
données très
agrégées a été très variable selon les États. Forte en France, elle a été
beaucoup
plus mesurée en Allemagne ou au Royaume-Uni par exemple. Si l'on ne peut
établir que
dans ces pays la maîtrise de la dérive des prélèvements obligatoires serait le
reflet
de pratiques fiscales concurrentielles, une telle hypothèse mérite d'être posée
et
soigneusement étudiée.
Le maintien d'une certaine hétérogéïté des systèmes fiscaux en Europe ne peut
quant
à lui servir de démonstration à l'absence de concurrence fiscale.
Sans doute, de la même manière que pour l'évolution de la pression fiscale
globale, il
paraît difficile de conclure sans plus d'examen que les écarts de niveau
constatés
entre États ou ceux concernant la structure des prélèvements obligatoires
résulteraient de stratégies gouvernementales axées autour de la recherche d'un
avantage
concurrentiel dans le domaine fiscal.
Pour autant, il serait pour le moins paradoxal de fonder sur la diversité des
niveaux et
modes de prélèvements le diagnostic d'une absence de concurrence fiscale. On est
naturellement plus enclins à y voir le résultat d'une telle concurrence même si
d'autres facteurs peuvent jouer.
On peut probablement tirer du constat de l'hétérogénéité fiscale en Europe une
autre
conclusion. Si hétérogénéité fiscale il y a, il est assez probable que certains
"se débrouillent " mieux que d'autres, ce qui pourrait inciter
les États
les moins performants à s'ajuster.
Ces développements soulignent tout l'intérêt d'une tentative de typologie des
États en
fonction de la compétitivité de leurs systèmes fiscaux.
Il convient sans doute de mesurer plus finement les performances divergentes de
chacun
sous cet angle. La probabilité d'écarts significatifs semble importante compte
tenu de
la variété des systèmes fiscaux en Europe et des phénomènes de concurrence
fiscale
déjà observables. Ils pourraient augurer d'une recrudescence des tensions
fiscales entre
États européens.
En toute hypothèse, ces écarts sont l'expression d'une diversité des situations
d'ores
et déjà acquises par les différents États sur l'échelle de la compétitivité
fiscale
qui, au fond, est l'objectif pratique de la concurrence fiscale.
Les phénomènes ponctuels de concurrence fiscale entre Etats européens d'ores
et
déjà observables ne doivent d'ailleurs pas être minimisés.
Ainsi que mentionné plus haut, leur repérage n'est certes pas aisé. Une partie
des
travaux en cours dans les enceintes internationales qui se consacrent à ce
sujet consiste
d'ailleurs à forger des indicateurs plus fiables. L'étude jointe comporte une
illustration des difficultés d'appréhension du phénomène. Elle relève en effet
que
l'un des domaines dans lesquels la concurrence fiscale s'est exercée avec le
plus de
virulence est celui de l'impôt sur les sociétés. A l'appui de cette observation
elle
fait valoir la convergence des taux statutaires d'impôt sur les sociétés.
Pourtant,
elle souligne plus loin le maintien d'une grande hétérogénéité des systèmes de
taxation des bénéfices des entreprises en Europe qui résulte de la variété des
règles utilisées pour définir l'assiette du prélèvement ce qui, pour les
auteurs, est
plutôt le signe de l'absence de phénomène de concurrence fiscale. Il y a là une
contradiction. Mais, celle-ci semble seulement apparente.
Il suffit pour la résoudre d'éviter une vision trop restrictive des phénomènes
de
concurrence fiscale en Europe.
Il faut considérer la fiscalité comme un élément, parmi d'autres, de la position
concurrentielle des différentes économies européennes. Plutôt que de se pencher
sur
les évolutions des différents systèmes fiscaux qui peuvent sans doute traduire
la
réponse donnée par les gouvernements à la pression concurrentielle des
partenaires, il
est possible, pour appréhender l'intensité de la concurrence fiscale et la
position des
différents Etats au regard de ce critère, de s'en tenir à la comparaison des
niveaux de
pression fiscale s'exerçant sur chacune des bases taxables. Dans une telle
optique, le
maintien d'importants écarts de prélèvement sur les bénéfices des entreprises ne
traduit plus l'absence de concurrence fiscale mais la diversité des positions
concurrentielles occupées par les Etats européens au regard de cette catégorie
de
prélèvements.
A partir de cette "grille de lecture", les développements consacrés
par
l'étude ici présentée à l'impôt sur les sociétés, à la fiscalité des produits de
l'épargne mais aussi aux charges salariales révèlent d'une part, l'existence de
positions concurrentielles très disparates au regard du critère de la charge
associée
à chacun de ces prélèvements et, d'autre part, mais pour certains impôts
seulement -en
particulier l'imposition des revenus de l'épargne- une tendance au mimétisme
fiscal.
Ces observations qui concernent les régimes généraux des impositions étudiées se
doublent du constat d'une multiplication de régimes spéciaux apportant des
dérogations
aux règles générales. Celles-ci sont souvent appliquées cas par cas si bien
qu'il est
difficile d'en faire un recensement exhaustif qui, seul, permettrait de mesurer
concrètement leur contribution à la concurrence fiscale entre Etats européens.
Mais
leur foisonnement est à lui seul l'indice d'une vraie bataille fiscale livrée
pour
attirer capitaux, activités et emplois.
B. LES ÉCUEILS D'UNE MEILLEURE MAÎTRISE DE LA CONCURRENCE FISCALE
Les questions posées par la maîtrise de la concurrence fiscale sont d'un point de vue doctrinal extrêmement ardues. Sous un angle plus pratique, elles sont, en l'état de la construction européenne, quasiment insolubles.
1. Les problèmes de principe posés par la maîtrise de la concurrence fiscale en Europe
a) La question de la souveraineté fiscale
La
détermination des règles fiscales appartient sans conteste à un domaine
régalien par
excellence. Il s' agit, en principe, de l'une des expressions majeures de
la
souveraineté nationale. Sa libre expression peut donc légitimement déboucher
sur des
règles fiscales pouvant paraître appartenir à la catégorie des pratiques de
concurrence fiscale. En sens inverse, elle est susceptible d'être étroitement
déterminée, voire entravée, par la concurrence fiscale exercée par les tiers.
En bref,
la coexistence des souverainetés fiscales, érigée en principe, est susceptible
de
produire une concurrence fiscale supprimant progressivement toute souveraineté.
Ce risque, globalement théorique, est toutefois important et très concret
s'agissant des
prélèvements sur les facteurs mobiles (impôt sur les sociétés, taxation des
produits
de l'épargne, ...).
Pour ces catégories d'imposition au moins, un choix doit alors être effectué
entre le
maintien absolu des souverainetés nationales et donc l'acceptation des
conséquences
d'une éventuelle concurrence fiscale et des atténuations apportées aux
souverainetés
nationales qui consistent à adopter des règles internationales plus ou moins
ambitieuses, c'est-à-dire encadrant plus ou moins étroitement l'exercice de la
souveraineté fiscale.
b) La question de la portée des règles internationales
En soi,
l'édiction de règles internationales n'est d'ailleurs pas incompatible avec la
préservation des souverainetés fiscales.
Mais, deux conditions s'imposent pour que cette compatibilité de principe
perdure en
pratique. Il faut, d'une part, que l'application de ces règles à un Etat
résulte de sa
décision propre, et, d'autre part, que ces règles ménagent jusqu'à un certain
point sa
capacité à moduler ses décisions fiscales.
Cette dernière condition renvoie à la question de la portée des règles
internationales
adoptées dans le domaine fiscal.
L'étude jointe rend bien compte des évolutions doctrinales qui sont intervenues
à ce
sujet au cours des années 90 à l'occasion des négociations conduites en Europe
sur la
question de la concurrence fiscale.
A l'origine, et le rapport Ruding de 1992 s'inscrivait dans cette démarche, ces
négociations visaient à déboucher sur une harmonisation des règles fiscales la
plus
complète possible.
Les blocages rencontrés ont incité la Commission européenne à privilégier une
orientation plus modeste qui devait déboucher sur le "Code de bonne
conduite".
Avec lui, il n'est plus question d'établir des règles uniformes contraignantes
mais,
s'inspirant du concept de "concurrence loyale", d'éliminer les
pratiques de
concurrence fiscale les plus excessives.
Une telle démarche a, théoriquement, des mérites importants. Elle est logique
avec le
principe de non-discrimination qui est un complément essentiel au fonctionnement
harmonieux du Marché unique. Elle préserve, en pratique, un espace pour le libre
exercice de la souveraineté fiscale des Etats tout en prohibant la
"licence"
fiscale. Elle respecte ainsi pleinement le principe de subsidiarité qui fonde la
construction européenne.
Néanmoins, il est difficile de voir en elle la solution qui permettrait de
maîtriser la
concurrence fiscale entre Etats européens. Limitée à l'imposition des bénéfices
des
entreprises, elle repose sur des concepts qui demeurent vagues et n'est
assortie d'aucune
sanction.
c) L'Europe n'est pas seule
La maîtrise de
la concurrence fiscale en Europe, à la supposer achevée, poserait la question
de la
compatibilité de ses modalités avec les règles fiscales en vigueur dans le
reste du
monde.
A cet égard, même en tenant acquise la capacité de régler les problèmes posés
par
les paradis fiscaux ou zones off-shore -qui, d'ailleurs, existent aussi en
Europe-, il
serait illusoire d'imaginer que leur seule suppression suffirait à éliminer les
risques
de "détournements de trafic" pour des motifs fiscaux.
On en conclut à la nécessité de lier le processus des négociations entre Etats
européens avec celui engagé dans les enceintes internationales comme
l'Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE).
2. La complète maîtrise des problèmes de concurrence fiscale est hors de portée compte tenu de l'état actuel de la construction européenne
Les traités
successifs qui constituent les actes fondateurs de l'Union européenne ayant
toujours pris
soin de préserver la souveraineté fiscale des Etats membres, le droit
communautaire
fiscal ne peut se former que sur la base de l'unanimité. L'accord de chaque
Etat est donc
requis dans le domaine fiscal. Cette procédure est en soi évidemment peu
propice à
l'adoption de réglementations harmonisées.
L'histoire du processus européen de maîtrise de la concurrence fiscale dont on
a donné
un exemple, avec les projets relatifs à l'impôt sur les sociétés, l'illustre
assez.
Cet obstacle de principe s'inscrit, rappelons-le, dans un contexte pratique où
les
intérêts des différents Etats membres sont divergents. L'occasion se présente
de le
vérifier au moment même de la rédaction de ce rapport avec les difficultés
d'adoption
de la proposition de directive visant à garantir un minimum d'imposition
effective des
revenus de l'épargne
2(
*
)
.
Il paraît réaliste de tenir compte de cette situation et, sans renoncer à
infléchir la
position des partenaires en intervenant au besoin dans des domaines où la règle
majoritaire prévaut, de s'attacher à démontrer sa propre compétitivité fiscale
plutôt que de se reposer sur l'illusion d'une utopie fiscale européenne.
C. LA SITUATION DE LA FRANCE AU REGARD DE LA CONCURRENCE FISCALE APPARAÎT GLOBALEMENT MAUVAISE
L'étude qu'on
présente ici procède à une analyse détaillée et successive des grandes
catégories de
prélèvements que sont l'impôt sur les sociétés (chapitre II), les
cotisations
sociales (chapitre III), l'impôt sur le revenu (chapitre IV) et la
TVA et les
droits d'accises (chapitre V).
Cette méthode analytique dont il convient de saluer la minutie débouche sur des
enseignements précieux.
Toutefois, elle ne peut rendre compte à elle seule de façon exhaustive de la
réalité
de la concurrence fiscale.
L'une des lacunes de l'étude, inévitable compte tenu de l'extrême dispersion des
prélèvements en question, vient du défaut de prise en compte de la fiscalité
locale.
Or, celle-ci revêt une grande importance en France si bien que les diagnostics
qu'on peut
établir sur l'imposition des entreprises ou celle des ménages ont toutes
chances d'être
tronqués si l'on ne prend en compte ni la taxe professionnelle ni la taxe
d'habitation
dont le nombre de redevables est d'ores et déjà supérieur à celui des foyers
fiscaux
supportant effectivement l'impôt sur le revenu.
Une seconde faiblesse de l'étude, également compréhensible compte tenu des
difficultés
de l'entreprise, est, malgré les efforts accomplis en ce sens, de ne pas
toujours
parvenir à présenter un bilan complet des prélèvements sur chacune des bases
taxables
ou effectuées à raison des différentes opérations imposées. Il conviendra à
l'avenir
de déployer des efforts supplémentaires afin de mieux appréhender les effets
d'empilement des prélèvements sur la matière fiscalisée.
Ce complément d'analyse associé à une synthèse par pays -et non plus impôt par
impôt- permettrait sans doute de dissiper le paradoxe fréquemment relevé au fil
de
l'étude
selon lequel notre pays apparaît comme l'un de ceux où la pression
fiscale
est la plus élevée en Europe -v. tableau ci-dessus- en occupant, impôt par
impôt, une
position souvent moyenne au regard de cet indicateur. Cette situation n'est
d'ailleurs pas
vraiment suprenante, car elle ne fait que traduire l'absence de choix
stratégiques en
politique fiscale des gouvernements successifs, qui ont cumulativement fait
usage de
toutes les assiettes fiscales concevables, en application de raisonnements en
général
plus politiques ou budgétaires qu'économiques
.
Prélèvements
obligatoires au sens strict
|
|
Etats-Unis |
27,9 |
Japon |
28,5 |
Portugal |
33,4 |
Espagne |
33,7 |
Royaume-Uni |
35,1 |
Canada |
37,2 |
Allemagne |
38,2 |
Grèce |
41,4 |
Union européenne |
42,4 |
Italie |
43,5 |
Pays Bas |
43,9 |
Autriche |
44,1 |
France |
45,7 |
Belgique |
46,6 |
Finlande |
48,8 |
Danemark |
51,9 |
Suède |
51,9 |
Source : OCDE |
Note :
les chiffres sont ceux de 1995 pour la Grèce, le Japon, les Etats-Unis et le
Canada. Pour
le Royaume-Uni et l'UE, données Eurostat
Dans ces conditions, les conclusions que l'on tirerait de l'étude sur la
situation
relative de la France apparaîtraient sans doute globalement moins rassurantes.
Le niveau des prélèvements obligatoires est, de fait, en France,
particulièrement
préoccupant au regard de la compétitivité fiscale et place notre pays en
mauvaise
situation pour affronter une recrudescence éventuelle de la concurrence
fiscale.
Cette situation se vérifie
dans le domaine des impôts indirects
où, avec
le
Danemark, la Suède, la Finlande, la Belgique, l'Autriche et l'Italie, la France
est parmi
les pays qui taxent le plus la consommation.
Evolution des taux de TVA normaux entre 1990 et 1998
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1998 |
Allemagne |
14 |
14 |
14 |
15 |
15 |
15 |
15 |
16 |
Autriche |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
Belgique |
19 |
19 |
19,5 |
19,5 |
20,5 |
20,5 |
21 |
21 |
Danemark |
22 |
22 |
25 |
25 |
25 |
25 |
25 |
25 |
Espagne |
12 |
12 |
13 (1) /15 (2) |
15 |
15 |
16 |
16 |
16 |
France |
18,6 |
18,6 |
18,6 |
18,6 |
18,6 |
20,6 |
20,6 |
20,6 |
Finlande |
- |
- |
- |
- |
22 |
22 |
22 |
22 |
Grèce |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
Irlande |
23 |
21 |
21 |
21 |
21 |
21 |
21 |
21 |
Italie |
19 |
19 |
19 |
19 |
19 |
19 |
19 |
20 |
Luxembourg |
12 |
12 |
15 |
15 |
15 |
15 |
15 |
715 |
Pays-Bas |
18,5 |
18,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
Portugal |
17 |
16 |
16 |
16 |
16 |
17 |
17 |
17 |
Royaume-Uni |
15 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
Suède |
23,46 |
23,46 |
25 |
25 |
25 |
25 |
25 |
25 |
Source :
Commission européenne. European Tax Handbook, IBFD publication 1998
(1) A partir du 1
er
janvier 1992
(2) A partir du 1
er
août 1992
Mais, on le vérifie surtout dans
le domaine des impôts directs et des
prélèvements
sociaux.
En matière
d'impôt sur les sociétés
, c'est-à-dire sans même prendre en
compte
l'imposition des entreprises à la taxe professionnelle qui dégraderait encore la
performance française ni les régimes spéciaux plus développés dans des pays
apparemment moins bien classés comme les Pays-Bas, le tableau ci-dessous montre
l'importance relative des contraintes fiscales sur les investissements des
entreprises en
France.
Taux de
rendement avant impôt requis pour un rendement net de 5 % :
investissements intérieurs
(En %)
|
Mode de financement |
Actifs |
||||
|
Auto-financement |
Augmentation de capital |
Endettement |
Machines |
Bâtiments |
Stocks |
Allemagne |
6,83 |
3,42 |
3,33 |
3,17 |
7,24 |
7,50 |
Autriche |
6,75 |
6,75 |
4,50 |
5,58 |
6,09 |
6,67 |
Belgique |
5,38 |
5,38 |
2,88 |
2,53 |
5,93 |
7,18 |
Danemark |
6,54 |
6,54 |
4,37 |
5,18 |
6,15 |
6,67 |
Espagne |
6,82 |
4,93 |
4,51 |
5,22 |
6,34 |
6,53 |
France |
6,65 |
4,39 |
4,54 |
4,91 |
6,01 |
7,04 |
Finlande |
6,13 |
4,44 |
4,44 |
4,95 |
5,57 |
6,07 |
Irlande |
6,34 |
6,09 |
4,31 |
5,01 |
5,96 |
6,50 |
Italie |
6,91 |
4,40 |
4,40 |
5,43 |
5,74 |
6,62 |
Luxembourg |
6,34 |
6,34 |
4,40 |
5,14 |
5,94 |
6,47 |
Pays-Bas |
7,06 |
7,06 |
4,76 |
6,09 |
6,14 |
6,75 |
Portugal |
6,64 |
5,11 |
4,22 |
5,04 |
5,84 |
6,75 |
Royaume-Uni |
6,36 |
5,11 |
4,49 |
5,18 |
5,77 |
6,25 |
Suède |
6,15 |
6,15 |
4,46 |
5,11 |
5,80 |
6,26 |
Moyenne |
6,49 |
5,44 |
4,26 |
4,90 |
6,04 |
6,66 |
Calcul des
auteurs (législation 1998)
Les taux d'imposition sur les revenus des actionnaires (dividendes, intérêts et
plus-values) sont supposés nuls ainsi que le taux d'inflation. On suppose pour
les
colonnes 4, 5 et 6, c'est-à-dire pour chaque type d'actifs, que l'entreprise
finance son
investissement par autofinancement (55 %), par augmentation de capital
(10 %) et
par endettement (35 %). De même, pour chaque mode de financement,
colonnes 1, 2
et 3, on suppose que l'investissement réalisé est constitué pour 50 % de
bâtiments, pour 28 % de machines et 22 % de stocks.
Lecture : si une société française investit en France, pour qu'elle soit
en mesure
d'assurer à ses investisseurs français un taux de rendement après IS de
5 %, il
faut qu'elle obtienne un taux de rendement avant impôt de 6,65 %, lorsque
la filiale
est financée sur les bénéfices non distribués de la société-mère, un taux de
4,39 % dans le cas d'une augmentation de capital et un taux de 4,54 %
dans le
cas où l'investissement est financé par endettement.
Ce tableau ne peut bien entendu tenir compte des réformes en cours dans
plusieurs pays,
en particulier en Allemagne, et qui détérioreront encore la situation relative
de la
France, au moment où le gouvernement s'apprête à réaffecter à d'autres usages la
surtaxe " exceptionnelle et temporaire " à l'impôt sur les
sociétés.
En matière
de cotisations sociales,
le tableau ci-après rend compte de
l'exceptionnel dynamisme des prélèvements en France.
Evolution des
cotisations employeurs et salariés de 1970 à 1995
dans les 15 pays de l'UE
(En % du PIB)
|
Cotisations employeurs |
Cotisations salariés |
||||
|
70-80 |
80-88 |
90-96 |
70--80 |
80-88 |
90-96 |
Belgique |
+ 2,5 |
+1 |
- 0,2 |
+ 0,6 |
+ 1 |
0 |
Danemark |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0 |
- 0,7 |
+ 0,6 |
+ 0,1 |
Espagne |
+ 4 |
- 0,2 |
- 0,1 |
+ 1,3 |
- 0,7 |
- 0,1 |
France |
+ 2,6 |
+ 0,1 |
+ 0,3 |
+ 2,2 |
+ 1 |
+ 0,1 |
Grèce |
+ 0,7 |
+ 1,1 |
+ 0,4 |
+ 1 |
+ 0,6 |
+ 0,9 |
Irlande |
+ 1,8 |
+ 0,3 |
- 0,3 |
+ 0,4 |
+ 0,5 |
- 0,3 |
Italie |
+ 0,7 |
+ 0,1 |
+ 1,1 |
+ 0,1 |
+ 0,3 |
+ 0,4 |
Luxembourg |
+ 2 |
- 0,8 |
- 0,3 |
+ 1,3 |
- 0,2 |
+ 0,2 |
Pays-Bas |
+ 2 |
- 0,1 |
- 0,4 |
+ 1,4 |
+ 1,9 |
+ 0,5 |
Portugal |
+ 1,7 |
+ 0,6 |
+ 0 |
+ 0,9 |
+ 0 |
+ 0,2 |
Allemagne |
+ 1,9 |
+ 0,1 |
- 0,8 |
+ 1,3 |
+ 0,2 |
+ 0,8 |
Royaume-Uni |
+ 0,9 |
+ 0,1 |
- 0,2 |
+ 0 |
+ 0,8 |
+ 0,2 |
Source :
OFCE et CEPII (pour la période 1980-1988) et OCDE (pour la période
1990-1996)
Ce dynamisme s'inscrit dans un contexte où
les cotisations sociales
sont les
plus élevées d'Europe
.
Cotisations sociales dans les 15 pays de l'Union européenne
(En % du PIB)
|
1990 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
France |
19,3 |
19,6 |
19,1 |
19,3 |
19,7 |
Pays-Bas |
16,7 |
18,1 |
18,4 |
18,3 |
17,1 |
Suède |
15,1 |
13,7 |
13,8 |
14,4 |
15 |
Belgique |
14,8 |
15,8 |
15,3 |
15,2 |
14,9 |
Allemagne |
13,7 |
15,1 |
15,3 |
15,5 |
15,5 |
Autriche |
13,5 |
14,8 |
15,2 |
15,3 |
15,3 |
Italie |
12,9 |
13,8 |
13 |
13,1 |
14,8 |
Espagne |
12,1 |
13,1 |
13 |
12,3 |
12,1 |
Luxembourg |
11,8 |
12,3 |
11,8 |
11,8 |
11,9 |
Moyenne UE |
11,5 |
12,2 |
12,1 |
12,2 |
12,2 |
Grèce |
11,2 |
12,3 |
12,4 |
12,6 |
12,4 |
Finlande |
9,9 |
12 |
12,6 |
12,7 |
12,4 |
Portugal |
8,7 |
8,7 |
8,9 |
9,4 |
9 |
Royaume-Uni |
6,2 |
6 |
6,2 |
6,3 |
6,2 |
Irlande |
5,2 |
5,4 |
5,2 |
4,9 |
4,5 |
Danemark |
1,5 |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
Source :
OCDE (1998)
Sans doute faut-il tenir compte pour apprécier les prélèvements sur les actifs
du
niveau de l'imposition des revenus. Le tableau ci-après démontre que le produit
de
l'impôt sur le revenu dans le PIB est relativement en France, même si cette
proportion
est en croissance sensible.
Le poids de
l'impôt sur le revenu des personnes physiques
dans les Etats de l'UE
(En % du PIB)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Allemagne |
10,10 |
10,40 |
10,91 |
10,58 |
10,39 |
10,70 |
9,4 |
Autriche |
8,59 |
9,10 |
9,25 |
9,39 |
8,49 |
8,85 |
9,2 |
Belgique |
14,13 |
13,70 |
13,90 |
13,64 |
14,50 |
14,62 |
14,3 |
Danemark |
25,61 |
26,10 |
26,38 |
26,44 |
27,73 |
27,56 |
27,8 |
Espagne |
7,48 |
8,10 |
8,43 |
8,40 |
8,14 |
8,09 |
7,7 |
Finlande |
17,49 |
17,40 |
18,33 |
16,24 |
17,42 |
16,19 |
16,9 |
France |
5,18 |
5,90 |
5,96 |
6,10 |
6,16 |
6,17 |
6,4 |
Grèce |
5,09 |
4,80 |
4,02 |
3,72 |
4,32 |
4,90 |
5 |
Irlande |
11,11 |
11,60 |
11,33 |
11,32 |
11,36 |
10,35 |
10,5 |
Italie |
10,29 |
10,50 |
11,28 |
11,87 |
10,59 |
10,81 |
10,8 |
Luxembourg |
10,21 |
9,10 |
9 |
9,13 |
9,54 |
9,37 |
9,8 |
Pays-Bas |
11,01 |
12,30 |
11,60 |
12,05 |
9,24 |
8,31 |
7,6 |
Portugal |
4,92 |
5,60 |
6,80 |
6,27 |
6,18 |
6,09 |
6,6 |
Royaume-Uni |
10,38 |
10,30 |
9,90 |
9,29 |
9,43 |
9,68 |
9,3 |
Suède |
21,41 |
18 |
17,98 |
18,28 |
18,66 |
17,53 |
18,4 |
Moyenne UE |
21,41 |
18 |
17,98 |
18,28 |
18,66 |
17,53 |
18,4 |
Source :
Statistiques Recettes Publiques. OCDE 1998.
Mais ces données ne rendent pas compte du poids de l'impôt sur le revenu
supporté par
les actifs et, encore moins de la répartition de ce prélèvement entre les
différents
actifs.
A cet égard, la situation de la France où près de la moitié des foyers fiscaux
ne sont
pas imposés, est caractérisée -v. tableau ci-dessous- par une forte
progressivité du
barème.
Caractéristiques des barèmes d'imposition des pays de l'Union européenne
|
Nombre de tranches |
Taux minimum |
Taux maximum |
Tranche exonérée |
|
Seuil corres-pondant à la tranche la plus élevée (multiple du SMO) |
Allemagne |
|
25,9 % |
53 % |
Oui |
21 % |
2,1 |
Autriche |
5 |
10 % |
50 % |
Non |
3 % |
2,4 |
Belgique |
7 |
28 % |
58 % |
Non |
14,6 ou 18,5 % |
2,3 |
Danemark |
3 |
12 %
|
32 %
|
Non |
1,5 % |
0,98 |
Espagne |
18 |
20 % |
56 % |
Oui |
31 % |
2,1 |
Finlande |
7 |
7 %
|
39 %
|
Oui |
31 % |
2,1 |
France |
7 |
10,5 % |
54 % |
Oui |
21 % |
2,4 |
Grèce |
6 |
5 % |
45 % |
Oui |
36 % |
5,3 |
Irlande |
2 |
27 % |
48 % |
Non |
18,7 % |
0,7 |
Italie |
7 |
10 % |
51 % |
Non |
2,2 % |
8,4 |
Luxembourg |
18 |
10 % |
50 % |
Oui |
23 % |
1,3 |
Pays-Bas |
3 |
6,35 % |
60 % |
Non |
12,4 % |
1,6 |
Portugal |
4 |
15 % |
40 % |
Non |
2,5 % |
4,6 |
Royaume-Uni |
3 |
20 % |
40 % |
Non |
4,4 % |
1 |
Suède |
2 |
|
100 SEK + 25 %
du salaire brut
|
Non |
4,4 % |
1 |
(1) SMO :
salaire moyen ouvrier.
Source : La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts
sociaux,
OCDE, 1997 et Dictionnaire permanent fiscal, 1998
En tout état de cause, une comparaison de l'incidence du cumul des cotisations
sociales
et de l'impôt sur le revenu démontre l'effet négatif de son niveau sur le coût
du
travail,et le coin socialo-fiscal (rapport entre le revenu disponible du
salarié et le
coût du travail) est en France très élevé par rapport à la situation prévalant
en
Allemagne et au Royaume-Uni.
Comparaison des situations du salarié français par rapport aux salariés allemand et britannique |
|||||||
Pays |
France
|
Allemagne
|
Royaume-Uni |
||||
|
Couple avec 2 enfants |
Célibataire |
Couple avec 2 enfants |
Célibataire |
Couple avec 2 enfants |
Célibataire |
|
Salaire brut mensuel
|
|
|
|
|
|
|
|
- Coût du travail |
134 |
134 |
121 |
121 |
110 |
110 |
|
- Salaire net |
85 |
85 |
79 |
79 |
92 |
92 |
|
- Revenu disponible après impôt |
84 |
70 |
83 |
75 |
90 |
80 |
|
- Revenu disponible/coût salarial |
0,63 |
0,52 |
0,69 |
0,62 |
0,82 |
0,73 |
|
Salaire brut mensuel
|
|
|
|
|
|
|
|
- Coût du travail |
129 |
129 |
115 |
115 |
110 |
110 |
|
- Salaire net |
85 |
85 |
84 |
84 |
91 |
91 |
|
- Revenu disponible après impôt |
71 |
58 |
72 |
61 |
68 |
66 |
|
- Revenu disponible/coût salarial |
0,56 |
0,45 |
0,62 |
0,53 |
0,62 |
0,60 |
|
Salaire brut mensuel
|
|
|
|
|
|
|
|
- Coût du travail |
124 |
124 |
105 |
105 |
110 |
110 |
|
- Salaire net |
92 |
92 |
94 |
94 |
97 |
97 |
|
- Revenu disponible après impôt |
65 |
54 |
57 |
50 |
69 |
68 |
|
- Revenu disponible/coût salarial |
0,52 |
0,44 |
0,54 |
0,48 |
0,63 |
0,62 |
Source : Calculs des auteurs
*
* *
Chacun peut se rendre compte des effets néfastes qu'exercent sur le dynamisme de notre économie des prélèvements obligatoires excessifs, eux-mêmes étroitement liés au niveau des dépenses publiques. Ce n'est pas le moindre intérêt de la riche substance de l'étude ici présentée que de nous rappeler que nos règles fiscales ne peuvent plus être appréciées en dehors de la prise en compte de celles qu'édictent nos voisins. Elle montre, de plus, que notre structure fiscale n'exprime aucun choix véritable, chacun des gouvernements passés ou présent ayant utilisé simultanément ou successivement les instruments les plus divers. Raisonner en fonction de la compétitivité des agents économiques, organiser la fiscalité pour conférer à notre système fiscal une vraie cohérence économique constituent autant de défis qu'il importe de relever au plus vite.
SOMMAIRE
Pages
AVANT-PROPOS
1
INTRODUCTION GÉNÉRALE ET PRÉSENTATION DE L'ÉTUDE LA CONCURRENCE FISCALE EN
EUROPE : LA SEULE ARME ENTRE LES MAINS DES GOUVERNEMENTS ?
1
I. DES SYSTÈMES FISCAUX NATIONAUX TRÈS DISPARATES DANS L'UNION
EUROPÉENNE
1
A. LES TAUX DE PRESSION FISCALE GLOBALE 1
B. LA STRUCTURE DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES 1
II. LE JEU DANGEREUX DE LA CONCURRENCE FISCALE
1
A. QUELQUES ENSEIGNEMENTS DE LA CONCURRENCE ENTRE COLLECTIVITÉS LOCALES 1
B. UN JEU NON COOPÉRATIF ENTRE ETATS MEMBRES DE L'UNION EUROPÉENNE 1
III. LA FISCALITÉ DES SOCIÉTÉS
1
IV. PRÉLÈVEMENTS SUR LES REVENUS DES PERSONNES
1
A. LE FINANCEMENT DE LA PROTECTION SOCIALE 1
B. PROBLÈMES D'ÉQUITÉ HORIZONTALE DANS LA FISCALITÉ DIRECTE DES MÉNAGES 1
C. VERS UN NOMADISME FISCALO-SOCIAL ? 1
V. LA MODESTE HARMONISATION DES FISCALITÉS INDIRECTES
1
A. LES RÈGLES COMMUNES 1
B. L'ÉTAT DES LIEUX 1
VI. EN GUISE DE CONCLUSION : CONCURRENCE, HARMONISATION OU
" BONNE
CONDUITE " ?
1
VII. RÉSUMÉ DE L'ÉTUDE
1
CHAPITRE PREMIER : UNE CONCURRENCE FISCALE NON MAÎTRISÉE PRÉSENTE DES
DANGERS
1
I. LA CONCURRENCE FISCALE EST SUSCEPTIBLE D'ENGENDRER UNE DYNAMIQUE DE
" MOINS-DISANT " FISCAL MAIS LA COOPÉRATION EST DIFFICILE À
METTRE
EN OEUVRE
1
A. CONCURRENCE FISCALE ET MOBILITÉ PARFAITE DU CAPITAL PHYSIQUE : UN
MODÈLE DE
CONCURRENCE SUR LES TAUX D'IMPOSITION 1
B. ÉQUILIBRE FISCAL ET COOPÉRATION : LA COOPÉRATION EST NON SEULEMENT
DIFFICILE À
METTRE EN OEUVRE MAIS ELLE PEUT NE PAS ÊTRE SOUHAITABLE 1
C. LA CONCURRENCE FISCALE CONSTITUE UNE CONTRAINTE SUPPLÉMENTAIRE POUR LES ETATS
ENDETTÉS 1
II. LA CONCURRENCE FISCALE AFFECTE L'ÉQUITÉ HORIZONTALE ET VERTICALE DES
SYSTÈMES DE
PRÉLÈVEMENT
1
A. LA CONCURRENCE FISCALE FAIT PESER UNE CHARGE FISCALE EXCESSIVE SUR LES BASES
LES MOINS
MOBILES 1
B. LA CONCURRENCE FISCALE PEUT CONDUIRE À TERME À REMETTRE EN QUESTION LE
PRINCIPE DE
NON AFFECTATION DE L'IMPÔT 1
III. CONCURRENCE FISCALE ET POLITIQUE DE REDISTRIBUTION
1
A. POLITIQUE FISCALE ET MIGRATION 1
B. POLITIQUE DE REDISTRIBUTION ET MOBILITÉ DES INDIVIDUS 1
ANNEXE 1 : LE MODÈLE STANDARD DE CONCURRENCE FISCALE
1
ANNEXE 2 : MOBILITÉ DE LA BASE IMPOSABLE ET EXTERNALITÉS FISCALES
1
ANNEXE 3 : L'ÉQUILIBRE DE NASH FISCAL
1
ANNEXE 4 : INCIDENCE D'UNE POLITIQUE DE REDISTRIBUTION QUAND LES
TRAVAILLEURS
QUALIFIÉS ET NON QUALIFIÉS SONT MOBILES
1
GLOSSAIRE
1
CHAPITRE II L'IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS : DES "ÉCARTS NON
NÉGLIGEABLES"
1
I. LE POIDS DE L'IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS DANS LES PAYS DE L'UNION
EUROPÉENNE
1
II. UNE MESURE DES ÉCARTS DE FISCALITÉ : LE COÛT DU CAPITAL
1
A. LES LÉGISLATIONS NATIONALES ET INTERNATIONALES 1
B. LE COÛT DU CAPITAL ASSOCIÉ AUX INVESTISSEMENTS INTÉRIEURS ET TRANSNATIONAUX
EN
EUROPE : DES ÉCARTS NON NÉGLIGEABLES 1
III. RÉGIMES DÉROGATOIRES ET COMPORTEMENTS D'OPTIMISATION
1
IV. FISCALITÉ ET COMPORTEMENTS DE DÉLOCALISATION
1
V. L'ÉVALUATION DES PROPOSITIONS DE LA COMMISSION
1
ANNEXE II.1 LE CALCUL DU COÛT DU CAPITAL DES INVESTISSEMENTS DIRECTS EN
EUROPE
1
ANNEXE II.2. LES SYSTÈMES D'IMPOSITIONS DES REVENUS INTERNATIONAUX DES PAYS
MEMBRES DE
L'UNION MONÉTAIRE
1
ANNEXE II.3. LES DIRECTIVES ADOPTÉES PAR LA COMMISSION ET LES
RECOMMANDATIONS DU
RAPPORT RUDING
1
ANNEXE II.4. LES PERSPECTIVES EN MATIÈRE D'HARMONISATION : LES TRAVAUX EN
COURS
1
CHAPITRE III COTISATIONS SOCIALES ET COÛT DU TRAVAIL EN EUROPE
1
I. LE POIDS DES COTISATIONS SOCIALES DANS LES PAYS DE L'UNION EUROPÉENNE
1
II. LE FINANCEMENT DES PRESTATIONS SOCIALES SELON LES DIFFÉRENTS RISQUES
1
III. TAUX MOYENS DE COTISATIONS SOCIALES : UNE TRÈS GRANDE DIVERSITÉ
1
IV. COTISATIONS SOCIALES, COÛT DU TRAVAIL ET EMPLOI
1
V. L'IMPACT MACROÉCONOMIQUE D'UNE RÉDUCTION CONCERTÉE DES COTISATIONS
EMPLOYEURS
1
VI. CONCLUSION
1
CHAPITRE IV : IMPÔT SUR LE REVENU ET FISCALITÉ SUR LES REVENUS DE
PLACEMENT
1
I. LE POIDS DE L'IMPÔT SUR LE REVENU ET SES CARACTÉRISTIQUES DANS LES PAYS
DE L'UNION
EUROPÉENNE
1
A. DÉTERMINATION DE LA BASE IMPOSABLE 1
B. LES ALLÉGEMENTS D'IMPÔT 1
C. BARÈMES D'IMPOSITION AU TITRE DE L'IMPÔT SUR LE REVENU 1
D. LA PRISE EN COMPTE DES CHARGES DE FAMILLE DANS LE CALCUL DE L'IMPÔT 1
II. COMPARAISON DE LA PRESSION FISCALE ET SOCIALE PESANT SUR LES REVENUS DU
TRAVAIL DES
MÉNAGES DANS LES PAYS DE L'UNION EUROPÉENNE
1
A. PRESSION FISCALE ET SOCIALE PESANT SUR LES REVENUS DU TRAVAIL 1
B. LA SITUATION DU SALARIÉ FRANÇAIS PAR RAPPORT AUX SALARIÉS ALLEMAND,
BRITANNIQUE ET
NÉERLANDAIS : QUELQUES ÉLÉMENTS DE COMPARAISON 1
III. L'IMPOSITION DES REVENUS DE L'ÉPARGNE
1
A. UNE GRANDE DIVERSITÉ DES SYSTÈMES D'IMPOSITION DES INTÉRÊTS VERSÉS AUX
RÉSIDENTS
1
B. UNE TENDANCE À DÉTAXER LES INTÉRÊTS VERSÉS AUX NON-RÉSIDENTS 1
C. LES PROPOSITIONS CONCERNANT LA LOCALISATION DE L'ÉPARGNE FINANCIÈRE 1
ANNEXE 4.1 SITUATION MATRIMONIALE ET IMPÔT SUR LE REVENU
1
ANNEXE 4.2 LA PRISE EN COMPTE DES CHARGES DE FAMILLE
1
CHAPITRE V TVA ET DES DROITS D'ACCISE
1
I. LA TVA
1
II. LES DROITS D'ACCISE DANS L'UNION EUROPÉENNE ET L'OCDE : UNE ÉTUDE
COMPARÉE
1
III. L'IMPACT DES ACCISES SUR LA CONSOMMATION : ESTIMATION DES
ÉLASTICITÉS.
1
A. ESTIMATION DES ÉLASTICITÉS SUR LA BASE DE LA NOMENCLATURE "ACTIVITÉS ET
PRODUITS", NIVEAU 16. 1
B. ESTIMATION DES ÉLASTICITÉS SUR LA BASE DE LA NOMENCLATURE PAR PRODUITS,
NIVEAU 90. 1
IV. DROITS D'ACCISE ET DEPROTECTION EFFECTIVE
1
V. CONCLUSION
1
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1
ANNEXES GENERALES
1
I. ANNEXE I : CONCURRENCE FISCALE ET LOCALISATION DES ENTREPRISES À UN
NIVEAU
INFRAÉTATIQUE
1
A. 1. CONCURRENCE FISCALE ET LOCALISATION DES ENTREPRISES À UN NIVEAU
INFRAÉTATIQUE 1
B. CHARGE FISCALE LOCALE : QUELQUES ÉLÉMENTS DE COMPARAISON AVEC
L'ALLEMAGNE, LE
ROYAUME-UNI, L'IRLANDE ET LE DANEMARK 1
C. CONCURRENCE FISCALE ET RÉGIONS FRONTALIÈRES 1
D. CONCLUSION 1
EXAMEN EN COMMISSION
1
AVANT-PROPOS
Cette étude a
été réalisée pour la Commission des Finances du Sénat par une équipe constituée
autour du Département des études de l'Observatoire français des conjonctures
économiques (OFCE), sous la direction de Jacques Le Cacheux, directeur du
département
des études de l'OFCE et professeur d'économie à l'université des Pau et des
Pays de
l'Adour (UPPA). L'ensemble des travaux a été coordonné par Réjane Hugounenq
(département des études, OFCE) et Thierry Madiès (maître de conférences à
l'université d'Evry). Ont collaboré aux différents chapitres : Antoine Bouët
(professeur à l'UPPA et directeur du CATT), Claude Emonnot (maître de
conférences à
l'UPPA), Danièle Meulders (professeur à l'université libre de Bruxelles,
Dulbéa) et
Julie Etienne (ULB, Dulbéa).
Les auteurs tiennent à remercier le Sénateur Lambert qui, en qualité de
rapporteur
général de la commission des finances du Sénat, a donné l'impulsion à cette
étude et
a, grâce à des discussions fructueuses, permis d'en mieux définir la
problématique.
Ils remercient également les équipes de la Commission des Finances et du
Service des
études du Sénat pour les conseils prodigués en cours d'étude. Marc Bouche et
Laure
Pasquier, stagiaires au département des études de l'OFCE au printemps 1998,
méritent
aussi des remerciements, pour l'excellent travail d'amorce sur le calcul
d'indicateurs
synthétiques pour l'impôt sur les sociétés.
Les conclusions de cette étude n'engagent ni le Sénat ni l'OFCE.
INTRODUCTION GÉNÉRALE ET PRÉSENTATION
DE L'ÉTUDE
LA CONCURRENCE FISCALE EN EUROPE : LA SEULE ARME ENTRE LES MAINS DES
GOUVERNEMENTS ?
A la fin des
années quatre-vingt, la réflexion sur la concurrence fiscale en Europe avait été
alimentée par la crainte que l'achèvement du Marché unique européen, programmé
pour
le 1er janvier 1993 en ce qui concerne les biens et services, mais effectif dès
1990 pour
les mouvements de capitaux, produise des détournements de trafic et des
mouvements de
facteurs, engendrant ainsi une pression à la convergence spontanée ou à
l'harmonisation
négociée des systèmes fiscaux nationaux des Etats membres. Les efforts
d'harmonisation
ont toutefois été modestes et le Marché unique ne semble pas avoir eu de
conséquences
majeures sur la concurrence fiscale, à l'exception de deux domaines : la
fiscalité des
placements financiers des ménages, pour laquelle le " moins-disant "
fiscal a
été la règle pendant plusieurs années ; et la fiscalité directe des sociétés,
dont
les taux statutaires ont tendu à converger. Avec l'achèvement de l'union
monétaire
européenne, les risques de concurrence fiscale en Europe sont à nouveau perçus
comme
une menace sur ce qui reste de souveraineté budgétaire et fiscale des Etats
membres.
L'introduction de l'euro apparaît en effet comme une étape décisive dans
l'unification
du marché européen, susceptible de renforcer la concurrence et faciliter la
mobilité
des entreprises et des capitaux. Ayant aliéné leur souveraineté monétaire et
soumis à
une contrainte forte sur le solde des finances publiques par le Pacte de
stabilité et de
croissance, les Etats membres verraient ainsi leurs marges de manoeuvre se
réduire encore
davantage si la concurrence fiscale devait s'exercer librement ; faute de
pouvoir
dévaluer leur monnaie, des gouvernements pourraient être tentés de recourir à
l'arme
de la concurrence fiscale pour améliorer la compétitivité de leurs entreprises
et
l'attractivité de leur territoire. Alors que certains voient dans cette
perspective une
contrainte bienvenue, obligeant les Etats-Léviathans à se restreindre et à se
réformer, d'autres soulignent les dangers d'une concurrence fiscale sans
règles, qui
aboutirait à des inefficiences, à une répartition peu équitable du fardeau des
prélèvements obligatoires et à une contraction excessive des dépenses publiques
et de
la protection sociale en Europe.
Dans ce nouveau contexte, les propositions récemment faites par les instances
européennes témoignent d'une volonté de pragmatisme et tranchent avec l'approche
retenue jusqu'au début des années quatre-vingt-dix, quand la Commission avait
pour
objectif premier la création d'un Marché unique européen. A l'époque,
l'harmonisation
fiscale visait à supprimer les entraves à la libre circulation des marchandises
et des
capitaux et à éliminer - ou du moins à réduire - les distorsions de concurrence
entre
Etats membres. Cela supposait de minimiser les différences entre les
législations
fiscales nationales, notamment celles concernant les taux et le mode de
détermination des
bases imposables pour les prélèvements dont l'assiette était la plus mobile. Le
rapport
Ruding (1992) qui s'est penché sur l'impôt sur les sociétés est typique de cette
approche et du peu de cas fait au processus même de coordination. De même,
l'échec de
la mise en place du régime définitif de TVA a mis en lumière l'attachement des
Etats
membres à leur souveraineté budgétaire et fiscale et la nécessité de composer
avec
les Etats les plus réfractaires. La Commission européenne insiste aujourd'hui
sur le
caractère contre-productif (ou " dommageable " pour reprendre
l'expression
désormais consacrée) d'une concurrence fiscale non maîtrisée. Ainsi, l'accent
est mis
davantage sur le risque que constitue la concurrence fiscale pour les finances
publiques
des Etats membres que sur les avantages à attendre, en termes d'efficacité,
d'un Marché
parfaitement unifié.
Cette introduction n'a pour ambition que de présenter brièvement un état des
lieux des
systèmes fiscaux dans les pays de l'Union européenne (UE), de résumer les
principales
conclusions de l'étude et d'esquisser quelques pistes de réflexion concernant
essentiellement certains éléments de la fiscalité directe et des systèmes de
protection sociale. La première partie présente les caractéristiques globales
des
prélèvements obligatoires. La question de la localisation des entreprises et des
activités productives, et des conséquences éventuelles des écarts de fiscalité
sur
ces décisions, est abordée dans la deuxième partie, tandis que la troisième
évoque
les prélèvements sur les revenus des personnes. La quatrième partie rappelle les
modestes progrès accomplis en matière d'harmonisation des fiscalités
indirectes. La
cinquième partie précise la nature du jeu non coopératif de la concurrence
fiscale.
Quelques éléments de conclusion sont présentés dans la sixième partie, tandis
que la
septième résume le contenu des cinq chapitres de l'étude.
I. DES SYSTÈMES FISCAUX NATIONAUX TRÈS DISPARATES DANS L'UNION EUROPÉENNE
La manière la plus commune de comparer les fiscalités nationales est de s'appuyer sur les indicateurs globaux que sont la pression fiscale et la structure des prélèvements obligatoires. Ces indicateurs commodes sont cependant doublement trompeurs : d'une part, en effet, ils sont sensibles au degré de socialisation de certaines consommations importantes, telles que la santé, l'éducation, etc., et aux techniques de financement de certaines politiques, telles que la politique familiale, la politique du logement, etc. -incitations fiscales (type quotient familial) ou prestations (type allocations familiales)- ; d'autre part, ils ne renseignent guère sur les incitations pesant sur les choix des différentes catégories de contribuables, qui ne dépendent pas des taux moyens apparents de prélèvement, mais des taux marginaux effectifs, a priori sans rapport avec les précédents.
A. LES TAUX DE PRESSION FISCALE GLOBALE
Les graphiques 1 a, b et c montrent que le taux de pression fiscale globale -ratio du total des recettes de prélèvements obligatoires au PIB- a connu une hausse tendancielle dans tous les pays de l'UE depuis plusieurs décennies. Toutefois, les dernières années ont enregistré une certaine stabilisation dans la plupart des pays, interrompue par la récession du début des années quatre-vingt-dix et la nécessité, en Europe, de respecter les critères de finances publiques du traité de Maastricht. Au regard de cet indicateur, la France se situe un peu au dessus de la moyenne des pays membres de l'UE ; la stabilisation du taux de pression fiscale globale y est moins nette.
1a. Evolution
des taux de pression fiscale dans les pays de l'UE
Source
: OCDE, Statistiques des
r
ecettes
f
iscales, 1997.
1b. Evolution des taux de pression fiscale dans les pays de l'UE
Source
: OCDE, Statistiques des
r
ecettes
f
iscales, 1997.
1c. Evolution des taux de pression fiscale dans les pays de l'UE
Source
: OCDE, Statistiques des
r
ecettes
f
iscales,
1997.
B. LA STRUCTURE DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES
La comparaison des structures nationales de prélèvements obligatoires selon la nature des prélèvements - classification quelque peu arbitraire et ne reflétant pas nécessairement l'incidence économique des prélèvements - fait ressortir la grande hétérogénéïté des pays européens en matière de fiscalité (graphique 2). La France apparaît singulière, notamment dans la faible part des recettes de l'impôt direct sur les revenus des personnes et dans l'importance des prélèvements sur les salaires (cotisations sociales). Cette singularité doit cependant être relativisée, dans la mesure où les cotisations sociales salariés s'apparentent à un prélèvement à la source sur les revenus - du seul travail, il est vrai. En outre, la montée en puissance de la Contribution sociale généralisée (CSG), dont l'assiette est beaucoup plus large que celle des cotisations sociales qu'elle a remplacées -- notamment au début de 1998 -- atténue sensiblement la singularité française : le système fiscal français apparaît aujourd'hui plus proche de celui des pays partenaires, avec un double prélèvement sur les revenus des personnes -- un prélèvement proportionnel, à la source, à taux modéré sur presque tous les revenus (CSG+RDS), et un prélèvement fortement progressif sur les revenus moyens et élevés (l'impôt sur le revenu des personnes, payé par environ la moitié des foyers fiscaux), dont les taux marginaux les plus élevés sont aujourd'hui parmi les plus hauts d'Europe.
2. Structures
des prélèvements obligatoires en 1996
En % des recettes fiscales et totales
Source
: OCDE, Statistiques des
r
ecettes
p
ubliques,
1997.
II. LE JEU DANGEREUX DE LA CONCURRENCE FISCALE
Le chapitre 1 présente une synthèse des différentes analyses théoriques existantes sur la concurrence fiscale et ses conséquences. L'union monétaire devant engendrer une plus grande mobilité des biens et services, des capitaux, des entreprises et, peut-être, des personnes, au sein de l'espace européen, l'application de tels raisonnements au contexte européen peut être fondée sur deux ordres de considérations : celles qui ressortent de l'analyse de la concurrence fiscale entre collectivités territoriales au sein des espaces monétairement intégrés (Etats unitaires ou fédérations) ; et celles qui relèvent des mécanismes macroéconomiques de la concurrence entre Etats nationaux au sein d'une zone économiquement intégrée.
A. QUELQUES ENSEIGNEMENTS DE LA CONCURRENCE ENTRE COLLECTIVITÉS LOCALES
Relativement peu nombreuses en France, les analyses, théoriques et empiriques, de la concurrence fiscale entre collectivités locales abondent, au contraire, dans les fédérations existantes et singulièrement aux Etats-Unis et au Canada. Concernant la fiscalité directe des personnes, les consommations collectives et la protection sociale, il en ressort que la mobilité individuelle aboutit à une ségrégation géographique selon le revenu qui, en l'absence de péréquation fiscale, risque de creuser de manière cumulative les inégalités de potentiel fiscal entre collectivités. Concernant la fiscalité sur les entreprises, et bien que les travaux empiriques existants ne mettent pas clairement en évidence un effet des écarts de fiscalité sur les choix de localisation des activités, la concurrence fiscale -- au sens large, incluant les subventions et autres facilités consenties aux entreprises, notamment dans les cas de nouvelles implantations -- entre collectivités locales semble avérée. Elle engendre, comme pour les prélèvements sur les ménages, des phénomènes de concentration spatiale des activités et un renforcement cumulatif des inégalités de potentiel fiscal ; mais elle est, en outre, à l'origine de gains d'aubaine pour les entreprises nouvellement installées et d'un surcroît de charges fiscales pesant sur les assiettes les moins mobiles.
B. UN JEU NON COOPÉRATIF ENTRE ETATS MEMBRES DE L'UNION EUROPÉENNE
Dans le contexte de l'union monétaire européenne, les règles institutionnelles et les incitations qui pèsent sur les choix des gouvernements nationaux sont sans doute de nature à engendrer des comportements opportunistes et non coopératifs, que la situation de chômage massif et persistant risque de rendre plus attrayant encore si la concurrence se renforce sur les marchés des biens et services et les marchés financiers et si la mobilité des entreprises s'en trouve accrue. En effet, avec l'adoption de la monnaie unique, les gouvernements nationaux perdent le contrôle de la politique monétaire -- déjà, il est vrai, entre les mains de banques centrales indépendantes, mais nationales -- et de la politique de change, qui leur ont jusqu'à présent permis, au sein du Système monétaire européen (SME), de se livrer à des pratiques non coopératives visant à accroître la compétitivité de l'économie nationale par rapport à celles des partenaires : alors que les dévaluations compétitives et la " désinflation compétitive " apparaissaient ainsi comme les deux modalités possibles d'un même jeu non coopératif dans le SME, la concurrence fiscale par l'abaissement des charges sur les entreprises et sur les coûts de production a des effets similaires sur la compétitivité et devient donc, dans l'union monétaire, une arme d'autant plus attrayante que l'unification monétaire en renforcera les conséquences en termes de répartition spatiale des activités et des emplois. En outre, la contrainte que fait peser le Pacte de stabilité et de croissance sur les politiques budgétaires nationales, qui restent le seul instrument de politique macroéconomique entre les mains des gouvernements, pourrait rendre les perspectives de la concurrence fiscale plus séduisantes encore, dans la mesure où une relance par allégement de la fiscalité stimulerait davantage la croissance de l'assiette des prélèvements qu'une hausse des dépenses publiques, engendrant ainsi un moindre creusement du déficit public, mais aux dépens des partenaires.
III. LA FISCALITÉ DES SOCIÉTÉS
D'une importance potentielle considérable pour les décisions de localisations des entreprises, la fiscalité des sociétés n'a pas non plus fait l'objet d'une harmonisation négociée dans l'UE, en dépit des propositions avancées par la Commission (Rapport Ruding, 1992). La concurrence fiscale qui s'est développée en Europe -- et plus largement au sein de l'OCDE -- a abouti à une certaine convergence des taux statutaires d'imposition des bénéfices des sociétés, à la baisse dans la plupart des pays (tableau 1). Toutefois, en raison du maintien de règles très disparates en matière de détermination de l'assiette, les taux marginaux effectifs d'imposition des bénéfices des sociétés résidentes dans les différents Etats membres continuent d'afficher d'importants écarts. En outre, des différences de traitement fiscal demeurent entre sociétés résidentes et sociétés étrangères, et entre les différentes activités des établissements des sociétés multinationales : bien que le traitement fiscal des différents types d'investissements directs étrangers fasse le plus souvent l'objet d'accords bilatéraux, voire d'arrangements ad hoc négociés au cas par cas, qui rendent les évaluations pratiquement impossibles, on peut penser que la concurrence fiscale qui s`exerce pour attirer certains types d'activités -- sièges sociaux, centres de coordination -- est forte en Europe.
1. Evolution des taux nominaux d'imposition des sociétés (1990-1998)
|
1990 |
1991 |
1993 |
1994 |
1998 |
Allemagne (1) |
50/ 36 |
50 / 36 |
50 / 36 |
45 / 30 |
45 / 30 (2) |
Belgique |
43 |
39 |
39 |
39 |
39 (3) |
Danemark |
40 |
38 |
38 |
34 |
34 |
Espagne |
35 |
35 |
35 |
35 |
35 |
France (1) |
37/42 |
34 / 42 |
34 |
33,3 |
36. 2/3 (4) |
Irlande |
43 |
43 |
40 |
40 |
32 |
Italie (1) |
36 |
36 |
36 |
36 |
37 |
Luxembourg |
34 |
33,33 |
33,33 |
33,33 |
30 |
Pays-Bas |
35 |
35 |
35 |
35 |
35 |
Portugal |
36,5 |
36 |
36 |
36 |
34 |
Royaume-Uni |
35 |
34 |
33 |
33 |
31 |
Source
:
A tax guide to Europe 1994, édition Arthur Andersen, Les impôts en Europe 1997
Eura
Audit, European Tax Handbook, IBFD publication 1998.
(1) Le premier taux indique le taux d'imposition sur les bénéfices réinvestis
(non
distribués) et le second le taux d'imposition sur les bénéfices distribués.
(2) Une surcharge de 5,5% est appliquée à ce taux.
(3) Une surcharge de 3% est appliquée à ce taux.
(4) Le taux normal est de 33,3 mais supporte une surcharge de 10% ou 25% selon
les cas.
L'impôt sur les
sociétés repose sur le résultat des entreprises et de ce fait, affecte le
rendement des
investissements. Les entreprises sont généralement imposées dans le pays dans
lequel
elles s'installent et sont donc incitées, si elles le peuvent et toutes choses
égales
par ailleurs, à se localiser dans les Etats à faible fiscalité. Dans ce cas, le
choix
d'un lieu d'implantation repose sur la comparaison du taux de rendement
qu'obtiendrait une
entreprise pour un investissement donné dans chaque Etat membre. Cela suppose
l'analyse
comparative des systèmes fiscaux nationaux. Les entreprises peuvent aussi
investir dans
un Etat membre à travers une filiale. Il faut alors tenir compte, non seulement
du
régime fiscal du pays de résidence de la société mère, mais aussi celui du pays
d'implantation de la filiale et de l'interaction entre les deux.
En l'état actuel des choses, l'hétérogénéité des systèmes de taxation des
bénéfices est grande entre les pays de l'Union européenne. La charge fiscale
due à
l'IS pesant sur les entreprises dépend non seulement des taux de prélèvement
faciaux,
mais aussi de la définition de l'assiette du prélèvement qui est le plus
souvent très
différente d'un pays à l'autre. Pour ce qui est du barème d'imposition, les taux
nominaux varient de 28% pour la Finlande et la Suède à plus de 40% pour
l'Allemagne, la
Belgique et la France. Parmi l'ensemble des pays, seule l'Allemagne taxe
différemment les
bénéfices réinvestis et les bénéfices distribués. Enfin dans certains cas, comme
l'Irlande, le Luxembourg ou le Royaume-Uni, le taux d'imposition dépend du
montant du
bénéfice imposable. La détermination de la base imposable varie elle aussi en
fonction
des pays. Par exemple, si des provisions pour la hausse des prix sont
autorisées en
France, elles ne le sont pas en Allemagne. En revanche, tous les pays
autorisent la
déductibilité des intérêts sur les emprunts et l'amortissement des actifs, mais
les
méthodes utilisées varient selon les pays et selon le type d'actifs. Par
exemple, en
France, seul un nombre limité d'éléments incorporels sont amortissables, alors
qu'ils
le sont tous dans d'autres Etats membres.
Pour effectuer des comparaisons internationales pertinentes, il faut tenir donc
compte de
l'ensemble de ces aspects des codes fiscaux nationaux et construire des
indicateurs
fiscaux synthétiques. Dans le chapitre 2, nous proposons, en nous appuyant sur
une
méthode développée dans la littérature économique consacrée aux choix
d'investissement des entreprises, des comparaisons européennes fondées sur un
tel
indicateur synthétique, le taux de rendement avant impôt sur les
sociétés
3(
*
)
que doit procurer à l'investisseur
un investissement marginal
effectué dans chacun des pays membres pour rapporter in fine un taux de
rendement net de
5%. Autrement dit, plus la charge fiscale pesant sur les entreprises est forte,
plus le
taux de rendement avant impôt de l'investissement devra être élevé pour assurer
à
l'investisseur un taux de rendement après IS de 5%. Les pays pour lesquels le
taux de
rendement avant impôt est le plus faible sont a priori ceux vers lesquels les
entreprises
devraient se diriger. Ce taux tient compte de la multiplicité des paramètres
fiscaux
nationaux mais repose sur des hypothèses fortes quant à la nature de
l'investissement
(composition en actifs et mode de financement utilisé). Les écarts du taux de
rendement
selon les pays ne sont pas négligeables ; ils reflètent l'importante
hétérogénéité
des systèmes d'imposition des sociétés en Europe, constituant ainsi une mesure
des
incitations potentielles à la délocalisation.
La question des choix de localisation se pose avec une acuité particulière pour
les
sociétés transnationales, ayant des établissements -filiales ou succursales-
dans
plusieurs pays européens. En effet, et en faisant abstraction des impôts que les
actionnaires doivent acquitter sur les dividendes perçus, au titre de l'impôt
sur le
revenu des personnes, une société transnationale peut subir des prélèvements à
trois
niveaux : les bénéfices peuvent être imposés à l'impôt sur les sociétés au
niveau
de la filiale dans le pays où ils sont produits ; ils font éventuellement
l'objet d'un
prélèvement à la source lors de leur distribution à la société mère ; enfin, les
bénéfices au moment de leur distribution peuvent être imposés à l'impôt sur les
sociétés au niveau de la société mère.
Nous présentons donc également, dans le chapitre 2, les taux de rendement avant
impôt
pour des investissements transnationaux effectués dans quatorze des quinze pays
membres
par une société multinationale. Tout comme dans le cas des investissements
intérieurs,
les écarts de taux de rendement ne sont pas négligeables et l'on constate que
dans tous
les Etats membres, les investissements étrangers et nationaux, d'une part, et
les
investissements réalisés à l'étranger par une société résidente et les
investissements intérieurs, d'autre part, ne sont pas soumis à la même pression
fiscale. Autrement dit, actuellement, une multinationale française sera imposée
différemment selon l'Etat dans lequel elle investit. De même, les
investissements
étrangers réalisés sur le sol français ne subissent pas la même pression
fiscale que
les investissements français. Ni le principe de neutralité à l'importation des
capitaux, ni celui de la neutralité à l'exportation des capitaux ne sont
respectés
4(
*
)
. Ces conclusions sont encore
renforcées si l'on considère d'une
part, les régimes préférentiels accordés par certains Etats membres à de grandes
entreprises et d'autre part, que les comportements d'arbitrage pour la
localisation des
investissements ne sont pas les seuls effets potentiels des différentiels de
fiscalité.
Les grandes entreprises sont en effet capables d'exploiter ces différences en
minimisant
leurs impôts par l'emploi de diverses techniques : manipulation des prix de
transferts à
l'occasion de transactions effectuées entre des établissements ou des filiales
situées
dans des pays différents ; utilisation des formes alternatives de revenus que
sont les
royalties et les redevances etc..
On peut donc conclure qu'actuellement -- et en dépit des directives de la
Commission
européenne -- les différentiels d'imposition pesant sur les entreprises sont
importants
dans l'UE. Cette situation, que ce soit pour les investissements intérieurs ou
transnationaux, ne constitue toutefois pas une condition suffisante de la
délocalisation
des entreprises. L'incidence d'un différentiel positif de taux de rendement
entre deux
pays dépend du degré de mobilité du capital physique et de l'importance du
facteur
fiscal dans le choix de localisation des entreprises. Or celui-ci n'est pas le
seul
critère pris en compte. D'autres facteurs interviennent comme par exemple la
volonté de
pénétrer certains marchés ou encore les coûts salariaux. Cependant, la prudence
est de
rigueur en la matière. Les analyses, théoriques et empiriques, de la
concurrence fiscale
entre collectivités locales qui abondent dans les fédérations existantes et
singulièrement aux Etats-Unis et au Canada, apportent des éclairages quant aux
effets
potentiels de la concurrence fiscale et notamment dans le domaine de la
fiscalité des
entreprises. Bien que les travaux empiriques existants ne mettent pas
clairement en
évidence un effet des écarts de fiscalité sur les choix de localisation des
activités,
la concurrence fiscale -- au sens large, incluant les subventions et autres
facilités
consenties aux entreprises, notamment dans les cas de nouvelles implantations
-- entre
collectivités locales semble avérée. Elle engendre, comme pour les prélèvements
sur
les ménages, des phénomènes de concentration spatiale des activités et un
renforcement
cumulatif des inégalités de potentiel fiscal ; mais elle est, en outre, à
l'origine de
gains d'aubaine pour les entreprises nouvellement installées et d'un surcroît
de charges
fiscales pesant sur les assiettes les moins mobiles. Les effets obtenus au
niveau local
pourraient bien se reproduire au niveau européen.
Les propositions de la Commission ne visent actuellement plus l'harmonisation,
mais la
lutte contre la concurrence fiscale dommageable. Ainsi a-t-elle mis au point,
en accord
avec les Etats membres, un " code de bonne conduite " visant à
éliminer
l'ensemble des régimes préférentiels dont l'objectif est d'attirer les
entreprises
étrangères. Aussi, l'Irlande serait en train d'éliminer le taux préférentiel de
10%
accordé aux entreprises étrangères et de le remplacer par un taux de 12,5% pour
l'ensemble des entreprises sur son territoire. En revanche, les propositions
d'un taux
minimum pour les entreprises et d'un rapprochement de l'ensemble des
dispositions
applicables aux sociétés sont abandonnées. Pour le Commissaire européen au
Marché
intérieur Mario Monti
5(
*
)
, des taux de
prélèvements
obligatoires différents reflétant des choix nationaux de poids des services
publics ne
sont pas contradictoires avec les exigences d'un marché unique harmonieux. La
concurrence
fiscale qui résulterait par exemple, d'une diminution des taux permise par une
gestion
rigoureuse des finances publiques relève de la concurrence saine.
Ces prises de positions minimales ne peuvent s'expliquer que par la contrainte
que
constitue pour l'avancée de l'harmonisation le processus de décision à
l'unanimité. Il
est clair que la suppression des régimes préférentiels est souhaitable, mais la
frontière qui sépare ces régimes du droit commun n'est pas toujours claire. De
fait la
distinction entre la concurrence fiscale dommageable et saine concurrence
semble ténue.
Les autres éléments de la fiscalité pesant sur les entreprises -notamment les
taxes
locales et les charges sur les salaires- n'ont pas été harmonisés et demeurent
très
hétérogènes. La pression concurrentielle semble, cependant, inciter les
gouvernements
des Etats membres à alléger ces prélèvements pour réduire leur incidence sur les
coûts de production ou sur le seul coût de la main-d'oeuvre. Ainsi, en France,
plusieurs
allégements de charges patronales sur les salaires ont été mis en oeuvre au
cours des
années récentes (cf. infra). De même, la réforme de la taxe professionnelle
amorcée
dans le projet de loi de finances pour 1999 -suppression progressive de la part
salariale
de l'assiette- va dans le sens d'une réduction du coût de la main-d'oeuvre.
Toutefois,
malgré leur poids non négligeable dans l'ensemble des charges des entreprises,
ces
éléments de la fiscalité pesant sur les entreprises ne peuvent faire l'objet
d'une
comparaison européenne chiffrée précise, en raison même de la grande diversité
des
situations locales.
IV. PRÉLÈVEMENTS SUR LES REVENUS DES PERSONNES
Bien que la mobilité des personnes au sein de l'espace européen soit, en pratique, relativement faible, la concurrence fiscale a déjà des conséquences en matière de fiscalité des revenus de personnes, que le renforcement de l'intégration pourrait encore accentuer. Au nom de la subsidiarité, ni la fiscalité directe des personnes, ni les prélèvements obligatoires destinés à financer les systèmes nationaux de protection sociale n'ont fait l'objet de la moindre harmonisation négociée. Pourtant, les prélèvements directs sur les revenus des personnes pourraient, à l'avenir, subir des pressions fortes qui sont susceptibles de remettre en cause les principes d'équité -- horizontale et verticale -- qui fondent ces systèmes et l'ampleur de la protection sociale qui caractérise les Etats européens.
A. LE FINANCEMENT DE LA PROTECTION SOCIALE
Généralement
très développée dans tous les pays de l'UE, bien qu'assurée selon des modalités
très
diverses, la protection sociale est financée dans des proportions très
variables par des
cotisations sociales et des impôts. En France, où les prélèvements sur les
revenus
d'activité -- cotisations sociales employeurs et salariés -- pourvoyaient
traditionnellement de manière prépondérante au financement des différentes
branches de
la Sécurité sociale, les évolutions récentes ont sensiblement modifié la
répartition
entre les types de financement, avec la montée en puissance de la CSG et sa
substitution
progressive à certaine cotisations sociales, et avec la prise en charge par le
budget
général de l'Etat des baisses de cotisations sociales consenties sur les bas
salaires.
Dans tous les pays européens, les pressions qui s'exercent sur la protection
sociale et
son financement sont comparables : la tendance au vieillissement démographique,
inégale
selon les pays mais partout présente, menace l'équilibre des régimes de
retraite par
répartition et alourdit les charges des assurances maladie ; le chômage réduit
le
nombre de cotisants aux différentes caisses et engendre d'importantes dépenses
de
transferts, soit d'allocations chômage -dont la durée et les montants ont été
généralement amputés au cours des dernières années-, soit d'autres revenus de
substitution (préretraites, RMI, notamment) ; enfin la faible croissance
économique de
la présente décennie et la baisse, partout sensible depuis le début des années
quatre-vingt, de la part des salaires dans le revenu national -au bénéfice des
revenus
de la propriété et de l'entreprise- ont pesé sur les recettes de cotisations
sociales.
Indépendamment du niveau et du contenu précis de la protection sociale, la
question de
son financement pose un problème dont l'analyse est complexe et donne lieu à des
conclusions assez discordantes. En effet, l'analyse économique incite à
conclure que,
dans un marché du travail fonctionnant sans rigidités, l'ensemble des
cotisations
sociales, employeurs et salariés, pèse, en dernier ressort, sur le salarié, de
sorte
qu'à long terme, ni leur niveau, ni leur répartition entre employeurs et
salariés ne
devraient avoir d'incidence sur le coût de la main-d'oeuvre supporté par
l'employeur. Il
en va de même si l'on suppose que la régulation du marché du travail s'opère par
l'intermédiaire d'une courbe de Phillips, l'ajustement à une augmentation des
cotisations s'effectuant alors par le biais d'une montée temporaire du chômage,
qui
exerce une pression à la baisse sur les salaires nets. Les données présentées
dans le
chapitre 3 montrent effectivement qu'en moyenne, il n'y a pas de corrélation
entre le
poids des cotisations sociales et le coût unitaire moyen de la main-d'oeuvre
dans les
différents pays européens, en dépit de la très grande diversité des modalités de
financement de la protection sociale.
Au-delà de ces considérations moyennes, de nombreuses études récentes, en France
notamment, concluent à une incidence importante des cotisations sociales,
patronales en
particulier, sur le coût de la main-d'oeuvre peu qualifiée, en raison notamment
de
l'existence de contraintes légales sur le salaire minimum. Réduire le coût de la
main-d'oeuvre, notamment la moins qualifiée, afin d'inciter les entreprises à
embaucher,
est devenu, au cours des années récentes, l'une des modalités privilégiées de la
politique de l'emploi dans la plupart des pays européens, conduisant parfois à
des
pratiques qualifiées de " dumping social ". Dans le même temps, la
volonté
d'augmenter les salaires directs, voire les salaires nets, de certaines
catégories de
personnels -les cadres, en particulier- a incité certains gouvernements
européens à
alléger les prélèvements fiscaux et sociaux sur leurs revenus d'activité. De
telles
mesures ne peuvent déboucher que sur l'une ou l'autre des deux évolutions
suivantes :
soit une réduction des dépenses de protection sociale, soit une augmentation
compensatoire de la fiscalité générale. Les chapitres 3 et 4 de la présente
étude
dressent un état des lieux de ces prélèvements et de l'interaction entre
fiscalité
directe sur les revenus d'activité et prélèvements sociaux dans les principaux
pays
européens. Ils montrent qu'en dépit de la grande diversité des situations, les
tensions
qu'engendrent ces prélèvements sont, pour l'heure, limitées.
B. PROBLÈMES D'ÉQUITÉ HORIZONTALE DANS LA FISCALITÉ DIRECTE DES MÉNAGES
La fiscalité
directe sur les revenus des personnes relevant, dans tous les pays européens,
du principe
de résidence -imposition dans le pays de résidence de la personne, quelle que
soit
l'origine géographique de ses revenus -la faible mobilité des individus devrait
limiter
les problèmes de concurrence fiscale sur ce type de prélèvements. Cependant,
certaines
sources de revenus -notamment les placements financiers- sont particulièrement
mobiles,
et l'unification monétaire devrait encore accroître l'intégration financière. En
raison des difficultés de coordination des autorités fiscales des différents
pays
membres et des importantes différences existantes en matière de secret
bancaire, les
revenus des placements financiers à l'étranger peuvent donner lieu à évasion
fiscale.
C'est donc sur ce type de revenus que, faute d'harmonisation négociée, la
concurrence
fiscale s'est exercée avec la plus grande vigueur, depuis la libéralisation
complète
des mouvements de capitaux. Elle a, dans un premier temps, engendré une tendance
générale à l'allégement de la pression fiscale sur ce type de revenus, qui a
toutefois
été partiellement corrigée au cours des années récentes sans grandes
conséquences
apparentes sur les flux de placements (chapitre 4).
Un tel allégement de la fiscalité directe sur les revenus de placements pose, à
l'évidence, un problème d'équité horizontale, dans la mesure où des revenus d'un
même montant mais de nature différente supportent des prélèvements différents.
Parce
que les patrimoines financiers sont relativement plus concentrés que les
revenus,
l'équité verticale est également mise à mal.
