B. LE CONTEXTE ECONOMIQUE
Dotée d'un sol fertile, d'un sous-sol riche en
hydrocarbure et en minerais, contrôlant une zone maritime qui compte
parmi les plus vastes et les plus facilement exploitables de la planète,
l'Indonésie ne peut être inscrite sur la liste des pays
défavorisés par la géologie.
Habilement mis en valeur, ces avantages naturels ont, tout comme son
élan démographique, permis à l'archipel d'obtenir
d'appréciables résultats économiques et lui ouvrent des
perspectives non moins flatteuses.
Les actuelles tensions conjoncturelles, une certaine faiblesse du
système financier, le retard de développement des infrastructures
publiques et des pratiques administratives contestables constituent autant de
faiblesses dont la correction est une condition de la réalisation des
ambitions poursuivies.
1. D'immenses ressources naturelles
Il ne relève pas du cadre du présent rapport de
se livrer à un inventaire exhaustif des richesses de l'Indonésie.
Néanmoins, il ne saurait passer sous silence, ni son potentiel
agricole
12(
*
)
, ni son capital
minier.
Pour ce faire, le rappel de quelques chiffres déjà cités
en introduction est indispensable. Au plan mondial, l'Indonésie est le
3e producteur de riz et de café, le 2e producteur de caoutchouc naturel
et d'huile de palme ; elle se classe au 4e rang pour la production de cacao et
de thé. Elle dispose de réserves de cuivre, de manganèse,
d'uranium et de phosphate ; les quantités d'or et d'étain
extraites chaque année de son territoire sont les deuxièmes du
monde par l'importance.
La sécheresse statistique de cette énumération ne peut
toutefois donner qu'une image approximative des atouts naturels du pays. C'est
pourquoi, il est proposé de la compléter par la projection d'un
éclairage particulier sur trois secteurs : la forêt, le
pétrole et le gaz naturel, la zone maritime.
a) La troisième forêt tropicale du monde
La forêt indonésienne s'étend sur
74 % de la surface du pays. Forêt naturelle et immense - selon
la FAO, elle représente 109 millions d'hectares -, elle a
justifié la création d'un ministère spécifique
chargé de contrôler l'exploitation de cette ressource, très
importante pour l'économie du pays.
La filière bois compte pour 3 % du produit national brut
indonésien et mobilise 2,5 millions d'emplois directs auxquels il
convient d'ajouter 1,2 million d'emplois liés aux industries d'aval
comme la construction et l'ameublement.
L'exploitation de la forêt indonésienne est porteuse d'enjeux
importants. Les produits forestiers sont, après le pétrole et ses
dérivés, les plus importants contributeurs à
l'excédent extérieur indonésien :
les exportations
sont, dans ce domaine, supérieurs de près de 45 fois aux
importations
. Globalement essentielle au pays, l'exploitation
forestière représente, dans certaines régions, la seule
activité économique. Au-delà, la forêt
indonésienne est un enjeu écologique pour le monde entier. Elle
est la
troisième forêt tropicale du monde
après
celles du Brésil et du Zaïre et représente 50 % des
forêts tropicales du sud-est asiatique et 10 % de l'ensemble des
forêts tropicales terrestres.
Les autorités indonésiennes se sont attachées à
développer les activités forestières les plus riches en
valeur ajoutée, notamment en orientant les investissements en fonction
des besoins.
Les exportations de produits bruts sont volontairement
défavorisées de même que la production
réalisée en dehors des besoins des industries de transformation.
L'acquisition à l'étranger de machines forestières
bénéficie de droits de douane réduits et il faut, à
ce sujet, saluer les performances de Renault qui a su en profiter pour
développer ses exportations de camions.
Les modalités d'exploitation de la forêt indonésienne
favorisent les projets à moyen terme des investisseurs nationaux et
étrangers : elle est propriété de l'Etat, mais
celui-ci consent de façon pragmatique des concessions et des droits
d'exportation dont ont su profiter avec un particulier à-propos les
investisseurs japonais, américains et coréens.
b) Un fort potentiel énergétique
Si ce sont les recettes tirées de l'exploitation
pétrolière qui ont "tiré" le développement
indonésien au cours des années 70 et 80, les ventes de gaz
naturel commencent désormais à en prendre le relais.
Membre de l'OPEP depuis 1982, l'Indonésie figure actuellement au
13e rang des pays producteurs de pétrole. Toutefois, ses
réserves connues ont considérablement diminué au cours de
la décennie écoulée ; elle pourrait devenir importateur
net à l'horizon 2010-2020
13(
*
)
.
La part des recettes pétrolières dans le dernier budget a d'ores
et déjà atteint le niveau le plus bas de tous les pays de l'OPEP.
En revanche, le pays est devenu un grand pays gazier qui se place au premier
rang des exportateurs de gaz naturel et qui pourrait conserver une telle
position s'il réussit à mener à bien l'exploitation
à des coûts raisonnables du champ géant de Natuna - l'un
des plus grands du monde - situé entre la péninsule malaise et
l'île de Bornéo.
Le secteur des hydrocarbures est de la compétence de la
société Pertamina. Il est ouvert aux sociétés
étrangères, comme l'ensemble du domaine minier indonésien,
sous forme de contrats de partage de production.
Total, présent dans le pays depuis 1968, est actuellement le
cinquième producteur d'hydrocarbures de l'Indonésie. La
croissance attendue de la production gazière des gisements sur lesquels
il détient des permis d'extraction pourrait, à terme
rapproché, le faire passer au premier rang.
c) Une zone maritime comptant parmi les plus vastes du globe
Le 14 novembre 1994 est une date digne de considération
dans l'histoire indonésienne. Elle marque en effet l'entrée en
vigueur de la convention maritime ratifiée sous l'autorité de
l'ONU, qui reconnaît la souveraineté de l'Indonésie sur
trois millions de km
2
d'eaux territoriales supplémentaires,
doublés de 3 millions de km
2
de zones économiques
exclusives.
Compte tenu de la faible immersion des fonds marins ainsi attribués,
(moins de 55 mètres en moyenne) et de l'état actuel des
technologies, leur mise en valeur est relativement facile.
Aussi, avec au total 7,9 millions de km
2
sous son contrôle,
l'Indonésie s'apparente-t-elle désormais aux grands
détenteurs d'espaces maritimes, l'Australie, le Brésil, les
Etats-Unis ou la Chine et est-elle un des mieux lotis.