Le risque de voir s'accentuer la concurrence entre institutions financières au
sein de
l'union monétaire a incité récemment la Commission européenne à proposer à
nouveau
une retenue à la source non libératoire sur les revenus d'intérêt, qui
constituerait
donc une borne inférieure à l'imposition de tels revenus et limiterait ainsi la
concurrence fiscale. Une telle solution présente cependant des faiblesses
évidentes dans
un environnement financier libéralisé à l'égard de l'ensemble du monde, et non
des
seuls pays membres de l'UE.
C. VERS UN NOMADISME FISCALO-SOCIAL ?
Un éventuel accroissement de la mobilité des personnes au sein de l'espace européen risquerait dès lors d'engendrer, par le jeu de la concurrence entre des systèmes fiscalo-sociaux nationaux caractérisés par des dosages variables d'universalité -dans les prestations sociales (revenu minimum, assurance maladie, allocations diverses) et dans l'accès aux consommations collectives (éducation, etc.) et de contributivité (pour la retraite notamment) -deux types de mouvements migratoires : d'une part, les personnes sans ressources pourraient être tentées d'établir leur résidence dans les pays où les prestations à caractère universel dont les plus généreuses, tandis que les personnes à revenus élevés s'établiraient -comme on l'observe déjà depuis longtemps- dans les pays leur offrant les meilleures conditions en termes de prélèvements directs sur les revenus ; d'autre part, dans la mesure où la redistribution qu'opèrent les systèmes fiscalo-sociaux et de dépenses publiques ne s'effectue pas seulement entre les individus appartenant à différentes classes de revenus, mais pour chacun d'eux sur l'ensemble de leur cycle de vie, les individus les plus mobiles pourraient être tentés par le " nomadisme fiscalo-social ", changeant de résidence selon les coûts et bénéfices offerts par chacun des systèmes nationaux aux différentes étapes de la vie. De telles évolutions remettraient inévitablement en cause les mécanismes de solidarité financière qui fondent, plus ou moins explicitement, le financement des dépenses publiques et de la protection sociale dans tous les pays de l'Union.
V. LA MODESTE HARMONISATION DES FISCALITÉS INDIRECTES
Dès les premières années de la construction européenne, la nécessité de doter tous les pays membres d'instruments de fiscalité indirecte comparables pour éviter les distorsions de concurrence dans le Marché commun a été mise en avant. Elle s'est traduite par l'adoption généralisée du système de TVA, puis par les premières directives d'harmonisation des assiettes dans les années soixante-dix. A la suite de l'Acte unique européen, l'harmonisation des fiscalités indirectes des Etats membres a constitué l'une des priorités de la Commission européenne qui craignait que des différences trop marquées entraînent d'importants détournements de trafics dans les échanges de biens et services. Pourtant, les progrès de l'harmonisation des fiscalités indirectes ont été modestes, sans que cela entraîne, apparemment du moins, de graves distorsions dans un marché européen des biens et services désormais unifié. Le chapitre 5 présente un état des lieux de la fiscalité indirecte en Europe, mettant l'accent sur les droits d'accises et l'évaluation de leur incidence économique.
A. LES RÈGLES COMMUNES
Les négociations d'harmonisation des fiscalités indirectes dans l'UE, à la fin des années quatre-vingt, n'ont abouti qu'à la définition d'un régime " transitoire " pour la TVA, qui détermine des règles communes pour le nombre de taux -- un taux normal et un taux réduit, avec, dans la plupart des pays, un taux " super-réduit " ou taux zéro pour les produits considérés comme devant être aidés --, le classement des produits selon les taux, et fixe des taux planchers -- respectivement 15% et 5%. Cet accord minimal, qui a fait disparaître les taux majorés, permet d'éviter la concurrence fiscale par la baisse des taux tout en laissant aux Etats la liberté de les ajuster à la hausse en cas de besoin, ce qui s'est produit pour la plupart d'entre dans les années quatre-vingt-dix pour faire face à la détérioration des équilibres des finances publiques ou dans le cadre de réformes fiscales nationales réduisant le poids des prélèvements directs pour accroître celui des indirects.
B. L'ÉTAT DES LIEUX
La modeste harmonisation ainsi négociée a engendré une certaine convergence des taux normaux de TVA, qui s'est effectuée à la hausse. La fourchette des taux normaux demeure cependant assez large -- de 15% à 22% au sein de l'Euroland, et jusqu'à 25% si l'on inclut le Danemark et la Suède (tableau 2). En outre, les Etats n'ont pu se mettre d'accord sur le passage au régime " définitif " proposé par la Commission, qui aurait substitué au principe actuel de destination le principe de taxation à l'origine. Dans le régime " transitoire " en vigueur, la distinction demeure entre les ventes sur le territoire national et les exportations intra-communautaires, qui sont, du point fiscal, traitées comme les exportations au reste du monde. Le maintien du principe de destination permet sans doute une plus grande liberté des Etats en matière de taxation des produits, mais constitue une entrave administrative à la libre circulation des biens et services au sein du Marché unique européen, en raison des formalités qu'il implique. Il est, de plus, à l'origine de fraudes dont l'ampleur est difficile à évaluer. Toutefois, l'expérience européenne récente, de même que celle des fédérations existantes, suggère que le maintien d'écarts substantiels de taxation indirecte est viable et n'est pas incompatible avec un degré élevé d'intégration des marchés des biens et services.
2. Evolution des taux de TVA normaux entre 1990 et 1998
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1998 |
Allemagne |
14 |
14 |
14 |
15 |
15 |
15 |
15 |
16 |
Autriche |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
Belgique |
19 |
19 |
19,5 |
19,5 |
20,5 |
20,5 |
21 |
21 |
Danemark |
22 |
22 |
25 |
25 |
25 |
25 |
25 |
25 |
Espagne |
12 |
12 |
13 (1) /15 (2) |
15 |
15 |
16 |
16 |
16 |
France |
18,6 |
18,6 |
18,6 |
18,6 |
18,6 |
20,6 |
20,6 |
20,6 |
Finlande |
- |
- |
- |
- |
22 |
22 |
22 |
22 |
Grèce |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
Irlande |
23 |
21 |
21 |
21 |
21 |
21 |
21 |
21 |
Italie |
19 |
19 |
19 |
19 |
19 |
19 |
19 |
20 |
Luxembourg |
12 |
12 |
15 |
15 |
15 |
15 |
15 |
15 |
Pays-Bas |
18,5 |
18,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
Portugal |
17 |
16 |
16 |
16 |
16 |
17 |
17 |
17 |
Royaume-Uni |
15 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
Suède |
23,46 |
23,46 |
25 |
25 |
25 |
25 |
25 |
25 |
Source
:
Commission européenne,
European Tax Handbook
, IBFD publication 1998.
(1) A partir du 1/01/1992.
(2) A partir du 1/08/1992.
Peu de progrès ont été accomplis en matière d'harmonisation des accises, dont l'importance n'a pourtant cessé de croître au cours des années récentes et qui sont susceptibles d'engendrer des distorsions de concurrence potentiellement beaucoup plus grandes que celles résultant des différences de taux de TVA, en raison de leur non-déductibilité pour les entreprises -notamment en ce qui concerne les taxes sur les produits pétroliers. En outre, la tendance actuelle à la mise en place d'une fiscalité " écologique ", qui pèsera également sur les coûts de production, nécessiterait aussi un effort d'harmonisation, si l'on veut éviter une concurrence fiscale sur ces nouveaux instruments.
VI. EN GUISE DE CONCLUSION : CONCURRENCE, HARMONISATION OU " BONNE CONDUITE " ?
Les analyses et
évaluations présentées dans cette étude débouchent sur des conclusions mitigées
:
l'hétérogénéïté des systèmes fiscaux en Europe demeure certes considérable ;
mais
les manifestations tangibles de la concurrence fiscale sont, à ce jour,
limitées. Elles
concernent à l'évidence davantage la fiscalité sur l'assiette la plus mobile, à
savoir
le capital, avec d'une part les prélèvements sur les revenus des placements
financiers
des ménages, d'autre part la fiscalité directe sur les bénéfices des sociétés.
Les
évaluations présentées plus haut montrent qu'il existe, pour les entreprises,
des
incitations non négligeables à la mobilité, du moins pour certaines activités,
certains types d'investissements, certains modes de financement. Encore
convient-il de
souligner, qu'en raison de la complexité des règles de détermination de
l'assiette
imposable, les moyennes présentées recouvrent sans doute une diversité plus
grande
encore des situations individuelles. En outre, la multiplicité des circonstances
particulières ne permet pas d'inclure dans ces évaluations la totalité des
prélèvements qui pèsent sur chaque catégorie d'agents économiques. Or la
fiscalité
est caractérisée, dans tous les pays européens et singulièrement en France, par
un
empilement de prélèvements, avec des règles de déductibilité différentes selon
les
cas, notamment en ce qui concerne la fiscalité locale et les prélèvements
sociaux. Pour
chaque agent économique, l'incitation fiscale à la mobilité est, en principe, la
résultante nette de cet empilement de prélèvement, que l'étude conduite ici par
type
de prélèvement ne permet pas d'appréhender complètement. Cependant, une
évaluation
exhaustive de l'ampleur effective de cette incitation fiscale à la mobilité se
heurte à
deux types d'obstacles : d'une part, la grande diversité des situations
individuelles,
notamment en ce qui concerne la fiscalité locale ; d'autre part, la nécessité,
pour
évaluer l'incidence des différents prélèvements, de faire des hypothèses sur le
mode
de fonctionnement des différents marchés sur lesquels opère l'agent considéré,
notamment les marchés du travail pour les prélèvements sur les salaires.
Il est cependant très probable que l'achèvement de l'unification monétaire en
Europe
suscite un renforcement de la concurrence fiscale entre Etat membres. Si elle
devait se
déployer sans règles et sans contraintes communes, cette concurrence aboutirait
inéluctablement à une moindre redistributivité des systèmes de prélèvements
obligatoires, à une réduction de la protection sociale et une paupérisation des
secteurs publics nationaux. Pour contrer de telles évolutions, qui remettraient
profondément en cause le " modèle européen " jusqu'à présent dominant
-que
l'on pourrait qualifier, à la suite des Allemands, " d'économie sociale de
marché
"-, il convient, au minimum, d'éviter la " concurrence fiscale
dommageable
", en instituant des règles qui encadrent et limitent les actions des
Etats : le
" code de bonne conduite " actuellement négocié en Europe, mais
également la
politique européenne de la concurrence et, à une échelle plus large, les
négociations
conduites au sein de l'OCDE peuvent sans doute y contribuer. Mais ces règles
minimales
risquent de se révéler insuffisantes dans de nombreux domaines et la dynamique
de
l'intégration européenne pourrait alors requérir une nouvelle réflexion sur la
manière de concilier la subsidiarité et la souveraineté fiscale des Etats
membres avec
une harmonisation plus poussée de pans entiers des systèmes nationaux de
prélèvements
obligatoires, voire avec l'émergence d'une véritable fiscalité européenne :
l'invention, pragmatique et progressive, d'un modèle européen de "
fédéralisme
budgétaire et fiscal ".
VII. RÉSUMÉ DE L'ÉTUDE
L'étude qui
suit, réalisée pour la Commission des finances du Sénat, s'attache à préciser la
réalité actuelle de la concurrence fiscale en Europe et les évolutions
probables de
celle-ci dans le nouveau contexte de l'union monétaire. Elle est centrée sur les
prélèvements directs et les droits d'accise, laissant ainsi de côté la TVA et
les
impôts sur les revenus de placements mobiliers des ménages, qui avaient fait
l'objet
d'une grande attention lors de l'achèvement du marché intérieur européen (voir,
notamment, la précédente étude réalisée par l'OFCE sur le thème de
l'harmonisation
fiscale en Europe, en 1990 : Sterdyniak et alii, 1991).
Le premier chapitre est consacré à l'analyse théorique de la concurrence
fiscale entre
entités gouvernementales dans un espace économiquement, financièrement et
monétairement intégré ; s'appuyant essentiellement sur les travaux traitant du
cas des
gouvernements locaux dans les fédérations, ce chapitre met en exergue les
principales
conclusions des analyses théoriques de la concurrence fiscale. Il conclut à
l'existence
de nombreuses inefficiences dans la concurrence fiscale entre gouvernements.
Le deuxième chapitre traite de l'impôt sur les sociétés. Il présente et met en
oeuvre
une méthode permettant d'obtenir un indicateur synthétique des conditions
d'imposition
du capital investi dans les entreprises des pays : le taux d'imposition
effectif, qui
mesure l'écart entre le taux de rendement brut -avant impôt- du capital et son
taux de
rendement net d'impôt sur les sociétés. Le calcul d'un tel indicateur pour
différentes
configurations envisageables de décisions d'investissement d'entreprises
européennes
résidant dans l'un des pays membres et investissant dans le même ou chez l'un
des
voisins, permet d'évaluer l'intensité moyenne actuelle de la concurrence
fiscale pour
attirer les implantations d'entreprises. Le chapitre conclut à un degré
relativement
faible de concurrence fiscale en moyenne ; mais il souligne également que
celle-ci peut
être forte sur certains types d'investissements, et qu'elle est susceptible de
s'intensifier à l'avenir, ce qui pose la question de l'harmonisation de l'impôt
sur les
sociétés dans l'Union européenne.
Le troisième chapitre fait le point sur la question des cotisations sociales et
de leur
lien avec le coût de la main-d'oeuvre. Synthétisant de nombreux travaux
existants, il
insiste sur la nécessité de distinguer les cotisations sociales ouvrant droit à
des
prestations proportionnelles au salaire -chômage et retraite, essentiellement-,
qui ont
un caractère assurantiel et s'apparentent à un salaire différé, de celles qui
financent des prestations " universelles ", qui s'apparentent à
l'impôt. Les
modes de financement de la couverture sociale sont aujourd'hui en Europe
extrêmement
divers, et le France apparaît relativement singulière dans ce domaine.
Globalement
pourtant, il en ressort que la hiérarchie des niveaux de coût de main-d'oeuvre
en Europe
ne reflète pas celle des taux de cotisations sociales. Quant à la concurrence
fiscale
sur ces prélèvements, elle apparaît actuellement limitée.
Le quatrième chapitre étudie en détail et compare les modalités de l'imposition
directe du revenu des ménages dans les pays de l'Union européenne. Il met
l'accent sur
la progressivité des barèmes et sur les questions de traitement fiscal des
couples et
des enfants. Là encore, c'est l'extrême diversité qui frappe. Ce chapitre
conclut à la
faiblesse de la concurrence fiscale sur ce type de prélèvement, sans toutefois
nier sa
possibilité pour certains segments de la population des ménages.
Le cinquième chapitre traite de l'imposition indirecte et plus précisément des
droits
d'accise. Après avoir présenté la situation actuelle en Europe et hétérogénéïté
qui prévaut en ce domaine, ce chapitre s'attache à évaluer les conséquences
économiques des droits d'accise, en estimant des élasticités-prix et revenu des
demandes des biens concernés, ainsi que des degrés de déprotection effective
liés à
ce type de prélèvement. Il conclut que ceux-ci sont, généralement faibles pour
les
consommations privées, mais potentiellement plus importants pour les biens
intermédiaires taxés.
CHAPITRE PREMIER :
UNE CONCURRENCE FISCALE NON MAÎTRISÉE
PRÉSENTE DES DANGERS
L'objet de ce chapitre est de présenter les principaux enseignements de l'analyse économique sur les effets de la concurrence fiscale entre Etats ou plus généralement entre collectivités publiques. En effet, sauf à considérer que les gouvernements nationaux ont un comportement prédateur que la concurrence entre Etats pourrait permettre de contenir, il faut bien reconnaître qu'une concurrence fiscale non maîtrisée pose de sérieuses questions eu égard aux objectifs d'équité et de redistribution traditionnellement assignés au système de prélèvement. Il n'en demeure pas moins que la coopération fiscale est difficile à mettre en oeuvre, notamment quand il existe des Etats, souvent de petite taille et très ouverts, dont la fiscalité est particulièrement avantageuse.
I. LA CONCURRENCE FISCALE EST SUSCEPTIBLE D'ENGENDRER UNE DYNAMIQUE DE " MOINS-DISANT " FISCAL MAIS LA COOPÉRATION EST DIFFICILE À METTRE EN oeUVRE
La littérature sur la concurrence fiscale entre collectivités locales ou entre Etats pour attirer du capital physique s'est très largement développée dans le cadre du modèle d'incidence de Harberger (1962), et ce, depuis l'article précurseur de Zodrow et Miezskowsky (1986). Dans ces conditions, les mécanismes fondamentaux de la concurrence fiscale peuvent être décrits de façon très simple, moyennant quelques hypothèses simplificatrices. Ainsi, dans un premier temps, on supposera que la concurrence fiscale ne porte que sur les taux de prélèvement et que les règles de détermination de la base imposable sont partout les mêmes. En outre, l'impôt est prélevé dans tous les Etats selon le principe de la source et les investisseurs privés sont supposés parfaitement mobiles entre les différents Etats. Enfin, les revenus du capital sont supposés versés à des actionnaires privés qui ne résident dans aucun des Etats en concurrence et on fait abstraction de la fiscalité des revenus personnels.
A. CONCURRENCE FISCALE ET MOBILITÉ PARFAITE DU CAPITAL PHYSIQUE : UN MODÈLE DE CONCURRENCE SUR LES TAUX D'IMPOSITION
Dans le modèle
standard de concurrence fiscale (pour une présentation formelle du modèle, voir
Annexe
1), l'économie considérée est celle d'une union monétaire, ce qui permet
d'éliminer
tout risque de change. On suppose que le capital physique est mobile à
l'échelle de
l'union tandis que les individus, et donc la main-d'oeuvre, sont parfaitement
sédentaires. Le capital et le travail servent à fabriquer un bien privé
composite qui
est utilisé, soit sous forme de consommation intermédiaire pour fabriquer un
bien
collectif destiné aux seuls ménages, soit directement sous forme de
consommation finale
par les ménages. Autrement dit, le bien-être de ces derniers dépend à la fois
de la
consommation de bien privé et de bien collectif.
Chaque gouvernement taxe le capital physique (dont l'assiette est supposée
homogène dans
tous les pays) investi sur son territoire pour financer le bien collectif
fourni aux
ménages. En revanche, il n'existe pas d'imposition sur les revenus du travail
et le
capital est seulement taxé à la source). Chaque unité de capital physique est
détenue
par un actionnaire unique qui l'investit dans le pays qui lui offre le
rendement après
impôt le plus élevé possible. Le capital physique pouvant se déplacer sans
supporter
de coût irrécupérable, le retour net sur investissement est le même à
l'équilibre
dans tous les pays. Enfin, le volume global d'épargne, et donc de capital
physique, dans
la zone est considéré comme exogène
6(
*
)
.
Dans ces conditions, la mobilité spatiale du capital physique place les Etats en
situation de concurrence face aux implantations économiques. Un Etat qui
déciderait
d'augmenter unilatéralement son taux d'impôt verrait baisser le capital
industriel
investi sur son territoire pendant que les autres pays bénéficieraient d'un
supplément
de base imposable. Dans ces pays, le bien-être des ménages s'accroîtrait car
l'augmentation de la base imposable constitue une externalité fiscale positive
que les
gouvernements peuvent utiliser, soit pour augmenter leurs dépenses publiques à
pression
fiscale inchangée, soit pour baisser la pression fiscale sur les entreprises
pour un
niveau de dépenses donné, soit enfin pour faire les deux (pour une définition
formelle
du concept d'externalité fiscale, voir Annexe 2).
La concurrence fiscale est généralement modélisée sous la forme d'un jeu non
coopératif entre Etats, chacun d'entre eux souhaitant attirer le plus de
capital physique
possible. Le concept de solution utilisé pour résoudre ce jeu est l'équilibre
de Nash
(pour une présentation formelle de l'équilibre de Nash, voir Annexe 3). On
suppose ainsi
que chaque gouvernement choisit son taux d'impôt sur le capital de façon à
maximiser
l'utilité de l'individu représentatif en considérant comme donné les taux
d'impôt de
ses concurrents.
La théorie microéconomique nous enseigne qu'un gouvernement qui cherche à
satisfaire au
mieux les ménages qui résident dans sa juridiction, doit déterminer la quantité
de
bien public qu'il offre (et donc le taux d'impôt qu'il doit prélever sur le
capital
physique) de telle façon que l'avantage marginal que retirent les ménages de la
consommation du bien collectif soit précisément égal à son coût marginal.
Or, les gouvernements ne s'intéressent qu'au seul bien-être des ménages
résidents. Ils
vont par conséquent surestimer le coût marginal de la dépense publique car ils
prennent
en compte dans leur calcul non seulement le coût unitaire de production du bien
public
(supposé ici égal à un) mais aussi le coût lié au fait qu'une augmentation du
taux
d'impôt sur le capital industriel se traduit par des délocalisations de capital
physique. Or celles-ci sont à l'origine d'une baisse du revenu des ménages
résidents
(équation (E.12) de l'Annexe 3) et donc de leur consommation de bien privé qui
n'est pas
totalement compensée par la consommation supplémentaire de bien collectif,
celle-ci
étant trop faible compte tenu de la perte de matière imposable et donc de
recettes
fiscales subie.
Par conséquent, à l'équilibre, l'avantage marginal retiré par les ménages d'un
franc
supplémentaires de dépenses publiques financé par une augmentation de l'impôt
sur le
capital physique, est supérieur au coût marginal de production exprimé en terme
de bien
privé sacrifié (équation (E.14) de l'Annexe 3).
On montre alors généralement que les gouvernements, soumis au risque de
délocalisation
du capital physique ou de toute autre base mobile, taxent trop faiblement ce
facteur pour
offrir le bien collectif en quantité suffisante.
B. ÉQUILIBRE FISCAL ET COOPÉRATION : LA COOPÉRATION EST NON SEULEMENT DIFFICILE À METTRE EN oeUVRE MAIS ELLE PEUT NE PAS ÊTRE SOUHAITABLE7( * )
Ce premier
résultat, formalisé par l'équation (E.14) de l'Annexe 3, signifie tout
simplement que
les ménages de l'Union verraient leur niveau de bien-être s'améliorer s'ils
pouvaient
consommer davantage de bien collectif, donc si le taux d'impôt sur le capital
était plus
élevé. Tel serait le cas si les Etats coopéraient, autrement dit si chaque pays
choisissait la meilleure politique fiscale, de son point de vue, mais en tenant
compte à
la fois des influences qu'il subit mais aussi des effets de ses choix sur le
bien-être
des autres pays. En effet, les sorties de capital physique, consécutives à
l'augmentation du taux de prélèvement dans un pays, ne sont pas une perte sèche
pour
tous les Etats de l'Union car certains d'entre eux vont forcément bénéficier de
cet
afflux d'investissements directs.
Par conséquent, si l'on considère que la concurrence fiscale entre collectivités
publiques n'est pas souhaitable, il faut coopérer. La coopération fiscale peut
prendre
la forme d'une consolidation fiscale des espaces en concurrence. Celle-ci
existe déjà à
l'intérieur des Etats. La coopération à l'échelle européenne est plus complexe.
La
consolidation fiscale, qui d'un point de vue économique, est la plus efficace,
est
actuellement pour des raisons politique impossible à mettre en oeuvre. Le
prélèvement
de l'impôt devrait, en effet, être transféré à un niveau supranational, ce qui
remettrait en cause non seulement le principe de subsidiarité, mais supposerait
en outre
l'existence d'une Europe fédérale dont la légitimité démocratique ne soit pas
contestée. Une solution apparemment moins radicale, mais qui dans les faits
conduit au
même résultat, suppose une harmonisation des taux de prélèvements et des règles
de
détermination de la matière imposable dans le cadre d'une coordination
décentralisée.
La théorie économique montre en effet qu'un équilibre coopératif, par
opposition à un
équilibre non coopératif, augmente le niveau de bien-être dans tous les pays par
rapport à celui qu'elles atteignent dans un équilibre non coopératif. S'il
existe une
entité supranationale dont la légitimité démocratique n'est pas contestée -ce
qui
n'est pas le cas au niveau européen-, l'équilibre coopératif est atteint si l'on
délocalise le (ou les) impôts dont l'assiette est très fortement mobile à un
niveau
supranational ou si l'on harmonise complètement les prélèvements.
A un niveau infra-étatique, la consolidation fiscale constitue un moyen
puissant de
réduire la concurrence fiscale
La première solution découle naturellement du modèle standard de concurrence
fiscale
présenté ci-dessus. La consolidation fiscale consiste, soit à réduire le nombre
de
collectivités publiques en concurrence en imposant une fusion, soit à élargir
la zone
de prélèvement de l'impôt. Cette solution, irréalisable au niveau européen,
permet,
en revanche de justifier, d'un point de vue théorique, la délocalisation d'un
impôt
comme la taxe professionnelle à un niveau supracommunal (Madiès, 1997)
8(
*
)
. En effet, plus le nombre de collectivités locales à
l'intérieur d'un même espace géographique est élevé, plus les externalités
fiscales
qui contraignent les décisions fiscales des élus locaux sont importantes et
génératrices de distorsions. C'est ce que font clairement apparaître les
équations
(E.7), (E.8) et (E.9) de l'Annexe 2 : le retour net sur investissement, comme
les
externalités fiscales et l'offre du biens publics locaux, sont fonction du
nombre de
collectivités ou plus exactement du " pouvoir de marché " qu'a chaque
collectivité sur la matière imposable.
L'équation (E.14) de l'Annexe 3, quant à elle, permet de déterminer le taux
d'impôt
choisi par chaque collectivité à l'équilibre de Nash et montre simplement que
l'offre
de services publics locaux est, à la marge, d'autant plus élevée que le nombre
de
collectivités locales en situation de concurrence est faible et donc qu'elles
possèdent
une part élevée de matière imposable.
A l'inverse, la diminution du nombre de collectivités permet à une collectivité
isolée
de financer davantage de services publics locaux, pour un coût identique en
terme de bien
privé, car les externalités fiscales sont réduites. L'utilité des individus
augmente
donc au fur et à mesure que l'on élargit l'aire de perception de l'impôt local
sur les
entreprises (à recettes fiscales inchangées). La raison est tout à fait
intuitive : une
collectivité qui augmente seule son taux d'impôt local, pourrait certes financer
davantage de services collectifs mais au détriment du revenu privé des ménages
résidents. Or, comme on l'a déjà souligné, une partie de la baisse de revenu
privé,
due aux délocalisations, est un simple transfert de pouvoir d'achat vers
d'autres
collectivités. En réduisant le nombre de collectivités en concurrence, on
internalise
une partie de ces externalités, ce qui permet d'augmenter le bien-être des
ménages.
Interprété de façon plus large et davantage conforme à la réalité, ce résultat
signifie que si les entreprises ont choisi d'installer leur activité dans une
agglomération donnée en fonction de critères de localisation autres que la
fiscalité
locale, une stratégie concevable de réduction des surenchères consiste à
élargir le
territoire de perception de l'impôt local sur les entreprises au territoire jugé
pertinent en matière de développement économique local, une solution étant la
création d'un groupement économique sur un périmètre supra-communal.
L'argument soulevé n'est toutefois pas nouveau - il s'inscrit dans la conception
traditionnelle du fédéralisme financier qui préconise d'ajuster les "
territoires
" d'usage et de financement des services publics locaux - mais il permet
d'envisager
toutes les formes possibles d'intégration fiscale interterritoriale (taxe
professionnelle
de zone, taxe professionnelle d'agglomération et pourquoi pas taxe
professionnelle
départementale) à défaut d'avoir voulu un jour imposer la fusion de communes
comme cela
a été le cas ailleurs.
Le Conseil des impôts (1989, 1997) a souligné que l'élargissement de la
circonscription
fiscale pourrait être recherché à un niveau infra-départemental et a examiné le
cas
des zones d'emploi définies par l'INSEE ainsi que celui des circonscriptions
administratives, arrondissements ou cantons
9(
*
)
.
Les simulations, opérés à produit fiscal constant, à partir d'un taux unique
calculé
au niveau de ces différents groupements montrent clairement
(1) Que " l'éventail des taux de taxe professionnelle est proportionnel au
nombre et
à la taille des collectivités locales : la réduction des écarts de taux sera
d'autant
plus grande que le taux sera calculé dans des circonscriptions en nombre limité
;
(2) Que dans le cas des arrondissements et des zones d'emploi, les taux
s'établiraient en
règle générale à un niveau plus faible que dans le cas d'une remontée de la taxe
professionnelle au niveau départemental. "
La concurrence fiscale avantage les petits pays, ce qui rend difficile tout
processus
d'harmonisation concernant la fiscalité sur les entreprises et les revenus du
capital
A défaut de pouvoir délocaliser l'impôt sur le bénéfice des sociétés au niveau
européen, la seule solution possible consiste à harmoniser les taux et les
règles de
détermination de l'assiette de façon à rapprocher les taux marginaux effectifs.
Cependant, dès lors que la concurrence fiscale concerne deux pays de taille
différente,
l'analyse économique montre que les petits pays constituent des " paradis
fiscaux
" (" tax havens "). Par conséquent l'harmonisation fiscale sera
difficile
à mettre en oeuvre.
Un certain nombre de travaux, parmi lesquels ceux de Bucovetsky (1991) et
Wilson (1991),
montrent que si la concurrence fiscale s'exerce entre pays de taille
différente, les
petits pays n'ont pas intérêt à coopérer car ils verraient leur bien-être se
détériorer. Cela s'explique simplement dans le modèle de ces deux auteurs par
le fait
que la différence de taille (exprimée en terme de population) implique que
l'élasticité de l'offre de capital industriel n'est plus la même selon qu'un
pays a une
population plus ou moins importante. Autrement dit, les délocalisations
(exprimées en
nombre d'unités de capital par tête perdues par une pays donné) sont d'autant
plus
importantes qu'un pays est petit.
La concurrence fiscale s'exercant de façon plus aigue sur les petits pays que
sur les
grands, les premiers sont incités à choisir des taux d'impôt plus faibles que
les
seconds. De façon symétrique, les grands pays sont moins sensibles au coût (en
terme de
diminution du revenu privé) d'une augmentation du taux d'impôt sur les
entreprises car
les pertes de capital industriel par tête sont plus faibles. Le taux d'impôt
d'équilibre est donc plus élevé dans les grand pays, ce qui confère une
externalité
positive aux petits pays qui deviennent plus attractifs pour les investisseurs
privés.
Toutes choses égales par ailleurs, (1) les petits pays sont incités à taxer plus
faiblement le capital que les grands, (2) à l'équilibre, les petits pays sont
généralement importateurs nets de capital et le bien-être des ménages est plus
élevé
dans les petits pays que dans les grands, (3) une harmonisation des taux de
prélèvement
est par conséquent diffcile à mettre en oeuvre car elle pénalise les petits
pays.
Devant la difficulté de coopérer, il peut être souhaitable de mettre en place
un taux
d'impôt minimum sur les entreprises plutôt que d'imposer une convergence vers
un taux
moyen européen, même si celui-ci provoque des délocalisations d'investissements
directs
dans le reste du monde. On peut en effet penser que, non seulement les coûts de
mobilité
des entreprises tendront à diminuer dans le futur à l'échelle européenne, mais,
qu'en
outre ces coûts sont plus faibles entre pays européens qu'entre les pays
européens et
le reste du monde. On rappellera que le rapport Ruding avait préconisé une
harmonisation
poussée des taux de l'impôt sur les sociétés en suggérant un taux minimal de 30
%
afin d'éviter une concurrence destructrice entre Etats-membres
10(
*
)
.
C. LA CONCURRENCE FISCALE CONSTITUE UNE CONTRAINTE SUPPLÉMENTAIRE POUR LES ETATS ENDETTÉS
Supposons
maintenant que les différents pays de l'Union puissent s'endetter. Le niveau
d'endettement devient alors une variable de décision entre les mains des
gouvernements
pour financer le bien collectif au même titre que l'impôt sur le capital
physique. Pour
comprendre les mécanismes en jeu, Jensen et Toma (1991) utilisent un modèle à
deux
périodes (deux exercices budgétaires par exemple) qui est une extension du
modèle de
référence présenté ci-dessus.
A la première période, les gouvernements peuvent choisir de financer l'offre de
biens
publics, soit par un impôt sur le capital, soit par un emprunt qui prend la
forme d'une
obligation du gouvernement, achetée par l'individu représentatif. A la deuxième
période, en revanche, les recettes fiscales tirées de l'impôt sur le capital
sont
utilisées pour rembourser l'annuité de la dette et pour financer les dépenses
publiques
de deuxième période. L'objectif de chaque gouvernement est de maximiser
l'utilité
totale des ménages-résidents sur les deux périodes du jeu. Les variables
stratégiques
sont, à la première période, le taux d'impôt sur le capital et le niveau
d'endettement, et en deuxième période uniquement le taux d'impôt.
La théorie économique ne permet pas d'obtenir des résultats véritablement
tranchés.
En effet, les taux d'impôt choisis par les gouvernements en deuxième période
dépendent
étroitement de la pente des fonctions de réactions des collectivités, celles-ci
étant
définies comme le taux d'impôt d'équilibre qui maximise l'utilité de l'individu
représentatif d'un pays à la deuxième période, étant donné le taux d'impôt
prélevé par la collectivité concurrente en deuxième période et les niveaux
d'endettement choisis par les deux gouvernements à la première période.
Compte tenu du signe indéterminé des fonctions de meilleure réponse, la
concurrence
fiscale entre deux pays peut conduire, en théorie, à ce qu'elles s'endettent à
la
première période ou qu'au contraire elles dégagent un excédent primaire.
Si la meilleure réponse pour les deux gouvernements consiste à augmenter leur
taux
d'impôt, l'équilibre parfait en sous-jeux se caractérise par un endettement à la
première période pour les deux Etats. Jensen et Toma montrent alors que l'offre
du bien
public et l'utilité de l'individu représentatif sont, par rapport à l'équilibre
sans
endettement, plus élevés à la première période. L'offre du bien public peut
toutefois
être sous-optimale, optimale voire sur-optimale à la première période, selon
que le
taux d'impôt d'équilibre est respectivement positif, nul ou négatif. Dans ce
dernier
cas, les Etats s'endettent pour subventionner le capital.
En revanche, dégager un surplus primaire à la première période, permet à un Etat
d'avoir une marge de manoeuvre supplémentaire à la deuxième période. L'utilité
et
l'offre du bien public sont alors plus élevées à la deuxième période mais plus
faibles à la première période que dans l'équilibre sans possibilité
d'endettement (ou
d'excédent budgétaire). Si le modèle, dans ce cas, permet de conclure à une
offre
insuffisante du bien public à la première période, il ne permet pas toutefois de
conclure pour l'offre du bien public à la deuxième période.
Dans tous les cas, l'offre de bien publics à la deuxième période est inefficace
et
d'autant plus faible que les gouvernements augmentent leur niveau d'endettement
(pour un
même montant) à la première période. Toutes choses égales par ailleurs, la
dette doit
être remboursée à la deuxième période, ce qui réduit en fin de compte l'offre de
bien publics. En effet l'augmentation du taux d'impôt sur le capital, si elle a
un effet
positif sur la dépense publique locale, se heurte à la contrainte de la
concurrence
fiscale et de la mobilité du capital, qui empêche cette augmentation de
compenser
totalement la baisse liée à l'endettement. L'endettement vient aggraver en
quelque sorte
l'insuffisance de l'offre de biens publics en deuxième période.
Toutes choses étant égales par ailleurs, la concurrence fiscale aggrave les
difficultés
d'un pays dont le niveau d'endettement est plus élevé que celui de ses
partenaires car
il ne dégage pas suffisamment de recettes fiscales pour financer ses dépenses
publiques
(hors charges d'intérêt). En ce sens, le Pacte de stabilité budgétaire peut se
justifier par le fait qu'en union monétaire, la concurrence fiscale et sociale
devient
plus vive entre les Etats.
II. LA CONCURRENCE FISCALE AFFECTE L'ÉQUITÉ HORIZONTALE ET VERTICALE DES SYSTÈMES DE PRÉLÈVEMENT
Dès lors que les Etats peuvent taxer une variété de bases imposables, plus ou moins mobiles, se trouve posée la question de l'incidence de l'impôt. En effet, le risque est grand que les gouvernements soient tentés d'exonérer les bases les plus mobiles quitte à taxer davantage les bases les moins mobiles. Si l'on considère, en outre, que les agents économiques déterminent leur choix de localisation en tenant compte non seulement des différentiels de pression fiscale mais aussi des services collectifs, la concurrence fiscale peut contraindre les gouvernements à taxer les revenus et les activités en se référant davantage au " principe d'équivalence ".
A. LA CONCURRENCE FISCALE FAIT PESER UNE CHARGE FISCALE EXCESSIVE SUR LES BASES LES MOINS MOBILES
La littérature sur la concurrence fiscale suggère que la concurrence fiscale pourrait se traduire à terme par une exonération des bases les plus mobiles pendant que les bases immobiles seront plus lourdement taxées, ce qui pose un problème d'équité horizontale des systèmes fiscaux. En effet, comme le montre l'équation (E.12) de l'Annexe 3 dans le modèle standard présenté ci-dessus et l'illustration graphique figurant dans l'encadré 1, le capital industriel étant supposé mobile, la charge fiscale liée à l'impôt sur le capital va reposer en définitive sur le facteur travail supposé immobile.
1. Taxation du
capital et charge fiscale excédentaire :
une illustration graphique
Le graphique 1,
tirée du modèle de Oates et Schwab (1991), va nous permettre d'illustrer ce
résultat en
prenant soin toutefois de noter que cette illustration graphique est réalisée en
équilibre partiel (et non plus général). Cela pose un certain nombre de
problèmes en
terme d'incidence que nous développerons plus loin.
Sur cette figure, apparaissent l'offre et la demande de capital dans un pays
donné.
L'offre est parfaitement élastique car aucun pays n'a la possibilité d'influer
sur le
retour net sur investissement, r (concurrence fiscale pure et parfaite) et la
courbe de
demande est décroissante car, par hypothèse, le rendement marginal du capital
est
décroissant.
On suppose qu'initialement le pays en question décide de ne pas taxer le
capital. Le
stock de capital est alors égal à K* et il est déterminé, à l'équilibre, par la
règle d'égalisation de la productivité marginale du capital et de son coût, r.
La
production de bien privé est alors égale à la surface abcd (l'intégrale de la
productivité marginale du capital).
Le revenu provenant de la vente de cette production se répartit alors de la
façon
suivante : le capital recoit ebcd, soit rK*. Les rendements d'échelle étant
supposés
constants, les profits sont nuls à l'équilibre et en vertu de la règle
d'épuisement du
produit, le facteur travail reçoit le résidu, soit abe.
Si l'on suppose maintenant que ce pays décide de taxer le capital en prélevant
une taxe
unitaire égale à t, alors la demande de capital se déplace vers le bas (fk -
t). Le
nouvel équilibre s'établit en K** et la valeur de la production de bien privé
diminue
et son montant est égal à aifd. Le revenu du capital avant impôt est donc égal
au
revenu net efgd plus les impôts hige. Le retour net sur investissement diminue
donc de la
surface gbcf du fait de l'impôt. Celle-ci est égale au produit de r par la
variation du
stock de capital (K* - K**). Les K* - K** unités de capital sont toutefois
investies
ailleurs et rapportent donc r dans les autres pays.
Par conséquent, l'impôt sur le capital, bien que taxant ce facteur, n'a pas
d'effet sur
les revenus du capital. Comme on va le voir, la charge fiscale est translatée
sur le
facteur immobile, le facteur travail
11(
*
)
. Le
salaire
diminue, en effet, des surfaces hige et ibg, soit hibe.
La surface hige est égale au montant d'impôt payé par le capital qui est
translaté sur
le facteur travail. La surface ibg représente a contrario la baisse des
salaires qui
n'est pas compensée par le supplément d'impôt payé par le capital. Autrement
dit, pour
n'importe quel taux d'impôt positif, la baisse des salaires ne compense pas le
gain de
recettes fiscales.
1. Charge fiscale excédentaire et taxation du capital
Dans ces conditions, il serait préférable de taxer directement le facteur
travail
plutôt qu'indirectement comme cela est le cas quand on impose une taxe sur le
capital
prélevée à la source. En effet, l'offre de travail étant supposée parfaitement
inélastique et les ménages étant parfaitement sédentaires, l'imposition des
revenus du
travail a un effet équivalent, du point de vue de l'efficacité économique, à un
impôt
forfaitaire (ou de capitation).
Si les Etats pouvait prélever un impôt de capitation sur tous les individus
résidents
pour financer l'offre de biens collectifs destinés aux ménages, alors (1) ils
n'auraient
aucun intérêt à taxer le capital physique, (2) les biens collectifs seraient
financée
exclusivement par l'impôt de capitation, (3) le montant par tête de l'impôt de
capitation serait précisément égal au coût marginal du bien collectif de sorte
que
l'offre de biens collectifs serait optimale. En évitant toute distorsion des
incitations
auxquelles sont soumis les individus dans leurs choix microéconomiques, l'impôt
de
capitation présente donc l'avantage de s'apparenter à " un véritable prix
des
services publics". Les contribuables payent pour les services publics
commme ils
paient, en tant que client, pour un bien ou un service marchand indépendamment
de leur
revenu ou de leur situation personnelle. Mais un tel impôt censitaire suppose
que les
bénéfices des services publics sont répartis de manière plus ou moins uniforme
sur
l'ensemble de la population adulte résidente, ce qui est loin d'être évident
dans de
nombreux cas (éducation, santé, ...).
On montre plus généralement que l'incidence de l'impôt sur le capital industriel
dépend de l'élasticité relative de l'offre de capital et de l'offre de travail.
L'élasticité de l'offre de capital dépend, nous l'avons vu (équation E.8 de
l'annexe
2), de la taille du pays et plus précisément de la part de capital investi dans
ce pays.
On notera qu'un impôt peut réduire la base imposable même si celle-ci n'est pas
mobile.
L'exemple le plus simple est l'imposition des revenus du travail qui décourage
l'offre de
travail. Dans ce cas, c'est l'élasticité de l'offre de travail qui détermine le
"
coût " de la dépense publique supplémentaire. On remarquera cependant que,
si le
travail n'est pas mobile, le nombre d'heures perdues par le pays qui taxe les
revenus du
travail est une perte sèche pour l'économie tout entière, alors que, si les
travailleurs sont mobiles, la base imposable se déplace vers d'autres pays, ce
qui permet
d'éviter une perte d'efficacité au niveau global.
Si l'offre nationale de travail est imparfaitement élastique, si les pays en
concurrence
possèdent une part très faible du stock global de capital, et si leurs recettes
fiscales
proviennent uniquement d'un impôt sur le capital physique prélevé à la source
et d'un
impôt sur les revenus du travail, alors on montre que le taux d'impôt sur le
capital est
nul à l'équilibre ou plus exactement qu'il il tend vers zéro quand le nombre de
pays en
concurrence est proche de l'infini. En effet, quand le nombre de pays est très
élevé,
la concurrence fiscale est très vive et l'offre de capital qui s'adresse à
chaque pays
peut être considérée comme infiniment élastique tandis que l'élasticité de
l'offre
de travail est (par hypothèse) imparfaitement élastique. Ainsi, conformément aux
enseignements de la théorie de la fiscalité optimale, les gouvernements ne
taxent, à
l'équilibre, que le seul facteur travail et renoncent par conséquent à taxer le
capital.
Si, en revanche, la concurrence fiscale oppose plusieurs pays de grande taille
qui
possèdent chacun une part importante du stock global de capital, alors l'offre
de capital
qui vient s'investir dans chaque pays ne peut plus être considérée comme
parfaitement
élastique. En effet, la politique fiscale menée par chaque gouvernement va
influer sur
le retour net du capital industriel au niveau de l'économie dans son ensemble.
Ainsi, un
pays qui augmenterait son taux d'impôt sur le capital exporterait des capitaux
qui
iraient s'investir dans des pays concurrents. Cependant, compte tenu de la
taille du pays
d'origine, cela entraînerait une baisse de la rémunération nette du capital
partout
dans la zone. A l'inverse, un pays qui baisserait son taux d'impôt serait
importateur net
de capital, ce qui entraînerait une augmentation de la rémunération nette du
capital
dans tous les pays. Par conséquent, un grand pays, parce qu'il a un pouvoir de
marché
sur le marché du capital, fait face à une courbe d'offre de capital qui est
croissante
et non plus parfaitement élastique comme cela est le cas sur la figure 1
(encadré 1). On
montre alors, qu'à l'équilibre, l'impôt sur le capital physique prélevé à la
source
par chacun des gouvernements, est positif (et non plus nul) mais son taux est
relativement
trop faible par rapport au taux de prélèvement sur les revenus du travail. Les
recettes
fiscales issues de ces deux impôts ne permettent pas de toute façon de financer
efficacement l'offre de bien public.
La concurrence fiscale conduit à exonérer les bases les plus mobiles ce qui a
deux
conséquences importantes : (1) cela reporte la charge fiscale sur les bases les
moins
mobiles, ce qui peut être en contradiction avec le principe d'équité
horizontale des
systèmes fiscaux, (2) cela peut accroître le risque fiscal. En effet, le
financement des
dépenses publiques repose sur une moins grande variété de bases et le système
fiscal
est davantage sensible à un choc exogène du fait d'une " moins grande
mutualisation
du risque ".
B. LA CONCURRENCE FISCALE PEUT CONDUIRE À TERME À REMETTRE EN QUESTION LE PRINCIPE DE NON AFFECTATION DE L'IMPÔT
Nous venons de
montrer que la concurrence fiscale a pour effet de faire reposer la charge
fiscale sur les
bases imposables les moins mobiles. Autrement dit, la mobilité des bases
imposables
exclut a priori toute redistribution de revenu entre facteurs mobiles et
facteurs
immobiles. Or la localisation des investissements directs comme celle des
individus
dépend non seulement de la pression fiscale mais aussi de la qualité des
services
publics offerts par un pays. Dans ces conditions, la pression fiscale peut être
élevée
à condition, cependant, que les recettes fiscales soient utilisées pour
financer des
dépenses publiques qui bénéficient aux facteurs mobiles.
Autrement dit, la concurrence fiscale obligerait les Etats à " caler "
progressivement leur politique budgétaire et fiscale sur le " principe
d'équivalence ", l'impôt s'apparentant alors un prix pour service rendu.
En effet,
pour certains économistes, ce n'est pas tant la concurrence fiscale qui est
responsable
de l'alignement des Etats sur le choix du moins-disant fiscal que la structure
des
fiscalités nationales qui consiste à faire financer par les entreprises des
services
collectifs qui bénéficient en grande partie aux seuls ménages.
Pour démontrer ce résultat, on suppose que les pouvoirs publics, dans chaque
pays,
offrent deux types de biens collectifs qu'il est possible d'affecter aux agents
économiques qui en bénéficient : le premier est utilisé comme un facteur de
production
par les investisseurs privés, le second est consommé par l'individu
représentatif des
ménages qui habitent dans chaque pays. On suppose pour simplifier que les
gouvernements
peuvent obtenir ces biens collectifs sur un marché privé concurrentiel à un prix
unitaire constant. L'offre des deux biens collectifs est financée grâce à un
impôt
forfaitaire (ou de capitation) et une taxe unitaire sur le capital physique.
Comme
précédemment, les gouvernements ont un comportement non coopératif dans le sens
où ils
cherchent à déterminer le taux d'impôt sur le capital physique et l'impôt
forfaitaire
qui maximise l'utilité d'un individu représentatif sédentaire (compte tenu des
contraintes de budget publique et privée) en considérant comme donnée la
politique
budgétaire des autres gouvernements.
On montre alors que chaque gouvernement produit le bien collectif destiné aux
ménages
jusqu'au point où le taux marginal de substitution entre le bien public et le
bien privé
est égal au rapport des prix de ces deux biens, ce qui permet de s'assurer que
le bien
collectif est produit en quantité optimale. En outre, chaque gouvernement
fournit le bien
collectif destiné aux investisseurs privés jusqu'au point où la productivité
marginale
de ce facteur est égal à son prix, ce qui signifie que le bien collectif est
utilisé au
maximum de son efficacité. Enfin, les recettes fiscales qui proviennent de
l'impôt sur
le capital physique permettent de financer le coût de production du bien public
utilisé
par les entreprises et l'impôt forfaitaire sert à financer le bien public
destiné au
ménages. Ainsi, à chacun des biens collectifs, est associé un pseudo-prix
fiscal qui
correspond à la valeur qui lui est attribuée par son bénéficiaire, que ce soit
les
ménages ou les entreprises.
A long terme, la concurrence fiscale devrait rapprocher les impôts de "
redevances
" pour services rendus. Ce qui pose deux types de difficultés : tout
d'abord, cela
revient à nier la spécificité des biens collectifs qui sont souvent
indivisibles,
ensuite le rôle redistributif de l'impôt serait considérablement réduit, enfin
le
principe du bénéfice est difficile à mettre en oeuvre car si les agents
économiques
sont mobiles, ils peuvent trouver le moyen d'échapper à l'impôt tout en
bénéficiant
des dépenses publiques
12(
*
)
.
Dans ces conditions, il est très difficile pour un Etat de financer, grâce à un
impôt
sur le capital industriel, des programmes sociaux ou tout autre service
bénéficiant
exclusivement aux ménages.
III. CONCURRENCE FISCALE ET POLITIQUE DE REDISTRIBUTION
Notre attention
s'est portée jusqu'à maintenant sur la mobilité du capital, industriel et
financier.
Or, même s'il existe des barrières très fortes à la mobilité des individus, il
est
intéressant d'analyser les conséquences de la fiscalité sur les revenus du
travail et
sur les migrations entre Etats .
En outre, la mobilité des individus pose la question du niveau optimal de
gouvernement
pour entreprendre une politique de redistribution. Cette question a fait
l'objet d'un
débat récurrent depuis les travaux précurseurs de Musgrave (1971) et Oates
(1972) qui
concluent le plus souvent à la nécessité de conférer la fonction de
redistribution à
un niveau supérieur de gouvernement. Toutefois des travaux récents montrent
qu'une
politique de redistribution décentralisée est possible à condition qu'on laisse
aux
gouvernements la possibilité de contrôler leurs flux migratoires.
A. POLITIQUE FISCALE ET MIGRATION
Pour illustrer
notre propos, nous nous intéressons à une économie formée de deux pays A et B.
Ces
deux pays produisent un même bien en utilisant du capital et du travail. La
technologie
de production est à rendements constants, la productivité marginale des
facteurs est
décroissante et le capital et le travail sont des facteurs complémentaires de
sorte
qu'une augmentation du facteur travail accroît la productivité du capital.
Si l'on suppose dans un premier temps que le facteur travail est immobile, on
peut
imaginer que le niveau de salaire sera différent dans les deux pays. En
revanche, si les
salaires sont plus élevés en A qu'en B et si, pour une raison ou une autre, on
peut
lever les barrières à la mobilité du travail, les individus ont intérêt à
quitter le
pays A pour aller s'installer en B. Si l'on considère que les individus
cherchent à
obtenir le revenu le plus élevé possible, les migrations entre les deux pays se
poursuivront jusqu'à ce que le taux de salaire soit le même dans le pays A et
B.
Dans ces conditions, les émigrants gagnent à pouvoir se déplacer tandis que les
travailleurs du pays A sont perdants. Les travailleurs qui restent dans le pays
B sont
aussi gagnants car leur productivité, et donc leur salaire, va augmenter en
vertu de
l'hypothèse selon laquelle la productivité marginale du travail est
décroissante. Les
" capitalistes " du pays A sont gagnants tandis que ceux du pays B
sont
perdants. Ces conclusions reposent sur l'hypothèse que le travail et le capital
et le
travail sont complémentaires.
Introduisons maintenant dans le modèle une fiscalité sur les revenus du
travail. On
suppose plus précisément que le gouvernement du pays A taxe les revenus du
travail et
l'on se propose d'analyser les implications de cet impôt sur les migrations et
les
revenus des travailleurs et des " capitalistes ". Dans ces conditions,
l'émigration va se poursuivre jusqu'au point où le salaire net d'impôt sera le
même
dans les deux pays. Si l'on note wA (respectivement wB) le salaire en A
(respectivement en
B), et tA le taux d'impôt en A, alors à l'équilibre, on doit avoir wA - tA =
wB.
L'émigration en provenance du pays B est moins importante qu'auparavant.
Evidemment, les
" capitalistes " du pays A sont perdants alors que ceux du pays B
sont gagnants.
Les salariés restés en B sont perdants car leur productivité marginale est plus
faible
que lorsqu'il n'y avait pas d'impôt (l'émigration est moins forte). Les
travailleurs du
pays A qui y résidaient avant qu'on ouvre les frontières vont voir leur salaire
avant
impôt augmenter mais pas suffisamment pour compenser l'impôt. Les émigrants qui
ont
quitté le pays B sont encore gagnants mais le salaire net d'impôt qu'ils vont
toucher en
A est plus faible. En définitive, les seuls gagnants dans l'histoire sont le
gouvernement
du pays A qui bénéficie de recettes fiscales et les " capitalistes du pays
B.
Cette situation est illustrée sur le graphique suivant. L0 représente
l'allocation du
travail entre les deux pays en l'absence d'impôt et L* correspond à
l'allocation du
travail qui égalise les salaires nets après impôt dans les deux pays. PmLA et
PmLB sont
les productivités marginales du travail et du capital dans le pays A et le pays
B.
Le graphique 2 permet de montrer que :
Le pays B voit sa production totale augmenter de sorte que le supplément de
bien-être
des capitalistes de ce pays - qui sont les principaux bénéficiaires de
l'introduction
d'une fiscalité sur les revenus du travail en A - peut permettre de compenser
la perte de
bien-être des travailleurs.
A l'inverse, le pays A voit sa production diminuer. Par conséquent, le
gouvernement du
pays A est dans l'impossibilité d'utiliser ses ressources fiscales pour
améliorer à la
fois le bien-être des travailleurs et des salariés.
Du point de vue de l'économie globale, il y a une perte d'efficacité qui est
représentée graphiquement par le triangle ABC et qui provient du fait que le
gain du
pays B est inférieur à la perte du pays A.
Graphique 2. Taxation and public expenditure in an open economy
B. POLITIQUE DE REDISTRIBUTION ET MOBILITÉ DES INDIVIDUS
La question de
la redistribution interpersonnelle est étroitement liée à la mobilité des
individus.
Ceci peut être montré de façon très simple. On suppose pour cela que chaque Etat
opère une redistribution verticale des revenus financée par des salariés riches
et
qualifiés au profit de travailleurs pauvres. On considère, pour simplifier, que
les prix
relatifs des biens privés produits à partir du facteur travail (qualifié et non
qualifié) ne sont pas modifiés par les effets redistributifs (les pays sont
petits sur
le marché des produits) et que l'offre de travail est parfaitement inélastique
(i.e. on
ignore, à la marge, les distorsions portant sur l'arbitrage travail/loisir).
Trois cas peuvent alors se présenter selon la mobilité des individus.
Si les salariés sont parfaitement immobiles, la redistribution de revenu est un
"
bien public local " et n'a pas d'effet sur la distribution des revenus
dans les
autres Etats.
Si seuls les travailleurs qualifiés sont mobiles, une augmentation des impôts
provoquera
l' " exode " des salariés qualifiés et l'immigration de travailleurs
non
qualifiés dans le pays qui fait de la redistribution. Le départ des salariés
aisés
réduit dans cette Etat l'offre de travail de ces derniers, ce qui provoque une
augmentation du prix du travail qualifié (et donc du salaire avant impôt).
L'émigration
des individus riches s'accompagne aussi d'une diminution des recettes fiscales
du secteur
public. En l'absence de coûts de déplacement, le flux de travailleurs qualifiés
se
poursuivra jusqu'à ce que les revenus nets s'égalisent dans l'ensemble des
pays. Si le
pays est petit, l'exode des hauts revenus ne modifie en rien le revenu net du
facteur
qualifié dans l'économie, de sorte que, dans une très large mesure, les
contribuables
de ce pays ne supportent pas l'impôt dont ils sont redevables.
Si seuls les bénéficiaires des programmes de transferts sont mobiles, alors la
mise en
place d'un politique de redistribution ambitieuse dans une collectivité se
traduit par
l'arrivée de nouveaux individus, ce qui accroît le coût de la redistribution
(Brown et
Oates, 1987). Si ces individus travaillent et ne vivent pas uniquement de
transferts,
cette immigration peut provoquer, en outre, une baisse du coût du travail peu
qualifié
du fait de l'augmentation de l'offre de travail sur ce segment de marché
(Wildasin, 1991
; 1994). A la limite, dans ce type de modèle, même si les " pauvres "
ne
participent pas au marché du travail, l'arrivée de ménages à bas revenus dans
un pays
peut provoquer une baisse du revenu réel des plus démunis à cause, par exemple,
de
l'augmentation des prix sur le marché de l'immobilier résidentiel. Dans tous
les cas,
s'il n'y a pas de coûts de déplacement, l'immigration se poursuivra jusqu'à ce
que les
revenus nets soient partout identiques. Si le pays d'accueil est petit, le
revenu réel
avant impôt des ménages pauvres pourrait diminuer d'un montant sensiblement
égal aux
transferts et leur revenu net sera peu affecté par la politique de
redistribution.
Enfin, dans le cas général où les deux catégories d'individus sont mobiles et
que les
pays sont suffisamment petits pour que les revenus nets de ces individus
puissent être
considérés comme exogènes, c'est en définitive le facteur immobile qui supporte
la
charge fiscale liée à la redistribution. Même s'il n'est pas concerné
directement par
cette politique (voir annexe 3).
Généralement toute politique de redistribution se traduit par des externalités
entre
Etats du fait de la mobilité des individus. La littérature économique considère
alors
généralement que la fonction de redistribution doit être assumée par l'Etat
fédéral
ou que, tout au moins, celui-ci accorde des subventions aux Etats dont la
politique de
redistribution est ambitieuse. En outre, si l'on cherche à réduire dans une
proportion
donnée les inégalités de revenus entre individus, il est moins coûteux pour les
finances publiques de mettre en place une politique de redistribution fédérale
qui
s'adresse directement aux individus que de faire de la redistribution à
l'intérieur des
Etats où certains " déferont " ce que d'autres ont fait. De ce point
de vue,
le redistribution apparaît comme un bien collectif " national ".
Cependant, comme le souligne Gilbert (1996), divers arguments poussent à
confier des
tâches de redistribution à un niveau décentralisé. D'une part, les coûts
d'information et de transaction des gouvernements nationaux sont plus faibles
que ceux du
centre (par exemple un gouvernement fédéral). Ils connaissent mieux les "
besoins
" des populations défavorisées (Smith, 1991). D'autre part, si on suppose
avec
Pauly (1973) que la redistribution des riches aux pauvres accroît la
satisfaction des
deux parties, mais que cette satisfaction est d'autant plus grande que le
pauvre réside
dans le même Etat (ou dans la même collectivité locale (" altruisme de
proximité
"), une politique nationale apparaît préférable à une redistribution
supraétatique.
En outre, une littérature plus récente met l'accent à la fois sur les questions
de
redistribution et de transferts financiers inter-étatiques (Burbidge et Myers,
1994). Ces
derniers ont pour objet d'internaliser les externalités fiscales liées aux
migrations de
population provoquées par les décisions fiscales des Etats. Autrement dit, la
littérature économique montre que si les Etats ont la possibilité de contrôler
leurs
flux migratoires au moyen, notamment, de transferts financiers croisés entre
Etats, il
peut y avoir matière à mener des politiques de redistribution à un niveau
décentralisé.
Plus précisément,
- Si les Etats ont des préférences proches pour la redistribution, alors cette
fonction
doit être décentralisée
13(
*
)
. L'équilibre non
coopératif (dit de Nash) est Pareto-optimal dans le sens où l'offre de bien
collectif
est socialement efficace dans chacun des Etats et où la population est répartie
de
façon efficiente entre les différents pays.
- A l'inverse, quand ces préférences ne sont pas les mêmes, l'équilibre de Nash
est
inefficace. En effet, les Etats sont à l'origine de distorsions dans les choix
de
localisation des ménages car ils font peser une charge fiscale différente sur
les
ménages - qui dépend de leurs préférences en matière de redistribution -. Mais,
dans
ce modèle, un gouvernement fédéral ne serait pas en mesure de restaurer
l'efficacité
en mettant en place une politique de subventions à destination des Etats.
Enfin, que se passe-t-il quand le travail et le capital sont tous les deux
mobiles ? C'est
la question à laquelle ont cherché à répondre Wellish et Wildasin (1996). Dans
leur
modèle, la population totale de l'Union n'est plus fixe du fait de flux
migratoires en
provenance de pays tiers. Seuls le capital et les individus non qualifiés sont
mobiles.
Les salariés qualifiés, eux, sont considérés comme sédentaires et contrôlent
l'agenda politique. Les travailleurs non qualifiés sont cependant plus ou moins
nombreux
dans l'économie selon l'importance des flux migratoires et ils évoluent sur un
marché
du travail parfaitement intégré. Le travail qualifié et le capital sont les
seuls
facteurs taxés.
Les politiques d'immigration et de redistribution menées par les Etats sont à
l'origine
d'externalités véhiculées essentiellement par le marché du travail. Les
conclusions
qu'obtiennent Wellisch et Wildasin sont les suivantes : (1) à l'équilibre,
aucun des
Etats ne taxe le capital, (2) si chaque Etat ouvre ses frontières à de nouveaux
immigrants, cela se traduit par une baisse du revenu réel des salariés
nationaux qui
sont en concurrence avec ces nouveaux arrivants, (3) l'immigration augmente le
bien-être
dans les Etats où les immigrants apportent une contribution fiscale nette. En
revanche,
dans les Etats plus riches, les transferts sociaux perçus par les immigrants
peuvent
être supérieurs à leur contribution fiscale et le niveau de bien-être diminue.
On conclura enfin sur ces questions en soulignant la nécessité d'appréhender la
mobilité des individus et la concurrence fiscale entre Etats qui en résulte
dans une
perspective temporelle qui tient compte du cycle de vie des individus. En
effet, comme le
souligne Sinn (1990), en l'absence d'harmonisation des politiques fiscales et
sociales, on
pourrait assister à l'exode d'individus jeunes et très qualifiés qui iraient
s'installer dans un pays où la pression fiscale est plus faible et qui
pourraient revenir
dans leur pays d'origine, quand ils seraient plus vieux, pour bénéficier par
exemple
d'allocations plus généreuses.
ANNEXE 1 :
LE MODÈLE STANDARD DE CONCURRENCE FISCALE
L'économie considérée est composée de N Etats (i=1,....., N) qui font face à des
fonctions de demande et d'offre sur le marché des biens et des facteurs qui sont
relativement élastiques et qui cherchent à attirer du capital industriel
supposé se
déplacer sans coût..
Dans chaque pays, les ménages, supposés sédentaires, possèdent un facteur fixe
(des
terrains ou tout autre actif spécifique) et un facteur mobile taxé, le capital
productif. Le stock de capital est fixe au niveau de l'économie et il est
détenu selon
le cas par les individus résidents ou par des propriétaires extérieurs.
Le stock global de capital productif, , est considéré comme donné et Ki
représente le
volume de capital productif investi dans le pays i de sorte que :
(E.1)
Le capital et le facteur fixe servent à produire un bien privé, échangé sur un
marché
parfaitement concurrentiel et considéré comme un numéraire2. La technologie de
production est à rendements constants et on exclut tout effet de substitution
entre ces
deux facteurs de production suite à une modification de leur prix relatif.
La fonction de production du bien privé s'écrit :
fi(Ki) avec f'i > 0 > fi'' (E.2)
Le capital est supposé parfaitement mobile entre les différents pays. Les
investisseurs
recherchent donc la localisation qui offre le meilleur rendement après impôt. A
l'équilibre, le rendement net du capital, r, est donc partout identique:
f'i(Ki) - ti = r 3 i =1,......, N (E.3)
Les résidents perçoivent un taux de salaire qui correspond au revenu résiduel
une fois
que le capital a été rémunéré à sa productivité marginale. En l'absence
d'épargne,
les individus consomment tout leur revenu, déduction faite, bien évidemment,
des impôts
payés :
xi = Ri - Hi = f(Ki) - Kif'(Ki)+ qirK - Hi (E.4)
Le premier argument de xi, la consommation par tête de bien privé, représente
le revenu
du facteur résiduel (par exemple le salaire si le travail est le facteur fixe),
le second
correspond aux revenus du capital et le troisième aux impôts forfaitaires payés
par
chaque individu résident dans la localité considérée.
Les résidents d'une collectivité, supposés identiques dans leurs goûts et leur
revenu,
ont une fonction d'utilité dont les deux arguments sont la consommation de bien
privé,
xi et un bien public local, zi qui ne fait l'objet d'aucun effet de débordement
dans son
utilisation
14(
*
)
.
La fonction d'utilité de l'individu représentatif s'écrit :
U(xi, zi) (E.5)
avec Ui/xi > 0 ; Ui/zi > 0 ; 2U/xi2 < 0 ; 2U/zi2 < 0
Le bien public local est financé par une taxe unitaire sur le capital prélevée
à la
source, ti, et par un impôt forfaitaire payé par les résidents, Hi.
L'équilibre budgétaire du gouvernement se traduit donc par :
zi = tiKi+Hi (E.6)
Se pose enfin la question de la modélisation des choix dépensiers locaux :
devant la
difficulté d'obtenir une décision collective raisonnablement respectueuse des
préférences individuelles, les économistes interprètent traditionnellement
l'offre de
bien public (ou la dépense publique) comme le résultat de la demande d'un agent
représentatif, généralement l'électeur médian (Gilbert et Derycke, 1988). Les
choix
dépensiers des gouvernements sont donc dictés par le souci de respecter les
préférences des individus à travers la fiction de l'individu représentatif.
ANNEXE 2 :
MOBILITÉ DE LA BASE IMPOSABLE ET EXTERNALITÉS FISCALES
Si tous les pays
sont identiques, alors une augmentation unilatérale du taux d'impôt local sur
les
entreprises dans un pays i réduit sa base imposable comme le montre l'équation
(E.7) :
< 0 (E.7)
L'effet d'une augmentation du taux d'impôt sur le capital productif dans un
pays i a un
effet dépressif sur le retour net sur investissement comme le montre l'équation
suivante
:
= -1/N < 0 (E.8)
L'augmentation du taux d'impôt local dans le pays i se traduit par des
délocalisations
dont bénéficient chacune des autres pays (i j) :
> 0 (E.9)
Le retour net sur investissement et l'ampleur des externalités fiscales varient
de façon
inversement proportionnelle au nombre de pays (ou de collectivités locales) que
compte
l'économie considérée. Quand le nombre de pays ou de collectivités tend vers
l'infini,
dp/dti = 0 et dk'j / dti = 0 . Les pays possèdent une part tellement faible de
l'investissement total que leurs choix fiscaux n'altèrent pas le bien-être de
chacune de
leurs concurrents, prise séparément.
ANNEXE 3 :
L'ÉQUILIBRE DE NASH FISCAL
Un vecteur i* est un équilibre de Nash fiscal si, pour tout i, ti* est la
solution du
programme suivant :
Ui(xi, Zi)
xi = fi(Ki[i] - Ki(i)f'i(Ki[i]) + qir(i)K, (E.10)
s.c zi = tiKi(i),
tj = tj*, j i
La résolution du programme précédent, quand la concurrence s'exerce entre pays
parfaitement identiques s'écrit pour le pays i :
(E.11)
En dérivant la contrainte budgétaire privée par rapport à ti, on obtient7:
< 0 (E.12)
En dérivant la contrainte budgétaire du pays, on obtient :
(E.13)
Si l'on substitue les expressions (E.12) et (E.13) dans l'expression (E.11), on
montre
qu'à l'équilibre l'offre de bien public est inefficace :
>1 (E.14)
avec TMSi =( Ui/zi)/ Ui/xi), ei = K'i/Ki.(r+ti) et m = qi = 1/N
ANNEXE 4 :
INCIDENCE D'UNE POLITIQUE DE REDISTRIBUTION QUAND LES TRAVAILLEURS QUALIFIÉS ET
NON
QUALIFIÉS SONT MOBILES
Supposons que la
fonction de production dans un pays donné soit f(l1, l2). l1 et l2 représentent
respectivement le nombre de " riches " et de " pauvres "
dans
l'économie considérée. On suppose par ailleurs que tous les individus sont
supposés
parfaitement mobiles et les revenus nets des deux catégories de travailleurs
sont
considérés comme donnés.
A l'équilibre, sur le marché du travail, on aura :
f1 - t = w1
f1 est la productivité marginale des hauts revenus et t est le taux
d'imposition.
f2 + S = w2
f2 est la productivité marginale des bas revenus et S est l'allocation versée
aux
pauvres.
La contrainte budgétaire de la collectivité est : tl1 = Sl2
Le revenu net du facteur immobile s'écrit alors :
Supposons maintenant que l'on augmente t et S de façon à ce que le budget reste
équilibré, alors :
- car la redistribution supplémentaire provoque un exode des riches ( ) et
attire les
pauvres ( ). En d'autres termes, la redistribution est supportée par le seul
facteurs
immobile.
GLOSSAIRE15( * )
- Calcul à
la marge
(voir aussi rationalité économique) : toute décision individuelle
résulte
d'une comparaison et d'une égalisation à la marge des coûts et avantages qui y
sont
liés; c'est à cet instant que l'avantage maximum est atteint. Par exemple, une
firme en
situation de concurrence sur le marché des biens et des facteurs, embauchera
jusqu'au
point où la productivité marginale du dernier travailleur est précisément égale
au
salaire réel versé.
- Courbe d'indifférence
(voir aussi Utilité) : c'est l'ensemble des
combinaisons
de deux biens qui procurent au consommateur un niveau d'utilité identique.
- Equilibre de Nash
: c'est incontestablement le concept de solution par
excellence
en théorie des jeux. L'idée constitutive de l'équilibre de Nash est que chacun
cherche
à maximiser ses gains, en dehors de toute autre considération. Lorsqu'un
équilibre de
Nash est atteint, aucun joueur n'est incité à changer unilatéralement de
stratégie si
les autre s'en tiennent à la leur.
- Rationalité économique et équilibre
(voir aussi calcul à la marge) :
l'hypothèse de rationalité signifie que les individus cherchent le maximum de
satisfaction et qu'en en conséquence, ils exploitent toujours une opportunité
d'améliorer leur situation. Ainsi le consommateur rationnel cherche à répartir
un
budget donné entre un ensemble de biens de façon à maximiser son utilité. Si
l'on
considère deux biens X et Y qui coûtent respectivement Px et Py francs,
l'optimum du
consommateur est atteint quand l'utilité marginale d'un franc dépensé sur le
bien X est
égale à l'utilité marginale d'un franc dépensé sur le bien Y. Autrement dit,
UX/Px=
UY/Py ou encore TMS= (UX /UY)= Px/Py
16(
*
)
. Tant
que
UX/Px>UY/Py, le consommateur rationnel peut augmenter son utilité totale en
substituant 1 franc de bien X à un franc de bien Y. L'utilité marginale étant
une
fonction décroissante des quantités consommées de bien X et de bien Y, UX/Px
diminue
tandis que UY/Py augmente jusqu'à ce que les utilités marginales pondérées
soient
égales à l'équilibre du consommateur.
- Taux marginal de substitution
: le TMS entre deux biens Y et X mesure
la
variation de la quantité consommée du bien Y qui est nécessaire, le long d'une
courbe
d'indifférence , pour compenser une variation infiniment petite de la quantité
de bien
X.
- Taux marginal de transformation
: il mesure la quantité supplémentaire
de bien
public qui peut être produite lorsqu'on réduit de une unité la production de
bien
privé.
- Utilité totale
: elle mesure la satisfaction globale que retire un
individu de
la consommation d'un certain nombre de biens.
- Utilité marginale
(Ux) : c'est la variation de l'utilité totale qui
résulte
d'une variation infiniment petite de la quantité consommée d'un bien. L'utilité
marginale est positive- l'utilité totale croît avec les quantités consommées du
bien-
mais elle est décroissante- elle augmente de moins en moins vite .
- Productivité marginale
: elle mesure la variation de la quantité
produite d'un
bien pour une variation infiniment petite de la quantité de facteur. Pour un
état donné
des techniques, si l'on utilise une quantité croissante d'un facteur de
production, tous
les autres facteurs étant fixes, la productivité marginale de ce facteur doit
baisser à
un moment ou à un autre (FKK<0).
CHAPITRE II
L'IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS : DES "ÉCARTS
NON NÉGLIGEABLES" 17(
*
)
L'impôt sur les
sociétés affecte la rentabilité des entreprises et grève le rendement des
investissements. L'existence d'écarts d'imposition dans une économie ouverte et
interdépendante peut tout d'abord réduire l'efficacité économique. En effet, les
entreprises peuvent être incitées à se délocaliser vers les pays à fiscalité
avantageuse et à sélectionner des projets dont le taux de rendement avant impôt
n'est
pas le plus élevé. La productivité du capital est réduite, ce qui nuit à la
compétitivité internationale de l'Union, minore la production totale et y
abaisse le
niveau de vie. Les effets de la fiscalité sont encore amplifiés quand certains
Etats se
servent de " l'arme fiscale " afin d'attirer les entreprises. Les
écarts de
fiscalité ont en outre un effet sur la répartition des recettes fiscales entre
Etats :
les entreprises peuvent non seulement se délocaliser mais aussi utiliser un
ensemble de
techniques (prix de transferts, choix du mode de financement etc..) leur
permettant de
minimiser l'impôt, que l'on regroupe sous le vocable d'optimisation fiscale.
Un des objectifs de ce chapitre est d'évaluer la probabilité que de tel
scénario se
produisent. Il s'agit donc d'examiner dans un premier temps si l'on observe
dans l'Union
européenne des écarts significatifs de pression fiscale sur les entreprises
entre Etats.
Pour ce faire nous utilisons la notion de coût du capital, comme indicateur
synthétique
des différents systèmes de taxation. L'intérêt de ce concept est de prendre en
compte
la multiplicité des paramètres susceptibles d'influencer la localisation des
investissements: paramètres fiscaux (taux d'imposition, base imposable,
mécanismes
d'intégration de l'impôt sur les sociétés et sur les revenus des personnes
physiques,
mécanismes d'imposition des transactions internationales), nature de
l'investissement
(composition en actifs) et mode de financement. Les pays pour lesquels le coût
du capital
est le plus faible sont a priori ceux vers lesquels les flux d'investissements
devraient
se diriger en priorité.
Cela étant, il est important de préciser que le coût du capital ne permet pas
directement d'appréhender directement l'effet de la fiscalité sur la
localisation des
entreprises. En effet, l'impact d'un écart de coût du capital entre deux pays
sur la
mobilité des entreprises, dépend de l'importance du facteur fiscal dans le
choix de
localisation de celles-ci. Or d'autres facteurs interviennent comme par exemple
les coûts
salariaux ou encore la volonté de pénétrer certains marchés. Les études que nous
avons recensé concernant l'impact de la fiscalité sur les comportements de
délocalisations ne permettent pas de conclure, d'autant que les multinationales
ont la
possibilité de faire de l'optimisation fiscale en déplaçant une partie de leur
profit
d'un Etat vers un autre.
Nous consacrons la dernière partie de ce chapitre à une évaluation du "
code de
bonne conduite " adopté par le Conseil européen en 1997 et à la
proposition de
directive relative à la suppression de la double imposition pour les versements
d'intérêts entre sociétés d'un même groupe.
I. LE POIDS DE L'IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS DANS LES PAYS DE L'UNION EUROPÉENNE
Actuellement, si l'on exclut le Luxembourg, l'Italie et le Royaume-Uni, l'impôt sur le bénéfice des sociétés ne constitue qu'une faible part des recettes fiscales des Etats membres (tableau 1), même si son poids dans les recettes fiscales a augmenté au cours des dix dernières années dans la majorité des pays (+0,2 points en moyenne). La moitié des pays (graphique 1) ont vu leurs recettes augmenter : la Belgique, le Danemark, la Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Autriche, la Finlande et la Suède, l'autre moitié (graphiques 2 et 3) connaissant une baisse.
Impôts sur les bénéfices des sociétés en % des recettes totales
(En % de recettes totales)
|
1985 |
1990 |
1993 |
1995 |
1996 |
|
|
|
|
|
|
Source : OCDE (1998).
1. Impôts sur
les bénéfices des sociétés en % du PIB: pays où les recettes sont supérieures à
la
moyenne
2. Impôts sur les bénéfices des sociétés en % du PIB : pays où les recettes
sont
proches de la moyenne
3. Impôts sur les bénéfices des sociétés en % du PIB: pays où les recettes sont
inférieures à la moyenne
Dans le même temps, l'ensemble des pays de l'Union européenne ont connu une
diminution
des taux d'imposition (tableau 2), les baisses les plus significatives revenant
à
l'Autriche, à la Suède et à la Finlande. Comme nous le verrons dans la partie
suivante,
la comparaison des taux d'imposition faciaux entre les pays ne peut permettre
de se
prononcer sur les écarts de pression fiscale pesant sur les entreprises qui
exercent dans
les différents pays de l'Union monétaire et ne constitue donc pas un indicateur
de
l'incitation à se délocaliser.
Taux d'impôt des sociétés dans les 15 pays de l'Union européenne
|
1990 |
1991 |
1993 |
1994 |
1997 |
Allemagne |
50/36* |
50/36* |
50/36* |
45/30* |
45/30* |
Autriche |
61,5 |
30 |
30 |
34 |
34 |
Belgique |
43 |
39 |
39 |
39 |
39 |
Danemark |
40 |
38 |
38 |
34 |
34 |
Espagne |
35 |
35 |
35 |
35 |
35 |
Finlande |
40 |
23 |
25 |
25 |
28 |
France |
37/42* |
34/42* |
34 |
33,3 |
33,3 |
Grèce |
46 |
46 |
46 |
40 |
40 |
Irlande |
43 |
43 |
40 |
40 |
38 |
Italie |
36 |
36 |
36 |
36 |
36 |
Luxembourg |
34 |
33,33 |
33,33 |
33,33 |
33 |
Pays-Bas |
35 |
35 |
35 |
35 |
35 |
Portugal |
36,5 |
36 |
36 |
36 |
36 |
Royaume-Uni |
35 |
34 |
33 |
33 |
33 |
Suède |
52 |
30 |
30 |
28 |
28
|
Source : Commission des Communautés européennes. Le premier taux indique le taux d'imposition sur les bénéfices réinvestis (non distribués) et le second le taux d'imposition sur les bénéfices distribués.
II. UNE MESURE DES ÉCARTS DE FISCALITÉ : LE COÛT DU CAPITAL
Evaluer les
écarts de fiscalité entre pays est relativement complexe, d'autant que chaque
entreprise
(ou encore chaque investissement) est un cas particulier. Les entreprises,
parce qu'elles
sont imposées dans le pays dans lequel elles résident, sont soumises, soit au
régime
fiscal de droit commun qui, en pratique, s'applique à la majorité des
entreprises
résidentes d'un Etat, soit à un régime privilégié (zones ou activités
spécifiques).
Les dispositions qui régissent ces régimes sont nombreuses et la seule
comparaison des
taux d'imposition faciaux entre Etats ne suffit pas pour se prononcer sur les
écarts de
pression fiscale pesant sur les entreprises. Il faut aussi tenir compte du mode
de calcul
de la base imposable, celle-ci dépendant entre autres des règles
d'amortissement et de
provision.
Pour les entreprises qui opèrent dans plusieurs Etats membres il faut tenir
compte en
outre du régime fiscal du pays de résidence de la société mère (qu'il soit de
droit
commun ou dérogatoire), mais aussi de celui du pays d'implantation de la
filiale et de
l'interaction entre ces deux régimes. Nous utilisons par la suite une mesure du
différentiel fiscal, appelée coût du capital, qui permet de prendre en compte
les
principales dispositions contenues dans le régime fiscal de droit commun des
Etats. Cette
mesure donne une information sur l'incitation pour une entreprise à investir
dans un pays
donné. Compte tenu de la multiplicité des régimes privilégiés, ceux-ci ne sont
pas
pris en compte dans les calculs de coût du capital. En revanche, nous tenons
compte des
principes d'imposition des revenus transnationaux. Autrement dit, nous
calculons le coût
du capital à la fois pour les investissements intérieurs à chaque Etat et pour
les
investissements internationaux. Dans les deux cas, un rapide survol des
législations
nationales et internationales est effectué.
A. LES LÉGISLATIONS NATIONALES ET INTERNATIONALES
1. Les systèmes nationaux
Actuellement, il existe une grande hétérogénéité des systèmes de taxation des bénéfices entre pays de l'Union européenne. Pour ce qui est du barème d'imposition, les taux nominaux (tableau 3) varient de 28% pour la Finlande et la Suède à plus de 40% pour l'Allemagne, la Belgique et la France. Seule l'Allemagne taxe différemment les bénéfices réinvestis et les bénéfices redistribués. Dans certains cas, comme l'Irlande, le Luxembourg ou le Royaume-Uni, le taux d'imposition dépend du montant du bénéfice imposable. La détermination de la base imposable varie elle aussi en fonction des pays. Par exemple, si des provisions pour la hausse des prix sont autorisées en France, elles ne le sont pas en Allemagne. En revanche, tous les pays autorisent la déductibilité des intérêts. L'amortissement des actifs corporels est généralement autorisé dans tous les Etats mais les modes de calculs varient selon les pays et selon le type d'actifs (tableau 4). En ce qui concerne les machines, par exemple, la plupart des pays utilisent un système d'amortissement dégressif. Seuls l'Italie, les Pays-Bas et l'Autriche autorisent un amortissement linéaire, l'Allemagne, la Belgique et la France autorisant un système mixte qui s'avère plus généreux que celui de leurs voisins. En revanche, les actifs incorporels ne sont pas amortissables en France, alors qu'ils le sont dans les autres pays Européens. Enfin, les règles relatives aux reports, en avant et en arrière, des déficits varient selon les pays.
3. Taux nominaux d'imposition des sociétés (1998)
|
Sociétés résidentes |
Allemagne (1) |
47,47 / 31,61 |
Autriche (2) |
34 |
Belgique (3) |
40,17 |
Danemark |
34 |
Espagne (4) |
35 |
Finlande |
28 |
France (5) |
41,66 |
Grèce (6) |
35 |
Irlande (7) |
25 si bénéfices <= 50
000 £IR
|
Italie (8) |
37 |
Luxembourg |
20% sur la partie du
bénéfice Î [1-400 000 Flux]
|
Pays-Bas |
35 |
Portugal (10) |
34 |
Royaume-Uni |
21% si bénéfice < 300
000 £
|
Suède |
28
|
Source
:
European Tax Handbook, IBFD publication 1998, Fiscalité des Etats Membres de
l'Union
Européenne, Dictionnaire Permanent Fiscal (1998).
(1) Le premier taux s'applique aux bénéfices réinvestis, le second aux bénéfices
distribués. Ces taux prennent en compte la majoration au titre de la taxe de
solidarité
de 5,5%.
(2)Un taux de 22% est appliqué aux sociétés de financement de PME (capital
risque). Par
ailleurs, en fonction de leur chiffre d'affaires, les sociétés sont soumises à
un
montant minimum d'IS.
(3) Ce taux prend en compte la majoration de la contribution complémentaire de
crise de
3%. Les taux sont réduits en fonction du niveau des bénéfices réalisés.
(4) Pour les PME (CA<10MF) ce taux est de 30% pour la partie de la base
imposable <
à 600.000 F et 35% au-delà.
(5) Ce taux prend en compte la surcharge de 10% et de 15%. Pour les PME
(CA<50MF) ce
taux est de 20,9 % sur un maximum de 200000 F de bénéfices réinvesti et de
36,66% (plus
une majoration de 15%) sur les autres bénéfices.
(6) Ces taux s'appliquent aux SA dont les actions sont cotées à Athènes et aux
SARL.
Pour les SA non cotées et pour les banques ce taux est de 40%.
(7) Un taux réduit de 10% s'applique à certaines activité industrielles,
informatiques
etc.. et sont aussi accordées aux filiales des sociétés étrangères.
(8) Pour les bénéfices non distribués, un taux de 19% s'applique sur la
fraction des
bénéfices correspondant à la rémunération de l'augmentation de l'actif net. Le
taux
moyen d'imposition de l'ensemble du bénéfice ne peut être inférieur à 27%.
(9)Ce taux comprend une surtaxe de 4% au profit du fonds pour l'emploi.
(10)Un taux de 27,5% est appliqué aux sociétés d'investissements immobiliers.
4. Règles d'amortissement (1)
Etats Membres
|
Machines |
Immeubles(1) |
Allemagne |
Amortissement linéaire et dégressif |
Amortissement linéaire ou
amortissement dégressif
|
Autriche |
Amortissement linéaire obligatoire |
Amortissement linéaire obligatoire |
Belgique |
Amortissement linéaire de droit commun ou dégressif sur option. |
Amortissement linéaire de droit commun ou dégressif sur option |
Danemark |
Amortissement dégressif de 30% |
Amortissement linéaire obligatoire |
Espagne |
Amortissement linéaire de droit commun ou dégressif sur option |
Amortissement linéaire obligatoire |
France |
Amortissement linéaire |
Amortissement linéaire |
Finlande |
Amortissement dégressif |
Amortissement dégressif |
Grèce |
Amortissement linéaire |
Amortissement linéaire |
Irlande |
Amortissement linéaire obligatoire |
Amortissement linéaire obligatoire :
|
Italie |
Amortissement linéaire |
Amortissement linéaire |
Luxembourg |
Amortissement linéaire ou Amortissement dégressif |
Amortissement linéaire de droit |
Pays-Bas |
Amortissement linéaire |
Amortissement linéaire |
Portugal |
Amortissement linéaire |
Amortissement linéaire |
Royaume-Uni (5) |
Amortissement dégressif |
Amortissement linéaire obligatoire |
Suède |
Amortissement dégressif de droit et linéaire sur option
|
Amortissement linéaire obligatoire : |
Source
:
European Tax Handbook, IBFD publication 1998, Fiscalité des Etats Membres de
l'Union
Européenne, Dictionnaire Permanent Fiscal (1998).
(1) Voir annexe 2 pour le détail des taux.
2. Les mécanismes d'intégration de l'impôt sur les sociétés et de l'impôt sur le revenu
Il faudrait en
toute rigueur intégrer dans nos calculs les caractéristiques des systèmes
d'imposition
des personnes car ce sont les actionnaires qui in fine détiennent les
entreprises. En
effet, les rémunérations qui leur sont versées par l'entreprise - que ce soit
sous
forme de dividendes, de paiement d'intérêts ou de plus values - sont imposées,
ce qui
affecte le rendement des investissements. Les actionnaires peuvent être soumis
à une
pression fiscale différente en fonction du pays de résidence mais aussi à
l'intérieur
d'un même Etat selon le mode de placement, ce qui rend particulièrement complexe
l'interprétation des interactions entre l'impôt sur les sociétés et l'imposition
personnelle. Dans la mesure où nous souhaitons concentrer notre attention sur
l'impôt
sur les sociétés, nous ne tiendrons pas compte de l'imposition personnelle sur
les
revenus du capital . En revanche, le mode d'intégration de l'impôt sur les
sociétés et
de l'impôt sur le revenu, ou encore le mécanisme de correction de la double
imposition
au moment du transfert de dividendes entre l'entreprise et ses actionnaires,
seront pris
en compte. Généralement, le même système est appliqué à tous les résidents qu'il
s'agissent des entreprises ou des actionnaires, mais les non-résidents n'en
bénéficient
pas.
Trois types de mécanisme peuvent être appliqués :
- Le système classique (coexistence de l'impôt sur les société et de l'impôt
sur le
revenu) qui ne corrige pas la double imposition.
- Le système de l'exonération (pas d'imposition au titre de l'impôt sur le
revenu).
- Le système d'imputation (système de l'avoir fiscal en France) qui suppose que
l'impôt
sur les sociétés est un pré-paiement de l'impôt sur le revenu, ce qui donne
droit aux
actionnaires à l'application d'un crédit d'impôt à valoir sur leur impôt
personnel.
Aucun des trois systèmes ne domine parmi les Etats membres. L'Autriche, la
Belgique, les
Pays-Bas et la Suède appliquent un système classique. Le Luxembourg et le
Danemark
appliquent un système classique accompagné d'une exonération de 50% des
dividendes
déclarés pour les actionnaires au Luxembourg et d'un taux réduit sur ces mêmes
dividendes au Danemark. L'Allemagne, l'Espagne, la France, l'Irlande, le
Portugal et le
Royaume-Uni appliquent un système d'imputation partielle. Enfin, la Finlande et
l'Italie
appliquent un système d'imputation totale. Le choix d'un mécanisme n'est pas
neutre; le
cas de la Suède et de la Finlande est à cet égard significatif. Comme énoncé
ci-dessus, les dividendes sont imposés deux fois en Suède et une seule fois en
Finlande,
ce qui s'est traduit ces dernières années par une délocalisation de sièges
d'entreprises suédoises vers la Finlande.
3. Principes d'imposition des revenus transfrontaliers
Il existe
traditionnellement deux grands principes d'imposition internationale du
bénéfice : le
principe de la source (ou de territorialité) et le principe de la résidence (ou
bénéfice mondial). Le premier suppose qu'un pays impose tous les revenus
engendrés sur
son territoire, qu'ils aient été réalisés par des résidents ou des
non-résidents.
Pour le second, le pays doit imposer tous les revenus perçus par les résidents
nationaux, qu'ils aient été réalisés sur le territoire national ou à l'étranger.
L'application stricte de l'un ou l'autre de ces principes évite les problèmes
de double
imposition, mais engendre deux types d'inefficacités économiques lorsque les
systèmes
nationaux diffèrent : l'absence de neutralité à l'exportation de capitaux (NEC)
et de
neutralité à l'importation de capitaux (NIC). Le respect de la NEC signifie
qu'une
entreprise, dont le siège social est dans son pays d'origine, ne voit pas son
choix
d'implanter une filiale dans un autre pays influencé par l'impôt. Autrement dit,
l'investisseur doit faire face au même taux effectif d'imposition quelle que
soit la
localisation de l'investissement. La NIC requiert que les producteurs qui
vendent sur le
même marché supportent le même taux d'imposition. Pour réaliser la NEC, il faut
imposer les entreprises selon le principe de résidence. Dans ces conditions, une
société française doit être soumise au régime fiscal français, quel que soit le
pays
où elle investit. Toutefois, les entreprises installées en France et contrôlées
par
une société située à l'étranger ne sont pas imposées de la même façon que les
entreprises françaises et la NIC n'est donc plus respectée. En revanche, la NIC
est
respectée si le principe de la source est appliqué. Les entreprises qui
investissent en
France supportent alors le même taux d'imposition quel que soit leur pays
d'origine. Dans
ce cas, c'est la NEC qui est en défaut.
Les systèmes en vigueur dans les Etats de l'Union européenne sont un mélange du
principe de la source et du principe de résidence. En effet, à l'exception de
la France
qui applique le principe de la source, la plupart des pays appliquent le
principe de
résidence, mais se réservent aussi le droit d'imposer les entreprises non
résidentes.
Plus précisément, pour une société transnationale le prélèvement peut opérer à
quatre niveaux. Les bénéfices sont tout d'abord imposés au titre de l'impôt sur
les
sociétés au niveau de la filiale dans le pays où ils sont réalisés. Ils font
ensuite
l'objet d'un prélèvement à la source (éventuellement récupérable) dans le pays
d'origine quand ils sont distribués à la société-mère. Enfin, ces bénéfices
peuvent
être imposés à l'impôt sur les sociétés dans le pays de résidence de la
société-mère et in fine à l'impôt sur le revenu au niveau de l'actionnaire
final.
D'une façon générale, les bénéfices sont toujours imposés à l'IS dans le pays
dans
lequel ils sont réalisés, que les sociétés soient résidentes ou non . En
revanche
l'application d'une retenue à la source sur le rapatriement des revenus n'est
pas
systématique. Elle dépend de la nature du revenu rapatrié (dividendes,
versements
d'intérêts, royalties) et du statut juridique de l'entreprise.
Sous certaines conditions, la directive mère-filiale du 23 Juillet 1990, entrée
en
vigueur le 1er janvier 1992, prévoit la suppression de toute retenue à la
source sur les
dividendes qu'une filiale distribue à sa société-mère dans un autre Etat membre
.
Toutefois, si ces conditions ne sont pas respectées, les pays appliquent une
retenue à
la source sur les dividendes dont le taux est généralement fixé par une
convention
bilatérale ou à défaut par l'application du droit interne. La directive
mère-filiale
ne s'applique pas, en revanche, aux transferts d'intérêts et aux royalties
entre les
sociétés d'un même groupe. Les pays de l'Union européenne imposent les intérêts
reçus des filiales et accordent un crédit d'impôt lorsque ces intérêts ont déjà
subi un prélèvement à la source. Dans la plupart des cas, ces prélèvements sont
nuls.
Toutefois, la Belgique, l'Italie et le Portugal prélèvent quasiment
systématiquement
une retenue à la source sur les versements d'intérêts. Il existe une retenue à
la
source en France pour des destinations telles que le Luxembourg, la Belgique ou
encore le
Portugal. Enfin, certains pays comme le Portugal n'ont pas conclu de
conventions fiscales
bilatérales avec tous les Etats membres . Dans ce cas, le droit interne
s'applique et
toute retenue à la source est alors définitive.
La directive mère-filiale a en outre comme objectif d'éviter la double
imposition des
bénéfices réalisés par une filiale qui est résidente d'un autre Etat. Deux
méthodes
sont utilisées par le pays de résidence pour alléger la double imposition des
bénéfices de source étrangère : l'exemption et l'imputation (voir encadré 1)
Cette
dernière, si elle prend en pratique des formes très diverses, correspond dans
son
principe à un crédit d'impôt accordé au titre des bénéfices imposés dans le pays
source. La plupart des pays utilisent le système de l'exonération , le crédit
d'impôt
étant utilisé par l'Irlande et le Royaume-Uni. Le régime fiscal des dividendes
reçus
d'une filiale dont l'activité est située dans le même pays que la société-mère
peut
différer du régime appliqué aux filiales étrangères. Ainsi, l'Allemagne,
l'Espagne,
la Finlande et l'Italie appliquent un système d'imputation à leur filiale
résidente. La
Belgique et le Portugal appliquent l'exonération à 95%. Les autres pays
pratiquent
l'exonération.
Les systèmes du crédit d'impôt et de l'exonération
Le système du
crédit d'impôt consiste, pour un Etat qui taxe les entreprises selon le
principe de
résidence (bénéfice mondial), à accorder à une société résidente un crédit
d'impôt correspondant aux impôts payés sur ses bénéfices réalisés à l'étranger.
Exemple : Soit une société américaine dont le bénéfice réalisé à l'étranger est
égal à 100 $. Le taux d'impôt sur le bénéfice des sociétés est supposé égal à 35
% aux Etats-Unis et à 15 % dans le pays étranger. Dans ces conditions, cette
société
paiera 15 $ d'impôts au pays étranger et 20 $ (35 $ - 15 $) au Trésor
américain. En
effet, l'impôt sur les sociétés dont elle est redevable aux Etats-Unis (35 $ =
100*35
%) est réduit à 20 % grâce au crédit d'impôt de 15 $.
Il peut cependant arriver que le profit de la filiale ne soit imposé dans le
pays de
résidence de la société-mère que lorsqu'il est rapatrié par la société-mère.
Exemple : Soit une société américaine dont une des filiales située à l'étranger
réalise un bénéfice égal à 500 $. Si le taux d'impôt sur le bénéfice des
sociétés est de 10 %, cette filiale paie 50 $ d'impôt. Supposons que cette
filiale
verse pour 100 $ de dividendes à sa société-mère, elle peut par conséquent
utiliser
le reste (soit 350 $) pour développer ses activités. Dans ce cas, la
société-mère va
payer des impôts au Trésor américain sur les 100 $ de dividendes (et bénéficier
par
conséquent d'un crédit d'impôt correspondant à l'impôt payé par la filiale au
pays
étranger sur les 100 $). La société-mère ne paiera aucun impôt sur les 350 $
restant
tant qu'ils n'auront pas été rapatriés aux Etats-Unis.
Enfin, dans la plupart des pays, le crédit d'impôt ne peut pas être utilisé par
la
société-mère pour réduire la charge fiscale dont elle est redevable sur les
profits
réalisés dans le pays de résidence. Autrement dit, le crédit d'impôt
correspondant
aux impôts payés à l'étranger par une filiale ne peut excéder le montant d'impôt
correspondant à ce que prélève le pays résidence.
Exemple : Une société-mère résidant aux Etats-Unis dont le bénéfice réalisé à
l'étranger est égal à 200 $ pourra prétendre à un crédit d'impôt au plus égal à
70 $ (35 %*200 $).
Crédit d'impôt ou exemption ?
Le système de l'exemption suppose que l'entreprise supporte le taux
d'imposition du pays
de la source. Ce système est plus avantageux que le système du crédit d'impôt
si le
taux d'imposition dans le pays de résidence est plus élevé. Si le taux est
inférieur
les deux systèmes sont équivalents.
B. LE COÛT DU CAPITAL ASSOCIÉ AUX INVESTISSEMENTS INTÉRIEURS ET TRANSNATIONAUX EN EUROPE : DES ÉCARTS NON NÉGLIGEABLES
Le coût du
capital (voir encadré 2 et annexe 2.1) permet de synthétiser l'ensemble des
paramètres
fiscaux présentés ci-dessus et s'interprète comme le taux de rendement avant
impôt
nécessaire pour qu'un investissement réalisé à la marge rapporte après impôt
sur les
sociétés un taux de rendement réel fixé ici à 5% . Autrement dit, plus la charge
fiscale pesant sur les entreprises est forte, plus le taux de rendement avant
impôt de
cet investissement doit être élevé pour assurer un taux de rendement après
impôt de 5
% à l'investisseur. Le calcul du coût du capital pour l'ensemble des pays
européens
permet de comparer la rentabilité minimale qu'une entreprise doit être en
mesure de
dégager pour un investissement additionnel réalisé dans son pays de résidence
ou à
l'étranger. Il permet en outre de comparer la charge fiscale qui repose sur une
entreprise qui investit dans son pays par rapport à celle que supporterait un
investissement réalisé par une société étrangère.
* Le tableau 5 donne le coût du capital dans chaque Etat pour des
investissements
intérieurs en fonction du mode de financement et du type d'actif. Le tableau 6
donne le
coût du capital tous modes de financement et actifs confondus. Dans l'annexe
II.1
figurent les tableaux des calculs intermédiaires.
On remarque que le mode de financement le plus avantageux est l'endettement.
Dans le cas
extrême ou l'investissement n'est financé que par endettement, le coût d'usage
du
capital - après prise en compte des amortissements - est indépendant du taux
d'impôt
sur les sociétés. Le taux de rendement net d'amortissement de l'investissement
marginal
doit être exactement égal au taux d'intérêt . Dans ces conditions, le taux de
rendement devrait donc être égal à 5%. Ce sont donc les amortissements dont le
régime
est différent selon les pays qui expliquent les taux inférieurs à 5% que l'on
trouve
dans le cas de l'endettement. Le coût du capital sera d'autant plus faible que
le
système d'amortissement est avantageux et que le taux de l'IS est élevé (C'est
le cas
en l'Allemagne et en Belgique).
Quand l'investissement marginal est financé par augmentation de capital, le
taux de
rendement, net d'amortissement, doit être tel que le montant des dividendes
distribués
soit au moins égal à ce qu'aurait pu obtenir l'investisseur sur les marchés
financiers.
Ce taux va dépendre à la fois des systèmes d'amortissement mais aussi du
système de
correction de la double imposition qui est appliqué. Il sera d'autant plus
faible que les
systèmes d'impôt sur les sociétés et d'imposition personnelle sont intégrés.
C'est
le cas de la Finlande et de l'Italie qui appliquent un système d'imputation
intégrale,
le montant de l'impôt sur les sociétés étant intégralement déduit de l'impôt
payé
par l'actionnaire. Dans la mesure où l'impôt sur le revenu des personnes
physiques est
supposé nul, le coût du capital avant impôt est, pour ces deux pays et pour les
deux
modes de financement que sont l'endettement et l'augmentation de capital,
identique et
inférieur à 5%. Pour les pays qui n'appliquent qu'un système d'imputation
partielle
(c'est-à-dire ceux dont la législation prévoit que seule une partie de l'impôt
sur les
sociétés est comptabilisée comme un pré-paiement imputable sur l'impôt sur le
revenu), le coût du capital devrait, toute chose égale par ailleurs, être
supérieur à
5%. Le coût du capital devrait être d'autant plus élevé que le taux
d'imputation est
faible mais il faut aussi tenir compte des écarts de taux d'imposition et des
différences entre les systèmes d'amortissement. De fait, L'Allemagne, L'Espagne
et la
France ont, pour ce mode de financement, un coût du capital relativement
faible.
Lorsque l'investissement est autofinancé, les actionnaires reçoivent les
bénéfices
sous forme de gains en plus-values et non sous forme de dividendes et ne
bénéficient
donc pas du système d'imputation. L'imposition des actionnaires étant ignorée
ici, le
coût du capital est donc plus élevé quand le mode de financement utilisé est
l'autofinancement, mais est il est identique à celui obtenu dans le cas d'un
financement
par augmentation de capital pour les pays (Autriche, Belgique, Danemark, Pays
Bas, Suède)
qui appliquent un système classique.
Les taux de rendement intérieurs avant impôt sont plus proches que ne le sont
les taux
d'imposition faciaux. En effet les systèmes d'imposition, dans chaque Etat,
mettent en
jeu des mécanismes qui se compensent, pour conduire in fine à une moindre
dispersion des
taux de rendement avant impôt par rapport au taux faciaux. Cependant, les
écarts peuvent
être considérables. On constate par exemple (tableau 5) des différences de taux
effectifs d'imposition de plus de 60 % entre la France et les Pays- Bas quand
l'investissement est financé par augmentation de capital, cet écart étant
beaucoup plus
faible dans le cas de l'endettement (5 %). Ces différences selon le mode de
financement
tendent à montrer le rôle non négligeable des systèmes de correction de la
double
imposition, qui n'ont d'effet que dans le cas de l'augmentation de capital.
Notons enfin
que les écarts sont moins marqués lorsque l'on considère conjointement
l'ensemble des
modes de financement mais restent importants (tableau 6). C'est en Autriche,
aux Pays-Bas
et au Danemark que les coûts sont les plus forts, la France se situant dans la
moyenne
des pays européens.
5. Taux de
rendement avant impôt requis pour un rendement net de 5% :
investissements intérieurs
|
Mode de financement |
|
|
Actifs |
|
|
|
Autofinancement |
Augmentation de capital |
Endettement |
Machines |
Bâtiments |
Stocks |
Allemagne |
6,83% |
3,42% |
3,33% |
3,17% |
7,24% |
7,50% |
Autriche |
6,75% |
6,75% |
4,50% |
5,58% |
6,09% |
6,67% |
Belgique |
5,38% |
5,38% |
2,88% |
2,53% |
5,93% |
7,18% |
Danemark |
6,54% |
6,54% |
4,37% |
5,18% |
6,15% |
6,67% |
Espagne |
6,82% |
4,93% |
4,51% |
5,22% |
6,34% |
6,53% |
France |
6,65% |
4,39% |
4,54% |
4,91% |
6,01% |
7,04% |
Finlande |
6,13% |
4,44% |
4,44% |
4,95% |
5,57% |
6,07% |
Irlande |
6,34% |
6,09% |
4,31% |
5,01% |
5,96% |
6,50% |
Italie |
6,91% |
4,40% |
4,40% |
5,43% |
5,74% |
6,62% |
Luxembourg |
6,34% |
6,34% |
4,40% |
5,14% |
5,94% |
6,47% |
Pays-Bas |
7,06% |
7,06% |
4,76% |
6,09% |
6,14% |
6,75% |
Portugal |
6,64% |
5,11% |
4,22% |
5,04% |
5,84% |
6,75% |
RU |
6,36% |
5,11% |
4,49% |
5,18% |
5,77% |
6,25% |
Suède |
6,15% |
6,15% |
4,46% |
5,11% |
5,80% |
6,26% |
Moyenne |
6,49% |
5,44% |
4,26% |
4,90% |
6,04% |
6,66%
|
Calcul des
auteurs (législation 1998) (1) Les taux d'imposition sur les revenus des
actionnaires
(dividendes, intérêts et plus-values) sont supposés nuls ainsi que le taux
d'inflation.
On suppose pour les colonnes (4) (5) et (6) , c'est-à-dire, pour chaque type
d'actifs,
que l'entreprise finance son investissement par autofinancement (55%) par
augmentation de
capital (10%) et par endettement (35%). De même, pour chaque mode de
financement,
colonnes (1), (2) et (3), on suppose que l'investissement réalisé est constitué
pour
50% de bâtiments, pour 28% de machines et 22% de stocks.
Lecture : Si une société française investit en France, pour qu'elle soit
en mesure
d'assurer à ses investisseurs français un taux de rendement après IS de 5%, il
faut
qu'elle obtienne un taux de rendement avant impôt de 6,65%, lorsque la filiale
est
financée sur les bénéfices non distribués de la société-mère, un taux de 4,39%
dans
le cas d'une augmentation de capital et un taux de 4,54% dans le cas où
l'investissement
est financé par endettement.
6. Taux de rendement moyens avant impôt requis pour un rendement net de 5% : investissements intérieurs
En %
|
|
|
|
4,53
|
5,97
|
|
|
|
Source
:
Calculs des auteurs (législation 1998). Les taux d'imposition sur les revenus
des
actionnaires (dividendes, intérêts et plus values) sont supposés nuls, ainsi
que le
taux d'inflation. Dans la colonne "Mode de financement", on suppose
que
l'investissement réalisé est constitué pour 50% de bâtiments, pour 28% de
machines et
22% de stocks et que le projet est financé pour 1/3 par chaque mode de
financement
(augmentation de capital, autofinancement, endettement). Dans la colonne
"Actifs", on suppose que l'entreprise finance son investissement par
autofinancement (55%), par augmentation de capital (10%) et par endettement
(35%) et que
par ailleurs, elle utilise 1/3 de chaque actif pour son projet.
Lecture : Si une société française investit dans une filiale en France,
pour
qu'elle soit en mesure d'assurer à ses investisseurs français un taux de
rendement
après IS de 5%, il faut qu'elle obtienne un taux de rendement avant impôt de
5,19%,
lorsque la filiale est financée pour 1/3 par chaque mode de financement et de
5,98%
lorsque la composition de cet investissement en actifs est de 1/3 de machines
1/3 de
bâtiments et de 1/3 de stocks.
Le coût du capital
Supposons qu'une
société souhaite développer son activité dans son pays de résidence ou à
l'étranger. Elle n'investira dans ce projet que si le taux de rendement de ce
projet est
au moins égal à ce qu'elle aurait pu obtenir en plaçant sur le marché financier,
c'est-à-dire au taux d'intérêt. On peut raisonner de façon identique en
supposant que
l'entreprise appartienne à un actionnaire. Dans ce cas, l'actionnaire ne sera
incité à
placer son argent dans un projet d'investissement (sous forme d'actions ou
autres) que si
l'entreprise qui met en oeuvre le projet est en mesure de lui assurer un
rendement au
moins égal au taux d'intérêt du marché.
En présence d'impôts, le taux de rendement avant impôt de son projet doit être
suffisant pour payer les impôts et assurer à l'actionnaire un rendement égal au
taux du
marché. On suppose que le raisonnement s'effectue sur le projet d'investissement
marginal. Autrement dit, le taux de rendement avant impôt est celui qui assure
l'égalité de la valeur actualisée du projet à son coût. Il représente le taux de
rendement minimal à partir duquel la société décidera d'investir, qui est aussi
le
coût d'usage du capital.
Le coût du capital ou le taux de rendement avant impôt dépend de variables
macro-économiques, telles que le taux d'inflation et le taux d'intérêt, et de la
législation fiscale : taux d'imposition sur les sociétés, provisions pour
amortissements ou encore subventions d'investissement. Il dépend aussi de
l'actif, du
secteur et du mode de financement utilisé. En effet, le système d'amortissement
diffère
selon le secteur et le type d'actif considérés. De même, la politique
financière de la
firme (forme de financement pour le nouvel investissement) a une incidence sur
le montant
d'impôt payé. La possibilité de déduire les intérêts d'emprunt de la base
imposable
constitue une incitation à financer l'investissement par emprunt plutôt que par
émission d'actions.
Le rendement de l'investissement qui échoit in fine aux actionnaires est soumis
à
l'imposition des revenus personnels et dans certains cas bénéficie d'une
correction pour
la double imposition que constitue le prélèvement sur une même somme, à la
fois, de
l'impôt sur les sociétés et de l'imposition personnelle. Le coût du capital
dépend
donc aussi des systèmes d'imposition personnelle et des mécanismes de
correction de la
double imposition. Les rendements de l'investissement peuvent prendre la forme
de
dividendes, d'intérêts ou encore de plus-values en fonction du mode de
financement de
l'investissement. Les dividendes, de même que les intérêts, sont imposés à un
taux
généralement plus élevé que le taux d'imposition des plus-values. Le
différentiel
entre le taux d'imposition personnel et celui sur les plus-values peut procurer
une
incitation pour la firme à s'autofinancer plutôt qu'à emprunter ou émettre des
actions, si ce différentiel permet de compenser l'impôt sur les sociétés. On
peut
encore distinguer la façon dont l'épargnant fournit des fonds (soit
directement, soit
par un intermédiaire tel qu'une banque ou une compagnie d'assurance, soit par le
mécanisme des fonds de pension).
Il existe donc autant de coûts du capital que de combinaisons d'actifs, de
modes de
financement pour l'investissement marginal et de catégories d'actionnaires.
L'ensemble
des combinaisons ne pouvant être considéré, nous n'avons retenu que quelques
cas de
figures dans le calcul du coût du capital présentés dans les tableaux 3 à 6 .
Les
hypothèses sont présentées dans l'annexe 1.
Les tableaux 7 et 8 présentent les taux de rendement (tous modes de financement
confondus) avant impôt pour des investissements transnationaux effectués dans
quatorze
des quinze pays membres par une société multinationale. Dans le tableau 7, le
pays de
résidence est considéré comme le pays de référence. Ainsi, compte tenu des
hypothèses, une multinationale française ou italienne aura intérêt à investir en
Allemagne ou en Belgique plutôt qu'aux Pays-Bas. Les écarts de taux de
rendement sont,
comme pour les investissements intérieurs, non négligeables : ils peuvent
atteindre plus
de 30%. Il ressort de ce tableau que l'Allemagne et la Belgique sont des pays
dans
lesquels il est fiscalement avantageux d'investir et inversement pour les
Pays-Bas.
Le tableau 8 présente les taux de rendement avant impôt, (1) lorsque les
entreprises
investissent dans l'Etat ou elles résident (2) lorsqu'elles investissent dans
chacun des
autres Etats, (3) quand les entreprises de chacun des autre Etats investissent
dans un
pays tiers. Il ressort ce tableau que ni le principe de neutralité à
l'importation des
capitaux, ni celui de la neutralité à l'exportation des capitaux ne sont
respectés. Ces
résultats ne font que refléter l'interaction relativement complexe entre les
systèmes
nationaux quand une société a des filiales dans plusieurs juridictions. Par
exemple, la
charge fiscale pesant in fine sur un investissement réalisé à l'étranger et
autofinancé par la filiale ne dépendra que du système fiscal du pays source. En
effet,
dans ce cas, le bénéfice réalisé grâce à cet investissement est imposé dans le
pays
de la source, et l'actionnaire du pays de résidence est rémunéré sous forme de
plus-value, celle-ci étant soumise au régime fiscal des plus-values. Dans la
mesure où
l'imposition des personnes est ici ignorée, seule compte la taxation dans le
pays de la
source. En revanche, un investissement financé par endettement dépend aussi du
régime
fiscal du pays de résidence de la société-mère, dans la mesure où le
remboursement
d'intérêts est intégré dans la base imposable de la société-mère. Dans ce cas,
entrent en ligne de compte les écarts de taux de prélèvement à la source sur les
revenus d'intérêt entre les Etats. La situation est analogue quand les
investissements
sont financés par augmentation de capital. Dans ce dernier cas, il faut tenir
compte du
régime d'intégration de l'IS et de l'IR. A cela, on ajoute enfin les principes
d'imposition internationaux (système de la correction de la double imposition
etc.).
L'application de la directive société-mère a permis de supprimer un certain
nombre de
distorsions. En effet, les investissements effectués en Allemagne par une
filiale
française ou britannique et financés par augmentation de capital supportent
aujourd'hui
le taux d'IS allemand. Toute chose égale par ailleurs, les différences de coût
du
capital qui existaient entre les pays du fait de l'application d'une retenue à
la source
lors du rapatriement des dividendes vers le pays de résidence ont disparu. En
revanche,
cette directive ne s'applique pas pour les revenus d'intérêts. Cependant, dès
lors que
des conventions bilatérales existent entre les pays, une retenue à la source
positive
est généralement " annulée " par le pays de résidence de la
société-mère
grâce à un système unique de crédit d'impôt. Cela n'est plus le cas si ces
conventions n'existent pas. Que ce soit pour les dividendes ou les intérêts, le
choix du
mécanisme d'élimination de la double imposition au niveau international modifie
le coût
du capital selon le pays de résidence de la société-mère. Quand le système de
l'exonération est appliqué, le taux de prélèvement supporté par la société-mère
est celui du pays de la source. Dans le cas du crédit d'impôt, ce taux dépend du
différentiel d'imposition entre les deux pays
.
7. Taux de
rendement avant impôt requis pour un rendement net de 5%
Investissements transnationaux
(Base 100 pour le pays de résidence)
|
Pays de la résidence |
|||||||||||||
Source |
Allemagne |
Autriche |
Belgique |
Danemark |
Espagne |
France |
Finlande |
Irlande |
Italie |
Luxembourg |
Pays Bas |
Portugal |
Royaume-Uni |
Suède |
Allemagne |
100,00 |
90,24 |
115,36 |
92,64 |
87,14 |
91,80 |
106,01 |
95,01 |
102,32 |
94,67 |
86,32 |
82,48 |
91,74 |
96,17 |
Autriche |
131,24 |
100,00 |
127,75 |
102,66 |
98,97 |
106,09 |
121,40 |
105,53 |
118,97 |
104,94 |
95,64 |
93,90 |
103,95 |
106,64 |
Belgique |
97,74 |
76,75 |
100,00 |
78,79 |
73,88 |
80,73 |
92,08 |
80,87 |
90,20 |
80,50 |
73,42 |
71,59 |
79,17 |
81,75 |
Danemark |
127,99 |
97,41 |
124,34 |
100,00 |
100,09 |
103,21 |
118,41 |
102,83 |
115,85 |
102,27 |
93,16 |
91,42 |
101,34 |
103,97 |
Espagne |
131,79 |
100,57 |
128,44 |
103,24 |
100,00 |
106,56 |
122,04 |
106,13 |
119,51 |
105,55 |
96,18 |
94,37 |
104,51 |
107,27 |
France |
122,12 |
94,98 |
121,43 |
97,51 |
91,60 |
100,00 |
114,31 |
100,13 |
111,85 |
99,64 |
90,86 |
88,71 |
98,18 |
101,21 |
Finlande |
123,96 |
93,46 |
119,29 |
95,94 |
100,13 |
99,53 |
100,00 |
101,44 |
111,82 |
98,12 |
89,37 |
87,99 |
99,05 |
99,75 |
Irlande |
124,60 |
94,75 |
121,03 |
97,26 |
96,01 |
100,65 |
115,16 |
100,00 |
112,91 |
99,43 |
90,62 |
89,03 |
98,56 |
101,05 |
Italie |
131,75 |
101,02 |
129,09 |
103,70 |
98,67 |
106,91 |
122,28 |
106,56 |
100,00 |
105,99 |
96,62 |
94,69 |
104,81 |
107,69 |
Luxembourg |
125,63 |
95,27 |
121,64 |
97,80 |
97,85 |
101,23 |
115,96 |
101,13 |
113,63 |
100,00 |
91,11 |
89,56 |
99,19 |
101,65 |
Pays-Bas |
137,40 |
104,56 |
133,51 |
107,34 |
102,90 |
110,82 |
127,03 |
110,37 |
124,33 |
109,76 |
100,00 |
98,15 |
108,74 |
111,56 |
Portugal |
126,71 |
97,28 |
124,27 |
106,33 |
95,93 |
102,84 |
117,75 |
102,62 |
115,24 |
108,71 |
99,06 |
100,00 |
100,92 |
110,50 |
Royaume-Uni |
126,88 |
95,98 |
122,55 |
98,53 |
99,41 |
102,11 |
116,94 |
102,74 |
114,64 |
100,75 |
91,79 |
90,30 |
100,00 |
102,41 |
Suède |
124,28 |
93,70 |
119,61 |
96,19 |
94,79 |
99,80 |
114,35 |
101,70 |
112,12 |
98,37 |
89,61 |
88,23 |
99,30 |
100,00
|
Source : Calcul des auteurs (législation 1998) Le pays de résidence de la société-mère est indiqué en colonne, celui de la filiale est indiqué en ligne. Les investissements sont constitués pour 50% de bâtiments, 28% de machines et 22% de stocks et sont financés par augmentation du capital de la part de la société-mère. Le taux de change est fixe et égal à l'unité. Il n'y a pas d'impôt sur le revenu des personnes physiques et le taux d'inflation est nul.
Lecture : Les résultats sont présentés en base 100 pour le pays de résidence. Ainsi l'écart d'imposition entre une société française qui investit dans une filiale en France et aux Pays Bas est de près de 11% , et de 2% si elle investit au Royaume-Uni.
8. Taux de rendement avant impôts requis pour un rendement net de 5% : investissements nationaux et transnationaux
En %
|
|
|
|
|
4,50
|
5,59
|
5,65
|
|
5,84 |
5,99 |
5,99 |
Source
:
Calculs des auteurs (législation 1998). La première colonne donne les taux de
rendements
avant impôts dans le cadre national. La deuxième colonne donne le taux de
rendement
moyen lorsque l'ensemble des pays investissent dans un pays donné. La troisième
colonne
donne le taux de rendement moyen lorsque une société mère d'un pays donné
investit
dans l'ensemble des autres pays. Le taux de change est fixe et égal à l'unité.
Il n'y a
pas d'impôt sur le revenu des personnes physiques et le taux d'inflation est
nul.
L'investissement est constitué pour 50% de bâtiments, 28% de machines et 22% de
stocks.
Lecture : Pour qu'une société française soit en mesure d'assurer à ses
investisseurs français un taux de rendement après IS de 5%, il faut qu'elle
obtienne un
taux de rendement avant impôt de 5,94% si elle investit en France, de 6% en
moyenne
lorsqu'elle investit à l'étranger. Le taux de rendement avant impôt doit être
égal à
5,91% pour l'ensemble des investissements étrangers réalisés en France.
III. RÉGIMES DÉROGATOIRES ET COMPORTEMENTS D'OPTIMI-SATION
Les taux de
rendement avant impôt présentés dans les tableaux précédents sont calculés en
utilisant le régime de droit commun d'imposition des sociétés. La prise en
compte des
régimes dérogatoires et des comportements d'optimisation des firmes peuvent
naturellement modifier les résultats. Par exemple, le taux de rendement moyen
avant
impôt pour les investissements intérieurs serait en Irlande de 4,88% et non
plus de
5,58% si l'on prenait en compte le régime applicable à certaines entreprises
(industries
de fabrication, sociétés de services financiers) installées à Dublin et dans la
zone
de Shannon (taux de 10% et possibilité d'amortissement de 100% la première
année). Dans
ces conditions, l'Irlande, devient une destination tout aussi intéressante que
ne le sont
l'Allemagne et la Belgique dans nos calculs.
L'application des systèmes dérogatoires dépend non seulement du lieu de
localisation
des investissements mais aussi du type d'activités (centres de coordination,
quartiers
généraux). La liste des activités couvertes par ces centres est différentes
selon les
Etats mais concerne généralement les activités de coordination,
d'administration et de
gestion des grands groupes. Quand il existe une structure de ce type au sein
d'une
multinationale, il est particulièrement difficile de calculer un coût du
capital, les
quartiers généraux ayant un régime d'imposition forfaitaire qui peut dans
certains cas
(Royaume-Uni) être directement négocié avec l'administration. Les Etats membres
qui
disposent de tels régimes sont : la Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le
Luxembourg
et la France.
Enfin, comme on l'a déjà souligné, les entreprises multinationales ont la
possibilité
de se soustraire à une partie de leurs obligations fiscales par des pratiques
d'optimisation fiscale, ce qui là encore rend extrêmement difficile tout essai
de calcul
a priori du coût du capital. La plus `courante' consiste à manipuler les prix de
transferts à l'occasion de transactions effectuées entre des établissements ou
des
filiales situées dans des pays différents. Il est fiscalement avantageux pour
une
multinationale que ses filiales, situées dans des pays où le taux d'impôt sur
les
sociétés est élevé, surévaluent le prix d'acquisition des biens et services
provenant
d'établissements ou de filiales situées dans des pays ayant des taux d'impôt
sur les
sociétés relativement faibles, et à l'inverse sous-évaluent leurs prix de
cessions
internes.
Lall (1973), dans une étude déjà ancienne mais qui présente l'avantage de
reposer sur
l'observation directe des prix de cession internes pratiqués par les entreprises
pharmaceutiques ayant des filiales en Colombie, a montré que, compte tenu du
régime
fiscal préférentiel de la Colombie, les flux internes de biens et services
reçues par
les filiales colombiennes étaient très largement surfacturées. Ce résultat
semble
corroboré par les travaux plus récents de Grubert et Slemrod (1994). Ces deux
auteurs
ont analysé les raisons pour lesquelles les multinationales américaines
détiennent des
filiales à Porto Rico. Ils concluent que le traitement fiscal favorable dont
jouissent
les entreprises installées sur ces territoires incite les multinationales
américaines à
détenir des filiales sur ces territoires afin de minimiser leur charge fiscale
globale,
notamment en effectuant des mouvements purement comptables de profit en faveur
de ces
filiales. En revanche, les travaux de Bernard et Weiner (1990) portant sur les
compagnies
pétrolières américaines, montrent que le prix des transactions portant sur les
produits
pétroliers intra-firmes n'est pas très éloigné par rapport au prix pratiqué sur
le
marché spot pour le même type de produits, ce qui semblerait indiquer que les
prix de
cession internes ne sont pas systématiquement utilisés comme un moyen d'évasion
fiscale.
La manipulation des prix de transfert ne se limite pas à la seule manipulation
des prix
de cessions internes. Ainsi, dans certains cas, une société-mère peut avoir
intérêt
à jouer sur les royalties et les redevances (pour l'utilisation d'une licence
ou d'un
brevet ) que lui verse une filiale située à l'étranger. Le paiement de
redevances et de
royalties constitue alors un substitut au versement de dividendes et permet à la
société-mère de rapatrier une partie des bénéfices de sa filiale à un moindre
coût
fiscal. C'est particulièrement le cas quand les bénéfices distribués font
l'objet
d'une double imposition, soit parce que le pays étranger utilise une retenue à
la source
sans que celle-ci fasse l'objet d'un crédit d'impôt dans le pays de résidence
de la
société-mère, soit parce que ce dernier utilise le système de l'exemption
plutôt que
le système du crédit d'impôt.
Ainsi, Kopitz (1976) trouve une corrélation négative entre le versement de
royalties
effectué par des filiales étrangères à leur société-mère située aux Etats-Unis
et
la différence entre le fardeau fiscal supporté par le versement de royalties et
le
versement de dividendes. L'auteur montre que si le coût fiscal des dividendes
est de 1 %
supérieur à celui des royalties, alors le versement de royalties augmente de
0,56 %
(soit une élasticité de *0,56). Ces résultats sont confirmés par ceux de Hines
(1995)
qui trouve une élasticité de *0,4 ou de Grubert (1995) qui conclut à un impact
significatif des taux de retenue à la source et des taux d'impôt sur le
bénéfice des
sociétés sur la propension des filiales étrangères à verser des royalties à leur
société-mère située aux Etats-Unis. Ces résultats doivent cependant être
manipulés
avec précaution car la corrélation négative entre le versement de royalties et
le
fardeau fiscal qui lui est associé ne signifie pas forcément que les entreprises
manipulent illégalement leurs prix de transfert pour échapper à l'impôt. En
effet ces
estimations, en ne prenant pas en compte certaines variables pouvant expliquer
l'intérêt
pour une entreprise de recourir au système des royalties, laisse ouverte
l'explication
selon laquelle ce système est tout simplement favorable aux entreprises dont
les filiales
sont implantées dans des pays où les taux de prélèvements sont faibles.
Au total la multiplicité des formes d'investissements, la diversité des régimes
fiscaux
(droit commun ou dérogatoires), ou encore l'existence de comportements
d'optimisation
fiscale, permettent difficilement d'obtenir une mesure synthétique de la
compétitivité
fiscale d'un pays. Cette difficulté ne doit occulter en rien les écarts de
pression
fiscale entre Etats, qui peuvent être considérables.
IV. FISCALITÉ ET COMPORTEMENTS DE DÉLOCALISATION
A priori, une
entreprise devrait investir dans les pays à faible pression fiscale, soit en
changeant de
résidence, soit, pour les multinationales, en délocalisant une filiale. Le
comportement
de délocalisation des entreprises dépend de la mobilité du capital physique et
de
l'importance du facteur fiscal dans le choix de localisation des entreprises. A
priori
toutes les entreprises ne sont pas également susceptibles de se délocaliser.
Sont
principalement concernées les multinationales et les entreprises dont
l'activité ne
nécessite pas d'immobilisations importantes ou la proximité d'une clientèle.
Ainsi,
plus de 40% des investissements directs seraient composés d'activités de
services.
Etablir à l'heure actuelle un bilan des délocalisations dues aux seuls
différentiels
fiscaux n'est pas aisé. Les analyses économétriques concernant l'impact de la
fiscalité sur la localisation des investissements directs sont peu probantes
(Encadré
3). Les monographies , quant à elles, soulignent que les stratégies de
délocalisations
répondent à une logique de concentration horizontale , ou d'accès à des
compétences
particulières et à de nouvelles technologies. En revanche, les coûts de
productions
(charges fiscales et coûts salariaux) ne seraient plus des déterminants de
premier rang.
Fiscalité et délocalisation : l'expérience américaine
La littérature
concernant l'impact de la fiscalité sur la localisation des investissements
directs porte
essentiellement sur les investissements aux Etats-Unis. Une des raisons à cela
est la
mise en oeuvre de réformes fiscales aux Etats-Unis en 1981 et 1986, même si les
premiers
travaux portent sur des données antérieures à cette période . L'impact de la
fiscalité sur les investissements directs transnationaux est étudié
généralement en
ayant recours à la notion de taux marginal effectif ou de coût de capital. Plus
précisément, ces travaux reposent sur l'hypothèse, relativement bien vérifiée
empiriquement, selon laquelle les investissements directs s'orienteraient vers
les
activités et les pays (ou régions) pour lesquels le rendement après impôt est
susceptible d'être le plus élevé et sur l'hypothèse selon laquelle il existe une
relation négative entre le taux d'imposition effectif et le rendement après
impôt de
l'investissement. A partir de là, s'il existe une corrélation négative entre le
rendement après impôt et le volume d'investissement direct, les auteurs
déduisent que
des taux marginaux élevés ont un effet dépressif sur le volume d'investissements
directs.
Dans un premier temps, les travaux se sont appuyés sur l'utilisation de séries
temporelles. Les études de Hartman (1981), Boskin et Gale (1987) et Newlon
(1987)
s'inscrivent dans cette perspective. Ces auteurs ont cherché à évaluer l'effet
des taux
de rendements après impôt aux Etats-Unis et à l'étranger sur le montant
d'investissements directs réalisés par des sociétés américaines à l'étranger.
Hartman et Young (1988) ont effectué le même type de calculs pour estimer
l'impact des
taux de rendement américains et à l'étranger mais cette fois ci sur les
investissements
étrangers aux Etats-Unis. Les investissements dont il est question sont soit
autofinancés, soit financés par transferts de fonds de l'étranger. Le taux de
rendement
après impôts à l'étranger aurait un impact positif sur les investissements
américains
à l'étranger (élasticité égale à 1,4 selon Hartman) et, inversement, le taux de
rendement après impôts aux Etats-Unis aurait un effet négatif sur ces mêmes
investissements (élasticité égale à - 0,66). De la même façon, les
investissements
directs étrangers réalisés aux Etats-Unis et autofinancés seraient positivement
corrélés (élasticité proche de l'unité) avec les taux de rendements aux
Etats-Unis
(Hartman, Boskin et Gale, op.cit) et négativement corrélés (élasticité proche de
l'unité) avec les taux d'imposition américains (Newlon, op.cit). Utilisant non
plus des
série temporelles, mais plutôt des données en coupe instantanée, Grubert and
Mutti
(1991) ainsi que Hines et Rice (1994) ont estimé l'effet des taux d'imposition
aux
Etats-Unis et à l'étranger sur la répartition, dans 33 pays pour les premiers
et 73
pour les seconds, des usines et équipements détenues par des entreprises
américaines et
ce en identifiant différents secteurs d'activités. Les deux études concluent à
un
effet négatif des taux d'imposition étrangers sur la localisation d'usines et
d'équipements dans ces pays par des sociétés américaines (avec des élasticités
qui
sont respectivement de -0,11 et -1). Enfin Harris (1993) a analysé les
réponses, en
termes d'investissements à l'étranger, des sociétés américaines dont le coût du
capital a augmenté aux Etats-Unis suite à la réforme de 1986. Il conclut que les
entreprises qui ont été le plus pénalisées par cette réforme sont celles qui ont
aussi le plus investi à l'étranger. Malheureusement, les résultats de ces études
économétriques sont entachées de problèmes méthodologiques tels que, entre
autres,
l'endogéneité du montant des investissements et des rendement après impôt, ce
qui
remet en cause la validité de ces résultats.
A première vue, des écarts de fiscalité significatifs devraient se traduire par
une
dissymétrie des flux d'investissement directs entre Etats. Or l'intensification
des flux
d'investissements directs depuis 1985 (graphique 4) concerne aussi bien les flux
d'investissements directs étrangers en France (IDF) que les flux français à
l'étranger
(IDE). De plus, les flux d'investissements directs entre la France et ses
principaux
partenaires, le Royaume-Uni et l'Allemagne, sont relativement équilibrés.
Cependant, un
analyse plus détaillée de la structure des IDE et des IDF (tableau 9) fait
clairement
apparaître un fort accroissement des opérations à court terme. Ces opérations
recouvrent l'ensemble des opérations de prêts, d'avances et de dépôts entre
sociétés
d'un même groupe. La progression de ces flux s'expliquerait en partie par les
mouvements
de concentration des trésoreries des firmes multinationales et par la
délocalisation des
sièges de holdings dans des pays offrant des fiscalités avantageuses (Belgique,
Pays-Bas, Luxembourg, France). Dans la structure de nombreuses multinationales
les
holdings détiennent des participations majoritaires dans des sociétés du groupe
et les
profits sont rapatriés vers ces structures qui sont généralement installées
dans les
pays qui leur offrent des conditions très avantageuses . Le mouvement de
globalisation
entraîné par l'ouverture des frontières, la création du marché unique et plus
récemment de l'Union monétaire, ont généré des mouvements de restructuration des
grandes entreprises dont la logique est purement économique. Il semblerait que
les
groupes transnationaux aient pu développer, au cours de ces restructurations,
des
comportements d'optimisation fiscale.
4. Les investissements directs français à l'étranger et étrangers en France
Source : La balance des paiements 1997, Rapport annuel de la Banque de France.9. Composition des flux d'investissements directs de la France avec l'étranger
|
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Flux d'investissements directs français à l'étranger |
- 99,2 |
- 132,1 |
- 197,3 |
141,8 |
- 161,0 |
- 111,8 |
- 135,3 |
- 78,6 |
- 155,6 |
- 181,2
|
Capital Social |
- 61,8 |
- 100,9 |
- 131,1 |
- 104,6 |
- 89,4 |
- 58,2 |
- 55,5 |
- 40,0 |
- 78,0 |
- 95,9 |
Bénéfices réinvestis |
- 12,2 |
- 7,9 |
- 6,2 |
- 6,6 |
4,8 |
5,8 |
- 8,1 |
15,3 |
- 7,0 |
- 6,0 |
Autres opérations
|
- 25,2 |
- 23,3 |
- 60,0 |
- 30,6 |
- 76,4 |
- 59,4 |
- 71,7 |
- 53,9 |
- 70,6 |
- 79,3 |
Prêt à long terme |
- 14,7 |
- 14,9 |
- 16,3 |
- 11,8 |
- 12,3 |
- 11,6 |
- 5,9 |
- 13,9 |
-15,2 |
- 11,8 |
Prêt à court terme
|
- 10,5 |
- 8,4 |
- 43,7 |
- 18,8 |
- 64,1 |
- 47,8 |
- 65,8 |
- 40,0 |
- 55,4 |
- 67,5 |
Flux d'investissements directs étrangers en France
|
50,8 |
83,3 |
85,0 |
85,6 |
94,5 |
93,1 |
86,5 |
118,2 |
112,3 |
122,5 |
Capital Social |
40,1 |
53,5 |
38,0 |
55,4 |
75,4 |
65,1 |
51,0 |
59,1 |
51,1 |
73,9 |
Bénéfices réinvestis |
Nd |
18,6 |
14,1 |
1,0 |
- 21,7 |
- 25,1 |
- 4,6 |
- 3,6 |
- 5,4 |
- 7,9 |
Autres opérations
|
10,7 |
11,2 |
32,9 |
29,2 |
40,8 |
53,1 |
40,1 |
62,7 |
66,6 |
56,6 |
Prêt à long terme |
2,8 |
7,4 |
11,2 |
7,1 |
8,9 |
3,7 |
7,1 |
11,2 |
2,7 |
8,5 |
Prêt à court terme |
7,9 |
3,8 |
21,7 |
22,1 |
31,9 |
49,4 |
33,0 |
51,5 |
63,9 |
48,1 |
Sources
:
Banque de France, Bulletin Mai 1998
L'évaluation des propositions de la Commission
La Commission a récemment mis en avant des propositions de directives
concernant l'impôt
sur les sociétés. Elle propose la suppression de la retenue à la source pour les
revenus d'intérêts et les redevances entre sociétés d'un même groupe et
l'établissement d'un " code de bonne conduite ". La première
proposition
s'inscrit dans la suite logique de la directive société-mère, à savoir
l'instauration
de la neutralité à l'importation des capitaux. L'adoption du code de bonne
conduite en
1997 par le Conseil est d'un tout autre ordre. Elle vise à limiter les effets
dommageables des comportements concurrentiels des Etats sur les finances
publiques.
Nous avons montré précédemment que les écarts de pression fiscale pesant sur les
investissements directs pouvaient être non négligeables. Or de tels écarts
peuvent
conduire à des délocalisations qui auront une incidence à la fois sur les
recettes
fiscales des Etats membres et sur l'efficacité économique. En effet, des
délocalisations guidées par des considérations fiscales aboutissent en fin de
compte à
une mauvaise allocation des ressources, en l'occurrence à un sur-investissement
dans les
pays à faible fiscalité et à un sous-investissement dans les autres.
Naturellement,
l'ampleur de ces effets dépend de l'élasticité du capital physique au facteur
fiscal.
Or, comme nous l'avons vu dans les chapitres précédents, les études empiriques
sur ce
sujet restent peu concluantes. En revanche, les entreprises multinationales
adoptent
clairement des comportements d'évasion fiscale qui, contrairement aux
délocalisations,
n'affectent pas l'efficacité de l'allocation des ressources mais conduisent à
"
redistribuer " les recettes fiscales entre Etats.
La méthode la plus radicale pour éviter les délocalisations pour des raisons
fiscales
et restaurer les conditions de l'efficacité économique, consiste à harmoniser
les bases
et les taux en Europe, l'un ne pouvant s'effectuer sans l'autre . Mais, nous
avons vu dans
la partie théorique de ce rapport, les problèmes liés à la mise en place
concertée de
ce type d'harmonisation, notamment la difficulté à se mettre d'accord sur le
niveau des
taux. D'ailleurs, le rapport Ruding, qui au début des années 1990 qui
préconisait cette
forme d'harmonisation, n'a jamais été suivi de directives.
Jusqu'à présent, les mesures prises par la Commission concernaient les
investissements
transnationaux et plus particulièrement le traitement des opérations à
l'intérieur
d'un même groupe. La directive société-mère en supprimant la retenue à la
source pour
les dividendes et la double imposition entre sociétés d'un même groupe, visait à
assurer la neutralité à l'importation des capitaux, ce qui revenait à se
rapprocher du
principe de la source. Elle propose aujourd'hui d'étendre aux intérêts et aux
redevances la directive applicable aux dividendes. On peut penser que, dans la
mesure où
des conventions bilatérales existent dans la plupart des cas, ce type de réforme
n'induirait que des modifications marginales du coût du capital. Cependant la
lisibilité
des législations en serait certainement renforcée.
Dans le même ordre d'idée, on peut aussi discuter, bien que cela ne soit pas au
programme de la Commission, de l'opportunité de généraliser le système de
l'exemption
ou du crédit d'impôt afin de prévenir la double imposition. L'exonération
permet de
respecter la neutralité à l'importation des capitaux, le taux supporté par les
entreprises étant celui de la source, mais ne constitue pas pour autant une
garantie
contre la délocalisation de certaines activités des multinationales. A
l'inverse, le
crédit d'impôt a l'avantage de supprimer toute incitation à la délocalisation
quand la
société-mère ne change pas de résidence. De plus, le crédit d'impôt permettrait
aux
différents pays de garder une marge de manoeuvre pour taxer les entreprises
résidentes
plus importante que ne le permet l'exonération. En revanche, dans la mesure où
le pays
de résidence " rembourse " aux entreprises les impôts payés dans les
pays
étrangers, cette solution entraînerait une redistribution de recettes fiscales
entre les
différents pays et nécessiterait la mise en place d'un contrôle fiscal strict (
Giovannini et Hines (1990)). Remarquons au passage que la recherche de la
neutralité à
l'importation des capitaux (NIC) n'a que peu d'intérêt dans la mesure où elle ne
supprime pas les incitations à la délocalisation. En revanche, la
généralisation du
crédit d'impôt, qui correspond au principe de neutralité à l'exportation,
permettrait
au contraire de limiter ces comportements.
Quel que soit le principe de neutralité retenu, deux questions cruciales
restent en
suspens : celle du transfert de résidence de la société-mère et celle de
l'optimisation fiscale. Autrement dit, la recherche de la neutralité devient un
critère
insuffisant dès lors que les systèmes sont différents et que les entreprises
multinationales ont la possibilité d'optimiser. Certes, les Etats ont, pour la
plupart,
adopté des règles visant à limiter la pratique des prix de transferts ou encore
de
sous-capitalisation, et certains ont même adopté une législation destinée à
lutter
contre l'usage de pays à fiscalité privilégiée . Mais, la crédibilité de ces
dispositifs dépend de l'efficacité des mécanismes de contrôle fiscal mis en
place,
ceux-ci pouvant être coûteux. A cet égard, l'Union européenne pourrait peut-être
s'inspirer de la méthode du fractionnement utilisée aux Etats-Unis pour contrer
les
délocalisations de bénéfice. Cette méthode consiste à répartir le bénéfice
imposable entre les Etats dans lesquels la multinationale a des filiales, sur
la base de
la part des immobilisations, des ventes et des salaires versés par l'entreprise
dans
chaque Etat. Mais naturellement, cette méthode est d'autant plus simple à
appliquer que
les bases imposables sont harmonisées. Cette harmonisation ne pose aucun
problème aux
Etats-Unis, compte tenu de l'existence d'un impôt fédéral sur les sociétés. En
revanche, elle reste difficile à mettre en oeuvre dans l'Union européenne faute
d'un
centre de décision supra-national.
De son côté, le " code de bonne conduite " est plus ambitieux : il
vise à la
fois les comportements optimisation fiscale des entreprises et les
délocalisations que
pourrait susciter la concurrence fiscale entre Etats. Ce code demande aux Etats
membres de
prendre l'engagement politique de s'abstenir de toute mesure donnant lieu à
" une
concurrence dommageable ". Il ne spécifie pas précisément quelles sont les
mesures
dommageables, mais énumère un certains nombre de critères permettant de les
identifier.
Par exemple, sont considérées comme dommageables, les facilités qui seraient
accordées
exclusivement aux non-résidents ou encore les règles de détermination des
bénéfices
provenant des activités internes à un groupe multinational qui divergerait des
normes
admises par l'OCDE . Par ailleurs, il est prévu que les Etats peuvent discuter
des
mesures fiscales prises dans d'autres Etats, afin d'en établir le caractère
préjudiciable.
Au total, ce code est non contraignant sur le plan juridique et son efficacité
repose
entièrement sur la volonté politique des Etats. L'idée d'un code de bonne
conduite
susceptible d'englober toute une série de mesures potentiellement dommageables
est
certainement plus pertinente que l'instauration d'un taux minimal d'imposition
pour les
entreprises. En effet, nous avons vu, lors de la description des systèmes
d'imposition
sur les sociétés, que les instruments susceptibles d'être utilisés par les
Etats pour
se concurrencer sont nombreux et ne se limitent pas aux seuls taux d'imposition
faciaux.
D'un autre côté, un taux d'imposition minimal permettrait de limiter les
pratiques
d'optimisation fiscale, qui repose dans certains cas (manipulation des prix de
cessions)
sur la comparaison des taux nominaux. Mais naturellement, l'instauration d'un
taux minimal
nécessiterait une directive votée à l'unanimité et donc juridiquement
contraignante,
ce qui n'est pas le cas du " code de bonne conduite ". L'absence
d'unanimité au
moment du vote des directives montre clairement qu'une volonté commune n'existe
pas.
Cependant, on peut penser que, suite aux pressions politiques répétées des Etats
membres soucieux d'une meilleure coopération fiscale, les Etats réfractaires
pourraient
in fine se plier à la volonté générale. L'autre possibilité étant bien sûr la
remise en question de la règle à l'unanimité comme l'ont proposé récemment les
gouvernements français et allemand.
ANNEXE II.1
LE CALCUL DU COÛT DU CAPITAL DES INVESTISSEMENTS DIRECTS EN EUROPE
La méthodologie
utilisée pour calculer les taux effectifs d'imposition applicables aux
investissements
intérieurs et transnationaux directs dans les quinze Etats membres de l'Union
européenne, et ce pour la législation fiscale en vigueur au 1er Janvier 1998,
est celle
de King et Fullerton (1984), reprise et développée par Alworth (1988) et
Devereux et
Pearson (1991-1994). Il s'agit de calculer le coût de l'investissement marginal
effectué
par une société-mère dans un pays étranger. On suppose que cette entreprise
basée
dans un pays détient entièrement une filiale dans un autre pays et est elle-même
détenue par des actionnaires imposés dans le pays de résidence. La société-mère
a
comme objectif de maximiser la richesse de ces actionnaires, c'est-à-dire la
valeur
actuelle des profits futurs de la firme. Cette valeur dépend des systèmes
fiscaux en
vigueur. La maximisation du profit implique que la firme investira jusqu'au
point où le
coût du projet d'investissement marginal est égal à son taux de rendement
marginal.
Les hypothèses dans cet article sont identiques à celles de Devereux et Pearson
(1991).
Les hypothèses
Nous raisonnons sur le secteur manufacturier.
L'investissement marginal est composé de machines, bâtiments et stocks et ce
dans les
proportions suivantes: machines (50%), bâtiments (28%), stocks (22%).
-- La société-mère peut financer l'investissement marginal de plusieurs façons
:
1. S'il s'agit d'un investissement intérieur (dans le pays de résidence de la
société-mère), la société-mère peut l'autofinancer, augmenter le capital de sa
filiale ou encore emprunter pour le compte de sa filiale.
2. S'il s'agit d'un investissement transnational:
· La filiale peut s'autofinancer
· La société-mère peut procéder à une augmentation de capital de sa filiale.
Elle
finance cette augmentation de capital de trois façons : sur ses propres
bénéfices, en
empruntant ou augmentant elle même son capital.
· La société-mère prête à sa filiale. Là encore, la société-mère peut, pour
cela, utiliser ses bénéfices non distribués, emprunter ou augmenter elle- même
son
capital.
Le régime fiscal des bénéfices réalisés par la filiale dépendra naturellement du
mode de financement choisi. De même, ces modalités affectent le taux
d'actualisation
utilisé pour le calcul du rendement du projet. Nous supposons que le
financement de
l'investissement marginal (sauf dans le cas ou la filiale s'autofinance) est
assuré à
55% par autofinancement, à 10% par une augmentation de capital et à 35% par
l'endettement. Ces calculs ne tiennent donc pas compte des comportements
d'optimisation
financière de la firme.
-- Le taux d'inflation et le taux d'intérêt réel sont égaux pour l'ensemble des
pays.
Le taux d'inflation est nul, le taux d'intérêt réel est de 5%. Le taux de
change est
supposé constant dans tous les pays. Ces hypothèses ne sont pas excessives à la
veille
de la réalisation de l'Union monétaire. Certes le taux d'inflation moyen des
Quinze est
en 1998 de 1,7% et non de zéro. Cependant, comme ce sont les écarts et non les
valeurs
absolues qui importent dans ce travail, le choix de cette valeur n'a que peu
d'importance.
Enfin, ces hypothèses permettent d'isoler les effets du système fiscal sur
l'investissement, des effets de la conjoncture.
-- L'impôt sur le revenu des personnes physiques a un effet sur le coût du
capital. Le
taux d'actualisation utilisé pour évaluer le projet d'investissement est celui
de
l'investisseur. Or les dividendes, les intérêts et les plus-values n'étant
généralement pas soumis au même barème lorsqu'ils sont imposés au niveau de
l'actionnaire, la valeur de ce taux d'actualisation dépend du mode de
financement du
projet choisi par l'entreprise. Dans la mesure où l'on souhaite se focaliser
sur les
effets de l'impôt sur les sociétés, nous supposons que les taux auxquels sont
soumis
les revenus des capitaux mobiliers sont nuls.
-- Le taux d'amortissement économique est de 12,5% pour les machines et de 3,6%
pour les
bâtiments.
Nous tenons compte dans le calcul du coût du capital,
Pour les investissements domestiques :
-- Du taux de l'impôt sur les sociétés,
-- Déductions pour amortissements,
-- Des règles de valorisation des stocks,
-- Du système de correction de la double imposition.
Pour les investissements internationaux :
-- Des retenues à la source sur les dividendes et les intérêts,
-- Du traitement des revenus de sources étrangères.
Tableaux intermédiaires du calcul du coût du capital
Les tableaux ci-dessous donnent le taux de rendement avant impôt nécessaire
pour qu'un
investissement rapporte après impôt sur les sociétés un taux de rendement réel
de 5%
et ce pour le cas de l'autofinancement (tableau a), de l'augmentation de
capital (tableaux
b.*) et pour l'endettement (tableaux 2.c.*). Les tableaux b.4 et c.4 donne la
moyenne des
taux de rendement obtenu dans le cas de l'augmentation de capital et de
l'endettement pour
les trois sources de financement possibles pour la société-mère.
a. Mode de Financement : autofinancement par la filiale
|
|
|||||||||||||
Source |
Allema-gne |
Autriche |
Belgique |
Dane-mark |
Espagne |
France |
Finlande |
Irlande |
Italie |
Luxem-bourg |
Pays Bas |
Portugal |
Royaume-Uni |
Suède |
Allemagne |
6,83 |
6,83 |
6,83 |
6,83 |
6,83 |
6,83 |
6,83 |
6,83 |
6,83 |
6,83 |
6,83 |
6,83 |
6,83 |
6,83 |
Autriche |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
Belgique |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
Danemark |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
Espagne |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
France |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
Finlande |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
Irlande |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
Italie |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
Luxembourg |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
Pays-Bas |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
Portugal |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
Royaume-Uni |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
Suède |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15
|
Source : Calculs des auteurs (législation 1998).
(1) Le pays
de résidence (pays de la société mère) est indiqué en ligne. Le pays de la
source
(dans lequel la filiale est installée) est indiqué en colonne.
b. Mode de financement : augmentation de capital généré par la société
mère
La société mère peut elle même se financer de trois façons : autofinancement, augmentation du capital et endettement.
b.1. Autofinancement
|
Pays de la résidence |
|||||||||||||
Source |
Allema-gne |
Autriche |
Belgique |
Dane-mark |
Espagne |
France |
Finlande |
Irlande |
Italie |
Luxem-bourg |
Pays Bas |
Portugal |
Royaume-Uni |
Suède |
Allemagne |
3,14 |
5,40 |
5,40 |
5,40 |
4,98 |
4,89 |
4,99 |
5,38 |
4,81 |
5,40 |
5,40 |
5,07 |
5,13 |
5,40 |
Autriche |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
6,75 |
Belgique |
5,38 |
5,38 |
5,60 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
5,38 |
Danemark |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
6,54 |
Espagne |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
6,81 |
France |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
6,65 |
Finlande |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
4,44 |
6,50 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
6,34 |
6,13 |
Irlande |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
Italie |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
4,40 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
6,91 |
Luxembourg |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,41 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
6,34 |
Pays-Bas |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
7,06 |
Portugal |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,64 |
6,91 |
6,64 |
6,64 |
Royaume-Uni |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,55 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
Suède |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,52 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,15 |
6,36 |
6,15
|
Source
:
Calculs des auteurs (législation 1998).
b.2. Augmentation de capital
|
Pays de la résidence |
|||||||||||||
Source |
Allema-gne |
Autriche |
Belgique |
Dane-mark |
Espagne |
France |
Finlande |
Irlande |
Italie |
Luxem-bourg |
Pays Bas |
Portugal |
Royaume-Uni |
Suède |
Allemagne |
5,51 |
8,15 |
8,15 |
8,15 |
5,87 |
5,49 |
5,92 |
7,81 |
5,20 |
8,15 |
8,15 |
6,27 |
6,56 |
8,15 |
Autriche |
3,57 |
6,28 |
6,28 |
6,28 |
4,60 |
4,32 |
4,63 |
6,05 |
4,11 |
6,28 |
6,28 |
4,89 |
5,10 |
6,28 |
Belgique |
2,40 |
5,00 |
4,81 |
5,00 |
3,39 |
3,12 |
3,42 |
4,78 |
2,92 |
5,00 |
5,00 |
3,67 |
3,87 |
5,00 |
Danemark |
3,55 |
6,28 |
6,28 |
6,28 |
4,59 |
4,32 |
4,63 |
6,06 |
4,10 |
6,28 |
6,28 |
4,89 |
5,10 |
6,28 |
Espagne |
3,61 |
6,36 |
6,36 |
6,36 |
4,66 |
4,38 |
4,69 |
6,13 |
4,16 |
6,36 |
6,36 |
4,96 |
5,17 |
6,36 |
France |
3,36 |
6,13 |
6,13 |
6,13 |
4,42 |
4,14 |
4,45 |
5,90 |
3,91 |
6,13 |
6,13 |
4,72 |
4,93 |
6,13 |
Finlande |
3,26 |
5,86 |
5,86 |
5,86 |
4,25 |
3,99 |
5,42 |
5,35 |
3,78 |
5,86 |
5,86 |
4,54 |
4,61 |
5,86 |
Irlande |
3,29 |
5,93 |
5,93 |
5,93 |
4,29 |
4,02 |
4,33 |
5,71 |
3,81 |
5,93 |
5,93 |
4,58 |
4,79 |
5,93 |
Italie |
3,64 |
6,39 |
6,39 |
6,39 |
4,69 |
4,41 |
4,72 |
6,16 |
5,58 |
6,39 |
6,39 |
4,99 |
5,20 |
6,39 |
Luxembourg |
3,36 |
6,01 |
6,01 |
6,01 |
4,37 |
4,10 |
4,40 |
5,72 |
3,89 |
6,01 |
6,01 |
4,66 |
4,86 |
6,01 |
Pays-Bas |
3,89 |
6,66 |
6,66 |
6,66 |
4,94 |
4,66 |
4,98 |
6,43 |
4,44 |
6,66 |
6,66 |
5,24 |
5,46 |
6,66 |
Portugal |
3,51 |
6,25 |
6,25 |
6,25 |
4,55 |
4,28 |
4,59 |
6,02 |
4,06 |
6,25 |
6,25 |
4,71 |
5,06 |
6,25 |
Royaume-Uni |
3,37 |
6,01 |
6,01 |
6,01 |
4,38 |
4,11 |
4,41 |
5,63 |
3,90 |
6,01 |
6,01 |
4,66 |
4,87 |
6,01 |
Suède |
3,27 |
5,86 |
5,86 |
5,86 |
4,26 |
3,99 |
4,29 |
5,35 |
3,78 |
5,86 |
5,86 |
4,54 |
4,61 |
5,86
|
Source : Calculs des auteurs (législation 1998).
b.3. Endettement
|
Pays de la résidence |
|||||||||||||
Source |
Allema-gne |
Autriche |
Belgique |
Dane-mark |
Espagne |
France |
Finlande |
Irlande |
Italie |
Luxem-bourg |
Pays Bas |
Portugal |
Royaume-Uni |
Suède |
Allemagne |
1,98 |
3,20 |
2,88 |
3,20 |
3,15 |
2,80 |
3,51 |
3,32 |
3,04 |
3,34 |
3,15 |
3,02 |
3,40 |
3,51 |
Autriche |
3,48 |
4,27 |
3,91 |
4,27 |
4,21 |
3,82 |
4,62 |
4,39 |
4,09 |
4,43 |
4,21 |
4,07 |
4,50 |
4,62 |
Belgique |
2,32 |
3,07 |
2,84 |
3,07 |
3,02 |
2,64 |
3,41 |
3,19 |
2,91 |
3,23 |
3,02 |
2,88 |
3,30 |
3,41 |
Danemark |
3,47 |
4,27 |
3,90 |
4,27 |
4,21 |
3,82 |
4,62 |
4,39 |
4,09 |
4,43 |
4,21 |
4,07 |
4,50 |
4,62 |
Espagne |
3,53 |
4,33 |
3,96 |
4,33 |
4,27 |
3,87 |
4,68 |
4,44 |
4,15 |
4,49 |
4,27 |
4,12 |
4,56 |
4,68 |
France |
3,27 |
4,08 |
3,71 |
4,08 |
4,02 |
3,62 |
4,44 |
4,20 |
3,90 |
4,25 |
4,02 |
3,88 |
4,32 |
4,44 |
Finlande |
3,19 |
3,94 |
3,60 |
3,94 |
3,89 |
3,51 |
3,40 |
4,28 |
3,78 |
4,10 |
3,89 |
3,75 |
4,28 |
4,28 |
Irlande |
3,20 |
3,97 |
3,62 |
3,97 |
3,92 |
3,54 |
4,32 |
4,09 |
3,80 |
4,13 |
3,92 |
3,78 |
4,20 |
4,32 |
Italie |
3,55 |
4,35 |
3,99 |
4,35 |
4,29 |
3,90 |
4,71 |
4,47 |
3,16 |
4,52 |
4,29 |
4,15 |
4,59 |
4,71 |
Luxembourg |
3,28 |
4,05 |
3,70 |
4,05 |
3,99 |
3,61 |
4,39 |
4,21 |
3,88 |
4,21 |
3,99 |
3,86 |
4,28 |
4,39 |
Pays-Bas |
3,80 |
4,61 |
4,24 |
4,61 |
4,55 |
4,15 |
4,97 |
4,73 |
4,43 |
4,78 |
4,55 |
4,41 |
4,85 |
4,97 |
Portugal |
3,43 |
4,22 |
3,86 |
4,22 |
4,16 |
3,77 |
4,58 |
4,34 |
4,05 |
4,39 |
4,16 |
4,14 |
4,46 |
4,58 |
Royaume-Uni |
3,29 |
4,06 |
3,71 |
4,06 |
4,00 |
3,62 |
4,40 |
4,29 |
3,89 |
4,22 |
4,00 |
3,87 |
4,29 |
4,40 |
Suède |
3,19 |
3,94 |
3,60 |
3,94 |
3,89 |
3,51 |
4,28 |
4,28 |
3,78 |
4,10 |
3,89 |
3,75 |
4,28 |
4,28
|
Source : Calculs des auteurs (législation 1998).
b.4. Taux de
rendement moyens quant la société mère finance sa filiale par
augmentation de capital
(Moyenne pondérée des valeurs figurants dans les tableaux 2.b.1 à 2.b.3)
|
Pays de la résidence |
|||||||||||||
Source |
Allema-gne |
Autriche |
Belgique |
Dane-mark |
Espagne |
France |
Finlande |
Irlande |
Italie |
Luxem-bourg |
Pays Bas |
Portugal |
Royaume-Uni |
Suède |
Allemagne |
2,97 |
4,91 |
4,79 |
4,91 |
4,43 |
4,22 |
4,57 |
4,90 |
4,23 |
4,96 |
4,89 |
4,48 |
4,67 |
5,01 |
Autriche |
5,29 |
5,83 |
5,71 |
5,83 |
5,65 |
5,48 |
5,79 |
5,85 |
5,56 |
5,89 |
5,81 |
5,63 |
5,80 |
5,96 |
Belgique |
4,01 |
4,54 |
4,56 |
4,54 |
4,36 |
4,20 |
4,50 |
4,55 |
4,27 |
4,59 |
4,52 |
4,34 |
4,50 |
4,65 |
Danemark |
5,17 |
5,72 |
5,59 |
5,72 |
5,53 |
5,36 |
5,68 |
5,74 |
5,44 |
5,78 |
5,70 |
5,51 |
5,68 |
5,84 |
Espagne |
5,34 |
5,90 |
5,77 |
5,90 |
5,71 |
5,54 |
5,86 |
5,92 |
5,62 |
5,96 |
5,88 |
5,69 |
5,86 |
6,02 |
France |
5,14 |
5,70 |
5,57 |
5,70 |
5,50 |
5,34 |
5,66 |
5,72 |
5,41 |
5,76 |
5,68 |
5,48 |
5,66 |
5,82 |
Finlande |
4,81 |
5,34 |
5,22 |
5,34 |
5,16 |
5,00 |
4,17 |
5,61 |
5,07 |
5,39 |
5,32 |
5,14 |
5,45 |
5,45 |
Irlande |
4,94 |
5,47 |
5,35 |
5,47 |
5,29 |
5,13 |
5,43 |
5,49 |
5,20 |
5,53 |
5,45 |
5,27 |
5,44 |
5,59 |
Italie |
5,41 |
5,96 |
5,83 |
5,96 |
5,77 |
5,60 |
5,92 |
5,98 |
4,08 |
6,02 |
5,94 |
5,75 |
5,93 |
6,09 |
Luxembourg |
4,97 |
5,50 |
5,38 |
5,50 |
5,32 |
5,16 |
5,46 |
5,57 |
5,23 |
5,56 |
5,48 |
5,30 |
5,47 |
5,62 |
Pays-Bas |
5,60 |
6,16 |
6,03 |
6,16 |
5,97 |
5,80 |
6,12 |
6,18 |
5,87 |
6,22 |
6,14 |
5,95 |
6,12 |
6,29 |
Portugal |
5,21 |
5,76 |
5,63 |
5,76 |
5,57 |
5,40 |
5,72 |
5,78 |
5,48 |
5,82 |
5,74 |
5,72 |
5,72 |
5,88 |
Royaume-Uni |
4,99 |
5,52 |
5,39 |
5,52 |
5,33 |
5,17 |
5,48 |
5,67 |
5,25 |
5,57 |
5,50 |
5,32 |
5,48 |
5,64 |
Suède |
4,82 |
5,35 |
5,23 |
5,35 |
5,17 |
5,01 |
5,31 |
5,62 |
5,08 |
5,40 |
5,33 |
5,15 |
5,46 |
5,47
|
Source
:
Calculs des auteurs (législation 1998).
c. Mode de financement : endettement auprès de la société mère
c.1. Autofinancement
|
Pays de la résidence |
|||||||||||||
Source |
Allema-gne |
Autriche |
Belgique |
Dane-mark |
Espagne |
France |
Finlande |
Irlande |
Italie |
Luxem-bourg |
Pays Bas |
Portugal |
Royaume-Uni |
Suède |
Allemagne |
3,90 |
5,83 |
6,16 |
5,83 |
5,57 |
5,98 |
5,10 |
5,71 |
5,59 |
5,68 |
5,88 |
5,79 |
5,37 |
5,52 |
Autriche |
7,24 |
7,51 |
7,88 |
7,51 |
7,27 |
8,21 |
7,00 |
7,38 |
7,80 |
7,34 |
7,57 |
7,78 |
7,20 |
7,14 |
Belgique |
5,11 |
5,66 |
6,22 |
5,66 |
4,89 |
6,14 |
5,05 |
5,53 |
5,73 |
5,50 |
5,72 |
5,81 |
5,29 |
5,32 |
Danemark |
7,05 |
7,30 |
7,64 |
7,30 |
8,32 |
7,94 |
6,83 |
7,18 |
7,56 |
7,14 |
7,35 |
7,55 |
7,01 |
6,96 |
Espagne |
7,17 |
7,49 |
7,86 |
7,49 |
7,41 |
8,15 |
6,96 |
7,36 |
7,74 |
7,32 |
7,55 |
7,74 |
7,17 |
7,13 |
France |
6,08 |
6,78 |
7,17 |
6,78 |
5,79 |
7,27 |
6,06 |
6,62 |
6,79 |
6,60 |
6,84 |
6,91 |
6,34 |
6,39 |
Finlande |
7,37 |
7,32 |
7,66 |
7,32 |
9,70 |
8,10 |
5,48 |
7,57 |
7,77 |
7,17 |
7,38 |
7,66 |
7,33 |
7,00 |
Irlande |
7,10 |
7,26 |
7,61 |
7,26 |
7,81 |
7,98 |
6,81 |
7,14 |
7,60 |
7,09 |
7,31 |
7,55 |
6,99 |
6,91 |
Italie |
6,98 |
7,42 |
7,81 |
7,42 |
6,75 |
8,05 |
6,82 |
7,28 |
5,27 |
7,24 |
7,48 |
7,64 |
7,06 |
7,04 |
Luxembourg |
7,20 |
7,31 |
7,66 |
7,31 |
8,30 |
8,03 |
6,90 |
7,27 |
7,67 |
7,15 |
7,36 |
7,61 |
7,07 |
6,97 |
Pays-Bas |
7,42 |
7,73 |
8,11 |
7,73 |
7,27 |
8,40 |
7,21 |
7,61 |
7,99 |
7,57 |
7,80 |
7,99 |
7,42 |
7,37 |
Portugal |
6,70 |
7,14 |
7,51 |
8,34 |
6,81 |
7,73 |
6,55 |
7,00 |
7,30 |
8,17 |
8,40 |
9,23 |
6,78 |
7,98 |
Royaume-Uni |
7,37 |
7,42 |
7,77 |
7,42 |
8,69 |
8,18 |
7,03 |
7,49 |
7,82 |
7,26 |
7,47 |
7,74 |
7,19 |
7,08 |
Suède |
7,39 |
7,35 |
7,68 |
7,35 |
7,82 |
8,13 |
7,02 |
7,59 |
7,80 |
7,19 |
7,40 |
7,69 |
7,36 |
7,02
|
Source : Calculs des auteurs (législation 1998).
c.2. Augmentation de capital
|
Pays de la résidence |
|||||||||||||
Source |
Allema-gne |
Autriche |
Belgique |
Dane-mark |
Espagne |
France |
Finlande |
Irlande |
Italie |
Luxem-bourg |
Pays Bas |
Portugal |
Royaume-Uni |
Suède |
Allemagne |
6,76 |
9,32 |
9,82 |
9,32 |
7,09 |
7,25 |
6,58 |
8,80 |
6,58 |
9,09 |
9,40 |
7,69 |
7,38 |
8,83 |
Autriche |
3,84 |
6,76 |
7,13 |
6,76 |
5,10 |
5,22 |
4,71 |
6,40 |
4,71 |
6,59 |
6,82 |
5,54 |
5,31 |
6,40 |
Belgique |
2,27 |
5,01 |
5,17 |
5,01 |
3,45 |
3,56 |
3,09 |
4,67 |
3,09 |
4,85 |
5,07 |
3,87 |
3,65 |
4,67 |
Danemark |
3,83 |
6,54 |
6,89 |
6,54 |
5,00 |
5,11 |
4,64 |
6,21 |
4,64 |
6,39 |
6,60 |
5,41 |
5,20 |
6,21 |
Espagne |
3,81 |
6,72 |
7,09 |
6,72 |
5,07 |
5,19 |
4,69 |
6,37 |
4,69 |
6,56 |
6,78 |
5,52 |
5,29 |
6,37 |
France |
3,08 |
6,13 |
6,52 |
6,13 |
4,40 |
4,52 |
3,99 |
5,75 |
3,99 |
5,95 |
6,19 |
4,86 |
4,62 |
5,75 |
Finlande |
3,93 |
6,53 |
6,85 |
6,53 |
5,05 |
5,16 |
5,79 |
5,91 |
4,71 |
6,38 |
6,58 |
5,45 |
5,12 |
6,21 |
Irlande |
3,70 |
6,49 |
6,84 |
6,49 |
4,90 |
5,01 |
4,53 |
6,14 |
4,53 |
6,33 |
6,55 |
5,33 |
5,11 |
6,14 |
Italie |
3,69 |
6,72 |
7,11 |
6,72 |
5,00 |
5,12 |
4,60 |
6,35 |
6,06 |
6,55 |
6,79 |
5,46 |
5,22 |
6,35 |
Luxembourg |
3,82 |
6,53 |
6,88 |
6,53 |
5,00 |
5,10 |
4,64 |
6,14 |
4,64 |
6,38 |
6,59 |
5,41 |
5,20 |
6,20 |
Pays-Bas |
4,09 |
7,00 |
7,36 |
7,00 |
5,35 |
5,46 |
4,96 |
6,64 |
4,96 |
6,83 |
7,06 |
5,79 |
5,56 |
6,64 |
Portugal |
3,55 |
6,44 |
6,81 |
7,63 |
4,80 |
4,92 |
4,42 |
6,09 |
4,42 |
7,47 |
7,69 |
6,26 |
5,02 |
7,28 |
Royaume-Uni |
3,91 |
6,63 |
6,98 |
6,63 |
5,09 |
5,20 |
4,73 |
6,14 |
4,73 |
6,48 |
6,69 |
5,50 |
5,29 |
6,30 |
Suède |
3,93 |
6,54 |
6,87 |
6,54 |
5,06 |
5,16 |
4,71 |
5,92 |
4,71 |
6,39 |
6,60 |
5,46 |
5,13 |
6,22 |
Source : Calculs des auteurs (législation 1998).
(a)
c.3. Endettement
|
Pays de la résidence |
|||||||||||||
Source |
Allema-gne |
Autriche |
Belgique |
Dane-mark |
Espagne |
France |
Finlande |
Irlande |
Italie |
Luxem-bourg |
Pays Bas |
Portugal |
Royaume-Uni |
Suède |
Allemagne |
2,50 |
3,72 |
3,72 |
3,72 |
3,72 |
3,72 |
3,72 |
3,73 |
3,72 |
3,72 |
3,72 |
3,72 |
3,72 |
3,72 |
Autriche |
3,74 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
Belgique |
2,18 |
3,07 |
3,18 |
3,07 |
3,07 |
3,07 |
3,07 |
3,07 |
3,07 |
3,07 |
3,07 |
3,07 |
3,07 |
3,07 |
Danemark |
3,74 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
Espagne |
3,71 |
4,67 |
4,67 |
4,67 |
4,67 |
4,67 |
4,67 |
4,67 |
4,67 |
4,67 |
4,67 |
4,67 |
4,67 |
4,67 |
France |
2,98 |
3,97 |
3,97 |
3,97 |
3,97 |
3,97 |
3,97 |
3,97 |
3,97 |
3,97 |
3,97 |
3,97 |
3,97 |
3,97 |
Finlande |
3,84 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
3,84 |
4,92 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,80 |
4,69 |
Irlande |
3,60 |
4,51 |
4,51 |
4,51 |
4,51 |
4,51 |
4,51 |
4,51 |
4,51 |
4,51 |
4,51 |
4,51 |
4,51 |
4,51 |
Italie |
3,59 |
4,58 |
4,58 |
4,58 |
4,58 |
4,58 |
4,58 |
4,58 |
3,52 |
4,58 |
4,58 |
4,58 |
4,58 |
4,58 |
Luxembourg |
3,73 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,66 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
4,62 |
Pays-Bas |
3,99 |
4,94 |
4,94 |
4,94 |
4,94 |
4,94 |
4,94 |
4,94 |
4,94 |
4,94 |
4,94 |
4,94 |
4,94 |
4,94 |
Portugal |
3,46 |
4,40 |
4,40 |
5,59 |
4,40 |
4,40 |
4,40 |
4,40 |
4,40 |
5,59 |
5,59 |
5,74 |
4,40 |
5,59 |
Royaume-Uni |
3,82 |
4,71 |
4,71 |
4,71 |
4,71 |
4,71 |
4,71 |
4,83 |
4,71 |
4,71 |
4,71 |
4,71 |
4,71 |
4,71 |
Suède |
3,84 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,92 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,69 |
4,81 |
4,69 |
Source : Calculs des auteurs (législation 1998).
c.4. Taux de
rendement moyens quant la société mère prête à sa filiale
(Moyenne pondérée des valeurs figurants dans les tableaux 2.c.1 à 2.c.3)
|
Pays de la résidence |
|||||||||||||
Source |
Allema-gne |
Autriche |
Belgique |
Dane-mark |
Espagne |
France |
Finlande |
Irlande |
Italie |
Luxem-bourg |
Pays Bas |
Portugal |
Royaume-Uni |
Suède |
Allemagne |
3,70 |
5,44 |
5,67 |
5,44 |
5,07 |
5,32 |
4,77 |
5,33 |
5,03 |
5,34 |
5,48 |
5,26 |
4,99 |
5,22 |
Autriche |
5,67 |
6,45 |
6,69 |
6,45 |
6,15 |
6,68 |
5,96 |
6,34 |
6,40 |
6,34 |
6,49 |
6,48 |
6,14 |
6,21 |
Belgique |
3,80 |
4,69 |
5,05 |
4,69 |
4,11 |
4,81 |
4,16 |
4,58 |
4,53 |
4,58 |
4,73 |
4,65 |
4,35 |
4,47 |
Danemark |
5,57 |
6,28 |
6,51 |
6,28 |
6,69 |
6,50 |
5,84 |
6,19 |
6,24 |
6,18 |
6,32 |
6,31 |
5,99 |
6,06 |
Espagne |
5,63 |
6,43 |
6,67 |
6,43 |
6,22 |
6,64 |
5,93 |
6,32 |
6,36 |
6,32 |
6,46 |
6,44 |
6,11 |
6,19 |
France |
4,69 |
5,73 |
5,99 |
5,73 |
5,01 |
5,84 |
5,12 |
5,61 |
5,53 |
5,61 |
5,77 |
5,68 |
5,34 |
5,48 |
Finlande |
5,79 |
6,32 |
6,54 |
6,32 |
7,48 |
6,61 |
4,94 |
6,47 |
6,39 |
6,22 |
6,36 |
6,40 |
6,23 |
6,11 |
Irlande |
5,54 |
6,22 |
6,45 |
6,22 |
6,36 |
6,47 |
5,78 |
6,12 |
6,21 |
6,11 |
6,26 |
6,26 |
5,94 |
5,99 |
Italie |
5,47 |
6,36 |
6,61 |
6,36 |
5,81 |
6,54 |
5,81 |
6,24 |
4,73 |
6,24 |
6,40 |
6,35 |
6,01 |
6,11 |
Luxembourg |
5,65 |
6,29 |
6,51 |
6,29 |
6,68 |
6,55 |
5,87 |
6,24 |
6,30 |
6,19 |
6,33 |
6,34 |
6,02 |
6,07 |
Pays-Bas |
5,89 |
6,68 |
6,93 |
6,68 |
6,26 |
6,90 |
6,19 |
6,58 |
6,62 |
6,57 |
6,72 |
6,70 |
6,36 |
6,45 |
Portugal |
5,25 |
6,11 |
6,35 |
7,31 |
5,76 |
6,28 |
5,59 |
6,00 |
6,00 |
7,20 |
7,35 |
7,71 |
5,77 |
7,07 |
Royaume-Uni |
5,78 |
6,39 |
6,62 |
6,39 |
6,94 |
6,67 |
5,99 |
6,42 |
6,42 |
6,29 |
6,43 |
6,46 |
6,13 |
6,17 |
Suède |
5,80 |
6,34 |
6,56 |
6,34 |
6,45 |
6,63 |
5,98 |
6,49 |
6,40 |
6,24 |
6,37 |
6,42 |
6,24 |
6,13 |
Source : Calculs des auteurs (législation 1998).
Les tableaux d ci-dessous sont des résumés des tableaux a à c La première colonne donne les taux de rendements avant impôt dans le cadre national. La deuxième colonne donne le taux de rendement moyen lorsque l'ensemble des pays investissent dans un pays donné. La troisième colonne le taux de rendement moyen lorsque une société mère d'un pays donné investie dans l'ensemble des autres pays. Ainsi pour la France (tableau d.2), lorsque la filiale est financée par un apport en capital de la part de la société mère, le taux de rendement moyen est de 5,34% si l'investissement est réalisé en France alors qu'il est de 5,60% en moyenne s'il est réalisé à l'étranger. Pour les investissements étrangers en France, le taux moyen est pour ce mode de financement de 5,16%.
d.1. Taux globaux moyens de rendement transnational requis avant impôt lorsque la filiale est financée à l'aide des bénéfices non distribués
En %
|
Taux de rendement moyen requis |
Ecart type des taux de rendement requis |
|||
|
Investissement intérieur |
Investissements étrangers réalisés dans le pays |
Investissements réalisés à l'étranger |
Pays de résidence |
Pays de la source |
Allemagne |
6,83 |
6,83 |
6,46 |
- |
0,43 |
Autriche |
6,75 |
6,75 |
6,47 |
- |
0,43 |
Belgique |
5,38 |
5,38 |
6,58 |
- |
0,43 |
Danemark |
6,54 |
6,54 |
6,49 |
- |
0,43 |
Espagne |
6,81 |
6,81 |
6,47 |
- |
0,43 |
France |
6,65 |
6,65 |
6,48 |
- |
0,43 |
Finlande |
6,13 |
6,13 |
6,52 |
- |
0,43 |
Irlande |
6,34 |
6,34 |
6,50 |
- |
0,43 |
Italie |
6,91 |
6,91 |
6,46 |
- |
0,43 |
Luxembourg |
6,34 |
6,34 |
6,50 |
- |
0,43 |
Pays-Bas |
7,06 |
7,06 |
6,45 |
- |
0,43 |
Portugal |
6,64 |
6,64 |
6,48 |
- |
0,43 |
RU |
6,36 |
6,36 |
6,50 |
- |
0,43 |
Suède |
6,15 |
6,15 |
6,52 |
- |
0,43 |
Moyenne |
6,49 |
6,49 |
6,49 |
|
0,43
|
Source : Calculs des auteurs (législation 1998).
d.2. Taux globaux moyens de rendement transnational requis avant impôt lorsque la filiale est financée par un apport en capital de la société mère
En %
|
Taux de rendement moyen requis |
Ecart type des taux de rendement requis |
|||
|
Investissement intérieur |
Investissements étrangers réalisés dans le pays |
Investissements réalisés à l'étranger |
Pays de résidence |
Pays de la source |
Allemagne |
2,97 |
4,69 |
5,05 |
0,28 |
0,39 |
Autriche |
5,83 |
5,71 |
5,52 |
0,19 |
0,44 |
Belgique |
4,56 |
4,43 |
5,50 |
0,18 |
0,32 |
Danemark |
5,72 |
5,59 |
5,53 |
0,19 |
0,44 |
Espagne |
5,71 |
5,79 |
5,31 |
0,19 |
0,47 |
France |
5,34 |
5,60 |
5,16 |
0,18 |
0,48 |
Finlande |
4,17 |
5,25 |
5,50 |
0,22 |
0,48 |
Irlande |
5,49 |
5,35 |
5,62 |
0,18 |
0,44 |
Italie |
4,08 |
5,86 |
5,21 |
0,19 |
0,48 |
Luxembourg |
5,56 |
5,38 |
5,61 |
0,18 |
0,45 |
Pays-Bas |
6,14 |
6,04 |
5,48 |
0,19 |
0,40 |
Portugal |
5,72 |
5,65 |
5,31 |
0,19 |
0,47 |
RU |
5,48 |
5,41 |
5,52 |
0,19 |
0,46 |
Suède |
5,47 |
5,25 |
5,68 |
0,21 |
0,44 |
Moyenne |
5,16 |
5,43 |
5,43 |
0,20 |
0,44
|
Source : Calculs des auteurs (législation 1998).
d.3. Taux globaux moyens de rendement transnational requis avant impôt lorsque la filiale est financée par un prêt de la société mère
En %
|
Taux de rendement moyen requis |
Ecart type des taux de rendement requis |
|||
|
Investissement intérieur |
Investissements étrangers réalisés dans le pays |
Investissements réalisés à l'étranger |
Pays de résidence |
Pays de la source |
Allemagne |
3,70 |
5,26 |
5,42 |
0,24 |
0,58 |
Autriche |
6,45 |
6,31 |
6,10 |
0,28 |
0,53 |
Belgique |
5,05 |
4,47 |
6,47 |
0,29 |
0,32 |
Danemark |
6,28 |
6,21 |
6,20 |
0,30 |
0,63 |
Espagne |
6,22 |
6,30 |
6,06 |
0,28 |
0,91 |
France |
5,84 |
5,48 |
6,35 |
0,36 |
0,60 |
Finlande |
4,94 |
6,40 |
5,61 |
0,38 |
0,58 |
Irlande |
6,12 |
6,14 |
6,06 |
0,27 |
0,57 |
Italie |
4,73 |
6,18 |
6,03 |
0,33 |
0,62 |
Luxembourg |
6,19 |
6,24 |
6,10 |
0,28 |
0,63 |
Pays-Bas |
6,72 |
6,52 |
6,21 |
0,29 |
0,61 |
Portugal |
7,71 |
6,31 |
6,13 |
0,70 |
0,58 |
RU |
6,13 |
6,38 |
5,81 |
0,29 |
0,58 |
Suède |
6,13 |
6,33 |
5,97 |
0,23 |
0,63 |
Moyenne |
5,87 |
6,04 |
6,04 |
0,32 |
0,60
|
Source : Calculs des auteurs (législation 1998).
ANNEXE II.2.
LES SYSTÈMES D'IMPOSITIONS DES REVENUS INTERNATIONAUX DES PAYS MEMBRES DE
L'UNION MONÉTAIRE
.1. Taux nominaux d'imposition des sociétés (1998)
|
Sociétés résidentes
|
Sociétés non résidentes |
Allemagne (1) |
47,47 / 31,61 |
44,31 |
Autriche (2) |
34 |
34 |
Belgique (3) |
40,17 |
40,17 |
Danemark |
34 |
34 |
Espagne (4) |
35 |
35 |
Finlande |
28 |
28 |
France (5) |
41,66 |
41,66 |
Grèce (6) |
35 |
35 |
Irlande (7) |
25 si bénéfices <= 50
000 £IR
|
|
Italie (8) |
37 |
37 |
Luxembourg |
20% sur la partie du
bénéfice ' [1-400 000 Flux]
|
31,20 (9) |
Pays-Bas |
35 |
35 |
Portugal (10) |
34 |
34 |
Royaume-Uni |
21% si bénéfice < 300
000 £
|
33% |
Suède |
28 |
28
|
Source
:
European Tax Handbook, IBFD publication 1998, Fiscalité des Etats Membres de
l'Union
Européenne, Dictionnaire Permanent Fiscal (1998).
(1) Le premier taux s'applique aux bénéfices réinvestis, le second aux bénéfices
distribués. Ces taux prennent en compte la majoration au titre de la taxe de
solidarité
de 5,5%.
(2) Un taux de 22% est appliqué aux sociétés de financement de PME (capital
risque).
Par ailleurs, en fonction de leur chiffre d'affaires, les sociétés sont
soumises à un
montant minimum d'IS.
(3) Ce taux prend en compte la majoration de la contribution complémentaire de
crise de
3%. Les taux sont réduits en fonction du niveau des bénéfices réalisés.
(4) Pour les PME (CA<10MF) ce taux est de 30% pour la partie de la base
imposable <
à 600.000 F et 35% au-delà
(5) Ce taux prend en compte la surcharge de 10% et de 15%. Pour les PME
(CA<50MF) ce
taux est de 20,9 % sur un maximum de 200000 F de bénéfices réinvesti et de
36,66% (plus
une majoration de 15%) sur les autres bénéfices.
(6) Ces taux s'appliquent aux SA dont les actions sont cotées à Athènes et aux
SARL.
Pour les SA non cotées et pour les banques ce taux est de 40%.
(7) Un taux réduit de 10% s'applique à certaines activité industrielles,
informatiques
etc.. et sont aussi accordées aux filiales des sociétés étrangères.
(8) Pour les bénéfices non distribués, un taux de 19% s'applique sur la
fraction des
bénéfices correspondant à la rémunération de l'augmentation de l'actif net. Le
taux
moyen d'imposition de l'ensemble du bénéfice ne peut être inférieur à 27%.
(9) Ce taux comprend une surtaxe de 4% au profit du fonds pour l'emploi.
(10) Un taux de 27,5% est appliqué aux sociétés d'investissements immobiliers.
2.Pour un
bénéfice fiscal de 100, il reste :
|
Si l'entreprise redistribue (1) |
Si l'entreprise réinvestit |
Allemagne |
50,33 |
52,53 |
Autriche |
49,50 |
66 |
Belgique |
44,87 |
59,83 |
Danemark |
49,50 |
66 |
Espagne |
48,75 |
65 |
France |
72 |
72 |
Finlande |
58,34 |
58,34 |
Grèce |
65 |
65 |
Irlande |
68 |
68 |
Italie |
63 |
63 |
Luxembourg |
52,5 |
70 |
Pays-Bas |
48,75 |
65 |
Portugal |
54,775 |
62,6 |
Royaume-Uni |
69 |
69 |
Suède |
72 |
72
|
Source
:
Fiscalité des Etats Membres de l'Union Européenne, Dictionnaire Permanent
Fiscal (1998).
(1) Cette colonne tient compte des retenues à la source sur les bénéfices
distribués.
3. Mécanismes de correction de la double imposition des dividendes versés par une société mère à ses actionnaires
Pays de résidence de la société mère |
Société mère - actionnaire |
Allemagne |
Système d'imputation partiel |
Autriche |
Classique |
Belgique |
Classique |
Danemark |
Classique + taux réduit sur les dividendes pour les actionnaires |
Espagne |
Système d'imputation partiel : avoir fiscal : 40% |
France |
Système d'imputation partiel : avoir fiscal : 50% |
Finlande |
Système d'imputation total |
Grèce |
Exonération |
Irlande |
Système d'imputation partiel |
Italie |
Système d'imputation total |
Luxembourg |
Classique plus exemption (50%) |
Pays-Bas |
Classique |
Portugal |
Système d'imputation partiel |
Royaume-Uni |
Système d'imputation partiel : avoir fiscal : 0,25% |
Suède |
Classique
|
Source : Fiscalité des Etats Membres de l'Union Européenne, Dictionnaire Permanent Fiscal (1998).
4. Principe
d'imposition des bénéfices à l'impôts sur les sociétés
dans les pays de l'UE
Etats Membres |
Principe d'imposition du revenu (1) |
Allemagne |
Bénéfice mondial |
Autriche |
Bénéfice mondial |
Belgique |
Bénéfice mondial |
Danemark |
Bénéfice mondial |
Espagne |
Bénéfice mondial |
France |
Principe du territoire (2) |
Finlande |
Bénéfice mondial |
Irlande |
Bénéfice mondial |
Italie |
Bénéfice mondial (3) |
Luxembourg |
Bénéfice mondial |
Pays-Bas |
Bénéfice mondial |
Portugal |
Bénéfice mondial |
Royaume-Uni |
Bénéfice mondial |
Suède |
Bénéfice mondial
|
Source
:
Fiscalité des Etats Membres de l'Union Européenne, Dictionnaire Permanent
Fiscal (1998).
(1) Le principe du territoire suppose que ne sont imposables que les bénéfices
réalisés dans les entreprises exploités dans le pays. La méthode du bénéfice
mondial
suppose que les entreprises soient imposées sur la totalité de leurs résultats y
compris ceux qui proviennent de succursales étrangères. Mais elles sont
généralement
autorisées à imputer sur l'impôt exigible les impôts qu'elles ont déjà payés à
l'étranger.
(2) En pratique, le Ministère des Finances peut autorisé une entreprise sur
demande à
pratiquer le régime du bénéfice mondial.
(3 )Les revenus soumis à des retenues à la source finales sont exclus de la
base
5. Principe
d'imposition des dividendes reçus par une société mère de la part de sa filiale
de
même nationalité ou de nationalité étrangère
Etats Membres |
Principe d'imposition des revenus (dividendes) des filiales nationales et étrangères versés aux entreprises résidentes (1) |
Principe d'imposition des
revenus des entreprises non résidentes
|
|
|
Filiale nationale (2) |
Filiales étrangères (2) |
|
Allemagne |
Système imputation totale |
Exonération |
IS et exonération de retenue à la source |
Autriche |
Exonération |
Exonération |
IS et exonération de retenue à la source |
Belgique |
Exonération à 95% |
Exonération à 95% et déduction des taxes étrangères sur le bénéfice imposable pour les 5% restant. |
IS et exonération de retenue à la source |
Danemark |
Exonération (3) |
Exonération (4) |
IS et exonération de retenue à la source |
Espagne |
Imputation et crédit d'impôt :50% |
Exonération |
IS et exonération de retenue à la source |
France (5) |
Exonération |
Exonération |
IS et exonération de retenue à la source |
Finlande |
Imputation (6) |
Exonération |
IS et exonération de retenue à la source |
Irlande |
Exonération |
Crédit d'impôt |
IS et exonération de retenue à la source |
Italie |
Imputation et crédit d'impôt :58,73%° |
Exonération à 95% |
IS et exonération de retenue à la source |
Luxembourg |
Exonération |
Exonération |
IS et exonération de retenue à la source |
Pays-Bas |
Exonération |
Exonération |
IS et exonération de retenue à la source |
Portugal |
Exonération à 95% |
Exonération à 95% |
IS et retenue à la source de 10% |
Royaume-Uni |
Exonération |
Crédit d'impôt |
IS et exonération de retenue à la source |
Suède |
Exonération |
Exonération |
IS et exonération de retenue à la source
|
Source
:
Fiscalité des Etats Membres de l'Union Européenne, Dictionnaire Permanent
Fiscal (1998).
(1) On suppose dans tous les cas que la directive société mère-filiale
s'applique . C'est à dire que la participation de la société mère au
capital de
sa filiale est supposée supérieure à 25%. Dans le cas contraire, les bénéfices
reçus
de l'étranger sont dans la plupart des cas inclus dans la base imposable de la
société
mère et les dividendes peuvent faire l'objet d'une retenue à la source
récupérable ou
non sur l'IS. Le taux de cette retenue étant fixé par des conventions
bilatérales.
(2) L'exemption suppose que les dividendes reçus ne sont pas imposés au niveau
du
récipiendaire. Un système de crédit suppose que les dividendes soient imposés au
niveau du récipiendaire mais que ce dernier bénéficie d'un crédit d'impôt pour
les
impôts déjà versés par la société distributrice et ce quelle que soit sa
nationalité
(3) Dans le cas de la non application de la directive mère-filiale, la base
imposable est
constituée de 66% des dividendes versés.
(4) Le régime d'exemption n'est accordée que si les dividendes ont subit à
l'étranger
un prélèvement équivalent à qui prévaut au Danemark. Dans le cas contraire, ils
sont
imposés au Danemark mais bénéficient pas d'un crédit d'impôt. Lorsque la société
mère ne possède pas 25% du capital de sa filiale, les dividendes sont imposés à
un
taux réduit de 22,44%.
(5) Dans le cas de la non application de la directive mère-filiale, la société
bénéficiaire de la redistribution bénéficie du mécanisme de l'avoir fiscal
(50%).
Dans le cas du régime d'intégration des filiales et s'il s'agit de dividendes
reçus de
la part d'une filiale française, un précompte égal à 1/3 de la distribution est
due,
mais celui-ci est totalement compensé par l'octroi du crédit d'impôt. Si les
dividendes
sont reçus de l'étranger, le précompte est appliqué amis là encore est
totalement
compensé par le crédit d'impôt aux actionnaires.
(6) Il existe une taxe minimale sur le paiement des dividendes.
6. Principe
d'imposition des intérêts reçus par une société mère de la part de ses filiales
en
fonction du pays de résidence de la société mère
Pays de résidence de la société mère |
Filiale étrangère |
Filiale et Société mère de même nationalité
|
Allemagne |
Imposition et crédit d'impôt |
Retenue à la source et système d'imputation totale |
Autriche |
Imposition et crédit d'impôt |
Imposition à l'IS |
Belgique |
Imposition et crédit d'impôt |
Retenue à la source et système d'imputation totale |
Danemark |
Imposition et crédit d'impôt |
Imposition à l'IS |
Espagne |
Imposition et crédit d'impôt |
Retenue à la source et système d'imputation totale |
France |
Imposition et crédit d'impôt |
Imposition à l'IS |
Finlande |
Imposition et crédit d'impôt |
Imposition à l'IS |
Irlande |
Imposition et crédit d'impôt |
Retenue à la source et système d'imputation totale |
Italie |
Imposition et crédit d'impôt |
Imposition à l'IS |
Luxembourg |
Imposition et crédit d'impôt |
Imposition à l'IS |
Pays-Bas |
Imposition et crédit d'impôt |
Imposition à l'IS |
Portugal |
Imposition et crédit d'impôt |
Retenue à la source et pas de crédit d'impôt |
Royaume-Uni |
Imposition et crédit d'impôt |
Retenue à la source et système d'imputation totale |
Suède |
Imposition et crédit d'impôt |
Imposition à l'IS
|
Source : Fiscalité des Etats Membres de l'Union Européenne, Dictionnaire Permanent Fiscal (1998).
7. Taux de retenue à la source pour les intérêts en provenance d'un Etat de l'UE
En %
|
Pays de la résidence |
|||||||||||||
Source |
Allema-gne |
Autriche |
Belgique |
Dane-mark |
Espagne |
France |
Finlande |
Irlande |
Italie |
Luxem-bourg |
Pays Bas |
Portugal |
Royaume-Uni |
Suède |
Allemagne |
34,65 (1) |
0 |
0 |
0 |
10 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
10 |
0 |
0 |
Autriche |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Belgique |
0 |
15 |
15 |
15 |
15 |
15 |
10 |
15 |
15 |
0 |
0 |
15 |
15 |
10 |
Danemark |
|
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Espagne |
0 |
0 |
0 |
0 |
25 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
France |
|
0 |
15 |
0 |
10 |
0 |
10 |
0 |
10 |
10 |
10 |
12 |
0 |
0 |
Finlande |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Irlande |
0 |
0 |
15 |
0 |
0 |
0 |
0 |
24 |
10 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Italie |
10 |
10 |
15 |
15 |
12 |
10 |
15 |
10 |
0 |
10 |
10 |
15 |
0 |
15 |
Luxembourg |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Pays-Bas |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Portugal |
10 |
10 |
15 |
- |
15 |
12 |
15 |
15 |
15 |
- |
- |
20 |
10 |
- |
Royaume-Uni |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
20 |
0 |
Suède |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0
|
(1) Il s'agit d'une
retenue de 30% augmentée d'une majoration exceptionnelle de 5,5% . Cette
retenue est
totalement supprimée par le crédit d'impôt. Il en est de même pour l'ensemble
des pays
lorsqu'il s'agit d'investissements intérieurs.
Source
: Fiscalité des Etats Membres de l'Union Européenne,
Dictionnaire
Permanent Fiscal (1998).
0
8. Règles d'amortissements
0
1.
Etats Membres |
Machines |
Immeubles (1) |
Allemagne |
Amortissement
linéaire : 10%
|
Amortissement linéaire 4%
ou amortissement dégressif :
|
Autriche |
Amortissement linéaire obligatoire : 10 à 20% |
Amortissement linéaire obligatoire : 4% |
Belgique |
Amortissement linéaire de droit commun ou dégressif sur option. (10 à 33%) (2) |
Amortissement linéaire de droit commun (5%) ou dégressif sur option (10%) : |
Danemark |
Amortissement dégressif de 30% (maximum) |
Amortissement linéaire
obligatoire (30% au total)
|
Espagne |
Amortissement linéaire de
droit commun : 10%
|
Amortissement linéaire obligatoire : 3% |
France |
Amortissement linéaire de 10 à 15%. (3) |
Amortissement linéaire 5% (3) |
Finlande |
Amortissement dégressif : 30% maximum |
Amortissement dégressif 7% maximum |
Grèce |
Amortissement linéaire : 10 à 20% |
Amortissement linéaire : 8% |
Irlande (4) |
Amortissement
linéaire obligatoire sur 7 ans:
|
Amortissement linéaire obligatoire : 4%
|
Italie |
Amortissement linéaire : 10 à 12,5% |
Amortissement linéaire : 3% |
Luxembourg |
Amortissement linéaire : 10 % ou Amortissement dégressif : coefficient de 3 avec un maximum de 30% |
Amortissement linéaire : 4 à 5% |
Pays-Bas |
Amortissement linéaire : 10 à 20% (5) |
Amortissement linéaire : 2 et 4% |
Portugal |
Amortissement linéaire : 12,5 à 25% (6) |
Amortissement linéaire : 5% |
Royaume-Uni (7) |
Amortissement dégressif : 25% |
Amortissement linéaire obligatoire: 4% |
Suède |
Amortissement dégressif de droit (30%) et linéaire sur option (20%) |
Amortissement linéaire obligatoire: 4%
|
(1) Il s'agit ici
des immeubles à usage industriel.
(2) Dans le cas de l'option dégressive, le taux ne peut dépasser deux fois le
taux
linéaire et chaque annuité dégressive ne peut excéder 40% du prix d'achat
(3) Possibilité d'amortissement dégressif (au choix) pour les biens
d'équipement .
(4) Présence des zones Franches de Shannon et de Dublin : Possibilité
d'amortir
jusqu'à 100% au titre de la première année.
(5) Amortissement initial de 100% si l'entreprise s'installe dans une zone
d'entreprise.
(6) Possibilité d'amortissement dégressif mais les taux dépendent d'accords
entre
l'entreprise et l'administration fiscale.
(7) Amortissement dégressif sur demande :
Si durée de vie des équipements est < 5 ans, le taux dégressif est égal à
taux
linéaire * 50%
Si durée de vie des équipements est comprise entre 5 et 6 ans, le taux
dégressif est
égal à taux linéaire * 100%
Si durée de vie des équipements est >6 ans, le taux dégressif est égal à taux
linéaire * 150%
Source : Fiscalité des Etats Membres de l'Union Européenne, Dictionnaire Permanent Fiscal (1998).
9. Méthode d'évaluation des stocks
Etats membres
|
LIFO |
FIFO |
Allemagne |
oui |
non |
Autriche |
conditionnel |
oui |
Belgique |
conditionnel |
oui |
Danemark |
conditionnel |
oui |
Espagne |
non |
oui |
France |
non |
oui |
Finlande |
non |
oui |
Grèce |
non |
oui |
Irlande |
non |
oui |
Italie |
oui |
oui |
Luxembourg |
conditionnel |
oui |
Pays-Bas |
oui |
oui |
Portugal |
oui |
oui |
Royaume-Uni |
non |
oui |
Suède |
non |
oui
|
Source : Fiscalité des Etats Membres de l'Union Européenne, Dictionnaire Permanent Fiscal (1998).
ANNEXE II.3.
LES DIRECTIVES ADOPTÉES PAR LA COMMISSION ET LES RECOMMANDATIONS DU RAPPORT
RUDING
Les
directives adoptées :
Le 23 juillet 1990, trois documents sont adoptés par le Conseil des Ministres
de la CEE
1. Directive du Conseil du 23 juillet 1990 concernant le régime fiscal commun
applicable
aux sociétés mères et filiales d'Etats membres différents (90/435/CEE);
2. Directive du Conseil du 23 juillet 1990 concernant le régime fiscal commun
applicable
aux fusions, scissions, apports d'actifs et échanges d'actions intéressants des
sociétés d'Etats membres différents (90/434/CEE) ;
3. Convention relative à l'élimination des doubles impositions en cas de
correction des
bénéfices d'entreprises associées (90/436/CEE).
La " directive société mère-filiale " a pour effet de lever dans une
importante mesure les barrières fiscales pour les flux de dividendes à
l'intérieur de
la Communauté européenne. En effet, avant l'entrée en vigueur de cette
directive, le
régime fiscal des dividendes distribués par une filiale à sa maison mère lorsque
celle-ci était résidente d'un autre Etat était le suivant: une retenue à la
source
était prélevée dans le pays de la filiale et ne pouvait être récupérée dans le
pays
de la maison mère. Or, cette situation n'existait pas lorsque la filiale et la
maison
mère étaient résidentes du même état, d'où la discrimination. La directive
prévoit
la suppression de toute retenue à la source sur les dividendes qu'une filiale
distribue
à sa société mère dans un autre Etat membre, tandis que la société mère
bénéficie
d'une exemption ou d'une imputation totale pour les revenus financiers perçus.
Son
application est actuellement limitée: le pourcentage minimum de détention est
fixé à
25% . De plus, les Etats peuvent exiger une détention de cette participation
pendant une
période ininterrompue d'au moins deux ans. Pour bénéficier de ce régime, les
deux
sociétés doivent également être constituées sous certaines formes juridiques
(ex: en
Belgique, seules les S.A., les S.P.R.L et les sociétés en commandite par action
peuvent
bénéficier de ce régime).
Une discrimination similaire à celle qui existait auparavant pour les
dividendes lors
d'opérations transfrontalières existe encore pour le paiement d'intérêts et de
redevances entre entreprises. Une proposition de directive visant à y remédier
a été
déposée par la Commission au début du mois de mars 1998. Une première
proposition de
directive avait déjà été proposée en 1990 mais n'avait toutefois pas abouti.
La Commission a également présenté une troisième proposition de directive:
proposition
de directive du Conseil du 3 décembre 1990 relative à un régime de prise en
compte par
les entreprises des pertes subies par leurs établissements stables et filiales
situées
dans d'autres Etats membres (Cov. 90/595). Cette proposition aurait pour
conséquence, si
elle était adoptée, que les pertes encourues pour une filiale située dans un
autre pays
de la Communauté seraient traitées de la même manière que les pertes d'une
filiale
située dans le pays de la maison mère. Mais à priori, cette proposition a peu
de chance
d'aboutir
" un groupe d'entreprises peut, par exemple, localiser ses investissements
dans le
pays où les amortissements fiscaux sont les plus généreux et les donner en
location à
une entreprise liée située dans un pays plus restrictif en la matière. La perte
ainsi
crée serait déductible ce qui, pour le pays de l'entreprise liée, a le même
effet que
s'il avait autorisé les mêmes modalités d'amortissement ". La Section
Fiscalité
et Parafiscalité du Conseil Supérieur des Finances va dans le même sens en
affirmant
son point de vue selon lequel " il ne convient pas d'entrer dans une
logique de
consolidation, fut-elle partielle, sans que les principaux paramètres de
détermination
de la base de l'impôt des sociétés ne soient eux-même harmonisés " .
Les analyses du rapport Ruding (1992) :
La Commission européenne a confié à un comité d'experts fiscaux indépendants une
étude sur l'harmonisation de l'impôt des sociétés au sein de l'Union
Européenne. Le
point de départ de l'analyse a été de répondre aux trois questions suivantes.
1. Les différences en matière d'imposition des entreprises au sein de l'Union
engendrent-elles des distorsions économiques importantes, incompatibles avec le
fonctionnement du marché unique ?
2. Si de telles distorsions existent, peut-on s'attendre à ce qu'elles
disparaissent par
le jeu des forces du marché et de la concurrence fiscale ou une action
communautaire
doit-elle être envisagée ?
3. Si un minimum de réglementations doivent être imposées au niveau de l'Union,
quel
doit être leur contenu (taux, base,...) ?
Pour répondre à la première question, le Comité s'est basé sur les résultats
d'une
analyse objective et d'une analyse subjective :
-- Analyse objective :
Cette analyse consistait à comparer, à l'aide d'un modèle de simulation, la
situation
fiscale actuelle d'une même entreprise dans chaque Etat membre (bénéfice avant
et
après impôts, traitement fiscal des investissements nationaux et
étrangers,...). Les
disparités entre les Etats membres seraient importantes mais ne seraient pas
uniquement
liées aux disparités fiscales. Elles seraient également dues aux différences de
taux
d'intérêts et d'inflation dans les différents Etats .
-- Analyse subjective :
Cette analyse est basée sur une enquête réalisée auprès d'entreprises des
différents
Etats membres et a pour but de donner des indications quant au poids des
différences
entre régimes fiscaux dans les décisions de localisation des entreprises.
L'enquête
révèle que dans plus de la majorité des cas (pour 58% des entreprises
exactement - 85%
dans le secteur financier), les décisions d'implantations sont effectivement
influencées
par des considérations fiscales. Par ailleurs, 75% des entreprises interrogées
ne
croient pas à la capacité du marché unique à amener la convergence des systèmes
fiscaux et sont donc en faveur de l'introduction de réglementations au niveau
européen.
Enfin, cette analyse révèle que les écarts importants entre le bénéfice avant et
après impôts du début des années '80 fortement réduits à la fin des années '80
alors qu'il n'y avait pas eu d'action concertée des Etats membres. Une analyse
plus
approfondie de ces résultats permit d'attribuer cette convergence aux
diminutions des
différentiels de taux d'intérêts et d'inflation entre Etats membres.
Ainsi, les objectifs du programme d'action qui serait envisagé par le Comité
Ruding sont
les suivants :
Þ Supprimer les discriminations et distorsions (au niveau des investissements
et des
participations transfrontalières) engendrées par les systèmes fiscaux différents
existant au sein de l'Union.
Þ Eviter que les Etats membres se livrent à une concurrence fiscale excessive,
par
l'introduction de règles minimales concernant les taux et la base imposable.
Þ Encourager à la transparence des incitations fiscales.
Les Propositions du Comité Ruding
Des propositions pour une véritable harmonisation des systèmes nationaux ont été
faites dans le rapport Ruding. Ces propositions n'ont toutefois pas été mises en
pratiques.
· Imposition des transactions transfrontalières
Le Comité propose un élargissement du champ d'application de la directive
mère-fille
(cf. supra) : D'une part, l'élargissement de la suppression de retenue à la
source sur
les dividendes entre Etats membres à tous les types de sociétés et réduction des
seuils de participation.
D'autre part, les retenues à la source qui frappent les paiements d'intérêts et
de
redevances entre entreprises créent des obstacles pour les opérateurs
économiques qui
exercent des activités transfrontalières. Elles peuvent impliquer des
formalités très
longues, entraîner des pertes de trésorerie et aboutir quelques fois à une
double
imposition. C'est pourquoi la Commission propose également l'adoption d'un
projet de
directive similaire à celle des dividendes mais relatif, cette fois, aux
intérêts et
redevances.
La Commission a invité les Etats membres à prendre l'engagement politique de
tout mettre
en oeuvre pour l'adoption rapide de la proposition de directive qu'elle a
présentée le 4
mars 1998 .
Le rapport Ruding insiste également sur la nécessité de fixer des règles
harmonisées
relatives à la détermination des prix de transferts (prix auquel une entreprise
d'un
groupe rémunère les biens ou service qui lui sont fournis par une entreprise
appartenant
au même groupe). Sans cette mesure, on risque d'aboutir à des situations dans
lesquelles
les coûts sont localisés dans les pays où les taux nominaux d'imposition sont
élevés
et les bénéfices dans les pays où ces taux sont faibles.
· Les systèmes d'impôt sur les sociétés
Les recommandations visent les modalités et l'étendue de l'allégement accordé
aux
actionnaires sur l'IS frappant les bénéfices distribués sous forme de
dividendes.
· Les taux nominaux d'IS
Pour réduire les distorsions de concurrence qui peuvent résulter des
différences de
régime fiscal, le Comité recommande l'adoption d'un taux minimal de 30% et un
taux
maximal de 40%. Le taux minimal est justifié par la nécessité de contrecarrer
l'érosion fiscale. Par contre, le taux maximal est plus difficilement
justifiable
économiquement.
· L'assiette de l'IS
L'harmonisation des taux d'IS n'a de sens que si la base d'imposition fait
également
l'objet d'une harmonisation minimale (la fixation de normes minimales pour les
principaux
paramètres de détermination de la base imposable : les amortissements, les
provisions
pour créances douteuses, les dépenses et charges professionnelles et le report
des
pertes. Dans la cas contraire, la convergence des taux d'imposition peut très
bien
aboutir à accroître les différentiels de coût du capital. Il suffit simplement
pour
cela que pour un même taux, les assiettes soient différentes :
· Les incitations fiscales
Les incitations fiscales doivent être limitées afin de rendre la base imposable
plus
transparente. Cependant, étant donné que l'UEM réduit fortement les instruments
de
politique économique des Etats membres, des incitations fiscales pourraient
rester
nécessaires. Le comité accepterait donc, pour cette raison, que certaines
incitations
soient maintenues sous certaines conditions : Ces incitations doivent être
spécifiques
à certaines zones ou activités limitées et elles ne doivent pas faire partie du
système fiscal général.
La section Fiscalité et Parafiscalité du Conseil Supérieur des Finances a
examiné ces
différentes propositions et en a retenu la conclusion suivante :
" [...] en fixant des limites au taux de l'impôt des sociétés et aux
principaux
paramètres qui concourent à déterminer la base imposable, l'objectif à
poursuivre [
une harmonisation suffisante dont la ligne directrice serait de concilier ,
sans incidence
budgétaire négative, la minimisation des distorsions de concurrence avec le
maintien
d'outil de politique économique au niveau des Etats membres, conformément au
principe de
subsidiarité] serait vraisemblablement rencontré ".
ANNEXE II.4.
LES PERSPECTIVES EN MATIÈRE D'HARMONISATION : LES TRAVAUX EN COURS
Depuis le début
de l'année 1997, les travaux d'harmonisation fiscale ont repris avec un peu
plus de
vigueur et ont d'ailleurs débouché sur plusieurs propositions importantes.
La reprise des travaux a réellement initié en avril 1996, lors d'une réunion à
Vérone, au cours de laquelle les Ministres des finances ont opté pour une
approche
globale en matière de politique fiscale qui repose sur le constat suivant:
" une
action coordonnée au niveau européen est nécessaire pour réduire les distorsions
provoquées au sein du marché unique, pour prévenir d'importantes pertes de
recettes
fiscales et pour orienter les structures fiscales dans un sens plus favorable à
l'emploi,
notamment en inversant la tendance qui consiste à imposer davantage le travail
que des
bases plus mobiles ".
Un groupe permanent (le Groupe de Politique Fiscale ou GPF) a été chargé de
coordonner
les politiques fiscales dans l'Union européenne. Le GPF, qui réunit les
représentants
personnels des ministres des finances sous la présidence de la Commission, a
commencé
ses travaux en mars 1997. Le groupe a concentré ses efforts sur l'élaboration
d'un
ensemble de mesures ciblées essentiellement sur la problématique de la
concurrence
fiscale dommageable.
Suite à ces travaux la Commision a proposé, dans sa communication du 5 novembre
1997 ,
l'ensemble des mesures suivantes:
· Un code de bonne conduite dans le domaine de la fiscalité des entreprises;
· Des mesures visant à éliminer les distorsions au niveau de l'imposition des
revenus
du capital;
· Des mesures destinées à éliminer les retenues à la source sur les paiements
transfrontaliers d'intérêts et de redevances entre entreprises.
" Code de bonne conduite " visant à empêcher la concurrence déloyale
dans le
domaine de la fiscalité des entreprises.
L'élaboration d'un code de conduite dans le domaine de la fiscalité des
entreprises
jouera un rôle essentiel dans l'ensemble des trois mesures citées ci-dessus. Ce
code
devrait, selon la Commission, aider à prévenir les distorsions économiques et
l'érosion des bases d'imposition dans l'Union.
Il s'agit d'un instrument non contraignant sur le plan juridique mais par
lequel les Etats
membres s'engagent, au niveau politique, à respecter les principes d'une
concurrence
loyale et à s'abstenir de toute mesure fiscale dommageable.
Le principe d'un code juridiquement non contraignant a bénéficié d'un large
soutien de
la part des Etats. Cependant, pour jouer un rôle efficace dans la lutte contre
la
concurrence fiscale dommageable, ce code doit s'appuyer sur un engagement
politique sans
faille des Etats membres. Apparemment, ce code de conduite a été adopté par
tous les
Etats.
Les quinze ne renonceront pas pour autant à la concurrence fiscale entre eux.
Mais, au
moins, ils souhaitent en éliminer les éléments les plus dommageables.
Est reconnu comme potentiellement dommageable " ...les mesures fiscales
établissant
un niveau d'imposition effective nettement inférieur au niveau général du pays
concerné, y compris une imposition nulle ". Le projet de code de conduite
énumère
toute une série de critères afin de déterminer quelles sont ces mesures
potentiellement
dommageables.
Parmi les dispositions du code figure l'engagement de geler et puis de
démanteler dans
les deux ans toute mesure de ce type. Le gel de ces mesures devrait permettre,
dès à
présent, de ne plus aggraver les distorsions de concurrence qui existent déjà.
Le Conseil des Finances a effectué en 1993 un inventaire des régimes similaires
en
vigueur dans les pays européens ou dans les territoires dépendant de ces pays .
Voici un résumé des systèmes relevés par le Conseil Supérieur des Finances :
Belgique |
- Centres de coordination
|
Luxembourg |
- Sociétés holding
|
France |
- Monaco et Andorre |
Italie |
- Campione d'Italia
|
Irlande |
- International Financial
Services Center
|
Portugal |
- Ile Madère |
Grande-Bretagne |
- Iles
anglo-normandes: " Corporation tax
companies " et " exempted companies "
|
Voici la
conclusion que le Conseil des Finances tire de l'examen de ces systèmes :
- La plupart des pays européens ont également un régime particulier pour les
"
quartiers généraux ", où l'imposition se fait par la méthode cost-plus ,
comme
dans le cas des centres de coordination.
- Bon nombre de pays disposent de systèmes dont les effets en terme de
réduction de la
charge fiscale sont similaires, voire supérieurs, à ceux des centres de
coordination.
CHAPITRE III
COTISATIONS SOCIALES ET COÛT DU TRAVAIL
EN EUROPE
La fiscalité
sur les entreprises françaises se caractérise par le poids relativement élevé
des
prélèvements assis sur les facteurs de production (travail et capital) par
rapport à
ceux assis sur les résultats, et au sein des premiers, par le poids important
des
prélèvements sur les salaires.
L'une des spécificités françaises est le niveau élevé des cotisations sociales
patronales. Celles-ci sont souvent accusées de nuire à l'efficacité économique
et de
peser sur le coût du travail, notamment des moins qualifiés. Or la maîtrise des
coûts
salariaux est un enjeu d'importance car ils sont un déterminant essentiel de la
demande
de travail des individus les moins qualifiés et de la compétitivité des
entreprises.
C'est ce qui explique les politiques d'allégement de charges sociales mises en
oeuvre
récemment en France.
Après avoir comparé le poids des cotisations sociales en France et dans les
autres pays
de l'Union européenne, nous nous intéressons à l'impact des cotisations
sociales sur le
coût du travail et sur l'emploi. Nous nous interrogeons enfin sur les effets à
attendre
d'une réduction globale des taux de cotisations sociales au niveau européen.
I. LE POIDS DES COTISATIONS SOCIALES DANS LES PAYS DE L'UNION EUROPÉENNE
En 1996, les cotisations sociales représentent en moyenne pour l'ensemble des pays de l'Union européenne 12,2 % du PIB, en hausse de 0,7 points par rapport à 1990. Ce ratio est compris entre 1.6 % au Danemark et 19.7 % en France.
Tableau 1. Cotisations sociales en dans les 15 pays de l'Union européenne
% du PIB
|
90 |
93 |
94 |
95 |
96 |
Belgique |
14,8 |
15,8 |
15,3 |
15,2 |
14,9 |
Danemark |
1,5 |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
France |
19,3 |
19,6 |
19,1 |
19,3 |
19,7 |
Allemagne |
13,7 |
15,1 |
15,3 |
15,5 |
15,5 |
Grèce |
11,2 |
12,3 |
12,4 |
12,6 |
12,4 |
Irlande |
5,2 |
5,4 |
5,2 |
4,9 |
4,5 |
Italie |
12,9 |
13,8 |
13,0 |
13,1 |
14,8 |
Luxembourg |
11,8 |
12,3 |
11,8 |
11,8 |
11,9 |
Pays-Bas |
16,7 |
18,1 |
18,4 |
18,3 |
17,1 |
Portugal |
8,4 |
8,7 |
8,9 |
9,4 |
9,0 |
Espagne |
12,1 |
13,1 |
13,0 |
12,3 |
12,1 |
Royaume-Uni |
6,2 |
6,0 |
6,2 |
6,3 |
6,2 |
Autriche |
13,5 |
14,8 |
15,2 |
15,3 |
15,3 |
Finlande |
9,9 |
12,0 |
12,6 |
12,7 |
12,4 |
Suède |
15,1 |
13,7 |
13,8 |
14,4 |
15,0 |
Moyenne UE |
11,5 |
12,2 |
12,1 |
12,2 |
12,2 |
Source : OCDE (1998)
Sur la période
1990-1996, le ratio cotisations sociales / PIB est en
très légère
hausse dans
l'ensemble des pays
(à l'exception de l'Irlande et de la Suède) mais il
semble
s'être stabilisé - et, dans certain cas, il a même régressé - un peu partout à
partir de 1993-1994.
On peut toutefois distinguer trois types de pays selon que le poids des
cotisations dans
le PIB est plus élevé, moins élevé ou dans la moyenne communautaire.
Les pays où le poids des cotisations sociales est plus élevé que la moyenne
communautaire (> 12,2 % du PIB) sont :
la France, la Belgique,
l'Allemagne,
l'Italie, les Pays-Bas, la Grèce, la Finlande, l'Autriche et la Suède.
Les pays qui se situent dans la moyenne communautaire sont
: Le
Luxembourg et
l'Espagne.
Les pays où le poids des cotisations sociales est inférieur à la moyenne
communautaire
sont :
le Danemark, l'Irlande, le Portugal et le Royaume-Uni
.
La contribution relative des employeurs et des employés
(en pourcentage
du total
des recettes fiscales)
au financement de la Sécurité sociale varie fortement
selon
les pays
(graphique 1) : la part des cotisations employeurs est beaucoup
plus forte
que la part salariée en
Belgique, en Italie, en France et en Espagne
. La
situation
inverse est observée au
Danemark,
en
Irlande
et aux
Pays-Bas
. La
part des cotisations salariés est particulièrement élevée aux Pays-Bas ; celle
des
cotisations employeurs est particulièrement élevée en France.
Dans la quasi-totalité des pays on observe, sur la période 1990-1996, une
hausse des
cotisations salariés (
tableau 2
)
, mais de faible ampleur.
L'évolution des cotisations sociales à charge des employeurs est plus mitigée.
On
observe une
diminution des cotisations dans la majorité des pays
et une
stagnation
de la moyenne communautaire.
Si la part des
cotisations employeurs
dans le PIB a fortement crû de
1970 à 1980
(+1,8 point sur la période), elle s'est stabilisée sur la période 1980-1988
(+0,1 point) et
est en voie de régression
sur la période 1990-1996
(- 0.07
point).
Cela va dans le sens de ce que préconise la Commission européenne. D'ailleurs,
la baisse
des cotisations patronales de sécurité sociale apparaît tant au niveau des
priorités
pour l'emploi définies au
Conseil de Essen en 1994
qu'au niveau des
lignes
directrices retenues au
sommet pour l'emploi de Luxembourg en novembre
1997
comme
un des axes principaux de la politique de lutte contre le chômage.
Tableau 2.
Evolution des cotisations employeurs et salariés
de 1970 à 1995 dans les 15 pays de l'UE
% du PIB
|
Cotisations employeurs |
Cotisations salariés |
||||
|
70 - 80 |
80 - 88 |
90 - 96 |
70 - 80 |
80 - 88 |
90 - 96 |
Belgique |
+2,5 |
+1,0 |
-0,2 |
+ 0,6 |
+1,0 |
0,0 |
Danemark |
-0,1 |
-0,2 |
-0,0 |
- 0,7 |
+0,6 |
+0,1 |
Espagne |
+4,0 |
-0,2 |
-0,1 |
+1,3 |
-0,7 |
- 0,1 |
France |
+2,6 |
+0,1 |
+0,3 |
+2,2 |
+1,0 |
+0,1 |
Grèce |
+0,7 |
+1,1 |
+0,4 |
+1,0 |
+0,6 |
+0,9 |
Irlande |
+1,8 |
+0,3 |
-0,3 |
+0,4 |
+0,5 |
-0,3 |
Italie |
+0,7 |
+0,1 |
+1,1 |
+0,1 |
+0,3 |
+0,4 |
Luxembourg |
+2,0 |
-0,8 |
-0,3 |
+1,3 |
-0,2 |
+0,2 |
Pays-Bas |
+2,0 |
-0,1 |
-0,4 |
+1,4 |
+1,9 |
+0,5 |
Portugal |
+1,7 |
+0,6 |
+0,0 |
+0,9 |
+0,0 |
+0,2 |
Allemagne |
+1,9 |
+0,1 |
+0,8 |
+1,3 |
+0,2 |
+0,8 |
Royaume-Uni |
+0,9 |
+0,1 |
-0,2 |
+0,0 |
+0,8 |
+0,2 |
Moyenne CE |
+1,8 |
+0,1 |
-0,0 |
+1,0 |
+0,5 |
+0,5 |
Source : OFCE et CEPII (pour la période 1980-1988) et OCDE (pour la période 1990-96)
Graphique 1 : Cotisations de sécurité sociale à la charge des salariés et des employeurs en 1996 dans les 15 pays de l'UE.
(en % du
total des recettes fiscales)
Du point de vue de l'analyse économique, la distinction entre cotisations
salariés et
employeurs est sans fondement, du moins à long terme. Autrement dit, on pourrait
transformer du jour au lendemain des cotisations employeurs en cotisations
salariés à
condition, toutefois, d'augmenter le salaire brut et les cotisations salariés
du même
montant.
Très schématiquement, ce qui intéresse les employeurs, c'est le coût total du
travail,
charges sociales comprises. Les salariés, en revanche, sont sensibles au
salaire net des
cotisations sociales et certainement net aussi de l'impôt sur le revenu. Cet
" écart de point de vue " entre employeurs et salariés est
appelé
par les économistes : coin salarial ou coin fiscalo-social
18(
*
)
.
On montre facilement que l'équilibre sur le marché du travail est le même,
quelle que
soit la répartition entre cotisations salariés et employeurs (prédominance des
cotisations salariés ou prédominance des cotisations employeurs). En effet,
dans les
deux cas, le coût du travail dont dépend la demande de travail émanant des
entreprises,
et le salaire net, dont dépend l'offre émanant des travailleurs sont les mêmes.
Seule
la position du salaire brut est différente.
D'un point de vue macroéconomique, les cotisations employeurs peuvent être vues
aussi
comme un impôt sur les salariés, du moins à long terme. L'argumentation
macroéconomique est la suivante : la hausse des cotisations employeurs diminue
la
compétitivité des entreprises et fait baisser les profits, ce qui nuit à
l'activité
économique. Toutes choses égales par ailleurs, le taux de chômage augmente, ce
qui fait
baisser les salaires par un effet Phillips. La hausse des cotisations sociales
employeurs
doit se répercuter entièrement sur les salaires
19(
*
)
.
II. LE FINANCEMENT DES PRESTATIONS SOCIALES SELON LES DIFFÉRENTS RISQUES
Le financement
de la protection sociale pose inévitablement la question de la répartition du
financement de la protection sociale entre cotisations sociales et impôt du
point de vue
de l'équité.
La réponse à cette question suppose que l'on opère au préalable une distinction
entre
les prestations sociales dont l'objectif est de fournir aux bénéficiaires un
revenu de
remplacement et celles qui relèvent plutôt de la solidarité nationale. Dans
cette
perspective, les cotisations sociales ont vocation à financer des dépenses
ayant un
caractère d'assurance, autrement dit des prestations
(1) qui sont la
contrepartie d'un
risque lié à la perte de revenus professionnels pour les bénéficiaires, (2) pour
lesquelles il existe un lien, dit contributif, entre le montant des cotisations
versées
et le montant des prestations reçues.
Dans ce cas, les cotisations sociales, qu'elles soient à la charge des salariés
ou des
employeurs, doivent être considérées comme une fraction de leur rémunération
qu'ils
ne perçoivent pas directement (" salaire différé ") mais
qui est
versé pour leur compte aux organismes de Sécurité sociale. Entrent dans cette
catégorie les pensions de retraites, les indemnités journalières de maladie ou
de
maternité ou encore les indemnités chômage, aussi longtemps, du moins, qu'elles
ne sont
pas forfaitaires, mais proportionnelles au salaire.
En revanche, les dépenses dont l'apparition n'est pas liée à la perte d'un
revenu
professionnel relèvent plutôt de la solidarité nationale et devraient être
financées
par l'impôt. En effet, la solidarité nationale est en quelque sorte un bien
collectif
qui doit être financé par tous, autrement dit par des prélèvements sur toutes
les
catégories de revenus, comme cela est le cas pour les minima sociaux. On
retrouve, dans
cette catégorie de prestations, les diverses allocations sous conditions de
revenu, les
allocations familiales qui sont ouvertes à toutes les familles ou encore les
prestations
maladie en nature.
La distinction, entre ce qui relève de l'assurance et ce qui répond à une
logique de
solidarité (ou de redistribution), s'est traduite en France par la dissociation
en 1984
de l'assurance-chômage, gérée par les partenaires sociaux, d'un régime de
solidarité
pris en charge par l'Etat pour les chômeurs ayant épuisé leurs droits. De même,
dans
le domaine des retraites, la distinction entre assurance et solidarité s'est
traduite par
la création d'un Fonds de solidarité vieillesse où sont domiciliés depuis 1984
les
avantages définis comme non contributifs (minimum vieillesse, ...). Plus
récemment,
c'est la même logique qui a inspiré la substitution des cotisations sociales
maladie par
la CSG.
Cette distinction, pour séduisante qu'elle soit, ne doit pas faire oublier que
" l'assurance sociale associe toujours à des mécanismes contributifs
une
fonction redistributive " (Lattès, 1996)
20(
*
)
.
De façon très générale, on peut qualifier de redistributif tout système qui
s'éloigne de la régle de
neutralité actuarielle
. Techniquement, cela est
le cas
quand certains individus versent au système davantage que ce qu'ils sont
susceptibles
d'en recevoir en moyenne (ou en espérance mathématique)
21(
*
)
.
Du fait de l'obligation d'affiliation à une caisse d'assurance sociale, la
redistribution
s'exerce d'abord entre classes de risques
. Ainsi, les individus, en bonne
santé et
ayant une probabilité faible d'être au chômage, financent implicitement les
individus
les moins bien-portants et ceux qui ont une forte probabilité de perdre leur
emploi. La
redistribution s'exerce ensuite
entre classes de revenus
dès lors que les
titulaires de revenus élevés sont plus sollicités sans bénéficier pour autant de
droits supérieurs.
Les systèmes de financement de la protection sociale sont très différents selon
les
pays et selon le risque couvert . Les pays ont recours à des degrés divers à la
fois
aux cotisations sociales salariés et employeurs et à la fiscalité sans
respecter, bien
souvent, le principe d'équité énoncé ci-dessus.
1. les prestations familiales :
Elles devraient
être entièrement fiscalisées. Elles l'étaient dans quatre pays seulement à la
fin des
années 80, elles le sont désormais dans 8 des quinze pays de l'Union européenne
:
l'Autriche, le Danemark, la Finlande, l'Allemagne, l'Irlande, les Pays-Bas, la
Suède et
le Royaume-Uni. De façon plus générale, on observe, ces dernières années, une
tendance très nette à fiscaliser le financement de ces prestations. C'est
notamment le
cas des Pays-Bas qui ont supprimé, au début des années 90, les cotisations
patronales
pour les allocations familiales et les ont remplacées par l'impôt.
Les prestations familiales sont financées par les cotisations des employeurs et
des
salariés au Portugal, en Espagne et en Grèce. Elles sont financées
exclusivement par
les cotisations des employeurs en Belgique et en Italie. En France, les
prestations
familiales sont financées, en partie par les cotisations des employeurs et, en
partie par
l'impôt, via la contribution sociale généralisée (CSG). Au Luxembourg, elles
sont
financées par des cotisations patronales mais ces cotisations sont prises en
charge par
l'Etat. Les cotisations sont plafonnées en Grèce, en Espagne et au
Luxembourg.
2. l'assurance chômage :
Elles sont
presque partout financées par des cotisations employeurs et salariés. Cela est
logique
car les employeurs ne peuvent se désintéresser des conséquences de leurs
décisions de
licenciement. Dans la plupart de cas, ces cotisations sont plafonnées. Les
prestations de
chômage sont fiscalisées uniquement au Luxembourg. La Suède est le seul pays où
les
prestations de chômage sont financées exclusivement par les employeurs. En
Belgique,
l'Etat intervient pour combler les écarts entre les recettes et les dépenses.
Dans certains pays, il existe un niveau minimum de salaire en dessous duquel il
n'est pas
obligatoire de cotiser contre le rique chômage. C'est le cas du Royaume-Uni, de
l'Autriche et de l'Irlande (tableau 3).
Tableau 3 : Conditions applicables en matière de salaire pour pouvoir cotiser à
l'assurance chômage dans les pays de l'Union européenne pour lesquels cette
condition
existe, 1996.
Pays |
conditions |
|
Royaume-Uni |
au moins 57 GBP/semaine |
|
Autriche |
si le salaire est inférieur à ATS 3452/mois, pas d'assurance obligatoire |
|
Irlande |
IRL 70/semaine ; les salariés touchant entre 30 et 70 IRL sont autorisées à verser des cotisations inférieures |
Source: Maria Jepsen et Danièle Meulders, " Les inégalités entre les sexes dans les régimes européens d'indemnité au chômage ", Revue internationale de sécurité sociale1997.
3. L'assurance maladie - invalidité :
Elle est partout financée essentiellement par des cotisations employeurs et salariés, sauf au Danemark où elle est financée par la fiscalité et au Royaume-Uni où les prestations en nature sont financées par l'impôt. Aux Pays-Bas, les prestations maladie sont financées par des cotisations patronales et salariales ; par contre, les prestations invalidité sont financées uniquement par des cotisations des salariés. Dans huit pays, les cotisations sont plafonnées; dans cinq pays, elles ne le sont pas.
4. L'assurance " accidents du travail et maladies professionnelles " :
Elle est financée dans la plupart des pays par les employeurs en fonction des risques encourus dans la branche où l'entreprise exerce son activité.
5. l'assurance vieillesse :
Les pensions
vieillesse sont, dans la plupart des pays de l'Union européenne, financées par
des
cotisations employeurs et salariés. Elles sont souvent améliorées par des
retraites
complémentaires qui peuvent être publiques, privées ou financées dans le cadre
de
l'entreprise. Au Danemark, le financement est essentiellement fiscal mais une
" petite " retraite obligatoire est financée par des
cotisations. Aux
Pays-Bas, les cotisations ne sont payées que par les salariés. En Belgique, en
Finlande
et en Italie, les cotisations ne sont pas plafonnées ; par contre, dans les
autres pays,
elles le sont. En France, la fiscalisation se développe avec la CSG.
Enfin, en ce qui concerne les taux qui sont appliqués, ils varient fortement
d'un pays à
l'autre. Dans certains pays, il existe un taux global appliqué sans distinction
de risque
(Belgique, Espagne, Portugal, Irlande, Royaume-Uni). Dans d'autres pays, les
taux de
cotisation sont variables selon le risque.
III. TAUX MOYENS DE COTISATIONS SOCIALES : UNE TRÈS GRANDE DIVERSITÉ
Le tableau 4 donne, pour chaque pays, de l'Union le taux moyen, pour différents niveaux de salaires, d'une part des cotisations à charge des salariés et, d'autre part, des cotisations à charge des employeurs. Ce tableau indique également si les cotisations sont plafonnées et s'il existe un seuil pour le paiement des cotisations.
Tableau 4 : Taux de cotisation sociale employeurs - salariés dans les pays de l'Union européenne en 1996 pour différents niveaux de revenu. Les niveaux de revenu sont exprimés en pourcentage du salaire de l'ouvrier moyen (SMO).
|
Taux salariés |
Taux employeurs 22( * ) |
Plafond |
seuil |
||||
Niveau de salaire |
67% du SMO |
SMO |
167% du SMO |
67% du SMO |
SMO |
167% du SMO |
|
|
Autriche |
18.1% |
18.1% |
18.1% |
24.4% |
24.4% |
24.4% |
oui (1.6 fois le SMO) |
oui (17.1% SMO) |
Belgique 23( * ) |
13.1% |
13.9% |
14% |
34.735% |
34.735% |
34.735% |
non |
non |
Danemark 24( * ) |
9.7% |
8.8% |
8.1% |
0 |
0 |
0 |
non |
non |
Finlande |
7.6% |
8.1% |
8.4% |
25.75% |
25.75% |
25.75% |
non |
non |
France |
18.9% |
18.9% |
17.7% |
37.9% |
43.3% |
47.5% |
oui (plafond de base: 1.3 fois le SMO) |
non |
Allemagne |
20.2% |
20.2% |
18.4% |
20.2% |
20.2% |
18.4% |
oui (1.3 ou 1.7 fois le SMO) |
non |
Grèce |
15.9% |
15.9% |
15.9% |
27.96% |
27.96% |
27.96% |
oui (2.1 fois le SMO) |
non |
Irlande |
3.1% |
6.1% |
6.5% |
8.5% |
12% |
12% |
oui (1.6 ou 1.9 fois le SMO) |
oui 25( * ) (22.1% SMO) |
Italie |
9.9% |
9.9% |
9.9% |
46.36% |
46.36% |
46.36% |
non |
non |
Luxembourg |
12.5% |
12.5% |
12.5% |
12.5% |
12.5% |
12.5% |
oui (2.5 fois le SMO) |
non |
Pays-Bas |
30.2% |
33.3% |
21.5% |
7.0% |
8.2% |
3.7% |
oui (1.3 fois le SMO) |
non |
Portugal |
11% |
11% |
11% |
23.75% |
23.75% |
23.75% |
non |
non |
Espagne |
6.4% |
6.4% |
5.9% |
30.8% |
30.8% |
28.5% |
oui (1.5 fois le SMO) |
non 26( * ) |
Suède |
5% |
4.9% |
4% |
33.06% |
33.06% |
33.06% |
oui 27( * ) (1.4 fois le SMO) |
non |
Royaume-Uni |
7.6% |
8.4% |
7.9% |
7% |
10.2% |
10.2% |
non |
oui (19.9% SMO) |
Source: La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts sociaux, OCDE, 1997.
On peut noter la
grande disparité des taux de prélèvement moyens entre les différents Etats
membres :
pour les cotisations des salariés, ces taux vont de 4,9 % en Suède à
33,3 %
aux Pays-Bas ; pour les cotisations des employeurs, celles-ci varient de
0 % au
Danemark à 46,4 % en Italie.
Qui plus est, on n'observe pas de
convergence des
taux moyens de cotisations employeurs sur la période 1990-1995.
Le niveau des taux de cotisation n'est pas le seul élément pertinent pour juger
des
effets que peuvent exercer les prélèvements sociaux. La progressivité ou la
dégressivité de ces prélèvements, selon le niveau de salaire, est également de
nature
à favoriser l'émergence de différentes formes d'emploi. Ainsi, toutes choses
égales
par ailleurs, un système dégressif favoriserait la création d'emplois qualifiés
tout
en étant défavorable à la création d'emplois à temps partiels ou faiblement
rémunérés.
Dans certains pays (Allemagne, Grèce, Espagne, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas,
Autriche,
Suède et France), l'existence de plafonds pour le calcul des cotisations rend
le système
dégressif. Dans d'autres pays, des seuils " planchers " ont
été
fixés en-dessous desquels aucune cotisation n'est due ; ces planchers ont pour
effet
d'exonérer des cotisations sociales les bas salaires souvent associés à des
temps
partiels. C'est le cas en Autriche, en Irlande et au Royaume-Uni. Ils
avoisinent en
général les 20% du SMO. Ces seuils s'appliquent tant aux cotisations des
salariés qu'à
celles des employeurs, sauf en Irlande où elles ne concernent que les
cotisations des
salariés. En Espagne, au contraire, il existe un plancher équivalent à 42% du
SMO,
c'est-à-dire que si le salaire est inférieur au montant du plancher, les
cotisations
sont calculées sur base du plancher. Cela a pour effet de désavantager les bas
salaires
car le système rend les taux moyens supérieurs pour les bas salaires.
Le Graphique 2 représente l'évolution des taux moyens de cotisations patronales
en
fonction de l'évolution du niveau de rémunération brut exprimé en pourcentage du
salaire de l'ouvrier moyen.
Graphique 2 :Taux moyens de cotisations patronales en fonction de l'évolution des salaires bruts
Sources : Robert Plasman et Marc Stocker, " cotisations de sécurité sociale et durée du travail ", DULBEA, 1998 28( * ) . (Italie, Luxembourg = taux appliqué aux ouvriers, Allemagne = nouveaux landër)
Ce graphique
fait apparaître trois types de pays :
· Les pays qui ont un système de cotisations strictement proportionnel,
c'est-à-dire à
taux fixe et sans plafond, on trouve la
Belgique, l'Italie et le
Portugal
.
· Les pays qui ont un système à taux fixe et un plafond de cotisations :
Grèce,
Espagne, Luxembourg, Allemagne, France, Pays-Bas.
On notera que la
dégressivité ne
s'amorce en Grèce, en Espagne, et au Luxembourg qu'à partir d'un salaire deux
fois
supérieur à celui de référence, alors qu'elle commence en Allemagne, en France
et au
Pays-Bas dès le salaire moyen.
· Seul le
Royaume-Uni
bénéficie d'un système de nature uniquement
progressive.
Toutefois, la progressivité des cotisations patronales au Royaume-Uni ne
concerne que les
salaires inférieurs à 75 % du salaire moyen.
L'Irlande
possède un
système
mixte en forme de cloche (progressif pour les premières tranches salariales,
dégressif
ensuite).
La progressivité est par conséquent plutôt l'exception que la règle générale en
Europe, la grande majorité des pays membres connaissant des taux
proportionnels, avec
pour certains une dégressivité au sommet de la distribution des salaires.
Tableau 5: structure des prélèvements de cotisations sociales en Europe
Pays |
Maladie-Maternité
|
Invalidité
|
Vieillesse-survivants (3)
|
Accident du
travail et maladie professionnelle
|
Chômage
|
Prestations familiales (6) |
Cotisations non-affectées à une branche particulière |
||||||
Belgique |
E: 6.15%
|
E: 8.86%
|
E: 1.40%
|
E: 8.94%
+1.69% ( si + de 10 travailleurs occupés) + cotisation
spéciale
|
E: 7.0%
|
Cotisat.
spéciale (montants forfaitaires, progressifs selon le
revenu
|
|||||||
Danemark |
Impôt |
Pension
nationale: Impôt
|
Cotisations variables selon le risque => employeurs |
E: cotisation
forfaitaire en fonction de la base TVA
|
Impôt |
non
|
|||||||
Allemagne |
E: 7.55% (pour les anciens
|
E: 9.3%
|
cotisations variables selon l'activité => employeurs |
E: 3.25%
|
Impôt |
non |
|||||||
Grèce |
E: 5.10%
|
E: 13.33% +
1.4% si travail insalubre
|
E: 3.98%
|
E: 1.0%
|
non |
||||||||
Espagne |
E: 23.6%
|
Cotisations variables selon l'activité |
E: 7.2%
|
Cotisations comprises dans (1), (2) et (3) |
non |
||||||||
France |
E: 12.8%
|
E: 8.20%
|
Cotisations
variables selon le risque
|
E: 4.18%
|
E: 5.4%
|
0.5% sur tous les revenus |
|||||||
Irlande |
E: 8.5%
salaire hebdomadaire <318 ecu les premiers 102 ecu du
salaire hebdomadaire sont exonérés
|
Impôt |
non |
||||||||||
E = cotisation employeur de base; S = cotisation salarié de base; P = plafond annuel de cotisation |
|||||||||||||
Italie |
E: 14.35% (ouvrier)
#177;13% (employé)
|
E: 24.11%
|
Cotisations
variables selon le risque
|
E: 4.41%
industrie
|
E: 2.48%
|
non |
|||||||
Luxembourg |
E: 4.5% (ouvrier) 2.6%
(employé)
|
E: 8.0%
|
Cotisations
variables selon le risque
|
Impôt |
E: 1.7%
(remboursé par l'Etat)
|
non |
|||||||
Pays-Bas |
E: 5.35%
|
S: 7.95%
(prest. en nature)
|
E: non
|
non |
E: 5.60%
|
Etat |
non |
||||||
Autriche |
E: 6.25% (ouvrier) 5.70%
(employé)
|
E: 12.55%
|
E: 1.4%
|
E: 3%
|
Impôt |
non |
|||||||
Portugal |
E: 23.25%
|
cotisations
variables selon le risque
|
Cotisations comprises dans (1), (2) et (3) |
non |
|||||||||
Finlande |
E: 1.60% (secteur privé)
|
E: 19.2% à
21.7% selon les salaires (privé)
|
Cotis.
variables selon le risque
|
E: 1% ou 4%
selon
|
Impôt |
non |
|||||||
Suède |
E : 5.28%
|
E: 18.86%
|
E: 1.38%
|
E: 5.42%
|
Impôt |
non |
|||||||
Royaume-Uni |
E:
0% salaire hebdomadaire < 75 ecu
|
Etat |
Cotisations comprises dans la rubrique (1), (2) et (3) |
Etat |
non |
Source : MISSOC, La protection sociale dans les Etats membres de l'Union européenne , situation au 1er juillet 1996 et évolution, Commission des Communautés européennes, DG V, 1996
IV. COTISATIONS SOCIALES, COÛT DU TRAVAIL ET EMPLOI
La question des
coûts de la main-d'oeuvre fait partie des interrogations qui alimentent de façon
récurrente le débat économique et social, qui plus est dans la perspective de
la mise
en place de l'euro. En effet, certains observateurs soulignent le risque de
voir la
concurrence sociale - tout comme la concurrence fiscale - se substituer à la
concurrence
par les taux de change.
L'évaluation de ce risque est loin d'être évidente et suppose de se poser trois
types
de questions :
1. Les coûts horaires de la main-d'oeuvre (ou plus exactement les coûts
unitaires de la
main d'oeuvre) sont-ils plus élevés en France qu'ailleurs ?
2. Peut-on établir un lien entre le niveau du coût horaire du travail et le
poids des
charges sociales et fiscales pesant sur le travail ?
3. L'emploi est-il sensible au coût du travail ou, plus précisément, une
diminution des
charges patronales peut-elle avoir un effet significatif sur l'emploi ?
(1)
La France se situe dans une position intermédiaire, parmi les pays de
l'Union
européenne, pour ce qui concerne les coûts horaires de main-d'oeuvre
(tableau 6) avec un coût horaire moyen très nettement supérieur à celui du
Royaume-Uni (+ 40 %) mais sensiblement inférieur à celui de
l'Allemagne.
La comparaison des seuls coûts horaires moyens n'est toutefois pas suffisante
car, par
définition, elle ne permet pas d'appréhender les différences de coût horaire
pour les
salariés les moins qualifiés. Ainsi, quand on considère les seuls ouvriers le
classement des pays reste sensiblement le même à l'exception notable de la
France qui se
rapproche sensiblement des pays à faible coûts (tableau 7)
29(
*
)
.
Ainsi, en 1995, alors que le coût allemand est supérieur en moyenne d'environ
30 % au
coût français, l'écart dépasse 60 % pour la seule main-d'oeuvre ouvrière. A
l'inverse, comme le note l'IRES, alors que le coût britannique est, en moyenne,
inférieur de 35 % au coût français, cet écart se réduit à moins de 25 % pour les
ouvriers. De même pour les Etats-Unis, le coût horaire de la main-d'oeuvre est
inférieur, en moyenne, de 20 % au coût français alors que cet écart n'est que
de 10 %
pour les ouvriers.
Relativement à la moyenne des salariés, le coût de la main-d'oeuvre ouvrière
est plus
faible en France qu'ailleurs, ce qui rapproche le coût du travail de l'ouvrier
français
des pays à faible coûts.
Tableau
6 : Coût de la main-d'oeuvre aux taux de change courants
dans l'industrie manufacturière
(en indices, France = 100) - Année 1996.
Portugal |
28 |
Grèce |
39 |
Royaume-Uni |
61 |
Irlande |
62 |
Canada |
69 |
Espagne |
69 |
Etats-Unis |
76 |
Italie |
77 |
Suède |
91 |
Finlande |
92 |
Pays-Bas |
99 |
France |
100 |
Japon |
101 |
Norvège |
101 |
Danemark |
104 |
Autriche |
106 |
Belgique |
111 |
Suisse |
118 |
Allemagne |
119 |
Source : Eurostat et Roxecode
Tableau 7 : Rémunération horaire des ouvriers dans l'industrie manufacturière en 1995
(en indices, France = 100)
Portugal |
28 |
Grèce |
44 |
Espagne |
67 |
Irlande |
73 |
Royaume-Uni |
76 |
Italie |
85 |
Etats-Unis |
90 |
France |
100 |
Luxembourg |
114 |
Suède |
115 |
Danemark |
121 |
Japon |
121 |
Pays-Bas |
123 |
Finlande |
123 |
Autriche |
131 |
Belgique |
134 |
Allemagne |
161 |
Source : IRES (1996, op.cit, p. 14)
Graphique 3 :
(1)
Coin salarial global dans 15 pays de l'OCDE
Notons enfin que
ce n'est pas le coût horaire (graphique 3) qui est pertinent pour effectuer des
comparaisons de coûts du travail mais le coût salarial moyen par unité
produite. En
effet, il ne faut pas oublier que la productivité constitue un élément tout
aussi
déterminant que le coût salarial pour déterminer la compétitivité-coût de la
main-d'oeuvre.
Les comparaisons de productivité en niveau sont cependant peu fiables (et donc
celles du
coût salarial unitaire aussi). En revanche, il est possible de confronter les
évolutions
du coût salarial unitaire dans différents pays. On observe alors (graphique 4)
que le
coût salarial unitaire a augmenté, en France, à un rythme annuel qui est très
proche
de celui des Etats-Unis et bien moindre qu'au Japon et en Allemagne.
Graphique 4 :
2. Peut-on établir un lien entre le niveau du coût horaire du travail et le poids des charges sociales et fiscales pesant sur le travail ?
Du point de vue de l'analyse économique, les effets du coin salarial sur l'emploi, et plus généralement sur l'efficacité économique, peuvent être représentés graphiquement (graphique 5). Le raisonnement peut s'appuyer sur le diagramme classique de l'offre et de la demande sur le marché du travail (en équilibre partiel).
Graphique 5. Marché du travail et coin salarial
prix du travail Offre de travail
coût pour l'entreprise a
E
coin fiscal b
E'
salaire net du salarié c
Demande de travail
quantité de travail
En l'absence de cotisations, l'équilibre du marché s'établit en E.
L'introduction des
cotisations entraîne une translation vers la gauche de la courbe de demande de
travail
des entreprises. Autrement dit, pour chaque niveau d'emploi, on observe un
fléchissement
du salaire net reçu par le salarié. Au nouvel équilibre, E', l'emploi diminue
et le
coin fiscal est à l'origine d'une " charge fiscale
excédentaire "
("
excess burden "
) représentée sur le graphique par
la
surface du triangle
abc
(triangle de Dupuis). Autrement dit, seule une
partie du
surplus des salariés et des entreprises existant avant l'introduction des
cotisations
sociales est prélevée par le secteur public. Le reste (qui correspond à la
surface du
triangle) est une perte sèche pour l'économie.
Le problème est en réalité plus complexe car l'incidence des cotisations
sociales sur
le coût du travail suppose de comprendre au préalable le mode de formation des
salaires
réels et plus particulièrement comment ils réagissent à une variation de
cotisations
(Cotis et Loufir, 1990)
30(
*
)
. Ainsi, l
e débat
doit
porter au moins autant sur le poids global du prélèvement que sur le lien entre
cotisations et prestations
servies
. Autrement dit, c'est le statut
des
cotisations sociales qui est important : sont-elles perçues comme un
élément de
rémunération substituable au salaire net (autrement dit comme " un
salaire différé ") ou, au contraire, comme un prélèvement à
caractère
fiscal ?
31(
*
)
Tant que les individus perçoivent les cotisations comme la contrepartie de
revenus
différés, autrement dit comme une prime d'assurance, l'augmentation du
prélèvement
social peut être absorbée par un fléchissement spontané des salaires nets.
Dans ce cas, le plein emploi est alors assuré car les salariés acceptent une
complète
flexibilité de leur rémunération. L'augmentation des taux de prélèvement ne
modifie
pas le coût global du travail, mais seulement son partage entre le salaire net
et les
cotisations, et sera sans effet notable sur l'emploi. A l'inverse, si l'offre
de travail
est parfaitement élastique et s'il n'y a pas de substitution possible entre
cotisations
et salaire net, les salariés défendent un objectif de salaire net rigide, et
toute
hausse de cotisations se répercute sur le coût du travail.
Les travaux empiriques sur ces questions montrent (i) que l'augmentation des
cotisations
sociales ne s'est pas traduite par une augmentation excessive du coût du
travail, (ii)
que les pays qui ont les plus fortes charges sociales ne sont pas forcément
ceux qui ont
le coût du travail le plus élevé, (iii) que la relation entre coin salarial et
chômage
est loin d'être évidente.
(i) Les études économétriques réalisées sur données françaises semblent indiquer
que l'alourdissement des cotisations sociales n'a sans doute pas exercé
jusqu'ici de
pression durable sur le coût du travail.
32(
*
)
En effet,
les hausses de taux de cotisation semblent avoir été absorbées par
un
fléchissement spontané des salaires nets, intervenant immédiatement en cas de
hausse
des cotisations salarié et avec un délai sensiblement plus long (2 ans environ
en
moyenne) en cas d'accroissement des cotisations employeurs.
Autrement dit,
dans le
court terme, quand les cotisations salariés augmentent, le salaire net diminue
et le
coût du travail reste fixe. En revanche, l'augmentation des cotisations
employeurs
conduit à une augmentation du coût du travail. A long terme, cependant, les
cotisation
employeurs peuvent être vues, rappelons-le, comme un impôt sur les salariés.
Même s'il est vrai que le chômage que connaît la France depuis quinze ans
constitue un
environnement favorable à la modération salariale, cette flexibilité spontanée
du
marché du travail apparaît cependant remarquable, car les autres chocs sur les
coûts -
on pense évidemment aux deux chocs pétroliers - se sont heurtés au contraire à
une
résistance salariale forte. Ainsi, le constat d'une flexibilité spécifique aux
chocs
sur les cotisations sociales conduit à privilégier l'hypothèse selon laquelle
les
salariés ou leurs représentants, perçoivent les cotisations et les salaires
nets comme
des éléments de rémunération relativement substituables (Cotis et Loufir, 1990,
op.cit
).
(ii) Contrairement à ce qui est souvent affirmé, le niveau plus ou moins élevé
des
cotisations employeurs n'explique pas les différences de coûts de la
main-d'oeuvre entre
les différents pays.
En effet, si on se réfère aux pays de l'Union européenne, on constate que ceux
qui ont
les charges sociales les plus lourdes (France, Espagne, Suède) ont le plus
souvent des
salaires nets relativement faibles de sorte que le coût du travail n'y est pas
spécialement plus élevé que dans les pays où les charges sociales sont plus
faibles
(Danemark et Pays-Bas). Comme le souligne Euzéby (1997), les coûts de
main-d'oeuvre se
présentent comme un tout, peu importe la manière dont ils se décomposent entre
salaires
directs et charges sociales
33(
*
)
.
Le cas de la France d'un côté, et celui du Danemark, de l'autre sont à cet égard
frappants. Dans le premier pays, les entreprises supportent des charges
sociales élevées
(27,3 % des prélèvements obligatoires en 1993) mais elles versent des salaires
directs
relativement bas et les impôts sur le revenu des personnes physiques sont
particulièrement faibles (13,9 % en 1993). Au Danemark, en revanche, si les
entreprises
supportent des charges sociales faibles (elles représentaient en 1993, 0,7 % des
prélèvements obligatoires), elles versent des salaires élevés mais les impôts,
en
particulier l'impôt sur le revenu des personnes physiques, sont aussi élevés
(ces
derniers représentaient en 1993 52,1 % des prélèvements obligatoires). Au
total, le
coût du travail n'est pas moins élevé au Danemark qu'en France car le coin
socialo-fiscal est pratiquement le même.
Un tel résultat n'est pas surprenant en lui-même car il ne faut pas oublier que
les
écarts entre pays dans le niveau des coûts de la main-d'oeuvre reflètent pour
une large
part les différences existant dans le niveau des salaires bruts.
Graphique 6 :
Source
: IRES 1998
(iii)
La France se situe dans une position moyenne au sein des pays de
l'OCDE quand on
raisonne en terme de coin fiscal global.
Celui-ci est mesuré par le poids de l'ensemble des prélèvements y compris les
impôts
dans le coût du travail (les cotisations sociales et l'impôt sur le revenu sont
calculés sur la base du revenu de l'ouvrier moyen).
Certains peuvent être tentés de rapprocher les évolutions du coin salarial et du
chômage. En effet, les deux courbes évoluent avec un parallélisme remarquable,
les
évolutions du coin salarial précédant même de quelques trimestres les
évolutions du
chômage. Si l'on se limite à cette seule observation, l'évolution du coin
salarial peut
faire figure de bonne hypothèse dans l'explication de la montée du chômage.
La superposition graphique de ces deux courbes en niveau doit néanmoins être
interprétée avec beaucoup de prudence. Ainsi, un graphique qui mettrait en
regard les
variations du coin salarial et les variations du taux de chômage serait
beaucoup moins
spectaculaire.
En outre, l'antériorité des mouvements du coin salarial sur
ceux du
taux de chômage ne permet pas de conclure à à une éventuelle causalité.
En
effet,
quand le taux de chômage s'accroît, les prélèvements sur la population active
occupée
doivent augmenter pour financer diverses prestations dont les indemnités
chômage :
le coin salarial augmente. L'augmentation du coin salarial peut alors induire
une
augmentation du chômage, de sorte qu'il en résulte un cercle vicieux entre coin
salarial
et chômage sans que l'on puisse déterminer le sens de la causalité.
En
outre, il
convient de souligner que, les cotisations sociales étant assises sur les
salaires, la
déformation du partage de la revenu national observée depuis le début des
années 80 au
détriment de la masse salariale a produit, mécaniquement, une réduction de
l'assiette
de ces prélèvements.
Graphique 7 : Coin salarial et taux de chômage
(1)
3. Une baisse des charges sociales permettrait-elle d'abaisser le coût du travail et de relancer l'emploi des moins qualifiés ?
Alors que les
cotisations à la charge des employeurs avaient significativement augmenté en
France tout
au long des années 1970, depuis le début des 80 les gouvernements successifs
ont mis en
place des exonérations temporaires de cotisations sociales pour certaines
catégories
d'embauche puis des exonérations permanentes, notamment pour les emplois les
moins
qualifiés. Ainsi, depuis 1993, des exonérations totales sont prévues pour les
cotisations d'allocations familiales (historiquement à la seule charge des
employeurs)
quand les salaires n'excèdent pas 110 % du SMIC. Pour les salaires compris
entre 110 % et
120 % du SMIC, les employeurs sont exonérés de la moitié des charges. En outre,
depuis
1995, il existe une réduction des cotisations de Sécurité sociale sur les bas
salaires.
Tous les salaires inférieurs à 120 % du SMIC sont concernés par cette
réduction
34(
*
)
.
Remarquons, au préalable, que l'absence d'un impact significatif de
l'augmentation des
cotisations sociales sur le coût du travail n'est vraisemblablement pas
vérifiée pour
les individus les moins qualifiés.
En effet, si l'on reprend le même type d'argument que précédemment, une
augmentation
des cotisations sociales sur les bas salaires se traduit vraisemblablement par
une baisse
des salaires nets, mais insuffisante pour ramener les coûts totaux de la
main-d'oeuvre à
leur niveau initial. Parmi les rigidités le plus souvent évoquées, revient
généralement le niveau du SMIC, jugé trop élevé pour permettre un ajustement du
salaire réel à la baisse. Dans ces conditions, il se produit à long terme une
aggravation du chômage des moins qualifiés.
Par conséquent, pour bon nombre d'économistes, une réduction massive des charges
sociales pourrait avoir un effet d'incitation à l'embauche
pour les salariés
les
moins qualifiés
pour lesquels le coût du travail est souvent jugé trop
élevé au
regard de leur productivité. Toutes choses égales par ailleurs, la baisse du
coût du
travail peut avoir des effets favorables sur l'emploi en ralentissant la
substitution du
capital au travail - ce qui permet de rendre " la croissance riche en
emplois " - et en réduisant les coûts unitaires de production. Cette
baisse
des coûts pourrait alors permettre d'accroître le niveau de production et
d'emploi en
augmentant la compétitivité des entreprises ou en augmentant la demande qui
s'adresse
aux entreprises (à condition, bien évidemment que la baisse des coûts soit
répercutée
sur les prix).
L'effet d'une baisse des charges sociales sur l'emploi des moins qualifiés
dépend
essentiellement (1) de l'impact de cette baisse sur le coût du travail, (2) de
l'élasticité de la demande de travail des individus peu qualifiés par rapport
au coût
salarial, (3) du degré de substitution entre les différents types de salariés,
(4)
enfin de la possibilité pour les employeurs de substituer des machines aux
travailleurs.
· En France, la plupart des études empiriques concluent que, globalement,
l'élasticité
du coût de la main-d'oeuvre aux cotisations sociales (salariés et employeurs)
est
relativement faible (élasticité égale à - 0,4) pour les raisons évoquées plus
haut.
Autrement dit, toutes choses égales par ailleurs, on peut s'attendre à ce qu'une
réduction des cotisations sociales ait un effet limité sur l'emploi. Tel n'est
pas le
cas en Allemagne où une modification des cotisations sociales pèse en totalité
sur le
marché du travail (élasticité égale à - 1) à l'inverse de ce qui se passe aux
Royaume-Uni (élasticité égale à 0,25) ou aux Etats-Unis pour les cotisations
patronales
35(
*
)
.
· Les études économétriques montrent généralement que l'élasticité de la
demande de travail décroît quand le niveau de qualification augmente
(Hamermesh, 1993)
36(
*
)
.
Ainsi, les travaux
réalisés aux Etats-Unis, au
Royaume-Uni ou au Canada montrent que la demande de travail s'adressant aux
jeunes peu
qualifiés est relativement sensible à leur coût relatif, l'élasticité étant
comprise
entre -1 et -2
37(
*
)
. Pour la France, les études
économétriques restent peu concluantes. Il semble, cependant, que cette
élasticité
soit plus faible et comprise entre -0,5 et - 1.
38(
*
)
· Par ailleurs, les travaux sur données américaines mettent en évidence une
relation
de substitution entre les différents types de salariés. Ainsi, les élasticités
de
substitution entre les travailleurs non qualifiés et qualifiés seraient
comprises entre
1 et 2. Pour la France, l'hypothèse la plus probable est de l'ordre de 0,9. En
outre, les
valeurs des élasticités de substitution entre les différentes catégories de
travail
diminuent quand la qualification augmente (Assouline, Fodha, Lemiale et Zagamé,
1997)
39(
*
)
.
· On constate enfin que les salariés non qualifiés sont plus substituables au
capital
physique que ne le sont les autres catégories de travailleurs.
Plus
précisément, la
substituabilité du capital au travail est d'autant plus élevée que le niveau de
qualification est faible.
Ainsi, les élasticités de substitution seraient,
dans le
cas français, comprises entre 1,6 et 4,1 (Maurin et Parent, 1993)
40(
*
)
.
Notons en outre que le chômage des non-qualifiés s'explique sans doute aussi
par une
inadéquation structurelle de leur qualification aux besoins des entreprises.
Dans ces
conditions, l'efficacité d'une politique consistant en une baisse des coûts
portant sur
les bas salaires serait fortement atténuée et risquerait d'engendrer des effets
d'aubaine importants pour les entreprises. En outre, les travailleurs non
qualifiés sont
relativement substituables de sorte que des mesures ciblées de réduction des
charges
sociales peuvent favoriser certains d'entre eux au détriment de ceux qui ne
correspondent
pas précisément aux conditions d'exonération. Dans ce cas, la baisse des charges
sociales est à l'origine d'effets de seuil et il n'y a pas de création nette
d'emplois.
En dépit de ces limitations et des incertitudes qui entourent les estimations
empiriques,
il convient de souligner, pour conclure, que les politiques de réduction des
charges sur
les bas salaires auront également sans doute des effets sur l'offre de travail,
ainsi que
sur la politique salariale des entreprises. Il est probable, en outre, que leur
efficacité dépende, dans une très large mesure, de leur pérennité, les effets
d'aubaine purs étant sans doute atténués dans le cas où les allégements sont
perçus
comme devant être permanents. Ainsi, les travaux les plus récents sur les
réductions de
charges sur les bas salaires en France (notamment, Malinvaud, 1998) émettent des
conclusions favorables à ce type de mesures.
V. L'IMPACT MACROÉCONOMIQUE D'UNE RÉDUCTION CONCERTÉE DES COTISATIONS EMPLOYEURS
Cette question a
fait l'objet d'une étude de l'OFCE à l'aide du modèle MIMOSA.
41(
*
)
La mesure étudiée est une baisse du taux de cotisation sociales employeurs, en
France et
en Europe, correspondant à une réduction de charges sociales de 1 % du PIB sous
diverses
hypothèses de financement et de politique monétaire. MIMOSA étant un modèle
keynésien
avec courbe de Phillips, la réduction des cotisations a un effet significatif à
court
terme, mais moins massif que ceux obtenus dans les maquettes d'équilibre
général du
type de celles de Laffargue (1996).
Deux grands types de conclusions se dégagent des simulations :
· Tout d'abord l'efficacité d'une baisse des cotisations employeurs est plus
faible
quand cette mesure est financée par de nouveaux prélèvements que lorsqu'elle est
financée par endettement public. Dans ce cas, elles s'assimilent à une relance
budgétaire. Ainsi, au niveau de l'Union européenne, 1 point de PIB de baisse
des charges
patronales entraîne à un horizon de trois ans, un recul du taux de chômage de 1
point.
Du fait de la reprise de l'activité économique, la mesure ne creuse le déficit
budgétaire qu'à hauteur de la moitié de l'effort budgétaire initial (tableau 8
et 9).
· Si l'on procède à une baisse ciblée des cotisations dans l'ensemble de l'UE,
les
résultats dépendent là encore du financement de la mesure. Ainsi, si
l'allégement des
charges sur les bas salaires est financée par une augmentation des charges sur
les hauts
salaires, le montant total des charges sociales ne diminue pas et le salaire
moyen subit
deux influences opposées : il est abaissé
ex ante
par la variation
de la
structure de l'emploi en faveur des bas salaires ;
ex post
il tend à
augmenter en raison des tensions salariales suscitées par la baisse du chômage.
Dans
cette configuration, le taux de chômage est durablement réduit. Dans le cas où
la
réduction des cotisations sociales est financée par endettement la baisse du
taux de
chômage est plus forte que dans le cas précédent (tableau 10 et 11).
· Tableau 8.
Baisse de 1 point de PIB des cotisations employeurs
dans l'ensemble de l'UE non financée
Effet à... |
1 an |
3 ans |
5 ans |
6-10 ans** |
PIB |
1,1 |
1,4 |
0,6 |
1,2 |
Prix |
-0,9 |
-1,1 |
-1,0 |
-0,7 |
Solde public* |
-0,4 |
0,0 |
-0,5 |
-0,4 |
Solde extérieur** |
-0,1 |
-0,3 |
-0,2 |
-0,2 |
Investissement |
2,5 |
3,9 |
-0,3 |
1,3 |
Emploi |
0,5 |
1,3 |
1,0 |
1,2 |
Chômage* |
-0,4 |
-0,9 |
-0,5 |
-0,7 |
Taux d'intérêt court* |
-1,1 |
0,5 |
0,3 |
0,6 |
Taux de change*** |
-0,2 |
-2,2 |
-1,7 |
-2,4 |
* en points
** en moyenne
*** un signe négatif signifie une appréciation des monnaies européennes
Source : modèle MIMOSA, OFCE.
Tableau 9.
Baisse de 1 point de PIB des cotisations employeurs dans l'ensemble de l'UE
financée par
une hausse de la fiscalité directe
sur les ménages
Effet à... |
1 an |
3 ans |
5 ans |
6-10 ans** |
PIB |
0,0 |
-0,3 |
-0,4 |
-0,1 |
Prix |
-0,9 |
-1,8 |
-2,8 |
-3,6 |
Solde public* |
0,2 |
0,2 |
0,1 |
0,2 |
Solde extérieur** |
0,0 |
0,0 |
0,1 |
0,1 |
Investissement |
0,8 |
0,0 |
-0,5 |
1,0 |
Emploi |
0,1 |
0,0 |
-0,1 |
0,3 |
Chômage* |
-0,1 |
0,0 |
0,1 |
-0,1 |
Taux d'intérêt court* |
-1,3 |
-0,6 |
-0,6 |
-0,5 |
Taux de change*** |
0,3 |
-1,2 |
-1,8 |
-2,9 |
* en points
** en moyenne
*** un signe négatif signifie une appréciation des monnaies européennes
Source : modèle MIMOSA, OFCE.
Tableau 10. Baisse de 1 point de PIB des cotisations employeurs dans l'ensemble de l'UE, ciblée sur les bas salaires, non financée
Effet à... |
1 an |
3 ans |
5 ans |
6-10 ans** |
PIB |
1,3 |
1,3 |
-0,2 |
0,7 |
Prix |
-0,8 |
-1,0 |
-0,8 |
-0,3 |
Solde public* |
-0,3 |
0,1 |
-0,7 |
-0,5 |
Solde extérieur** |
-0,1 |
-0,2 |
-0,1 |
-0,2 |
Investissement |
2,7 |
3,4 |
-2,6 |
0,1 |
Emploi |
0,8 |
1,8 |
1,3 |
1,6 |
Chômage* |
-0,6 |
-1,2 |
-0,6 |
-0,9 |
Taux d'intérêt court* |
-1,0 |
0,7 |
0,5 |
0,8 |
Taux de change*** |
-0,5 |
-2,7 |
-1,9 |
-2,5 |
* en points
** en moyenne
*** un signe négatif signifie une appréciation des monnaies européennes
Source : modèle MIMOSA, OFCE.
Tableau 11 . Baisse de 1 point de PIB des cotisations employeurs dans l'ensemble de l'UE financée par reprofilage des cotisations sociales
(écart au compte central en %)
Effet à... |
1 an |
3 ans |
5 ans |
6-10 ans** |
PIB |
0,2 |
-0,2 |
-0,9 |
-0,6 |
Prix |
0,0 |
0,1 |
0,2 |
0,3 |
Solde public* |
0,2 |
0,2 |
-0,2 |
-0,1 |
Solde extérieur** |
0,0 |
0,0 |
0,1 |
0,1 |
Investissement |
0,3 |
-0,8 |
-2,8 |
-1,3 |
Emploi |
0,3 |
0,6 |
0,4 |
0,4 |
Chômage* |
-0,2 |
-0,4 |
-0,1 |
-0,2 |
Taux d'intérêt court* |
0,1 |
0,3 |
0,2 |
0,3 |
Taux de change*** |
-0,3 |
-0,6 |
-0,3 |
-0,3 |
* en points
** en moyenne
*** un signe négatif signifie une appréciation des monnaies européennes
Source : modèle MIMOSA, OFCE.
VI. CONCLUSION
Le contexte de
chômage massif en Europe, et singulièrement en France, frappant plus
particulièrement
la main-d'oeuvre peu qualifiée, a relancé, depuis quelques années, le débat sur
l'importance du coût de la main-d'oeuvre dans la création d'emploi et sur le
rôle des
prélèvements obligatoires, à travers le " coin
socio-fiscal ", dans
la formation ce coût de la main-d'oeuvre. Bien que les études empiriques
disponibles
soient relativement peu concluantes, il semble qu'un consensus se dégage sur
l'efficacité, en termes d'emploi, des politiques d'allégement de charges sur
les bas
salaires, dont la France, comme de nombreux autres pays, a généralisé la
pratique
depuis quelques années. Dans la mesure où de tels allégements se répercutent
effectivement sur le coût de la main-d'oeuvre, ils sont susceptibles de donner
lieu à
une forme de concurrence fiscale entre les gouvernements européens.
Les effets à attendre de ces politiques dépendent cependant beaucoup de la
manière dont
de tels allégements sont compensés. Les gouvernements étant désormais soumis,
dans le
Pacte de stabilité et de croissance, a une contrainte forte en termes de
déficits
publics, ces allégements de charges ne peuvent déboucher que sur une
augmentation de la
pression fiscalo-sociale pesant sur d'autres assiettes ou sur une réduction des
dépenses
de protection sociale. Dès lors, c'est la question du niveau de protection
sociale et de
son mode de financement, et notamment du caractère plus ou moins redistributif
celui-ci,
qui est posée.
CHAPITRE IV :
IMPÔT SUR LE REVENU ET FISCALITÉ SUR LES REVENUS DE PLACEMENT
L'impôt sur le
revenu occupe une place relativement modeste dans le système fiscal Français
mais il est
sans doute important psychologiquement car le contribuable ressent directement
le
prélèvement sur ses revenus. En cela, l'impôt sur le revenu se distingue de
l'impôt
sur les sociétés ou de la TVA dont la charge fiscale peut être répercutée en
partie
par l'intermédiaire des prix des biens et des facteurs sur d'autres agents
économiques.
L'imposition des revenus et des patrimoines des personnes obéit, dans tous les
Etats
membres, au principe de résidence : le contribuable est soumis à la législation
fiscale
nationale de l'Etat dans lequel il réside et tenu d'acquitter ses impôts dus à
ce
titre, quelle que soit la provenance géographique de ses revenus. Il n'y a dès
lors
aucun obstacle théorique à la permanence de systèmes nationaux distincts et
éventuellement très disparates d'imposition des revenus, hormis les contraintes
naissant
de la mobilité résidentielle des ménages. En effet, en dépit de l'affirmation du
principe de libre circulation des personnes au sein de l'Union européenne et de
la
possibilité théorique offerte à tous les citoyens de l'UE d'élire résidence et
d'exercer un emploi dans le pays membre de leur choix, la mobilité
résidentielle des
personnes demeure faible parmi les pays de l'Union ; et la persistance des
obstacles
culturels, linguistiques et autres incite à prévoir qu'elle ne devrait pas
s'accroître
considérablement pour la majorité de la population dans les années qui
viennent.
Certaines catégories sont, il est vrai, plus mobiles que les autres : ce sont
essentiellement les travailleurs les moins qualifiés, d'une part, les cadres
supérieurs,
certains professionnels et titulaires de hauts revenus, d'autre part. Mais ces
catégories
ont toujours été relativement plus mobiles que les autres et ni l'achèvement du
marché
unique ni la mise en oeuvre du traité de Maastricht en la matière ne semblent
devoir
s'accroître l'ampleur de ces phénomènes. En outre, la mobilité résidentielle
motivée
par des facteurs fiscaux apparaît aujourd'hui limitée aux franges frontalières
des
Etats d'une part, aux titulaires de très hauts revenus ou patrimoines mobiliers
d'autre
part. En revanche, les contraintes de mobilité sont certainement plus fortes
pour les
revenus de l'épargne que pour les revenus du travail. En règle générale la
taxation
dans le pays de résidence des revenus de l'épargne étrangère repose sur le
principe de
la déclaration volontaire. Seuls les pays qui disposent d'un système complet
d'échange
de renseignements peuvent repérer les sorties de capitaux. Dans le cas
contraire, ces
revenus sont quasiment totalement défiscalisés. D'où une incitation à placer à
l'étranger. Le processus d'harmonisation a été relancé par la proposition de la
Commission
42(
*
)
d'instaurer un taux de retenue à
la source
minimum de 20 % sur les intérêts de l'épargne ou de coopérer en échangeant des
informations avec les Etats membres sur les épargnants non résidents.
Après avoir présenté les caractéristiques de l'impôt sur le revenu dans les
quinze
pays de l'UE, nous comparons la pression fiscale et sociale pesant sur les
revenus du
travail des ménages pour différents niveaux de revenu et situations familiales.
Nous
consacrons la dernière partie du chapitre à la fiscalité sur les revenus de
l'épargne
et au projet de directive de la Commission.
I. LE POIDS DE L'IMPÔT SUR LE REVENU ET SES CARACTÉRISTIQUES DANS LES PAYS DE L'UNION EUROPÉENNE
L'impôt sur le
revenu représentait en moyenne dans les pays de l'Union européenne 11,3% du PIB
en 1996.
Son importance a nettement progressé en valeur relative depuis les années 60 :
il
n'était alors que de 6 % du PIB. Cette évolution s'est surtout manifestée dans
les
années 70 ; elle s'est ralentie dans les deux dernières décennies.
Autour de cette moyenne, les situations sont très différentes selon les Etats.
Ainsi le
poids de l'impôt sur le revenu dans le PIB se situe dans une fourchette
comprise entre 5
% en Grèce et 27,8% au Danemark. Grosso modo, on peut distinguer trois types de
pays
selon que le poids de l'impôt sur le revenu est supérieur, inférieur ou dans la
moyenne
européenne.
La Belgique, le Danemark, la Finlande et la Suède ont un impôt sur le revenu
dont le
poids est particulièrement important.
L'Allemagne, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Royaume-Uni
se situent
dans la moyenne européenne.
Le poids de l'impôt sur le revenu est particulièrement faible en France, en
Grèce, au
Portugal, en Espagne et en Autriche.
1. Le poids de
l'impôt sur le revenu des personnes physiques dans les Etats de l'UE
En % du PIB
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Allemagne |
10,10 |
10,40 |
10,91 |
10,58 |
10,39 |
10,70 |
9,4 |
Autriche |
8,59 |
9,10 |
9,25 |
9,39 |
8,49 |
8,85 |
9,2 |
Belgique |
14,13 |
13,70 |
13,90 |
13,64 |
14,50 |
14,62 |
14,3 |
Danemark |
25,61 |
26,10 |
26,38 |
26,44 |
27,73 |
27,56 |
27,8 |
Espagne |
7,48 |
8,10 |
8,43 |
8,40 |
8,14 |
8,09 |
7,7 |
Finlande |
17,49 |
17,40 |
18,33 |
16,24 |
17,42 |
16,19 |
16,9 |
France |
5,18 |
5,90 |
5,96 |
6,10 |
6,16 |
6,17 |
6,4 |
Grèce |
5,09 |
4,80 |
4,02 |
3,72 |
4,32 |
4,90 |
5,0 |
Irlande |
11,11 |
11,60 |
11,33 |
11,32 |
11,36 |
10,35 |
10,5 |
Italie |
10,29 |
10,50 |
11,28 |
11,87 |
10,59 |
10,81 |
10,8 |
Luxembourg |
10,21 |
9,10 |
9,00 |
9,13 |
9,54 |
9,37 |
9,8 |
Pays-Bas |
11,01 |
12,30 |
11,60 |
12,05 |
9,24 |
8,31 |
7,6 |
Portugal |
4,92 |
5,60 |
6,80 |
6,27 |
6,18 |
6,09 |
6,6 |
Royaume-Uni |
10,38 |
10,30 |
9,90 |
9,29 |
9,43 |
9,68 |
9,3 |
Suède |
21,41 |
18,00 |
17,98 |
18,28 |
18,66 |
17,53 |
18,4 |
Moyenne UE |
11,53 |
11,53 |
11,67 |
11,51 |
11,48 |
11,28 |
11,3 |
Source : Statistiques Recettes Publiques , OCDE 1998.
Le revenu des personnes physiques provient de différentes sources : revenus du travail, revenus mobiliers, revenus fonciers, transferts sociaux, etc. Dans chaque Etat, la législation fiscale détermine les revenus catégoriels qui constituent la base imposable au titre de l'impôt sur le revenu. De ce revenu brut imposable, sont déduits différents abattements pour obtenir le revenu net imposable. Rentre ensuite en ligne de compte l'unité de taxation qui peut être, selon les pays, l'individu ou le ménage. L'impôt est enfin calculé par application d'un barème au revenu net imposable, le contribuable pouvant, dans certains cas, bénéficier de déductions d'impôt appelées crédits d'impôt.
A. DÉTERMINATION DE LA BASE IMPOSABLE
Pour chaque pays
de l'Union européenne, le tableau 2 donne une idée générale des différents
revenus
qui entrent dans la base imposable. Il reprend les principales catégories de
revenus :
les revenus professionnels, les revenus mobiliers, les revenus fonciers, les
revenus de
remplacement (assurance chômage et pensions vieillesse), les revenus de
transfert
(allocations familiales et aides sociales diverses) et les revenus divers
(pensions
alimentaires et autres).
Les revenus des trois premières catégories (revenus professionnels, revenus
mobiliers et
revenus fonciers) sont imposables dans tous les pays de l'Union européenne.
Cependant,
dans certains pays, les revenus mobiliers subissent un précompte qui est
libératoire.
Dans ce cas, les revenus mobiliers ne sont pas inclus dans la base imposable.
On observe
ça en Autriche, en Belgique, en France, en Grèce, en Italie, au Portugal, en
Finlande et
en Suède pour les intérêts et en Autriche, en Belgique, au Danemark et au
Portugal pour
les dividendes
43(
*
)
. En Belgique, les revenus
fonciers font
l'objet non seulement d'une imposition au titre de l'impôt des personnes
physiques, mais
également d'une taxation au précompte appelé précompte immobilier. Le précompte
immobilier est déterminé sur la base du revenu cadastral, c'est-à-dire du
" revenu moyen normal net d'une année "
44(
*
)
.
Il n'existe pas de système équivalent dans les autres pays de l'Union
européenne.
Les différences de traitement fiscal des revenus dans les Etats membres sont
plus
importantes lorsque l'on considère les revenus de remplacement : si les pensions
vieillesse sont imposables dans tous les pays de l'Union européenne, en
revanche, les
allocations chômage ne sont pas imposables dans trois pays (en Autriche, en
Allemagne et
au Portugal).
Les différences entre les Etats membres sont encore plus marquées lorsque l'on
considère les transferts sociaux : les allocations familiales sont imposables
dans
seulement deux pays (en Grèce et en Espagne) et les aides sociales dans six pays
(Danemark, Grèce, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Royaume-Uni). En ce qui
concerne les
pensions alimentaires, elles sont imposables dans 10 Etats membres (Belgique,
Danemark,
France, Allemagne, Grèce, Irlande, Pays-Bas, Espagne, Suède, Royaume-Uni).
2. Détermination de la base imposable dans les pays de l'Union Européenne
Pays |
Revenus professionnels |
Revenus mobiliers |
Revenus immobiliers |
Revenus remplacements |
Transferts |
Revenus divers |
|||
|
|
|
|
Assurance
|
Pension
|
Alloc. famil. |
Aide soc. |
Pensions aliment.
|
Autres
|
Allemagne |
oui |
oui |
oui |
|
oui |
|
|
oui |
oui |
Autriche |
oui |
oui * ** |
oui |
|
oui |
|
|
|
|
Belgique |
oui |
oui * ** |
oui |
oui |
oui |
|
|
oui |
oui |
Danemark |
oui |
oui** |
oui |
oui |
oui |
|
oui |
oui |
|
Espagne |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
Finlande |
oui |
oui* |
oui |
oui |
oui |
|
|
|
oui |
France |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
|
|
oui |
|
Grèce |
oui |
oui* |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
|
Irlande |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
|
|
oui |
|
Italie |
oui |
oui* |
oui |
oui |
oui |
|
|
|
|
Luxembourg |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
|
oui |
|
|
Pays-Bas |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
|
oui |
oui |
|
Portugal |
oui |
oui* ** |
oui |
|
oui |
|
|
|
|
Royaume-Uni |
oui |
oui |
oui |
oui |
oui |
|
oui |
oui
|
|
Suède |
oui |
oui* |
oui |
oui |
oui |
|
|
oui |
oui
|
* Retenue à la
source libératoire sur intérêts, ** retenue à la source libératoire sur
dividendes.
Source
:
A European benefit-tax model and social
integration
,
Euromod (1997) et
systèmes de prestation et incitation au travail
,
OCDE,
1998.
B. LES ALLÉGEMENTS D'IMPÔT
Il existe de
nombreux allégements fiscaux dans les différents pays de l'Union. Leur objectif
est :
(1) d'appréhender au mieux la capacité contributive du contribuable en lui
permettant de
déduire les dépenses indispensables à l'obtention du revenu - c'est le cas de la
déduction des charges professionnelles,
(2) d'influer sur le comportement des individus - c'est le cas des incitations
fiscales
sur certains produits d'épargne ou encore sur certains types d'investissements.
Il existe
toujours conflit latent entre le souci des pouvoirs publics de simplifier et de
rendre
plus transparent le système fiscal de façon à réduire les possibilités
d'évasion et
leur volonté d'approcher au plus juste la capacité contributive ou d'utiliser
les
abattements fiscaux à des fins incitatives. Les allégements peuvent prendre
deux formes.
Les allégements forfaitaires ne sont pas liés à des dépenses réelles supportées
par
le contribuable mais sont accordés automatiquement à tous ceux qui remplissent
les
conditions requises en vertu d'un dispositif légal. A l'inverse les allégements
non-forfaitaires sont déterminés par référence à des dépenses réellement
effectuées par le contribuable et portent, selon les pays, soit sur le revenu,
soit sur
l'impôt dû.
Les abattements pour frais professionnels se retrouvent dans la plupart des
pays de
l'Union européenne. Ils peuvent être calculés forfaitairement ou faire l'objet
de
déduction sur la base des frais réels, les deux systèmes coexistant parfois au
sein
d'un même pays. Seuls trois pays n'admettent aucun abattement spécifique pour
frais
professionnels : L'Italie, le Portugal et le Royaume-Uni. La Grèce accorde un
abattement
par l'intermédiaire du barème (la tranche exonérée est majorée de l'équivalent
de
10,7 % du SMO). La France, les Pays-Bas et l'Espagne accordent des abattements
relativement importants : 10 % en France (du salaire net), 8 % aux Pays-Bas et
5 % en
Espagne. Toutefois, ces pays ont inclus un plafonnement des déductions dans leur
législation. Dans les autres pays, les abattements octroyés sont beaucoup plus
faibles :
de 0,6 % du SMO en Autriche à 3,5 % du SMO en Allemagne.
3. Abattements pour frais professionnels des salariés dans les pays de l'UE (1996)
Pays |
Abattements |
Allemagne |
Abattement forfaitaire : 2000 DEM 45( * ) (soit 3.5% du SMO) |
Autriche |
1800 ATS 46( * ) (soit 0,6 % du salaire moyen ouvrier (SMO)) |
Belgique |
Abattement forfaitaire selon un barème (limité à 110.000 BEF par conjoint) ou frais réels |
Danemark |
Frais réels |
Espagne |
5 % du salaire brut avec un maximum de 250.000 ESP |
Finlande |
Abattement forfaitaire (3% du salaire brut avec un maximum de 500 FMK ) ou frais réels si le montant est supérieur. |
France |
frais réels ou 10 % du salaire net - Maximum : 76010 FRF |
Grèce |
Abattement : 300.000 DRS (soit 10,7 % du SMO) accordé par l'intermédiaire du barème (la tranche exonérée est majorée de 300.000 DRS par rapport au barème de base) |
Irlande |
frais réels |
Italie |
Pas d'abattement spécifique |
Luxembourg |
21.000 LUF 47( * ) (soit 2 % du SMO) |
Pays-Bas |
8 % du salaire annuel avec un maximum de 2507 NGL 48( * ) |
Portugal |
Pas d'abattement spécifique |
Royaume-Uni |
Pas d'abattement spécifique
|
Suède |
Frais réels à partir du moment où ils sont supérieurs à 1.000 SEK (et 6.000 SEK pour les frais de déplacement).
|
Source : La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts sociaux , OCDE, 1997 49( * ) .
Dans certains
pays comme la France (qui est particulièrement généreuse), la Belgique,
l'Irlande,
l'Italie, le Luxembourg ou l'Espagne, il existe en outre un abattement
spécifique pour
les salariés destiné à compenser leur moindre possibilité de fraude.
Enfin, les allégements non forfaitaires, souvent plafonnés, concernent
principalement la
déduction des intérêts versés pour l'acquisition de la résidence principale, les
primes d'assurance-vie et les dons aux organismes de bienfaisance (tableau 4).
4. Exemples d'abattements non forfaitaires accordés dans quelques pays de l'UE (1996)
Pays |
Abattements |
|
|
Allemagne |
- Intérêts d'emprunts
afférents à l'acquisition d'une résidence
principale ;
|
Belgique |
- Intérêts de certains
prêts hypothécaires ;
|
Danemark |
- Cotisations/primes
versées à des systèmes de retraite privée ;
|
Espagne |
- Plans de pension ;
|
France |
- Intérêts d'emprunts
afférents à l'acquisition d'une résidence
principale ;
|
Grèce |
- Frais médicaux et
d'hospitalisation ;
|
Irlande |
- Intérêts versés pour
l'acquisition, la construction ou
l'amélioration de la résidence principale ;
|
Italie |
- Intérêts des prêts
hypothécaires ;
|
Pays-Bas |
- Intérêts hypothécaires
moins loyers imputés ;
|
Royaume-Uni |
- Cotisations
à certaines retraites privées ;
|
Source : European tax handbook, 1996.
C. BARÈMES D'IMPOSITION AU TITRE DE L'IMPÔT SUR LE REVENU
Tous les pays
exonèrent les contribuables dont les revenus sont les plus faibles. Cette
exonération
peut se faire soit par l'octroi d'abattements forfaitaires, soit par
l'existence d'une
tranche exonérée d'impôt ou encore par l'octroi de crédits d'impôt.
Le tableau suivant montre cependant que le seuil minimum d'imposition, exprimé
en
fonction du salaire moyen, est très différent selon les pays. Trois types de
profils
peuvent être distingués
1. Les pays qui ont un seuil minimum d'imposition relativement bas. C'est le
cas de
l'Autriche, du Danemark, de l'Italie, du Portugal ou encore de la Suède.
2. Les pays qui se situent dans une situation intermédiaire, c'est le cas de la
France,
de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Irlande, du Luxembourg ou de l'Espagne.
3. Les pays dont le seuil de non imposition est très élevé : la Finlande et la
Grèce.
5. Seuil d'imposition dans les pays de l'Union européenne
Pays |
Système |
Montant
|
Montant
|
||
|
|
Seul |
Marié |
Seuil |
Marié |
Allemagne |
TE |
12.095 |
12.095 |
21 |
21 |
Autriche |
CI |
8.840 |
8.840 |
3 |
3 |
Belgique |
A |
198.000 |
156.000 |
18,5 |
14,6 |
Danemark |
CI |
3.648 |
3.648 |
1,5 |
1,5 |
Espagne |
CI + TE |
29.211 50( * ) |
n.d. |
21.3 |
21.3 |
Finlande |
TE |
43.000 |
43.000 |
31 |
31 |
France |
TE |
25.610 |
25.610 |
21 |
21 |
Grèce |
TE |
1.300.000 |
1.300.000 |
46 |
46 |
Irlande |
A |
2.650 |
2.650 |
18.7 |
18.7 |
Italie |
CI |
784.634 |
784.634 |
2.2 |
2.2 |
Luxembourg |
TE |
243.600 |
243.600 |
23 |
23 |
Pays-Bas |
A |
7.003 |
7.003 |
12.4 |
12.4 |
Portugal |
CI |
33.000 |
25.000 |
2.5 |
1.9 |
Royaume-Uni |
A |
3.765 |
3.765 |
23.6 |
23.6 |
Suède |
A |
9.000 51( * ) |
9.000 |
4.4 |
4.4
|
A: abattement, CI:
crédit d'impôt, TE: tranche exonérée.
Source
: La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts
sociaux,
OCDE, 1997.
Le barème de l'impôt permet de déterminer le montant de l'impôt qui sera payé pour chaque niveau de revenu imposable. Les principales caractéristiques des barèmes en vigueur pour les revenus de 1996 figurent dans le tableau ci-après :
6. Caractéristiques des barèmes d'imposition des pays de l'Union européenne
Pays |
Nombre de tranches |
Taux minimum |
Taux maximum |
Tranche exonérée |
Seuil d'imposition en % du SMO |
Seuil correspondant à la tranche la plus élevée (multiple du SMO) |
Allemagne |
|
25,9 % |
53 % |
oui |
21 % |
2,1 |
Autriche |
5 |
10 % |
50 % |
non |
3% |
2,4 |
Belgique 52( * ) |
7 |
28 % |
58 % |
non |
14,6 ou 18,5 % |
2,3 |
Danemark |
3 |
12 %
|
32 %
|
non |
1,5 % |
0,98 |
Espagne |
18 |
20 % |
56 % |
oui |
21,3 % |
4,7 |
Finlande |
7 |
7 %
|
39 %
|
oui |
31 % |
2,1 |
France 55( * ) |
7 |
10,5 % |
54 % |
oui |
21 % |
2,4 |
Grèce |
6 |
5 % |
45 % |
oui |
36 % |
5,3 |
Irlande |
2 |
27 % |
48 % |
non |
18,7 % |
0,7 |
Italie |
7 |
10 % |
51 % |
non |
2,2 % |
8,4 |
Luxembourg |
18 |
10 % |
50 % |
oui |
23 % |
1,3 |
Pays-Bas |
3 |
6,35 % |
60 % |
non |
12,4 % |
1,6 |
Portugal |
4 |
15 % |
40 % |
non |
2,5 % |
4,6 |
Royaume-Uni |
3 |
20% |
40% |
non |
23, 6% |
1,6 |
Suède |
2 |
100 SEK
|
100 SEK+25 % du
salaire brut
|
non |
4,4 % |
1,0 |
Source : La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts sociaux, OCDE, 1997 et Dictionnaire permanent fiscal, 1998.
Dans tous les
pays de l'Union européenne, l'impôt est progressif : les tranches successives
de revenu
sont imposées à des taux marginaux croissants de sorte que le taux moyen
augmente avec
le niveau de revenu
57(
*
)
. Toutefois, comme le
montre le
tableau ci-dessus, il existe de grosses différences entre les barèmes des
différents
pays de l'Union européenne. Les taux minimums varient entre 5% en Grèce et 43%
au
Danemark; les taux maximums varient entre 40% au Portugal et 60% aux Pays-Bas.
Le nombre de tranches varie également fortement d'un pays à l'autre :
certains
pays, tels par exemple, l'Irlande, la Suède, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont
un nombre
de tranches restreint. D'autres, par contre, ont un nombre de tranches élevé
(Espagne,
Luxembourg). Seule l'Allemagne a un système original où, pour les revenus moyens
(deuxième et troisième tranche), le taux marginal d'imposition est une fonction
croissante monotone du niveau du revenu.
La Suède a un barème avec deux tranches. Pour la première tranche, le montant de
l'impôt est forfaitaire et égal à 100 SEK ; pour la seconde tranche, il s'agit
de ce
même montant de l'impôt, majoré de 25% du salaire brut. La progressivité de
l'impôt
n'est donc assurée que dans cette seconde tranche. Toutefois, la première
tranche ne
concerne que des salaires inférieurs au niveau de salaire de l'ouvrier moyen.
En outre,
des taxes locales sont à payer, relativement élevées, comme dans les autres pays
scandinaves (31,65 % en moyenne pour la Suède).
Aux Pays-Bas, le taux marginal d'imposition passe de 6,35 % pour la première
tranche (à
un seuil correspondant à 80 % du salaire de l'ouvrier moyen) à 50 % pour la
deuxième
tranche et 60 % pour la troisième tranche. En réalité, la première tranche de
l'impôt
sur le revenu est très élevée aux Pays-Bas car elle comprend, outre le taux
marginal de
l'impôt sur le revenu, une contribution (au taux de 29,25 % en 1998) destinée à
financer la Sécurité sociale en sus des cotisations sociales.
Toutefois, dans la plupart des pays de l'Union européenne, la tendance depuis
plusieurs
années est à la réduction des taux marginaux maximums. Ainsi, ces taux ont
baissé
entre 1996 et 1998 au Danemark (de 32 à 31%), en Finlande (de 39 à 38 %), en
Irlande (de
48 à 46 %), au Luxembourg (de 50 à 46 %) et en Italie (de 51 à 45 %). Les taux
minimums
ont baissé, pendant cette même période, au Danemark (de 12 à 10 %), en Finlande
(de 7
à 6 %), en Irlande (de 27 à 24 %), au Luxembourg (de 10 à 6 %); ils ont
augmenté
aux Pays-Bas (de 6,35 à 8,85 %) et en Italie (de 10 à 19 %). Quant au nombre de
tranches, il a diminué en Espagne (de 18 à 11) et en Italie (de 7 à 5).
D. LA PRISE EN COMPTE DES CHARGES DE FAMILLE DANS LE CALCUL DE L'IMPÔT
Les pays de l'Union européenne prennent en compte de façon très différente la composition des ménages pour calculer l'impôt sur le revenu. Certains pays modulent les abattements selon le statut matrimonial. C'est le cas en Belgique et au Portugal où des montants différents sont accordés aux personnes célibataires et aux contribuables mariés.
1. L'imposition des couples
Deux systèmes
sont concevables : soit l'unité de taxation est l'individu, ce qui conduit à un
système
de imposition séparée des revenus ; soit l'unité de taxation est le ménage, ce
qui
aboutit à une imposition jointe (encadré 1).
Ces vingt dernières années, la tendance générale dans les pays de l'Union
européenne
va dans le sens de l'abandon du système d'imposition où l'unité de taxation est
le
ménage et l'adoption d'un système de taxation séparée. Ainsi, depuis les années
1970,
l'Autriche, la Belgique, le Danemark, la Finlande, l'Italie, les Pays-Bas, la
Suède et le
Royaume-Uni ont progressivement adopté le système d'imposition séparée tandis
que la
Grèce avait déjà adopté un système de taxation séparée depuis un certain temps.
Autrement dit, à l'heure actuelle, seulement six pays (France, Allemagne,
Espagne,
Irlande, Luxembourg et Portugal) utilisent encore un système de taxation des
revenus
agrégés.
Toutefois, certains pays ayant un système d'imposition séparée des revenus
utilisent
parallèlement un système d'imposition joint des revenus pour certaines
catégories de
revenus tels, par exemple, les revenus du capital. A l'inverse, d'autres pays
ayant
conservé un système d'imposition jointe laissent le choix aux contribuables
d'opter pour
la taxation séparée dans certaines circonstances.
Le tableau 7 présente un résumé des systèmes de taxation des couples utilisés
dans
les pays de l'Union européenne.
7. Taxation des couples dans les pays de l'Union européenne en 1996
Pays
|
Systèmes de taxation des couples |
Allemagne |
Choix entre imposition séparée et imposition jointe avec fractionnement. |
Autriche |
Imposition séparée et crédit d'impôt pour les couples ne disposant que d'un seul salaire. |
Belgique |
Imposition séparée des revenus professionnels. Tous les autres revenus du ménage sont cumulés avec les revenus professionnels du conjoint qui gagne le plus. Quotient conjugal. |
Danemark |
Imposition séparée avec transfert possible de crédit d'impôt (c'est-à-dire que si un des époux ne travaille pas ou gagne peu, son conjoint bénéficie du crédit d'impôt non utilisé). Les revenus du capital, au-delà d'un certain seuil, sont cumulés avec les revenus professionnels du conjoint qui gagne le plus. |
Espagne |
Imposition séparée avec option pour l'imposition commune.
|
Finlande |
Imposition séparée. Aucune compensation n'est prévue lorsqu'un des conjoints ne travaille pas. |
France |
Imposition conjointe des revenus et quotient familial. |
Grèce |
Imposition séparée mais les couples mariés doivent remplir une déclaration commune. |
Irlande |
Choix entre imposition séparée et imposition jointe avec fractionnement. |
Italie |
Imposition séparée des revenus professionnels avec crédit d'impôts si un des conjoints ne travaille pas ou gagne peu. Les autres revenus sont imposés globalement. Dans ce cas, chaque conjoint est imposé sur la moitié de l'impôt relatif à ces revenus communs. |
Luxembourg |
Imposition conjointe avec fractionnement |
Pays-Bas |
Imposition séparée des revenus du travail avec transfert d'abattement si un des conjoints ne travaille pas. Les autres revenus sont ajoutés aux revenus du travail de celui qui gagne le plus.
|
Portugal |
Imposition conjointe des revenus de l'unité familiale avec fractionnement. |
Royaume-Uni |
Taxation séparée avec crédit d'impôt pour couples mariés transférable librement entre époux.
|
Source : La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts sociaux, OCDE, 1997.
La France, le
Luxembourg et le Portugal sont les seuls pays à utiliser un système de taxation
agrégée pour tous les types de revenus. La France, le Portugal et le Luxembourg
utilisent le fractionnement (avec un quotient de 2 ou de 1,9 au Portugal si un
des époux
perçoit au moins 95% du revenu agrégé du couple).
Les pays qui offrent la possibilité aux contribuables de choisir entre
l'imposition
séparée et l'imposition jointe sont l'Allemagne, l'Irlande et L'Espagne.
L'Allemagne et
l'Irlande ont opté pour le fractionnement tandis que l'Espagne utilise la
méthode du
cumul. Les pays qui utilisent certains éléments de la taxation jointe tout en
ayant
principalement une taxation séparée sont la Belgique, les Pays-Bas et le
Danemark. En
Belgique et aux Pays-Bas les revenus du couple, autres que les revenus
professionnels,
sont cumulés avec les revenus professionnels du conjoint qui gagne le plus. En
outre, en
Belgique, lorsqu'un des conjoints n'exerce pas d'activité professionnelle, il
bénéficie
de l'imposition séparée sur la quote-part de revenus qui peut lui être
attribuée.
Cette quote-part équivaut à 30% des revenus du conjoint qui touche des revenus
professionnels mais elle est plafonnée (à 297.000 FB en 1996). Au Danemark, les
revenus
du capital, au-delà d'un certain seuil, sont ajoutés aux revenus professionnels
du
conjoint qui gagne le plus.
Imposition séparée et imposition jointe
* Quand l'unité
d'imposition est l'individu, chaque individu est taxé sur ses propres revenus,
quel que
soit son état civil.
Si l'on note Rh le revenu de monsieur et Rf le revenu de madame, alors l'impôt
global (I)
payé par le ménage se calcule de la façon suivante :
I= I (Rh) + I (Rf) imposition séparée
L'imposition séparée permet de prendre en compte le fait que les revenus sont
perçus
par une ou deux personnes. Dans ce système, les modalités de vie commune
n'influencent
pas la détermination de l'unité d'imposition. L'imposition des revenus de la
femme est
la même, qu'elle soit mariée ou célibataire ; il n'y a donc aucune incitation
pour les
femmes à ne pas travailler. Cependant, si ce système était appliqué
complètement, une
personne qui ne travaille pas ne ferait pas faire d'économie d'impôt à son
conjoint.
Pour éviter cela, les pays qui pratiquent ce système accordent parfois au
contribuable
un abattement ou un crédit d'impôt.
* Quand l'unité d'imposition est le ménage, on distingue, trois grands systèmes
d'imposition :
- le cumul
- le fractionnement ou splitting
- le système du quotient familial.
Dans le système du cumul, les revenus des conjoints sont aditionnés pour
déterminer le
revenu imposable.
I = I (Rh + Rf) cumul
Ce système a été longtemps le plus répandu. Il pose toutefois certains
problèmes. En
effet, si on applique aux revenus agrégés des deux conjoints un barème
progressif, (1)
il y a surimposition du conjoint dont le salaire est le plus bas, ce qui peut
décourager
son offre de travail ; (2) les couples mariés sont pénalisés par rapport aux
couples
qui ont un niveau de revenu équivalent mais qui vivent en concubinage et pour
lesquels
les revenus sont imposés séparément. C'est pourquoi les pays où ce système est
encore
en vigueur accordent des abattements ou des réductions d'impôt aux ménages dont
les
deux conjoints travaillent.
Dans le système du fractionnement ou splitting, les revenus des conjoints sont
cumulés
puis divisés par deux (même si le couple n'a qu'un seul revenu, celui-ci est
divisé par
deux). On calcul l'impôt sur ce quotient puis le montant d'impôt ainsi obtenu
est
multiplié par deux pour donner le montant total de l'impôt.
I = 2* {I (Rh + Rf) /2symbol 125 \f "Symbol (AS)" \s 9 fractionnement
Dans le système du quotient familial, qui constitue une variante du système de
fractionnement du revenu, l'impôt est dû par le chef de famille sur le revenu
cumulé du
conjoint et des enfants à charge, divisés par un coefficient appelé quotient
familial.
Celui-ci est obtenu en additionnant les parts attribuées à chacun des membres
de la
famille.
I = q{I (Rh + Rf + Re) /qsymbol 125 \f "Symbol (AS)" \s 9, quotient
familial
où q est le quotient familial.
Dans le système du fractionnement et du quotient familial, la progressivité du
barème
est fortement atténuée par la division du revenu entre les époux (et encore
davantage
s'il y a des enfants). Ces deux systèmes sont particulièrement avantageux pour
les
familles à un seul revenu et pour les familles où les deux conjoints
bénéficient de
revenus très inégaux. Ils favorisent également les ménages par rapport aux
personnes
seules et constituent une incitation pour qu'un des conjoints reste au foyer,
du fait de
l'avantage fiscal qui est procuré à celui qui travaille.
2. Le traitement fiscal des enfants
Les pays de l'UE
ont des pratiques différentes. Certains pays ont choisi de ne pas tenir compte
des
enfants à charge lors du calcul de l'impôt, préférant accorder des aides
directes. A
l'inverse, d'autres pays tiennent compte des enfants lors du calcul de l'impôt.
Pour cela, trois systèmes sont utilisés :
1. Le crédit d'impôt. La réduction d'impôt est fonction du nombre d'enfants à
charge
mais indépendante du niveau de revenu. Ce système profite donc également à tous
les
contribuables à condition que le crédit soit inférieur à l'impôt qu'ils doivent
payer. En effet, dans le cas contraire, s'il n'existe pas d'impôt négatif, les
plus
pauvres sont exclus du système.
2. L'abattement forfaitaire sur le revenu. Il s'agit d'un montant, dépendant
également
du nombre d'enfants à charge, qui est déduit du revenu imposable. L'économie
d'impôt
est d'autant plus grande que le taux d'imposition est élevé.
3. Le système du quotient familial. Le revenu global est divisé par un nombre
de parts,
représentant grossièrement le nombre d'unités de consommation de la famille ; le
barème s'applique au revenu par part et l'impôt est le produit du nombre de
parts et de
l'impôt par part. Ce système produit des économies d'impôt qui croissent avec le
revenu des parents. Toutefois, afin de limiter cet effet, des plafonds aux
réductions
d'impôt produites par le quotient familial ont été instaurés en France. Le
plafonnement joue pour un revenu du foyer fiscal supérieur à 3,5 fois le
salaire de
l'ouvrier moyen dans le cas d'un couple avec deux enfants. Le nombre de foyers
bénéficiant pleinement des effets du QF va encore diminuer, une nouvelle baisse
du
plafond du quotient familial ayant été votée en 1998.
8. Traitement fiscal des enfants dans les pays de l'Union européenne
Pays |
Traitement fiscal des enfants
|
Allemagne (D) |
Abattement forfaitaire 58( * ) |
Autriche (A) |
Crédit d'impôt |
Belgique (B) |
Abattement à la base |
Danemark (DK) |
N'intervient pas dans le calcul de l'impôt |
Espagne (SP) |
Crédit d'impôt |
Finlande (SF) |
N'intervient pas dans le calcul de l'impôt |
France (F) |
Quotient familial (une part pour le mari, une pour la femme et une demi pour chaque enfant et autres personnes à charge; les contribuables ayant 3 enfants ou plus bénéficient d'une demi part supplémentaire) |
Grèce (G) |
Crédit d'impôt |
Irlande (IR) |
N'intervient pas dans le calcul de l'impôt |
Italie (I) |
Crédit d'impôt |
Luxembourg (L) |
Modération d'impôt pour enfants à charge |
Pays-Bas (NL) |
N'intervient pas dans le calcul de l'impôt |
Portugal (P) |
Crédit d'impôt |
Royaume-Uni(UK) |
N'intervient pas dans le calcul de l'impôt |
Suède (SW) |
N'intervient pas dans le calcul de l'impôt
|
Source : " La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts sociaux ", OCDE, 1997.
Le nombre
d'enfants n'intervient pas dans le calcul de l'impôt sur le revenu dans cinq
pays : au
Danemark, en Finlande, en Irlande, aux Pays-Bas, en Suède et au Royaume-Uni.
Le crédit d'impôt est utilisé en Italie, en Espagne et au Portugal. En
Allemagne, les
contribuables peuvent choisir entre un abattement forfaitaire et des allocations
familiales. Toutefois, les allocations familiales sont plus avantageuses que les
abattements uniquement pour les ménages disposant d'un revenu supérieur à
150.000 DEM
par an (auparavant , l'Allemagne pratiquait des abattements forfaitaires). La
France
utilise le système du quotient familial. Le Luxembourg accorde des modérations
d'impôt
pour enfants à charge via un système particulier et fort complexe et la
Belgique octroie
des abattements à la base.
Notons enfin que certains pays accordent des abattements ou des crédits d'impôt
particuliers aux personnes qui élèvent seules leurs enfants. Ainsi, des
abattements sont
prévus en Allemagne, en France, au Luxembourg, en Irlande et aux Pays-Bas. Des
crédits
d'impôts existent en Autriche, en Belgique, en Italie et au Royaume-Uni. Il
existe aussi
des allégements d'impôt pour les couples qui ne dispose que d'un seul salaire :
c'est le
cas en Autriche (crédit d'impôt), en Belgique (quotient conjugal) et en Italie
(crédit
d'impôt).
Pour résumer les différentes méthodes de prise en compte des charges de famille
pour le
calcul de l'impôt sur le revenu, nous reprenons la classification présentée par
Cathal
O'Donoghue et Holly Sutherland
59(
*
)
.
Les pays ont été regroupés en quatre groupes :
- Le groupe A reprend les pays qui ont une imposition séparée des revenus et
peu de
systèmes prenant en compte la situation familiale des contribuables. Il s'agit
principalement des pays scandinaves.
- Le groupe B reprend également des pays qui utilisent l'imposition séparée
mais qui
contrairement à ceux du groupe A, disposent d'instruments prenant en compte la
situation
familiale des contribuables. Ce groupe comprend à la fois des pays du Nord de
l'Europe,
d'Europe centrale et des pays du pourtour méditerranéen.
- Les deux derniers groupes se distinguent des autres par le fait que le
principe de la
taxation des revenus cumulés est encore en vigueur dans ces pays. Toutefois,
les pays du
groupe C offrent le choix aux contribuables entre l'imposition séparée et
l'imposition
jointe, tandis que les pays du groupe D imposent l'imposition jointe.
9. Synthèse
Pays |
Imposition des couples |
Abattements et crédits |
||
|
|
Enfants |
Couples avec un salaire et couples mariés |
Parent célibataire |
Groupe A |
Imposition séparée et pas (ou très peu) d'allègement lié à la situation familiale du contribuable |
|||
Danemark |
Imposition séparée |
Non |
Non |
Non |
Finlande |
Imposition séparée |
Non |
Non |
Non |
Pays-Bas |
Imposition séparée |
Non |
Non |
A |
Suède |
Imposition séparée |
Non |
Non |
Non |
Groupe B |
|
|||
Autriche |
Imposition séparée |
C.I. |
C.I. |
C.I. |
Belgique |
Imposition séparée |
C.I. |
Q.C. |
C.I. |
Grèce |
Imposition séparée |
C.I. |
Non |
Non |
Italie |
Imposition séparée |
C.I. |
C.I. |
C.I. |
Royaume-Uni |
Imposition séparée |
Non |
C.I. |
C.I. |
Groupe C |
Imposition jointe facultative |
|||
Allemagne |
Imposition jointe facultative |
A.F. |
Oui |
A |
Espagne |
Imposition jointe facultative |
C.I. |
Non |
Non |
Irlande |
Imposition jointe facultative |
Non |
Non |
A |
Groupe D |
Imposition jointe obligatoire |
|||
France |
Imposition jointe obligatoire |
Non 60( * ) |
Non |
Non |
Luxembourg |
Imposition jointe obligatoire |
Oui |
A |
A |
Portugal |
Imposition jointe obligatoire |
C.I. |
Non 61( * ) |
Non
|
C.I. = crédit
d'impôt, A = abattement, Q.C. = quotient conjugal, A.F.= abattement
forfaitaire.
Source
: Cathal O'Donoghue et Holly Sutherland (1998).
II. COMPARAISON DE LA PRESSION FISCALE ET SOCIALE PESANT SUR LES REVENUS DU TRAVAIL DES MÉNAGES DANS LES PAYS DE L'UNION EUROPÉENNE
Dans l'Union
européenne, la diversité des pratiques fiscales en ce qui concerne l'impôt sur
le
revenu est particulièrement forte, tant au niveau du calcul du revenu imposable
que du
barème qui y est appliqué. Notre objectif dans cette section est d'évaluer les
différences de pression fiscale qui pèse sur les revenus du travail salarié
dans les
différents pays de l'Union européenne pour différents niveaux de revenus,
différences
qui pourraient intervenir dans les choix de localisation des individus. Dans la
mesure où
la pression fiscale varie selon la situation familiale des travailleurs, la
comparaison
portera sur des cas types qui diffèrent selon le statut matrimonial et
l'existence
d'enfants à charge.
Il est, en outre, nécessaire d'intégrer à l'analyse les prélèvements sociaux qui
pèsent sur les ménages compte tenu de l'importance qu'ils représentent dans la
plupart
des pays. En faire abstraction fausserait les comparaisons internationales
quand on sait,
par exemple, que l'impôt sur le revenu est faible en France mais que les
cotisations
sociales y sont élevées tandis qu'au Danemark on observe la situation inverse.
Les données calculées se réfèrent au salaire de l'ouvrier moyen tel qu'il est
défini
par l'OCDE
62(
*
)
Par " ouvrier moyen ",
il faut
entendre l'ouvrier adulte employé à temps plein dans l'industrie
manufacturière, les
données utilisées se rapportant à l'année 1996. Dans cette étude, onze cas sont
envisagés, chacun étant identifié par une lettre et par un chiffre :
- A1 : contribuable célibataire dont le salaire est égal à 67% du salaire
de
l'ouvrier moyen, sans enfant ;
- A2 : contribuable célibataire dont le salaire est égal à 100% du salaire
de
l'ouvrier moyen, sans enfant ;
- A3 : contribuable célibataire dont le salaire est égal à 167% du salaire
de
l'ouvrier moyen, sans enfant ;
- A4 : contribuable célibataire dont le salaire est égal à 67% du salaire
de
l'ouvrier moyen avec 2 enfants ;
- B1 : couple marié, qui dispose d'un seul salaire équivalent à celui de
l'ouvrier
moyen avec 2 enfants ;
- B2 : couple marié, dont l'un des membres gagne l'équivalent du salaire
ouvrier
moyen et l'autre 33%, avec 2 enfants ;
- B3 : couple marié, dont l'un des membres gagne l'équivalent du salaire
ouvrier
moyen et l'autre 67%, avec 2 enfants ;
- B4 : couple marié, dont l'un des membres gagne l'équivalent du salaire
ouvrier
moyen et l'autre 33%, sans enfant ;
- B5 : couple marié, qui dispose d'un seul salaire équivalent à celui de
l'ouvrier
moyen, sans enfant ;
- B6 : couple marié, dont l'un des membres gagne l'équivalent du salaire
ouvrier
moyen et l'autre 67%, sans enfant ;
- B7 : couple marié, dont chacun des membres gagne l'équivalent du salaire
ouvrier
moyen, sans enfant.
Les quatre premiers cas se rapportent à l'imposition des célibataires (personnes
physiques non mariées) ; ils diffèrent entre eux par le niveau de salaire (67,
100 et
167 % du salaire de l'ouvrier moyen) et la présence ou non d'enfants (0 ou 2).
Les sept
cas suivants traitent de l'imposition des couples mariés ; ils diffèrent entre
eux par
le niveau de salaire (0, 33, 67 et 100% du niveau de salaire de l'ouvrier
moyen), la
présence d'enfants (0 ou 2) et l'existence d'un ou de deux salaires. Enfin, les
taux
moyens sont calculés en divisant l'impôt dû par le salaire brut.
A. PRESSION FISCALE ET SOCIALE PESANT SUR LES REVENUS DU TRAVAIL
Dans cette
section nous comparerons, d'une part les taux d'imposition pesant sur les
ménages au
titre du seul impôt sur le revenu et, d'autre part, les taux moyens incluant
l'impôt sur
le revenu (y compris la CSG et la CRDS
63(
*
)
pour
la France)
et les cotisations sociales salariés, pour différents niveaux de salaires et
différentes situations familiales. Nous montrerons enfin que la France se situe
dans une
position intermédiaire au sein des pays de l'Union européenne du point de vue du
prélèvement socialo-fiscal, voire dans une situation relativement favorable dès
lors
que l'on prend en compte les charges de famille.
Compte tenu des données disponibles, les paragraphes suivants ne tiennent
compte que des
cotisations sociales salariés, même si nous avons souligné dans le chapitre
précédent
que les cotisations patronales pesaient à long terme sur les salariés. En
outre, nous
n'avons pas fait de distinction entre les cotisations sociales qui
correspondent à "
un salaire différé " et celles qui financent des prestations de
solidarité.
1. Pression fiscale pesant sur les ménages au titre du seul impôt sur le revenu
Le tableau 10
reprend les taux moyens d'imposition frappant des ménages sans enfants de
diverses
compositions, les pays sont classés dans l'ordre décroissant des taux frappant
l'ouvrier
moyen célibataire (A2).
Bien que des différences apparaissent dans le classement des différents pays
selon la
situation matrimoniale et le revenu, une classification générale peut être
esquissée :
- Les pays où la pression fiscale résultant de l'impôt sur le revenu est
particulièrement forte : avec en tête les pays scandinaves où les taux moyens
avoisinent les 30 %. Ces pays sont suivis par la Belgique où les taux moyens
tournent
autour de 25%.
- Les pays où la pression est proche de la moyenne européenne : on trouve
l'Irlande, et
l'Allemagne avec des taux proches de 20%; ensuite viennent l'Italie et le
Royaume-Uni, où
les taux moyens tournent autour des 15 %. Ces pays sont suivis par l'Espagne où
les taux
sont généralement inférieurs à 15% mais supérieurs à 10%.
- Les pays où la pression fiscale est faible: le Luxembourg, l'Autriche, la
France, le
Portugal, les Pays-Bas et la Grèce (avec des taux généralement inférieurs à
10%).
Cependant, au Luxembourg, la pression fiscale relative aux célibataires est
nettement
plus élevée que celle relative aux couples mariés, comme nous le mettrons en
évidence
dans le point suivant relatif à l'effet du mariage sur l'imposition. Aux
Pays-Bas, la
pression est faible pour les bas et moyens salaires; par contre, lorsque le
salaire est
plus élevé (A3), elle s'approche de la moyenne européenne.
10. Taux moyens d'imposition sur le revenu frappant des ménages sans enfant de diverses compositions dans les quinze pays de l'Union européenne (1996)
|
A1 |
A2 |
A3 |
B4 |
B5 |
B6 |
Allemagne |
15,4 |
21 |
28,3 |
15,4 |
n.d. |
18,5 |
Autriche |
4,1 |
9,2 |
14,5 |
6,5 |
7,5 |
7,2 |
Belgique |
20,2 |
27,4 |
34,2 |
23 |
19 |
25,6 |
Danemark |
31,6 |
36 |
44,5 |
31,6 |
28,8 |
34,2 |
Espagne |
7,9 |
13,5 |
17,9 |
10,1 |
8,6 |
11,2 |
Finlande |
23,6 |
29,5 |
36,3 |
26 |
29,5 |
27,1 |
France |
4,3 |
8,9 |
13,6 |
5,5 |
3,4 |
7,3 |
Grèce |
0,7 |
1,9 |
5,9 |
1,9 |
2,4 |
1,8 |
Irlande |
17,1 |
22,3 |
32,6 |
17,1 |
15,4 |
19,1 |
Italie (I) |
14,4 |
18,1 |
23,2 |
14,6 |
15,4 |
16,6 |
Luxembourg |
7,3 |
13,4 |
23 |
4,2 |
4,7 |
7,6 |
Pays-Bas |
4,8 |
5,8 |
20,7 |
5,3 |
4,4 |
5,4 |
Portugal |
3,1 |
7,1 |
13,4 |
5,6 |
6,3 |
6,2 |
Royaume-Uni |
14 |
17,4 |
20 |
13,2 |
15,7 |
15 |
Suède |
26,6 |
28,8 |
37,6 |
28,1 |
28,8 |
27,9 |
Union européenne |
13,1 |
17,4 |
24,4 |
13,9 |
13,6 |
15,4
|
Source : La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts sociaux, OCDE, 1997.
2. Pression fiscale globale (IR et cotisations sociales) pesant sur les ménages
Le tableau 11 reprend les taux moyens globaux comprenant l'impôt sur le revenu et les cotisations à charge des salariés frappant des ménages sans enfants de diverses compositions, les pays sont classés dans l'ordre décroissant des taux frappant l'ouvrier moyen célibataire (A2).
11. Taux de pression fiscale moyens pesant sur les salariés
En %
|
A1 |
A2 |
A3 |
B4 |
B5 |
B6 |
Allemagne |
35.6 |
41.2 |
46.7 |
35.6 |
n.d. |
n.d. |
Autriche |
22.2 |
27.3 |
32.6 |
24.6 |
25.6 |
25.3 |
Belgique |
33.3 |
41.3 |
48.2 |
36.9 |
32.9 |
39.7 |
Danemark |
41.3 |
44.8 |
52.6 |
41.3 |
37.6 |
43.4 |
Espagne |
14.3 |
19.9 |
23.8 |
16.9 |
15 |
18.6 |
Finlande |
31.2 |
37.6 |
44.7 |
33.9 |
37.6 |
35 |
France |
23.2 |
27.8 |
31.3 |
24.4 |
22.3 |
26.3 |
Grèce |
16.6 |
17.8 |
21.8 |
17.8 |
18.3 |
17.7 |
Irlande |
20.2 |
28.4 |
39.1 |
21.9 |
21.5 |
24 |
Italie |
24.3 |
28 |
33 |
24.5 |
25.3 |
26.5 |
Luxembourg |
19.8 |
25.9 |
35.5 |
16.7 |
17.2 |
20.1 |
Pays-Bas |
35 |
39.1 |
42.2 |
36.2 |
34.9 |
37.5 |
Portugal |
14.1 |
18.1 |
24.4 |
16.6 |
17.3 |
17.2 |
Royaume-Uni |
21.6 |
25.8 |
27.9 |
20.8 |
24.1 |
23.1 |
Suède |
31.6 |
33.7 |
41.6 |
33 |
33.7 |
32.9 |
Union Européenne |
25.6 |
30.5 |
36.4 |
26.7 |
26 |
27.7
|
Source : " La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts sociaux ", OCDE, 1997. Calcul des auteurs pour B5 et B6.
La prise en
compte des cotisations sociales à charge des salariés modifie quelque peu le
classement
établi suite à la comparaison des seuls taux moyens d 'imposition :
- Le pays où la pression globale est la plus forte est le Danemark, où les taux
moyens
avoisinent les 40 %. Il est suivi par la Belgique, l'Allemagne et les
Pays-Bas où
les taux sont généralement en-dessous de la barre des 40 % mais nettement
au-dessus
de celle des 30 %. La Finlande et la Suède, ayant des cotisations sociales
à charge
des salariés très faibles, n'arrivent qu'après ces pays dans le classement.
Tous ces
pays ont toutefois des taux supérieurs à la moyenne européenne (environ
30 %).
- Ensuite, on retrouve l'Irlande avec des taux légèrement inférieurs à la
moyenne
européenne, suivie par l'Italie, la France, l'Autriche, le Luxembourg et le
Royaume-Uni,
où les taux moyens sont encore supérieurs à 20 %.
- La pression globale est faible en Espagne, au Portugal et en Grèce, où les
taux moyens
sont généralement en-dessous de la barre des 20 %.
Le graphique 1 ci-dessous représente la pression globale frappant les ouvriers
moyens des
différents pays de l'Union européenne.
1. Impôt sur le revenu et cotisations sociales à charge des salariés pour un célibataire sans enfant, disposant du salaire de l'ouvrier moyen(A2)
Source : " La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts sociaux ", OCDE, 1997.
Le graphique 2 représente la pression globale frappant des couples, avec 2 enfants, dont l'un des membres gagne l'équivalent du salaire ouvrier moyen et l'autre 67%, dans les pays de l'Union européenne 64( * ) .
2. Impôt sur le revenu et cotisations sociales à charge des salariés pour un couple marié avec 2 enfants, dont l'un des membres gagne l'équivalent du salaire ouvrier moyen et l'autre 67% de ce salaire (B3)
Source : " La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts sociaux ", OCDE, 1997.
B. LA SITUATION DU SALARIÉ FRANÇAIS PAR RAPPORT AUX SALARIÉS ALLEMAND, BRITANNIQUE ET NÉERLANDAIS : QUELQUES ÉLÉMENTS DE COMPARAISON
La France est
très souvent présentée comme un pays dont la pression fiscale et sociale pesant
sur les
ménages est élevée par rapport à celle des autres pays de l'Union européenne.
Ainsi
est-il de bon ton de citer en exemple le Royaume-Uni ou, dans une moindre
mesure,
l'Allemagne. Les résultats présentés précédemment comme ceux du tableau 1
infirment
en partie ce constat. Ils portent sur la situation d'individus gagnant 10 000
FF bruts
mensuels, 35 000 FF et 100 000 FF.
Pour chaque niveau de revenu, sont envisagées deux options : l'individu est
célibataire
ou l'individu est marié et a deux enfants. Sur la base d'un salaire brut donné,
est
calculé pour chaque niveau de salaire, le salaire net des cotisations sociales
ainsi que
le coût du travail. Les retraites complémentaires sont toutefois exclues du
champ de
l'analyse, faute d'informations fiables et compte tenu de la diversité de leur
mode de
financement dans les trois pays retenus. Au salaire net des cotisations
sociales salariés
est soustrait l'impôt sur le revenu. Ce dernier est calculé après déductions des
abattements dont peut bénéficier un salarié dans chacun des pays concernés et
après
prise en compte des cotisations et impôts non déductibles qui doivent être
réintégrés dans l'assiette de l'impôt sur le revenu. On tient compte, enfin, de
la
situation conjugale et familiale du contribuable qui est appréhendée de façon
différente en France (quotient familial) et en Allemagne (abattement
forfaitaire) tandis
que le Royaume-Uni ne tiennent pas compte des enfants dans le calcul de l'impôt
sur le
revenu.
Ces précisions formulées, un certain nombre de conclusions émergent de ces
simulations
:
- Tout d'abord, et cela vient confirmer un certain nombre d'observations
récentes, le
taux de pression fiscalo-sociale n'est pas plus élevé en France que chez nos
principaux
partenaires. Ce taux varie avec le niveau de salaire et surtout les charges de
famille, le
système du quotient familial, même plafonné, contribuant à minorer fortement
l'impôt
sur le revenu pour le contribuable français.
- Le Royaume-Uni, et dans une moindre mesure l'Allemagne, ont un taux de
pression
socialo-fiscale plus faible que la France quand l'individu imposé est
célibataire sans
enfants et que son niveau de revenu est inférieur à 10 000 FF brut par mois. En
revanche, les salariés des trois pays sont dans une situation comparable dès
lors qu'ils
sont mariés, que leur conjoint ne travaille pas et qu'ils ont des enfants (au
moins
deux).
- Pour un salaire de l'ordre de 35 000 FF, on observe que la situation du
contribuable est
quasiment la même quand il est marié et qu'il a des enfants en France, au
Royaume-Uni et
en Allemagne. Le contribuable britannique est en revanche privilégié dès lors
qu'il est
célibataire par rapport aux contribuables français et allemands, qui une fois
encore,
sont traités globalement de la même façon.* Pour des niveaux de salaire situés
au
dessus de 100 000 FF par mois, le Royaume-Uni et la France sont dans une
situation
comparable quand le foyer fiscal est formé d'un couple avec enfants (au moins
deux). En
revanche, une fois encore, un individu célibataire sera moins imposé au
Royaume-Uni
qu'en France. On remarque, qu'à ce niveau de revenu, l'Allemagne qui, pour des
niveaux de
salaires intermédiaires, se trouvait dans une situation comparable à celle de
la France,
" décroche " et son taux de pression socialo-fiscale devient beaucoup
plus
élevé que celui de ses partenaires.
- Si l'on s'intéresse au coin socialo-fiscal, c'est-à-dire à la différence
entre le
revenu disponible du salarié et le coût du travail pour l'employeur, on
remarque que
pour des salaires bruts inférieurs à 10 000 FF, le coin socialo-fiscal est plus
élevé
en France qu'en Allemagne. Pour des niveaux de salaire brut supérieurs à 35 000
FF, le
coin socialo-fiscal est comparable en France, en Allemagne mais il est plus
élevé qu'au
Royaume-Uni.
12. Comparaison des situations du salarié français par rapport aux salariés allemand et britannique
Pays |
France
|
Allemagne
|
Royaume-Uni |
|||
|
Couple avec 2 enfants |
Célibataire |
Couple avec 2 enfants |
Célibataire |
Couple avec 2 enfants |
Célibataire |
Salaire brut mensuel
|
|
|
|
|
|
|
- Coût du travail |
134 |
134 |
121 |
121 |
110 |
110 |
- Salaire net |
85 |
85 |
79 |
79 |
92 |
92 |
- Revenu disponible après impôt |
84 |
70 |
83 |
75 |
90 |
80 |
- Revenu disponible/coût salarial |
0,63 |
0,52 |
0,69 |
0,62 |
0,82 |
0,73 |
Salaire brut mensuel
|
|
|
|
|
|
|
- Coût du travail |
129 |
129 |
115 |
115 |
110 |
110 |
- Salaire net |
85 |
85 |
84 |
84 |
91 |
91 |
- Revenu disponible après impôt |
71 |
58 |
72 |
61 |
68 |
66 |
- Revenu disponible/coût salarial |
0,56 |
0,45 |
0,62 |
0,53 |
0,62 |
0,60 |
Salaire brut mensuel
|
|
|
|
|
|
|
- Coût du travail |
124 |
124 |
105 |
105 |
110 |
110 |
- Salaire net |
92 |
92 |
94 |
94 |
97 |
97 |
- Revenu disponible après impôt |
65 |
54 |
57 |
50 |
69 |
68 |
- Revenu disponible/coût salarial |
0,52 |
0,44 |
0,54 |
0,48 |
0,63 |
0,62 |
Source : Calculs des auteurs
Ces résultats vont dans le même sens que ceux de l'étude de la Direction de la Prévision réalisée en 1994 pour la Commission Ducamin (tableau 13) ou encore d'une étude réalisée récemment par le Poste d'expansion économique de l'ambassade de France à Londres (1998). Globalement, compte tenu de l'avantage procuré par le quotient familial, il n'y a pas de pays de l'Union européenne qui soit fiscalement plus favorable que la France dès lors que l'on a des enfants. En revanche, le système fiscal peut inciter les célibataires français à l'expatriation, notamment lorsqu'ils se situent à des niveaux de revenus élevés (autour de 1 million de FF). Cependant, dans le cas où les salariés migrent avec leur entreprises, ces dernières ajustent le salaire de ces salariés de façon à accompagner ou à éviter l'expatriation. Ainsi, il arrive que les prélèvements dus par les salariés percevant des revenus élevés soient pris en charge par l'entreprise, soit parce que celle-ci s'engage à payer le différentiel d'impôt que doit supporter le salarié dans le pays du nouveau lieu de travail quand celui-ci est expatrié, soit parce que la rémunération négociée avec un salarié dont le domicile se trouve dans l'Etat où réside l'entreprise correspond au salaire net de tout prélèvement. Vraisemblablement, les différentiels de fiscalité sont neutres pour le salarié car c'est l'entreprise qui supporte l'ajustement de salaire, celui-ci devenant un facteur, parmi de nombreux autres, dans ses choix de localisation.
13. Situations pour lesquelles un salarié a intérêt à s'expatrier à l'étranger en fonction de la composition familiale, du nombre d'années d'expatriation et du montant du salaire
|
|
|
|
Couple marié avec deux enfants |
2 ans
|
Aucun
|
>1450 000 FF
|
Célibataire sans enfants |
2 ans
|
Pays-Bas
|
< 1100 000
FF
|
Source : Direction de la Prévision.
Vraisemblablement, les différentiels de fiscalité sont neutres pour le salarié car c'est l'entreprise qui supporte l'ajustement de salaire, celui-ci devenant un facteur, parmi de nombreux autres, dans ses choix de localisation.
III. L'IMPOSITION DES REVENUS DE L'ÉPARGNE
Comparer la fiscalité sur les revenus de l'épargne dès lors que l'on sort du cadre national est complexe, non seulement car les placements possibles sont multiples mais aussi du fait que certains placements engendrent des revenus périodiques (intérêts et dividendes) et non périodiques (plus-values) ou seulement des revenus non périodiques comme c'est le cas pour les bons de capitalisation ou les plans de pension. Pour être exhaustif, il faudrait tenir compte aussi de l'imposition du patrimoine. Aussi, nous intéresserons-nous ici essentiellement aux actifs financiers à revenus fixes dont le degré d'internationalisation est particulièrement élevé.
A. UNE GRANDE DIVERSITÉ DES SYSTÈMES D'IMPOSITION DES INTÉRÊTS VERSÉS AUX RÉSIDENTS
On peut
distinguer quatre types de système d'imposition des intérêts versés aux
résidents
65(
*
)
:
- Ceux où il y a globalisation des revenus de l'épargne et un système d'échange
de
renseignements entre les établissements bancaires et l'administration fiscale.
On trouve
dans cette catégorie les Pays-Bas, le Danemark et dans une certaine mesure la
France. Le
principe de la taxation des intérêts au taux marginal doit cependant être
relativisé.
En France, l'existence de retenue à la source libératoire coexiste avec un
système
d'échange de renseignements. Par conséquent, les taux de prélèvement
libératoires
(relativement bas dans notre pays) doivent être interprétés comme des maxima.
En effet,
logiquement, l'épargnant optera pour le prélèvement libératoire si son taux
marginal
d'imposition est supérieur au taux de retenue, et pour la globalisation dans le
cas
inverse, ce qui est notamment le cas lorsque les revenus de l'épargne
bénéficient
d'abattements ou quand le contribuable n'est pas imposable. Au Pays-Bas et au
Danemark, la
base imposable est constituée non pas par les intérêts perçus mais par la
différence
ente les intérêts perçus et les intérêts payés. Les intérêts afférents au crédit
à la consommation sont déductibles, tout comme ceux des emprunts contractés en
vue
d'acquérir des actifs financiers ou immobiliers.
- Ceux où il y a globalisation des revenus de l'épargne, sans système d'échange
de
renseignements et sans retenue à la source. La situation du Luxembourg est
particulière
: il n'y a pas de système d'échange de renseignements entre les institutions
financières et l'administration fiscale et il n'y a pas non plus de retenue à
la source.
Enfin, un abattement de 9500 francs par an et par personne (1998) permet à
nombre
d'épargnants d'être non imposables.
- Ceux où il y a globalisation des revenus de l'épargne, sans système d'échange
de
renseignements mais avec retenue à la source. C'est le cas de l'Allemagne, du
Royaume-Uni
et de l'Irlande. Dans ces conditions, la déclaration des intérêts perçus pour le
calcul de l'impôt sur le revenu est volontaire mais l'existence d'une retenue à
la
source assure une imposition minimale. On remarquera que l'Allemagne se
distingue des deux
autres pays en accordant un abattement très élevé (20700 francs en 1998, doublé
pour
un couple).
- Ceux où il n'y a pas globalisation des revenus de l'épargne : les retenues à
la
source sont libératoires. C'est le cas en Belgique (même si le contribuable peut
déclarer ses revenus mobiliers quand sa situation fiscale lui permet d'obtenir
la
restitution des précomptes retenus à la source), de l'Italie et du Portugal.
En réalité, les intérêts ne constituent pas le seul produit des actifs à revenu
fixe.
Ceux-ci peuvent être aussi à l'origine de plus-values dont le traitement fiscal
est lui
aussi très différent selon les pays. Ainsi, on peut distinguer trois types de
pays : un
premier groupe de pays comprend la France, l'Irlande, le Royaume-Uni et
l'Espagne, qui
connaissent une imposition générale des plus-values. Encore faut-il remarquer
que dans
les trois premiers pays, il existe un seuil de cession élevé qui atténue le
principe.
Un deuxième groupe de pays (Belgique, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas) n'impose
que les
plus-values liées à des opérations spéculatives. Enfin, le Danemark, la Grèce
et le
Portugal n'imposent pas les plus-values.
B. UNE TENDANCE À DÉTAXER LES INTÉRÊTS VERSÉS AUX NON-RÉSIDENTS
En règle générale, les produits de l'épargne sont imposés selon le principe du pays de résidence. Dans ces conditions, le résident devrait être taxé sur l'ensemble de ses revenus, qu'ils soient perçus dans le pays d'origine du bénéficiaire ou à l'étranger. La réalité est toute autre car peu de pays disposent d'un système complet d'échange de renseignements qui leur permette de repérer les sortie de capitaux. Par conséquent, l'imposition des revenus d'origine étrangère dans le pays de résidence repose généralement sur le principe de la déclaration volontaire. Comme les revenus mobiliers des non-résidents sont généralement exonérés d'impôt dans le pays de la source, ces revenus sont, de fait, défiscalisés. Ainsi, en l'absence d'une imposition dans le pays de résidence, la libéralisation des mouvements de capitaux incite l'épargnant à investir son épargne là où elle est la moins taxée, c'est-à-dire à l'étranger. Autrement dit, comme le souligne Valenduc (1994), " tout est prêt pour jouer un jeu qui frise à l'absurde : chacun taxe ses habitants et détaxe ses voisins dans un contexte où chacun peut aller chez le voisin ".
Régime fiscal des intérêts versés à des personnes physiques
|
Intérêts versés à des résidents |
Intérêts versés à des non-résidents |
Système de renseignements entre les établissements financiers et l'administrations fiscales |
Allemagne |
Retenue à la source de 31,65 % (1) puis imposition à l'impôt sur le revenu. La retenue est imputable sur l'impôt sur le revenu. Retenue de 36,92 % si la souscription est anonyme. |
Non-imposition (retenue à la source pour les seuls intérêts d'obligations participatives ou convertibles au taux de 26, 37 %). |
Limitée |
Belgique |
Retenue à la source libératoire de 15 % ou intégration à l'impôt sur le revenu. |
Retenue à la source libératoire de 15 % avec de nombreuses exceptions. Atténuation dans le cadre de conventions internationales. |
Non |
Danemark
|
Imposition à l'impôt sur le revenu |
Non-imposition. |
Oui |
France |
Prélèvement libératoire de 25 % (y compris la CSG et le CRDS) ou intégration dans le revenu imposable (2). |
Prélèvement libératoire de 0% (obligations, titres de créances négociables, dépôts bancaires) et 15 % (autres). |
Oui |
Espagne |
Retenue à la source non libératoire 25 % ouvrant droit à crédit d'impôt imputable sur l'impôt sur le revenu (3). |
Retenue à la source libératoire de 25 % ou 0 %. Dérogation par conventions internationales. |
Oui |
Grèce |
Retenue à la source libératoire de 15 % (obligations privées) ou de 7,5 % (obligations d'Etat). |
Retenue à la source libératoire de 7,5 % sur intérêts des obligations d'Etat ou de 15 % sur intérêts d'obligations privées. |
Non |
Irlande |
Retenue à la source de 26 % ouvrant droit à crédit d'impôt imputable sur l'impôt sur le revenu. |
Retenue à la source libératoire de 24 % en général. |
Non |
Italie |
Retenue à la source libératoire de 12,5 % en général (30 % dans certains cas). Exonération pour les intérêts versés par les OPCVM. |
Retenue à la source libératoire de 12,5 % en général ou de 0 % si existence d'une convention fiscale prévoyant un échange de renseignement. |
Non |
Luxembourg |
Imposition à l'impôt sur le revenu avec abattement (4). |
Non-imposition. Retenue à la source libératoire de 25 % sur les seules obligations participatives. |
Non |
Pays-Bas |
Imposition à l'impôt sur le revenu avec abattements. Exonération des intérêts versés par les " fonds verts " (5) (6) |
Non imposition. Retenue à la source pour les seules obligations participatives. Dérogation par conventions internationales. |
Oui |
Portugal |
Retenue à la source libératoire de 20 % en général ou imposition à l'IR avec imputation de la retenue à la source. |
Retenue à la source libératoire de 20 % en général. Dérogation par conventions internationales. |
Non |
Abattements de 6100
DM (20700 FF), doublé pour un couple.
Abattements de 8000 FF, doublé pour un couple.
Abattements de 1130 FF.
Abattements de 9850 FF par an et par personne.
Abattements de 3000 FF par an et par personne, doublé pour un couple.
Fonds ayant pour objet d'investir dans les projets de protection de
l'environnement.
Source
: Dictionnaire permanent fiscal, Editions législatives
(1998).
C. LES PROPOSITIONS CONCERNANT LA LOCALISATION DE L'ÉPARGNE FINANCIÈRE
La libre
circulation des capitaux est effective depuis le 1er juillet 1990. Dès lors,
rien
n'empêche le résident d'un Etat membre de l'Union européenne d'investir son
épargne
dans un autre Etat membre. Or, comme nous l'avons vu, le régime fiscal des
produits de
l'épargne est très différent d'un pays à l'autre. Se trouve par conséquent
posée la
question de l'impact de la fiscalité sur les décisions d'investissement des
épargnants.
Deux exemples permettent d'en saisir les enjeux. L'expérience de l'Allemagne
montre bien
que si un pays met en place une retenue à la source de façon unilatérale, le
risque est
grand qu'il soit soumis à un mouvement de délocalisation de capitaux. Ainsi,
confrontée
à une fuite de capitaux vers le Luxembourg, l'Allemagne a dû supprimer en mai
1989 la
retenue à la source au taux de 10% qu'elle avait introduite en janvier 1989 sur
les
intérêts des placements à revenus fixes versés au résidents et non-résidents
d'Allemagne . Il en est de même pour la Belgique qui a dû renoncer à une
retenue à la
source sur les intérêts au taux de 25 % . En outre, si l'on considère le cas de
la
France, un certain nombre d'indicateurs montrent qu'il existe des déplacements
de
capitaux notamment vers le Luxembourg (Gutman et Lefèvre, 1999). Il semble
ainsi que
l'augmentation des prélèvements fiscaux et sociaux pesant sur l'épargne sur la
période
récente ait conduit à une très forte augmentation (+ 330 % de 1993 à 1996) de
la part
souscrite par les Français dans les contrats d'assurance-vie Luxembourgeois. Par
ailleurs, les services fiscaux ont constaté l'existence de réseaux de
démarchage qui
proposent, de manière frauduleuse, des placements sur des produits
d'assurance-vie au
Luxembourg en franchise d'impôt. Enfin, les services des douanes relèvent que
le nombre
d'infractions annuelles à l'obligation de déclarer des transferts de capitaux,
dès lors
que le montant des fonds transférés est supérieur à 50 000 F, a considérablement
augmenté (+78 % en quatre ans).
Jusque à une période récente, le risque de délocalisation a conduit les
différents
Etats, comme nous l'avons vu, à exonérer de fait les produits de l'épargne.
Rappelons
brièvement qu'il existe deux façons pour des Etats de préserver leur faculté de
taxer
les revenus de l'épargne sans être exposés à des délocalisations massives. La
première suppose que tous les Etats adoptent le principe de résidence.
L'adoption de ce
principe présente l'avantage de ne pas atteindre à la souveraineté des Etats
membres et
ne nécessite pas d'harmonisation fiscale car, par définition, les choix de
placements
des agents économiques ne sont pas affectés par la fiscalité. En revanche, il
suppose,
pour être appliqué, que les Etats aient connaissance des revenus perçus à
l'extérieur
par leurs résidents. Or, un certain nombre de pays sont attachés au secret
bancaire et
il n'existe pas de collaboration étroite entre les administrations fiscales des
différents Etats membres, de sorte qu'un tel un système favoriserait l'évasion
fiscale
à l'échelle européenne et plus généralement à l'échelle internationale.
Une solution alternative à l'application du principe de résidence consiste à
instaurer
une retenue à la source pour tous les Etats membres. Il existe deux
possibilités de mise
en oeuvre de cette retenue. Soit le produit de cette retenue reste dans le pays
de la
source, ce qui est difficilement justifiable, soit il est restitué au pays de
résidence
du bénéficiaire. Mais, outre le fait que ce système ne règle en rien le risque
de
délocalisations vers des pays extérieurs à l'Union européenne, il suppose, dans
ce
dernier cas, non seulement un système d'échange d'informations efficace entre
les
établissements bancaires et l'administration fiscale du pays où est perçu le
revenu,
mais aussi une coopération accrue entre les administrations fiscales des
différents
Etats, qui est difficile à imaginer actuellement.
Le projet de directive présenté par la Commission européenne, lors du Conseil
Ecofin du
5 juin 1998, a pour objectif d'instaurer une imposition minimale pour les
résidents
personnes physiques. Ce projet est fondé sur le principe de coexistence selon
lequel
chaque Etat membre devra soit appliquer une retenue à la source de 20 %, soit
communiquer
aux autres Etats membres des informations concernant ces revenus. Ce choix est
rendu
possible parce que la retenue à la source ne suppose pas une restitution
d'impôts au
pays de résidence du bénéficiaire.
Ce projet, même s'il constitue une nouveauté par rapport à la proposition de
retenue à
la source faite en 1989, fait clairement apparaître des divergences de point de
vue entre
des pays comme le Luxembourg ou l'Autriche, pour lesquels l'échange
d'informations pose
problème en raison de dispositions législatives et constitutionnelles, et des
pays comme
le Danemark ou les Pays-Bas qui ne connaissent pas le secret bancaire pour des
raisons
fiscales et pour lesquels une retenue à la source est un pas en arrière. En
effet, les
pays qui privilégient l'échange d'informations sont aussi les pays qui imposent
les
intérêts versés au taux marginal d'imposition sur le revenu, ce dernier étant
généralement plus élevé que le taux de la retenue à la source. Ces pays sont par
conséquent peu favorables à l'adoption d'une retenue à la source qui leur ferait
perdre, au mieux un montant d'impôt correspondant à l'écart entre le taux
marginal
d'imposition sur les revenus et celui de la retenue à la source, au pire (s'ils
n'adoptent pas le système de la source) les recettes dues à l'évasion fiscale de
l'épargne de leurs résidents. A l'inverse, des pays comme le Luxembourg ont
intérêt à
adopter la retenue à la source. Il est clair que le choix proposé par la
Commission
n'est pas neutre. En effet, se pose un problème de crédibilité : des pays comme
le
Luxembourg qui n'ont jamais remis en cause le secret bancaire sont de fait des
leaders
dans la négociation, les autres Etats ne pouvant in fine que s'aligner sur le
choix de
ces pays. Là encore, seule la remise en question de la règle à l'unanimité
permettrait
d'infléchir cette évolution.
Enfin, se pose la question du taux de retenue à la source. Les Luxembourgeois y
sont
favorables, compte tenu des arguments déjà développés, mais la souhaitent la
plus
faible possible. En revanche, un pays comme la France souhaite que la retenue
minimale
soit de l'ordre de 25 % tandis que Mario Monti plaide en faveur d'une retenue
minimale de
20 %. Le choix de ce taux est clairement très important, dans la mesure où la
mobilité
des capitaux devrait conduire de fait à une convergence des taux sur le taux
minimum, ce
qui signifie, certes, une perte de souveraineté pour les Etats mais leur permet
cependant
de sauvegarder un minimum de recettes fiscales. A cet égard, il semble que la
Commission
ait désormais choisi de revenir périodiquement à la charge afin d'imposer une
retenue
à la source qui permettrait d'éviter une défiscalisation des revenus de
placements.
ANNEXE 4.1
SITUATION MATRIMONIALE ET IMPÔT SUR LE REVENU
Cette annexe a
pour objectif de mettre en évidence les différences d'impôt liées au statut
matrimonial des contribuables pour les 15 pays de l'Union européenne, en
comparant
différents cas-types. Dans le tableau A.1 figurent les écarts de taux moyen
d'imposition
pesant sur des célibataires et des couples mariés pour différents niveaux de
revenu
global :
* Le premier cas compare l'imposition d'un couple dans lequel un seul des époux
travaille
et l'imposition d'un célibataire disposant d'un revenu égal à celui de
l'ouvrier moyen.
* Les deux cas suivants comparent l'imposition d'un couple non marié avec celui
d'un
couple marié ayant globalement le même revenu, et cela pour deux niveaux de
revenu :
- dans le premier cas, le revenu total est équivalent à 167 % du revenu de
l'ouvrier
moyen (un individu gagne 67 % du salaire de l'ouvrier moyen et l'autre gagne
100 %) ;
- dans le deuxième cas, le revenu total est égal à 100 % du salaire de
l'ouvrier moyen
(chaque individu gagnant la moitié).
Dans le tableau ci-dessous, les pays sont classés dans l'ordre décroissant des
écarts
obtenus dans le deuxième cas envisagé (comparaison (A1+A2) - B6).
A.1. Ecarts absolu de taux moyens d'imposition entre des célibataires et des couples mariés ayant le même revenu, pour différents niveaux de revenu
|
Ecart
|
Ecart (A1+A2)-B6 |
Ecart (A2+A2)-B7 |
Allemagne |
19,4 |
n.d. |
n.d. |
Autriche |
1,7 |
0 |
0 |
Belgique |
8,4 |
-1,2 |
-1,1 |
Danemark |
7,2 |
0 |
0 |
Espagne |
4,9 |
0 |
0 |
Finlande |
0 |
0 |
0 |
France |
5,5 |
-0,2 |
0 |
Grèce |
-0,5 |
-0,4 |
-0,3 |
Irlande |
6,9 |
1,2 |
0 |
Italie |
2,7 |
0 |
0 |
Luxembourg |
8,7 |
3,3 |
2,8 |
Pays-Bas |
1,4 |
0 |
0 |
Portugal |
0,8 |
-0,7 |
-0,6 |
Royaume-Uni |
1,7 |
1 |
0,9 |
Suède |
0 |
0 |
0 |
Source
:
" La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts
sociaux ", OCDE, 1997, calcul des auteurs.
Remarque : Faute de données disponibles pour l'Allemagne, les cas B6 et B7
n'ont pu
être calculés.
Quand on compare
l'imposition d'un couple dans lequel un seul des époux travaille avec celui d'un
célibataire ayant le même revenu, on remarque que dans la majorité des pays (11
pays
exactement) de l'Union européenne, une réduction d'impôt est accordée par les
différents systèmes nationaux au couple dont un des deux époux ne travaille pas
par
rapport au célibataire avec le même niveau de revenu. Ce n'est toutefois pas le
cas dans
trois pays : en Grèce où l'imposition est plus élevée pour le couple marié, en
Finlande et en Suède où il n'y a pas de différence entre l'imposition du
contribuable
célibataire et celui du couple marié. Le cas de la Grèce s'explique par le fait
que le
revenu brut de celui des époux qui gagne le plus est majoré de 10% pour un
couple
marié.
Pour un même niveau de revenu, les différences entre le taux d'imposition moyen
d'un
célibataire et d'un couple marié sont les plus importantes au Luxembourg et en
Belgique
(écarts supérieurs à 8 points) ; viennent ensuite le Danemark et l'Irlande avec
un
écart d'environ 7 points, puis la France et l'Espagne (écarts d'environ 5
points). A
l'exception du Danemark et de la Belgique, ce sont tous des pays qui appliquent
un
système de taxation jointe. En Italie, au Royaume-Uni, en Autriche, aux
Pays-Bas et au
Portugal, les écarts sont beaucoup plus faibles (de l'ordre de 1 à 2 points).
Pour ce qui concerne le traitement fiscal des couples mariés et non mariés, on
peut
faire les observations suivantes :
- Dans sept pays, il y a une neutralité totale vis-à-vis du mariage. Ainsi,
l'Autriche,
le Danemark, la Finlande, l'Italie, les Pays-Bas, l'Espagne et la Suède ne font
aucune
différence entre les couples mariés et non mariés.
- Trois pays ont tendance à pénaliser le couple marié : la Belgique, la Grèce
et le
Portugal. En Belgique, les couples mariés sont imposés d'environ 1% en plus par
rapport
à un couple ayant les même revenus mais non marié. Cela s'explique par le fait
que
l'abattement à la base (voir description des systèmes fiscaux) est de 198.000
FB pour un
célibataire et de 156.000 FB pour chaque contribuable marié. Au Portugal, la
différence
d'imposition ( un peu plus d'un demi point) s'explique à nouveau par une
différence dans
le montant de crédit d'impôt accordé au contribuable marié par rapport au
célibataire
(33.000 PTE pour un célibataire et 50.000 PTE pour un couple marié). En Grèce,
comme
nous l'avons déjà mentionné ci-dessus, le revenu brut de celui des époux qui
gagne le
plus est majoré de 10% pour un couple marié, ce qui explique la différence
d'imposition
entre couple marié et concubins.
- La France se trouve dans une situation un peut particulière. Elle a tendance à
pénaliser très légèrement le mariage pour un niveau de revenu global équivalent
à
167% du salaire de l'ouvrier moyen. Cela s'explique par le système de décote
dont
bénéficient les bas salaires en France. Lorsqu'un individu qui dispose d'un
salaire
équivalent à 67% du salaire de l'ouvrier moyen est taxé individuellement, il
bénéficie du système de décote qui a pour effet de réduire son impôt. Par
contre,
lorsque le revenu de ce même individu est taxé avec celui de son conjoint qui
dispose du
salaire de l'ouvrier moyen, le salaire total est trop élevé pour pouvoir
bénéficier du
système de décote et donc, au total, l'imposition du couple marié est plus
élevée que
celle du couple non marié qui dispose du revenu total de même niveau.
- Enfin, trois autres pays avantagent le mariage en taxant davantage les
couples de
célibataires par rapport aux couples mariés; c'est le cas de l'Irlande, du
Luxembourg et
du Royaume-Uni pour un niveau de salaire global équivalent à 167% du salaire de
l'ouvrier moyen. A l'exception du Royaume-Uni qui taxe les couples mariés
séparément,
ce sont des pays qui utilisent un système de taxation jointe avec
fractionnement. En
effet, dans ces systèmes de taxation jointe, lorsque les revenus des deux
conjoints sont
différents, une partie du revenu de l'époux qui gagne le plus est "
transférée
" à celui qui gagne le moins, ce qui atténue, en général, la progressivité
de
l'impôt. Les couples mariés sont donc favorisés par rapport aux concubins. Ceci
est
surtout vrai lorsque les revenus des deux époux sont très différents. Au
Royaume-Uni,
la différence d'imposition entre couples de célibataires et couples mariés
provient du
fait que les couples mariés bénéficient d'un crédit d'impôt spécifique.
Il convient cependant de remarquer que lorsque le revenu global du couple est
également
réparti entre les deux membres du couple, les conclusions sont légèrement
modifiées.
On retrouve les trois mêmes pays qui pénalisent le mariage (Belgique, Grèce,
Portugal)
; par contre, il n'y a plus que deux pays qui favorisent les couples mariés par
rapport
aux célibataires : le Royaume-Uni et le Luxembourg. Au Royaume-Uni, cela
s'explique à
nouveau par le crédit d'impôt accordé aux couples mariés. Au Luxembourg, un
abattement
forfaitaire de 180.000 FLUX est accordé aux couples mariés avec deux salaires.
Par
conséquent, les pays de l'Union européenne peuvent donc être regroupés en trois
groupes :
- Le premier groupe comprenant les pays qui sont neutres par rapport au
mariage, et qui
contient le plus grand nombre de pays, à savoir l'Autriche, le Danemark, la
Finlande,
l'Italie, les Pays-Bas, l'Espagne et la Suède. Ce sont tous des pays qui ont
opté pour
un système de taxation séparée des revenus.
- Le deuxième reprend les pays qui encouragent le mariage, à savoir l'Irlande,
le
Luxembourg et le Royaume-Uni. Les deux premiers utilisent un système de
taxation jointe
avec fractionnement; le Royaume-Uni accorde un abattement spécifique pour les
couples
mariés. En outre, au Luxembourg, un abattement forfaitaire supplémentaire est
accordé
aux couples mariés avec deux salaires. Il est à noter qu'en Irlande, la
différence
d'imposition disparaît lorsque les salaires sont également répartis entre les
deux
membres du couple. Cependant, dans la réalité, ce cas est peu probable, si bien
qu'on
peut dire que l'Irlande encourage le mariage.
- Enfin, le troisième groupe formé des pays qui pénalisent le mariage avec la
Belgique,
la Grèce et le Portugal. Au Portugal et en Belgique, cela tient au fait que ces
pays
accordent des crédits d'impôt qui sont globalement plus élevés pour un couple de
célibataires que pour un couple marié. En Grèce, le revenu brut de celui des
époux qui
gagne le plus est majoré de 10% pour un couple marié, ce qui explique la
différence
d'imposition entre couple marié et concubins. La France pénalise aussi
légèrement le
mariage à un niveau de revenu total équivalent à 167% du salaire de l'ouvrier
moyen à
cause du système de décote qui s'applique aux bas salaires. Cependant, pour des
niveaux
de revenu plus élevés, les couples mariés sont favorisés dans ce pays grâce au
système du quotient familial.
ANNEXE 4.2
LA PRISE EN COMPTE DES CHARGES DE FAMILLE
Les charges de
famille peuvent être prises en compte, soit sous forme de réduction d'impôt,
soit
directement grâce à un système d'allocations.
1. Dans le système fiscal
Pour déterminer comment les systèmes fiscaux prennent en compte la présence
d'enfants,
on peut comparer les taux d'imposition applicables à des couples mariés avec
deux
enfants à ceux applicables à des couples ayant les mêmes revenus mais sans
enfant, et
cela pour différents niveaux de revenu global.
Le tableau A.2 reprend les écarts de taux moyen d'imposition entre des couples
mariés
avec 2 enfants et des couples mariés sans enfant ayant globalement le même
revenu, pour
différents niveaux de revenu global :
* Le premier cas se rapporte à des couples mariés disposant d'un seul revenu
équivalent
à celui de l'ouvrier moyen. L'un des couples (B1) a deux enfants; l'autre n'en
a pas
(B5).
* Le deuxième cas considère des couples mariés ayant un salaire global
équivalent à
133 % de celui de l'ouvrier moyen (l'un des époux gagne 100% et l'autre 33%).
Comme dans
le cas précédent, le premier des couples envisagés a deux enfants (B2) et
l'autre n'en
a pas (B4).
* Le dernier cas envisagé concerne des couples mariés ayant un salaire global
équivalent à 167% de celui de l'ouvrier moyen (l'un des époux gagne 100% et
l'autre
67%), l'un des couples ayant deux enfants (B3) et l'autre étant sans enfant
(B6).
Dans le tableau ci-dessous, les pays sont classés dans l'ordre décroissant des
écarts
en valeur absolue obtenus dans le deuxième cas envisagé (comparaison B2 - B4).
A.2. Ecarts en valeur absolue des taux moyen d'imposition entre des couples mariés avec 2 enfants et des couples mariés sans enfant pour différents niveaux de revenu global
|
Systèmes |
Ecart
|
Ecart
|
Ecart
|
||||
Allemagne |
AF 66( * ) |
n.d. |
-0.2 |
n.d. |
||||
Autriche |
CI |
-3.5 |
-2.6 |
-2.2 |
||||
Belgique |
A |
-2.6 |
-2.1 |
-1.5 |
||||
Danemark |
- |
0 |
0 |
0 |
||||
Espagne |
CI |
-2 |
-1.5 |
-1.2 |
||||
Finlande |
- |
0 |
0 |
0 |
||||
France |
Q.F. |
-0.7 |
-2.8 |
-2.4 |
||||
Grèce |
CI |
-0.3 |
-0.3 |
-0.2 |
||||
Irlande |
- |
0 |
0 |
0 |
||||
Italie |
CI |
-1 |
-0.8 |
-0.6 |
||||
Luxembourg |
Réduction d'impôt 67( * ) |
-4.7 |
-4.2 |
-6.9 |
||||
NLPays-Bas |
- |
0 |
0 |
0 |
||||
Portugal |
CI |
-2.8 |
-2 |
-1.6 |
||||
Royaume-Uni |
- |
0 |
0 |
0 |
||||
Suède |
- |
0 |
0 |
0
|
La première
colonne indique les systèmes utilisés par les différents pays pour la prise en
compte
des enfants à charge: CI = crédit d'impôt, QF = quotient familial, AF=
abattement
forfaitaire.
Source
: " La situation des salariés au regard de l'impôt et
des
transferts sociaux ", OCDE, 1997, calcul des auteurs.
Dans 8 des 15
pays de l'Union européenne une réduction d'impôt est accordée pour les couples
ayant
des enfants à charge. Cependant, ce n'est pas le cas au Danemark, en Finlande,
en
Irlande, aux Pays-Bas, en Suède et au Royaume-Uni. Les écarts les plus
importants sont
observés au Luxembourg (écarts de 4 à 7 points), en France, en Autriche, en
Belgique,
au Portugal et en Espagne ( écarts avoisinant les 2 points). Ces pays sont
suivis par
l'Italie, la Grèce et l'Allemagne (écarts inférieurs à un point).
Ces écarts doivent être mis en rapport avec les systèmes utilisés par les Etats
pour
tenir compte des enfants à charge; rappelons brièvement que ces systèmes sont :
(1) Le crédit d'impôt: il accorde une réduction ne dépendant pas du revenu. Par
rapport aux autres systèmes, il favorise donc relativement les bas revenus.
(2) L'abattement forfaitaire sur le revenu: il diminue le revenu imposable;
l'économie
d'impôt, produit de l'abattement et du taux marginal d'imposition, est d'autant
plus
grande que le revenu est élevé.
(3) Le système du quotient familial: c'est lui qui tient le mieux compte de la
faculté
contributive différenciée des familles: le poids de l'impôt est le même, à
revenu par
tête donné, quelque soit le nombre de personnes dans le ménage.
2. Transferts directs en faveur des enfants à charge et effet net
Bien que certains pays n'accordent aucune réduction d'impôt pour enfants à
charge, tous
les pays versent des allocations aux personnes avec des enfants à charge. Donc,
si l'on
considère le taux d'imposition net de transferts, il apparaît une différence
d'imposition entre les couples avec et sans enfants dans tous les pays.
Toutefois, en
Grèce, les employés reçoivent, en général, des allocations familiales de leur
employeur ; c'est pourquoi ces allocations n'ont pas été reprises dans les
calculs
d'impôt effectués par l'OCDE. En Espagne, les allocations familiales ne sont pas
versées si le revenu annuel de la famille dépasse 1.128.084 ESP, ce plafond
étant
augmenté de 15% pour chaque enfant à charge dès le deuxième enfant. Etant donné
que
dans les cas types tous les revenus annuels dépassent ce plafond, aucune
allocation
familiale n'est prise en compte dans les calculs des taux moyens d'imposition
pour ce
pays. En Allemagne, il existe des allocations familiales forfaitaires qui sont
accordées
à partir du premier enfant à charge. Ces allocations sont de 2400 DEM par an et
par
enfant pour le premier et le deuxième enfant. Le montant des allocations est
faible si
bien que le montant qui est accordé pour des ménages avec deux enfants à charge
est nul
en pourcentage du salaire de l'ouvrier moyen.
Le tableau A.3 donne le montant des transferts en pourcentage du salaire de
l'ouvrier
moyen accordés pour enfants à charge dans les différents pays de l'Union
européenne
pour les ménages de type A4, B1, B2, B3 ; les pays sont classés dans l'ordre
croissant
des transferts accordés pour les couples de type B2.
A.3. Transferts (exprimés en % du salaire de l'ouvrier moyen) pour enfants à charge dans les différents pays de l'Union européenne pour des couples de type B1, B2, B3
En %
|
A4 |
B1 |
B2 |
B3 |
Allemagne |
0 |
0 |
0 |
0 |
Autriche |
11.59 |
11.59 |
11.59 |
11.59 |
Belgique |
10.50 |
10.50 |
10.50 |
10.50 |
Danemark |
18.48 |
6.50 |
6.50 |
6.50 |
Espagne |
0 |
0 |
0 |
0 |
Finlande |
13.94 |
10.44 |
10.44 |
10.44 |
France |
6.60 |
6.60 |
6.60 |
6.60 |
Grèce |
0 |
0 |
0 |
0 |
Irlande |
12.18 |
4.78 |
4.78 |
4.78 |
Italie |
7.38 |
6.54 |
3.02 |
0.67 |
Luxembourg |
11.15 |
11.15 |
11.15 |
11.15 |
Pays-Bas |
6.88 |
6.88 |
6.88 |
6.88 |
Portugal |
4.99 |
4.99 |
4.99 |
4.99 |
Royaume-Uni |
8.44 |
6.38 |
6.38 |
6.38 |
Suède |
7.50 |
7.50 |
7.50 |
7.50 |
Union Européenne |
7.98 |
6.26 |
6.02 |
5.87
|
Source : " La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts sociaux ", OCDE, 1997, calcul des auteurs.
Les transferts
sont nuls en pourcentage du salaire de l'ouvrier moyen en Allemagne, en Grèce
et en
Espagne ; ils sont faibles en Italie, en Irlande et au Portugal (ils sont
équivalents à
environ 5% du salaire de l'ouvrier moyen). Les transferts sont importants au
Royaume-Uni,
au Danemark, en France, aux Pays-Bas et en Suède (environ 7% du salaire de
l'ouvrier
moyen) et très importants en Finlande, en Belgique, au Luxembourg et en
Autriche (environ
11% du salaire de l'ouvrier moyen). Tous les pays, à l'exception de l'Italie,
accordent
les mêmes montants d'allocation pour les couples mariés quel que soit leur
revenu. En ce
qui concerne les montants accordés aux célibataires ayant des enfants à charge,
ceux-ci
sont supérieurs aux montants accordés aux couples mariés dans cinq pays: en
Italie, en
Irlande, au Danemark, au Royaume-Uni et en Finlande.
Le tableau A.4 reprend les écarts de taux moyens d'imposition nets de
transferts entre
des couples mariés avec 2 enfants et des couples mariés sans enfant ayant
globalement le
même revenu, pour les mêmes types de couples qu'au tableau A3; les pays sont
classés
dans l'ordre décroissant des écarts en valeur absolue obtenus dans le deuxième
cas
envisagé (comparaison B2 - B4).
A.4. Ecarts de taux moyens d'imposition (hors cotisations sociales) nets de transferts entre des couples mariés avec 2 enfants et des couples mariés sans enfant ayant globalement le même revenu, pour différents niveaux de revenu global
|
Ecart (B1-B5) |
Ecart (B2-B4) |
Ecart (B3-B6) |
Allemagne |
n.d. |
-6.5 |
n.d. |
Autriche |
-15.2 |
-11.4 |
-9.1 |
Belgique |
-13 |
-10 |
-7.8 |
Danemark |
-6.5 |
-4.8 |
-3.9 |
Espagne |
-2 |
-1.5 |
-1.2 |
Finlande |
-10.5 |
-7.8 |
-6.2 |
France |
-7.2 |
-7.8 |
-6.5 |
Grèce |
-0.3 |
-0.3 |
-0.2 |
Irlande |
-4.8 |
-3.6 |
-2.9 |
Italie |
-7.6 |
-3.1 |
-1 |
Luxembourg |
-15.8 |
-12.6 |
-13.6 |
Pays-Bas |
-6.9 |
-5.2 |
-4.1 |
Portugal |
-2.8 |
-2 |
-1.6 |
Royaume-Uni |
-6.4 |
-4.8 |
-3.8 |
Suède |
-7.5 |
-5.7 |
-4.5
|
Source : " La situation des salariés au regard de l'impôt et des transferts sociaux ", OCDE, 1997, calcul des auteurs. Données non disponibles pour l'Allemagne.
Le tableau A4
permet d'évaluer l'économie globale d'impôt que chacun des systèmes procure à
une
famille avec deux enfants par rapport à une famille sans enfant ayant les mêmes
revenus
salariaux.
- Dans le cas où un des époux ne travaille pas, les systèmes luxembourgeois et
autrichiens sont les plus favorables (réduction d'impôt d'environ 15points).
- Dans le cas où les deux époux travaillent, les écarts de taux d'imposition
nets de
transferts sont très élevés en Allemagne, au Luxembourg, en Autriche et en
Belgique,
où ils sont généralement supérieurs à 10 points et élevés en Finlande, en
France et
en Allemagne, où ils avoisinent les 7 points. La différence d'imposition est
moins
marquée en Suède, aux Pays-Bas, au Danemark et au Royaume-Uni, où les écarts
avoisinent les 5 points. Par contre, ceux-ci sont faibles en Irlande et en
Italie (2-3
points) et très faibles au Portugal, en Espagne et en Grèce (généralement
inférieurs
à 2 points).
De plus, la plupart des pays accordent des allocations familiales pour les
familles avec
enfants à charge qui ne dépendent pas du revenu (sauf en Italie) ; elles
favorisent
donc, tout comme les crédits d'impôt, les bas revenus. Toutefois, les réductions
d'impôt sont moins justes car ceux qui ne payent pas d'impôt n'en bénéficient
pas sauf
en cas d'impôt négatif (comme c'est le cas par exemple en Autriche et en
Allemagne).
CHAPITRE V
TVA ET DES DROITS D'ACCISE
Dès les
premières années de la construction européenne, la nécessité de doter tous les
pays
membres d'instruments de fiscalité indirecte comparables pour éviter les
distorsions de
concurrence dans le Marché commun a été mise en avant. Elle s'est traduite par
l'adoption généralisée du système de TVA, puis par les premières directives
d'harmonisation des assiettes dans les années soixante-dix. A la suite de
l'Acte unique
européen, l'harmonisation des fiscalités indirectes des Etats membres a
constitué l'une
des priorités de la Commission européenne qui craignait que des différences trop
marquées entraînent d'importants détournements de trafics dans les échanges de
biens
et services. Pourtant, les progrès de l'harmonisation des fiscalités indirectes
ont
été modestes, sans que cela entraîne, apparemment du moins, de graves
distorsions dans
un marché européen des biens et services désormais unifié.
Il apparaît notamment que peu de progrès ont été accomplis en matière
d'harmonisation
des accises, dont l'importance n'a pourtant cessé de croître au cours des années
récentes et qui sont susceptibles d'engendrer des distorsions de concurrence
potentiellement beaucoup plus grandes que celles résultant des différences de
taux de
TVA, en raison de leur non-déductibilité pour les entreprises -- notamment en
ce qui
concerne les taxes sur les produits pétroliers. En outre, la tendance actuelle
à la mise
en place d'une fiscalité " écologique ", qui pèsera également sur les
coûts
de production, nécessiterait aussi un effort d'harmonisation, si l'on veut
éviter une
concurrence fiscale sur ces nouveaux instruments.
Faut-il continuer sur la voie de l'harmonisation et rapprocher davantage encore
les taux
d'imposition ? Par son projet de régime général de circulation des
marchandises, la
Commission européenne a déjà permis de franchir une étape substantielle : les
produits
soumis à accise sont suspendus de droits jusqu'à leur consommation. Les accises
sont
donc acquittées dans le lieu de vente au détail, selon la taxe prévu dans ce
pays
(système d'imposition au lieu de consommation). Dans le cadre d'une fiscalité
différenciée en taux, ce système est ainsi neutre pour les producteurs et
intermédiaires, même s'il provoque une contrebande près des frontières. Un
système
d'imposition au lieu d'origine des produits supprimerait cette incitation à la
fraude et
exigerait de chaque Etat la prise en compte de l'impact de ses taux propres sur
la
compétitivité-prix de ses industries. Il pourrait bien évidemment déboucher
aussi sur
une concurrence fiscale excessive.
Pour se prononcer sur la question d'une harmonisation supplémentaire, encore
faut-il
préciser la fonction de ce type d'impôt. Les accises peuvent remplir deux
objectifs :
d'une part rapporter des recettes fiscales à l'Etat qui doit alors taxer des
produits
dont la consommation est inélastique pour engendrer un minimum de distorsions
(règle de
Ramsey) ; d'autre part, tenir compte d'objectifs de santé publique ou d'impact
sur
l'environnement. Bien évidemment, les deux objectifs peuvent apparaître
inconciliables,
puisque par définition, la taxation d'un produit inélastique ne provoque pas
(ou très
peu) de baisse de la consommation.
La première partie de ce chapitre fait brièvement le point sur l'harmonisation
de la TVA
dans l'Union européenne. La deuxième présente un état des lieux international
des
droits d'accises. La prise en compte de la très grande hétérogénéïté de ces
droits
constitue un élément décisif du débat. Par la suite, nous étudierons les effets
de
ces droits sur la consommation de ces produits (III) et sur les structures de
production
(IV).
I. LA TVA
Les
négociations d'harmonisation des fiscalités indirectes dans l'UE, à la fin des
années
quatre-vingt, n'ont abouti qu'à la définition d'un régime " transitoire
"
pour la TVA, qui détermine des règles communes pour le nombre de taux -- un
taux normal
et un taux réduit, avec, dans la plupart des pays, un taux " super-réduit
" ou
taux zéro pour les produits considérés comme devant être aidés --, le
classement des
produits selon les taux, et fixe des taux planchers -- respectivement 15% et
5%. Cet
accord minimal, qui a fait disparaître les taux majorés, permet d'éviter la
concurrence
fiscale par la baisse des taux tout en laissant aux Etats la liberté de les
ajuster à la
hausse en cas de besoin, ce qui s'est produit pour la plupart d'entre dans les
années
quatre-vingt-dix pour faire face à la détérioration des équilibres des finances
publiques ou dans le cadre de réformes fiscales nationales réduisant le poids
des
prélèvements directs pour accroître celui des indirects.
Depuis 1993, date d'introduction de l'actuel régime " transitoire "
de TVA
(voir encadré 1), la situation dans la Communauté n'a que peu évolué.
Initialement, il
était prévu qu'au 1er janvier 1997, le régime " transitoire " soit
remplacé
par un régime définitif, fonctionnant selon le principe de l'origine. Mais les
mécanismes de compensation fondés sur les données macroéconomiques de
consommation
proposés par la Commission étant complexes et les propositions visant à
égaliser les
taux de TVA étant peu susceptibles d'approbation étant donné les contraintes
budgétaires des différents Etats, c'est le statu quo qui prévaut.
Aujourd'hui le projet est semble-t-il en sommeil. En juillet 1996, la
Commission a
proposé un programme de travail qui visait à faire progresser l'Union vers un
système
commun de TVA. Il était question de rediscuter à des dates fixes des principes
de
fonctionnement commun du système (1997) (définition des personnes assujetties,
conditions d'exemptions, de droits à déduction etc.), de la détermination du
lieu de
taxation et du mode de compensation (1998) et de l'harmonisation des taux
(1999). A
l'heure actuelle, les discussions sur le système commun de TVA n'ont toujours
pas repris.
Le fait est que la TVA n'a pas été un domaine propice à la concurrence, ce qui
explique
peut-être le peu d'empressement des Etats à aller vers une plus grande
harmonisation. En
effet, la tendance entre 1990 et 1999 a plutôt été à la hausse des taux
(Tableau 1) et
des recettes. Soumis à l'obligation d'assainissement des finances publiques,
les Etats
membres n'auraient eu d'autre choix que d'augmenter les taux de TVA, le travail
étant
déjà fortement mis à contribution et le capital constituant a priori la base la
plus
mobile. Une telle tendance ne signifie cependant pas que les différentiels de
taux de TVA
n'ont aucun effet sur les comportements. Le rapport de la Cour des comptes des
Communautés européennes estime à 70 milliards d'euros par an la fraude (mise en
place
de réseaux d'exportation fictifs pour bénéficier des exonérations de TVA sur le
marché national etc..) à la TVA. Mais le commerce transfrontalier ne représente
pour
l'instant que 5% de l'ensemble des échanges intra-européens et rien n'indique
que les
individus aient pris conscience de l'ensemble des possibilités d'arbitrage.
1. Evolution des taux de TVA normaux entre 1990 et 1998
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1998 |
Allemagne |
14 |
14 |
14 |
15 |
15 |
15 |
15 |
16 |
Autriche |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
Belgique |
19 |
19 |
19,5 |
19,5 |
20,5 |
20,5 |
21 |
21 |
Danemark |
22 |
22 |
25 |
25 |
25 |
25 |
25 |
25 |
Espagne |
12 |
12 |
13 (1) /15 (2) |
15 |
15 |
16 |
16 |
16 |
France |
18,6 |
18,6 |
18,6 |
18,6 |
18,6 |
20,6 |
20,6 |
20,6 |
Finlande |
- |
- |
- |
- |
22 |
22 |
22 |
22 |
Grèce |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
Irlande |
23 |
21 |
21 |
21 |
21 |
21 |
21 |
21 |
Italie |
19 |
19 |
19 |
19 |
19 |
19 |
19 |
20 |
Luxembourg |
12 |
12 |
15 |
15 |
15 |
15 |
15 |
15 |
Pays-Bas |
18,5 |
18,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
Portugal |
17 |
16 |
16 |
16 |
16 |
17 |
17 |
17 |
Royaume-Uni |
15 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
Suède |
23,46 |
23,46 |
25 |
25 |
25 |
25 |
25 |
25
|
Source
:
Commission européenne,
European Tax Handbook
, IBFD publication 1998.
(1) A partir du 1/1/1992.
(2) A partir du 1/8/1992.
L'ensemble des
propositions de la Commission en matière de réforme de la fiscalité indirecte a
été
guidé par un objectif : la suppression des entraves à l'échange de biens et des
services, de sorte que les transactions au sein de la Communauté et à
l'intérieur d'un
même pays membre soient traitées de façon identique.
Dans cette perspective, une première directive en 1967 imposait à tous les
Etats membres
d'adopter le système de TVA et d'abandonner les autres formes d'imposition
(taxes sur les
ventes etc.). La sixième directive en 1977 posait les premiers jalons d'une
unification
des règles d'assiette de la TVA (matière imposable, règles d'évaluation,
exonérations), de définition des assujettis, du mode de liquidation et de
paiement.
Cette directive ne prévoyait cependant pas de règles communes quant à la
fixation des
taux.
Le régime d'imposition, qui régit les échanges intra-communautaires entre
entreprises
depuis l'adoption des premières directives, s'appuie sur le principe de
destination : les
produits sont exportés au taux zéro et sont taxés au taux du pays d'accueil.
Autrement
dit, les échanges s'effectuent hors taxes. Par exemple, une entreprise
française qui
achète un bien en Italie ne paiera pas la TVA italienne. En revanche, ce bien
consommé
en France supportera le taux de TVA français. Le bien est donc imposé dans le
pays dans
lequel il est consommé et le taux de taxe qui grève les opérations réalisées
dans un
même pays est unique et ce quelle que soit l'origine du produit. Ce système
permet de
supprimer les distorsions de concurrence dues au différentiel de taux de TVA,
mais la
présence des formalités administratives de contrôle (une entreprise pour
bénéficier
du taux zéro à l'exportation doit apporter la preuve de son exportation)
constitue
toujours une entrave aux échanges.
Afin de traiter sur un même plan les transactions au sein de la Communauté et à
l'intérieur d'un même pays membre, la Commission européenne a proposé dès 1987
d'appliquer le principe de l'origine à l'ensemble des échanges
intra-communautaires.
Selon ce principe, le taux payé sur un bien dépend du pays dans lequel ce bien
est
produit et non plus du pays dans lequel il est consommé. Si l'on reprend
l'exemple
précédent, l'entreprise française paierait la TVA italienne au gouvernement
italien et
le consommateur français supporterait sur ce même bien la TVA française. Dans
la mesure
où l'entreprise peut récupérer la TVA payée sur ses achats, la compétition n'en
est
pas affectée. En revanche, ce principe modifie la répartition des recettes dans
les
différents Etats membres et devrait donc être accompagné d'un mécanisme de
compensation budgétaire. De même, les différences de taux étant susceptibles
d'inciter
les non assujettis à s'approvisionner dans les pays ayant les taux de TVA les
plus
faibles, il était prévu d'harmoniser les taux de TVA.
Devant les réticences des Etats membres, c'est un régime dit
" transitoire
" (directive du 16 décembre 1991) qui a été mis en place en 1993, date à
laquelle
les frontières ont été supprimées. Les échanges intra-communautaires pour les
assujettis s'effectuent toujours hors taxes, mais la TVA est due non pas au
moment du
passage en douane mais à partir de la réception des marchandises dans le pays de
destination. Les mécanismes de contrôle n'ont donc pas été supprimés mais
modifiés,
ce qui laisse entier le problème du traitement différentié des échanges intra-
et
inter-Etats membres.
Pour ce qui est des non-assujettis à la TVA (particuliers, administrations,
etc.), leurs
achats étaient, antérieurement à 1993, soumis à des contrôles aux frontières.
Depuis
leur suppression, ces consommateurs peuvent acheter librement dans le pays de
leur
convenance au taux en vigueur dans ce pays et donc bénéficier du différentiel
de taux
de TVA entre les pays. Des garde-fous ont cependant été mis en place pour ce
qui est des
achats de moyens de transports neufs, des ventes par correspondance et pour les
ventes à
certains non assujettis (associations, médecins etc.).
Par ailleurs, la Commission a fixé des minimums pour les taux de TVA (directive
du 19
octobre 1992) : 15 % pour le taux normal et 5 % pour le taux réduit.
Les Etats
membres sont cependant autorisés à appliquer deux taux " super-réduits
" sur
une liste de produits prédéfinis. Certains biens qui n'apparaissent pas dans
cette liste
peuvent cependant être taxés à un taux réduit n'excédant pas 12% s'ils étaient
taxés au taux réduit avant 1991. Enfin, les biens taxés à moins de 5% avant 1991
peuvent continuer à l'être à ces taux.
II. LES DROITS D'ACCISE DANS L'UNION EUROPÉENNE ET L'OCDE : UNE ÉTUDE COMPARÉE
Les droits d'accise sont des taxes à la consommation de produits particuliers, que ce soit une consommation intermédiaire ou finale. Il sont évalués généralement par référence au poids, au volume ou au degré du produit en question, rarement à sa valeur. Trois catégories de produit sont généralement assujettis à accises : les boissons alcoolisées, les produits du tabac et les produits pétroliers. En 1996, le total de ces taxes rapportait FRF 234,1 Mds à l'Etat Français, soit 3% du Produit Intérieur Brut et 6,5 % des recettes fiscales totales. L'essentiel de ces recettes provenait de la Taxe Intérieure sur les produits pétroliers (FRF 148,5 Mds) et des Impôts et taxes sur les tabacs et allumettes (FRF 58,6 Mds). A l'image des pays du Sud de l'Europe et à l'opposé de ceux du Nord, les droits d'accise sur les boissons alcoolisés sont faibles en France. Les fiscalités nationales reflètent ainsi des différences importantes de culture, mais aussi de fortes pressions politiques intérieures.
1. Part des accises dans les recettes fiscales totales
Source
: Données OCDE et calculs des auteurs.
Après une
baisse marquée de leur importance au sein des recettes fiscales totales dans la
décennie
1980, les droits d'accise semblent depuis le début des années 1990 bénéficier
d'un
retour en grâce au sein des pays de l'OCDE (cf. graphique 1). Ce sont avant
tout les pays
de l'Union Européenne (UE) qui ont eu un recours accru à ce type d'imposition
depuis
cette date, la part des accises dans les recettes fiscales totales étant
stabilisée pour
les pays de l'OCDE hors UE entre 1989 et 1996.
Le poids économique des droits d'accise est en fait resté stable dans les pays
de l'OCDE
: la part de ces taxes dans le Produit Intérieur Brut (PIB) reste globalement
stable
autour de 3,3 % entre 1975 et 1996. Mais derrière cette évolution moyenne,
se
cachent des choix différents : les pays de l'Union Européenne ont accru le poids
économique de cette forme d'imposition (le ratio Accises sur PIB passe de
3,5 % à
4 % du PIB entre 1975 et 1996), alors que les pays de l'OCDE hors UE ont
opté pour
une baisse ce même poids (de 3% à 2,2% pour le même ratio sur la même période -
cf
graphique 2).
2. Accises sur PIB (1975-1996)
Source
: Données OCDE et calculs des auteurs.
D'un point de
vue international, la fiscalité par accises est particulièrement hétérogène. Les
graphiques 3 et 4 indiquent la part moyenne (sur les années 1990 à 1996) de ces
droits
dans les recettes fiscales totales et dans le Produit Intérieur Brut (PIB) pour
les pays
de l'OCDE. Même en laissant de côté le cas spécifique de la Turquie où ces
droits
sont particulièrement faibles, l'importance de cette fiscalité varie énormément
d'un
pays à l'autre: elle représente entre 5 et plus de 15 % des recettes
fiscales
totales, et entre 1,5 % et presque 6 % du PIB dans ces pays.
La diversité des poids économiques de ces droits est élevée au sein de l'Union
Européenne : dans ces quinze pays, les accises représentaient en 1996 de
5,3 % pour
la Belgique à 14,9 % pour l'Irlande des recettes fiscales totales, et de
2,4 %
(Belgique) à 6,1 % (Grèce) du PIB. L'harmonisation de ces droits en Europe
apparaît de prime abord un exercice périlleux, d'autant plus que la structure
de ces
droits est aussi très hétérogène.
3. Part des accises dans le PIB : OCDE - moyenne 1990-1996
Source : O.C.D.E.
4. Part des
accises dans les recettes fiscales totales
OCDE : moyenne 1990/1996
Source : OCDE.
Les accises
constituent une forme d'imposition très ancienne ; si on peut considérer
qu'elles
avaient initialement pour unique objet de fournir des recettes à
l'administration, elles
sont bien davantage aujourd'hui associées à des objectifs de santé publique
(tabacs,
alcools). Elles permettent aussi d'orienter la structure de la consommation en
cas de
produits dégageant des externalités négatives (huiles minérales). Certains
systèmes
fiscaux ont ainsi particulièrement rationalisé l'utilisation de cette forme
d'imposition
: en Irlande, six produits pratiquement font l'objet d'une telle taxation :
bières,
huiles minérales, spiritueux, tabacs, vins et cidres, véhicules à moteur.
L'Allemagne,
le Royaume-Uni, l'Autriche, la Belgique sont d'autres pays pratiquant un nombre
limité de
taxes sur les boissons alcoolisés, les huiles minérales et le tabac. L'O.C.D.E.
recense
en revanche une quarantaine de ces taxes au Danemark, frappant ces mêmes
produits ainsi
que le thé, le sucre, le café, les glaces, les eaux minérales, le chocolat, les
papiers
et cartons... La France se situe à ce titre dans une position intermédiaire (22
rubriques déclarées à l'O.C.D.E., avec des accises sur les viandes, les
céréales et
les graines oléagineuses). En ce qui concerne les trois champs traditionnels
d'application des accises (boissons alcoolisées, produits pétroliers, produits
du
tabac), la diversité des situations est là encore manifeste.
C'est certainement dans le domaine des boissons alcoolisés que cette
hétérogénéïté
des taux d'accise est la plus importante. Les graphique 5 et 6 indiquent
l'importance des
accises par hectolitre de vins non pétillants et pétillants, puis de
spiritueux, dans
différents pays de l'OCDE au 1er janvier 1996. A l'évidence, les différences
d'imposition sont considérables, les pays du Nord (Suède, Finlande, Danemark,
Irlande et
Royaume-Uni notamment) surtaxant la consommation d'alcools, les pays du Sud de
l'Europe
(France, Italie, Grèce, Espagne et Portugal notamment) pratiquant des taux
particulièrement faibles. Les différents systèmes d'imposition de la bière
(droits
spécifiques par degré Plato ou par degré d'alcool) nous interdisent une
comparaison
graphique directe de tous les différents niveaux d'imposition dans les pays de
l'OCDE
pour ce produit particulier, mais à l'évidence les disparités sont ici encore
manifestes : ces droits spécifiques vont de 1 pour la France à 15,3 pour la
Finlande, de
1 pour le Luxembourg à 41,1 pour le Danemark.
Notons finalement que des régimes préférentiels d'accises sont quelques fois
accordés
pour les produits d'origine locale : c'est le cas de l'ouzo en Grèce dont les
droits
spécifiques sont environ 50 % moins importants que pour les autres
spiritueux (USD
489,12 pour ce produit au lieu de 981,17 pour les autres spiritueux). La
neutralité de
l'impôt à la consommation en termes de l'origine du produit n'est plus assurée
et la
fiscalité garantit aussi une protection des industries locales.
5. Droits d'accises par hectolitre de vin dans les pays de l'OCDE
Source : O.C.D.E
Les systèmes
fiscaux nationaux révèlent des différences fortes de niveaux d'accises sur les
huiles
minérales, mais moindres que celles déjà mises à nu sur les boissons alcoolisés,
surtout en Europe. Le graphique 7 indique ces droits spécifiques taxant la
consommation
de carburants pour véhicules à moteur, le graphique 8 ceux des carburants
diesel à
usage industriel et du fioul domestique. Il s'agit ici davantage pour tous les
pays
d'orienter les consommateurs vers des produits moins polluants (essence sans
plomb). A
part au Danemark et au Luxembourg, les droits sont moins forts sur le diesel,
mais les
fiscalités devraient évoluer très sensiblement sur ce point dans les années à
venir.
Dans le cas du carburant diesel à usage industriel et du fioul domestique, les
taxes
indirectes sont généralement beaucoup moins fortes. En ce qui concerne le
premier de ces
biens, le problème vient de ce qu'une accise sur une consommation intermédiaire,
contrairement à la taxe à la valeur ajoutée n'est pas récupérable par une
entreprise.
Cette forme d'imposition affecte donc la compétitivité internationale des
industries
nationales et les gouvernements préfèrent généralement pratiquer des taux plus
bas sur
ce type d'usage. Finalement, le chauffage est un service de première nécessité
et les
droits d'accise sur le fioul domestique sont généralement plus faibles pour des
raisons
sociales.
Dernier bien de consommation soumis à accise dans tous les pays de l'OCDE, les
produits
du tabac (cigarettes, cigares et tabac à rouler). Des préoccupations de santé
publique
ont très fortement accru le montant de ces droits en France à partir de 1991.
Le prix à
la consommation du paquet de cigarettes a ainsi quasiment doublé entre cette
date et
1996, ce qui situe alors son niveau dans la moyenne de l'OCDE.
L'évaluation de l'importance des droits d'accise dans ces différents pays pose
un
certain nombre de problèmes. Ces droits se décomposent entre une partie
spécifique (de
31 FRF environ au 1/1/1996 en France pour 1000 cigarettes) et une partie ad
valorem
(54,95 % du prix TTC à la même date en France). Différents taux de TVA
viennent
s'ajouter ensuite sur la base du prix, accises comprises, (18,6 % en
France au
1/01/1996). Il n'existe pas d'autre part de statistique disponibles sur les
niveaux de
prix hors taxes de ces biens.
Pour comparer internationalement l'importance de ces droits, nous sommes partis
d'un prix
de vente au détail (TTC) de 18,50 FRF et avons recherché le prix hors taxe en
France qui
débouche sur ce prix à la consommation compte tenu des niveaux de droits et
taux de TVA
précédemment mentionnés. En appliquant ce même prix hors taxe et en USD à tous
les
pays, il est alors possible d'évaluer l'importance de cette charge fiscale et
de les
comparer entre pays de l'OCDE. Le graphique 9 rend compte de cette évaluation,
qui exclut
donc des différences de coûts de transports, de tarification par les
entreprises du
secteur en fonction des caractéristiques des différents marchés et des
différents
systèmes de distribution.
En dehors du cas des Etats-Unis, le graphique 9 montre d'une part le niveau
particulièrement élevé de ces taxes indirects dans ces pays, qui aboutit par
exemple à
multiplier le prix de ce bien par 3,84 en France, par 7,9 en Islande. D'autre
part, les
droits d'accises sont relativement homogènes d'un pays à l'autre, a fortiori au
sein de
l'Union Européenne : de 52,6 % le prix TTC au Luxembourg à 63,9 %
dans le cas
du Royaume-Uni, la France pratiquant une taxe tout à fait moyenne de l'ordre de
58,3 %. Comme la TVA s'applique à des prix accises comprises, les
différences de
taux de TVA expliquent déjà en grande partie les différences de prix à la
consommation.
Soulignons finalement que les cigares et le tabac à rouler sont très
généralement
moins taxés que les cigarettes. Comme les consommateurs ne reportent pas sur
ces deux
produits leur demande lorsque le prix relatif des cigarettes augmente (faible
substitution), cette différenciation fiscale suffit à faire décroître la
consommation
globale de produits du tabac.
Dernier bien de consommation soumis à accise dans tous les pays de l'OCDE, les
produits
du tabac (cigarettes, cigares et tabac à rouler). Des préoccupations de santé
publique
ont très fortement accru le montant de ces droits en France à partir de 1991.
Le prix à
la consommation du paquet de cigarettes a ainsi quasiment doublé entre cette
date et
1996, ce qui situe alors son niveau dans la moyenne de l'OCDE.
L'évaluation de l'importance des droits d'accise dans ces différents pays pose
un
certain nombre de problèmes. Ces droits se décomposent entre une partie
spécifique (de
31 FRF environ au 1/1/1996 en France pour 1000 cigarettes) et une partie ad
valorem
(54,95 % du prix TTC à la même date en France). Différents taux de TVA
viennent
s'ajouter ensuite sur la base du prix, accises comprises, (18,6 % en
France au
1/01/1996). Il n'existe pas d'autre part de statistique disponibles sur les
niveaux de
prix hors taxes de ces biens.
Pour comparer internationalement l'importance de ces droits, nous sommes partis
d'un prix
de vente au détail (TTC) de 18,50 FRF et avons recherché le prix hors taxe en
France qui
débouche sur ce prix à la consommation compte tenu des niveaux de droits et
taux de TVA
précédemment mentionnés. En appliquant ce même prix hors taxe et en USD à tous
les
pays, il est alors possible d'évaluer l'importance de cette charge fiscale et
de les
comparer entre pays de l'OCDE. Le graphique 9 rend compte de cette évaluation,
qui exclut
donc des différences de coûts de transports, de tarification par les
entreprises du
secteur en fonction des caractéristiques des différents marchés et des
différents
systèmes de distribution.
En dehors du cas des Etats-Unis, le graphique 9 montre d'une part le niveau
particulièrement élevé de ces taxes indirects dans ces pays, qui aboutit par
exemple à
multiplier le prix de ce bien par 3,84 en France, par 7,9 en Islande. D'autre
part, les
droits d'accises sont relativement homogènes d'un pays à l'autre, a fortiori au
sein de
l'Union Européenne : de 52,6 % le prix TTC au Luxembourg à 63,9 %
dans le cas
du Royaume-Uni, la France pratiquant une taxe tout à fait moyenne de l'ordre de
58,3 %. Comme la TVA s'applique à des prix accises comprises, les
différences de
taux de TVA expliquent déjà en grande partie les différences de prix à la
consommation.
Soulignons finalement que les cigares et le tabac à rouler sont très
généralement
moins taxés que les cigarettes. Comme les consommateurs ne reportent pas sur
ces deux
produits leur demande lorsque le prix relatif des cigarettes augmente (faible
substitution), cette différenciation fiscale suffit à faire décroître la
consommation
globale de produits du tabac.
Les tableaux 2 et 3 donnent les ratios annuels accises sur recettes fiscales
totales et
accises sur Produit Intérieur Brut pour 28 pays de l'OCDE de 1975 à 1996.
Les tableaux 4 et 5 récapitulent les niveaux de droits d'accise par produits
dans les
pays de l'OCDE et caractérisent les niveaux moyens dans l'Union Européenne de
ces taxes
et l'importance de leur dispersion.
En conclusion de cette section, l'Union européenne a accru le poids économique
des
droits à la consommation sur des produits spécifiques depuis 1990. Cette zone
géographique privilégie la taxation des huiles minérales par rapport aux autres
pays de
l'OCDE ; la taxation de la consommation de produits du tabac a augmenté ces
dernières
années, mais le niveau moyen de taux ad valorem pratiqué sur la consommation
des seules
cigarettes dans l'Union européenne est toujours moins élevé que celui des
autres pays
de l'OCDE. La différence est néanmoins faible. Finalement, l'Union européenne
taxe
faiblement en termes relatifs la consommation de produits alcoolisés (cf.
tableau 5).
Sur cette dernière catégorie de produits, les moyennes comparées dissimulent une
extraordinaire diversité de la fiscalité, au sein de l'Union (voir les niveaux
de
coefficients de variation). La question de l'harmonisation des droits d'accise
en Europe
concerne avant tout la fiscalité de ces produits, avec une opposition très
forte entre
pays du Nord et pays du Sud de l'Europe. Au delà, les taxes à la consommation
des
carburants pour véhicules à moteur et des produits du tabac sont beaucoup plus
homogènes.
La diversité des droits d'accise est aussi élevée sur les carburants à usage
industriel et le fioul domestique. Le problème de la déprotection effective
supportée
par les industries européennes du fait d'une taxation élevée et non récupérable
de
certaines de leurs consommations intermédiaires n'a pas été prise en compte par
tous
les gouvernements de ces pays (Allemagne, Autriche, Danemark, Grèce et
Portugal). A
l'opposé, certains gouvernements de l'OCDE hors UE (Etats-Unis, Islande) ont
totalement
appréhendé cette question en détaxant totalement cet usage industriel. Enfin,
des
gouvernements européens (Danemark, Grèce, Suède) sur-taxent finalement la
consommation
de fioul domestique sans se préoccuper des retombées sociales négatives de ce
type de
mesure.
4. Droits d'accise par produits dans les pays de l'OCDE (spécifiques sauf pour les cigarettes, ad valorem)
|
Vins non pétill. |
Vins pétillants |
Spiritueux |
Ess. avec plomb |
Ess. sans plomb |
Diesel |
Diesel à us. ind. |
Fioul domest. |
Tabacs |
Allemagne |
0 |
171,71 |
1 646,22 |
697,22 |
632,67 |
400,26 |
400,26 |
51,85 |
271,21% |
Autriche |
0 |
180,18 |
900,90 |
594,60 |
505,41 |
350,45 |
350,45 |
85,63 |
245,93% |
Belgique |
46,20 |
161,71 |
1 994,35 |
595,16 |
508,79 |
367,46 |
23,56 |
6,60 |
278,66% |
Danemark |
107,68 |
161,93 |
4 767,38 |
660,00 |
553,00 |
572,00 |
372,00 |
299,00 |
447,24% |
Espagne |
0 |
0 |
689,29 |
492,02 |
451,78 |
328,02 |
95,67 |
95,67 |
200,57% |
Finlande |
358,42 |
358,42 |
6 325,11 |
671,09 |
576,22 |
376,34 |
37,91 |
37,91 |
322,72% |
France |
4,12 |
10,25 |
1 694,73 |
717,38 |
668,22 |
399,91 |
90,53 |
90,53 |
284,33% |
Grèce |
0 |
0 |
981,17 |
528,60 |
503,95 |
351,88 |
351,88 |
174,92 |
251,04% |
Irlande |
332,63 |
665,25 |
3 377,17 |
463,16 |
423,56 |
364,31 |
57,70 |
57,70 |
350,73% |
Italie |
0 |
0 |
809,65 |
720,17 |
662,36 |
484,31 |
145,29 |
58,31 |
252,41% |
Luxembourg |
0 |
0 |
1 319,10 |
373,74 |
310,93 |
373,74 |
21,55 |
0 |
172,65% |
Pays-Bas |
61,96 |
211,24 |
1 910,66 |
737,00 |
654,00 |
384,00 |
59,14 |
59,14 |
225,81% |
Portugal |
0 |
0 |
899,95 |
588,94 |
544,94 |
387,81 |
387,81 |
nd |
308,17% |
Royaume-Uni |
219,44 |
312,50 |
3 218,75 |
564,69 |
489,38 |
489,38 |
33,44 |
33,44 |
355,87% |
Suède |
359,29 |
359,29 |
6 500,13 |
637,90 |
565,53 |
403,24 |
35,51 |
223,00 |
297,91% |
Australie |
0 |
0 |
2 776,22 |
277,76 |
260,39 |
260,39 |
260,39 |
54,03 |
nd |
Canada |
36,51 |
36,51 |
788,74 |
110,00 |
100,00 |
28,51 |
28,51 |
0 |
nd |
Etats-Unis |
28,27 |
89,82 |
713,29 |
48,61 |
48,61 |
64,61 |
0 |
0 |
26,67% |
Islande |
877,40 |
877,40 |
8 796,45 |
583,32 |
544,54 |
0 |
0 |
0 |
690,53% |
Japon |
56,65 |
56,65 |
nd |
559,85 |
559,85 |
342,29 |
20,45 |
20,45 |
146,47% |
Norvège |
566,10 |
566,10 |
9 094,94 |
763,09 |
664,00 |
506,50 |
nd |
nd |
526,86% |
Suisse |
0 |
0 |
2 593,44 |
610,14 |
548,51 |
578,87 |
133,18 |
2,36 |
163,55% |
Source : OCDE et calculs des auteurs.
5. Caractérisation des niveaux moyens de droits d'accise et de leur dispersion au sein de l'U.E.
|
Vins non pétill. |
Vins pétillants |
Spiritueux |
Ess. avec plomb |
Ess. sans plomb |
Diesel |
Diesel à us. ind. |
Fioul domest. |
Tabacs |
Moyenne UE |
99,32 |
172,83 |
2 468,97 |
602,78 |
536,72 |
402,21 |
164,18 |
90,98 |
284% |
Moyenne OCDE hors UE |
223,56 |
232,35 |
4 127,18 |
421,82 |
389,41 |
254,45 |
73,76 |
12,81 |
311% |
Min UE |
0 |
0 |
689,29 |
373,74 |
310,93 |
328,02 |
21,55 |
0 |
173% |
Max UE |
359,29 |
665,25 |
6 500,13 |
737,00 |
668,22 |
572,00 |
400,26 |
299,00 |
447% |
Ecart Max/Min UE |
359,29 |
665,25 |
5 810,84 |
363,26 |
357,29 |
243,98 |
378,71 |
299,00 |
275%
|
Ecart-type UE |
142,9238687 |
190,6291304 |
1963,599332 |
105,0551486 |
98,13911262 |
64,6733072 |
156,1632836 |
85,05328491 |
0,681452508 |
Coeff variation UE |
1,44 |
1,10 |
0,80 |
0,17 |
0,18 |
0,16 |
0,95 |
0,93 |
0,24 |
Source : OCDE et calculs des auteurs.
III. L'IMPACT DES ACCISES SUR LA CONSOMMATION : ESTIMATION DES ÉLASTICITÉS.
Au contraire de
nombreux autres instruments fiscaux, l'imposition de droits d'accise n'est pas
seulement
justifiée par des objectifs économiques, mais également motivée par des soucis
liés
à la santé publique ou à la préservation de l'environnement. Leur impact doit
donc
être mesuré à l'aune de leur capacité à remplir simultanément ces différents
rôles. Un impôt est économiquement efficace dès lors que les comportements de
substitution des consommateurs entre divers produits sont limités, soit encore
lorsque
l'élasticité-prix de la demande est faible. Dans ces conditions, l'effet
principal est
un effet de revenu, de sorte qu'en outre la collecte fiscale est maximisée.
Mais alors,
si la réduction de consommation du bien taxé est faible, il s'ensuit que
l'impact en
termes de santé publique ou d'environnement sera quant à lui modéré. En d'autres
termes, il peut être nécessaire d'arbitrer entre les objectifs précédemment
cités,
voire même d'accepter une faible recette fiscale en contrepartie d'une nette
modification
des comportements en matière de consommation dans un sens jugé socialement
souhaitable.
Ici, le rôle essentiel de l'accise sera de corriger les externalités négatives
résultant de l'activité économique, bien que cette taxe puisse être qualifiée
d'économiquement "inefficace" selon la définition qui précède. A ces
considérations, on pourrait ajouter celle d'équité fiscale, dans la mesure où,
précisément, les accises frappent aussi des biens de "première
nécessité"
comme certaines sources d'énergie, de sorte que les agents dont le revenu est
modeste
sont relativement plus pénalisés que ceux dont le revenu est plus élevé.
Afin de mesurer ces divers effets, il est nécessaire d'évaluer
l'élasticité-prix et
revenu de la demande des biens soumis à accises.
Selon la théorie économique, on devrait généralement observer que les
élasticités-prix sont négatives à court et à long terme, et, inversement, que
les
élasticités-revenu sont positives quel que soit le terme. Théoriquement
toujours,
l'élasticité prix à long terme est généralement supérieure (en valeur absolue) à
l'élasticité-prix à court terme, car les agents peuvent adapter leur
consommation aux
modifications des prix relatifs des biens taxés en favorisant par exemple des
biens
substituts non taxés.
Afin de procéder aux estimations de ces diverses élasticités, nous
distinguerons deux
étapes. Dans un premier temps, nous utiliserons la nomenclature "Activités
et
Produits" au niveau 16 de l'INSEE. Dans un second temps, nous utiliserons
une
nomenclature beaucoup plus fine, celle de niveau 90 issue des statistiques de la
consommation des ménages, fournies également par l'INSEE.
A. ESTIMATION DES ÉLASTICITÉS SUR LA BASE DE LA NOMENCLATURE "ACTIVITÉS ET PRODUITS", NIVEAU 16.
Les données
utilisées proviennent des statistiques des comptes nationaux trimestriels de
l'INSEE,
séries longues de 1970 à 1996, exprimées en base 100 en 1980. Elles distinguent
notamment les produits de l'agriculture, de la sylviculture et de la pêche
(U01) ; les
industries agricoles et alimentaires (U02) ; l'énergie (U03) ; les biens
intermédiaires
(U04) ; les biens d'équipement professionnel (U05A) ; les biens d'équipement
ménager
(U05B) ; les matériels de transport terrestre (U05C) ; les transports et
télécommunications (U09). En règle générale, les estimations d'élasticités
reposent
sur un indice de prix relatif, ou le rapport de l'indice des prix des produits
concernés
à l'indice des prix à la consommation totale. Toutefois, avec un faible niveau
de
désagrégation comme c'est le cas avec la nomenclature 16, cette méthode pourrait
aboutir à minorer significativement la valeur des élasticités, les deux indices
évoluant de façon comparable. C'est pourquoi, nous avons préféré ici ne
calculer que
les élasticités par rapport à l'indice des prix des produits, et non par
rapport à un
indice relatif. La mesure du revenu des ménages que nous avons retenue est
celle fournie
par l'INSEE, ou revenu disponible brut des comptes nationaux.
En outre, avant de procéder à l'estimation des élasticités, il est nécessaire
d'observer les propriétés des séries utilisées, en particulier de vérifier leur
stationnarité. Nous avons donc testé l'hypothèse de racine unitaire pour toutes
les
séries de données utilisées dans les régressions. L'hypothèse de racine
unitaire est
examinée grâce aux tests de Dickey-Fuller (DF1), Phillips-Perron (PP2), et
Dickey-Fuller
augmenté (ADF3), suivant la méthodologie développée par Fuller (1976), Dickey et
Fuller (1979), Phillips (1987), Phillips et Perron (1988) et enfin Perron
(1988). Ces
tests permettent d'effectuer une distinction entre une série stationnaire notée
I(0) (en
niveau ou autour d'une tendance), auquel cas la méthode des moindres-carrés
ordinaires
(MCO) est pertinente afin d'estimer les élasticités, et une série
non-stationnaire
I(1), auquel cas cette méthode des moindres-carrés conduit à des résultats
erronés.
Lorsque les séries ne sont pas stationnaires, il est nécessaire de les
différencier, de
sorte que l'on ne raisonne plus en niveau ou logarithme, mais en termes de
variations
relatives. Cette solution a toutefois pour inconvénient de ne plus fournir
directement
les élasticités, mais seulement une approximation de ces dernières. Enfin, nous
n'avons
classiquement retenu qu'une valeur retardée de la consommation finale.
S'agissant donc de
modèles autorégressifs du premier ordre, les éventuels problèmes dus à
l'autocorrélation des erreurs ont été détectés à l'aide du test "h" de
Durbin et Watson, le test classique sous-estimant le risque réel
d'autocorrélation.
Quand cette dernière était présente, elle a été corrigée grâce à la méthode du
maximum de vraisemblance. Le tableau 4 fournit un résumé des résultats des
tests de
racine unitaire sur les séries, les résultats détaillés étant fournis en
annexe.
6. Résumé des tests de racine unitaire.
|
U01 |
U02 |
U03 |
U04 |
U05A |
U05B |
U05C |
U06 |
U09
|
logQ
|
I(1)** |
I(0) |
I(0)* |
I(0)* |
I(0)* |
I(0)** |
I(1) |
I(0)* |
I(0) |
logp
|
I(0) |
I(0) |
I(0) |
I(0) |
I(0) |
I(0)* |
I(0) |
I(0) |
I(0) |
Note : * stationnarité autour d'une tendance ; **marche aléatoire.
7. Estimation des élasticités prix et revenu à court terme.
Biens |
Constante |
Elasticité-
|
Elasticité-revenu |
Ajust. |
DW |
R² adj. |
Agriculture (1)
|
0.003
|
-0.104
|
-0.08
|
-0.273*
|
2.00 |
0.06 |
Industries
|
0.15
|
-0.001
|
0.007
|
0.949*
|
2.16 |
0.99 |
Energie
|
2.405*
|
-0.115*
|
0.141*
|
0.268*
|
1.93 |
0.92 |
Biens
|
0.701
|
-0.052
|
0.022*
|
0.836*
|
2.07 |
0.98 |
Equipement
|
4.962*
|
-0.796*
|
0.035
|
0.565*
|
1.72 |
0.98 |
Equipement ménager
|
1.082*
|
-0.088
|
0.036
|
0.85*
|
2.17 |
0.99 |
Mat. transport terrestre
(1)
|
0.005
|
-1.51*
|
0.232
|
-0.273*
|
1.80 |
0.12 |
Consommation courante (2)
|
0.257
|
-0.005
|
0.015
|
0.914*
|
1.87 |
0.99 |
Transports
|
0.235
|
-0.028
|
0.048
|
0.894*
|
2.05 |
0.99 |
* Valeur significative à 5%. Entre parenthèses figurent les tests de Student ; DW : test de Durbin-Watson ; R² adj. : R² ajusté. (1) : approximation des élasticités par les différences premières ; (2) estimation par le maximum de vraisemblance.
Quant au revenu
disponible brut des ménages, ce dernier est stationnaire en niveau. Les
résultats des
estimations des élasticités-prix et revenu de court terme sont présentés dans le
tableau 7.
Les ajustements obtenus par les régressions sont tout à fait corrects. En
particulier,
les signes des élasticités, qu'il s'agisse de l'élasticité-prix ou de
l'élasticité-revenu sont conformes à ceux que prédit la théorie. Les
élasticités-prix à court terme sont nulles pour ce que nous pourrions nommer le
"secteur agricole" soit l'agriculture et les biens agricoles et
alimentaires, ce
qui constitue un résultat bien connu. Elles ne sont pas non plus statistiquement
significatives pour les biens intermédiaires, les biens de consommation
courante, les
transports et télécommunications. La demande d'énergie et d'équipement ménager
est
inélastique par rapport aux prix, les élasticités étant faibles mais
significatives.
Les biens d'équipement professionnel, bien qu'inélastiques : -0.796 sont
toutefois
nettement plus sensibles aux prix que les précédents. Enfin, il apparaît que les
matériels de transport terrestre sont caractérisés par une forte élasticité à
court
terme : -1.5, même s'il ne s'agit que d'une valeur approximative.
De même que pour les élasticités-prix, les élasticités-revenu des produits de
l'agriculture et des industries alimentaires sont nulles. C'est aussi le cas
des biens
d'équipement professionnel, ménager, du matériel de transport terrestre, des
biens de
consommation courante et des transports et télécommunications. En revanche,
elles sont
significatives à 5% pour l'énergie et les biens intermédiaires. La
significativité des
coefficients d'ajustement peut être interprétée quant à elle soit comme un
mécanisme
d'ajustement en termes de stocks, soit encore comme le reflet d'une certaine
stabilité
des comportements de consommation.
A partir des valeurs estimées de ces élasticités à court terme, il est désormais
possible de calculer les élasticités à long terme, selon la méthode qui a été
présentée plus haut. Nous obtenons alors les modèles suivants :
8. Valeurs des élasticités à long terme.
|
Elasticité-prix |
Elasticité-revenu |
Agriculture U01 |
0 |
0 |
Industries agricoles U02 |
0 |
0 |
Energie U03 |
-0.157 |
0.193 |
Biens intermédiaires U04 |
0 |
0.134 |
Equipement professionnel U05A |
-1.83 |
0 |
Equipement ménager U05B |
0 |
0 |
Matériel transport terrestre U05C |
-1.186 |
0 |
Consommation courante U06 |
0 |
0 |
Transports télécoms U09 |
0 |
0
|
A long terme, il
apparaît que le matériel de transport terrestre et les biens d'équipement
professionnel
sont élastiques par rapport aux prix. L'élasticité concernant l'énergie est
notablement supérieure à sa valeur de court terme.
Il est possible d'analyser simultanément les effets des élasticités-prix et
revenu afin
d'étudier l'évolution de la consommation de ces divers produits. Pour ce faire,
on
dispose du modèle suivant :
(6) Ci/Ctot=f (Ctot, Tctot, Pi/ptot)
où : Ctot représente la consommation totale ;
Tcot est le taux de croissance de la consommation totale ;
pi/ptot est prix relatif du produit i, rapporté à l'indice des prix à la
consommation
totale.
L'indice général des prix employé dans les régressions est l'indice du prix de
l'ensemble de la consommation finale des ménages de la comptabilité nationale,
lequel
est un agrégat plus vaste que le simple indice des prix à la consommation. Il
intègre
en effet les loyers fictifs et l'autoconsommation alimentaire, les assurances
et services
non marchands, Cases (1997) .
L'équation estimée est la suivante :
(8) Ci/cot = constante + ai Log(Ctot) + biTctot + ci Pi/ptot
Les résultats des estimations pour la période 1971-1996 sur la base des données
des
comptes nationaux trimestriels de l'INSEE, base 100 en 1980, fournissent les
résultats
présentés dans le tableau 9.
Les coefficients ai sont négatifs pour les produits dont la part dans la
consommation
totale des ménages diminue lorsque le niveau de vie augmente. Les coefficients
bi,
lorsqu'ils sont négatifs, indiquent l'inertie de la consommation d'une
catégorie de
produits par rapport aux fluctuations de la consommation totale. Logiquement les
coefficients ai calculés sont négatifs pour l'agriculture et les industries
agricoles.
Ils le sont également pour les biens intermédiaires et les biens de consommation
courante, ainsi que l'énergie, ce qui est contre-intuitif, la part de la
consommation
d'énergie dans la consommation totale étant supposée s'accroître avec
l'amélioration
du niveau de vie. Ils sont stables pour l'équipement ménager, les biens
d'équipement
professionnel, les transports et télécommunications. En revanche, la part du
matériel
de transport terrestre dans la consommation croît avec le niveau de vie. Ces
évolutions
sont confirmées par l'observation des coefficients bi, un signe négatif
traduisant
l'inertie de la consommation de certains produits par rapport aux fluctuations
de la
consommation totale, un signe positif révélant au contraire un certain
dynamisme. Enfin,
tous les coefficients ci significatifs ou non sont négatifs, indiquant par
exemple que le
matériel de transport terrestre a été relativement plus sensible à l'évolution
des
prix sur la période.
9.Consommation par produits.
|
Constante |
ai |
bi |
Ci |
DW |
R²
|
Agriculture
|
0.421*
|
-0.028*
|
-0.0046
|
-0.0048
|
2.49 |
0.99* |
Industries agricoles U02
|
0.974*
|
-0.058*
|
-0.018*
|
-0.055*
|
2.33 |
0.98 |
Energie
|
0.512*
|
-0.032*
|
0.146*
|
0.000
|
2.10 |
0.78 |
Biens intermédiaires U04 |
0.19*
|
-0.088*
|
-0.001
|
-0.014*
|
2.15 |
0.78 |
Equipement professionnel U05A |
0.0778
|
-0.032
|
-0.0005
|
-0.025*
|
2.19 |
0.96 |
Equipement ménager U05B
|
-0.201
|
0.0181
|
-0.0038
|
-0.0087
|
2.33 |
0.98 |
Matériel transport terrestre U05C
|
-0.069
|
0.0154
|
0.057*
|
-0.073*
|
2.11 |
0.64 |
Consommation courante U06
|
0.954*
|
-0.053*
|
0.050*
|
-0.072*
|
2.56 |
0.90 |
Transports télécoms U09 |
0.117
|
-0.0351
|
-0.006
|
-0.016*
|
2.77 |
0.99 |
* Valeur significative à 5%.
Bien que d'assez bonne qualité, ces estimations sont toutefois assez grossières dans la mesure où, comme nous l'avons signalé, le degré d'agrégation des produits est trop élevé. Il convient donc d'analyser les élasticités à un niveau de détail plus fin afin de mettre en évidence clairement l'impact des évolutions de prix, donc des taxes.
B. ESTIMATION DES ÉLASTICITÉS SUR LA BASE DE LA NOMENCLATURE PAR PRODUITS, NIVEAU 90.
Nous utilisons ici la nomenclature de l'INSEE correspondant aux postes des nomenclatures de niveau 90, afin d'affiner les estimations précédemment obtenues. Beaucoup plus détaillée, cette nomenclature a cependant pour inconvénient de ne fournir que des données annuelles, pour la période 1970-1997, de sorte que la taille de l'échantillon s'en trouve réduite. Le seul changement réside ici dans le fait que l'indice de prix utilisé est un indice relatif, prix du produit concerné rapporté à l'indice du prix de l'ensemble de la consommation finale des ménages, le niveau de détail retenu nous l'autorisant. Enfin, l'étude porte désormais sur les seuls biens soumis effectivement à des taxes spécifiques, soit les produits pétroliers raffinés, les boissons alcoolisées et le tabac
1. Produits pétroliers raffinés
C'est sans doute au niveau de ces produits que les accises jouent un rôle prépondérant en matière d'orientation du comportement des consommateurs. Le tableau 10 présente les résultats des estimations.
10. Produits pétroliers raffinés.
Constante |
Elasticité-
|
Elasticité-revenu |
Coefficient d'ajust. |
DW |
R²adj. |
||
2.187*
|
-0.11*
|
0.027*
|
0.492*
|
2.09 |
0.71 |
* Valeur significative à 5%.
Comme cela était prévisible, tant les élasticités-prix que les élasticités-revenu sont faibles ou proches de zéro, mais statistiquement significatives. Le modèle associé de long terme sera de la forme : Qt = -0.22 prix + 0.05 revenu, qui traduit le caractère de "première nécessité" de ces biens, mais également le fait qu'à plus longue échéance, existent des possibilités limitées mais réelles de recours à des sources d'énergie moins coûteuses. Afin de préciser ce point, il est possible de procéder à une décomposition encore plus fine, le poste "produits pétroliers raffinés" (3.2.2) étant composé des fiouls (3.2.2.1), des gaz pétroliers (3.2.2.2) et des carburants et lubrifiants (3.2.2.3).
11. Elasticités estimées de la demande de produits pétroliers raffinés.
|
Constante |
Elasticité-
|
Elasticité-revenu |
Coeff.
|
DW |
R²adj. |
Fiouls |
2.474*
|
-0.04
|
-0.151*
|
0.596*
|
1.9 |
0.95 |
Gaz |
0.715
|
-0.06
|
-0.006
|
0.846*
|
1.79 |
0.74 |
Carburants |
1.817*
|
-0.146*
|
0.09*
|
0.513*
|
1.93 |
0.98 |
* Valeur significative à 5%.
Les élasticités-prix des fiouls et gaz sont statistiquement nulles à la différence de celle des carburants, indiquant donc une plus forte sensibilité des ménages aux prix de ces derniers, même si elle demeure très faible. L'élasticité-revenu est statistiquement nulle dans le cas du gaz, nulle mais significative pour les carburants et, enfin, à la fois significative et négative pour les fiouls. Ces derniers sont, à ce titre, des biens que l'on peut qualifier d'inférieurs, ou dont la consommation décroît avec le revenu. En d'autres termes, ceci révèle que d'autres sources d'énergies que les fiouls sont privilégiées quand le revenu s'élève. Il résulte de ces propriétés que les modèles associés à la consommation à long terme de ces divers produits exhibent des profils tout à fait différents.
12. Elasticités estimées à long terme.
|
Elasticité-prix |
Elasticité-revenu |
Fiouls |
0 |
-0.374 |
Gaz |
0 |
0 |
Carburants |
-0.299 |
0.185
|
Ainsi, des taxes
spécifiques sur le gaz et les fiouls apparaissent de ce point de vue comme
extrêmement
efficaces du point de vue économique ou au niveau de la collecte fiscale, dans
la mesure
où aucun effet de substitution n'est susceptible d'apparaître, de sorte que
seul se
matérialise un effet revenu, même à long terme. En revanche, la demande de
carburants
exhibe une faible mais réelle sensibilité par rapport au prix, de sorte que
cette fois
la fiscalité peut être utilisée pour orienter les comportements en faveur des
moyens de
transport collectifs, moins polluants par exemple, mais une telle politique
aura des
effets nécessairement limités compte tenu de la faible valeur de
l'élasticité-prix à
long terme.
A l'aide de l'équation (8), il est possible de préciser ce point en observant
l'évolution de la consommation par produit.
13. Consommation par produits.
Produit |
Constante |
Ai |
bi |
ci |
DW |
R²adj. |
Fiouls |
0.478*
|
-0.032*
|
0.0327
|
-0.005*
|
1.66 |
0.97 |
Gaz |
0.0459*
|
-0.003*
|
-0.0009
|
-0.00003
|
1.60 |
0.97 |
Carburants |
0.118*
|
-0.004
|
0.0094
|
-0.011*
|
1.51 |
0.90 |
* Valeur significative à 5%.
Les coefficients
ai sont tous négatifs, (ce coefficient n'est pas significatif pour les
carburants), soit
pour les produits dont la part dans la consommation totale diminue au fur et à
mesure que
le niveau de vie s'améliore. Logiquement, cet effet est particulièrement
sensible pour
les fiouls compte tenu de leur caractéristique de bien inférieur, mise en
évidence
précédemment. Aucun coefficient bi n'est statistiquement significatif, ce qui
traduit
une relative inertie de la consommation de ces produits. Les coefficients ci
significativement non nuls sont tous négatifs. Ils indiquent que la
consommation de
fiouls et de gaz a été relativement moins sensible à l'évolution des prix que la
consommation de carburants.
Ces résultats sont confirmés par une étude récente de l'INSEE, (Braibant (1998)
qui
observe d'une part, la stabilité de la consommation des ménages en matière de
produits
pétroliers raffinés (-0.1% en volume) pour l'année 1997, d'autre part une
diversification de la demande énergétique des ménages au travers de l'abandon
progressif du charbon, du développement de la fourniture de gaz, de la
réduction de la
consommation de fioul domestique, -3.2% en 1997. Cette stabilité se traduit
notamment par
une diminution des charges liées à l'énergie dans le budget des ménages, 10.2%
de la
dépense des ménages en 1980 contre 8.6% en 1997, au prix de 1980. Les
variations des
prix de ces diverses sources expliquent ces comportements de substitution entre
énergies.
Par exemple, la baisse des prix de l'électricité s'accompagne d'une hausse
simultanée
des prix des produits pétroliers raffinés, ce qui a nettement favorisé la
consommation
d'électricité. La fiscalité est un élément supplémentaire d'explication de ces
comportements de diversification. A titre d'exemple (Braibant (1998)), la part
des taxes
(Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers et Taxe sur la valeur Ajoutée),
représentait 75% du prix du litre de super en 1990 contre 59% en 1980. Elle est
de 80% en
1997. Il en résulte notamment une forte hausse de la consommation de gazole,
+7.3% en
1997. En résumé, il semble ici que les accises constituent un instrument
doublement
efficace, tant du point de vue de la collecte fiscale que de l'orientation de la
consommation en direction d'énergies moins polluantes, à condition, toutefois,
que le
prix de ces dernières se maintienne à un niveau relativement plus faible ou
poursuive
son mouvement de baisse, qui permet notamment aux ménages à revenu modeste de
s'orienter
vers elles en délaissant le fioul domestique. Dans le cas contraire, ce sont
ces ménages
à faible pouvoir d'achat qui seraient pénalisés par les taxes spécifiques sur
le fioul
domestique, ce qui remet également en cause les efforts menés en matière de
réduction
de la pollution atmosphérique.
Une seconde catégorie de biens sont soumis à l'imposition de taxes spécifiques,
il
s'agit des boissons alcoolisées. La logique de cette imposition particulière
répond aux
mêmes considérations d'efficacité et de santé publique que celles qui
précèdent.
2. Boissons alcoolisées
Deux méthodes de taxation peuvent être appliquées aux boissons alcoolisées, d'une part une imposition spécifique qui est calculée en fonction du degré d'alcool, d'autre part une imposition ad valorem dont la base est le prix du produit. De fait fréquemment utilisées de façon conjointe, ces méthodes obéissent pourtant à une logique différente. La première, spécifique, pénalise surtout les produits de qualité relativement médiocre, parfois plus néfastes en matière de santé publique et donc bon marché. Un droit ad valorem, au contraire, pénalise relativement les boissons alcolisées de meilleure qualité dont le prix est plus élevé. Aux fortes différences de taux qui existent comme nous l'avons signalé entre pays de l'Europe du Nord et du Sud, s'ajoute donc la distinction qui précède, ainsi qu'un net comportement de concurrence fiscale entre pays frontaliers, comme le souligne l'OCDE (1997).
14.
Elasticités-prix et revenu des boissons alcoolisées
Vin |
Constante |
Prix |
Revenu |
Coeff. ajust. |
DW |
R²
|
|
1.123
|
-0.052
|
0.011
|
0.747*
|
1.86 |
0.70 |
Dont Consommation commercialisable marchande (autoconsommation exclue) |
||||||
|
0.946
|
-0.054
|
0.011
|
0.786*
|
1.94 |
0.75 |
Dont 1 : vins de consommation courante |
||||||
|
0.813*
|
-0.203
|
-0.078*
|
0.895*
|
2.18 |
0.99 |
2 : vins AOC et VDQS |
||||||
|
0.404
|
-0.347
|
0.085*
|
0.837*
|
1.76 |
0.97 |
3 : vins doux naturels |
||||||
|
1.677*
|
0.015
|
-0.003
|
0.628*
|
1.53 |
0.44 |
Liqueurs et apéritifs |
||||||
|
1.828*
|
-0.518*
|
-0.039
|
0.642*
|
2.41 |
0.89 |
Apéritifs à base de vin |
||||||
|
1.052
|
-0.619
|
-0.122
|
0.88*
|
2.04 |
0.57 |
Eau de vie |
||||||
|
0.355
|
0.147
|
0.028
|
0.902*
|
1.64 |
0.95 |
Bière |
||||||
|
0.804*
|
-0.116
|
-0.029*
|
0.855*
|
2.49 |
0.81 |
* Valeur significative à 5%.
Le tableau 14
présente les valeurs estimées des élasticités-prix et revenu pour ces biens.
Concernant les boissons alcoolisées donc, il apparaît en premier lieu que les
coefficients d'ajustement estimés sont tous significativement élevés. Ces
valeurs
traduisent les habitudes de consommation des agents qui sont donc stables en la
matière.
Concernant les élasticités-revenu, les résultats sont très révélateurs du
comportement des consommateurs notamment pour le vin et la bière. Les vins de
consommation courante, de qualité relativement médiocre, ont une
élasticité-revenu
négative : -0.078 (-3.181), tout comme la bière : -0.029 (-2.595), ce qui fait
d'eux des
biens inférieurs, ou dont la consommation décline quand le revenu s'accroît. A
l'inverse, les vins de qualité supérieure ou les vins d'appellation contrôlée
ont une
élasticité-revenu positive, 0.085 (2.111), si bien que leur consommation
augmente avec
l'élévation du revenu. C'est donc un effet de différenciation verticale des
produits,
ou effet qualité que ces résultats mettent en évidence, de sorte que les
comportements
de consommation sont tout à fait distincts. Les résultats concernant les
élasticités-prix ne sont pas aussi nets, ceratines valeurs n'étant
significatives qu'au
seuil de 10% (vins de consommation courante et apéritifs à base de vin). En
revanche,
l'élasticité-prix des liqueurs et apéritifs est clairement négative : -0.518
(-2.31).
Les modèles associés de la consommation à long terme sont présentés dans le
tableau
15. Ces résultats illustrent le "paradoxe" cité dans l'introduction
de ce
paragraphe. Il est en effet difficile ici de justifier l'utilisation des
accises au nom de
l'objectif de santé publique, à l'exception des liqueurs et apéritifs
(élasticité
forte de -1.45), puisque la demande de bières et de vins de qualité courante
par exemple
est très nettement insensible au prix.
15. Elasticités à long terme.
|
Elasticité-prix |
Elasticité-revenu |
Vins de consommation courante |
0 |
-0.74 |
Vins de qualité supérieure |
0 |
0.52 |
Vins doux naturels |
0 |
0 |
Liqueurs et apéritifs |
-1.45 |
0 |
Apéritifs à base de vin |
0 |
0 |
Eau de vie |
0 |
0 |
Bière |
0 |
-0.2
|
La consommation des ces produits obéit à des comportements sociaux que révèlent les coefficients d'ajustement, particulièrement élevés, et dépend également du revenu, les consommateurs étant dans l'ensemble des ménages dont le revenu est relativement modeste. Dans ces conditions, la justification des accises repose uniquement sur leur efficacité en matière de collecte fiscale. Compte tenu du niveau relativement faible des droits appliqués à ces produits en France par rapport à ceux des pays voisins et notamment nordiques, on dispose en la matière d'une certaine marge à la hausse (sous l'hypothèse de la stabilité du comportement des consommateurs).
3. Le tabac
Le tableau 16 présente nos estimations des élasticités de la consommation de tabac pour la période 1971-1996.
16. Elasticités de la consommation de tabac.
Constante |
Elasticité-prix |
Elasticité-revenu |
Coeff. ajust. |
DW |
R²adj. |
1.919*
|
-0.167*
|
0.119*
|
0.47*
|
1.79 |
0.98 |
* Valeur significative à 5%.
Ceci conduit à un modèle de long terme où l'élasticité-prix est de -0.31 et l'élasticité revenu de 0.22. Autrement dit, la consommation de tabac est relativement sensible au revenu et au prix. L'ordre de grandeur de l'élasticité prix obtenue est identique à celle calculée par Darmon (1990), en revanche l'élasticité revenu de notre étude est sensiblement inférieure à celle de cet auteur : 0.8. Cet écart est imputable d'une part à la taille de l'échantillon, d'autre part à la méthode économétrique utilisée qui est différente dans les deux cas. Nos résultats sont confirmés par les faits. Il apparaît nettement que la croissance de la consommation dans les années 1970 va de pair avec une forte diminution du prix relatif du tabac. Entre 1976 et 1989, la consommation est freinée par une moindre progression du pouvoir d'achat et une relative stabilisation des prix relatifs (Darmon (1990) . A partir de 1990 la forte progression des prix relatifs du tabac qui résulte d'une augmentation des taxes, le prix du paquet de cigarettes ayant doublé entre 1991 et 1996 (Anguis (1997) , a induit une nette diminution de la consommation. L'impact des taxes spécifiques est donc ici très positif en matière de santé publique, d'autant qu'il est probable que le ralentissement de la consommation frappe davantage les adolescents que les adultes, compte tenu du plus faible pouvoir d'achat des premiers. Toutefois, cette conclusion optimiste doit être tempérée du fait de la substitution opérée par les consommateurs entre cigarettes et tabac à rouler dont la consommation s'est nettement accrue. Enfin, le doublement du prix du paquet de cigarettes n'entraînant pas une réduction proportionnelle de la quantité consommée, cet accroissement s'est traduit à la fois par une augmentation forte des dépenses des fumeurs : 72 milliards de francs en 1996 contre 45 milliards en 1991 (Anguis (1997)), et par un accroissement des recettes des producteurs et distributeurs, mais aussi de l'Etat. Au total donc, les taxes spécifiques sur le tabac exercent un impact positif à la fois sur les recettes fiscales et la santé publique. Dans la mesure où la composition du prélèvement fiscal entre droits spécifiques et taxes ad valorem en matière de tabac est également utilisée par les Etats afin de compenser les différences internationales de coût de production, une harmonisation fiscale européenne, dans ce contexte, ne semble pas souhaitable, si elle devait se traduire pour la France par une réduction des droits d'accise.
IV. DROITS D'ACCISE ET DEPROTECTION EFFECTIVE
L'existence de
droits d'accise, différenciés internationalement, sur les consommations
intermédiaires
des industries implique une modification des compétitivités relatives. En
effet, à la
différence de la Taxe à la Valeur Ajoutée, ces droits payés sur l'achat
d'inputs, ne
font pas l'objet d'une récupération par les entreprises. Dès lors, un droit
d'accise
relativement élevé sur un produit à usage industriel est susceptible de
diminuer la
protection effective d'un secteur d'activité. C'est justement le cas de l'Union
Européenne qui taxe de façon importante la consommation, finale ou
intermédiaire, de
produits pétroliers.
Rappelons que ce concept de protection effective a été élaboré par Corden
(1977) pour
mesurer comment des restrictions commerciales sur des biens intermédiaires
peuvent
affecter le taux de protection d'une industrie locale utilisatrice. Un droit
d'accise
accroît le prix d'un bien intermédiaire de la même façon qu'un tarif sur les
importations (qui n'est que la combinaison d'une taxe à la consommation et d'une
subvention à la production).
Le tableau 10 donne les taux de protection effective au Japon, aux Etats-Unis
et dans
l'Union Européenne avec intégration des résultats de l'Uruguay Round. La
classification
sectorielle utilisée est celle de la base de données intégrée du G.A.T.T. et les
coefficients inputs-ouputs nécessaires pour procéder aux calculs ont été
évalués à
partir de la matrice de comptabilité sociale (S.A.M.) du projet d'analyse
globale du
commerce (G.T.A.P.) de la Banque Mondiale, pour l'année 1994 (Francois,
McDonald et
Nordström, 1995).
17. Estimation des modificationsde protection effective dûes aux droits d'accise (%)
|
Japon |
|
|
Etats-Unis |
|
|
Union Europ |
|
|
|||
|
tpe |
tpe ' |
Delta |
tpe |
tpe' |
Delta |
tpe |
tpe' |
Delta |
|||
Agric. |
152,79 |
152,22 |
0,57 |
102,40 |
99,50 |
2,90 |
79,94 |
77,26 |
2,68 |
|||
Forêt |
-1,19 |
-1,48 |
0,29 |
-0,99 |
-1,77 |
0,78 |
-14,59 |
-16,43 |
1,85 |
|||
Pêche |
3,91 |
3,22 |
0,69 |
-0,14 |
-0,95 |
0,81 |
6,97 |
5,63 |
1,34 |
|||
Mines |
0,55 |
0,11 |
0,44 |
0,94 |
0,72 |
0,22 |
0,72 |
-4,03 |
4,74 |
|||
Agro-alim. |
-39,14 |
-39,58 |
0,43 |
-13,56 |
-14,10 |
0,54 |
10,38 |
9,20 |
1,17 |
|||
Textiles |
-17,32 |
-19,37 |
2,05 |
13,18 |
9,05 |
4,13 |
5,76 |
5,03 |
0,74 |
|||
Vêtements |
23,47 |
23,16 |
0,31 |
25,45 |
24,94 |
0,51 |
16,15 |
15,50 |
0,65 |
|||
Cart. papier |
1,74 |
1,15 |
0,59 |
-0,04 |
-0,88 |
0,85 |
-0,86 |
-1,78 |
0,92 |
|||
Pétrol |
-2,84 |
- |
- |
-0,37 |
- |
- |
0,33 |
- |
- |
|||
Chimie |
1,03 |
-2,32 |
3,35 |
6,86 |
4,05 |
2,81 |
6,04 |
0,92 |
5,13 |
|||
Sidérurgie |
0,88 |
0,50 |
0,38 |
-0,39 |
-0,92 |
0,53 |
-0,43 |
-1,16 |
0,73 |
|||
Métaux |
5,77 |
5,45 |
0,32 |
5,36 |
4,64 |
0,72 |
9,54 |
8,94 |
0,59 |
|||
Matér en métaux |
1,11 |
0,85 |
0,26 |
5,19 |
4,57 |
0,62 |
4,88 |
4,06 |
0,82 |
|||
transports |
-0,92 |
-1,92 |
1,00 |
8,74 |
7,91 |
0,83 |
9,96 |
9,34 |
0,62 |
|||
Autres machines |
-0,68 |
-1,21 |
0,52 |
1,92 |
1,39 |
0,53 |
4,00 |
3,53 |
0,48 |
|||
Autres biens man. |
0,51 |
-0,68 |
1,19 |
8,23 |
7,42 |
0,81 |
3,89 |
0,46 |
3,43 |
Dans le tableau
17, tpe indique le taux de protection effective en tenant compte uniquement des
droits de
douane ; tpe' indique ce taux en tenant compte en outre des droits d'accise sur
les
produits pétroliers. delta indique finalement la diminution de protection
effective
engendrée par les droits d'accises (soit delta = tpe-tpe'). Les taux d'accise
ad valorem
sur les produits pétroliers ont été estimés à partir des consommations
annuelles de
ces produits et des recettes fiscales tirées de ces biens. Ils sont ainsi de
24,32% au
Japon, 11,03% aux Etats-Unis et 34,23% dans l'Union Européenne.
Globalement, ces dé-protections effectives subies par des entreprises
utilisatrices de
produits pétroliers, du fait des droits d'accise sont faibles : dans l'Union
Européenne,
elles s'étalent de 0,48% à 5,13% (chimie). Compte tenu des déprotections
supportés par
ce dernier secteur dans les autres zones géographiques étudiées, la perte de
compétitivité relative est faible pour cette industrie européenne. Notons bien
que ces
dé-protections effectives sont sur-évaluées : les droits d'accise moyens sur les
produits pétroliers sont des droits sur la consommation totale de ces produits,
et non
pas leur consommation intermédiaire. Or, les fiscalités nationales pratiquent
des taxes
moins fortes sur des usages industriels. Les dé-protections effectives réelles
engendrées par les droits d'accise doivent donc être moins fortes que celles
indiquées
par le tableau 10.
12. Part des consommations intermédiaires de produits pétroliers dans les ventes totales - 1994
La faiblesse de ces dé-protections effectives s'explique par les coefficients
input-output des différents secteurs dans les différentes zones. Les industries
européennes ont compensé l'importance des prix des produits pétroliers par des
utilisations réduites de ces produits (excepté dans les mines, par rapport aux
Etats-Unis - cf. graphique 12). Elles ne supporteraient pas ainsi de perte
marquée de
compétitivité relative par rapport à leurs concurrentes américaines notamment,
du fait
d'une adaptation de leurs processus de production aux prix relatifs de ces
produits et de
leurs substituts. Les droits d'accise européens sur les produits pétroliers
auraient eu
ainsi un impact sur la consommation intermédiaire de produits énergétiques.
V. CONCLUSION
Bien que les
accises soient parfois considérées comme des taxes surannées, ce travail a mis
en
évidence qu'elles étaient l'objet d'un retour en grâce auprès des
gouvernements. Ce
mouvement concerne essentiellement les pays de l'Union européenne, même si, en
règle
générale, on assiste à un accroissement du poids des impôts indirects au sein
des
membres de l'OCDE, au travers notamment de la généralisation de la TVA. Mais,
le fait
que ce soient précisément les membres de l'Union qui mettent plus
particulièrement les
accises à contribution depuis 1990, laisse penser que ce choix n'est pas
étranger à
l'efficacité reconnue de ces taxes en matière de collecte fiscale, dès lors que
la
satisfaction des critères budgétaires de Mastricht est devenue une nécessité
impérative.
Pour autant, la justification traditionnelle des accises qui repose aussi sur
leur
capacité à orienter la consommation en faveur de biens peu polluants ou moins
néfastes
en matière de santé publique, ne semble pas avoir été abandonnée en contrepartie
d'une méthode jugée rapide et facile afin d'accroître les ressources
budgétaires.
L'argument de santé publique et de correction des externalités négatives
demeure valide
en France notamment en ce qui concerne la consommation d'alcools forts, de
carburants pour
les véhicules mais aussi, dans une moindre mesure, de tabac. En outre, ces
taxes n'ont
pas un effet négatif important sur le degré de protection des industries
nationales, qui
aurait pu opérer par le biais d'un accroissement du coût des consommations
intermédiaires d'énergie pour les entreprises. En revanche, concernant des
produits
comme le fioul domestique, le vin et la bière, dont l'élasticité de la demande
par
rapport au prix est si faible que les accises ne peuvent guère en modifier les
quantités
consommées, la portée des arguments invoqués de santé punlique est limitée, mais
cette rigidité de la consommation procure aussi une certaine marge de manoeuvre
en
matière de modulation des taux d'imposition. Or, c'est précisément pour ces
produits
que la diversité européenne des accises est la plus flagrante, si on y ajoute
les
carburants à usage industriel. De la sorte, il y a peu à craindre d'une
éventuelle
harmonisation fiscale européenne, dont les justifications demeurent d'ailleurs
peu
convaincantes, la règle d'imposition selon le lieu de consommation permettant
aux Etats
d'adapter la fiscalité à leurs choix sociaux propres, les seules difficultés à
craindre concernant les franges frontalières des territoires et le risque de
contrebande.
Résultats des tests de racine unitaire |
||||||||||||||
Modèle avec constante et trend |
Modèle avec constante sans trend |
Modèle simple |
||||||||||||
(UO1) Agriculture |
||||||||||||||
Consom-mation |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
2.437 |
2.765 |
-8.779* |
-2.429* |
3.001 |
3.833 |
0.155 |
-0.274 |
-0.14 |
0.646 |
0.029 |
1.131 |
||
PP (2) |
2.364 |
2.750 |
-7.965 |
-2.356 |
3.038 |
3.783 |
0.004 |
0.022 |
0.012 |
0.752 |
0.029 |
1.24 |
||
ADF(3) |
2.515 |
2.712 |
-10.30 |
-2.508 |
2.907 |
3.729 |
0.326 |
-0.649 |
-0.312 |
0.639 |
0.029 |
1.087 |
||
Indice des prix |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
-0.224 |
-2.939* |
0.528 |
0.684 |
99.34* |
35.055* |
9.127 |
-1.653 |
-7.559* |
134.52* |
0.330 |
10.138 |
||
PP (2) |
0.122 |
-1.795 |
0.221 |
0.201 |
48.87* |
17.17* |
6.117 |
-1.684 |
-5.083* |
59.068* |
0.329 |
5.407 |
||
ADF(3) |
0.795 |
-0.789 |
-0.670 |
-0.528 |
5.047* |
5.85 |
3.526* |
-1.811 |
-3.335 |
7.289* |
0.265 |
1.383 |
||
( UO2) Industries agricoles et alimentaires |
||||||||||||||
Consom-mation |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
1.662 |
1.209 |
-5.015 |
-1.618 |
18.415* |
4.207 |
2.904* |
-1.316 |
-2.631* |
26.77* |
0.136 |
6.484 |
||
PP (2) |
1.202 |
0.538 |
-2.343 |
-1.135 |
39.945* |
7.173* |
4.713* |
-1.233 |
-4.242* |
78.007* |
0.136 |
8.191 |
||
ADF(3) |
0.476 |
-0.392 |
-0.554 |
-0.388 |
9.976* |
7.742* |
4.154* |
-1.144 |
-3.933* |
15.024* |
0.118 |
3.302 |
||
Indice des prix |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
-0.888 |
-3.631* |
0.928 |
1.368 |
112.44* |
35.262* |
8.722* |
-1.437 |
-7.152* |
144.626* |
0.306 |
11.081 |
||
PP (2) |
-0.427 |
-2.431 |
0.723 |
0.775 |
59.399* |
18.474* |
5.857* |
-1.463 |
-4.819* |
63.756* |
0.305 |
5.953 |
||
ADF(3) |
0.68 |
-0.785 |
-0.561 |
-0.436 |
3.797 |
4.858 |
3.153* |
-1.764 |
-3.023 |
5.409 |
0.222 |
0.895 |
||
(UO3) Energie |
||||||||||||||
Consom-mation |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
6.041* |
5.489* |
-53.82* |
-6.026* |
12.605* |
18.263* |
2.266 |
-7.864 |
-2.228* |
2.982 |
0.128 |
0.893 |
||
PP (2) |
6.05* |
5.498* |
-54.69* |
-6.035* |
12.639* |
18.318* |
1.914 |
-4.193 |
-1.854 |
2.936 |
0.135 |
1.695 |
||
ADF(3) |
3.687* |
3.175* |
-26.453* |
-3.659* |
7.176* |
7.632* |
2.263 |
-3.033 |
-2.174 |
5.216* |
0.126 |
2.256 |
||
Indice des prix |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
1.00 |
-0.767 |
-0.932 |
-0.697 |
15.882* |
6.415 |
4.236* |
-1.874 |
-3.506* |
23.624* |
0.371 |
5.013 |
||
PP (2) |
1.127 |
-0.256 |
-1.565 |
-0.895 |
9.479* |
4.018 |
3.346* |
-1.982 |
-2.797 |
13.855* |
0.368 |
3.377 |
||
ADF(3) |
1.521 |
0.207 |
-2.659 |
-1.322 |
3.877 |
3.261 |
2.843* |
-2.265 |
-2.559 |
5.854* |
0.328 |
1.837 |
||
Résultats des tests de racine unitaire |
||||||||||||||
Modèle avec constante et trend |
Modèle avec constante sans trend |
Modèle simple |
||||||||||||
(UO4) Biens intermédiaires |
||||||||||||||
Consom-mation |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
4.311* |
3.31* |
-16.06* |
-4.27* |
12.078* |
11.827* |
3.521* |
-4.255 |
-3.399* |
11.054* |
0.149 |
3.089 |
||
PP (2) |
4.364* |
3.30* |
-15.077* |
-4.32* |
13.194* |
12.483* |
3.748* |
-4.122 |
-3.614* |
13.425* |
0.149 |
3.009 |
||
ADF(3) |
3.604* |
3.043* |
-17.529 |
-3.578* |
6.43* |
7.304* |
2.287 |
-2.929 |
-2.217 |
4.607 |
0.111 |
1.952 |
||
Indice des prix |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
-1.598 |
-3.625 |
1.612 |
2.007 |
88.453* |
23.989* |
7.054* |
-1.204 |
-5.577* |
112.576* |
0.309 |
10.893 |
||
PP (2) |
-0.411 |
-1.568 |
0.916 |
0.642 |
22.717* |
7.163* |
3.982* |
-1.259 |
-3.178* |
33.854* |
0.309 |
5.49 |
||
ADF(3) |
0.628 |
-0.355 |
-0.945 |
-0.467 |
3.58 |
3.938 |
3.006* |
-1.759 |
-2.797 |
5.358* |
0.254 |
1.244 |
||
(U05A) Biens d'équipement professionnel |
||||||||||||||
Consom-mation |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
5.082* |
4.978* |
-44.506* |
-5.046* |
10.658* |
12.735* |
0.924 |
-1.287 |
-0.747 |
2.912 |
0.299 |
2.231 |
||
PP (2) |
5.053* |
4.949* |
-41.887* |
-5.016* |
10.598* |
12.586* |
0.57 |
-0.20 |
-0.225 |
9.879* |
0.306 |
4.665 |
||
ADF(3) |
1.683 |
1.593 |
-5.993 |
-1.599 |
10.607* |
1.282 |
0.708 |
-0.079 |
-0.157 |
14.403* |
0.279 |
5.334 |
||
Indice des prix |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
-0.722 |
-1.92 |
1.553 |
0.858 |
12.327* |
6.689* |
3.489* |
-1.75 |
-3.072* |
16.215* |
0.229 |
4.273 |
||
PP (2) |
-1.609 |
-3.245 |
2.342 |
1.798 |
24.408* |
13.823* |
3.841* |
-1.717 |
-3.374* |
20.089* |
0.229 |
3.928 |
||
ADF(3) |
-1.144 |
-2.289 |
1.759 |
1.287 |
5.473* |
6.67* |
2.935* |
-2.027 |
-2.783 |
5.345 |
0.189 |
1.385 |
||
(UO5B) Biens d'équipement ménager |
||||||||||||||
Consom-mation |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
2.785 |
2.301 |
-12.111* |
-2.689* |
9.233* |
5.259 |
2.727* |
-1.929 |
-2.238* |
10.745* |
0.403 |
3.636 |
||
PP (2) |
2.597 |
2.059 |
-9.921 |
-2.487 |
10.764* |
5.19 |
3.28* |
-1.784 |
-2.652 |
17.053* |
0.404 |
4.126 |
||
ADF(3) |
2.183 |
1.645 |
-7.836 |
-2.065 |
7.673* |
4.527 |
3.006* |
-1.512 |
-2.497 |
9.975* |
0.355 |
3.171 |
||
Indice des prix |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
-0.953 |
-7.482* |
0.674 |
1.102 |
38.072* |
45.943* |
4.987* |
-2.579 |
-4.822* |
18.856* |
0.086 |
3.225 |
||
PP (2) |
-0.436 |
-5.043* |
0.475 |
0.539 |
18.321* |
22.08* |
3.139* |
-2.885 |
-3.047* |
6.949* |
0.085 |
1.713 |
||
ADF(3) |
0.414 |
-2.269 |
-0.383 |
-0.338 |
3.424 |
5.057 |
2.194 |
-4.113 |
-2.179 |
2.451 |
0.036 |
0.293 |
||
Résultats des tests de racine unitaire |
||||||||||||||
Modèle avec constante et trend |
Modèle avec constante sans trend |
Modèle simple |
||||||||||||
(UO5C) Automobile, transport terrestre |
||||||||||||||
Consom-mation |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
3.05 |
2.391 |
-17.202* |
-3.022* |
3.971 |
5.007 |
2.094 |
-4.731 |
-2.026* |
2.959 |
0.153 |
1.218 |
||
PP (2) |
2.825 |
2.147 |
-14.535* |
-2.793 |
3.711 |
4.43 |
2.094 |
-3.735 |
-2.007 |
3.443 |
0.156 |
1.58 |
||
ADF(3) |
2.488 |
1.948 |
-13.742 |
-2.455 |
3.066 |
3.367 |
1.767 |
-3.044 |
-1.689 |
2.662 |
0.139 |
1.44 |
||
Indice des prix |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
-1.159 |
-3.721* |
1.197 |
1.664 |
107.37* |
32.81* |
8.494* |
-1.382 |
-6.777* |
136.73* |
0.338 |
10.889 |
||
PP (2) |
-0.50 |
-2.247 |
0.893 |
0.842 |
49.173* |
14.803* |
5.403* |
-1.415 |
-4.331* |
53.734* |
0.337 |
5.777 |
||
ADF(3) |
0.46 |
-0.857 |
-0.293 |
-0.211 |
4.215 |
4.927 |
3.227* |
-1.673 |
-3.024 |
5.972* |
0.27 |
1.179 |
||
(U06) Biens de consommation courante |
||||||||||||||
Consom-mation |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
3.631* |
3.085* |
-17.462* |
-3.601* |
10.006* |
8.577* |
2.788* |
-2.841 |
-2.653* |
9.452* |
0.142 |
3.23 |
||
PP (2) |
3.498* |
2.887* |
-14.639* |
-3.463* |
11.477* |
8.751* |
3.577* |
-2.552 |
-3.385* |
17.699* |
0.142 |
4.124 |
||
ADF(3) |
2.023 |
1.537 |
-7.868 |
-1.989 |
5.605* |
4.057 |
2.511 |
-1.731 |
-2.381 |
7.123* |
0.114 |
2.741 |
||
Indice des prix |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
-2.01 |
-5.227* |
1.478 |
2.542 |
138.97* |
49.885* |
9.167* |
-1.431 |
-7.58* |
154.52* |
0.29 |
11.137 |
||
PP (2) |
-0.798 |
-2.643 |
1.125 |
1.101 |
44.689* |
15.707* |
5.024* |
-1.475 |
-4.177* |
44.647* |
0.289 |
5.412 |
||
ADF(3) |
0.535 |
-0.847 |
-0.461 |
-0.322 |
3.967 |
5.089 |
3.211 |
-1.944 |
-3.08 |
5.609* |
0.221 |
0.91 |
||
(UO7) Bâtiment, génie civil et agricole |
||||||||||||||
Consom-mation |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
1.584 |
1.384 |
-4.95 |
-1.557 |
3.632 |
1.213 |
0.767 |
-1.08 |
-0.712 |
4.451 |
0.083 |
2.889 |
||
PP (2) |
2.634 |
2.312 |
-13.816* |
-2.619 |
3.311 |
3.429 |
1.257 |
-3.066 |
-1.224 |
2.289 |
0.082 |
1.742 |
||
ADF(3) |
1.878 |
1.789 |
-8.911 |
-1.86 |
2.813 |
1.761 |
0.602 |
-1.007 |
-0.561 |
2.559 |
0.072 |
2.188 |
||
Indice des prix |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
-1.459 |
-3.858* |
1.401 |
2.131 |
183.8* |
35.67* |
9.838 |
-1.075 |
-7.045* |
235.84* |
0.411 |
13.904 |
||
PP (2) |
-0.566 |
-2.049 |
1.046 |
0.979 |
69.305* |
13.119* |
5.819 |
-1.097 |
-4.192* |
80.452* |
0.41 |
6.972 |
||
ADF(3) |
0.694 |
-0.613 |
-0.518 |
-0.378 |
4.861 |
6.103 |
3.677 |
-1.485 |
-3.451* |
7.152* |
0.313 |
0.833 |
||
Résultats des tests de racine unitaire |
||||||||||||||
Modèle avec constante et trend |
Modèle avec constante sans trend |
Modèle simple |
||||||||||||
(UO9) Transports et télécommunications |
||||||||||||||
Consom-mation |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
1.465 |
0.738 |
-3.097 |
-1.263 |
18.063* |
3.83 |
3.639* |
-1.325 |
-2.674* |
26.944* |
0.459 |
6.024 |
||
PP (2) |
1.182 |
0.126 |
-1.461 |
-0.882 |
38.712* |
7.042* |
5.513* |
-1.251 |
-3.987* |
66.205* |
0.459 |
6.606 |
||
ADF(3) |
0.935 |
-0.191 |
-0.788 |
-0.591 |
7.763* |
4.712 |
3.729* |
-1.062 |
-3.08 |
11.748* |
0.406 |
2.904 |
||
Indice des prix |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
-0.934 |
-3.236* |
1.106 |
1.28 |
51.432* |
20.66* |
6.308* |
-1.541 |
-5.311* |
65.747* |
0.28 |
8.15 |
||
PP (2) |
-0.632 |
-2.572 |
0.949 |
0.922 |
36.134* |
14.404* |
4.784* |
-1.575 |
-4.041* |
36.801* |
0.279 |
4.973 |
||
ADF(3) |
0.657 |
-0.788 |
-0.673 |
-0.456 |
3.652 |
4.676 |
-3.085* |
-2.087 |
-2.961 |
5.189* |
0.211 |
0.888 |
||
Revenu disponible brut |
||||||||||||||
Consom-mation |
ta |
tb |
T(r-1) |
t(r-1) |
f2 |
f3 |
ta |
T(r-1) |
t(r-1) |
f1 |
T(r-1) |
t(r-1) |
||
DF (1) |
0.264 |
-3.235* |
0.494 |
0.819 |
236.16* |
59.63* |
14.324* |
-1.406 |
-9.974* |
319.11* |
0.574 |
12.01 |
||
PP (2) |
0.362 |
-2.341 |
0.370 |
0.474 |
140.44* |
35.388* |
10.208* |
-1.416 |
-7.122* |
160.82* |
0.571 |
6.019 |
||
ADF(3) |
1.086 |
-0.807 |
-0.543 |
-0.517 |
3.859 |
5.427 |
3.30* |
-1.529 |
-3.20 |
5.484* |
0.187 |
0.262 |
(i)
(ii) RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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ANNEXES GENERALES
I. ANNEXE I : CONCURRENCE FISCALE ET LOCALISATION DES ENTREPRISES À UN NIVEAU INFRAÉTATIQUE
Nous nous sommes
intéressés jusqu'à présent à la concurrence fiscale entre Etats en négligeant la
fiscalité locale. Pourtant, si la variable fiscale intervient dans le choix de
localisation des entreprises, on ne saurait omettre la charge fiscale que peut
représenter l'imposition locale sur les entreprises.
L'objet de cette annexe n'est pas de présenter les caractéristiques des régimes
d'imposition locaux pesant sur les entreprises dans les différents pays de
l'Union
européenne mais plutôt d'apporter un certain nombre d'éléments à trois types de
questions que l'on peut légitimement se poser :
n Est ce que la concurrence fiscale est plus forte à un niveau infraétatique
qu'entre
Etats ?
n Est ce que le morcellement de la carte administrative en France et les
différences de
pression fiscale en résultant, pourraient constituer un frein à l'implantation
des
investissements directs sur notre territoire ?
n Est ce que les régions transfrontalières françaises sont particulièrement
soumises
à la concurrence fiscale étrangères ?
A. 1. CONCURRENCE FISCALE ET LOCALISATION DES ENTREPRISES À UN NIVEAU INFRAÉTATIQUE
La concurrence entre collectivités locales est très difficile à cerner empiriquement. Comment évaluer, en effet, que les taux de prélèvement pratiqués par les décideurs locaux relèvent d'une stratégie du moins-disant fiscal ?
1. Quelques résultats sur données américaines
D'un point de
vue empirique, le débat relatif à l'effet de la fiscalité locale sur la
localisation
des entreprises à l'intérieur d'un Etat ou d'une agglomération, sont peu
concluants
même si certains travaux récents semblent indiquer un impact parfois non
négligeable de
la fiscalité sur les décisions d'implantation des entreprises.
· La mesure de l'impact de la fiscalité sur les choix de localisation des
entreprises au
niveau des États est le plus souvent négligée. En effet, la méthode la plus
souvent
utilisée, notamment par les grandes firmes de consultants, pour évaluer la
compétitivité fiscale d'un État, consiste à mesurer la taxation sur la
profitabilité
des projets marginaux. Or, même si cette méthode fait apparaître des disparités
très
importantes en terme de taxation selon la localisation géographique, il n'en
reste pas
moins qu'elle ne donne pas d'indications concernant l'impact de ces disparités
sur les
décisions des chefs d'entreprise
68(
*
)
.
Ainsi, une étude récente (Ashworth) citée par le Conseil des impôts
(
op.cit
.)
fait apparaître que, si les écarts de pression fiscale entre États ont diminué
d'environ 10 % sur la période 1979-1991 pour la
property tax
, pourtant,
les
différences de taxation marginale connaissent des dispersions très importantes
selon le
secteur d'activité et l'État concerné (tableau 1).
Au niveau des Etats fédérés, la principale imposition directe à la charge des
entreprises est la
corporate tax
(le total de la
corporate income
tax
et de
l'income
tax
représente environ 110 milliards de dollars au niveau des Etats fédérés
et 96
milliards au niveau fédéral). L'équivalent de l'impôt sur les sociétés est en
effet
partagé aux Etats-Unis entre le niveau fédéral et les Etats fédérés. D'une
manière
générale, les collectivités locales autres que les Etats fédérés bénéficient de
ressources limitées en matière d'imposition sur les revenus (
l'income
tax
et la
corporate income tax ne pouvant être levés qu'avec l'autorisation des Etats
fédérés)
et de taxes sur la consommation, l'essentiel de leurs recettes fiscales étant
issues de
la Property tax. Le produit de la property tax est d'environ 60 milliards de
dollars dont
plus du tiers est à la charge des entreprises. L'assiette est avant tout
immobilière
même si dans certains Etats, la property tax est un impôt plus large que les
taxes
foncières et s'apparente à un impôt général sur le patrimoine des particuliers
et des
entreprises
69(
*
)
.
1. Taux d'imposition effectif sur le Roi 70( * ) property tax
En %
|
Ameublement |
Chimie |
Plastiques |
Composants électroniques |
Automobile |
Matériel
|
Kentucky |
2,01 |
2,30 |
1,48 |
1,57 |
2,08 |
4,02 |
Illinois |
1,93 |
2,72 |
1,55 |
1,31 |
1,84 |
2,16 |
Indiana |
6,46 |
6,45 |
5,37 |
5,31 |
8,40 |
7,09 |
Ohio |
5,30 |
5,50 |
4,38 |
4,27 |
6,67 |
5,81 |
Tennesse |
3,76 |
4,20 |
3,36 |
3,14 |
5,08 |
4,92 |
West Virginia |
6,17 |
6,03 |
5,18 |
5,33 |
8,07 |
6,75
|
Source : Conseil des impôts.
Le tableau 2 fait lui apparaître les dispersions de taux de taxation effective de l'ensemble de l'imposition locale dans six États et, toujours, selon le secteur d'activité. On relèvera ainsi qu'un fabricant d'automobiles verra le rentabilité d'un investissement supplémentaire amputée dans une proportion de 1 à 2,5 du fait de la taxation locale, selon qu'il décide de s'installer dans l'Illinois (4,97 % de taux d'imposition effectif global) ou en Virginie de l'ouest (taux de 12,63 %). Les écarts de taux sont cependant sensiblement plus faibles que dans le cas où on ne prend en compte que la property tax (écart de 1 à 4,5 par exemple pour l'industrie automobile).
2. Taux
d'impôt effectif sur le Roi
Ensemble de la fiscalité locale (États fédérés et collectivités)
En %
|
Ameublement |
Chimie |
Plastiques |
Composants électroniques |
Automobile |
Matériel
|
Kentucky |
7,69 |
8,20 |
8,15 |
7,58 |
6,92 |
14,21 |
Illinois |
7,38 |
9,72 |
8,07 |
5,90 |
4,97 |
16,92 |
Indiana |
10,58 |
9,87 |
9,42 |
10,02 |
10,92 |
15,90 |
Ohio |
10,11 |
11,07 |
10,24 |
9,86 |
10,15 |
16,75 |
Tennesse |
8,28 |
9,77 |
8,77 |
8,66 |
8,90 |
18,26 |
West Virginia |
12,49 |
12,65 |
10,89 |
11,51 |
12,63 |
22,05
|
Source : Conseil des impôts.
· La difficulté de mesurer la sensibilité des activités industrielles à la
fiscalité
locale au niveau des États a conduit bon nombre d'économistes à déplacer leur
champ
d'investigation au niveau des agglomérations. Ainsi Fox (1981) montre que
l'accroissement
de 1% du taux de
property tax
dans l'agglomération de Cleveland a pour
effet de
réduire, dans le long terme, la base imposable au titre de cet impôt d'environ
4,5%. En
revanche, une augmentation de 1% des services publics destinés aux entreprises
augmente
cette base imposable de 2,78%.
Ces résultats semblent confirmés par des travaux plus récents comme ceux de
Wassmer
(1990) et Bartick (1991). Ce dernier est le premier, à notre connaissance, à
établir,
à partir d'un large échantillonnage de données statistiques locales sur
différentes
villes dans différents États, des corrélations robustes entre les écarts de
pression
fiscale et leur impact sur la situation des entreprises (mesurée à partir du
niveau de
l'emploi, de l'investissement et de la production).
Il a notamment mesuré l'élasticité moyenne de la réaction des entreprises aux
variations de la fiscalité locale. Celle-ci étant de 0,25, cela signifie, que
toutes
choses égales par ailleurs, une différence de 10% au niveau des impôts locaux se
traduit par un écart de 2,5% au niveau de l'activité des entreprises. Bartick,
dans une
étude complémentaire, note par ailleurs que la
property tax
peut influer
de
façon significative sur l'implantation ou la délocalisation d'activités d'un
quartier
à l'autre d'une même ville. D'après ses calculs, l'élasticité moyenne de
l'activité
au taux de prélèvement atteindrait un niveau élevé de -1,91. Enfin, Benson et
Johnson
(1989) trouvent une corrélation positive entre le niveau d'activité et le taux
d'impôt
local sur les entreprises mais l'impact d'une variation du taux d'impôt local
est nul
dans l'immédiat et ne se fait sentir que quatre ou cinq ans après.
Cet optimisme, partagé par le Conseil des impôts (1997, p. 237), ne doit pas
faire
oublier les conclusions d'autres études économétriques, en partie recensées par
Newman
et Sullivan (1988), qui, si elles sont parfois plus anciennes, suggèrent
l'absence
d'impact mesurable des variables budgétaires et fiscales locales, soit une
influence
marginale, à la limite des seuils généralement admis de significativité des
tests, et
donc difficilement interprétables. A titre d'exemple, Coffin (1982) a étudié le
développement économique de la ville d'Indianapolis avant et après l'adoption
d'exonération des bases imposables au titre de la
property tax
et il
montre que
l'effet galvanisateur de cette incitation fiscale s'estompe après deux ans.
Wolkoff
(1985), de son côté, montre qu'une réduction de 50% de la
property tax
(grâce
à une politique ambitieuse d'abattement) a un effet négligeable sur le coût du
capital
et par conséquent sur le développement économique local.
Dans ces conditions, certains économistes comme Mc Hone (1987) ou Anderson et
Wassmer
(1995) justifient l'existence de régimes fiscaux dérogatoires en terme de
dilemme du
prisonnier et d'effets de mimétisme. Anderson et Wassmer examinent plus
précisément la
politique d'incitation fiscale choisie par cent douze municipalités appartenant
à la
métropole de Detroit sur la période 1974-1982. Outre les résultats obtenus que
nous
développerons, l'intérêt majeur de leur contribution tient à la méthodologie
utilisée. Il s'agit moins, pour ces deux auteurs, de discriminer entre les
facteurs qui
concourent à la localisation des entreprises (Wassmer, 1994) que de s'attacher à
analyser les caractéristiques des municipalités qui, à partir du moment où
l'Etat
auquel elles appartiennent les autorise à utiliser ce type d'incitation, vont
être les
premières à l'adopter. Se pose alors la question de savoir si les municipalités
qui
n'ont pas adopté tout de suite ce type d'incitation vont le faire dans les
années qui
viennent. L'efficacité de ce type de programme est lié à la réponse apportée à
ces
questions.
Deux cas de figure peuvent se présenter. Soit les localités qui adoptent cette
politique
d'exonération des bases imposables à la
property tax
sont les plus
fragiles
économiquement et, dans ce cas, ce type de mesure est efficace car il répond au
souci du
législateur de réhabiliter ces zones, soit on observe un comportement
stratégique des
municipalités qui proposent ce type d'exonération pour ne pas être en reste.
Anderson
et Wassmer postulent alors que vraisemblablement les municipalités qui adoptent
ces
exonérations dans un objectif stratégique ne le font pas immédiatement après
que ce
type d'incitation soit permise et attendent de voir.
Le modèle utilisé est un modèle de durée analogue à celui utilisé en économie du
travail pour étudier la durée d'une grève ou du chômage.
71(
*
)
L'estimation d'une fonction de hasard permet en effet de discriminer entre les
deux cas de
figure présentés plus haut. Si l'on trouve que la probabilité pour une
municipalité
d'adopter cette politique d'exonération fiscale décroît avec le temps, alors on
peut
raisonnablement penser que, toutes choses étant égales par ailleurs, les
municipalités
qui sont les plus défavorisées sont celles qui adoptent les premières ce type de
mesure. En revanche, si cette probabilité croît avec le temps, on peut conclure
que les
municipalités ont un comportement stratégique et l'objectif recherché par les
autorités de l'État considéré est dévoyé.
Anderson et Wassmer commencent par définir le taux de hasard à une période
t
comme le probabilité conditionnelle qu'une municipalité accorde une EBI sachant
qu'elle
ne l'a pas fait jusqu'alors. Bien évidemment, la durée pendant laquelle elle ne
propose
pas d'EBI varie en sens inverse de cette probabilité. Ce taux de hasard à une
date
t
,
n'est pas, a priori, une fonction constante du temps. En effet, comme nous
l'avons
souligné, une municipalité adoptera, toutes choses étant égales par ailleurs,
d'autant
plus vraisemblablement l'EBI que d'autres l'on fait avant elle. Cette
probabilité sera
" régressée " sur un ensemble de variables indépendantes
selon
trois spécifications différentes. Le premier modèle utilisé est un modèle à la
Weibull qui permet de prendre en compte un taux de hasard, s, qui croît,
décroît ou est
constant dans le temps. Le second est le modèle exponentiel qui n'est
finalement qu'un
cas particulier du modèle de Weibull dans le sens où le paramètre s est égal à
un. Le
troisième, enfin est un modèle log logistique.
72(
*
)
Les variables indépendantes retenues, en l'absence d'un modèle théorique
sous-jacent,
peuvent être classées en trois ensembles :
- Un ensemble de variables qui contrôlent les caractéristiques de la localité
et de
l'électeur-médian (revenu médian de la municipalité, population, distance à la
ville-centre) ;
- Un ensemble de variables qui contrôlent les autres aides accordées par cette
municipalité mais aussi par ses concurrentes ;
- Un ensemble de variables qui contrôlent les taux d'impôts locaux, la
composition et la
répartition de la base imposable entre les activités industrielles et
commerciales d'une
part et les ménages d'autre part.
Sans entrer dans le détail des résultats, on peut toutefois énoncer deux types
de
résultats concernant l'estimation des paramètres s (probabilité d'adoption) et l
(délai médian d'adoption d'une mesure d'incitation fiscale par une localité).
Ainsi la
valeur médiane de l est comprise entre 15 et 19 ans selon la spécification
retenue. La
comparaison des modèles exponentiel et de Weibull est éclairante car les deux
auteurs
montrent que ce dernier permet de donner une estimation de s différente de 1 (s
= 0,671
avec un écart type de 0,0923) et par conséquent de rejeter le modèle
exponentiel.
La
conclusion immédiate est que les taux de hasard, non seulement ne sont pas
constants dans
le temps, mais augmentent avec le temps (s < 1).
Autrement dit, les
municipalités
ont un comportement stratégique qui consiste à imiter leurs concurrentes en
proposant
des exonérations d'impôt, même si elles n'ont pas besoin de le faire.
Les études sur données américaines semblent montrer (1) que les entreprises sont
sensibles aux différentiels locaux de fiscalité - même si les résultats obtenus
sont
fragiles -, (2) que les entreprises mettent en concurrence toutes les
municipalités en
cherchant à bénéficier des mêmes avantages financiers quelles que soient les
caractéristiques du lieu d'implantation. Par conséquent, les municipalités les
plus
riches vont avoir un
comportement mimétique
qui va les conduire à
adopter et à
offrir aux entreprises le même type d'incitation fiscale que les municipalités
les plus
pauvres.
2. La concurrence fiscale et taxe professionnelle
En France les
travaux économétriques sont quasiment inexistants, faute d'informations
suffisamment
désagrégées. Deux études se distinguent cependant par leur originalité :
celles
de Guengant (1992) et de Houdebine et Schneider (1997).
· Le premier soutient qu'il existe vraisemblablement une liaison étroite entre
le taux
de taxe professionnelle et le prix du terrain industriel, la variation du prix
du terrain
neutralisant les inégalités locales d'imposition
73(
*
)
.
Ceci permet d'expliquer pourquoi, même au niveau le plus fin il est difficile
économétriquement de trouver un impact significatif de la seule fiscalité
locale sur
l'implantation de nouvelles entreprises. Une analyse multivariée réalisée sur
les
communes d'Ille et Vilaine ayant connu de nouvelles implantations en 1988 et/ou
1989
montre que le taux administratif de taxe professionnelle n'a pas d'impact
significatif sur
les nouvelles implantations d'entreprises. En revanche, en recalculant le poids
de
l'impôt en proportion de la valeur ajoutée de l'entreprise (ou plus exactement
d'une
approximation de la valeur ajoutée), les variables budgétaires et fiscales
municipales
deviennent significatives au seuil usuel des tests. La mise en évidence d'un
phénomène
de capitalisation fiscale (capitalisation parfaite, surcapitalisation ou
sous-capitalisation) est toutefois plus difficile à établir et suppose de
recalculer le taux de taxe professionnelle en proportion du seul coût du
capital foncier
et immobilier.
· L'idée des seconds consiste à " mettre des prix sur les
distances " en cherchant à évaluer de quelle distance un
établissement qui se
crée ou se développe est prêt à déplacer ses activités pour bénéficier d'un
point
en moins de taxe professionnelle. Houdebine et Schneider montrent, entre
autres, que pour
un écart de taux de 10 points de taxe professionnelle, une entreprise sera
prête à
délocaliser ses activités futures d'au moins 6 kilomètres. Comme de tels écarts
n'ont
rien de rares, notamment autour des grandes villes, l'impact de la taxe
professionnelle
pourrait être plus significatif que prévu.
Il ne faut pas non plus oublier que la prise en charge par l'Etat d'une part de
plus en
plus importante de la taxe professionnelle peut aussi expliquer la difficulté à
faire
apparaître une relation entre le niveau de prélèvement et la localisation des
entreprises. Celles-ci transfèrent une partie de l'impôt dont elles sont
redevables vers
le contribuable national, non seulement grâce au mécanisme de la déductibilité,
mais
aussi par le jeu du plafonnement au titre de la valeur ajoutée.
Les études statistiques sur la localisation des entreprises peuvent être
utilement
complétées par l'observation de l'évolution de la dispersion des taux de taxe
professionnelle entre collectivités locales. L'idée étant que la concurrence
horizontale entre collectivités locales pour attirer de nouvelles activités
devrait se
caractériser par un resserrement des taux de prélèvement dans le temps de façon
analogue à ce qui se passerait sur le marché des produits et des facteurs.
Le Conseil des impôts s'est penché de façon incidente sur la question et montre
que,
malgré une extrême dispersion des taux de départs qui ont été initialement
fixés aux
différents niveaux de collectivités par référence aux anciens produits de la
patente,
la convergence des taux de taxe professionnelle semble opérer au seul échelon
communal.
Autrement dit, la concurrence en matière de taux ne jouerait qu'entre communes.
Cette conclusion s'appuie sur la comparaison de la moyenne et de l'écart-type
des taux
communaux sur la période 1988-1995 avec ceux des départements et des régions.
Ainsi le
tableau 3 montre que les taux communaux ont en moyenne diminué de plus de 3%
sur la
période 1988-1995 et que l'éventail des taux a eu tendance à se réduire dans
les trois
catégories de communes, mais que ce resserrement est de loin le plus important
dans les
communes les plus petites.
3. Moyenne et écart-type des taux communaux par tailles de communes
|
Moyenne
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Ecart-type
|
< 5 000 habitants
|
11,47
|
10,49
|
6,31
|
5,42
|
Ensemble |
11,65 |
11,22 |
6,52 |
5,72
|
Source : Conseil des impôts ; les calculs réalisés par le Conseil sont fondés sur une moyenne arithmétique (rapport entre les taux votés par les communes de la même strate démographique par le nombre de commune de cette strate), les collectivités ayant des bases faibles pesant autant que celles ayant des bases importantes.
L'évolution des taux départementaux se distingue de celle des taux communaux par une accentuation de la dispersion entre 1988 et 1995, et par une plus forte augmentation relative. Ainsi, le tableau 4 fait apparaître que les taux départementaux ont augmenté en moyenne sur la période de 0,92 points, soit près de 15%. Autrement dit, la pression de la concurrence fiscale semble s'exercer moins fortement au niveau départemental qu'au niveau communal. Comme le souligne le Conseil des impôts, ce phénomène semble prolonger ce qui avait déjà été observé au niveau des communes, " à savoir que les pressions qui s'exercent dans le sens d'une baisse et d'un resserrement de l'éventail des taux diminuent lorsque la taille des collectivités locales augmente ". L'analyse de l'évolution des taux régionaux est, en revanche, plus difficile à interpréter tout simplement parce que, s'ils ont crû de plus de 80% entre 1988 et 1995, c'est aussi en partie du fait des transferts de compétences et de la liberté des taux, instituée à partir de 1990. On remarquera toutefois la moindre dispersion relative des taux régionaux par rapport aux taux départementaux.
4. Moyenne et écart-type des taux départementaux et régionaux
|
Moyenne
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Ecart-type
|
Taux
départementaux
|
6,19
|
7,10
|
1,65
|
1,91
|
Source : Conseil des impôts, à partir de données fournies par la direction générale des impôts.
Ces conclusions
semblent conformes à l'idée selon laquelle les décisions d'investissement des
entreprises relèvent d'un processus de choix hiérarchisé (Gilbert et Guengant,
1991).
La décision d'investir étant prise, l'entreprise effectuerait un premier
arbitrage entre
les régions ou les départements, voire à l'intérieur d'une même agglomération,
en
fonction des facteurs traditionnels de localisation comme la proximité de
ressources
naturelles, l'existence d'un bassin d'emploi important, le coût de la
main-d'oeuvre ou
son niveau de qualification, ou encore les coûts de transport (Bridges, 1965 ;
Mulkey et
Dillman, 1976 ; Cornia
et al
., 1978).
Par exemple, si du fait de la mobilité des salariés à l'échelle d'une région ou
même
d'une agglomération, le niveau des salaires sont relativement homogènes, le
critère des
coûts salariaux devrait permettre d'arbitrer entre deux régions (ou deux
agglomérations) mais pas entre deux sites d'une même région (ou d'une même
agglomération). Ce n'est que dans un deuxième temps qu'interviendraient des
facteurs de
micro-localisation comme le coût et la disponibilité du sol, le zonage
administratif ou
encore la pression fiscale locale.
Ce choix hiérarchisé semble corroboré par les enquêtes auprès des chefs
d'entreprises
et l'exploitation des demandes d'informations fiscales locales. Ainsi, une étude
réalisée par la Datar en 1992 montre-t-elle que si le niveau de la taxe
professionnelle
semble important ou primordial pour les trois quarts des chefs d'entreprises
interrogés,
elle ne figure plus qu'à la sixième place quand il s'agit de classer les
critères de
localisation ou de délocalisation après par exemple les conditions de desserte
du site
ou l'importance du marché desservi.
Dans un tel modèle de décision des entreprises, les communes qui ont des taux
relativement élevés devraient se voir contraintes de limiter la pression
fiscale sur les
entreprises de sorte qu'à la longue pourrait apparaître une convergence des
taux, au
moins à l'intérieur des agglomérations ou des cantons en zones rurales. En
revanche, ce
resserrement des taux ne devrait pas opérer au niveau des départements ou des
régions
car les taux de prélèvement ne constituent vraisemblablement pas un facteur
important
dans la décision d'implantation des entreprises.
Malheureusement la convergence des taux de taxe professionnelle à l'intérieur
des
agglomérations (ou des cantons) ne semble pas vérifiée, du moins lorsqu'on
observe la
dispersion des taux de TP entre des communes qui ont créé par la suite une
communauté
de communes ou qui appartiennent à une communauté urbaine. Or c'est précisément
entre
ces communes que devrait s'exercer le plus fortement la concurrence fiscale.
Le tableau ci-après faire ressortir, à titre d'illustration, la dispersion des
taux de
taxe professionnelle au sein des communes membres d'une communauté urbaine
entre 1990 et
1994.
5. Évolution de la dispersion des taux de taxe professionnelle entre communes de plus de 10 000 habitants appartenant à une communauté urbaine
Communautés urbaines |
Taux moyen de
|
Ecart-type
|
Taux moyen
|
Ecart-type
|
Bordeaux |
12,18 |
1,5 |
13,22 |
1,7 |
Brest |
8,75 |
2,87 |
8,77 |
2,87 |
Cherbourg |
9,56 |
2,16 |
9,36 |
2,19 |
Dunkerque |
14,51 |
1,15 |
16,23 |
1,67 |
Le Creusot |
8,56 |
1,65 |
9,31 |
2,4 |
Lille |
13,65 |
3,16 |
14,01 |
2,08 |
Lyon |
11,08 |
2,49 |
11,1 |
2,36 |
Strasbourg |
6,85 |
1,3 |
7,79 |
1,6
|
Source : Conseil des impôts, calculs des auteurs.
On observe qu'à
l'exception de la communauté urbaine de Lille (pour laquelle le nombre de
communes de
plus de 10 000 habitants est élevé), la dispersion des taux communaux de taxe
professionnelle ne s'est pas réduite sur la période. Un calcul complémentaire
d'écart-type réalisé entre 1990 et 1995 pour les communes de plus de 10 000
habitants du district du Grand-Toulouse, de la communauté de communes de
Strasbourg et du
district de l'agglomération nantaise confirme ce constat
74(
*
)
.
L'étude de la dispersion des taux de taxe professionnelle ne permet donc pas de
conclure
dans le sens d'une concurrence fiscale accrue entre communes.
Si les disparités de taux de taxe professionnelle se sont resserrées à l'échelon
communal - ce qui n'est pas le cas au niveau des départements et des régions -,
il reste
que dans les agglomérations - où on la concurrence fiscale devrait se faire le
plus
sentir -, les disparités de taux de taxe professionnelle sont importantes et ne
se sont
pas réduites.
Notons enfin que les effets distorsifs de la taxe professionnelle sur la
localisation des
entreprises doivent être tempérés par un certain nombre d'éléments qui
concourent à
limiter non seulement le poids effectif supporté par ces dernières au titre de
cet
impôt mais aussi l'impact de la taxe professionnelle sur leurs décisions de
localisation.
Il s'agit avant tout de la prise en charge par l'État d'une partie de plus en
plus
importante de la taxe professionnelle. Ainsi, le produit fiscal de la taxe
professionnelle
s'élevait en 1995 à 120 milliards de francs mais le montant réellement supporté
par
les contribuables s'établissait à 66,5 milliards de francs, la différence étant
supportée par l'État, soit 53,5 milliards de francs. L'État intervient
directement par
le biais du dégrèvement lié au plafonnement en fonction de la valeur ajoutée qui
conduit ce dernier à prendre en charge 50% de toute augmentation d'un point de
taxe
professionnelle et indirectement à travers la perte d'impôt sur les sociétés et
d'impôt sur le revenu du fait de la déductibilité de la taxe professionnelle.
Au total, comme le souligne la rapport du Conseil des impôts, près du tiers des
recettes
des collectivités locales au titre de la taxe professionnelle sont directement
ou
indirectement supportées par l'État. Cet engagement de l'État permet en quelque
sorte
de translater une partie de la charge fiscale supportée par le contribuable
local vers le
contribuable national.
Cela revient en définitive à internaliser une partie
des
externalités fiscales et donc à relativiser la pression à la baisse exercée par
la
concurrence entre collectivités locales sur les taux de prélèvement
effectifs
75(
*
)
.
B. CHARGE FISCALE LOCALE : QUELQUES ÉLÉMENTS DE COMPARAISON AVEC L'ALLEMAGNE, LE ROYAUME-UNI, L'IRLANDE ET LE DANEMARK
La charge
fiscale que représente l'imposition locale sur les entreprises peut faire
l'objet d'une
comparaison en construisant très simplement un indicateur mesurant le coin
fiscal local.
C'est la démarche retenue par Denny et Smith (1993) qui simulent la charge
fiscale
supportée par une même entreprise dans différents pays. Cette entreprise est
supposée
avoir une masse salariale de 60 et un chiffre d'affaire de 100. La valeur des
immobilisations foncières bâties et non bâties est égale à 50 et celle des
autres
imobilisations corporelles (mobilier, matériel, outillage) est égale à 100. On
suppose
enfin que le coût du capital représente environ 16 % du stock de capital de
cette
entreprise. Le calcul de la charge fiscale locale tient compte dans l'ensemble
des
simulations de l'éventuelle déductibilité de l'imposition locale de l'assiette
de
l'impôt national sur les entreprises.
· En ce qui concerne la France, les simulations faites par les deux auteurs
reposent sur
l'hypothèse que l'impôt sur les sociétés (IS) est égal à 35 %. L'assiette de la
taxe
professionnelle est égale à 18 % de la masse salariale et à 16 % de la valeur
locative
des immobilisations corporelles et on suppose que cette valeur locative est
elle-même
égale à 16 % du stock de capital. Le résultat après impôt rapporté au stock de
capital est utilisé comme une mesure de rentabilité, toute variation de ce taux
étant
due à la seule taxe professionnelle.
En Allemagne, l'imposition locale des entreprises est encore plus complexe
qu'en France.
La taxe professionnelle allemande (
Gewerbesteur
), encore
appelée
impôt commercial, est partagé entre les Länder et les communes, avec une part
prédominantes pour ces dernières (la quote-part de taxe professionnelle
représente 35 %
des recettes fiscales communales en 1995). Le
Gewerbesteur
est en fait
constitué
de deux impôts distincts : d'une part le
Gewerbekapitalsteur
,
assise sur le
capital d'exploitation des entreprises, d'autre part le
Gewerbeertragsteeur
, assise
sur le bénéfice. Depuis 1979, la masse salariale a été exclue de l'assiette de
cet
impôt. Outre l'impôt commercial, les entreprises allemandes (comme d'ailleurs
les
particuliers) sont généralement redevables des impôts fonciers dont le plus
important
est le
Grundsteur
B qui frappent le bâti et le non bâti.
En Grande Bretagne, l'impôt local sur les entreprises est
l'Uniform Business
Rate
.
C'est un impôt foncier assis sur la valeur locative nette annuelle des biens
fonciers
bâtis ou non bâtis à usage industriel et commercial et des équipements
considérés
comme partie intégrante d'un bâtiment et inscrits sur une liste nationale. Son
taux est
voté par la chambre des communes et son produit est redistribué aux
collectivités
territoriales en fonction de leur population adulte. C'est en 1990 que les
britanniques
sont passés d'une imposition locale à une imposition nationale. Avant cette
réforme, la
situation était semblable à celle que l'on observe en Allemagne avec des
disparités de
taux de 1 à 5 (contre 1 à 30 en France). Depuis cette réforme, les taux
effectifs sont
les mêmes sur tout le territoire, du moins si l'on fait l'hypothèse que les
valeurs
locatives sont révisées régulièrement.
· Le tableau 6 fait clairement apparaître, en France, une importante dispersion
des taux
de rentabilité après impôt entre les communes. Cette dispersion est beaucoup
plus
importante que dans les quatre autres pays étudiés. A l'inverse, cette
disparité de
taux est très réduite au Danemark et, depuis la mise en place de
l'Uniform
Business
tax
, il n'existe théoriquement plus de différences de taux en Grande
Bretagne.
Cependant, ce n'est pas tant la charge que représente la fiscalité locale qui
pourrait
constituer un frein à l'implantation d'entreprises en France que le manque de
lisibilité
qui provient de l'émiettement de la carte administrative.
6. Taux de rentabilité après impôt dans 5 pays de l'Union européenne
Pays |
Echantillon |
Moyenne |
Ecart-type |
Moyenne/écart-type |
France
|
851
|
0,047
|
0,005
|
0,1094
|
Source : Denny et Smith (1993).
C. CONCURRENCE FISCALE ET RÉGIONS FRONTALIÈRES
On peut penser
que si les collectivités locales françaises sont effectivement engagées dans un
processus de concurrence fiscale avec les régions étrangères, on devrait au
moins
observer une concurrence plus forte entre collectivités locales à l'intérieur
des
régions frontalières. Toutes choses égales par ailleurs, cela devrait se
traduire par
un rapprochement des taux de rendement après impôt des communes appartenant à
ces
régions.
Pour tester cette hypothèse, Denny et Smith ont réparti les 22 régions
françaises en
trois grandes catégories : (1) les régions frontalières, (2), les régions
adjacentes à une région frontalière, (3), les régions
" intérieures " sans proximité avec un pays étranger.
Une analyse de la variance permet de montrer que le taux de rendement après
impôt n'est
pas indépendant du type de région à laquelle appartiennent les communes.
Toutefois si
l'on considère le cas de la taxe professionnelle, on doit bien constater que le
coefficient de variation est le plus élevés dans les communes appartenant à une
région
frontalière alors que l'on pourrait s'attendre raisonnablement à un résultat
inverse.
En outre, les taux moyens de taxe professionnelle sont plus élevés dans les
communes
appartenant à une zone frontalière que dans les autres.
7. Taux de rendement moyen communal après paiement de la taxe professionnelle
Commune |
Taille de l'échantillon |
Moyenne |
Ecart-type |
Coefficient de variation |
(1) Appartenant à une région frontalière |
392 |
17,2 |
4,6 |
0,27 |
Appartenant à une région " adjacente " |
345 |
14,8 |
4,3 |
0,29 |
(2) Appartenant à une région intérieure |
114 |
14,8 |
3,1 |
0,21
|
Source : Denny et Smith (1993).
D. CONCLUSION
1. Vers davantage de coopération fiscale ?
A la différence
des autres pays de l'Union européenne, la France a mis en place un système très
complet
d'intercommunalité. Cette spécificité trouve son origine à la fois dans
l'émiettement
communal, la décentralisation la récession économique et le refus constant des
municipalités de s'engager dans une politique de fusion ou de réforme
territoriale.
L'Etat, de son côté, voit dans le développement de la coopération une série
d'étapes
vers la fusion communale jugée, certes, actuellement difficile à mettre en
place pour
des raisons politiques et sociologiques, mais souhaitable d'un point de vue
économique.
Si l'intercommunalité technique gère essentiellement les besoins collectifs des
populations et les activités économiques déjà présentes sur le territoire
municipal,
les enjeux de la coopération stratégique - en matière de développement
économique -
concernent l'avenir des communes. La multiplication des groupements locaux de
partage
volontaire de la taxe professionnelle depuis cinq ans, dans une perspective
stratégique,
relève à ce titre d'une logique dominante d'efficacité économique face au
risque de
surenchères coûteuses pour les budgets municipaux. En effet, c'est surtout la
répartition géographique de la taxe professionnelle qui est critiquée, car
cette taxe
va aux communes qui sont des unités administratives moins étendues que les
bassins
d'emploi, ce qui favorise la concurrence fiscale en période de sous-emploi.
Sans aller jusqu'à préconiser une taxe professionnelle unique qui s'inscrirait
dans les
limites d'un bassin d'emploi - car dans la pratique ceux-ci ne sont pas figés
et reposent
essentiellement sur une définition statistique peu susceptible de rencontrer
l'adhésion
des élus locaux -, la loi du 6 février 1992 introduit un certain nombre de
dispositions
fiscales et financières susceptibles de conduire non seulement à une plus grande
intégration des structures déjà existantes mais aussi de promouvoir de façon
concertée le développement économique local en réduisant la compétition entre
communes face aux nouvelles implantations d'entreprises.
La promotion des regroupements de communes à fiscalité intégrée reste à notre
avis la
seule issue possible sauf à remettre en question l'esprit des lois de
décentralisation.
En effet, on voit mal comment les élus locaux pourraient accepter la
proposition du
Conseil des impôts d'instituer un taux unique de taxe professionnelle au niveau
national.
Cette réforme reviendrait à transférer au niveau national près de la moitié des
recettes fiscales des collectivités locales, même si, comme le souligne le
Conseil des
impôts, " l'argument de la liberté de vote des taux par les
collectivités
locales apparaît fallacieux, dès lors qu'en réalité, c'est l'Etat qui en subit
majoritairement les conséquences, redistribuant ainsi plus de 50 milliards de
francs
selon des mécanismes totalement opaques qui entretiennent, au lieu de les
réduire, les
inégalités de richesse antre collectivités locales ".
2. Concurrence fiscale et politique d'exonérations fiscales : quelques enseignements de la théorie économique
La littérature
théorique sur l'effet des différentiels de fiscalité sur la localisation des
entreprises repose pour l'essentiel sur l'idée selon laquelle les politiques
fiscales
locales ont une influence significative sur les choix de localisation des
entreprises. Or,
comme nous venons de le voir, il est difficile empiriquement de vérifier cette
hypothèse. On peut alors avancer l'alternative suivante : la mise en
concurrence des
Etats par de nouvelles entreprises signifierait tout simplement que les
entreprises sont
parfaitement informées de la surenchère entre Etats. Par conséquent, les
exonérations
fiscales et subventions en tout genre peuvent tout simplement constituer une
aubaine pour
les entreprises et se révéler coûteuse pour les finances publiques.
Ce constat nécessite de revenir sur la nature du capital industriel. Ainsi, la
littérature économique considère généralement que ce dernier est parfaitement
divisible, susceptible de se déplacer sans coût d'un pays à l'autre et de
s'ajuster
passivement aux choix fiscaux des gouvernements nationaux (voir modèle standard
du
chapitre 1). Or, dans la réalité, les investisseurs privés et les Etats
entretiennent
des relations stratégiques et les entreprises ont un pouvoir de négociation qui
leur
permet de peser sur les décisions fiscales des gouvernements.
La littérature économique modélise alors la compétition entre Etats comme un
jeu
d'enchère
entre un investisseur privé - le plus souvent une multinationale
- et
plusieurs pays (Doyle et Van Wijnbergen, 1984 ; Bond et Samuelson,
1986 ; King,
McAfee et Welling, 1990). Les pays ne présentent pas tous le même attrait pour
les
investisseurs privés. Certains ont des atouts - en fonction de la qualité de
leur main
d'oeuvre, de l'importance du marché desservi, de la qualité de leurs
infrastructures
etc. - qui leur confèrent un avantage concurrentiel par rapport aux autres (on
dira par
la suite que ces pays offrent une forte productivité aux entreprises). Les
investissements privés doivent, en outre, faire face à des coûts de mobilité,
le plus
souvent irrécupérables, de sorte que l'arbitrage fiscal n'est profitable que si
le gain
qu'il permet excède le coût de mobilité.
Dans ce type de modèle, on s'intéresse plus précisément à deux pays A et B qui
cherchent à attirer un investissement privé à chacune des deux périodes que
comporte
le modèle. Au début du jeu, les gouvernements, pas plus que l'investisseur
privé, n'ont
d'informations sur le profit que celui-ci peut réaliser quand il s'est installé
chez eux
76(
*
)
. Les gouvernements vont participer
à une séquence d'enchères
anglaises, chacun proposant,
ex ante
, des exonérations fiscales
temporaires ou une
subvention à l'investisseur privé pour l'inciter à s'installer chez
lui.
77(
*
)
Une fois que l'investisseur privé à
choisi son pays d'accueil,
l'ensemble des joueurs connaît alors les perspectives de profits dans ce pays.
En
revanche, aucune information nouvelle n'est disponible sur la productivité du
pays qui a
perdu l'enchère à la première période. Au début de la seconde période, les deux
gouvernements participent à une nouvelle enchère. Si l'investisseur privé
décide de
changer de localisation, il doit supporter un nouveau coût irrécupérable et la
productivité de l'autre pays est révélée.
Ce type de modèles permet d'apporter une justification théorique aux politiques
d'exonérations fiscales temporaires et de subventions accordées aux entreprises
par les
Etats comme par les collectivités locales. Deux types d'explications émergent.
Le
premier type d'explication fait une large place aux coûts irrécupérables
supportés par
les investisseurs privés lorsqu'ils s'installent quelque part ; coûts que
vont
exploiter les Etats en accroissant la pression fiscale sur les entreprises dans
le futur.
Le deuxième type d'explications insiste plutôt sur le rôle de signal que
constituent
les aides aux entreprises quand l'attrait d'une région reste fortement
aléatoire.
· Plus précisément, l'existence de coûts irrécupérables, qui rend coûteux toute
décision de délocalisation, a permis à la théorie économique d'expliquer
pourquoi les
gouvernements accordent aux entreprises des exonérations fiscales temporaires,
voir des
subventions, qui se concentrent toujours sur les premières années
d'installation plutôt
que d'accorder ces aides de façon échelonnée dans le temps (Doyle et Van
Wijnbergen,
1984)
78(
*
)
.
L'existence de coûts irrécupérables se traduit pour l'investisseur privé, quand
il a
décidé de s'implanter dans un pays, par la perte de tout ou partie de son
pouvoir de
négociation. Le profit espéré d'un changement de localisation est en effet
d'autant
plus faible que les coûts irrécupérables sont élevés. Par conséquent, les
gouvernements peuvent adopter un comportement de chercheur de rente, notamment
en
accroissant la pression fiscale sur les entreprises devenues partiellement
immobiles.
Les politiques d'exonérations fiscales temporaires et de subventions résultent
donc
généralement du manque de crédibilité des gouvernements, ceux-ci n'ayant pas les
moyens de s'engager
a
priori
à ne pas augmenter la pression
fiscale sur les
entreprises une fois que celles-ci se sont installées sur leur territoire. Les
investisseurs privés, s'ils sont en mesure d'anticiper un tel comportement,
vont faire
monter les enchères entre pays car ils savent que lorsqu'ils seront installées,
les
gouvernements seront en mesure de les taxer davantage. Autrement dit, les
investisseurs
privés cherchent à récupérer sous forme d'exonérations et d'aides financières
l'accroissement futur de la pression fiscale. Mais si les gouvernements ne
connaissent pas
exactement la propension des entreprises à se délocaliser, les choses se
compliquent.
Une augmentation de la pression fiscale identique pour les entreprises
installées peut
entraîner le départ des entreprises qui ont les coûts de mobilité les plus
faibles, ce
qui conduit à une destruction de la rente nationale.
Si les Etats profitent de ce que les investissements directs sont partiellement
mobiles
pour augmenter la pression fiscale sur les entreprises et que ces dernières
anticipent
correctement le comportement des pouvoirs publics, on montre généralement que
les
exonérations et subventions accordées pendant les premières années
d'installation sont
égales à la valeur actuelle des impôts futurs. Dans ce cas, les exonérations
fiscales
temporaires sont sans effet sur le choix de localisation des entreprises et les
effets
d'aubaine peuvent être massifs.
79(
*
)
· La littérature économique fournit un deuxième type d'explication possible aux
exonérations et autres subventions. On considère alors que les investisseurs
privés ne
peuvent observer qu'imparfaitement les caractéristiques du pays où ils
souhaitent
s'installer (Bond et Samuelson, 1986). Chaque pays est caractérisé par un
niveau de
productivité qui peut être faible ou élevé
80(
*
)
.Le
niveau de productivité constitue une information privée pour chaque pays et il
n'est
révélé à l'entreprise que lorsque celle-ci décide de s'implanter dans ce pays.
Le
niveau de productivité de chaque pays, conjointement à la pression fiscale sur
les
entreprises, constitue alors le déterminant majeur de localisation des firmes.
Dans ces
conditions, Bond et Samuelson (1986) montrent que les schémas de taxe proposés
par les
gouvernements locaux jouent le rôle de signaux permettant à la firme de repérer
les
régions à productivité élevée et celles caractérisées par une productivité
faible.
Quand plusieurs pays sont en compétition pour attirer un investisseur privé et
que
celui-ci n'est pas en mesure de discriminer entre les pays à forte productivité
et les
pays à faible productivité, les premiers peuvent utiliser les exonérations
d'impôt
comme un signal de " qualité " adressé à l'investisseur.
Ils vont
donc se distinguer des autres en proposant des exonérations fiscales plus
importantes car
ils ont la possibilité, en deuxième période, de capturer une rente plus
importante.
Les modèles d'enchère permettent enfin de montrer que l'issue de la négociation
entre
l'investisseur privé et les pays en compétition pour l'accueillir dépend non
seulement
de l'importance des coûts irrécupérables auxquels est confronté l'investissur
privé
mais aussi des différences de productivité entre pays (King, McAfee et Welling,
1990).
Plus précisément, on rappelle que dans ce type de modèles les exonérations
fiscales
que peuvent offrir un Etat sont d'autant plus importantes que sa productivité
est
élevée et donc que les perspectives de profits des entreprises sont favorables.
Ainsi, quand deux pays ont des atouts très différents, les considérations
fiscales sont
beaucoup moins importantes et le pays qui bénéficie des facteurs de
localisation les
plus attractifs attire l'investisseur sans avoir besoin de s'engager dans une
surenchère
coûteuse en termes de ressources propres. Dans ces conditions, le montant
d'exonérations
que propose le pays le moins attractif à l'investisseur constitue un seuil en
dessous
duquel le pays le plus attractif ne peut pas descendre.
Plus deux pays sont proches du point de vue des facteurs de localisation
traditionnels et
plus l'investisseur privé est en position de force dans les négociation
financières
qu'il engage avec les gouvernements. En les mettant systématiquement en
concurrence,
l'investisseur peut ainsi obtenir des conditions financières très
avantageuses ; ce
qui peut se traduire par des pertes budgétaires pour les Etats concernés.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le
mercredi 2 juin 1999 sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la
commission a procédé à l'audition de M. Jacques Le Cacheux, directeur de
l'Observatoire
français des conjonctures économiques (OFCE), sur la concurrence fiscale en
Europe,
accompagné de Mme Réjane Hugonenq et de M. Thierry Madies.
M. Jacques Le Cacheux a estimé que l'étude commandée par la commission des
finances
s'inscrivait dans une actualité brûlante, celle du passage à la monnaie unique,
accélératrice de la concurrence en Europe et de la mobilité des agents
économiques. Il
a ajouté que le contexte européen était en outre favorable à la recrudescence
de la
concurrence fiscale, le chômage incitant les gouvernements à attirer des
activités, les
contraintes pesant sur les finances publiques agissant dans le même sens.
Puis il a observé que la concurrence fiscale supposait qu'elle puisse exercer
des effets
induits sur les pays voisins, effets eux-mêmes dépendants de l'ouverture
économique des
Etats et de la mobilité des capitaux, soulignant que de tels effets étaient
susceptibles
de nuire à l'efficacité économique en Europe.
Il a alors énoncé les principales conclusions tirées de l'examen des différents
types
de prélèvements abordés dans l'étude.
En ce qui concerne la fiscalité des placements financiers des ménages, il a
rappelé
qu'il s'agissait d'un dossier déjà ancien, une précédente proposition de
directive de
la commission européenne visant à instaurer une retenue à la source non
libératoire de
10 % n'ayant pas abouti. Il a estimé que cet échec avait conduit jusqu'au
milieu des
années 90 à un désarmement de la fiscalité sur l'épargne, compensé par un
relèvement des impôts sur le travail, phénomène interrompu depuis 1995.
Il a toutefois jugé que, dans le domaine de l'épargne, la concurrence fiscale
restait
potentiellement vive, justifiant ainsi la récente proposition de directive de la
commission européenne dont il a estimé les chances d'adoption assez faibles
compte tenu
de l'opposition du Luxembourg et du Royaume-Uni et de la règle de l'unanimité
applicable
aux décisions communautaires en matière fiscale.
S'agissant de l'impôt sur les sociétés, il a indiqué que l'ambition de l'étude
était
d'appréhender les écarts effectifs de prélèvements, ce qui supposait de prendre
en
compte non seulement les différences de taux, mais aussi les différences de
calcul des
assiettes imposables. Il a ajouté que l'examen devait porter surtout sur les
grandes
entreprises, seules vraiment en mesure de se délocaliser. Il a alors observé
que les
régimes d'impôt sur les sociétés en Europe étaient caractérisés par des
différences telles qu'il existait des incitations à la délocalisation assez
fortes,
ajoutant toutefois qu'en pratique il n'était pas possible d'en démontrer
l'effectivité
globale. Il a tout aussitôt tempéré cette observation en indiquant d'abord que
pour
certaines activités ou certains secteurs des phénomènes de délocalisation
fiscale
pouvaient être relevés, et ensuite que les différences des régimes fiscaux en
Europe
donnaient lieu à des stratégies d'optimisation fiscale dans les groupes
d'entreprises
internationalisés.
S'agissant de la fiscalité sur le revenu des personnes, M. Jacques Le Cacheux a
présenté les deux questions examinées par le rapport : celle de savoir si des
écarts
de fiscalité pouvaient inciter à une mobilité géographique des personnes et
celle de
savoir si ces écarts pouvaient influencer les niveaux de coût du travail dans
les
différents états européens.
Il a jugé qu'une réponse négative pouvait être apportée à chacune de ces
questions,
remarquant toutefois que certains pays pouvaient être plus attractifs pour
certaines
catégories de population mobiles.
S'agissant de la fiscalité indirecte, il a d'abord considéré que le régime
actuel de
TVA, susceptible de poser des problèmes au regard de la fraude -récemment
estimée par
la commission européenne à 70 milliards d'euros- ne recelait pas globalement de
grands
risques de détournement de trafic. Mais il a souligné que l'hétérogénéité des
régimes d'accises était susceptible, quant à elle, de provoquer des distorsions
de
concurrence en accroissant les coûts de production supportés par les entreprises
localisées dans les pays à fiscalité relativement lourde.
M. Philippe Marini, rapporteur général, a introduit son propos par deux
observations.
Il a indiqué en premier lieu que la démarche suivie par l'étude, partant des
différents types de prélèvement, ne permettait pas de rendre pleinement compte
de la
pression fiscale subie par chaque contribuable, pression résultant d'un
empilement de
prélèvements.
Il a ensuite remarqué que la politique fiscale pouvant être considérée comme
l'expression de la souveraineté fiscale des Etats, la vitesse d'harmonisation
européenne
en était nécessairement affectée, le gradualisme prôné par le commissaire
européen
en charge des affaires fiscales pouvant alors apparaître comme la meilleure
solution. Il
a poursuivi son propos en se demandant cependant si la logique "
souverainiste "
n'était pas de nature à provoquer un alignement des taux vers les régimes
fiscaux les
plus attrayants et, ainsi, susceptible d'aboutir en fait à une perte pour
chaque Etat de
toute vraie souveraineté.
Puis, M. Philippe Marini, rapporteur général, a évoqué quelques unes des
interrogations suscitées par le rapport et relatives :
- la première, à la recommandation visant à introduire davantage de péréquation
fiscale entre collectivités locales, et comme telle, susceptible de ne pas
respecter
l'autonomie de ces collectivités ;
- la deuxième, à l'effectivité des modes d'ajustement des salaires nets face à
une
hausse des cotisations sociales décrits par l'étude, lorsque les rémunérations
des
cadres sont concernées ;
- la dernière sur les justifications avancées par l'étude pour ne pas tenir
compte des
contributions aux régimes complémentaires de retraite pour apprécier les niveaux
respectifs de cotisations sociales.
En réponse, M. Jacques le Cacheux a concédé que le défaut de prise en compte de
la
fiscalité locale constituait une limite de l'étude imposée par la très grande
variabilité de ce type de prélèvements. Ayant partagé le sentiment du rapporteur
général sur les contradictions du processus d'harmonisation en Europe, il est
convenu
que l'autonomie fiscale pouvait s'opposer aux recommandations du rapport, mais
a toutefois
rappelé la proposition du conseil national des impôts d'instaurer une taxe
professionnelle unique et le système centralisé existant en la matière au
Royaume-Uni.
Il a alors reconnu que des études portant sur des situations particulières et
non sur
des moyennes seraient d'un grand intérêt pour mieux comprendre les enchaînements
économiques et fiscaux.
Il a concédé, en conclusion, que le choix d'exclure du champ des prélèvements
les
contributions aux régimes complémentaires de retraite pouvait être contesté
lorsque
l'équivalence actuarielle entre ces contributions et les prestations servies ne
pouvait
être établie.
M. René Trégouet ayant déploré le poids de l'imposition du patrimoine en
France, qui
représente 5 % des prélèvements obligatoires, contre 2,9 % en Allemagne, s'est
inquiété de ses conséquences sur les sorties de capitaux nécessaires au
développement
des nouvelles technologies.
M. François Trucy a alors abondé dans le sens de ces propos.
M. René Ballayer a interrogé l'intervenant sur l'existence de données
statistiques
rendant compte des phénomènes de délocalisation en Europe.
Mme Maryse Bergé-Lavigne ayant rappelé que la localisation du siège social d'une
éventuelle future société Airbus avait constitué un point d'achoppement dans le
processus supposé l'instaurer et la décision prise semble-t-il de situer ce
siège aux
Pays-Bas, s'est inquiétée du poids des considérations fiscales sur les choix
d'implantation des grands groupes.
En réponse, M. Jacques Le Cacheux a confirmé l'augmentation récente de
l'imposition du
patrimoine et considéré qu'en la matière l'idéal serait de pouvoir discriminer
les
régimes fiscaux selon l'utilité économique des patrimoines. Il a toutefois jugé
illusoire de vouloir influencer les choix des " riches " en leur
offrant des
régimes fiscaux sur mesure.
Il a alors indiqué qu'il n'existait pas d'études empiriques sur les
délocalisations en
Europe ni encore moins sur l'effet de la fiscalité sur de tels phénomènes.
Mais il a observé que les flux d'investissements directs étrangers paraissaient
peu
sensibles aux écarts de fiscalité entre Etats au sein de l'Union européenne.
Evoquant le statut européen des sociétés, il a estimé que la diversité des
statuts
constituait une vraie difficulté, les choix de localisation des sièges sociaux,
toujours
cruciaux, étant affectés par l'existence de régimes très favorables dans
certains pays
comme l'Irlande ou les Pays-Bas.
1
On ne doit pas en déduire que la fiscalité de l'époque doit être agrravée, mais
bien
plutôt que la fiscalité des rémunérations doit décroître...
Cf. rapport de votre Commission sur le projet de résolution relatif à la
directive
européenne sur la fiscalité de l'épargne.
2
Rapport n° 383 - 1998-1999. Commission des finances. M.
Philippe Marini
- 26 mai 1999.
3
On peut considérer qu'un investissement n'est rentable que s'il
rapporte
après paiement de l'IS, au moins le taux de rendement que l'investisseur aurait
pu
obtenir en plaçant sur les marchés financiers. Si l'on fixe ce taux
arbitrairement à
5%, on peut calculer le taux de rendement avant impôt qu'un projet devra
rapporter dans
chaque Etat membre pour, après impôt, assurer 5% à l'investisseur. Plus le
rendement
avant impôt est élevé, plus la charge fiscale pesant sur les entreprises est
forte.
Pour la méthodologie, voir King et Fullerton (1984), Alworth (1988) et Devereux
et
Pearson (1991-1994).
4
Il existe deux grands principes d'imposition internationale du
bénéfice des
entreprises :
le principe de la source
(ou de territorialité) et
le
principe de la résidence
(ou bénéfice mondial). Le premier suppose qu'un
pays impose
tous les revenus engendrés sur son territoire, qu'ils aient été réalisés par des
résidents ou des non-résidents. Pour le second, le pays doit imposer tous les
revenus
perçus par les résidents nationaux, qu'ils aient été réalisés sur le territoire
national ou à l'étranger. L'application stricte de l'un ou l'autre de ces
principes
évite les problèmes de double imposition. Le principe de la résidence est
neutre vis à
vis de l'exportation des capitaux mais dans la mesure où par définition il
aboutit au
traitement fiscal différentié des résidents et des non résidents, ne respecte
pas la
neutralité vis à vis de l'importation de capital et inversement pour le
principe de la
source.
5
Voir :
Petites affiches, la Fiscalité
, n°153, 23
décembre
1998.
6
Cela revient à considérer que la politique fiscale des
gouvernements
européens est sans effet sur l'épargne des ménages. En effet, dans ce type de
modèles,
les ménages n'épargnent pas et leur revenu privé est entièrement consommé.
7
Pour certains économistes libéraux comme Brennan et Buchanan
(1980), la
concurrence fiscale entre Etats (ou entre collectivités publiques) est
bénéfique car
elle permet de limiter le comportement de gouvernements-Leviathans.
8
Madiès, Th., (1997) : " Concurrence fiscale et
intercommunalité
", Revue de l'OFCE, n°53.
9
On comptait en 1989 365 zones d'emploi, 326 arrondissements et
3645 cantons.
Notons que la question de l'élargissement de la zone de prélèvement de la taxe
professionnelle peut aussi être envisagée au niveau départemental, régional et
pourquoi pas national. Des simulations sur les effets redistributifs de telles
réformes
figurent dans les annexes du dernier rapport du Conseil des impôts (1997).
10
La question de l'harmonisation de l'impôt sur les sociétés et les
difficultés que cela pose sont traitées de façon approfondie dans le chapitre
4.
11
Il est très important de noter que seule une analyse en équilibre
partiel
comme ici permet de tirer ce genre de conclusions. On montrera plus loin, avec
Zodrow et
Mieszkowsky (1986), que si l'on raisonne en équilibre général, la charge
fiscale repose
en grande partie sur les propriétaires du capital.
12
En cela, les individus se comportent en " passager
clandestin ".
13
Contrairement aux résultats de la littérature standard.
14
On suppose que les gouvernements ne peuvent pas pour une raison
ou une autre
lever d'impôt forfaitaire. Si tel n'était pas le cas, ils n'auraient nullement
besoin de
taxer le capital.
15
Ce glossaire doit beaucoup aux ouvrages de Généreux (1990) et
Guerrien
(1993).
16
UX= U/X et UY= U/Y sont respectivement les utilités marginales du
bien X et
du bien Y.
17
Ce chapitre ne traite pas de la fiscalité locale sur les
entreprises. Cette
question fait l'objet d'un traitement spécifique dans les Annexes générales.
18
Voir l'analyse en équilibre partiel développée ci-dessous.
19
Sterdyniak
et alli
, (1991) :
op.cit
, p. 65.
20
Lattès G., (1996) : " La protection sociale :
entre partage
des risques et partage des revenus ",
Economie et Statistique
,
N°
291-292, pp 14-31.
21
A contrario, la règle de neutralité est respectée quand les
individus
versent au système autant qu'ils sont susceptibles d'en recevoir en moyenne.
Pour des
détails techniques sur la règle de neutralité actuarielle, voir Blanchet,
(1996) :
Economie et statistique
, N° 291-292, pp 38-39.
22
Ces taux ne prennent pas en compte les cotisations pour accidents
du travail
lorsque ces prestations sont financées par des cotisations fonction du risque
du secteur.
23
Le taux de base pour les salariés est de 13.07%. Toutefois, à
partir de
1994 est établi une cotisation spéciale annuelle de sécurité sociale à charge
des
salariés; elle est établie selon un barème.
24
Les cotisations à charge des salariés sont forfaitaires, ce qui
explique
leur caractère dégressif.
25
uniquement pour les cotisations à charge des salariés
26
Toutefois, il existe un plancher équivalent à 42% du SMO.
27
uniquement pour les cotisations à charge des salariés.
28
Il est à remarquer que ce graphique ne tient pas compte du
plancher qui
existe en Espagne et qui a pour conséquence de rendre le système dégressif pour
les
premières tranches de revenus. Il ne tient pas compte non plus des abattements
de charges
sociales pour les niveaux de salaires les plus faibles.
29
Voir Concialdi, P., Daniel, C. et C. Tuchszirer, (1996) :
" Coûts de main d'oeuvre, compétitivité et emploi : les
enseignements
d'une comparaison internationale ",
La Revue de l'IRES
, N° 22,
pp. 5-45.
30
J.P. Cotis et A. Loufir (1990) : " Formation des
salaires,
chômage " d'équilibre " et incidence des cotisations sur le
coût du
travail " ,
Economie et Prévision
, N°92-93.
31
Le lecteur pourra se référer, sur cette question, au débat sur la
fiscalisation de la Sécurité sociale (chapitre 1).
32
Voir l'article de Cotis et Loufir (
op.cit
) et OCDE,
(1994) :
Fiscalité,
emploi et chômage
, Paris.
33
Euzébi, A., (1997) : " Le financement de la
protection
sociale en Europe : des interrogations communes ",
Revue du
Marché
commun et de l'Union européenne
, numéro d'avril. Article repris dans
Problèmes
économiques
, 1997, N° 2532.
34
Voir Henriot-Olm, C.,(
1997) : " Allégement des
charges sociales sur les bas salaires, stratégie de l'entreprise et effets sur
l'emploi ",
Travail et Emploi
, n°73, pp. 53-73.
35
Voir OCDE (1994).
36
Hamermesh, D.S., (1993) :
Labor Demand
, Princeton
University
Press.
37
Autrement dit, toute augmentation du coût du travail de 1 % se
traduirait
par une baisse de l'emploi des jeunes peu qualifiés de 1 à 2 %.
38
Voir Legendre, F. et Patricia Le Maître, (1998) : La
sensibilité de
l'emploi au coût du travail, document de travail n°6 du CERC, Paris. Voir aussi
Cote-Colisson, N. et F. Legendre, (1997) : Substitution capital-travail et
qualification de la main d'oeuvre, document de travail n°4 du CERC, Paris.
39
Le lecteur intéressé par les effets d'une réduction ciblée des
charges
sociales au niveau macroéconomique pourra se référer à l'article de Assouline,
M.,
Fodha, M., Lemiale, L., et P. Zagamé, (1997) : " L'impact
macroéconomique
d'une baisse des cotisations sociales employeurs sur les bas
salaires
",
Travail et Emploi
, n° 73, pp. 41-52.
40
Cité par Assouiline
et alii
,
op.cit
.
41
Voir H. Le Bihan (1998), " L'impact de la réduction des
cotisations employeurs : quelques jalons macroéconomiques ",
Revue de
l'OFCE, n° 66, pp. 171-197.
42
Proposition du 20 Mai 1998.
43
Cette matière sera développée plus en détail dans la partie
relative à
la taxation des revenus de l'épargne.
44
Définition de la législation belge.
45
Une déduction complémentaire de 0.70 Dem par km est accordée pour
les
trajets entre le domicile et le lieu de travail lorsque le contribuable utilise
son propre
véhicule; les dépenses sont totalement déductibles pour les trajets en
transport en
commun.
46
Il existe un complément lié à la distance entre le domicile et le
lieu de
travail du contribuable si celle-ci est supérieure à 20km, compris entre 5.280
et 15.840
ATS.
47
Les frais de déplacements entre le domicile du contribuable et
son lieu de
travail sont déductibles à concurrence d'un minimum de 15.600flux et d'un
maximum de
117.000 FLux.
48
Depuis 1990, les frais de déplacement portant sur des trajets de
10km ou
moins de 10 km ne sont plus déductibles; pour les distances de plus de 10km,
des montants
forfaitaires sont déductibles. Si les autres dépenses sont supérieures au
plafond
(2507NLG), les frais réels peuvent être déduits à condition que le contribuable
puisse
les justifier.
49
Les unités monétaires correspondent à la notation anglo-saxonne.
50
Au niveau de salaire de l'ouvrier moyen
51
Au niveau de salaire de l'ouvrier moyen.
52
Les 3% de cotisations de crise sont inclus
53
Taxes locales inclues (taux moyen= 31%).
54
Taxes locales inclues (taux moyen= 18.79%).
55
Barème applicable sur les revenus de 1996 hors cotisation sociale
généralisée (en vigueur depuis le 1.2.1991) et contribution au remboursement de
la
dette sociale (en vigueur depuis le 1.2.1996). Ces deux impôts complémentaires
représentent un taux global de 8% pour les revenus perçus en 1997.
56
Taxes locales inclues (taux moyen = 31.65%).
57
La progressivité peut être définie de deux façons : la croissance
des
taux moyens ou la croissance des taux marginaux. La deuxième définition englobe
la
première puisque la croissance des taux marginaux implique nécessairement la
croissance
des taux moyens.
58
Cet abattement constitue une alternative aux allocations
familiales.
59
Voir " accounting for the family: the treatment of marriage
and
children in European income tax system ", Cathal O'Donoghue et Holly
Sutherland,
1998.
60
Bien que la France n'a pas explicitement d'allégement pour
enfants à
charge, une réduction d'impôt est accordée via le système du quotient familial.
61
Le Portugal n'a pas explicitement d'allégement pour les couples à
un
salaire; toutefois, dans le cas ou le couple ne dispose que d'un salaire, le
revenu est
divisé par 1.95 (au lieu de 2) pour déterminer le revenu applicable au barème.
62
Voir " accounting for the family: the treatment of marriage
and
children in European income tax system ", Cathal O'Donoghue et Holly
Sutherland,
1998.
63
CSG = Contribution Sociale Généralisée et la CRDS = contribution
pour le
remboursement de la dette sociale.
64
Les graphiques représentant la pression fiscale pour les autres
cas
envisagés dans cette étude sont présentés en annexe
65
Voir Valenduc C. (1994).
66
Toutefois les contribuables doivent choisir entre l'abattement
forfaitaire
et les allocations familiales. Les abattattements forfaitaires sont plus
avantageux
uniquement si le revenu du ménage est supérieur à 150.000 DEM par an, ce qui
n'est pas
le cas dans les cas envisagés.
67
Il s'agit d'un système extrêment complexe.
68
C'est particulièrement le cas pour la
corporate tax
qui ne
représente que 2 à 3 % du coût de revient total des entreprises.
69
Pour plus de détails, voir Conseil des impôts (1997, op.cit.).
70
ROI : return on investment ou rentabilité d'un investissement
supplémentaire
71
Voir Kiefer (1988) pour une description des modèles de hasard et
de leur
utilisation.
72
Le taux de hasard dans une spécification à la Weibull est :
(l/s)(lt)
1/s-1
.
Pour la fonction log-logistique, il est :
(l/s)(lt)
1/s-1
/[1+(lt)
1/s
].
73
Autrement dit, l'impôt municipal se capitaliserait dans le loyer
du sol de
sorte que dans le cas d'une capitalisation parfaite, l'imposition locale des
entreprises
n'exercerait aucune influence sur le développement économique.
74
District de Toulouse : le taux moyen de TP passe de 19,29 %
à 18,75 %
mais l'écart-type est en 1990 de 3076 contre 3.30 en 1995. Communauté de
communes de
Grenoble : le taux moyen de TP en 1990 est de 17,73 % contre 16,67 % en
1995 ;
L'écart-type est égal à 3 en 1990 et à 3,37 en 1995. Enfin, district de
l'agglomération nantaise : le taux moyen de TP est de 17,4 % en 1990
contre 15,8 %
en 1995 mais l'écart-type reste inchangé sur la période à 3,2.
75
Le mécanisme de liaison entre les taux des quatre taxes directes
locales,
en venant encadrer les décisions des élus locaux, devrait avoir pour effet de
limiter
encore la progression de la pression fiscale sur les entreprises. Le taux de
taxe
professionnelle voté par une commune ne peut en outre excéder deux fois le taux
moyen de
cette taxe constatée l'année précédente au plan national. Mais il faut bien
reconnaître que cette règle n'est pas très contraignante pour les élus locaux.
Ainsi,
l'abaissement du taux de plafonnement de 2,5 fois à 2 fois la moyenne nationale
fait que
le nombre de communes plafonnées est passé de 5070 à 49.
76
L'ensemble des parties sont neutres par rapport au risque et
partagent le
même facteur d'actualisation.
77
L'enchère à l'anglaise consiste à attribuer un bien au dernier
enchérisseur dans une suite croissante de propositions. Dans le cas d'une
enchère
ascendante, l'objet est alors attribué au prix qui correspond à la deuxième
enchère la
plus élevée. L'application de ce principe conduit chaque gouvernement, dans
notre
modèle, à offrir une subvention à la firme au plus égale au surplus net des
coûts
fixes. Pour une revue de la littérature sur la théorie des enchères, voir par
exemple
Mc Afee et McMillan (1987) et en français Naeglen (1989).
78
Pour comparer ces deux schémas d'imposition, il faut bien
évidemment
supposer que les réductions d'impôt ont la même valeur actuelle.
79
Voir par exemple Wison (1995).
80
Le modèle de Bond et Samuelson s'intéresse plus particulièrement
aux
choix d'implantation de nouvelles unités de production pour des multinationales.
L'analyse est toutefois transposable au cas d'un pays et de ses collectivités
territoriales.